Collections pédagogiques universitaires et construction des savoirs naturalistes
p. 251-275
Texte intégral
1L’enseignement des sciences naturelles autrefois basé sur la « leçon de choses »1 reposait sur l’observation de productions naturelles constituées en collections de référence à la disposition des élèves. Si ces collections sont bien étudiées en ce qui concerne les écoles et les lycées2, elles le sont beaucoup moins dans un contexte universitaire. Dans une collection à vocation pédagogique, chaque objet, en tant que vecteur d’idées et de savoirs, a une charge sémantique indéniable. D’ailleurs, ces productions naturelles se situent à la base de la pratique scientifique car la formation des futurs professionnels commence par les activités d’enseignement3. Cependant, ce type de collections a longtemps manqué de visibilité dans le contexte universitaire contemporain. En conséquence, un nouveau rôle actif et participatif des collections universitaires dans l’enseignement supérieur a été prôné dès le début du xxie siècle4.
2La faible reconnaissance du patrimoine universitaire est, en grande partie, un fruit de la méconnaissance de son histoire et de sa singularité. Aussi longtemps que ces lacunes persisteront, les rôles scientifiques et sociaux des collections universitaires seront sous-évalués5. Ainsi, le principal objectif de mon apport est de retracer, dans une perspective historique, les premiers pas de la constitution d’une collection à vocation pédagogique destinée à l’enseignement supérieur. Histoire, enseignement et objets constituent donc les maîtres mots de ma contribution, une étude de cas entièrement construite autour de la collection de zoologie de la Faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université (Paris). L’objet d’étude choisi se prête à cette analyse car il s’agit d’un riche ensemble patrimonial majoritairement issu des collections de l’ancienne Faculté des Sciences de la capitale, créée le 17 mars 18086. Compte tenu de cette longue histoire, le découpage temporel de notre recherche historique se limite au xixe siècle7.
3L’approche méthodologique suivie implique une recherche active des documents qui vont servir de base à la reconstruction historique. Le travail de documentation a été réalisé dans les Archives Nationales (AN)8 et dans celles du Muséum national d’Histoire naturelle (Muséum). La rareté des documents d’archives est en partie palliée par l’étude des objets eux-mêmes. En parallèle de disciplines scientifiques comme l’archéologie ou la paléontologie, traditionnellement centrées sur l’étude de traces matérielles, la culture matérielle des sciences est devenue un puissant outil de recherche permettant d’exploiter la valeur heuristique des objets dans une perspective historiographique9. Une première approche des objets est inévitablement basée sur leur matérialité, sur leurs constituants et leur typologie, mais cette analyse doit aller au-delà de la simple description pour embrasser toutes les évocations qu’une observation attentive peut déclencher. Des étiquettes aux récipients en passant par les processus de fabrication, les objets en collection regorgent d’indices en attente d’être interprétés et saisis comme des signes de l’existence de systèmes d’interactions sociales.
4Cependant, il n’est pas question ici de faire uniquement une étude historique de la formation de l’actuelle collection mais aussi de s’interroger sur son potentiel pédagogique. Plus précisément, il s’agit de montrer comment la connaissance de l’histoire permet d’explorer de nouvelles voies dans la formation des étudiants de nos jours, issus pour la plupart d’un environnement majoritairement urbain et fortement coupés du milieu naturel. Des objets d’antan peuvent ainsi devenir des supports adaptés pour leur formation en sciences naturelles et, en même temps, les éduquer à l’histoire des sciences et au respect de la nature. Tout au long du récit, les contributions des enseignants et des préparateurs seront estimées à valeurs égales. Le but est de montrer comment la construction d’un discours naturaliste nécessite des objets pérennisés en collection. Ce retour au passé comme source d’inspiration fournira de nouvelles informations au débat contemporain sur la valorisation pédagogique des collections universitaires, non seulement dans la construction de connaissances fondamentales, mais également dans la compréhension des savoirs naturalistes nécessaires à la collecte et conservation des spécimens.
LA ZOOLOGIE, UNE DISCIPLINE UNIVERSITAIRE
5Au moment de la création de la Faculté des Sciences de Paris, en 1808, toutes les chaires d’enseignement sont dédoublées et les premiers professeurs sont élus parmi ceux d’autres écoles et institutions scientifiques : deux au Collège de France, deux au Muséum, deux à l’École Polytechnique et deux professeurs de mathématiques provenant des lycées parisiens10. La Faculté débute donc sous une forme étriquée et rudimentaire, dépendante d’autres centres de savoir récemment créés ou réorganisés. En ce qui concerne l’histoire naturelle, René Just Haüy (1743-1822) est désigné professeur de minéralogie et géologie, et René Desfontaines (1750-1833) professeur de botanique11. Pour la zoologie, il est décidé que le cours d’anatomie et physiologie comparées du Muséum deviendrait cours universitaire sous la responsabilité d’un professeur surnuméraire. C’est Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) qui occupe le poste et devient, en 1809, le premier professeur de zoologie à la Faculté comme il l’avait déjà été au Muséum12. Effectivement, avant de débuter à l’université, l’enseignement de la zoologie en France naît et se consolide dans un contexte muséal. Au moment de la fondation du Muséum, en 1793, trois chaires parmi les douze nouvellement créées sont dédiées à la discipline qui nous occupe13.
6Geoffroy Saint-Hilaire n’a pas été seul au moment de mettre sur pied l’enseignement de la zoologie à l’Université de Paris. Un deuxième poste dédié à l’étude des animaux est bientôt mis au concours. Henri-Marie Ducrotay de Blainville (1777-1850) est retenu comme professeur-adjoint d’anatomie et de zoologie en 181214, grâce à sa thèse sur l’ornithorynque (Ornithorhynchus anatinus), espèce alors peu connue pour laquelle il fallait trouver une place convenable dans la série animale. Pour son travail sur ce mammifère très rare dans les collections publiques, Ducrotay de Blainville a pu compter sur « la bienveillance de G. Cuvier, qui mit à sa disposition tout ce qu’il possédait dans les galeries d’anatomie comparée d’organes déjà disséqués d’ornithorynque, et la complaisance de M. Geoffroy Saint-Hilaire, qui lui en confia une peau bourrée »15. La description de l’espèce a donc été entièrement faite à partir de spécimens de collection, sans connaissance ni de l’animal vivant ni de son milieu de vie, car comme le précise Ducrotay de Blainville, « les animaux dont il s’agit, à peine connus depuis une vingtaine d’années, appartiennent à des contrées fort éloignées, et l’on n’a pu encore observer leurs mœurs et leurs habitudes d’une manière suffisante »16. L’apport scientifique de Ducrotay de Blainville s’est construit à l’un des deux bouts de la chaîne d’élaboration des savoirs naturalistes, du terrain au cabinet, à une époque où l’observation in situ commençait à gagner des partisans mais où l’écriture des sciences, en zoologie comme en botanique ou en géographie, était l’œuvre de savants qui recevaient les produits des collectes et des observations sans avoir connaissance du contexte environnemental de celles-ci17.
L’ORIGINE DES COLLECTIONS DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS
7L’intérêt de l’emploi d’objets comme support pédagogique est bientôt reconnu par les deux naturalistes en charge de l’enseignement de la zoologie à l’université. Dans le discours préliminaire de ses leçons sur l’histoire naturelle des mammifères, Geoffroy Saint-Hilaire admet les avantages du recours aux objets lors des démonstrations : « […] ce sont choses bien différentes à mettre en pratique que d’établir par paroles ou par écrit une démonstration d’histoire naturelle. Que je tienne en main un objet, on le voit, et je passe de suite aux explications ; mais que j’en écrive, il faut d’abord que je le rende visuel à l’esprit par une description »18.
8D’ailleurs, en guise d’exemple, dans la leçon sept, dédiée aux singes de l’ancien monde, il doit inévitablement faire référence à des objets bien précis. Quand il traite des modifications dues à l’âge sur le squelette des chimpanzés, il évoque un crâne d’adulte, « celui de la Faculté, chez lequel la crête sourcilière forme une lame avancée au-dessus des yeux »19. Certes, le dessin naturaliste aide à la matérialisation des concepts, mais nulle image ne peut remplacer la réalité matérielle d’un objet de collection. Pour sa part, Ducrotay de Blainville, sur un morceau de papier, écrit à la hâte et de lecture difficile, affirme que « les sciences naturelles [...], étant nécessairement appuyées sur des faits précis ont absolument besoin d’être appuyées sur les vues des objets dont elles s’occupent ». Au vu de ces circonstances, il admet le besoin « d’une collection […] bien choisie »20.
9Concernant l’existence de collections à la Faculté des Sciences, la première référence connue est la nomination, en 1822, au poste de conservateur des collections d’histoire naturelle, de Gabriel Delafosse (1796-1878)21. Pour lui, cette nomination n’est qu’un premier jalon dans une carrière exceptionnelle qui aboutit, en 1841, à l’obtention de la chaire de minéralogie de la Sorbonne22. Ce premier embryon de collection a tôt fait d’attirer l’attention des responsables universitaires. En 1823, les professeurs de zoologie manifestent leur besoin de disposer d’une plus forte somme d’argent pour les frais de leurs cours respectifs. Face à cette revendication, le doyen, le chimiste Louis-Jacques Thénard (1777-1857), argumente une indisponibilité de fonds puisque une bonne partie du budget de l’année est déjà consacrée à « la formation des collections d’histoire naturelle, y compris une dépense variable de neuf cents francs pour les appointements du préparateur de zoologie »23. La même année, le Conseil royal d’Instruction publique ouvre un crédit de 15 000 francs, « dont 8000 doivent être employés à la formation des collections d ´ histoire naturelle »24.
10En 1825, 9 000 francs leur sont accordés, montant qui doit être dépensé comme il suit : « pour la minéralogie 3 500 francs, pour la zoologie 1 200 francs, pour la géodésie 300 francs, pour les globes 600 francs, pour des cartes astronomiques 150 francs, pour des figures mathématiques 50 francs, pour les instruments de physique 3 000 francs, pour les dessins de botanique 200 francs »25. Les sommes attribuées semblent ne pas être suffisantes et les professeurs expriment leur désir d’obtenir, pour l’année 1826, des fonds extraordinaires pour l’acquisition d’objets absolument nécessaires à leurs cours. Plus précisément, pour la zoologie, Blainville manifeste « qu’il manque un grand nombre d’objets d’histoire naturelle et principalement des animaux conservés qui peuvent être montrés par types de familles »26. De concert avec Geoffroy Saint-Hilaire, il soumet au doyen un état approximatif du coût de ces divers spécimens, « d’après lequel une somme de 9 000 francs suffirait à leur acquisition »27.
11D’autre part, la somme destinée aux appointements du préparateur ne suffit pas à « pourvoir à la conservation et à l’entretien de la collection de zoologie, au montage et la préparation de divers objets qui doivent en faire partie »28. Une augmentation de l’attribution devient de toute évidence nécessaire. Grâce à cette réclamation, nous apprenons que le préparateur de zoologie à la Faculté des Sciences était Florent Prévost (1794-1870), aide-naturaliste et chef du laboratoire de taxidermie au Muséum29. Nul doute, lors des premières décennies de leur existence, que Faculté et Muséum constituaient une véritable communauté de destin !
12Enfin, une troisième sollicitation vient se rajouter aux précédentes. La pénurie de matériel n’était pas le seul problème. Lors d’une nouvelle réunion, Blainville communique au doyen « que la collection du cabinet de zoologie s’altère beaucoup par suite de l’extrême humidité du cabinet, et qu’elle ne peut tarder à s’y détruire entièrement »30. En conséquence, il demande un nouvel emplacement.
13Ces premières démarches en faveur des collections universitaires vont finalement aboutir à une réclamation collective. Dans un rapport sur les améliorations qui pourraient être apportées dans l’enseignement des sciences, rédigé par le botaniste Charles-François Brisseau de Mirbel (1776-1854) et le chimiste Jean-Baptiste Dumas (1800-1884), et adressé au ministère de l’Instruction Publique en 1837, on peut lire :
[…] Ce que nous disons d’une bibliothèque spéciale pour les sciences, nous devons le répéter au même titre pour les collections diverses qui devraient servir de complément indispensable à un grand nombre de nos cours.
Comment un élève pourra-t-il reconnaître les substances qu’il a vues pendant quelques secondes entre les mains du professeur de chimie ? Comment aura-t-il pu démêler la structure d’un appareil de physique un peu compliqué pendant le court espace de temps où le professeur l’a mis sous ses yeux ? Où retrouvera-t-il les minéraux, les roches qu’il a entrevus à peine dans nos cours ? Toutes ces questions il faut les faire également en ce qui concerne les cours de zoologie et de botanique. Nous n’hésitons point à le dire et tous les amis des études solides partageront notre opinion, nous en sommes convaincus, la Faculté des Sciences de Paris devrait avoir non seulement une bibliothèque spéciale, mais de plus des collections de chimie, un cabinet de physique, des collections d’histoire naturelle, véritables bibliothèques de la science où les élèves viendraient se familiariser à loisir avec les objets réels31.
14Plus loin sur le même document, les auteurs du texte agissent en porte-parole des demandes spécifiques des différents professeurs. Pour la zoologie ce sont Geoffroy Saint-Hilaire et Ducrotay de Blainville qui s’expriment, et dans leur réflexion nous retrouvons la raison d’être de notre sujet d’étude :
Qu’on n’aille pas dire que les élèves pourront étudier ailleurs, au Jardin du Roi par exemple, les objets dont il s’agit ; ce serait une erreur. Ce que nous voulons, ce sont des collections pour l’enseignement tel qu’il se pratique à la Faculté, un enseignement limité, clair et concis. Il nous faut des collections limitées, nettes et parlant vivement aux yeux. Laissant au Jardin du Roi, les raretés, les doutes, les séries complètes ; nous voulons réunir les objets les plus vulgaires, les mieux connus, les exemples les plus tranchés, enfin ce qu’il faut et seulement ce qu’il faut à notre enseignement. Le luxe du Jardin du Roi éblouirait nos élèves, qui perdraient plus de temps à y chercher l’échantillon qui les intéresse qu’ils n’en pourraient certainement consacrer à l’étude.
15La nature de la collection souhaitée semblait évidente aux responsables de leur constitution qui, par ailleurs, étaient habitués à l’emploi de collections scientifiques au Muséum32. Une collection pédagogique répond donc à des besoins particuliers, à une utilité bien précise. Dans aucun cas elle ne doit être assimilée à une forme mineure ou incomplète de collection scientifique. Cette distinction des vocations s’exprimait déjà clairement à la Faculté des Sciences.
16La création d’une collection de zoologie à la Faculté des Sciences de Paris coïncide avec d’autres initiatives similaires. À Strasbourg, le musée universitaire ouvre ses portes en 1818 en s’appuyant sur les collections du cabinet de Jean Hermann (1738-1800), ancien professeur de l’institution33. Dans un contexte allemand, jusqu’à la fin du xviiie siècle, les objets employés en cours étaient la propriété privée des responsables de l’enseignement. Ce n’est qu’à partir de 1773, avec la création d’une première collection académique à l’Université de Göttingen, que les choses commencent à changer34. En Belgique, à l’Université de Gand, la première collection de ce type date de 181735. Néanmoins, au-delà des dates, il est difficile de savoir si le processus de fabrication de ces premières collections a été similaire ou si, au contraire, les spécificités étaient fortes.
L’ORIGINE DES SPÉCIMENS
17Les Archives Nationales détiennent une quantité considérable de factures, comptes de dépenses, bons de réception et autres pièces administratives de la Faculté des Sciences36, permettant de documenter la provenance des premiers objets. Ceci laisse à penser que, dans un premier temps, l’agrandissement des collections se faisait uniquement par achat. Aucune preuve de l’existence de dons ou d’échanges avec d’autres institutions n’a été signalée. Physique, chimie, mathématiques, botanique, minéralogie, toutes les disciplines alors enseignées à l’université sont concernées par ce commerce, mais seule la zoologie a fait l’objet d’un dépouillement minutieux. L’ensemble des documents est daté entre 1823 et 1828, avant qu’une reconnaissance institutionnelle ne soit réclamée par lettre collective en 1837.
18La première idée qui vient à l’esprit en regardant ces listes d’animaux achetés est d’aller chercher les spécimens concernés dans la collection actuelle. Cependant, une identification exacte devient très difficile et ne peut être fiable que si un trait particulier quelconque, propre à un objet concret, permet de le relier à une référence qui en fait mention. Ainsi, les animaux naturalisés se prêtent mieux que d’autres productions zoologiques à cette attribution, car ils sont la conséquence d’une manipulation et répondent à des caractéristiques de style et de savoir-faire en taxidermie qu’on peut associer à une période bien précise. Par exemple, dans un « Mémoire des acquisitions d’objets d’histoire naturelle faites dans les ventes publiques et chez les marchands étalagistes »37, daté de 1824 et signé par Geoffroy Saint-Hilaire, on peut trouver mention de l’achat d’un pied d’oryctérope du Cap (Orycteropus afer), un montage tout à fait singulier pour lequel aucune information supplémentaire n’est donnée mais qui, sans aucun doute, correspond à celui présent aujourd’hui dans la collection de l’Université Paris Diderot. Mise en valeur sur un socle en bois, cette préparation montre les traces d’une finition technique assez rudimentaire. En revanche, démontrer que le squelette de grenouille, la chauve-souris dans l’esprit de vin38 ou la peau de pangolin recensés sur le même document correspondent aux objets similaires de la collection actuelle devient une tâche plus ardue, voire impossible à réaliser.
19Dans le cadre d’une première approche historique, il nous a semblé pertinent de reconstituer l’univers matériel et économique dans lequel l’enseignement de la zoologie évoluait. On découvre ainsi qu’une bonne partie des dépenses était destinée à l’acquisition d’abats sur les étals des marchés, comme des têtes de mouton et de cochon ou des yeux de bœuf. La criée du Havre était l’endroit où l’on s’approvisionnait en morues, dorades ou congres. Après dissection, une bonne partie des préparations étaient conservées dans l’esprit de vin. La manipulation de ce matériel frais impliquait l’emploi de produits et d’ustensiles pour lesquels un commerce fleurissant existait à Paris : Aclocque procurait les bocaux, Dufour le linge, Sauveau l’esprit de vin, Cuche le papier blanc et gris, Lesueur les instruments de chirurgie, Desforges le fil de fer, Chenau le liège, Dartus les étiquettes... Tout un réseau de commerçants et d’artisans, jusqu’ici peu connu, interagissait avec les naturalistes en poste à l’université. Sans doute, les matériaux mis en vente avaient-ils d’autres utilités majeures mais, savamment détournés de leur usage initial et convenablement traités, ils servaient au bricolage d’une première collection et relevaient d’un domaine de pratiques dont l’étude reste à approfondir.
20Encore plus intéressant, les précieux documents nous renseignent sur les fournisseurs de préparations zoologiques travaillant à Paris au début du xixe. Jusque-là, ces personnages étaient principalement connus par leur relation, directe ou indirecte, avec le Muséum, mais il apparaît ici que leur clientèle était bien plus importante. Dans un contexte purement institutionnel, d’autres centres de savoir, comme la Faculté des Sciences, s’intéressaient aussi à leurs productions. Le premier nom qu’il faut évoquer est celui de Florent Prévost, personnage dont on a déjà parlé, chef du laboratoire de taxidermie au Muséum et préparateur à l’université. Il est l’auteur d’un bon nombre de peaux montées de mammifères et d’oiseaux. Pour ne citer qu’un exemple, en 1824 il reçoit 169 francs pour un envoi comportant 23 espèces différentes, aussi bien autochtones (cas de la belette, de l’engoulevent ou de l’épervier) qu’exotiques (comme le fourmilier ou la sarigue). Sur le document, la provenance des spécimens n’est pas précisée39. Lors d’une première inspection rapide dans la collection de Sorbonne Université, un seul animal a pu lui être attribué sans équivoque. Il s’agit d’un vison d’Europe (Mustela lutreola), naturalisé en 1831, qui porte sous le socle les initiales « F. P ». Cette façon de signer les pièces était une habitude courante chez nombre de taxidermistes du Muséum au xixe siècle40. D’autres inscriptions sur le même socle font référence à la Faculté des Sciences (« F s. c. ») et renseignent sur le sexe (un mâle) et la provenance de l’animal (« très commune dans le Poitou »).
21Deux autres préparateurs du Muséum ont également travaillé pour la Faculté des Sciences. Il s’agit de Gabriel Bibron (1805-1848), aide-naturaliste à la chaire de Zoologie (Reptiles et Poissons) occupée par Constant Duméril (1774-1860)41, et de Louis Rousseau (1788-1868), chef des travaux anatomiques sous les directions successives de Henri-Marie Ducrotay de Blainville et Louis Georges Duvernoy (1777-1855)42. Les 30 francs payés au premier pour l’assemblage d’un squelette de crotale, ou les 55,5 francs que le second a reçu en 1828 pour un lot de 14 squelettes, dont ceux d’un chevreuil et d’un gibbon, ne constituent que deux exemples parmi d’autres. Collaborateur assidu du Muséum, le voyageur naturaliste Pierre-Antoine Delalande (1787-1823) compte également parmi ceux qui ont contribué à la formation des premières collections de la Faculté. En 1823, année de sa mort, il a reçu de la Faculté une somme de 332 francs pour le montage de 74 quadrupèdes et oiseaux, dont une petite antilope de la collection actuelle (voir illustration page précédente). D’après ce qui est inscrit sous la planche en bois qui prête support au montage, Delalande aurait ramené lui-même le céphalophe d’Afrique du Sud, au retour d’un voyage effectué entre 1818 et 182043. Pour sa part, le phrénologiste Pierre Marie Alexandre Dumoutier (1797-1871), fournisseur habituel du Muséum44, reçoit, en 1823, un versement de 61 francs pour une série de têtes humaines et de singes anthropoïdes moulées en plâtre, objets qui ne se retrouvent plus dans la collection actuelle.
LA COLLECTION PENDANT LA SECONDE PARTIE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE
22En 1844, après la mort d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Blainville est nommé titulaire de la chaire de zoologie et anatomie comparée à l’université. Sa titularisation libère un poste de professeur-adjoint qui sera occupé par Henri Milne-Edwards (1800-1885)45. Quelques années plus tard, en 1847, une nouvelle chaire est créée pour la même discipline et Milne-Edwards devient son titulaire, poste qu’il détient jusqu’en 1882. Pour les fonctions de préparateur, il compte sur l’aide de son fils Alphonse (1835-1900)46, qui finira par occuper la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux) au Muséum47. Henri Milne-Edwards incarne donc la seconde moitié du xixe siècle en ce qui concerne l’enseignement de la zoologie à l’université48. Pour être plus précis, il représente une moitié de cette histoire puisqu’une autre chaire, celle existant depuis la création de la Faculté des Sciences, fonctionnait en parallèle (pour le détail des détenteurs des deux chaires, voir le tableau).
23Dans les archives consultées, aucune facture ni document de vente n’a été retrouvé concernant la seconde partie du xixe siècle. Pourtant, la Faculté continuait à dépenser de l’argent pour enrichir les collections. Par exemple, en 1883, le montant engagé est de 24 700 francs, dont 2 000 pour la discipline qui nous occupe49. Un seul achat identifiable est consigné dans un rapport sur les travaux effectués à la Faculté pendant l’année universitaire 1865-186650. Il s’agit de l’emploi de 1 000 francs dans l’acquisition de plusieurs pièces (tête, muscles du cou, cœur et poumons) du modèle clastique51 de cheval grandeur nature commercialisé par le docteur Auzoux. L’année suivante, une nouvelle enveloppe de 1 100 francs est employée pour compléter le cheval52. Louis Thomas Jérôme Auzoux (1797-1880), médecin normand, est devenu célèbre grâce à ses modèles anatomiques, légers et démontables, fabriqués en papier mâché53. Dans l’actuelle collection de Sorbonne Université, les seules pièces d’Auzoux existantes sont deux modèles agrandis complets, d’oreille et d’œil humains, un encéphale humain, un pied de cheval, un œil de poisson et quelques pièces isolées de sa perche de mer.
24Contrairement à ce qui a été signalé pour la première partie du siècle, vers les années centrales du xixe la Faculté des Sciences faisait partie d’un réseau d’échange de matériel qui comptait sur le Muséum comme principal fournisseur. Quelques références informent de l’arrivée à la Faculté d’exemplaires en provenance du Muséum54. En 1862, c’est Henri Milne-Edwards qui sollicite des doublons d’anatomie comparée. Les registres de sorties d’exemplaires du laboratoire de zoologie (Mammifères et Oiseaux) du Muséum55 font état de l’envoi d’au moins 150 exemplaires (squelettes, peaux et animaux naturalisés) à la Faculté des Sciences entre 1864 et 1894. L’origine d’une partie de ces animaux est consignée, comme le panda roux (Ailurus fulgens) envoyé au Muséum, en 1877, par Auguste Desgodins, l’un des premiers missionnaires français au Tibet56, ou le puma provenant du Guatemala (Puma concolor) donné par la commission du Mexique et envoyé par Marie-Firmin Bocourt (1819-1904), professeur de dessin au Muséum et peintre officiel de l’établissement à partir de 1854. Il fit deux grandes missions dans sa vie, l’une en Amérique du Sud (1864-1867), l’autre en Asie, au Siam (1861-1862) et en ramena des animaux vivants, offerts en cadeaux diplomatiques, gardés à la ménagerie avant de finir en collection57. Aujourd’hui, la plupart des espèces citées sur les documents consultés sont représentées dans la collection de Sorbonne Université. Une attribution exacte reste à faire mais les caractéristiques des objets, notamment le type de socle employé et quelques restes d’étiquettes, laissent penser qu’il s’agit bien des mêmes lots. Le Muséum a donc contribué activement à l’enrichissement des collections de la Faculté pendant la seconde partie du xixe siècle. Reste à vérifier l’existence d’un échange d’objets fonctionnant dans le sens opposé, c’est-à-dire, de la Faculté des Sciences vers le Muséum.
LES TRACES DE L’HISTOIRE DANS L’ACTUELLE COLLECTION
25La collection de zoologie de Sorbonne Université est aujourd’hui constituée de plusieurs milliers de spécimens de nature diverse. Dans les années soixante, au moment du transfert de la Faculté des Sciences vers le site de Jussieu, elle fit l’objet d’un aménagement en musée pédagogique destiné aux étudiants. Elle était présentée dans cinq pièces en enfilade58. La première était dédiée essentiellement aux amphibiens et aux sauropsidés (tortues, serpents, lézards, crocodiles et oiseaux) alors que la seconde développait des thématiques portant sur l’anatomie comparée des vertébrés et sur les mammifères. La troisième rendait compte des plathelminthes, nématodes, annélides, mollusques, éponges, cnidaires et échinodermes parmi d’autres groupes d’invertébrés non arthropodes. La quatrième pièce s’attardait sur la présentation des arthropodes (insectes, crustacés, araignées, millepattes...) Enfin, la dernière présentait différents groupes de vertébrés aquatiques. Aujourd’hui, alors que l’ensemble de la collection vient d’être déménagée vers de nouveaux locaux, des perspectives de valorisation nouvelles se profilent. Une bonne partie des spécimens est usuellement employée lors des séances de travaux pratiques et dirigés des unités d’enseignement de biologie animale. En raison de cet usage quotidien, la collection est majoritairement perçue comme un outil pédagogique mis à la portée des enseignants et des étudiants. Cependant, au-delà de cette fonction évidente, la collection de zoologie de Sorbonne Université est un véritable foyer d’histoire, une salle aux trésors en attente d’être dévoilée.
26Le démontage de l’ancienne salle a permis d’avancer dans la connaissance historique d’une partie des fonds. C’est le cas d’un immense crâne d’éléphant d’Asie (Elephas maximus). Vissée sur son côté droit, une plaque métallique bordée en rouge identifie l’échantillon : « Éléphant des Indes, de Ceylan, de l’ancien cabinet ». Son apparence et la référence faite à un ancien cabinet laissent supposer une origine lointaine et, sans doute, la plaque en question garde-t-elle la clé de cette provenance. Dans l’exposition permanente de la galerie d’anatomie comparée du Muséum, un crâne de bovidé porte une plaque métallique similaire, avec une même typographie soigneusement alignée, facilement reconnaissable grâce à sa lisière rouge bordeaux. Il s’agit d’un yack (Bos grunniens) envoyé de Calcutta en 1819 par Pierre-Médard Diard (1794-1863) et Alfred Duvaucel (1793-1824), naturalistes explorateurs collectant pour le compte du Muséum. Le spécimen a été étudié par Georges Cuvier (1769-1832) à Paris et, sur la plaque, une référence bibliographique est consignée : « G. Cuvier. Ossem. Foss. T. III. Pl. X. Fig. 13 et 14 ». Interrogés sur l’origine d’une telle sorte de marquage, Christine Argot et Luc Vives59 ont évoqué sans hésitation l’ancien cabinet d’anatomie comparée de Georges Cuvier, dispersé après sa mort. Et l’éléphant de Sorbonne Université ? Faisait-il partie du prestigieux cabinet ? La question étant posée, un retour sur l’œuvre du naturaliste s’impose.
27En 1812, dans son œuvre sur les ossements fossiles de quadrupèdes60, Cuvier compare les crânes de l’éléphant des Indes et de celui d’Afrique et donne le détail du nombre d’exemplaires examinés : « Je ne les avois [sic] reconnus d’abord que par la comparaison d’un crâne de chaque espèce ; aujourd’hui je les ai vérifiés sur sept crânes en nature, dont cinq indiens et deux africains, et sur plusieurs figures »61. Pourtant, l ´ état des lieux du cabinet d’anatomie comparée de Georges Cuvier au Muséum, établi par Achille Valenciennes (1794-1865) en 1833, un an après la mort du savant naturaliste, répertorie uniquement quatre têtes entières ou articulées d’éléphant des Indes et une seule pour l’espèce africaine62. Où sont donc passés les deux crânes manquants ? La collection de Sorbonne Université gardait la réponse pour l’un d’entre eux. Il suffisait de comparer l’objet avec sa représentation, une gravure reproduite dans le texte de Cuvier63.
28Par chance, l’exemplaire présente une particularité anatomique qui le rend facilement identifiable. Il s’agit d’une nécrose au niveau de la suture fronto-pariétale causée par une infection sévère qui a fortement endommagé l’os64. Cette singularité, associée à l’évident écartement des prémaxillaires dans sa partie distale, ainsi que la plaque en métal dont il a été question précédemment, permettent l’identification certaine du crâne. Mais comment est-il arrivé au cabinet pédagogique de la Faculté des Sciences ? Une lettre retrouvée aux archives du Muséum apporte un élément de réponse. En 1832, quelques mois après la mort de Georges Cuvier, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et Alexandre Brongniart (1770-1847) échangent au sujet du destin à donner à l’héritage matériel du défunt :
[…] Nous ne devons pas faire un règlement pour un cas particulier, mais l’étendre aux besoins généraux ; car moi, je désire tout aussi bien que d’autres intéressés, qu’il y ait un règlement précis et clair, qui dise à chacun ses devoirs, remontant plus haut, il faut se rappeler qu’au début de M. Cuvier, la Zoologie se contentait de dire le nombre des dents et des doigts : vous êtes comme moi, de cette origine, vous savez par conséquent quelle révolution immense il s’en fait dans la science. Cuvier me paraît à sa mort un Alexandre qui a, par des conquêtes continuelles et étendues, toujours ajouté à son royaume de Macédoine : lui mort, c’est l’Empire d’Alexandre à partager entre les lieutenants que nous sommes tous. Il faut que ce partage soit fait équitablement. La chose n’est possible qu’en demandant à tous les intéressés que chacun fasse son règlement ou la demande. Ce n’est pas seulement sur les animaux vivants ou morts que devra se porter la diffusion, mais c’est aussi sur les collections d’animaux fossiles. Celles-ci iront-elles en masse à la géologie, en masse à l’anatomie ou bien en détail aux zoologistes correspondant à la qualité des matières ?65
29Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, alors professeur à la Faculté des Sciences, aurait-il destiné une partie du cabinet de Cuvier à l’université ? Pour ce qui est du crâne d’éléphant, tout semble indiquer que le transfert s’est produit avant l’établissement de l’état des lieux signé par Valenciennes en 1833. Ce transfert rapide explique l’absence de traces de marquages employées ultérieurement au Muséum. L’affectation du crâne à une collection pédagogique a-t-elle été motivée par l’existence d’une anomalie anatomique qui pouvait peut-être lui donner de la valeur scientifique ? Nous ne pouvons qu’émettre des suppositions. Dans tous les cas, à Sorbonne Université, le précieux spécimen n’est pas un élément étranger. Sa présence témoigne des premiers balbutiements de la Faculté des Sciences et perpétue dans l’université actuelle les noms de ceux qui ont été son premier vice-recteur, Georges Cuvier, et son premier professeur de zoologie, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.
LE PATRIMOINE SCIENTIFIQUE UNIVERSITAIRE, UNE SOURCE PÉDAGOGIQUE POUR L’ÉTUDE DES SAVOIRS NATURALISTES
30L’histoire de l’éléphant de Cuvier illustre les principes d’une recherche basée sur l’approche méthodologique de la culture matérielle des sciences, mais une autre enquête similaire avait déjà été effectuée auparavant. Parmi la grande variété de pièces de la collection de zoologie de Sorbonne Université, un nombre non négligeable de spécimens disséqués conservés en fluide portent l’étiquette « Naturaliste V. Frič à Prague (Bohême) ». Ces préparations particulières66 laissent apparaître notamment le système nerveux pour certains animaux et l’appareil circulatoire ou le squelette pour d’autres. Un article paru en 2005 a fait prendre conscience de la valeur patrimoniale de ces objets67. Dans la publication, une photographie prise lors de l’Exposition Universelle de Paris, en 1889, montre différents échantillons Frič. L’illustration permet l’identification de certaines pièces qui semblent correspondre à celles de la collection de Sorbonne Université. En conséquence, des objets considérés jusque-là comme simples supports pédagogiques ont acquis une valeur inattendue, raison pour laquelle ils ont fait l’objet d’une étude approfondie68.
31Au-delà de leur indéniable intérêt biologique et historique, ces objets de science révèlent des aspects esthétiques et techniques remarquables comme, par exemple, la finesse des artères injectées avec de la cire coloriée ou des nerfs spinaux émergeant de la moelle épinière. Leur analyse détaillée permet, en quelque sorte, de remonter en amont toute une série de procédés de mise en collection des spécimens zoologiques qui incluent la dissection de l’animal, la fixation des tissus, le soigneux agencement des organes, le lutage du récipient avec une vessie de porc ou l’étiquetage de l’échantillon. D’autre part, leur fabrication à Prague, leur promotion à Paris et leur achat par la Faculté des Sciences témoignent de l’existence d’actifs réseaux européens centrés sur le commerce d’objets d’histoire naturelle. Des discours centrés sur les objets et, en même temps, inspirés par leur existence, permettent ainsi d’expliquer différents types de savoirs naturalistes et leur évolution. La valeur pédagogique de ces objets patrimoniaux est en conséquence élargie dans un contexte éducatif contemporain, beaucoup plus restrictif en ce qui concerne la manipulation du matériel biologique. Dorénavant, au moment de présenter cet héritage du passé aux étudiants d’aujourd’hui, il ne s’agira plus de l’appréhender uniquement dans sa réalité physique, mais aussi de le saisir comme un témoignage de savoir-faire hautement spécialisés et comme un signe de l’existence de systèmes complexes d’interactions sociales.
32D’autres objets de la collection de zoologie de Sorbonne Université se prêtent à ce type d’analyse. La tête naturalisée d’un chevreuil mâle tué par l’Empereur Napoléon III69, les mammifères et oiseaux naturalisés données par le Muséum à la fin du xixe siècle dont on a déjà parlé, les montages pédagogiques achetés chez Deyrolle, Auzoux, Boubée, Tramond70 et d’autres marchands naturalistes installés à Paris à la même époque, la collection de bréchets d’oiseaux étudiés par Henri Milne-Edwards ou la série de petits crustacés réunie au sein du laboratoire d’Évolution des êtres organisés71 comptent parmi ces objets patrimoniaux déjà identifiés, qui demeurent en attente d’une étude approfondie.
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33La collection de zoologie de Sorbonne Université est constituée essentiellement de spécimens naturalisés, de pièces ostéologiques, de spécimens conservés en fluides et à sec et de modèles pédagogiques faits en cire, en papier-mâché, en plâtre ou en plastique. À la différence des fonds des muséums, dans les collections universitaires à dimension pédagogique, ces spécimens ne sont pas destinés à inspirer de nouvelles découvertes mais, bien au contraire, à consolider un corpus de connaissances déjà bien établi. Sous son socle, un squelette de singe hurleur de la collection de Sorbonne Université porte une étiquette fortement révélatrice de cette fonction. Orné d’une belle lisière bleue décorée de cercles blancs, ce morceau de papier ne correspond pas au prétendu « échangeur » qui, grâce aux informations renseignées, lie le terrain de collecte au cabinet d’étude. Seul le mot « Cayenne » renvoie à un possible lieu d’origine. Point d’information sur le collecteur, la date de la récolte, le sexe de l’animal ou le nom du préparateur. Les quelques lignes écrites rendent compte de façon détaillée des publications qui, jusque-là, font référence à l’espèce Mycetes seniculus. Pour les étudiants à l’université, l’exemplaire matérialise une notion abordée en cours, ou renseignée dans une bibliographie. Il s’agit en somme d’un outil prêt à l’usage sur lequel exercer les sens, outils premiers de l’apprentissage, dans le but de s’approprier des notions théoriques.
34Une telle absence d’informations concernant la collecte devient désavantageuse dans une collection à caractère scientifique. Pourtant, dans le cas des collections pédagogiques universitaires, cet apparent défaut peut devenir une vertu grâce à l’apport historique, absolument nécessaire à la sauvegarde et la valorisation de ces ensembles. Au-delà de leur intérêt biologique intrinsèque, et indépendamment de leur usage actuel, les spécimens qui font partie des collections sont porteurs de significations. Ils constituent des véritables « sémiophores », c’est-à-dire, des supports de multiples lectures et interprétations, de discours silencieux qui se dévoilent progressivement grâce au recoupement des sources, écrites et/ou matérielles, et à la pertinence des questions posées tout au long de la recherche72. De l’histoire des objets à l’histoire racontée à partir des objets, l’emploi des productions matérielles comme sources primaires de l’historiographie permet la construction de différents récits73, dont certains ont une utilité pédagogique essentielle.
35Analysée dans son ensemble, la constitution d’une première collection de zoologie à la Faculté des Sciences de Paris montre bien à quel point la maîtrise des savoirs naturalistes associés à la mise en collection était nécessaire dans un premier temps. Ces compétences rares, souvent exercées lors d’une première expérience de travail, se révélaient valorisantes pour les préparateurs. Certains d’entre eux, comme Gabriel Delafosse ou Alphonse Milne-Edwards, ont fini par occuper ultérieurement des postes d’enseignant ou de responsabilité aussi bien à l’Université qu’au Muséum. Avec le temps, de nouveaux profils professionnels à caractère scientifique ont émergé pour pallier le besoin croissant d’objets pédagogiques. Les marchands naturalistes, comme Auzoux ou Frič, respectivement médecin et chimiste, sont devenus les principaux fournisseurs et le nombre de préparations réalisées en interne a diminué, hypothèse qui reste cependant à documenter d’une façon détaillée dans le cas de la Faculté des Sciences de Paris. Aujourd’hui comme hier, l’enseignement des sciences engendre des activités professionnelles parallèles, un constat encourageant pour nos étudiants, toujours soucieux de leur avenir.
36Les spécimens en collection sont aussi de puissants supports matériels pour l’analyse des pratiques et des savoir-faire mis en œuvre par des naturalistes d’autres époques au service du progrès des sciences naturelles. En l’absence de cursus universitaires centrés sur la maîtrise des techniques associées à la préparation et mise en collection des spécimens biologiques, l’étude de tels objets peut faciliter la compréhension de ce type de procédés, de leur intérêt pour la génération de savoirs ainsi que de leur évolution au cours du temps. Cette analyse permet de bien illustrer l’enchaînement réel du travail du voyageur-collecteur sur le terrain à celui du préparateur dans son cabinet et du savant dans son bureau, laboratoire ou salle de cours.
37Finalement, les exemples évoqués dans le texte montrent bien comment un seul spécimen peut faire l’objet de plusieurs analyses complémentaires. Le vison d’Europe précédemment cité se prête à une interprétation strictement zoologique en tant que représentant d’une espèce de mammifère carnivore. En même temps, il constitue un exemple de taxidermie ancienne et porte la signature de son auteur, ce qui le rend utile pour amorcer une discussion sur l’évolution des techniques ou pour lancer une recherche sur Florent Prévost, personnage qui demeure très peu connu. Pareillement, le crâne d’éléphant des Indes provenant du cabinet de Cuvier permet d’aborder, entre autres, des sujets ayant trait à l’anatomie comparée et/ou à l’histoire des sciences, aussi bien des savants que des institutions. Les collections pédagogiques universitaires constituent donc des terrains d’étude fertiles pour s’éloigner des démarches disciplinaires classiques et mettre en œuvre des approches transversales et pluridisciplinaires en didactique des sciences, deux mots-clés dans le fonctionnement des universités contemporaines. Après une nouvelle lecture des fonds, des collections comme celle de zoologie de Sorbonne Université peuvent sans doute franchir les limites de leurs fonctions premières et faire preuve d’une nouvelle vitalité.
Notes de bas de page
1 Cette expression est employée pour la première fois en France en 1858 par la pédagogue Marie Pape-Carpantier (1815-1878). Voir Cambefort (Yves), L’enseignement de la zoologie : entre philosophie et leçon de choses ; les manuels pour l’enseignement secondaire de 1794 à 1914, Paris : Institut National de Recherche Pédagogique, 2001, 109 p., ill. (Documents et travaux de recherche en éducation ; 45).
2 Hulin (Nicole), « De la méthode d’enseignement des sciences naturelles (1902-1930) », in Gires (Francis) (sous la dir.), L’Empire des sciences… naturelles : Cabinets d’histoire naturelle des lycées de Périgueux & Angoulême : en hommage à Pierre-Paul Grassé (1895-1985)... et Jean Piveteau (1899-1991)..., Niort : Association de Sauvegarde et d’Étude des Instruments Scientifiques et Techniques de l’Enseignement, 2013, pp. 39-43, ill. ; Lacour (Pierre-Yves), La République naturaliste : collections d’histoire naturelle & Révolution française, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 2014, 614 p., ill. (Archives ; 19).
3 Morille (Charles-Henri), Messiaen (Soizic), Péquignot (Amandine) & Aragon (Santiago), « Les collections scientifiques universitaires à vocation pédagogique », Biosystema, no 28, 2011, pp. 103-110.
4 Ferriot (Dominique) & Lourenço (Marta C.), « De l’utilité des musées et collections des universités », La lettre de l’OCIM, no 93, 2004, pp. 4-16.
5 Lourenço (Marta C.), « Musées et collections des universités : les origines », La revue du CNAM, no 41, 2004, pp. 51-61.
6 Tullier (André), Histoire de l’Université de Paris et de la Sorbonne, vol. 2 : de Louis XIV à la crise de 1968 [préf. de Gendreau-Massaloux Michèle], Paris : Nouvelle libraire de France, 1994, 657 p., ill.
7 Sorbonne Université garde aujourd’hui une partie de ces collections. La promulgation de la loi no 68-978 du 12 novembre 1968 d’orientation de l’enseignement, due au ministre de l’Éducation nationale Edgar Faure (1908-1988), entraîne la suppression des Facultés et ouvre la voie à la création de plusieurs universités. En région parisienne, les universités Paris 6 (aujourd’hui Sorbonne Université), Paris 7 (Paris Diderot) et Paris 13 (Paris Nord) sont les héritières de l’ancienne Faculté des Sciences et de ses collections. Le partage des collections a été décidé l’année universitaire 1974-1975, d’un commun accord entre les enseignants en poste à ce moment-là (Archives de la Faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université ; boîte 311W2 ; barre 15/25/10 ; Mémorandum concernant la situation en Biologie Animale-Zoologie, recherche et enseignement, à l’Université Paris VII).
8 Site Pierrefitte-sur-Seine, fonds « Académie de Paris » (AJ/16).
9 Harvey (Karen), « Introduction. Practical matters », in Harvey (Karen) (sous la dir.), History and Material Culture : A student’s guide to approaching alternative sources, Londres ; New York : Routledge, 2009, pp. 1-23 (Routledge guides to using historical sources).
10 Bonnerot (Jean), L’Université de Paris du Moyen-âge à nos jours, Paris : Librairie Larousse, 1933, 223 p., ill.
11 Caullery (Maurice), « La Faculté des Sciences », in Boyer (Paul), Caullery (Maurice) & Croiset (Alfred) et al. (sous la dir.), La vie universitaire à Paris [préf. de Durkheim Émile], Paris : Librairie Armand Colin, 1918, pp. 50-70.
12 Geoffroy Saint-Hilaire (Isidore), Vie, travaux et doctrine scientifique d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, Paris : P. Bertrand, 1847, 479 p.
13 Spary (Emma), Le jardin de l’utopie : l’histoire naturelle en France de l’Ancien Régime à la Révolution, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 2005, 407 p., ill. (Archives ; 8).
14 Un poste qu’il détiendra pendant trente-six ans. Nicard (Pol), Notice historique sur la vie et les écrits de M. de Blainville, Paris : Imprimerie de J. Claye & Cie, 1850, p. 59 ; Jaussaud (Philippe) & Brygoo (Édouard-Raoul), Du jardin au Muséum en 516 biographies, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 2004, 630 p., ill. (Archives ; 7).
15 Nicard (Pol), Notice historique sur la vie..., op. cit., pp. 17-18.
16 Blainville (Henri-Marie Ducrotay de), Dissertation sur la place que la famille des ornithorynques et des équidnés doit occuper dans les séries naturelles [thèse soutenue publiquement devant la Faculté des Sciences de Paris, le 31 mars 1812], Paris : imp. de Lebégue, 1812, p. 2.
17 Bourguet (Marie-Noëlle), « La collecte du monde : voyage et histoire naturelle (fin xviie siècle-début xixe siècle) », in Blanckaert (Claude), Cohen (Claudine), Corsi (Pietro) & Fischer (Jean-Louis) (sous la dir.), Le muséum au premier siècle de son histoire, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 1997, pp. 163-196 (Archives ; 1).
18 Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), Leçons sur l’histoire naturelle des Mammifères, Paris : Pichon & Didier, 1828, p. 5.
19 Idem, p. 19.
20 Archives Muséum, site Bibliothèque centrale, fonds d’archives scientifiques, fonds Henri-Marie Ducrotay de Blainville, cote Ms BLA 81. Plan de cours de Zoologie tel qu’il doit être fait à la Faculté des Sciences comme faisant partie de l’enseignement destiné à l’École Normale. Non daté.
21 AN. Cote AJ/16/5120. Registre de procès-verbaux des actes et des délibérations de la Faculté des Sciences de l’Académie de Paris (1821-1843). Séance du 19 décembre 1822.
22 Jaussaud (Philippe) & Brygoo (Édouard-Raoul), Du jardin au Muséum..., op. cit., p. 172.
23 AN. Cote AJ/16/5120. Séance du 3 mars 1823.
24 Idem.
25 AN. Cote AJ/16/5120. Séance du 19 mai 1825.
26 AN. Cote AJ/16/5120. Séance du 29 décembre 1825.
27 Idem.
28 AN. Cote AJ/16/5120. Séance du 28 octobre 1833.
29 Péquignot (Amandine), Histoire de la taxidermie en France (1729-1928) : étude des facteurs de ses évolutions techniques et conceptuelles, et ses relations à la mise en exposition du spécimen naturalisé, thèse de doctorat en Muséologie des sciences naturelles et humaines [Michel Van Praët, dir.], Paris, Muséum national d’Histoire naturelle, 2002, 367 + [53] p., ill.
30 AN. Cote AJ/16/5120. Séance du 6 mars 1833.
31 AN. Cote AJ/16/5120. Séance du 6 décembre 1837.
32 La lecture des paragraphes précédents soulève des interrogations concernant également l’enseignement de la zoologie au Muséum. Quelle était la fréquentation des universitaires dans les salles d’exposition ? Quel était l’usage des collections lors des séances de cours dispensées à l’institution ? Toutes ces questions ne feront pas ici l’objet d’analyse et la discussion restera centrée sur l’enseignement de la discipline à la Faculté des Sciences.
33 Wandhammer (Marie-Dominique), Histoires Naturelles : les collections du Musée Zoologique de la ville de Strasbourg, Strasbourg : Musées de la Ville de Strasbourg, 2008, 108 p. + [30] p. de pl., ill.
34 Weber (Cornelia), « From anatomy to zoology : Results on the history of university collections based on transdisciplinary research », University Museums and Collections Journal, no 3, 2010, pp. 121-126.
35 Verschelde (Dominick) & Adriaens (Dominique), « Past and current identity of the Zoology Museum of Ghent University », University Museums and Collections Journal, no 5, 2012, pp. 39-46.
36 AN. Cotes AJ/16/27 et AJ/16/28, Facultés : correspondance, scolarité, examens, comptes. 1817-1849.
37 AN. Cote AJ/16/27.
38 Nom alors donné à l’éthanol ou alcool éthylique.
39 AN. Cote AJ/16/27
40 Péquignot (Amandine), Histoire de la taxidermie en France..., op. cit., pp. 268-269.
41 Jaussaud (Philippe) & Brygoo (Edouard-Raoul), Du jardin au Muséum..., op. cit., p. 78.
42 Idem, p. 462.
43 Idem, p. 174.
44 Ackerknecht (Erwin H.), « P.M.A. Dumoutier et la collection phrénologique du Musée de l’Homme », Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, 1956, no 7, pp. 289-308 ; Froment (Alain) & Mennecier (Philippe), « Les collections de restes humains. Archives de l’humanité », in Daugeron (Bertrand) & Le Goff (Armelle) (sous la dir.), Penser, Classer, Administrer : pour une histoire croisée des collections scientifiques, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle ; CTHS, 2014, pp. 315-333 (Archives ; 18).
45 AN. Cote AJ/16/5121. Registre des procès-verbaux des actes et des délibérations de la Faculté des Sciences de l’Académie de Paris (1844-1881). Séance du 12 août 1844.
46 AN. Cote AJ/16/5121. Séance du 1 novembre 1856.
47 Jaussaud (Philippe) & Brygoo (Édouard-Raoul), Du jardin au Muséum..., op. cit., p. 381.
48 Quatrefages (Armand de), « H. Milne-Edwards », Revue scientifique, 3e série, vol. 36, no 6, 1885, pp. 161-169. En 1849, Henri Milne-Edwards est nommé doyen de la Faculté, fonction qu’il assure jusqu’à sa mort.
49 AN. Cote AJ/16/5122. Registre des procès-verbaux des séances de la Faculté des Sciences de Paris (1882-1901). Séance du 1er février 1883.
50 AN. Cote AJ/16/328B. Paris, 14 novembre 1866.
51 Un modèle clastique, ou démontable, est constitué de plusieurs pièces élémentaires qui peuvent être montées ou démontées à loisir.
52 AN. Cote AJ/16/329. Paris, 28 juin 1867.
53 Degueurce (Christophe), Corps de papier : l’anatomie en papier mâché du docteur Auzoux [préf. de Comar Philippe ; photos de Gaillard Didier], Paris : La Martinière, 2012, 182 p., ill.
54 AN. Cote AJ/16/5121. Séance du 10 février 1849. Le doyen donne lecture d’une lettre de MM. les professeurs administrateurs du Muséum, qui annonce l’envoi à la Faculté d’une première série de doubles, provenant de la collection de coquilles de M. de Goissy.
55 Les registres de sorties d’objets cédés en échange, ou à titre gratuit, ou détruits par cause d’inutilité absolue sont numérisés et en ligne sur le site du MNHN : https://science.mnhn.fr/catalogues#vert%C3%A9br%C3%A9sA9szoologie%20mammif%C3%A8res%20et%20oiseaux.
56 Pour Auguste Desgodins, voir Gratuze (Gaston), Un pionnier de la mission tibétaine, le père Auguste Desgodins (1826-1913) [préf. de Quéguigner Maurice, des missions étrangères de Paris], Paris : Apostolat des éditions, 1969, 365 p., ill. Registre d’entrée du panda roux au MNHN : https://science.mnhn.fr/catalogue/zmo-cmamois-1877-1884/page/12 ; Registre de sortie du panda roux vers la Faculté des Sciences de Paris : https://science.mnhn.fr/catalogue/zmo-pret-1881-1885/page/29.
57 Communication personnelle de Christine Argot et Luc Vives, chargés de conservation des collections au Muséum. Registre d’entrée du puma (Felis concolor sur le registre) au MNHN : https://science.mnhn.fr/catalogue/zmo-cmamois-1868-1876/page/207 ; Registre de sortie du puma vers la Faculté des Sciences de Paris : https://science.mnhn.fr/catalogue/zmo-pret-1872-1878/page/23.
58 Installation en place en mars 2016.
59 Voir note 58.
60 Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements fossiles de quadrupèdes, tome II : ossements fossiles de quadrupèdes pachydermes et d’éléphants, déterrés dans les terrains meubles ou d’alluvion, Paris : Deterville, 1812, 364 p., ill.
61 Idem, p. 106.
62 Valenciennes (Achille), « Catalogue des préparations anatomiques laissées dans le cabinet d’anatomie comparée du Muséum d’histoire naturelle par G. Cuvier ; faisant suite à la notice insérée dans le tome II dans Annales du Muséum (année 1803) », Nouvelles Annales du Muséum d’Histoire Naturelle, vol. 2, 1833, pp. 417-508.
63 Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements..., op. cit., pl. IV, figure 9.
64 Communication personnelle de Pascal Tassy, paléontologue au Muséum national d’Histoire naturelle.
65 Archives Muséum, site Bibliothèque centrale, manuscrits isolés et petits fonds d’archives, manuscrits d’Alexandre et Adolphe-Théodore Brongniart, cote Ms 660. Lettre d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire à Alexandre Brongniart sur la répartition des collections de Cuvier. Paris, 2 octobre 1832.
66 La plupart des préparations concernent les différents groupes de vertébrés avec quelques rares exceptions, comme l’écrevisse et l’escargot.
67 Reiling (Henri) & Spuranová (Tat’jána), « Václav Frič (1839-1916) and his influence on collecting natural history », Journal of the History of Collections, vol. 17, no 1, 2005, pp. 23-43.
68 Mille (Alexandre), Péquignot (Amandine) & Aragon (Santiago), « La gestion d’une collection zoologique en fluide », La lettre de l’OCIM, no 145, 2013, pp. 25-32.
69 Cette tête a été naturalisée par Lefèvre et exposée à Paris lors de l’Exposition Universelle de 1855, où le travail du taxidermiste a été récompensé par une médaille de première classe. Toutes ces informations sont reportées sur le journal qui recouvre la partie postérieure du mannequin.
70 Péquignot (Amandine), Histoire de la taxidermie en France..., op. cit., pp. 254-260.
71 Grassé (Pierre-Paul), « La chaire d’Évolution des êtres organisés de la Faculté des Sciences », Annales de l’Université de Paris, vol. 15, 1940, pp. 245-259.
72 Buchli (Victor), « Introduction », in Buchli (Victor) (sous la dir.), The Material Culture Reader, Oxford : Berg, 2002, pp. 1-22. La notion de « sémiophore » associée aux objets en collections a été proposée par Krysztof Pomian in Pomian (Krysztof), Collectors and Curiosities : Paris and Venice, 1500-1800 [tr. from Polish by Wiles-Portier Elizabeth], Cambridge : Polity Press, 1990, 348 p.
73 Riello (Giorgio), « Things that shape history. Material culture and historical narratives », in Harvey (Karen) (sous la dir.), History and Material Culture : a student’s guide to approaching alternative sources, Londres : Routledge, 2009, pp. 24-47 (Routledge guides to using historical sources).
Auteur
Maître de conférences en biologie animale et histoire des sciences à la Faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université où il est aussi responsable de la gestion et de la valorisation de la collection de zoologie. Il est membre de l’Institut des Sciences de la Communication (UMS 3665 Sorbonne Université-CNRS). Ses recherches portent sur l’histoire de l’enseignement de la zoologie et des collections pédagogiques universitaires.
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