Dessins séries 97-98. Planches 233-237
p. 165-166
Texte intégral
2. Le POTIRON. Cucurbita Pepo maxima
1Melopepo fructu maximo albo. Tournef. 106. Cucurbita aspera, folio non fisso, fructu maximo albo sessili. J. B. 2. p. 221. Pepo maximus indicus compressus. Lob. Ic. 641. Pepo compressus major. Bauh. Pin. 311. Cucurbita pepo α. Lin. ?
2Le Potiron, très-sensiblement différent des autres Courges comprises sous l’espèce du Pépon, s’en distingue par ses fleurs plus évasées ou plus élargies dans le fond du calice, ayant un limbe réfléchi ou rabattu d’une manière remarquable, & par ses feuilles très-amples, en coeur-arrondies, se soutenant sur leur pétiole dans une direction presque horizontale. Leurs poils sont moins roides & leur substance plus molle que dans aucun Pépon ; & il se rapproache en cela de la Melonée. Toutes les parties de la plante sont plus fortes ou plus grandes en proportion que dans aucun Pépon ; le fruit, généralement plus gros & plus constant dans sa forme sphérique applatie, a des côtes régulières & des renfoncemens considérables à la tête & à la queue ; sa pulpe plus ferme est cependant juteuse & fondante ; la peau fine, telle que dans la plupart des Pastissons : voilà ce qu’on peut ajouter pour caractériser les Potirons.
3Enfin, quoiqu’il en existe plusieurs variétés, aucune ne participe à la nature des Citrouilles, avec lesquelles on les a très-souvent élevés entre-mêlés. Cette preuve négative suffit elle pour le regarder comme formant une espèce distincte : je le laisse à décider. J’ai seulement voulu annoncer que le Potiron n’entre point dans cette prodigieuse variation, dont je vais présenter le tableau dans la race des Pépons polymorphes.
4La figure gravée par Tournefort (Inst. t. 34.) représente très-bien le Potiron. Rai en avoit fait mention, mais sans l’avoir vérifié. Enfin, l’existence de cette espèce a été très bien sentie depuis par Sauvages, qui dépeint son fruit en deux mots : Sphaera polis compressus, meridianis sulcatis. (Meth. Fol. p. 112. n ° 209.) C’est le premier Botaniste qui lui ait donné le nom de Potiron. Il y rapporte le Melopepo compressus C. B. probablement à tort. J’ai cru, faute d’un nom plus précis, pouvoir conserver au Potiron le nom latin maxima, qui lui convient, au moins quant à présent, & qui rappelle d’anciennes citations. Cette énorme grosseur qu’acquiert communément le Potiron, donne lieu de croire que dans l’état où nous l’avons, il doit beaucoup à la culture. Il étoit nouveau dans le seizième siècle, & on lui donnoit alors, comme à la Melonée, le nom de Courge marine ou d’outre-mer, aussi-bien que celui de Courge d’inde : mais je n’ai pu rien trouver de plus sur son origine. Les variétés principales sont :
5a. Le Potiron jaune commun.
6Cette nuance de jaune est toujours rougeâtre, quelque pâle qu’elle soit ; aussi s’en trouve-t-il qui sont presque couleur d’airain. On observe assez souvent une bande blanchâtre dans le fond du sillon entre les côtes ; cet endroit est le plus lisse, & le reste de la peau, sujet à de légères gerçures & cicatrices grisâtres, prend quelquefois de la broderie comme celle du Melon. J’en ai vu deux sur un même pied qui en étoient entièrement couverts ; mais cette variété n’a pas reparu dans sa postérité. Le Potiron jaune est le plus gros, & il est aussi le plus commun : il s’en trouve fréquemment du poids de trente à quarante livres de marc, & quelquefois de plus de soixante. La couleur de la pulpe est d’un beau jaune ; & plus il est vif, meilleur il se trouve au goût.
7b. Le gros Potiron vert.
8Ce vert est toujours grisâtre & quelquefois ardoisé. Il est sujet aux bandes blanches, comme le Potiron jaune : sa chair varie aussi de couleur ; il s’en trouve où le jaune approche du rouge orangé des Melonnées rouges. En général, les Potirons verts, un peu moins gros, sont estimés les meilleurs : ils se gardent plus long-temps.
9c. Le petit Potiron vert.
10Sous-variété qu’on distingue, & qui est recherchée, parce que son fruit fort applati, plus plein, & moins aqueux, se conserve quelques semaines de plus, & dure, bon à manger, jusqu’à la fin de Mars.
Cucurbita maxima Duchesne (1786b, Tableau p. 7)
11Le nom Cucurbita maxima fut mentionné pour la première fois dans le tableau de la page 7 de l’Essai sur l’Histoire Naturelle des Courges, et presque simultanément dans le volume de l’Encyclopédie Méthodique, Botanique pour laquelle l’Essai fut composé. La désignation latine maxima utilisée par Duchesne et la raison que celui-ci invoqua pour ce choix étaient non seulement appropriées à l’époque mais le sont extrêmement plus de nos jours. Duchesne donne 30 ou 40 livres (14 à 18 kg), parfois plus de 60, comme poids du Potiron Jaune Commun. Le record mondial des plus gros fruits du potiron C. maxima augmente presque chaque année lors des compétitions qui ont lieu annuellement en divers endroits, les 600 kg ont été dépassés.
12Les fruits de C. maxima sont représentés dans les fresques, terminées au plus tard en 1518, de la Villa Farnèse à Rome (Caneva 1992, Ravelli 2004, Janick & Paris 2006). Duchesne fait en abrégé des allusions aux descriptions de C. Bauhin (1623), J. Bauhin (1651) et peut-être Linné (1753), et aux illustrations de L’Obel (1591) et Tournefort (1700). Il ne mentionne pas la première illustration botanique de C. maxima par L’Obel (1576) qui fut reproduite par Dalechamps (1587), Dodoens (1616) et d’autres. Duchesne fait référence à Ray (1686) qui, sous la rubrique Pepo maximus Indicus compressus Lob., décrit un potiron à feuilles ni anguleuses ni divisées mais arrondies, avec de gros fruits globuleux-aplatis approchant les 30 livres (14 kg). Duchesne se réfère aussi à une description de l’espèce par Sauvages de la Croix (1751) et dit que celui-ci fut le premier botaniste à utiliser le terme potiron. Cependant potiron était déjà employé en France au milieu du 17e siècle (Bonnefons 1660). C. maxima est indigène d’Amérique du Sud et bien adapté aux climats chauds et tempérés. Duchesne remarqua la relativement haute qualité de la chair de cette espèce qui, à cause de cela, fut largement cultivée aux Etats-Unis et en Europe à partir du 19e siècle.
13Tout en étant conscient de la grande variabilité des caractéristiques des fruits de C. maxima, Duchesne (1786a, p. 24) écrit de cette espèce : « La peau assez fine et ne faisant jamais coque comme dans plusieurs Giraumons ne présente point de bosselures mais assez souvent de la broderie... ». Le fait qu’il ne connaissait pas l’existence de types de C. maxima qui ont bien une peau lignifiée et des verrues contribua à la diagnose erronée qu’il fit du fruit d’une courge-turban dont on lui avait fait présent, le classant comme une race de C. polymorpha (C. pepo) dans l’Addition du 18 août 1786 (Duchesne 1786b, p. 44) et de nouveau dans l’Encyclopédie Méthodique, Agriculture (Duchesne 1793).
PLANCHE 233
14No 97. Datée 29 décembre 1770. Fruit assez gros, sphérique avec une peau bronzée avec en surimposition une broderie très semblable à celle d’un melon, découpé en longueur pour montrer une épaisse chair jaune-orange intense et des graines blanches. Ce fruit provient d’un cultivar de C. maxima.
PLANCHE 234
15No 97a. Datée 2 janvier 1772. Une portion de fruit vue par l’arrière, montrant la peau jaune-orange moyen-intense avec des rayures jaune-moyen, indubitablement C. maxima. La chair, vue très en oblique, paraît jaune intense.
PLANCHE 235
16No 98. Datée 22 décembre 1769. La moitié d’un fruit coupé vue par l’arrière. Le fruit paraît être de taille moyenne, globuleux-aplati, avec des sillons peu profonds, bleu-gris-vert moyen-clair, chair relativement fine, orange clair. C’est un autre cultivar de C. maxima.
PLANCHE 236
17Sans no, désignée U dans le Document 6. Datée 1786. Dessin inscrit Prévost pinxit, indiquant qu’il a été effectué par Prévost. Vue côté style d’une courge-turban, la partie la plus large rouge-orange et vert-noir, cette dernière teinte concentrée autour de la cicatrice stylaire et coiffant la partie stylaire plus petite qui est grise avec des stries vert foncé et rouge-orange.
PLANCHE 236
18Sans no, désignée V dans le Document 6. Datée Nov. 1785. Vue latérale d’une autre courge-turban, probablement d’un cultivar différent, la partie la plus large est orange moyen-intense et vert foncé, cette dernière teinte étant concentrée autour de la cicatrice circulaire du style ; la partie stylaire la plus petite est en grande partie d’un vert-jaune moyen-clair, marqué de rayures vert sombre.
PLANCHE 237
19Sans no, désignée X dans le Document 6. Datée 1796. Noir et blanc. Inscrite et dessinée par Lucette Duchesne. Six fruits désignés par des lettres de A à F, probablement la descendance, issue d’une fécondation libre, d’un cultivar de courge-turban, très différent en taille relative d’une turban. Moitié de la taille réelle.
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