Introduction
p. 37-42
Texte intégral
1Cucurbita L. (Cucurbitaceae) est peut-être le genre dont les caractéristiques des fruits sont les plus variables dans tout le règne végétal et, au niveau de l’espèce, la même chose peut être dite à propos de C. pepo L. (Duchesne 1786, Naudin 1856 ; Paris 2000e). Cucurbita pepo englobe diverses formes dont les fruits ont un usage culinaire, telles les citrouilles et les courgettes ou sont cultivées en diverses variétés ornementales appelées coloquintes. Originaire d’Amérique du Nord, C. pepo a été domestiqué il y a des milliers d’années par les populations indigènes de ce continent (Cutler & Whitaker 1961). Quatre autres espèces de Cucurbita sont cultivées, les plus importantes étant C. maxima Duchesne et C. moschata Duchesne, toutes deux originaires d’Amérique du Sud (Nee, 1990).
2Contrairement à la gourde (calebasse) et à la pastèque qui, toutes deux étaient connues en Europe médiévale, Cucurbita arriva dans l’Ancien Monde, sous la forme de fruits ou de graines, seulement après le contact des Européens avec les Amériques (Whitaker 1947). Des représentations de C. pepo et C. maxima exécutées au plus tard en 1518 on été trouvées en Italie (Caneva 1992, Ravelli 2004, Janick & Paris 2006). Une représentation encore plus précoce, datant de 1508, figure dans le Livre d’Heures d’Anne de Bretagne (Bilimoff 2001, Paris et al. 2006). Il existe de nombreuses peintures de scènes de marché de la seconde moitié du 16e siècle dues à des artistes de la Renaissance et dans lesquelles on peut observer une variété de C. pepo colorée (Zeven & Brandenburg 1986). Néanmoins, la plupart des premières mentions écrites de Cucurbita sont des images dans les herbiers européens du 16e siècle. Sur ces images on peut identifier des représentants d’au moins trois groupes de cultivars comestibles de C. pepo, les citrouilles, les pâtissons et les courges turbinées, de même que plusieurs types de coloquintes (Paris 2000e). Les images dans les herbiers sont essentiellement des dessins au trait, en noir et blanc, sans nuances de gris. L’Historia plantarum universalis de Jean Bauhin (1651), achevée en 1613 (Morton 1981) est la plus remarquable des œuvres de la Renaissance concernant Cucurbita. Alors que les illustrations y sont toutes des copies, beaucoup des descriptions sont originales. Le Stirpium sciagraphia et icones de Chabrey (1666) est une version un peu modifiée du travail de Bauhin. Du milieu du 17e siècle à celui du 19e siècle ne parurent que peu d’illustrations ou descriptions détaillées originales des cultivars de Cucurbita ou de leurs fruits. C’est pour cette raison que les illustrations correctes de ce genre datant du milieu du 18e siècle sont importantes pour retracer son histoire et son développement, et en particulier pour ce qui concerne C. pepo, ses sous-espèces et groupes de cultivars.
La redécouverte de ce que Duchesne nous a légué sur les courges
3Je m’intéresse à l’histoire de Cucurbita depuis un certain temps ; en 1986, j’ai appris l’existence des planches de Duchesne et de son article dans l’encyclopédie de Lamarck en lisant une publication du grand botaniste et horticulteur américain Liberty Hyde Bailey (1948). Dans cette publication, Bailey cite la contribution de Duchesne à l’Encyclopédie Méthodique, Botanique (Duchesne 1786c), traduisant les notes de Lamarck en introduction à l’article. Bailey dit aussi qu’il a correspondu en 1946 avec le professeur H. Humbert du Muséum national d’Histoire naturelle au sujet de l’accès à ces planches car il espérait que ces aquarelles apporteraient « de nouveaux éclaircissements sur la taxonomie confuse de Cucurbita dans l’Encyclopédie ». Bailey relate ainsi les résultats de son enquête :
La taxonomie de Cucurbita débute réellement avec l’Encyclopédie Méthodique, volume ii, Paris 1786 de Lamarck. L’introduction dit que durant plusieurs années M. Duchesne a cultivé des plantes de ce genre dans l’optique d’enregistrer les effets du croisement entre les différentes espèces et qu’il en a dessiné en couleurs les résultats. Ces dessins, pour illustrer un mémoire très détaillé sur son travail, furent donnés en 1779 à l’Académie Royale des Sciences, après avoir été présentés à Louis XV au Trianon ; ils furent déposés au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque du Roi. Dans l’espoir que ces planches historiques puissent apporter de nouveaux éclaircissements sur la taxonomie confuse de Cucurbita dans l’Encyclopédie, je fis appel à Mons. H. Humbert du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris pour savoir si elles étaient actuellement disponibles. Le professeur Humbert répondit en 1946 que les planches de Duchesne du Cabinet des Estampes [de la Bibliothèque Nationale] ne portent pas d’inscriptions mais seulement des numéros consécutifs ne correspondant à aucun écrit et qu’aucun catalogue ou mémoire de cette collection ne peut être trouvé ; il ajoutait ses craintes que ces illustrations doivent être considérées sans valeur du point de vue des types. Les peintures sont au nombre de 361, près de 200 d’entre-elles portent des numéros. Je me suis arrangé pour obtenir des photographies de ces dernières, les négatifs et les tirages sont maintenant la propriété du [Bailey] Hortorium [à Ithaca, New York]. Je n’ai pas été en mesure d’élucider la taxonomie de Duchesne à l’aide de ces intéressantes illustrations bien qu’elles représentent les types de fruits connus en France à cette époque.
4Bien sûr Bailey (1948) ne savait pas exactement où étaient réellement localisées les planches, tout comme moi plus tard. Sa recherche d’un mémoire ou d’un catalogue de la collection échoua. Il reconnaissait en partie la valeur historique potentielle de ces planches mais, ne les ayant pas vues en couleurs ni obtenu le jeu complet, joint au fait qu’il n’avait pas découvert les deux publications (Duchesne 1786b, 1793) qui contenaient la classification par Duchesne des espèces de Cucurbita, il ne put reconnaître leur valeur taxonomique. Bien que se rendant compte que quelques-uns des dessins numérotés dont il avait des photographies correspondaient en fait aux numéros mentionnés dans l’article de Duchesne dans l’Encyclopédie Méthodique, Botanique, Bailey fut incapable de déchiffrer le système de numérotation de Duchesne et, les détails de la méthodologie expérimentale de Duchesne n’ayant pas été retrouvés, il ne put reconnaître leur pertinence pour la taxonomie de Cucurbita.
5Je m’enquis auprès du Bailey Hortorium, Ithaca, New-York, en 1995 qui m’envoya les photocopies de 189 de ces planches. Leur réception renforça ma détermination de retrouver et de voir par moi-même les aquarelles originales, mais deux années s’écoulèrent encore avant que cela se réalise.
Références aux planches par d’autres chercheurs et leur localisation
6Dans les remarques de Lamarck en introduction à l’article rédigé par Duchesne (1786c) dans l’Encyclopédie Méthodique, Botanique les aquarelles sont mentionnées pour avoir été dans la Bibliothèque du Roi (Bibliothèque Royale). Plus tôt, Buc’hoz (1777) avait écrit que Duchesne avait peint plusieurs sortes de courges. Des décennies plus tard, Sageret (1826) et Sylvestre (1827) disent que les planches sont à la Bibliothèque Centrale du Muséum national d’Histoire naturelle. Il est donc surprenant que le grand cucurbitologue Charles Naudin qui effectua une longue carrière au Muséum national d’Histoire naturelle ne les mentionne pas dans ses synthèses sur Cucurbita (Naudin 1856, 1860). Cependant Naudin connaissait l’existence des planches de Duchesne. Dans un carnet de notes conservé à la Bibliothèque Centrale du Muséum, il écarta leur importance, considérant qu’elles ne représentaient rien de plus qu’une sélection au hasard. À ma connaissance, plus d’un siècle s’est écoulé avant que les planches soient de nouveau mentionnées dans une publication, par Bailey (1948), dont la relation me troubla quant à leur localisation réelle. Je m’enquis auprès du Muséum et de la Bibliothèque nationale et, ayant reçu des réponses négatives des deux, je me rendis à Paris en octobre 1996 dans l’espoir que ma visite personnelle relancerait les recherches. Mme Marie-Cécile Miessner du Cabinet des Estampes, Bibliothèque nationale, effectua aimablement et à titre gracieux des recherches pour moi, ce que fit aussi le personnel de la Bibliothèque centrale, Muséum national d’Histoire naturelle. Par la suite, Mme Madeleine Pinault Sørensen du Louvre attira mon attention sur la mention relativement récente, par une historienne de l’art scientifique français (Duprat 1964), de la présence des planches de courges de Duchesne à la Bibliothèque centrale du Muséum national d’Histoire naturelle, mais sous un numéro de catalogue des manuscrits, le 5007. Les planches furent vite retrouvées par Mme Pascale Heurtel, responsable des manuscrits à la Bibliothèque centrale du Muséum. Le no 5007 ne recèle ni manuscrit ni quelque autre document écrit, exactement comme L. H. Bailey en avait été informé en 1946 ; en revanche, il consiste en deux volumineux portfolios contenant les planches de courges de Duchesne.
Références par d’autres aux publications de Duchesne sur les courges, et leur localisation
7J’appris tout à fait par hasard l’existence d’écrits de Duchesne sur les courges autres que sa contribution à l’encyclopédie de Lamarck. En consultant le fichier de l’Université hébraïque de Jérusalem je découvris l’Histoire de la Botanique en France par Davy de Virville (1954) qui fut publiée à l’occasion du 8e Congrès international de Botanique tenu en France. J’y trouvai la première mention, à ma connaissance, de l’Essai sur l’histoire naturelle des courges. Je commençai immédiatement une recherche de cet écrit, initialement non disponible, que je ne savais être un article dans une revue, un livre, un chapitre d’ouvrage ou un manuscrit inédit, et dont ni la date, ni la longueur ni toute autre caractéristique n’étaient indiquées. Par la suite je le découvris cité par Pritzel (1871) et repris par Stafleu (1964) comme étant une « réimpression » de l’article de Duchesne dans l’encyclopédie de Lamarck.
8En 1996, j’écrivis au laboratoire de Phanérogamie du Muséum national d’Histoire naturelle. La bibliothécaire, Mme Monique Refouil, m’envoya aimablement la photocopie d’un tiré à part d’un article de Duchesne sur les courges conservé à la Bibliothèque Centrale où il était inscrit comme provenant de l’Encyclopédie Méthodique, Agriculture. Chose plus importante, Mme Refouil me fournit quatre numéros de catalogue de la Bibliothèque Nationale pour l’Essai sur l’histoire naturelle des courges. En même temps, je contactai aussi la Bibliothèque de l’Institut de France à Paris. M. Eric de Lussy me répondit qu’il y avait un exemplaire de l’Essai, m’en offrant une photocopie à titre gracieux, ce qui me permit de voir pour la première fois cet opuscule. Peu après, j’obtins une photocopie de la Bibliothèque Nationale. Je découvris aussi, sur Internet, que le Muséum d’Histoire naturelle de Londres en possède lui aussi un exemplaire. Je visitai alors trois de ces bibliothèques et examinai personnellement cinq de ces six exemplaires de l’Essai, l’un des quatre de la Bibliothèque Nationale, seulement disponible sur microfiches lors de ma visite en 1997, étant la source de la photocopie en ma possession. Plus tard, je trouvai sur Internet qu’une bibliothèque de l’Université d’Harvard en possède également un exemplaire. À mesure que les fonds de plus en plus de bibliothèques seront mis en ligne sur Internet, les lieux de conservation d’autres copies devraient être révélés.
La partie manquante du legs de Duchesne sur les courges
9La partie manquante la plus importante de ce qu’a laissé Duchesne sur les courges est le mémoire, c’est-à-dire le traité, qu’il a présenté à l’Académie Royale des Sciences en 1779, cité par Lamarck dans son introduction à l’article de Duchesne sur les courges dans l’Encyclopédie Méthodique, Botanique. Ce texte a été présenté quelque quatre ou cinq ans après qu’il ait achevé son étude sur l’hybridation des courges. D’après les archives de l’Académie des Sciences, Institut de France, nous connaissons même son titre : Essai d’histoire naturelle des Pépons et sur les variétés produites par la fécondation de l’un, par les poussières [NdE : le pollen] de l’autre. Ce mémoire fut présenté lors de trois séances les 28 avril, 8 mai et 19 mai 1779 et était accompagné des planches comme documentation et illustration. Dans les archives de l’Académie d’Agriculture de France figure la notice d’une vente aux enchères le mardi 16 décembre 1828 de quelques travaux de Duchesne après sa mort. Ceux-ci incluaient une liasse de manuscrits d’histoire naturelle. La possibilité existe donc que le traité sur l’histoire naturelle des pépons y figurât.
10Dans un compte rendu daté du 28 août 1779, conservé à l’Académie des Sciences, Institut de France, Paris, Jussieu et Tillet (1779) firent l’éloge du mémoire de Duchesne.
11Le mémoire de Duchesne incluait probablement les noms ou les origines des variétés de Cucurbita qu’il cultiva ainsi que les détails de sa méthodologie. Les interprétations des planches ne peuvent donc pas être aussi sûres et complètes qu’elles l’auraient été si ces informations avaient été connues et spécifiées.
Quoique l’ouvrage ne soit pas encore terminé, et que l’on ne puisse jusqu’à présent en tirer de grandes conséquences, il nous paroit que l’auteur mérite des éloges pour avoir suivi avec patience les différentes fécondations et avoir soutenu cette culture pendant plusieurs années. C’est par des faits que l’étude de l’histoire naturelle s’etend et se perfectionne. M. Duchesne a reduit au rang des variétés plusieurs plantes regardées comme espèces. Il a montré par des nuances insensibles le rapport qui existoit entre des plantes differentes au premier aspect, et il a fixé le resultant de ses observations dans une suite nombreuses de dessins coloriés faits par lui même. Nous pensons que ce travail merite d’etre approuvé par l’académie, et qu’elle doit encourager l’auteur à continuer les experiences pour fixer irrevocablement les idées des botanistes sur toute la famille des cucurbitacées.
au Louvre ce Samedy 28 aoust 1779
A. L de Jussieu [M.] Tillet
Ignorées, remémorées
12Les spécialistes de cucurbitacées ignorèrent durant plus de 200 ans l’existence de la publication qui fait autorité sur la taxonomie des espèces de Cucurbita. Les seules mentions de l’Essai par Duchesne lui-même furent « J’en ai parlé dans une addition, en date du 17 Août 1786, page 44, d’une petite édition de l’Article Courge distribuée à cette epoque » et « M. Lamarck n’ayant pu, faute d’espace, insérer dans son Dictionnaire Botanique le détail que j’en avois préparé, il sera restitué ici comme je l’avois fait dans l’article publié à part » dans sa contribution à l’Encyclopédie Méthodique, Agriculture de Tessier et Thouin (Duchesne 1793). Duchesne lui-même a considéré l’Essai comme petit non seulement par sa taille mais aussi dans son importance, peut-être parce que le tirage et la distribution des exemplaires furent tellement plus faibles que ceux de l’encyclopédie botanique pour laquelle le texte avait été composé. Et tandis que sa contribution à l’encyclopédie de Lamarck devait devenir célèbre, l’article publié dans l’Encyclopédie Méthodique, Agriculture, dans lequel Duchesne réitéra sa classification des espèces de Cucurbita, devait rester ignoré et non reconnu durant plus de 200 ans.
13Charles Naudin, peut-être le plus grand cucurbitologue du 19e siècle, travailla au Muséum et loua le travail de Duchesne mais, si l’on en croit ce qu’il écrit dans ses publications (Naudin 1856, 1860), sa familiarité avec les travaux de Duchesne se limitait à l’article dans l’encyclopédie de Lamarck et au Dictionnaire des Sciences Naturelles, vol. 11, dans lequel Poiret (1818) créditait Duchesne du binôme Cucurbita moschata. Comme cela est dit plus haut, le binôme Cucurbita moschata parut non seulement dans l’Essai mais aussi dans l’article de Duchesne (1793) dans l’encyclopédie de Tessier et Thouin dont deux tirés à part (voir plus bas) étaient dans la Bibliothèque Centrale de la propre institution de Naudin ! Le binôme parut aussi dans la Flore Française (Lamarck & Candolle 1805). L’apparent manque de familiarité de Naudin vis-à-vis des publications de Duchesne est étonnant car toutes étaient disponibles dans son entourage immédiat. De plus, Naudin ne pense pas nécessaire de mentionner, à moins qu’il ne l’ait pas remarqué, que le dessin no 96* de Duchesne représente un fruit coupé de Cucurbita moschata et qu’il y est désigné par ce binôme. Un autre chercheur du Muséum, Spach (1838) avait été plus consciencieux. Il avait appliqué la taxonomie et la nomenclature de Duchesne au genre Cucurbita, présentant les trois espèces Cucurbita polymorpha, Cucurbita maxima et Cucurbita moschata.
14La récupération et la ré-évaluation du travail de Duchesne sur Cucurbita durent attendre ma persévérance et mon tri des informations fragmentaires, souvent embrouillées, que j’ai utilisées afin de retracer son legs écrit et artistique à propos de ces plantes, informations qui s’avérèrent disponibles dans des bibliothèques à Paris (Tableau 1). Les résultats de ces recherches parurent dans plusieurs articles (Paris 2000a, b, c). J’espère avoir regroupé ici sous un seul toit tout ce que j’ai découvert à propos des recherches de Duchesne sur Cucurbita.
Documents afférents
15De persévérantes recherches ultérieures par Mme Heurtel du mémoire manquant et autres manuscrits pouvant se rapporter aux planches lui firent découvrir, en 2000, l’existence au Muséum de six documents afférents qu’elle plaça alors avec les planches (Tableau 1).
16Le Document 1 est une lettre de Duchesne, d’une grande et nette écriture, adressée en 1799 aux Professeurs du Muséum National d’Histoire Naturelle. Dans sa lettre, Duchesne explique qu’il avait à l’origine légué ses planches de courges à la Bibliothèque Royale, qui devint la Bibliothèque Nationale après la révolution de 1789. Comme beaucoup de ceux qui avaient servi à la cour royale, Duchesne se retrouva ruiné après la Révolution. Il avait espéré recevoir des honoraires pour avoir donné ses dessins. Quand il devint clair qu’une telle rétribution ne lui serait pas accordée et comme il considérait ses peintures comme n’étant pas d’une grande qualité artistique, il avait décidé de les transférer au Muséum car il pensait qu’elles seraient conservées de manière plus appropriée dans une institution vouée à l’histoire naturelle (Paris 2002a).
17Le Document 2, un tiré à part de sa contribution à l’Encyclopédie Méthodique, Agriculture de Tessier et Thouin (Duchesne 1793), n’est pas le même que celui trouvé pour moi au Muséum en 1996 par Mme Refouil.
18Le document 3 (Tableau 1) consiste en deux pages. La première porte en titre « Etudes des Especes du Potiron ; ou coloquintes, des gourges, &c » La seconde est intitulée « Recueil de la famille des Potirons, Coloquintes, Gourges, &c., dessinées et coloriées d’après nature tant au Château de Meudon qu’a celui de Trianon à Versailles…. ». Ce document n’est pas de la main de Duchesne, ce me semble être un récépissé émis par un officiel du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Royale. Sur la deuxième page figure l’évidence de l’émission « ….et donné par lui au Cabinet des Estampes du Roy, au mois de Juillet 1786 ». Duchesne retourna ces dessins après les avoir empruntés non seulement comme référence à sa contribution à l’Encyclopédie Méthodique, Botanique, mais aussi dans un autre dessein : « Ces même dessins ont été reduis et gravés pour en orner le Dictionnaire de l’Encyclopédie ». L’intention déclarée de publier ces planches avec l’encyclopédie ne se concrétisa jamais. Je ne connais aucune indication comme quoi les planches auraient été effectivement préparées pour cela.
19Le document 4 (Tableau 1), d’une page et intitulé « Tableau des Courges », est une comparaison de la taxonomie dans le genre Cucurbita telle que présentée en 1779 à l’Académie des Sciences et de celle publiée dans les articles de l’encyclopédie. Ce document est troublant car il est plein d’erreurs de dates et d’attributions. Par exemple, les binômes latins des espèces sont attribués à 1779, mais ils n’ont jamais été formulés par Duchesne avant 1786. L’Essai n’est pas mentionné, sauf en oblique pour une « addition du 18 août 1786 ». Ce document doit avoir été écrit après 1793, peut-être environ à la même époque que les deux documents suivants.
20Le Document 5 (Tableau 1) consiste en 12 pages, intitulé sur la première « Les Coloquinelles ». C’est une liste, avec une brève description de tous les dessins de la collection. Pour beaucoup d’entre eux des références sont faites aux numéros des pages dans les articles de l’encyclopédie. De brefs commentaires ou interprétations sont donnés pour tous. Pour quelques-uns, il y a des commentaires qui ne sont pas évidents au regard des planches ; j’en parlerai dans mes commentaires sur les dessins pris individuellement.
21Le Document 6 (Tableau 1), intitulé « Travail des Pépons cultivés et peints par Ant. Nic. Duchesne en 1769, 1770, 1771 et 1772 et quelques autres en 1780, 1796 Relevé des nottes authentiques qui etoient derrière les feuilles lorsqu’elles ont été collies » est un catalogue des dessins, d’une petite écriture souvent difficile à interpréter. Il donne la liste des numéros originaux des dessins et les dates. De fait, ces numéros originaux peuvent encore être observés au dos de quelques-unes des 258 planches et ils correspondent exactement à cette liste. Les dates sont mises sur la plupart des planches. Quelques-unes ne sont pas datées mais pour quelques-unes les dates peuvent être retrouvées à l’aide de ce document. Cette liste confirme mon interprétation du système de numérotation utilisé par Duchesne sur ces planches et ma présomption que ces numéros ont été transcrits depuis un système de numérotation antérieur (Paris 2000c).
22Antoine Jacobsohn du Potager du Roi à Versailles découvrit en 2005 deux documents à la Bibliothèque Municipale de Versailles. Ces deux documents, indiqués Document 7 et Document 8 dans le Tableau 1, concernent la donation par Duchesne des planches au Muséum. Comme cela est indiqué plus haut, il fut ruiné et espéra donc être payé pour ses dessins.
23Le Document 7 est une lettre adressée en 1805 à Duchesne par Les Professeurs du Muséum d’Histoire naturelle. Cette lettre informe Duchesne que le Muséum ne dispose pas de crédits pour acheter sa collection de planches. Néanmoins, les professeurs de botanique lui demandent d’accepter que les dessins demeurent au Muséum et qu’il propose un prix. Les professeurs demanderaient alors l’autorisation au ministère de l’Intérieur d’utiliser pour cet achat certains fonds initialement prévus pour autre chose.
24Le Document 8, écrit au nom de l’Administration du Muséum d’Histoire naturelle, au Jardin du roi, et daté du 6 juin 1821 est un certificat comme quoi le Muséum a acquis les planches grâce à la générosité du Ministre Secrétaire d’État au département de l’Intérieur. Ainsi, 20 ans devaient s’écouler entre le dépôt au Muséum de ses dessins par Duchesne et sa rétribution pour ceux-ci. Il est intéressant que ces deux documents soient signés de Thouin qui édita la contribution de Duchesne à l’Encyclopédie Méthodique, Agriculture (Duchesne 1793).
Tableau 1. Localisations du legs d’A. N. Duchesne sur Cucurbita (d’après Paris 2000a, modifié).
Item | Description | Localisation |
Dessins | Essentiellement 1769-1774, quelques-uns de 1775, 1779, 1780, 1785, 1786, et 1796, un total de 364 sur 258 planches de 64 x 48 cm, dans deux portfolios | Bibliothèque Centrale, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris : Manuscrit No 5007 |
Manuscrit (Mémoire) | Histoire naturelle des pépons et sur les variétés produites par la fécondation de l’un par les poussières de l’autre, 1779 | Inconnu, peut-être vendu aux enchères |
Manuscrit | Rapport sur le mémoire (par Jussieu et Tillet), 1779 | Archives, Académie des Sciences, Institut de France, Paris : Pochette de la séance 28 août |
Manuscrit | Plan d’un article pépon pour l’Encyclopédie de…, in : Mélanges agronomiques, ca. 1786 (55 p.) | Dept. Manuscrits, Bibliothèque Nationale, Paris : Manuscrit No 12333 |
Livre | Essai sur l’histoire naturelle des courges, C. J. Panckoucke, Paris, 1786 (46 p. duodecimo) | Bibliothèque de l’Institut de France, Paris (1 exemplaire) ; Dept. Imprimés, Bibliothèque Nationale, Paris (4 exemplaires) ; Botany Library, Natural History Museum, London (1 exemplaire) |
Article | Courge, Cucurbita, in Encyclopédie Méthodique, Botanique 2 : 148 – 159, J. B. P. A. de Monet de Lamarck, ed., 1786 | Beaucoup de bibliothèques |
Article | Courge, Cucurbita, in Encyclopédie Méthodique, Agriculture 3 : 605 – 614, A. H. Tessier and A. Thouin, eds., 1793 | Bibliothèque Sainte Geneviève, Paris |
Documents | 1. Lettre au personnel du Muséum (1799) | Bibliothèque Centrale, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris : Manuscrit No 5007. |
Documents | 7. Lettre du personnel du Muséum (1805) | Bibliothèque municipale de Versailles, Panthéon Versaillais : Antoine Nicolas Duchesne, document nos 7 and 10. |
Photographies | Noir et blanc, de la plupart des planches, 1946 | Bailey Hortorium, Ithaca, New York |
Tableau 2. Les espèces de Cucurbita (adapté de Nee 1990).
Nom de l’espèce | Désignateur(s) | Année | Zone d’origine |
C. pepo | Linné | 1753 | Mexique & États-Unis |
C. maxima | Duchesne | 1786 | Argentine |
C. moschata | Duchesne | 1786 | Amérique du Sud tropicale |
C. foetidissima | Kunth | 1817 | Mexique & États-Unis |
C. ficifolia | Bouché | 1837 | Montagnes des Amériques |
C. digitata | Gray | 1853 | Mexique & États-Unis |
C. radicans | Naudin | 1866 | Mexique |
C. argyrosperma | Huber | 1867 | Mexique & Amérique centrale |
C. galeottii ? | Cogniaux | 1881 | Mexique |
C. okeechobeensis | Bailey | 1930 | Mexique & États-Unis |
C. lundelliana | Bailey | 1943 | Mexique |
C. pedatifolia | Bailey | 1943 | Mexique |
C. ecuadorensis | Cutler & Whitaker | 1969 | Équateur |
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