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Paris, projet pour une capitale universelle de l’histoire naturelle

p. 180-195


Texte intégral

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Qu’ils sont heureux ceux qui voyagent dans des pays lointains ! me dit un jour le jeune Gustave. Ce doit être un plaisir bien doux que celui d’aborder sur des côtes étrangères. J’ai lu quelques relations de voyages. Ce sont de tous les livres ceux qui m’intéressent le plus. Il me semble que si j’en avais le pouvoir, comme j’en ai le désir, je franchirais bien vite les mers : j’irais voir en Asie, en Afrique, et jusque dans le Nouveau Monde ces animaux si différens des nôtres, ces arbres si étrangers à notre climat, ces oiseaux qui ont, à ce qu’on dit, un si beau plumage.
Eh bien ! répondis-je à Gustave, il faut que dès demain nous commencions à voyager ensemble. — Quoi, sérieusement ? — Oui, sans plaisanterie. Préparez-vous à faire avec moi le tour du globe. — C’est peut-être le tour de Paris ; mais n’importe, je vous suivrai ; — À demain, mon cher Gustave ; vous obtiendrez l’aveu de vos parens ; vous leur ferez vos adieux : nous nous embarquerons, et nous ne reviendrons pas sans avoir admiré une partie des productions des climats étrangers.
Gustave ne soupçonnait pas mon dessein ; car il ignorait encore qu’il existe un établissement où sont rassemblés les productions diverses de toutes les parties du globe. Je fus le joindre le lendemain. Nous vînmes en nous promenant jusqu’à l’Arsenal ; et là nous nous embarquâmes pour traverser la Seine et aborder au Jardin des Plantes. En entrant dans ce lieu qui réunit tant de végétaux que la nature avait séparés, et qui offre, dans de vastes galeries, toutes les merveilles du règne animal et minéral, j’éprouve toujours une sorte d’enthousiasme qu’il ne me fut pas difficile de faire partager à Gustave. Ici, lui dis-je, se combinent et se confondent les climats les plus opposés. Ici sont rassemblés les productions des pays glacés du Nord, et celles des régions brûlantes du Midi. Un seul jour ne nous suffira pas sans doute pour examiner tout ce que contient ce jardin ; la nature est si vaste ! Mais le peu que nous verrons nous transportera dans des pays bien éloignés ; et quand je vous disais que nous allions faire aujourd’hui le tour du globe, je ne me trompais pas.
Louis-François Jauffret, Voyage au jardin des plantes…, Paris : Ch. Houel, An VI [1798], pp. 1-4.

1Un jardin d’Utopie dans une capitale philosophique, c’est ainsi que l’on pourrait décrire le Jardin des plantes dans le Paris des Lumières et des premières années de la Révolution en accolant les titres de deux livres importants, ceux d’Emma C. Spary et de Stéphane Van Damme. Dans son Jardin d’Utopie, la première propose une monographie profondément originale du Jardin et du Cabinet du roi devenus Muséum national d’Histoire naturelle en 17931. À la croisée de l’histoire culturelle, de l’histoire sociale et de l’histoire des sciences, l’auteure analyse la profonde transformation de ce lieu de savoir entre 1750 et 1795, le moment révolutionnaire aboutissant à la destruction de l’ancien « système de patronage » et à la mobilisation des naturalistes dans l’édification morale des citoyens et dans l’amélioration agricole de la nation. Si l’importance accordée à la césure révolutionnaire en matière de gestion des réseaux de correspondance semble très nettement surévaluée, au mépris de la réalité institutionnelle, Emma C. Spary montre comment la survie du Jardin des plantes dans la tourmente révolutionnaire est liée aux investissements pluriels de différents groupes — les politiques, les savants et les citoyens — si bien que l’utopie du Jardin n’est jamais, selon l’heureuse formule de Marie-Noëlle Bourguet, qu’une utopie multiple2. Emma C. Spary abandonne le Muséum vers 1795, au moment où la réforme de l’institution commence à produire ses pleins effets, et c’est ce fil que l’on voudrait ici reprendre de là où il a été laissé jusque vers 1804, autrement dit des débuts du Directoire à la fin du Consulat. Il s’agirait également de changer d’échelle, en élargissant le questionnement sur les mécanismes de la domination — produisant « grandeur » et hiérarchies relatives — des lieux de savoir aux capitales savantes. La constitution de Paris en capitale européenne de l’histoire naturelle pendant le moment révolutionnaire s’inscrit ainsi dans un programme de recherche sur les métropoles de sciences qui ambitionne d’analyser la constitution des « villes-mondes », européennes comme extra-européennes, en « points de passage privilégiés de la ‘mondialisation des savoirs’ »3. Dans Paris, capitale philosophique, Stéphane Van Damme observe le parcours des savoirs dans le Paris des Lumières, capitale du royaume devenue centre de la philosophie4. Reprenant les thèmes latouriens, il repère trois caractères qui spécifient une capitale des savoirs : elle organise des flux à son profit, ceux du monde social (les savants, les politiques, les publics etc.) comme ceux du monde naturel (les choses et les données scientifiques) ; elle accumule des matériaux de savoir dans des centres appelés tantôt « centres de calcul » tantôt « centres de documentation » ; elle se constitue en « scène judiciaire de discrimination des énoncés philosophiques, dictant ce qui est bonne ou mauvaise science ». Une ville n’accède au statut de capitale scientifique que si la présence de ces trois éléments est reconnue par l’ensemble de la communauté savante, malgré les inévitables résistances, à commencer par les procès en légitimité. Il s’agirait dès lors d’observer, entre 1795 et 1804, l’articulation entre une institution de savoir — le Muséum — et une métropole scientifique — Paris — dans l’affirmation d’une hégémonie en histoire naturelle.

2Pour saisir la place de Paris dans les sciences naturelles vers 1800, il faut distinguer Paris comme ville et comme capitale : dans le premier cas, on observe l’empreinte de l’histoire naturelle dans le tissu urbain ; dans le second, on étudie les modalités de la domination parisienne dans les savoirs naturalistes européens. L’histoire naturelle dans la ville, cela ressemble d’abord à un paradoxe mis en poème par Louis-François Jauffret5 :

C’est surtout du Jardin de Plantes qu’on dirait avec fondement :
Sans sortir de la ville, on y voit la campagne :
On peut, dans ce jardin tout peuplé d’arbres verts,
Retrouver le printemps au milieu des hivers.

3Le Jardin des plantes est ainsi « une sorte de Jardin d’Éden à la portée des hommes au cœur d’une cité manifestement déchue »6. Dans l’espace parisien, la nature est enclose dans quelques parcs, jardins et tivolis : le jardin du Palais-Royal, centre de la vie parisienne avec ses cafés et ses tripots, ses clubs politiques et ses filles de joie sous les arcades ; le Tivoli de Boutin transformé en « jardin des plaisirs » avec ses fausses montagnes, ses plantes exotiques, sa tente pour danser la valse, ses spectacles d’acrobates et ses feux d’artifice à la nuit tombante ; le jardin d’Idalie, à l’hôtel Marbeuf, où s’organisent pantomimes, théâtres d’ombres, concerts, feux d’artifices et jeux entre les grottes et les bosquets ; le jardin de Mouceaux, auparavant propriété du ci-devant duc de Chartres et aujourd’hui Parc Monceau, dont une partie recrée la végétation fanstasmée de « l’Inde » — avec des caféiers, des palmiers et des bananiers — et où l’on se presse aux ascensions en ballon7. En dehors de ces îlots de verdure, Paris compte trois jardins botaniques — sans compter les pépinières de la banlieue : le jardin des apothicaires rue de l’Arbalêtre [sic], le jardin particulier de Sue et, bien sûr, le Jardin des plantes8. Depuis son origine au début du xviie siècle, il est installé dans l’Est parisien, à la lisière de la ville et sur les bords de la Seine. Le Jardin est perçu par les contemporains comme un éclat de campagne et un abrégé du monde naturel au sein d’une métropole qui compte alors 700 ou 800 000 âmes. Cet îlot de verdure bien discipliné fait le lien entre les plaisirs de la nature offerts au plus grand nombre et les rigueurs du travail naturaliste réservé à quelques-uns, réunissant, en un même lieu, le « sentiment de la nature » avec les « sciences de la nature » que Daniel Mornet avait trop distingués dans deux célèbres ouvrages9.

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Le Jardin des plantes
Vue prise de la grille du bord de l’eau. Estampe de Jacques Simon Chéreau (avant 1808) Cliché Bibliothèque nationale de France.

4Pourtant, l’emprise urbaine des savoirs naturalistes ne se résume pas à sa principale institution. Elle se manifeste encore au travers de lieux comme les collections et les librairies spécialisées, de sociabilités au sein des compagnies savantes et des institutions pédagogiques, et de pratiques comme les herborisations et les courses minéralogiques dans la campagne environnante10. Les collections particulières et institutionnelles d’histoire naturelle sont nombreuses et réputées accessibles aussi bien par les savants français que par les naturalistes étrangers malgré quelques exceptions comme le cabinet minéralogique de Lelièvre « dans lequel il est plus difficile de pénétrer que dans le trésor d’un avare ! »11 Vers 1800, la ville est peuplée de cabinets de toute nature : collections d’histoire naturelle, mais aussi d’anatomie, de physique, de machines, de peintures, de sculptures, de médailles, etc. Aux côtés des collections naturalistes, on trouve aussi quelques libraires spécialisés dans le vaste domaine des savoirs sur la nature — Déterville pour l’histoire naturelle, Adrien-Joseph Marchand pour l’agriculture et Marie-Rosalie Huzard pour l’agronomie et l’art vétérinaire — et, surtout, 28 sociétés savantes12. La loi du 8 août 1793 entraîne la suppression de nombreuses compagnies savantes à commencer par l’Académie des sciences. Mais certaines continuent d’exister, comme le Lycée républicain fondé au milieu des années 1780 ou la Société philomathique établie en 178813. À partir de l’an IV, comme l’écrit Jean-Luc Chappey, les autorités du Directoire favorisent « la création et la renaissance de ces sociétés savantes » dans lesquelles elles voient « un instrument de propagande particulièrement adéquat pour affirmer leur rupture avec la période de la Terreur et revendiquer leur statut d’héritiers des Lumières »14. La période 1794-1799 voit ainsi naître, selon les calculs de Patrice Bret, les trois cinquièmes des lieux de savoirs fondés entre 1788 et 1815 : 13 des 29 académies et sociétés savantes et 19 des 26 centres d’enseignement et bibliothèques sont alors créés15. Le Directoire cherche également à rassembler plusieurs sociétés savantes au Louvre, aux côtés de l’Institut national et autour d’un idéal de « réunion des sciences et des arts ». Ce projet d’une « Encyclopédie vivante » est sans doute la principale innovation de la période post-thermidorienne, la convention montagnarde ayant, au contraire, favorisé le processus de spécialisation des savoirs16. Au sein de ces sociétés nouvelles, la place de l’histoire naturelle est souvent difficile à circonscrire mais des naturalistes de profession sont présents dans au moins la moitié d’entre elles. Deux sociétés spécialisées interviennent sur ce domaine de savoir et à sa périphérie : la Société d’histoire naturelle et la Société d’agriculture du département de la Seine. La première, fondée à l’été 1790 dans la continuité de l’ancienne société linnéenne, joue un rôle essentiel dans le Paris naturaliste de la Révolution en s’imposant rapidement comme un « espace concurrent » du Jardin des plantes avant de tomber, à partir de 1794, dans un « état languissant » et surtout dans l’orbite du Muséum17. La seconde, créée en l’an VI à l’invitation du Directoire, rassemble des « cultivateurs éclairés » et des savants du département de la Seine et publie à partir de l’an IX ses Mémoires d’agriculture, signe de sa réussite au début du nouveau siècle18. En dehors de ces sociétés instituées, l’histoire naturelle se mêle aussi aux sociabilités de salon, comme le fameux thé chez Millin où la vieille mère du conservateur sert à boire à toute l’Europe savante et mondaine, français et étrangers, antiquaires et naturalistes19.

5Des cours de sciences naturelles sont également dispensés, parfois au sein de ces sociétés savantes comme à la Société d’histoire naturelle où Millin annonce pour 1793 des leçons publiques et gratuites d’histoire naturelle : « Lamarck s’est offert pour professer la botanique et la conchyliologie ; Millin et Brongniart, les mammalia et l’ornithologie ; Pinel, la zootomie ; Millin, les insectes ; Coquebert, l’ichtyologie ; Lefebvre d’Hellancourt, Gillet-Laumont et Tonnelier, la minéralogie ; Cels, la physique végétale »20. De même, des cours sont proposés au Lycée républicain : en 1798, Antoine-Louis Brongniart y donne des leçons d’histoire naturelle, Fourcroy de chimie et Sue y enseigne l’anatomie et la physiologie21. Vers 1803, Sue donne encore des cours de botanique et de zoologie, chez lui, rue neuve du Luxembourg près de la place Vendôme : « associant la nature elle-même à ses leçons », il offre à ses élèves de se promener dans un petit jardin botanique classé selon Linné et de visiter un petit « Muséum » qui rappelle le grand22. En 1807, Blanvillain, dans une liste des cours publics parisiens, mentionne celui d’histoire naturelle de l’homme proposé par Jauffret, rue de la Seine, celui de « plantation » dispensé par Lemoine, rue Mêlée, celui de botanique offert par Sue, toujours chez lui rue neuve du Luxembourg, mais aussi un cours d’agriculture rue d’Enfer et un autre de « plantation usuelle » chez Mony, rue de Turenne23. À ces cours chez des particuliers, il faut bien sûr ajouter les leçons dispensées dans quatre grandes institutions savantes : le Muséum d’Histoire naturelle où enseignent la douzaine de professeurs-administrateurs, la Maison d’instruction des mines où Hassenfratz puis Haüy et Alexandre Brongniart dispensent des leçons de minéralogie tandis que Dolomieu puis Faujas s’occupent de géologie, l’École normale où fait notamment cours Daubenton dans l’amphithéâtre du Jardin des plantes, et le Collège de France où Portal enseigne l’anatomie et Daubenton puis Cuvier, l’histoire naturelle. Collections, sociétés, libraires, cours publics, et même quelques rares marchands, l’empreinte de l’histoire naturelle dans la cité est forte, sans nul doute plus importante et plus diversifiée à Paris que dans les autres métropoles savantes européennes même si cette accumulation de lieux et la circulation des savoirs et des objets entre eux ne permet pas seule de décider de la place de la métropole française dans l’Europe naturaliste.

6Pour observer la constitution de Paris en capitale naturaliste européenne vers 1800, il faut sans doute partir des grandes institutions de savoir. La « grandeur » parisienne se décide en effet moins dans la circulation urbaine des savoirs naturalistes qu’à l’abri de deux institutions « nationales » : le Muséum national d’Histoire naturelle et l’Institut national. Une capitale scientifique, on l’a vu, se définit par le cumul de trois fonctions : la mobilisation du monde, la capitalisation des objets et la constitution en tribunal de la Raison. L’ensemble institutionnel, devenu Muséum en 1793, est le principal centre naturaliste de la capitale et du pays : il polarise la recherche scientifique à l’échelle nationale ; il capte l’essentiel des ressources disponibles dans ce champ de savoir ; il rassemble des collections imposantes, sans commune mesure avec les autres cabinets et jardins parisiens. Quid de la fonction de tribunal des énoncés scientifiques ? Il arrive, au moins jusqu’en 1795, que les administrations demandent au Muséum d’expertiser des spécimens dont elles espèrent tirer un parti avantageux. En l’an III, la veuve Thomason annonce à la Convention qu’il existe dans le district du Guingamp une roche « composée d’une matière brillante que l’on a soupçonnée contenir de l’argent ou des pierres précieuses »24. Son mémoire est envoyé à la Commission des revenus nationaux accompagné d’un échantillon bientôt soumis à l’examen des professeurs du Muséum. Il y reconnaissent de l’améthyste et demandent un échantillon plus grand pour le comparer avec l’améthyste du Cantal, espérant procurer à la République « une améthiste plus précieuse qui remplacera avantageusement celle que l’Espagne a fourni [sic] jusqu’ici à nos lapidaires ». Le Muséum répond ainsi à une requête des autorités administratives de l’État « améliorateur ». Pour autant, le cas est relativement isolé d’autant plus que cette fonction d’expertise minéralogique est, par la suite, essentiellement exercée par le laboratoire de la Maison des mines.

7Le Muséum est ainsi parfois chargé d’expertiser des objets ou des collections, mais tout donne à penser, qu’en tant qu’institution, il n’a jamais eu à juger de la valeur des énoncés scientifiques. Cette fonction est endossée par la première classe de l’Institut national, fondé en 1795 : comme sous l’Ancien Régime, c’est au sein de l’institution académique que se fait essentiellement le départ entre la bonne et la mauvaise science. La lecture de ses Procès-verbaux permet d’observer, au moins partiellement, la science en train de se faire25. La « scène judiciaire » est bien réglée : des savants envoient leurs mémoires et des ministères expédient leurs requêtes à la Classe ; celle-ci nomme des rapporteurs, le plus souvent deux ou trois choisis au sein des différentes sections, pour les examiner, les juger et parfois les proposer à l’impression ; le Rapport des commissaires est enfin discuté et approuvé par la Classe entière. Entre 1795 et 1802, Hugues Chabot a observé pour l’ensemble de la première classe une forte augmentation du nombre de commissions chargées de rendre un rapport écrit, suivie d’une décrue brutale au cours des vingt années suivantes26. Dans le domaine de l’histoire naturelle entendue au sens large, les Rapports peuvent être rangés sous deux grandes catégories. Tantôt, le plus souvent à la demande des ministères, les rapporteurs déterminent des objets et jugent de leur qualité et de leur valeur, notamment en minéralogie. Tantôt les rapporteurs expertisent des énoncés scientifiques qui concernent, par exemple, la nomenclature, la classification ou l’ordonnancement des catalogues. Dans leurs commentaires, les Académiciens valorisent l’observation et l’expérience, l’exactitude et la mesure et ils rejettent autant « l’amour du merveilleux » que « l’esprit de système »27. Autrement dit, ils prônent une « science sévère » qui vise à détacher l’étude de la nature, longtemps appelée la « physique », de la recherche des causes hétéronomes, la métaphysique. Les « plans de la nature », teintés de providentialisme, sont alors fermement rejetés. En retour, on comprend que si les savants de l’après-Thermidor décrivent la Terreur comme une période « d’anarchie », c’est d’abord en raison de la décadence, puis de la suppression de l’Académie des sciences, l’instance de jugement des énoncés scientifiques, incarnation de l’autorité savante, ayant fait momentanément défaut.

8Dès 1795, l’Institut assure à nouveau le rôle de tribunal de la Raison, mais ne dispose plus de grandes collections. En 1793, lors de la suppression de l’Académie, ses collections scientifiques sont mises sous scellés mais, après la refondation de l’Institut, le lieu ne redevient pas un conservatoire pour les spécimens d’histoire naturelle28. Prenons deux exemples. À la fin de l’année 1797, Dolomieu, professeur au Muséum et membre résident de la première classe propose qu’à sa mort, sa collection minéralogique soit léguée à l’Institut à la seule condition qu’elle soit « conservée dans son intégrité, et qu’aucune des pièces qui la composent n’en seroit séparée pour être réunie à d’autres collections »29. La commission qui se réunit alors reconnaît que le maintien de cet ordonnancement, « plus religieux que symétrique, est le garant du respect pour la mémoire des bienfaiteurs » et pense trouver dans ce legs un moyen d’accroître ses collections. Les choses en restent là quand Dolomieu part pour l’expédition d’Égypte en 1798. Il n’en revient qu’en 1800 après un long séjour dans une prison de Messine. Épuisé par 21 mois d’incarcération, il meurt un an plus tard, en 1801. Ses collections minéralogiques sont alors réparties entre le Muséum d’Histoire naturelle et l’École des mines. L’Institut a alors cessé d’être une destination pour une collection naturaliste. Poursuivons par le cas d’une pépite d’or30. En 1796, dans ses toutes premières séances, l’Institut réclame auprès du ministre des Finances « la conservation et l’envoi au Muséum d’Histoire naturelle, d’une pépite d’or qui faisait partie de la ci-devant Académie des sciences » et le prie de « suspendre […] les ordres qu’il a donnés pour le transport de cet objet d’histoire naturelle à la Maison des Monnoies » où il doit être fondu. Le ministre accepte et son collègue de l’Intérieur annonce qu’il « fera déposer dans le Muséum d’Histoire naturelle la pépite d’or […], à l’exception du petit morceau qui en a été détaché dans le tems, et que l’Institut a réclamé pour la collection de la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques ». Malgré une nouvelle demande de transfert à l’hôtel de la Monnaie par le bureau du Domaine national du département, le précieux échantillon rejoint la galerie minéralogique du Muséum à la fin de l’année. L’Institut abandonne ainsi un objet qui lui appartenait sous l’Ancien Régime au profit du Muséum afin d’éviter sa disparition dans les fours de l’administration monétaire. Surtout, les procès-verbaux indiquent que la décision a été prise « d’après le vœu de l’Institut » et non du Muséum, preuve que la spécialisation fonctionnelle des deux institutions s’accompagne de parfaites relations de connivence.

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L’Institut national
Première séance le 15 germinal an IVème de la République. Gravure de Pierre-Gabriel Berthault publiée en 1802 (estampe : eau-forte, burin ; 24 x 29 cm)
Cliché Bibliothèque nationale de France.

9Paris n’est ainsi une capitale de l’histoire naturelle qu’au travers d’un partage fonctionnel à l’échelle urbaine : au Muséum la fonction de capitalisation des objets réunis au sein de vastes collections ; à la première classe de l’Institut le rôle de tribunal des énoncés scientifiques. Autrement dit, les savoirs naturalistes sont produits au sein du Muséum mais jugés à l’Institut.

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a Fourcroy ■ b Brongniart (A.-L.)
c, d Dolomieu, Haüy ■ e Faujas
f, g, h Desfontaines, Jussieu, Lamarck
i, j, k Cuvier, Daubenton, Lacepède ■ l, m Geoffroy Saint-Hilaire, Mertrud
n Portal
o Thouin
p Van Spaendonck (membre de la troisième classe)
Relations entre l’Institut national et leMuséum
Membres résidents de l’Institut national (ligne pleine) et professeurs du Muséum national d’Histoire naturelle (tirets) | Infographie Pierre-Yves Lacour.

10Ce partage fonctionnel est un phénomène assez nouveau31. Le strasbourgeois Hermann écrit ainsi, dans une note manuscrite insérée dans la deuxième édition de la Conchyliologie (1742), que, Pajot d’Ozembray ayant lègué son cabinet à l’Académie des sciences, une dispute éclate alors entre ceux qui souhaitent que la collection demeure dans les salles de l’Académie et ceux qui veulent l’envoyer au Cabinet du roi du Jardin des plantes32. Et Hermann d’ajouter : « Et pendant qu’on s’est querellé tout a été dégradé, dispersé & il n’est plus question de ce cabinet. Ô Welches ! Welches ! disait Voltaire ». Rien n’assure que les Welches aient beaucoup changé dans les années de la Révolution mais, tout au moins, les relations entre les deux institutions se sont, à l’évidence, améliorées. Signe de cette bonne entente, les professeurs du Muséum annoncent à l’Institut national en mai 1797 que les « cartes de l’Institut pourront servir de cartes d’entrée [au] Muséum, les jours où il n’est pas ouvert au public »33.

11Les deux institutions parisiennes sont en fait très liées par leur personnel. C’est ainsi qu’onze des seize professeurs du Muséum font partie des soixante membres résidents de la première classe de l’Institut. Les relations entre les deux institutions savantes apparaissent alors particulièrement étroites, à une nuance près : les professeurs du Muséum n’occupent jamais plus de la moitié des places de résidents dans chacune des dix sections de l’Institut, notamment dans la section huit où Geoffroy Saint-Hilaire aurait sans doute pu rentrer. En l’absence de texte statutaire expliquant cette situation, on peut au moins se risquer à une hypothèse : l’Institut a peut-être cherché à maintenir les grands équilibres institutionnels de la capitale et à éviter le noyautage d’une compagnie sœur dans ses sections de botanique et de zoologie. Quoi qu’il en soit, la « grandeur parisienne », c’est-à-dire sa position dominante dans le champ naturaliste européen, se joue sans doute ici, dans le partage des fonctions à l’échelle urbaine et dans l’imbrication des deux institutions au travers de réseaux courts. Marque de cette symbiose institutionnelle, l’administration du Muséum propose, à la fin de l’année 1795, l’échange d’une lourde charrette contre une voiture légère pour transporter commodément le vieux Daubenton du Muséum à l’Institut, sis au Louvre34. Une charrette qui fait la navette entre le Muséum et l’Institut symbolise ainsi les liens tissés entre les deux institutions à partir du Directoire.

12Guides parisiens et récits de voyageurs étrangers à Paris sont essentiels pour comprendre la constitution de la ville en capitale européenne de l’histoire naturelle. La frontière entre ces deux genres éditoriaux est parfois ténue. Certains guides, comme le Voyage au jardin des plantes écrit par Jauffret et destiné aux enfants, reposent sur ce que Gilles Chabaud a appelé une « fictionnalisation délibérée », procédé littéraire qui transforme la description en relation de voyage35. A contrario, dans le cas du Paris as it was and as it is de Francis William Blagdon, le récit épistolaire de son voyage parisien à la fin de l’année 1801 prend l’allure d’un monumental guide de la capitale avec les notations les plus variées, de la liste des sociétés savantes ou des théâtres parisiens au détail du menu du restaurateur Beauvilliers, rue de la Loi36. Au fil du récit, l’impression de la grandeur parisienne est à rechercher dans ces énumérations monotones de lieux, mais aussi dans l’accumulation statisticienne. En 1800, dans son Voyage d’un Allemand à Paris, Heinzmann énumère le nombre de fiacres, de cuisiniers et de cafés, de suicides et de naissances, d’habitants et de maisons, d’hôpitaux et de réverbères etc.37 Cette rhétorique du nombre vise, à l’évidence, à impressionner le lecteur sur la démesure de la capitale. De nombreux récits de voyageurs étrangers sont traduits en français : entre 1796 et 1804, sur les 17 récits qui mentionnent le Muséum 8, soit la moitié, sont passés en langue française. Dans cet effort de traduction, on découvre une passion narcissique, celle des Parisiens à se regarder dans le miroir que leur tend l’étranger. Mais ces traductions ne sont pas neutres. Elles sont même parfois très politiques : Meyer est traduit par le général Dumouriez qui, dans sa préface de décembre 1797, essaye de faire oublier sa traîtrise de 179238 ; le traducteur des Souvenirs de Paris de Kotzebue se fend en 1805 d’une préface assassine, teintée d’un patriotisme virulent, où il veut défendre sa « nation et le beau sexe » contre les « calomnies » du littérateur allemand39.

13Quant aux guides de Paris, aucun titre publié entre 1788 et 1807 ne couvre toute la période : les éditions du guide de Thiéry s’arrêtent en 1795 ; celles du Manuel de Mercier de Compiègne commencent en 1798 pour s’achever en 1803 ; Blanvillain publie deux éditions successives de son guide entre 1803 et 180740. Si les éditions sont peu suivies, les rédacteurs se copient les uns les autres : le Manuel du Voyageur de Mercier de Compiègne se réfère régulièrement au guide de Thiéry ; la Boussole de Bouge recopie la notice sur le Muséum tirée du Panorama de Brayer de Beauregard, etc. Les guides parisiens sont « de la ville » à trois titres. Ils ambitionnent de couvrir la totalité de l’espace urbain, sont produits par les marchands libraires de la capitale et sont essentiellement vendus sur le marché parisien41. Cette littérature, destinée aux pérégrinations urbaines des « habitants » et des « étrangers », est relativement bon marché. La même formule éditoriale est d’ailleurs reproduite d’un guide à l’autre : pour chaque rubrique, l’auteur dresse une liste de lieux, accompagnée d’adresses et de descriptions plus ou moins longues. Cet inventaire des choses à voir, qui suggère la « profusion dans l’énumération », accorde, depuis le milieu du xviiie siècle, une place importante aux collections particulières dans la lignée du Voyage pittoresque d’Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville42. Sous la Révolution, ce sont les collections « publiques », institutionnelles et facilement accessibles qui ont la faveur des guides : le Muséum central des Arts, la Bibliothèque nationale, le Muséum national d’Histoire naturelle, le Musée des monuments français et le cabinet minéralogique de l’hôtel de la Monnaie. Les musées sont partout dans ces guides comme dans la ville. L’un d’eux, publié une première fois par Blanvillain en l’an XII, est d’ailleurs intitulé Pariséum ou tableau actuel de Paris : la capitale est plus que l’addition de ses monuments et de ses collections ; elle devient à son tour une ville-musée43.

Notes de bas de page

1 Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit.

2 Bourguet (Marie-Noëlle), « Book review. Utopia’s Garden : French Natural History from Old Regime to Revolution. By Emma C. Spary », The Journal of Modern History, vol. 75, no 1, 2003, p. 168. Pour le déroulement chronologique entre 1788 et 1793, voir Hamy (Ernest-Théodore), « Les Derniers jours du jardin du roi… », art. cit.

3 Romano (Antonella) & Van Damme (Stéphane), « Penser les savoirs au large. xvie-xviiie siècles », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 55, no 2, 2008, p. 18. Le programme de recherche « Sciences et villes-mondes, xvie-xviiie siècles » de ce numéro de la Revue d’histoire moderne et contemporaine prolonge celui développé notamment in Charle (Christophe) & Roche (Daniel) (sous la dir.), Capitales culturelles, capitales symboliques. Paris et les expériences européennes. xviiie-xxe s., Paris : Publications de la Sorbonne, 2002, 475 p.

4 Van Damme (Stéphane), Paris, capitale philosophique…, op. cit., partie 3 ; pour le cadre problématique et la citation, pp. 171-172.

5 Jauffret (Louis François), Voyage au jardin des plantes…, An VI, op. cit., p. 164.

6 Outram (Dorinda), « Le Muséum d’Histoire naturelle après 1793… », art. cit., p. 30.

7 Godechot (Jacques), La Vie quotidienne en France sous le Directoire, Paris : Hachette, 1977, pp. 156-158.

8 Sur le jardin des Apothicaires, voir Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier), Manuel du voyageur à Paris. Contenant la description des spectacles, manufactures, établissements publics, jardins, cabinets curieux etc., Paris : Favre, an VII [1798/1799], pp. 189-190 ; pour celui de Sue, voir [Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier)], Manuel du voyageur à Paris…, An XII, op. cit., pp. 79-81. Sur les pépinières, voir Easterby-Smith (Sarah), Cultivating Commerce : Connoisseurship, botany and the plant trade in London and Paris, c. 1760 - c. 1815, Thèse de doctorat [Berg Maxine & Jones Colin, dir.], Warwick : Université de Warwick, 2009, pp. 409-412.

9 Mornet (Daniel), Les Sciences de la nature…, op. cit. ; Mornet (Daniel), Le Sentiment de la nature en France, de J.-J. Rousseau à Bernardin de Saint-Pierre. Essai sur les rapports de la littérature et des mœurs, Paris : Hachette, 1907, 573 p.

10 Magasin encyclopédique, vol. 1, no 41, 1793, pp. 323-324 : « Excursion minéralogique ».

11 Sur la bonne réputation des collections parisiennes, voir Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances de l’Académie tenues depuis la fondation de l’Institut jusqu’au mois d’août 1835, Hendaye : Imprimerie de l’Observatoire d’Abbadia, 1910, vol. 1, séance du 26 fructidor an IV, pp. 99-100 ; ici, p. 99 : « Rapport de Cuvier sur un Mémoire de Duchesne relatif à l’amélioration de l’étude de l’histoire naturelle ». Pour le cabinet Lelièvre, voir la lettre de Félix Lamouroux à Ramond de Carbonnières d’août 1801, citée in Grenier (R. J.), « La Conquête du Mont-Perdu, Voyage au sommet du Mont-Perdu par le citoyen Ramond », Bulletin de la Société Ramond, 50e année, 1915, p. 144.

12 Sur les libraires, voir Blanvillain (J.-F.C.), Le Pariséum ou tableau actuel de Paris, Paris : Frères Piranesi & Leblanc, 1807, p. 205 ; Duvigneau (Marion), « La Naissance de l’édition agricole en France au xixe siècle : des Huzard à la ‘Librairie agricole de la Maison rustique’ », in Amouretti (Marie-Claire) & Sigaut (François) (sous la dir.), Traditions agronomiques européennes. Élaboration et transmission depuis l’Antiquité, Paris : Éditions du CTHS, 1998, pp. 66-67 ; Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes…, op. cit., p. 555. Sur les sociétés savantes, voir Chappey (Jean-Luc), « Les Sociétés savantes à l’époque consulaire », Annales historiques de la Révolution française, no 309, 1997, pp. 451-472.

13 Sur la Société philomathique, voir Mandelbaum (Jonathan), La Société philomathique de Paris de 1788 à 1835 : essai d’histoire institutionnelle et de biographie collective d’une société scientifique parisienne, Thèse de doctorat [Furet François, dir.], Paris : Éditions de l’EHESS, 1980 ; Roger (Jacques), « Les sciences naturelles dans les premières décennies de la philomathique », in Thomas (Jean-André) (sous la dir.), La Société philomathique de Paris et deux siècles d’histoire de la science en France, Paris : Presses Universitaires de France, 1990, pp. 27-36.

14 Chappey (Jean-Luc), La Société des Observateurs de l’Homme. 1799-1804. Des anthropologues au temps de Bonaparte, Paris : Société des études robespierristes, 2002, p. 111.

15 Bret (Patrice), « Sociétés savantes, enseignement supérieur et spécialisé, bibliothèques, 1788-1815 », in Ducoudray (Émile), Monnier (Raymonde) & Roche (Daniel) (sous la dir.), Atlas de la Révolution française, vol. 11 : Paris, op. cit., p. 87 et p. 117.

16 Chappey (Jean-Luc), La Société des Observateurs de l’Homme …, op. cit., p. 110.

17 Chappey (Jean-Luc), Des Naturalistes en Révolution …, op. cit.. pp. 15-57 ; notamment p. 29 et p. 52.

18 [Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier)], Manuel du voyageur à Paris …, An XII, op. cit., pp. 93-95.

19 Humboldt (Wilhelm von), Journal parisien (1797-1798), op. cit., pp. 30, 185, 198, 246, 288, 412.

20 Cité in Chappey (Jean-Luc), Des Naturalistes en Révolution…, op. cit.. p. 49.

21 Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier), Manuel du voyageur à Paris…, An VII, op. cit., pp. 26-27.

22 Décade philosophique, vol. 10, juin à août 1796, p. 177 ; Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier), Manuel du voyageur à Paris…, An VII, op. cit., p. 139 ; [Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier)], Manuel du voyageur à Paris…, An XII, op. cit., pp. 79-81.

23 Blanvillain (J. -F. C.), Le Pariséum…, 1807, op. cit., pp. 160-161.

24 Pour ce qui suit AN, F/17/1229 : Lettre de la Commission exécutive de l’Instruction publique aux administrateurs du district de Guingamp. Paris, le 22 vendémiaire an III.

25 Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 1 [1796-1799] ; vol. 2 [1800-1804]. Sur l’Institut comme tribunal de la raison, voir Chabot (Hugues), Enquête historique sur les savoirs scientifiques rejetés à l’aube du positivisme (1750-1835), op. cit., en particulier, chap. 5, pp. 260-329.

26 Chabot (Hugues), Enquête historique sur les savoirs scientifiques rejetés à l’aube du positivisme (1750-1835), op. cit., p. 282.

27 Par exemple pour les années 1796-1797, à partir de : Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 1, séance du 11 fructidor an IV, p. 90 ; séance du 21 brumaire an V, pp. 125-126 ; séance du 21 nivôse an V, p. 160 ; séance du 1er messidor an V, pp. 226-227. Le cas de rejet le plus intéressant est celui de l’Exposition sommaire du plan de la Nature par Dufour lors de la séance du 21 brumaire an V. Le rapporteur Hallé critique vivement « l’esprit de système […] et les chimères enfantées par l’amour du merveilleux » et lui oppose les pratiques de l’observation et de l’expérience dont « les produits […] sont des vérités solides, indépendantes des opinions et des systèmes, les seules qui se transmettent sans s’altérer de siècle en siècle ».

28 Frémontier (Camille), « Les Dépôts de collections d’histoire naturelle, d’instruments et de machines », in Brian (Éric) & Demeulenaere-Douyères (Christiane) (sous la dir.), Histoire et mémoire de l’Académie des sciences. Guide de recherches, Paris ; Londres ; New York : Tec & doc-Lavoisier, 1996, pp. 255-260.

29 Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 1, séance du 1er nivôse an VI, pp. 319-320 ; séance du 6 nivôse an VI, pp. 321-323 ; séance du 1er germinal an VI, p. 364 ; Jaussaud (Philippe), « Dolomieu, Déodat de », in Brygoo (Édouard-Raoul) & Jaussaud (Philippe) (sous la dir.), Du Jardin au Muséum en 516 biographies, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 2004, pp. 188-190 (Archives ; 7).

30 Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 1, séance du 1er pluviôse an IV, pp. 5-6 ; séance du 11 pluviôse an IV, p. 7 ; séance du 6 ventôse an IV, p. 14 ; séance du 26 ventôse an IV, p. 18 ; séance du 1er germinal an IV, p. 20 ; séance du 16 brumaire an V, p. 123.

31 Ce partage fonctionnel s’approfondit au cours du xixe siècle — en 1807, 1824 et 1864 — quand l’Institut liquide ses collections scientifiques au profit d’autres institutions comme l’Observatoire, le Conservatoire des arts et métiers, l’École des mines et le Muséum. Voir Frémontier (Camille), « Les Dépôts de collections… », art. cit., pp. 259-260.

32 Dezallier d’Argenville (Antoine-Joseph), Histoire naturelle éclaircie…, 1742, op. cit., note d’Hermann insérée p. 205 [BNUS/BSS : H 17.008].

33 Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 1, séance du 11 prairial an V, p. 216.

34 AN, F/17/1229 : Lettre de Jussieu au ministre de l’Intérieur. Paris, le 14 frimaire an IV.

35 Jauffret (Louis François), Voyage au jardin des plantes…, An VI, op. cit., 244 p. ; Chabaud (Gilles), « Les Guides de Paris du xviie au xviiie siècle. Remarques sur une construction historique », in Chabaud (Gilles), Cohen (Évelyne), Coquery (Natacha) & Penez (Jérôme) (sous la dir.), Les Guides imprimés du xvie au xviiie siècle. Villes, paysages, voyages, Paris : Belin, 2000, pp. 75-76.

36 Blagdon (Francis William), Paris as it was and as it is, or a Sketch of the French Capital Illustrative of the Effects of the Revolution […] in a Series of Letters written by an English Traveller during the Year 1801-1802 to a Friend in London, London : C. A. Baldwin, 1803, 2 vol.

37 Heinzmann (Johann Georg), Voyage d’un Allemand à Paris…, 1800, op. cit., p. 3, p. 73-75 et p. 259.

38 Meyer (Friedrich Johann Lorenz), Fragments sur Paris, 1798, op. cit., vol. 1, pp. i-ix.

39 Kotzebue (Auguste), Souvenirs de Paris…, 1805, op. cit., vol. 1, pp. vii-xx.

40 Sur les guides de Paris, voir Chabaud (Gilles), « Images de la ville et pratiques du livre : le genre des guides de Paris. xviie-xviiie siècle », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, vol. 45, no 2, 1998, pp. 323-345 ; Chabaud (Gilles), « La Capitale, le guide et l’étranger : descriptions fonctionnelles et intermédiaires culturels à Paris dans la première moitié du xviiie siècle », in Charle (Christophe) (sous la dir.), Capitales européennes et rayonnement culturel. xviiie- xxe, Paris : École normale supérieure, 2004, pp. 119-131 ; Chabaud (Gilles), « Les Guides de Paris… », art. cit., pp. 71-80.

41 Chabaud (Gilles), « La Capitale, le guide et l’étranger… », art. cit., p. 122.

42 Ibid., pp. 128-129.

43 Blanvillain (J.-F.C.), Le Pariséum ou tableau actuel de Paris, Paris : Mongie l’aîné, An XII [1803/1804], 326 p. Déjà le 13 messidor an II, le conventionnel Barère propose de transformer Paris en un musée de la Révolution. Voir Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie, op. cit., p. 261.

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