Trajectoires du fruit miraculeux (Synsepalum dulcificum)
Collectes, herbiers et pharmacologie (dix-huitième – vingtième siècles)
p. 107-141
Texte intégral
1Le continent africain est resté marginal dans le mouvement de découverte scientifique du xviiie siècle, alors que ses côtes étaient fréquentées par les navigateurs et commerçants européens pour y faire principalement la traite des esclaves. Peu de naturalistes y ont séjourné : M. Adanson (1727-1806) au Sénégal, H. Smeathman (1742-1786) et A. Afzelius (1750-1836) en Sierra Leone, A. Palisot de Beauvois (1752-1820), P.E. Isert (1756-1789) puis P. Thonning (1775-1848) dans le golfe de Guinée font figure de pionniers1. Aussi, les connaissances sur la flore ou la faune ont été élaborées à partir des apports des nombreux acteurs européens présents sur la côte ouest africaine. Du négociant d’esclaves au botaniste explorateur, tous ont participé individuellement, à des degrés divers, aux collectes d’informations, d’objets et d’espèces végétales ou animales, répondant ainsi aux sollicitations des savants restés en Europe. À titre d’exemple, parmi ces derniers, James Petiver (c. 1665-1718), apothicaire à Londres, a notamment réuni une collection de plantes de Guinée à partir des apports des voyageurs2. Les publications scientifiques rédigées en latin assuraient la diffusion en Europe des connaissances ainsi réunies. Ces observateurs ont rédigé des récits de voyage, publiés ou non, et certains ont rapporté des échantillons d’herbiers conservés en différents muséums à travers le monde. C’est ainsi qu’à la fin du xviie siècle, sur la côte occidentale de l’Afrique, un de ces voyageurs a remarqué un fruit qualifié de miraculeux en raison de sa propriété de rendre « sucré » ce qui est acide ou amer. L’étude proposée ici tente de retracer le parcours de cette plante particulière, de son milieu d’origine aux collections de muséums, en s’interrogeant sur la diversité des acteurs et de leur statut, du voyageur simple observateur au botaniste collecteur qui ont contribué à diffuser les savoirs la concernant. Aux sources classiques des historiens s’ajoutent les étiquettes des herbiers qui représentent une « archive » restée méconnue de ces derniers3. Elles peuvent en effet aider à préciser et dater la localisation des espèces, à contextualiser les collectes, à renseigner sur leur écologie ou la mise en culture. Ces sources matérielles, complétées par des informations orales recueillies au Bénin de 1990 à 2015, permettent de retracer les trajectoires de cette plante depuis sa découverte par les voyageurs européens jusqu’à sa reconnaissance par les scientifiques en figurant dans un herbier, doté d’un nom latin selon la taxonomie linnéenne. Cette étude se situe ainsi entre une biogéographie fondée davantage sur les caractéristiques actuelles de l’environnement et une écologie historique attachée aux événements liés aux activités humaines passées4 pour proposer des hypothèses sur la répartition de cette plante, son origine ou sa mise en culture5.
DÉCOUVERTE PAR LES VOYAGEURS ET PREMIÈRES COLLECTES
2Dès les premiers voyages au long cours, les navigateurs ont choisi sur les côtes fréquentées des lieux favorables pour s’approvisionner en eau, bois, denrées alimentaires et commercer avec les habitants. Certaines de ces escales sont devenues des postes fixes, simples comptoirs ou établissements fortifiés, dont les jardins assuraient la production de vivres frais aux résidents permanents, aux membres des équipages lors des escales et aux esclaves qui y transitaient avant leur déportation vers les Amériques. Ces jardins, bien antérieurs aux jardins d’essais coloniaux, ont leur importance dans cette discussion car ils étaient non seulement le lieu d’introduction et d’acclimatation de plantes « exotiques », mais aussi celui d’essais de mise en culture de plantes locales6.
Premières observations du fruit miraculeux dans le Golfe de Guinée
3La première description retrouvée à ce jour est le fait d’un chapelain allemand, Wilhelm Müller (1633-1673), attaché au fort danois de Frederiksburg sur la Côte de l’Or (dans le sud de l’actuel Ghana) : il signale en 1662 à Fetu un fruit appelé « arisseba » qui a la propriété d’adoucir ce qui est acide comme le vinaigre7. En 1701, le père Godefroy Loyer (1660-1715) le décrit plus précisément à Assinie sur la Côte de l’Or, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire actuelle sans préciser s’il est cultivé ou spontané :
Il croît en ce royaume [d’Issyny] un certain petit fruit qu’ils appelles Assahuaye, gros comme une médiocre prune, de couleur rouge, dont il croît une autre espèce plus petite qui n’est pas plus grosse que le doigt : elles n’ont presque que la peau. De sorte qu’en les suçant on n’y trouve qu’un goût douceâtre et insipide. Mais ces fruits ont une telle qualité, qu’après en avoir sucé seulement un, l’on peut sans crainte manger les citrons et les oranges les plus vertes et les plus aigres, et boire le vinaigre le plus âpre, qui paroissent au goût des confitures très délicates et de très excellent sirop, ce que j’ai éprouvé plusieurs fois avec admiration, tant est grande la force de ce fruit alcali, qui sans doute auroit des propriétés merveilleuses dans la médecine [...] si on le seichoit & le transportoit en France.8
4Ces quelques éléments de description permettent de proposer d’identifier ce fruit au Synsepalum dulcificum (Shumach. et Thonn.) Daniell., une Sapotacée présente dans les forêts montagnardes et sub-montagnardes ainsi que dans les forêts riveraines occupant les bas-fonds humides du domaine forestier guinéo-congolais. Mais il se trouve également en dehors de son aire écologique de prédilection9, notamment dans la « Savane du Bénin »10. Le principe actif du S. dulcificum n’est pas un sucre mais une glycoprotéine contenue dans la baie au nom évocateur, la miraculine11. Elle bloque dans la bouche les récepteurs de l’acidité pendant une à deux heures. Les termes vernaculaires cités par ces deux auteurs confortent cette identification : le nom « arisseba » est proche du terme en langue fante asarba et « assahuaye » peut être rapproché du terme akan (twi) asewa pour désigner le S. dulcificum. Le père Loyer apporte des informations uniquement sur le fruit dont la description est cependant assez réaliste et suffisamment précise : une petite prune dont l’épaisseur de la pulpe est faible correspond bien à la petite baie ovoïde, rouge pourpre à maturité du S. dulcificum ainsi que sa remarquable qualité permettant de consommer ce qui est acide, qualité qui sera reprise dans toutes les descriptions, y compris celle des botanistes contemporains.
5Le père Loyer a bien noté l’intérêt que cette plante pouvait représenter dans le domaine pharmaceutique. Il ne décrit pas l’arbre qui le porte et ne l’a probablement pas observé. Devant le nombre de fruits inconnus de lui, il a exprimé la nécessité de la présence d’un botaniste. Mais il n’a pas tenté d’en rapporter alors même qu’il évoque un séchage du fruit12. En 1724, le chevalier des Marchais (c. 1683-1728) le signale aussi plus à l’est sur la Côte de Guinée, à Ouidah, principal port d’exportation des esclaves situé au Bénin actuel. Cet auteur, capitaine d’un navire négrier, a séjourné plusieurs mois dans cette région dont il a observé et décrit les productions naturelles. Comme ses prédécesseurs, « la qualité d’adoucir » de ce « petit fruit rouge » a attiré son attention et il a, quant à lui, essayé d’en rapporter « de la graine »13. Mais Jean-Baptiste Labat (16631738), un missionnaire dominicain aux Antilles, nous apprend dans sa compilation sur l’Afrique de 1728 que le chevalier des Marchais a malheureusement perdu les fruits au cours de la traversée14.
6Le père Labat a montré beaucoup d’intérêt pour les plantes des pays tropicaux. Il a publié un récit sur les îles de l’Amérique où il a séjourné et un autre sur l’Afrique à partir de relations de voyage, dont celle du journal du chevalier des Marchais. C’est à partir de ses ouvrages que des listes de plantes ont été rédigées et confiées aux capitaines de navire pour rapporter de leurs voyages toutes plantes jugées utiles, conformément à l’Ordonnance royale de Louis XV édictée en 1726 qui institua officiellement le jardin des Apothicaires de Nantes, relais du jardin royal des plantes de Paris15.
7Il faut attendre 1793 pour avoir d’autres informations sur le Synsepalum dulcificum. Le gouverneur du fort anglais à Ouidah de 1767 à 1770, Archibald Dalzel (1740-1811), chirurgien de formation mais sans vocation, s’engage dans la traite des esclaves16. Surpris par la propriété adoucissante d’une baie rendant sucré ce qui est amer, il la décrit dès l’introduction à son ouvrage17. Selon lui, ce « fruit miraculeux » vient sur « un grand arbre, dont les feuilles ressemblent à celles de l’olivier ». Il n’est pas certain que Dalzel ait vu l’arbuste qu’il qualifie de « grand arbre » car cet arbuste ne dépasse pas 8 m de hauteur18. Il essaya d’en cultiver et obtint des « plants de six ou sept pouces » ce qui lui permit d’observer les feuilles dont la forme lancéolée rappelle effectivement celle de l’olivier19. Il tenta de rapporter ses plants au jardin de Saint-Vincent, aux Antilles, mais ils ne survécurent pas à la traversée20. Il essaya aussi de préserver les baies sèches ou sous forme de sirop sans nous informer de la suite de cette entreprise.
8Aux xviie et xviiie siècles, les voyageurs ne semblent pas avoir observé l’arbre mais seulement les fruits. Des traits communs se retrouvent dans leurs écrits pouvant montrer des emprunts alors fréquents entre voyageurs, mais les auteurs cités ont vraisemblablement tous goûté les fruits, frappés par sa propriété adoucissante ; chacun aussi apporte un complément d’information sur la plante, ses effets ou les essais de transfert. Les tentatives pour rapporter des fruits ont jusqu’alors échoué, tant le transport de plantes était à cette époque difficile, d’autant que dans le contexte de la traite négrière, les navires traversaient l’Atlantique avant de rentrer en Europe, allongeant la durée du voyage et augmentant les risques de perte des échantillons21. Les auteurs de ces observations du fruit miraculeux et des premières tentatives de collecte sont le fait de membres du clergé ou d’acteurs de la traite, capitaines ou négociants d’esclaves, des chirurgiens, insérés dans des réseaux de collecte à la fois de plantes et de connaissances. Ces réseaux s’organisent autour des ports des différents pays impliqués dans le commerce au long cours, en relation avec des institutions scientifiques (les jardins botaniques) et politiques (administrations de l’État).
De l’arrivée dans les herbiers aux premières publications scientifiques
9Au tournant du xixe siècle, les voyageurs naturalistes se font plus nombreux. Entre 1783 et 1803, alors que la flore de l’Afrique tropicale reste encore méconnue, deux botanistes, Paul Erdman Isert et Peter Thonning, ont réuni des collections importantes de plantes en Afrique de l’ouest envoyées à Copenhague22. Environ 2 000 spécimens, représentant plus de 600 espèces, ont été reçus par le Professeur de botanique, Martin Vahl (1749-1804). Leurs collectes montrent une approche plus scientifique orientée vers l’inventaire et la classification botanique de la flore.
10P.E. Isert, un médecin allemand au service de la compagnie danoise, a herborisé sur la Côte de l’Or en 1783. Devenu abolitionniste au cours de son séjour, il propose au roi à son retour au Danemark de créer un établissement agricole dans les collines de l’Aquapim, à une cinquantaine de kilomètres de la côte dans l’arrière-pays en zone forestière. Il succombe rapidement après son installation en 178823, mais son projet se poursuit néanmoins avec l’arrivée du botaniste danois P. Thonning qui lui succède à la direction de la plantation de 1799 à 180324. Ce dernier est le premier collecteur du Synsepalum dulcificum qu’il nomme alors Bumelia dulcifica. Quatre syntypes (no 168) sont conservés à l’Université de Copenhague25.
11En 1827, Heinrich C. F. Schumacher (1757-1830), un médecin allemand sujet du Danemark, contemporain d’Isert et Thonning, publie à Copenhague un ouvrage sur les plantes de Guinée d’après leurs herbiers26. Il n’a pas, quant à lui, voyagé en Afrique mais il décrit en latin les feuilles, fruits et fleurs du Bumelia dulcifica, d’après les échantillons d’herbier de Thonning collectés au Ghana dans l’Aquapim. Cette localisation ne figure pas sur les échantillons mais dans la flore de Schumacher de 1827 qui a travaillé d’après les écrits de Thonning. Il ne fait pas référence aux voyageurs des siècles précédents et ne décrit l’arbre lui-même mais seulement les fleurs et fruits qui sont les éléments importants pour une détermination botanique.
12Après Schumacher, Alphonse de Candolle (1806-1893)27 mentionne ce fruit sous le nom de Synsepalum dulcificum dans son œuvre magistrale sur le règne végétal publiée en 1844, d’après une part d’herbier de Thonning et citant la flore de Schumacher. Ce dernier nom sera repris par William F. Daniell (1817-1865), un médecin officier de l’armée britannique en poste au Fort Christiansburg près d’Accra (Ghana) en 1850. Il en a rapporté des fruits mis en bocal dans un liquide (sirop ou alcool), échantillons qu’il a ensuite analysés et qui sont aujourd’hui conservés dans la collection de botanique économique de Kew Garden28. Il publie en 1852 dans une revue de pharmacie une note très détaillée à la fois sur le plan botanique et celui des usages29. Comme ses prédécesseurs, il décrit la capacité de rendre sucré ce qui est acide mais il précise aussi que la durée de l’effet sucré dépend de la maturité du fruit. Cette observation n’a pu se faire sans avoir réalisé des essais, en Afrique comme à son retour :
the duration of these effects may be stated to depend upon the amount of berries chewed, and the degree of maturity they have atteined. Their peculiar principle however is soon dissipated, if the fruit is suffered to remain in a ripe condition for any length of time, and their preservation in spirits, acetic acid, or syrup, does not appear to favour its retention, if I may judge from the specimens brought to England, since they have not only lost their properties, but have become extremely insipid.
13Au xixe siècle, le fruit miraculeux est entré dans la littérature scientifique et les collections de muséums, mais son parcours ne fait que commencer.
Commerce, diffusion et culture du S. dulcificum : premières informations
14Si les descriptions des voyageurs ont permis d’identifier le fruit miraculeux au S. dulcificum, certaines d’entre elles apportent également des informations sur la place et le rôle de cette plante dans le commerce et l’alimentation. En 1708, un auteur anonyme a observé ce fruit au goût particulier, « rouge et gros comme le bout du petit doigt », ressemblant à une « olive », sur le marché de la ville de Ouidah, qui était, comme nous l’avons vu, le principal port d’exportation des esclaves30. Les marchés sont des terrains d’observation et de collecte faciles d’accès. Sa deuxième observation précise que « c’est avec ce fruit que les nègres mangent les oranges aigres »31. Or les orangers ont été importés sur la côte ouest africaine par les Européens qui les ont plantés en grand nombre dans les jardins de leurs établissements. Les oranges aigres sont les premières citées dans les récits de voyage, probablement introduites avant les variétés douces. La consommation du fruit miraculeux facilitait celle des oranges et citrons acides qui reviennent dans les descriptions du Synsepalum, mais aussi des plats avariés ou de l’eau croupie32. Rappelons qu’Archibald Dalzel, médecin et marchand d’esclaves à Ouidah, a été très intéressé par cette plante, à double titre, alimentaire et scientifique. Ce fruit a donc pu intervenir dans l’alimentation non seulement des esclaves qui attendaient parfois plusieurs mois avant leur embarquement sur les navires négriers, mais aussi des Européens résidents et des équipages de navire notamment pour lutter contre le scorbut33. En effet, ce fruit, comme ces agrumes, est très riche en vitamine C, mais aussi en fer et calcium34 ; un seul arbre peut produire des centaines de baies, plusieurs fois par an, ce qui en faisait une ressource amplement disponible.
15Un autre auteur du début du xixe siècle, Henry Meredith (dates inconnues), gouverneur du fort anglais de Winnebah sur la Côte de l’Or, note que les fruits du S. dulicificum présents sur la côte proviennent de l’intérieur des terres et donne le nom local, assahbah35. Schumacher reprend à son tour les observations des voyageurs précédents, dont Thonning, sur les propriétés de cette plante. Il relate les usages déjà cités de ce fruit pour faciliter la consommation d’un autre produit. Jusqu’à la fin du xviiie siècle les oranges et les citrons dominaient les citations ; ici, s’ajoute le vin de palme qui devient aigre quand il est transporté de l’Aquapim jusqu’aux villes de la côte. Daniell à son tour complète ces informations en faisant part de ses propres observations non seulement sur l’alimentation mais aussi sur l’économie locale :
The purposes for which the natives of the Gold Coast [Ghana] usually reserve them, are but few, the principal consisting in rendering their stale and acidulated kankies more palatable, and in bestowing a sweetness on sour palm wine and pitto. In Akkrah this is the most necessary from the circumstances that few or no palm-trees florish in the vicinity, and hence the wine has to be conveyed a considerable distance inland from Aquapim, and from the time occupied in the transmission, the acetous fermentation has frequently commenced before the arrival […]36
16Cette information sur le lien entre la présence/absence du palmier et le commerce du vin de palme va dans le sens des observations déjà faites par Isert sur les paysages et la complémentarité des productions agricoles entre la savane de la plaine côtière d’Accra et la région forestière de l’Aquapim dans l’intérieur, d’où proviennent les premiers échantillons d’herbier du S. dulcificum de Thonning37. Ces observations apportent des informations sur l’environnement et donnent aussi une autre explication à la présence du S. dulcificum sur la côte où il est aujourd’hui souvent cultivé : il facilite la consommation du vin de palme produit dans l’intérieur et dont le goût change rapidement, tout comme certaines préparations alimentaires à base de céréales fermentées — une pâte de maïs (kankie) et la bière de mil (pitto) — et les agrumes. Mais rien n’est dit sur une éventuelle plantation de cet arbuste sur la côte à cette époque, même si elle peut être envisagée, les fruits se conservant mal38.
17L’explorateur anglais Richard Burton (1821-1890), en mission au Dahomey pour négocier auprès du roi l’arrêt de la traite des esclaves, a observé non loin de Ouidah le Synsepalum dont il décrit la propriété si caractéristique. Il assure que cet arbuste au fruit miraculeux (miraculous Berry) — comparé à un caféier (coffee-like shrub) ce qui est assez réaliste — est commun de la Côte de l’Or à la rivière Bonny (près de Port Harcourt au Nigeria)39. Burton, un des rares Européens attentif à la linguistique, a souvent donné les noms vernaculaires et ceux des populations. Il donne ainsi le terme en langue fon de ce fruit, « sisnah » proche effectivement de sisrè/sislè dans cette langue aujourd’hui, nom qui sera également mentionné par J. A. Skertchly (1847-1920), un naturaliste anglais invité en 1871 à se rendre auprès du roi à Abomey, capitale du Dahomey. Il suit le même itinéraire que R. Burton dont il reprend la description qu’il a certainement lue tout en la complétant néanmoins car il a aussi observé l’arbuste en situation, à proximité des habitations. À quelques kilomètres au nord de Ouidah, il a visité la maison d’un agent du roi entourée d’une plantation de palmiers à huile (Elaeis guineensis) et de nombreux buissons de S. dulcificum40. Cette association « maison, plantation de palmiers et S. dulcificum » peut être corrélée à la présence d’esclaves — citée par d’autres auteurs — pour l’exploitation de l’huile de palme dont le commerce est en forte expansion au xixe siècle, se substituant progressivement à celui des hommes. Les rois du Dahomey ont encouragé la culture du palmier à huile afin de favoriser la production de l’huile exportée vers l’Europe. Cet essor du commerce de l’huile s’est accompagné au xixe siècle d’une exploitation des esclaves dans les plantations royales et celles des grands dignitaires et des négociants41. Le S. dulcificum a pu continuer à assurer son rôle dans l’alimentation des esclaves. Skertchly ne mentionne pas leur existence ni si le S. dulcificum est cultivé ou pas, mais la corrélation entre la présence de palmiers et des arbustes aux fruits miraculeux nous paraît assez forte pour être soulignée. Cette association peut d’ailleurs s’expliquer par l’ombrage nécessaire au Synsepalum que les palmiers apportent, lui garantissant un meilleur développement alors que les conditions écologiques ne lui sont pas des plus favorables dans cette région dominée par des savanes42.
18L’intérêt alimentaire et économique que représentait alors le S. dulcificum pourrait expliquer sa diffusion en dehors du domaine forestier guinéo-congolais. Cependant, sa culture n’est pas attestée avant les prospections d’Auguste Chevalier (1873-1956) au début du xxe siècle, comme nous allons maintenant le voir.
LE S. DULCIFICUM DANS LES EXPLORATIONS BOTANIQUES
19L’occupation coloniale du continent africain à la fin du xixe siècle et l’implantation d’une administration s’accompagnent d’une exploration scientifique organisée et systématique des territoires dominés. Celle-ci précède et s’explique par le projet de leur mise en valeur. Elle apporte de nouveaux éléments à la connaissance de la flore et du S. dulcificum en particulier. Le corpus des échantillons d’herbier consultés auprès d’un certain nombre d’institutions comprend au total 243 occurrences et permet de distinguer deux temps de collectes : le premier est caractérisé par les explorations scientifiques qui ont accompagné et suivi la conquête coloniale jusqu’au début des années trente. Puis les missions scientifiques reprennent à la fin des années quarante et s’intensifient au cours des années soixante, sans interruption après les indépendances des anciennes colonies, particulièrement dans le massif forestier d’Afrique centrale43. De nouveaux acteurs entrent en scène (des collecteurs africains reconnus), de nouvelles pratiques et techniques voient le jour (cartographie, photo aérienne), tandis que des continuités s’observent dans les relations aves les intermédiaires locaux.
Premières explorations scientifiques
20Les parts d’herbiers étudiées révèlent un nombre croissant de collecteurs provenant de différents pays européens durant cette période : France, Belgique, Royaume-Uni, Allemagne, en lien avec les colonies respectives de ces pays. C’est à cette époque que la flore de l’Afrique centrale commence vraiment à être explorée. Les profils des collecteurs sont à la fois variés et communs aux différents pays impliqués : hommes de sciences [Auguste Chevalier, Alfred Dewèvre (1866-1897), Émile Laurent (1861-1904), Gottfried W.J. Mildbraed (1879-1954), F. R. Irvine (1898-1962)], missionnaires chrétiens [Justin Gillet (1866-1943), Charles Tisserant, 1886-1962)], techniciens forestiers et agronomes [C. Vigne, Léon Pynaert (1876-1968), Eugène Poisson (1871-1910)]44. À noter, seulement deux collecteurs du fruit miraculeux sont allemands, Mildbraed et un anonyme. Quatre parts conservées à Berlin datent de la domination allemande au Cameroun sans plus de précision. La première guerre mondiale fait perdre aux Allemands leurs territoires coloniaux et les chercheurs allemands sont quasi inexistants dans le corpus étudié, alors que l’école allemande autour de Schweinfurth (1836-1925) avait dominé la phytogéographie africaine au xixe siècle. L’incendie du Musée du Jardin Botanique de Berlin-Dahlem en 1943 a malheureusement détruit nombre d’herbiers dont celui de Schweinfurth.
21Auguste Chevalier, botaniste et agronome français, est une figure centrale de ce mouvement d’exploration. Il parcourt l’Afrique occidentale et centrale de 1898 à 1912 pour inventorier la flore et les ressources agricoles et forestières dans plusieurs colonies afin de planifier la mise en exploitation des territoires dominés45. Il a rapporté de ses missions plus de 80 000 échantillons d’herbiers46. Il est le fondateur de la Revue de botanique appliquée et d’agriculture coloniale47 en 1921 dans laquelle il n’a cessé de publier, dont plusieurs notices sur les Sapotaceae et certaines espèces de Synsepalum48.
22De 1902 à 1904, il dirige une mission d’exploration scientifique pour l’étude des ressources agricoles et forestières de l’ouest africain et publie en 1907 le récit de son expédition en Afrique centrale49 dans lequel il localise à plusieurs reprises le S. dulcificum sur les rives du fleuve Oubangui, entre Bangui et la Kemo et donne le nom local, Bonga : « Un des végétaux les plus communs est un arbuste formant des touffes de 3 à 5 mètres de hauteur, penchées sur le fleuve. C’est une Sapotacée le S. dulcificum, connu aussi au Dahomey et au Gabon ». Il écrit que les habitants sont très friands du fruit et que « les Européens [en] mangent aussi volontiers ».
23Chevalier raconte que lorsque les pagayeurs passent en bateau sous un de ces arbustes, ils « laissent leurs rames et se précipitent à la nage pour en cueillir », ce qui montre aussi les conditions de ses collectes. Un échantillon d’herbier conservé à Paris date du 22 août 1902 et correspond à cet extrait de son récit transcrit de son carnet de voyage50. La conservation des spécimens était assurée de façon artisanale par les « préparateurs indigènes » qui retournaient la presse au-dessus d’un feu de bois afin d’assurer un meilleur séchage des échantillons. Un préparateur sénégalais, Moussa Ndyaye, embarqué à Dakar, a accompagné la mission51. Sur les deux tonnes de bagages emportés, la moitié était du matériel scientifique, des récipients pour les collections, un énorme stock de papier destiné à sécher les plantes, de la papeterie et une caisse remplie de livres52.
24Après cette mission dans l’Oubangui, il repart rapidement en Afrique de l’ouest, chargé de différentes missions et explore partiellement la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Dahomey (Bénin), le Nigeria, profitant de chacune de ces étapes pour effectuer des « courses botaniques » selon son expression. Il a ainsi parcouru les territoires de plusieurs colonies françaises, anglaises et belges. Selon Chevalier, « le Synsepalum est fréquemment planté au Dahomey dans les villages, depuis la côte jusqu’à Abomey et Zagnanado ». Les fruits de ce petit arbre sont vendus sur les marchés du sud de la colonie53. Chevalier en 1912 précise que le S. dulcificum est « spontané dans les forêts de l’Ouest africain » et planté dans les villages du bas Dahomey54. Dans ses écrits postérieurs, il fait référence à ses numéros d’herbier dont il a établi une liste. Il est ainsi facile de retrouver l’échantillon de référence.
25Mais Chevalier s’est également appuyé sur les collectes des correspondants du MNHN. C’est ainsi qu’en 1901, l’agronome colonial Eugène Poisson, en poste au Dahomey de 1901 à 1910, signale aussi la culture du S. dulcificum dans le sud de la colonie55. Il a prélevé ses échantillons à Acadjamé, non loin de Ouidah et les a envoyés à Chevalier, rencontré au Dahomey peu avant sa mort. Ce dernier le cite assez fréquemment dans ses publications. Chevalier est aussi en relation avec une autre catégorie de correspondants particulièrement actifs, représentés par les missionnaires chrétiens présents en Afrique. Parmi eux, le Père Charles Tisserant (1886-1962), missionnaire spiritain formé à la botanique par le père Sacleux, également connu au laboratoire de phanérogamie du MNHN. Le Père Tisserant est envoyé en Oubangui-Chari (Rép. Centre Africaine) et commence dès 1911 à récolter des plantes, dont le S. dulcificum, chez les Banziris, puis à Bambari, Bozoum et Bangassou56. Nommé correspondant du MNHN en 1923, puis de l’Académie des sciences d’outre-mer et de l’Institut d’études centrafricaines, il expédie au Muséum près de 10 000 échantillons qui forment en grande partie le fonds de la collection d’herbiers de l’Oubangui-Chari au laboratoire de phanérogamie57. Ses conditions de travail sur le terrain et l’implication des intermédiaires locaux dans les collectes nous sont rapportées dans sa biographie rédigée par un de ses coreligionnaires :
Quand il arrive à Bambari, il n’y a pas de route dans tout le secteur. Il faut se frayer un chemin à la machette à travers les herbes et les lianes. Il ramasse quelques branches coupées, puis des plantes, des feuilles, en faisant bien attention à localiser ses découvertes. Bientôt, il fait appel à des pygmées pour monter au sommet des grands arbres et lui rapporter fruits, lichens, mousses...58
26En 1939, puis en 1943, A. Chevalier publie des précisions sur la plante et sa distribution géographique : elle serait répandue depuis la Guinée française jusqu’au Congo Belge et dans l’Oubangui, présente dans la forêt dense spécialement le long des rivières, fréquente dans les forêts de Côte d’Ivoire et commune le long des berges du Congo et de l’Oubangui, cultivée par les indigènes à la Gold Coast, au Lagos et au Dahomey mais spontanée au Nigeria (Abeokouta), au Cameroun et dans le haut Oubangui59. Il fait référence dans un de ses articles à deux numéros d’herbier conservés au muséum de Paris et provenant de Zagnanado et Abomey au Bénin60 mais aucun échantillon d’herbier ou de carpothèque de Guinée ou de Côte d’Ivoire ne figure dans ses collections, nous y reviendrons. Il préconise de multiplier le S. dulcificum dans les pays tropicaux car il pourrait améliorer la qualité gustative de conserves de fruits et de confitures et, de fait, le corpus étudié révèle sa présence dans nombre de jardins d’essais coloniaux : le jardin de Victoria, aujourd’hui Limbe, au Cameroun, le Jardin d’Eala et le centre agricole de Yangambi dans l’État indépendant du Congo (RDC), le jardin d’Aburi dans les collines de l’Aquapim au Ghana61.
27Dans les colonies britanniques, les mêmes catégories de collecteurs se retrouvent. Le botaniste Irvine a publié en 1930 un premier ouvrage sur les plantes de la Gold Coast, dans lequel il écrit à propos du Synsepalum : « it is often grown on farms and likes damp localities. ‘The Small twigs are used as chewsticks’. […] it is propagated by seed and is slow growing »62. Il ne cite que C. Vigne et R. H. Bunting, agents du département des forêts et de l’agriculture, comme collecteurs. Il remercie pour leur aide et le temps passé à collecter des informations sur les plantes, les fermiers, les chasseurs, les medecine men, les enseignants et les étudiants de l’université d’Achimota, fondée en 1924 — bien avant les institutions universitaires des colonies belges et françaises — où Irvine a lui-même enseigné (p. IX)63. Il donne les noms en plusieurs langues vernaculaires qui permettent de recouper les noms cités par les voyageurs des siècles précédents dans la région. Selon Irvine, sa distribution en 1930 s’étend du Ghana au Congo. Il n’a lui-même collecté le Synsepalum au Ghana qu’en 1931, notamment dans l’Aquapim d’où proviennent les premiers échantillons récoltés par le Danois Thonning vers 1803.
28Irvine mentionne les mêmes usages que Daniell, précédemment cité : ce fruit accompagne la consommation du pain de maïs acidulé (kankie), du vin de palme et de la bière de mil (pitto). Il mentionne ensuite des usages peut-être nouveaux : le bois peut servir de bois de feu, usage non répertorié jusqu’alors et qui reviendra dans les mentions des années 1950 d’après les étiquettes de certaines parts d’herbiers. Irvine fait aussi allusion à son utilisation pour consommer la quinine, très amère, dont l’usage a connu un grand développement en Afrique parallèlement à l’exploitation coloniale, les fièvres paludéennes représentant un risque important pour les populations locales et les colons.
29Dans les colonies européennes d’Afrique de l’ouest, il ne semble pas pourtant que cette plante ait été utilisée à cette fin. Les pharmaciens militaires Joseph Kerharo (1909-1986) et Armand Bouquet (1921-2014) ne signalent pas son utilisation en Côte d’Ivoire alors qu’ils mentionnent des plantes fébrifuges au goût amer et l’usage de sucre ou de miel pour en faciliter l’absorption64. Leur inventaire de la flore médicinale de Côte d’Ivoire et de la Haute-Volta (Burkina Faso) lors d’une expédition scientifique de l’ORSTOM en 1947 ne comprend pas le Synsepalum dulcificum et le Musée de la matière médicale de la Faculté de pharmacie de Paris n’en a aucun échantillon, contrairement à son équivalent britannique, la Royal Pharmaceutical Society. Cette espèce n’est pas signalée à l’ouest du Ghana à cette époque, à l’exception de l’observation du père Loyer à Assinie en 1701 (au sud-est de la Côte d’Ivoire, près de la frontière ghanéenne) et de la mention de Chevalier en 1943 en Guinée. Cette dernière n’est pas attestée par un échantillon d’herbier dûment localisé et daté comme pour les autres régions d’Afrique explorées65. Cette plante à l’époque n’est peut-être pas considérée comme une plante médicinale par les Européens, mais seulement alimentaire et plus comme une friandise, ce qui peut expliquer qu’Irvine (1930, 1961) la classe dans la catégorie des plantes comestibles de la liste des plantes économiques et non pas dans les plantes à usages médicinaux. Cela pourrait aussi justifier son absence dans les inventaires des pharmaciens coloniaux en Côte d’Ivoire.
Multiplication des collectes et le boom des années soixante
30Après la deuxième guerre mondiale, à partir de 1950, les collectes reprennent et se multiplient d’abord au Ghana puis vers l’Afrique centrale, au Cameroun, au Congo, en RCA et RDC et plus récemment au Gabon, la flore d’une grande diversité de ces contrées tropicales restant largement à explorer. Si l’analyse du corpus d’herbiers montre la continuité des recherches entre la période coloniale et celle qui suit les indépendances, elle révèle cette transition par l’apparition notable de collecteurs africains reconnus comme tels et non plus des préparateurs restés la plupart du temps anonymes. Ces acteurs locaux formés sous la colonisation, en poste dans les nouvelles universités africaines, réalisent leurs propres recherches, parfois en partenariat avec des chercheurs européens.
31En 1961, Irvine publie un ouvrage plus complet sur la flore du Ghana66. Il cite les collecteurs de S. dulcificum, beaucoup plus nombreux, parmi lesquels figurent trois Africains, J. E. Andoh, ancien assistant de C. Vigne, A. A. Ente et K. O. Darko, probablement des étudiants de l’université d’Achimota. Tous trois ont récolté de nombreux échantillons à partir de 1948 dont des doubles se retrouvent à Paris, Kew, Bruxelles. Les informations publiées dans l’ouvrage d’Irvine sont complémentaires des échantillons d’herbiers conservés à Kew et à Legon (Ghana). La localisation est précisée, parfois les usages et l’habitat mais pas les dates qui, elles, figurent sur les parts d’herbiers ou se retrouvent par les biographies des collecteurs. Le Synsepalum d’après ces sources est présent en différentes régions du Ghana, poussant dans les fermes et autour des habitations dans la zone côtière savanicole, en limite des zones forestières et le long de la Volta en particulier. Elle est commune sur la côte — en dehors donc du domaine forestier guinéen — en différentes localités où de nombreux échantillons ont été récoltés dont plusieurs font référence à l’usage comme bois de feu. L’aire de répartition géographique de cette plante s’étend progressivement67 suivant les collecteurs, de plus en plus nombreux à partir des années cinquante.
32Les échantillons de S. dulcificum se trouvent en plus grand nombre dans les prospections réalisées vers les pays à l’est de la Savane du Bénin, en Afrique centrale. Le Cameroun, après le Ghana, se distingue à la fois par le nombre d’échantillons récoltés et celui des collecteurs. Parmi eux, la figure de René Letouzey (1918-1989), spécialiste de la flore du Cameroun, occupe une place de premier plan. Ce botaniste forestier, homme de terrain, était en poste au Cameroun au Service des eaux et forêts de 1945 à 1957. Il a ensuite réalisé plusieurs missions d’exploration botanique de 1961 à 196768. Ses collectes ont considérablement accru les parts d’herbier du S. dulcificum dans les principaux herbiers européens et contribué à celui de Yaoundé69. Letouzey a réalisé la première carte phytogéographique du Cameroun à partir de ses collectes mais aussi des parts d’herbiers d’autres collecteurs conservées dans les institutions scientifiques et en analysant des photographies aériennes dont l’usage commence à se généraliser à partir des années soixante. Dans sa thèse, il décrit précisément ses méthodes de prospection sans oublier l’aide obtenue de ses « préparateurs et auxiliaires », les guides, chauffeurs, piroguiers, porteurs « qui ont eu la vie dure » et les Pygmées qui ont « grimpé chercher des échantillons botaniques », ce qui s’inscrit dans la continuité des pratiques de ses prédécesseurs70.
33L’examen des échantillons d’herbiers d’Afrique centrale montre que les collectes de S. dulcificum ont surtout eu lieu le long des cours d’eau qui représentaient des voies de communication et de pénétration de l’intérieur du continent. Il s’agit principalement des bassins de la Sanaga, du Congo, de l’Oubangui et de quelques-uns de leurs affluents. Les observations écologiques qui accompagnent parfois les échantillons d’herbier situent fréquemment le S. dulcificum sur les rives des fleuves où il semble très commun. Selon René Letouzey, au Cameroun, c’est une espèce des forêts périodiquement inondées présente en sous-bois, qui se rencontre aussi dans les raphiales à Raphia hookeri et sur le plateau de l’Adamaoua dans les vallons forestiers encaissés71. En 1986, D. W. Thomas précise sur l’étiquette d’une de ses parts d’herbier qu’il forme presque une canopée continue dans la forêt inondée, de façon saisonnière sur les rives de la rivière Nyong72.
34Les forêts galeries ou riveraines dominent ainsi les habitats où les échantillons ont été prélevés par les différents récolteurs. En Afrique centrale, au Cameroun, Gabon, Congo, RCA et RDC, il n’est signalé que spontané, et il apparaît relativement abondant particulièrement le long des cours d’eau, ce qui peut expliquer qu’on ne le trouve pas cultivé. Il n’a pas été récolté à proximité des habitations et peu d’usages sont mentionnés.
35Cette analyse du corpus des parts d’herbier semble montrer que l’origine géographique de cette plante ne se situe pas au Ghana comme l’indiquent certains auteurs car les herbiers font apparaître un pôle fortement dominant en Afrique centrale, particulièrement au Cameroun. Ceci doit cependant être nuancé par le nombre de collectes nettement supérieures dans cette région d’Afrique en lien probablement avec la richesse de la flore reconnue de cette zone et le nombre plus important de collecteurs. La plus grande ancienneté des recherches au Ghana peut expliquer que l’on ait d’abord attribué cette origine géographique à la plante mais les informations relevées sur les échantillons d’Afrique centrale laissent place à une autre hypothèse. Le fait qu’il ne semble pas cultivé dans cette sous-région peut être un argument supplémentaire pour y localiser son origine. Seules des recherches génétiques pourront confirmer cette hypothèse.
UN PARADOXE : UNE ESPÈCE MENACÉE EN VOIE D’EXPANSION
36À partir des années soixante-dix, de plus en plus de spécimens vivants du S. dulcificum sont plantés dans de nombreux jardins de par le monde et les herbiers voient apparaître des échantillons qui ne sont plus seulement originaires d’Afrique. Ainsi, des parts d’herbier du Missouri Botanical Garden sont issues, entre autres, de spécimens de plusieurs pays d’Amérique latine : le Panama, le Costa Rica, le Honduras, l’Équateur. L’herbier d’Édimbourg a des parts provenant d’Indonésie et de Singapour ; celui de Paris détient, outre les échantillons d’Afrique, des parts d’herbier venant de Papeete et Moorea… La diffusion de cette plante suit le développement d’un véritable réseau lié aux institutions scientifiques qui n’ont plus nécessairement recours aux spécimens poussant en Afrique. L’introduction du S. dulcificum dans les jardins botaniques est maintenant suivie du développement de sa culture en plantations en dehors de son aire d’origine, en lien avec l’accroissement de l’intérêt porté à cette plante d’un point de vue médical et alimentaire. En effet, les recherches pharmacologiques récentes montrent que ses différents composants pourraient intervenir dans le traitement de maladies comme le diabète, l’obésité et plus récemment certains cancers, en limitant la prolifération de certaines cellules cancéreuses du mélanome. Elle peut également faciliter l’alimentation des patients en chimiothérapie73. La pulpe a aussi une activité antioxydante et les saponines sont connues pour réduire le glucose et le cholestérol74.
37Mais, alors que la culture du S. dulcificum se développe en de nombreux pays, paradoxalement, en Afrique de l’ouest où il était très présent particulièrement à proximité des habitations, il serait, selon certains auteurs, plus rare aujourd’hui, voire menacé. Pour les botanistes togolais Kuami Kokou et Adzo D. Kokutse75, le S. dulcificum fait partie des espèces rares qui risquent de disparaître, notamment au Togo et au Bénin. L’indice de raréfaction du Synsepalum calculé par ces auteurs à partir des relevés botaniques dans les îlots forestiers du sud Bénin et Togo serait de 98 %76. Ce résultat doit cependant être fortement nuancé car leur étude n’a porté que sur les îlots considérés comme sacrés et n’a pas pris en compte les forêts riveraines ni même les zones habitées où l’espèce est encore cultivée. Dans la Savane du Bénin ou Dahomey Gap, l’arbuste est souvent cultivé et rarement signalé spontané. Cela pourrait expliquer sa rareté dans les îlots forestiers sacrés du sud Bénin où il s’agit peut-être d’un échappé de culture. Le caractère sacré de ces bois n’assure pas obligatoirement leur conservation et ne les exclut pas de toute exploitation, notamment pour les plantes médicinales ou le bois de feu, usage signalé dès les années quarante au Ghana pour le S. dulcificum.
38Au Nigéria voisin, où cet arbuste est reconnu d’importance nationale pour des raisons « écologiques, socio-économiques et culturelles », le S. dulcificum est classé avec seize autres arbres sur une liste d’arbres de la zone forestière en voie de disparition en raison de sa surexploitation et des modifications de son habitat77. Il est aussi sur la liste rouge des espèces vulnérables de l’IUCN78. Mais ce classement a été établi à partir d’une seule localisation au Nigéria où l’espèce serait apparemment confinée dans les Oban Hills dans le Cross River National Park, proche de la frontière camerounaise. Les données ne paraissent pas suffisantes pour le moment pour statuer sur la supposée vulnérabilité de l’espèce.
39Il est possible aussi que cette plante rencontrée dans les deux domaines forestiers congolais et, dans une moindre mesure, guinéen ait trouvé refuge dans les montagnes et les forêts galeries lors des épisodes secs de l’holocène où elle est demeurée depuis. Les Oban hills du Nigéria sont d’ailleurs considérées comme une de ces zones de refuge ! Une diffusion de cette plante du bassin forestier d’Afrique centrale vers l’ouest peut aussi être envisagée car cette plante n’est signalée cultivée par les habitants qu’entre le Nigéria et le Ghana, avec une augmentation des occurrences au Bénin, en lien avec les prospections ethnobotaniques récentes79. De plus, les témoignages sur la présence du S. dulcificum dans la partie ouest du domaine forestier sont problématiques, ou difficiles à interpréter. Seul A. Chevalier mentionnait ce taxon en Guinée française mais aucune trace matérielle ou écrite autre que cette rapide mention n’a été retrouvée. Aucun échantillon de S. dulcificum ne figure à l’Herbier National de Guinée, pouvant attester de sa présence en ce pays en l’absence de données récentes de prospection80. Le botaniste ivoirien Laurent Aké Assi (1931-2014) en 1975 a bien prélevé deux échantillons (no 12839 et no 13230) dans l’ouest de la Côte d’Ivoire dans la forêt classée de Taï, non loin de la frontière guinéenne81. Mais cette espèce ne doit pas être si fréquente — contrairement à ce qu’en disait Chevalier —, car elle ne figure pas dans l’inventaire de la flore de ce parc82. La Côte d’Ivoire a pourtant fait l’objet de nombreuses prospections au cours du xxe siècle. Aké Assi a exploré la flore de la Côte d’Ivoire à partir de 1946 — il avait alors 15 ans — d’abord comme interprète puis préparateur au Laboratoire de Botanique de l’Office de la Recherche Scientifique Coloniale (ORSC) à Adiopodoumé83. Devenu professeur à l’Université d’Abidjan, Aké Assi a publié de nombreux travaux sur la flore de la Côte d’Ivoire où le S. dulcificum est plus que marginal. Que peut-on en déduire sur la distribution géographique de cette plante ? S’agit-il d’une évolution des peuplements de cette espèce en Côte d’Ivoire ou bien d’un effet biogéographique différentiel de l’est vers l’ouest dont le gradient reste à définir et sur lequel le Dahomey Gap a pu avoir un impact ?
40La raréfaction de cette espèce peut aussi s’expliquer par une diminution de son utilité et de son intérêt économique. Elle est en effet moins utilisée dans l’alimentation — le vin de palme est moins consommé tandis que la bière de brasserie connaît un grand développement — alors que la consommation du sucre a beaucoup augmenté et les variétés d’oranges douces sont maintenant cultivées. Ceci a pu limiter son utilisation dans l’alimentation mais augmenter son emploi comme bois de feu dont la demande est très forte. Le déclin des usages a néanmoins entraîné celui de sa plantation dans une région de forte densité démographique comme dans le sud du Togo et du Bénin où les conditions écologiques ne lui sont pas des plus favorables et où elle est historiquement signalée plus cultivée que spontanée84. Toutes les parties de la plante restent cependant toujours utilisées dans la pharmacopée magico-religieuse même si ses usages et sa commercialisation sont plus limités aujourd’hui. Ceci peut expliquer que le S. dulcificum se trouve encore dans les cours des habitations, près des douches et autres lieux humides car ces espaces domestiques représentent des lieux de conservation pour des plantes cultivées réservées aujourd’hui à des usages rituels85.
41Toutefois les savoirs locaux sur cette plante demeurent méconnus. Selon des botanistes et agronomes béninois, la taille régulière des racines pour soigner certaines maladies expliquerait la faible densité de cet arbuste86. Ce désintérêt pour cette espèce s’exprime aussi sur le plan culturel. Les agriculteurs hésitent, semble-t-il, à la planter à cause de la difficulté de sa multiplication par ses graines qui sèchent vite et l’enracinement difficile des boutures. Sa croissance est lente et l’arbuste commence à donner des fruits 8 à 10 ans après sa mise en culture87. Ces caractéristiques expliquent les réticences exprimées aujourd’hui pour sa plantation. Selon les villageois rencontrés dans plusieurs villages du sud Bénin, sa culture semble même faire l’objet d’un « interdit relatif », car il est dit que celui qui la plante risque de ne pas récolter ses fruits. Et de fait, ce sont plutôt les personnes assez âgées qui le font, en général des hommes, qui détiennent encore les savoirs la concernant88. Les agronomes de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin réalisent des essais de multiplication par voie végétative et de sélection, amorçant ainsi un processus de domestication89.
42En Afrique centrale, où les densités démographiques sont beaucoup plus faibles et la couverture forestière beaucoup plus importante, l’espèce n’est pas signalée menacée. Cette hypothèse devra être confirmée par des recherches dans ces pays. Elle n’apparaît guère utilisée dans les pratiques alimentaires locales et je n’ai retrouvé aucune information sur des utilisations magico-thérapeutiques. Letouzey ne la mentionne pas dans les plantes alimentaires et quelques rares échantillons précisent seulement que les fruits sont comestibles. Alice Peeters, ethnobotaniste au MNHN, indique en 1970 sa consommation comme friandise en RCA à Mongumba, de même que le Dictionnaire Ethnographique Aka-Francais le mentionne comme complément alimentaire et friandise90.
43Dans un contexte dit de raréfaction de cette espèce végétale, les jardins associés aux habitations ou les jardins botaniques apparaissent finalement plus comme des pôles de diffusion du S. dulcificum en Afrique comme au dehors de ce continent que comme des pôles de conservation ex situ, rôle qui leur est généralement attribué. C’est à partir des échantillons provenant de jardins botaniques qu’ont été réalisées les premières études chimiques menées notamment aux États-Unis à partir de plantes vivant dans des jardins à Puerto Rico et en Floride.
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44Le S. dulcificum remarqué pour ses qualités particulières est entré dans les collections de botanique économique en 1850 mais il faut attendre les analyses chimiques des années 1960 pour en isoler le principe actif. Après des débuts prometteurs au cours des années 1970, la commercialisation a été arrêtée en Suède et aux USA en raison des risques que présentaient des produits ménagers acides pouvant être perçus comme sucrés91. Un projet de plantation amorcé au Ghana a été suspendu, mais les arbres ont néanmoins été entretenus pour un usage local92. Depuis les années 2000, les recherches pharmacologiques menées principalement en Asie et aux USA ont relancé l’intérêt pour cette plante dans le domaine médical. Elle devrait connaître un développement croissant dans l’industrie pharmaceutique et agro-alimentaire. La consommation du fruit est maintenant autorisée aux États-Unis où il connaît un véritable engouement dans la gastronomie d’avant-garde, mais aussi en Australie, au Japon et en Chine. Il est commercialisé sous forme de tablettes et peut maintenant s’acheter sur internet.
45L’évolution de l’intérêt économique et social pour le « fruit miraculeux » a eu un impact sur sa mise en culture dans les régions situées en dehors de son aire de répartition originelle en Afrique comme en d’autres continents. Si l’espèce semble commune dans les zones forestières et forêts galeries du bassin congolais, elle apparaît plus cultivée en Afrique de l’ouest où ses usages et donc sa culture sont en déclin alors que, paradoxalement, des plantations de S. dulcificum se développent dans certaines îles des Antilles, au Panama, en Équateur, en Asie (Taïwan) et dans certaines îles du Pacifique. Mais le S. dulcificum pousse difficilement en dehors de son habitat d’origine et son fruit se conserve mal. Des essais sont entrepris pour produire de la miraculine issue d’OGM. Cependant la quantité de miraculine obtenue est toujours supérieure à partir du S. dulcificum93. Deux pharmaciens espagnols, Loan Bensadon Naeder et Guillermo Milans del Bosch94, fondateurs en 2013 d’une startup, Magic Berry, ont entamé une procédure pour obtenir l’autorisation de sa consommation dans l’Union Européenne. Ils étudient la possibilité d’exploiter des plantations de S. dulcificum au Ghana en partenariat avec des chercheurs et des producteurs ghanéens dans un souci annoncé de développement équitable et dans le respect du protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage des avantages adopté en 2010.
46L’exemple du S. dulcificum montre comment les parts d’herbiers d’une espèce conservées à travers le monde peuvent renseigner à la fois sur l’élaboration des savoirs qui lui sont associés et sa répartition géographique tout en permettant de s’interroger sur leur évolution. Les différentes sources consultées, écrits des voyageurs et acteurs des collectes de cette plante, biographies et herbiers, s’avèrent complémentaires pour comprendre le contexte historique, économique et social de sa découverte jusqu’à son arrivée dans les herbiers : la présence européenne et la traite des esclaves, l’expansion coloniale, l’inventaire de la biodiversité et sa conservation. Elles éclairent également les relations entre les différentes catégories d’acteurs parmi lesquels cependant les intermédiaires locaux restent anonymes et invisibles. Quelques informations ressortent néanmoins sur les pratiques de terrain, souvent sous forme d’anecdotes. Les sources mobilisées ont montré aussi comment les connaissances ethnobotaniques se sont progressivement construites à partir des différentes observations et descriptions. Tous les auteurs cités ont montré de l’intérêt pour cette plante, selon des objectifs variables, économiques, scientifiques ou simplement alimentaires. Cependant, ils ont tous contribué à l’élaboration de savoirs naturalistes à son sujet, montrant comment les réseaux d’échanges d’informations se sont tissés et développés d’abord à partir d’observations locales, puis dans les collections de muséums jusqu’à la dématérialisation des commanditaires sur le web, cela depuis le xviie siècle jusqu’à présent. À l’issue de ce travail, les recherches sont à poursuivre par une approche pluridisciplinaire associant chorologie, génétique, ethnobotanique et histoire. La linguistique, par les noms vernaculaires cités dans les herbiers et la littérature, mérite également d’être explorée.
47Travailler sur les herbiers comme source historique, c’est aussi adopter finalement les méthodes des phytogéographes qui ont réalisé flores et cartes de végétation à partir des herbiers et de leurs relevés botaniques. La démarche historique se démarque par la contextualisation des données recueillies et par la prise en compte de la chronologie des collectes et des usages de la plante. Ainsi la représentation cartographique montre la présence à un moment donné de l’espèce en un lieu donné, ce qui peut permettre en retournant sur le terrain de constater ou pas son absence, liée à une surexploitation ou un changement des conditions écologiques95.
Notes de bas de page
1 Les traites des esclaves et le contrôle de l’intérieur du continent exercé par les pouvoirs locaux jusqu’au partage du continent entre les différentes nations européennes peuvent expliquer en partie cette marginalité.
2 Juhé-Beaulaton (Dominique) & Lainé (Agnès) « Processus d’acquisition et de transmission des ressources thérapeutiques africaines dans les sources européennes du xviie au xixe siècle », Outre mers, no 346-347, 2005, pp. 47-78 ; Murphy (Kathleen S.), « Collecting Slave Traders : James Petiver, Natural History, and the British Slave Trade », The William and Mary Quarterly, vol. 70, no 4, october 2013, pp. 637-670.
3 L’étiquette comme archive, voir la contribution de Ludovic Besson dans le présent ouvrage. Besson (Ludovic), « Le grand casse-tête des étiquettes », La lettre de l’OCIM, no 153, 2014, pp. 43-45. Les herbiers sont présentés en annexe.
4 Girel (Jacky), « Quand le passé éclaire le présent : écologie et histoire du paysage », Géocarrefour, vol. 81, no 4, 2006, pp. 249-264. Il ne s’agit donc pas de faire une biogéographie « historique » dont l’échelle de temps généralement adoptée se compte en milliers ou en millions d’années.
5 Son origine est pour le moment encore indéterminée, comme le soulignent certains auteurs : Achigan-Dako (Enoch G.), Tchokponhoué (Dèdéou A.), N’Danikou (Sognigbé), Gebauer (Jens) & Vodouhè (Raymond S.), « Current knowledge and breeding perspectives for the miracle plant Synsepalum dulcificum (Schum. et Thonn.) Daniell », Genetic Resources and Crop Evolution, vol. 62, no 3, 2015, pp. 465-476.
6 Juhé-Beaulaton (Dominique), « Du jardin royal des plantes médicinales de Paris aux jardins coloniaux : développement de l’agronomie tropicale française », in Fischer (Jean-Louis) (sous la dir.), Le jardin entre science et représentation : actes du 120e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, section Histoire des sciences et des techniques, Aix-en-Provence, 23-29 octobre 1995, Paris : CTHS, 1999, pp. 267-284.
7 Jones (Adam) (sous la dir.), German sources for West african history. 1599-1669, Wiesbaden : Franz Steiner Verlag, 1983, pp. 134-259 : « Wilhelm Johann Müller‘ s description of the Fetu country, 1662-9 » (Studien zur Kulturkunde ; 66).
8 La deuxième espèce n’a pu être identifiée. Il peut s’agir d’une variété. Loyer (Godefroy), Relation du voyage du royaume d’Issyny, Côte d’Or, païs de Guinée en Afrique. La description du païs, les inclinations, les mœurs, & la religion des habitans : avec ce qui s’y est passé de plus remarquable dans l’établissement que les François y ont fait. Le tout exactement recueilli sur les lieux, par le R. Père Godefroy Loyer, Paris : Arnoul Seneuze & Jean-Raoul Morel, 1714, p. 190.
9 Irvine (Frederick Robert), Woody plants of Ghana with special reference to their uses [édition révue], Londres : Oxford University Press, 1961, xcv + 868 p., ill. ; Senterre (Bruno), Recherches méthodologiques pour la typologie de la végétation et la phytogéographie des forêts denses d’Afrique tropicale, thèse de doctorat en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique (Lejoly Jean, dir.), Bruxelles : Université Libre de Bruxelles, 2005, p. 74.
10 À partir du Cap des Trois Pointes au Ghana jusqu’au Nigeria, le domaine de la forêt dense humide s’interrompt pour laisser la place à des formations de savanes, mosaïques de forêt et de savanes, jachères et champs cultivés. Cette savanisation peut en partie s’expliquer par des facteurs climatiques. Ern (Hartmut), « Les divisions écologiques du Togo », in Brunel (Jean-Frédéric), Hiepko (Paul H.) & Scholzl (Hildemar W.) (sous la dir.), Flore analytique du Togo. Phanérogames, Berlin : Botanic Garden and Botanical Museum Berlin-Dahlem ; Eschborn : Deutschen Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ), 1984, pp. 9-18 (Englera ; 4).
11 Ce n’est qu’en 1968 que G. E. Inglett a entrepris des recherches pharmacologiques sur cette plante à l’IMC (Center of International Minerals and Chemicals Corporation, USA). Brouwer (Jim N.), Wel (H. van der), Francke (A.), Henning (G. J.), « Miraculin, the sweetness-inducing protein from miracle fruit », Nature, vol. 220, no 5165, 1968, p. 373.
12 Il fait référence à des fruits ressemblant à la cannelle ou au girofle et autres plantes aromatiques dont le commerce était alors en pleine expansion. Il mentionne le Sieur Damon qui rapporta du poivre de la Côte de l’Or. Loyer (Godefroy), Relation du voyage du royaume d’Issyny…, op. cit., pp. 190-191.
13 Page 127 du Ms « Compagnie des Indes. Journal du voiage de Guinée et Cayenne, par le chevalier Des Marchais..., pendant les années 1724, 1725 et 1726, enrichy de plusieurs cartes et figures », Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits Français 24 223 (159 feuillets ; 325 x 210 mm).
14 Labat (Jean-Baptiste), Nouvelle relation de l’Afrique occidentale : contenant une description exacte du Sénégal et des païs situés entre le Cap-Blanc et la rivière de Serrelienne..., Paris : G. Cavelier, 1728, tome 2, p. 256. Notons qu’un des usages potentiels aujourd’hui de ce fruit est de faciliter l’alimentation des patients en chimiothérapie.
15 Les premières directives données aux capitaines sont attestées en 1688 à la création du jardin des Apothicaires de Nantes. Juhé-Beaulaton (Dominique), « Du jardin royal des plantes médicinales… », op. cit. ; Juhé-Beaulaton (Dominique) & Lainé (Agnès), « Processus d’acquisition... », art. cit.
16 Akinjogbin (Isaac A.), « Archibald Dalzel : Slave Trader and Historian of Dahomey », The Journal of African History, 1966, vol. 7, no 1, pp. 67-78.
17 Dalzel (Archibald), The History of Dahomy : An Inland Kingdom of Africa [comp. from Authentic Memoirs ; with an introd. and notes], Londres : Imp. par T. Spilsbury & son, 1793, p. iv.
18 Une étude réalisée au Bénin a montré que la taille peut varier en fonction de l’endroit où il est planté, de 1 à 5 m. Oumourou (M.), Dah Dovono (J.), Aboh (B. A.), Hounso-Kaka (M.) & Sinsin (B.), « Contribution à la conservation de Synsepalum dulcificum (Schumach. and Thonn.) : régénération et importance socio-économique dans le département de l’Ouémé (Bénin) », Annales des Sciences Agronomiques, vol. 14, no 1, 2010, pp. 101-120.
19 D’autant que la taille des feuilles des S. dulcificum récoltés au sud Bénin est petite (3 cm environ) comparée aux parts d’herbier du Cameroun par exemple qui peuvent atteindre 10 cm.
20 Annotation de J. Fage dans l’introduction de Dalzel (Archibald), The History of Dahomy..., op. cit.
21 Ce n’est qu’au xixe siècle, avec l’invention par Nathaniel B. Ward (1791-1868) des serres de voyages en 1829 et les instructions données aux voyageurs que les conditions de transport s’améliorent. Bourguet (Marie-Noëlle), « La collecte du monde : voyage et histoire naturelle (fin xviie siècle-début xixe siècle) », in Blanckaert (Claude), Cohen (Blandine), Corsi (Pietro) & Fischer (Jean-Louis) (sous la dir.), Le muséum au premier siècle de son histoire, Paris : Muséum national d’histoire naturelle, 1997, pp. 163-196 (Archives ; 1).
22 Les autres naturalistes ayant fréquenté ces côtes n’ont pas observé le S. dulcificum.
23 Juhé-Beaulaton (Dominique), « Paul Erdmann Isert (1755-1789), médecin naturaliste sur la Côte de Guinée : une source pour une histoire des paysages », Afriques : Débats, méthodes et terrains d’histoire [en ligne]. Varia, mis en ligne le 13 janvier 2012, consulté le 03 avril 2018. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/945
24 Pour des éléments biographiques sur P. Thonning et des références de sources Voir Hopkins (Daniel), « Danish natural history and African colonialism at the close of the eighteenth century : Peter Thonning’s ‘scientific journey’ to the Guinea Coast, 1799-1803 », Archives of natural history, vol. 26, no 3, 1999, pp. 369-418.
25 Herbarium Museum Botanicum Hauniense, © University of Copenhagen, C10003428.
26 Schumacher (Heinrich C. F.), Beskrivelse af Guineiske planter : som ere fundne af Danske botanikere, især af etatsraad Thonning, Kjöbenhavn : F. Popp, 1827, pp. 130-131.
27 Candolle (Alphonse de), Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis, sive, Enumeratio contracta ordinum generum specierumque plantarum huc usque cognitarium, juxta methodi naturalis, normas digesta. Pars octava, Paris : Treuttel & Würtz, vol. 8, 1844, p. 183.
28 Kew Cat. NO 51073 (http://apps.kew.org/ecbot/basket/specimen/). Aucune part d’herbier de Daniell n’a été retrouvée à Kew ni dans le fonds de la Royal Society of Pharmacy dont il était membre.
29 Daniell (William F.), « On the Synsepalum dulcificum, De Cand. ; or, miraculous berry of Western Africa », Pharmaceutical Journal and transactions, vol. 11, 1852, pp. 445-448. Voir Nickalls (R. W. D.), « William Freeman Daniell (1817-1865), work in progress », 2013, http://www.nickalls.org/dick/papers/daniell/DaniellwfBook. pdf
30 Cette partie de la côte était dénommée « Côte des Esclaves » en raison du trafic des hommes qui s’y est développé.
31 [Anonyme], Relation du royaume de Juda en Guinée, mémoire non daté [1708], Archives Nationales d’Outre-Mer, Aix-en-Provence, Dépôt des Fortifications des Colonies ; Côtes d’Afrique, Carton 75, Pièce 104, 90 p.
32 Information obtenue lors d’une enquête en 1998 à Savi, 8 km au nord de Ouidah, où j’ai goûté ce fruit et à nouveau en 2013. Le thème abordé portait sur les plantes cultivées ou conservées à proximité des habitations. Je n’ai pas fait d’enquêtes ethnobotaniques approfondies sur le S. dulcificum lui-même. Les informateurs interrogés étaient les résidents.
33 Le médecin P. Isert mentionne l’embarquement de tonneaux de jus d’orange à bord des navires négriers à cette fin. Isert (Paul E.), Voyages en Guinée et dans les îles Caraïbes en Amérique [1e éd. 1788 ; intro. et notes de Gayibor Nicoué ; avant-propos de Perrot Claude Hélène], Paris : Karthala, 1989, p. 126 (Collection Relire).
34 Achigan-Dako (Enoch G.) et al., « Current knowledge… », art. cit., p. 469.
35 Meredith (Henry), An account of the Gold Coast of Africa : with a brief history of the African Company, Londres : imp. Longman, Hurst, Rees, Orme & Brown, 1812, p. 180.
36 Daniell (William F.), « On the Synsepalum dulcificum… », art. cit.
37 Juhé-Beaulaton (Dominique), « Paul Erdmann Isert… », art. cit.
38 Ceci permet néanmoins de s’interroger sur le processus de diffusion d’une plante présentant un intérêt alimentaire et économique à un moment donné, bien avant la colonisation, comme cela a déjà été montré pour d’autres plantes américaines (maïs, manioc…) Juhé-Beaulaton (Dominique), « De l’igname au manioc dans le golfe de Guinée : traite des esclaves et alimentation au royaume du Danhomè (xviie-xixe siècle) », Afriques [En ligne], 05 | 2014, mis en ligne le 20 décembre 2014, consulté le 03 avril 2018. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/1669 ; DOI : 10.4000/afriques. 1669
39 Burton (Richard F.), A mission to Gelele, king of Dahome, Londres : Tinsley Brothers, 1864, vol. 1, p. 112.
40 Skertchly (Joseph Alfred), Dahomey as it is being a narrative of eight months’residence in that country, Londres : Chapman & Hall, 1874, p. 33.
41 Juhé-Beaulaton (Dominique), « La palmeraie du Sud Bénin avant la colonisation : essai d’analyse historique », in Chastanet (Monique) (sous la dir.), Plantes et paysages d’Afrique, une histoire à explorer, Paris : Éditions Karthala, 1998, pp. 327-352.
42 Ceci a été démontré lors d’essais de culture de cet arbuste réalisés au sud Bénin en 1972 par l’Institut français de recherches fruitières outre mer. Voir Montagut (Gérard), « Essais de culture du Synsepalum dulcificum au Dahomey », Fruits, vol. 27, no 3, 1972, pp. 219-221.
43 Voir pages 132-133 la présentation du corpus et la méthodologie suivie pour la réalisation de la carte de la distribution géographique du S. dulcificum. Elle tient compte de la chronologie des récoltes. Les mentions de culture sont également représentées.
44 Pour cette étude, seuls certains collecteurs les plus représentatifs de cette époque seront présentés ici. Voir la contribution de L. Arzel dans le présent ouvrage sur le développement des recherches botaniques dans l’EIC.
45 Il poursuit ses explorations en Indochine de 1913 à 1920 puis à nouveau en Afrique. Pour une biographie et une analyse de l’œuvre d’A. Chevalier, voir Plantefol (Lucien), « Notice sur la vie et les travaux de Auguste Chevalier (1873-1959) », in Académie des sciences (sous la dir.), Notices et discours, tome quatrième : 1957-1962, Paris : Gauthier-Villars, 1964, pp. 249-268. Bonneuil (Christophe), « Auguste Chevalier, savant colonial : entre science et Empire, entre botanique et agronomie », in Waast (Roland) & Petitjean (Patrick) (sous la dir.), Les sciences hors d’Occident au xxe siècle, vol. 2. Les sciences coloniales : figures et institutions, Paris : ORSTOM, 1996, pp. 15-35.
46 Ses collections sont réparties entre le laboratoire d’ethnobiologie du MNHN, anciennement agronomie coloniale dont il a été un des premiers directeurs, l’herbier national au MNHN et nombre d’herbiers de muséums en France (Montpellier, Caen...) et en Europe (Kew, Leyden, Berlin, Genève).
47 Julien Bondaz retrace l’histoire de ce laboratoire dans le présent ouvrage. Voir la note 4 de sa contribution pour l’histoire de cette revue.
48 D’après la World Checklist of Selected Plant Families (WCSP), le genre Synsepalum est d’origine africaine et comprend 38 noms d’espèces acceptées. http://apps.kew.org/wcsp/qsearch.do?page=quickSearch&plantName=Synsepalum
49 Chevalier (Auguste), L’Afrique centrale française. Récit du voyage de la mission, Paris : Augustin Challamel, 1907, pp. 38-39.
50 Dans cet ouvrage, il ne fait pas référence à ses parts d’herbier. Mais celles-ci bien datées et localisées permettent de les associer sans aucun doute à son récit qui, de plus, reprend ses notes de terrain MNHN-P-P03784254/no 5283 de l’inventaire de Chevalier. Sur 81 échantillons de S. dulcificum conservés au MNHN, 18 sont de Chevalier.
51 Ce même Moussa Ndyaye est cité dans les collecteurs ayant contribué à l’herbier d’A. Chevalier au Sénégal. Chevalier (Auguste), Sudania : énumération des plantes récoltées en Afrique tropicale par M. Aug. Chevalier, de 1898 à 1910 inclus [liste dressée d’après les déterminations de MM. Beille, Briquet J., Candolle Casimir de... [etc] ; revue par Chevalier Aug.], Paris : A. Challamel, vol. 1, 1911, VII + 210 p., in-4°.
52 Chevalier (Auguste), L’Afrique centrale française…, op. cit., p. 2. Il cite les références des auteurs suivants : Schweinfurth, Barth, Maistre, Gentil, Foureau, Bentham, Oliver et Thyselton-Dyer. Il ne cite pas mais évoque le matériel de campement lors de l’installation des camps en brousse (p. 32).
53 Ce qui rappelle l’observation faite par le voyageur anonyme (1708) sur le marché de Ouidah au xviiie siècle. Rappelons que le plateau d’Abomey représente la limite nord des zones de concentrations d’esclaves du royaume du Dahomey dont c’était le principal revenu jusqu’à la fin du xixe siècle : cette corrélation restera une hypothèse.
54 L’Ouest africain pour A. Chevalier comprenait le Cameroun, la RCA et le Gabon, pays où le S. dulcificum est spontané. Chevalier (Auguste), « Énumération des plantes cultivées par les indigènes en Afrique tropicale et des espèces naturalisées dans le même pays et ayant probablement été cultivées à une époque plus ou moins reculée. Suite (1) », Bulletin de la Société nationale d’acclimatation de France, t. 8, 1912, p. 133.
55 Trois parts d’herbier du S. dulcificum d’E. Poisson se trouvent au MNHN. P-P03784202, P-P03784204 et P-P03784206). E. Poisson, fils de Jules Poisson assistant à l’herbier de Paris, était collaborateur du Journal d’agriculture tropicale, correspondant du MNHN et représentant de l’association cotonnière coloniale.
56 Il publie en 1950 un Catalogue de la flore de l’Oubangui-Chari (Toulouse : Imprimerie P. Julia, 165 p., ill.) Il a publié également dans le Bulletin du muséum, le Bulletin de la Société botanique de France, la Revue de Botanique Appliquée et d’Agronomie Tropicale, notamment un article sur les formations végétales du haut Oubangui et leurs rapports avec l’agriculture en 1931.
57 Il rédigea de nombreuses notes d’ethnologie sur le mariage et la dot, le culte des ancêtres, le clan et la religion, l’idée de Dieu chez les primitifs, l’esclavage, etc.
58 http://www.spiritains.org/qui/figures/carte/tisserant.htm
59 Chevalier (Auguste), « Notes et actualités. Fruits à saveur miraculeuse de l’Afrique tropicale », Revue de botanique appliquée et d’agriculture coloniale, vol. 19, no 216, 1939, p. 583. Chevalier (Auguste), « À propos de la nomenclature de quelques Sapotacées africaines », suivi de « Sur quatre genres de Sapotacées de l’Afrique occidentale », Revue de botanique appliquée et d’agriculture coloniale, vol. 23, no 266-268, 1943, p. 284 et p. 291.
60 A. Chevalier no 23104 : P03784198/P03784199/P03784203 récolté le 17/02/1910 et A. Chevalier no 23177 : P03784207 récolté le 24/02/1910.
61 Ces jardins ont servi de premiers relais vers les jardins botaniques situés en dehors d’Afrique.
62 Irvine (Frederick Robert), Plants of the Gold Coast, Londres : Humphrey Milford ; Oxford University press, 1930, pp. 401-402.
63 Gaillard (Jacques) & Waast (Roland), « La recherche scientifique en Afrique », Afrique contemporaine, no 148, 4e trimestre 1988, pp. 3-30.
64 Kerharo (Joseph) & Bouquet (Armand), Plantes médicinales et toxiques de la Côte d’Ivoire-Haute-Volta : mission d’étude de la pharmacopée indigène en AOF [préf. de Perrot Émile], Paris : Office de la Recherche Scientifique Outre-Mer, 1950, 295 p., in-8°. A. Bouquet l’a collecté en revanche au Congo sur le Kouyou, en recrû forestier autour du village de Yangagoundza en 1965 MNHN-P-P03784258.
65 Loyer (Godefroy), « Relation du voyage du royaume d’Issyny… », op. cit. ; Chevalier (Auguste), « À propos de la nomenclature de quelques Sapotacées… », art. cit. Ceci est d’ailleurs surprenant de la part de Chevalier qui note pourtant que le S. dulcificum est fréquent en RCI. Faut-il mettre en doute les observations de Chevalier ? A-t-il pu confondre avec une autre espèce du genre Synsepalum ? Nous y reviendrons.
66 Irvine (Frederick Robert), Woody plants of Ghana…, op. cit.
67 Voir en page suivante la carte de distribution du S. dulcificum à partir des herbiers.
68 Il publie une première synthèse de ses prospections en 1968, puis ses cartes en 1985. Letouzey (René), Étude phytogéographique du Cameroun, Paris : Paul Lechevalier, 1968, 513 p., ill., pl., in-4° (Encyclopédie biologique ; 69) ; Letouzey (René), Carte phytogéographique du Cameroun [Document cartographique ; 1/500000e], Toulouse : Institut de la Carte internationale de la végétation, 1985, 1 carte en 6 feuil., en coul.
69 Sur 81 échantillons de S. dulcificum conservés au MNHN, 21 parts sont de Letouzey.
70 Letouzey (René), Étude phytogéographique du Cameroun …, op. cit., p. 10.
71 Idem, p. 245, 246, 305.
72 Échantillon donné à Paris par le Missouri Botanical Garden. MNHN, Paris (France). Spécimen P03785422.
73 Wang (Hui-Min), Chou (Yi-Ting), Hong (Zi-Ling), Chen (Hsi-An), Chang (Yu-Chen), Yang (Woei-Ling), Chang (Hou-Chien), Mai (Chao-Ting) & Chen (Chung-Yi), « Bioconstituents from stems of Synsepalum dulcificum Daniell (Sapotaceae) inhibit human melanoma proliferation, reduce mushroom tyrosinase activity and have antioxidant properties », Journal of the Taiwan Institute of Chemical Engineers, mars 2011, vol. 42, no 2, pp. 204-211.
74 Inglett (George E.) & Chen (D.), « Contents of Phenolics and Flavonoids and Antioxidant Activities in Skin, Pulp, and Seeds of Miracle Fruit », Journal of food science an official publication of the Institute of Food Technologists, 2011, vol. 76, no 3, pp. 479-482.
75 Kokou (Kuami) & Kokutse (Adzo Dzifa), « Des forêts sacrées dans une région littorale très anthropisée du sud Bénin et Togo », in Juhé-Beaulaton (Dominique) (sous la dir.), Forêts sacrées et sanctuaires boisés. Des créations culturelles et biologiques (Burkina Faso, Togo, Bénin), Paris : Karthala, 2010, pp. 61-84.
76 L’indice de raréfaction (Rarity-weighted Richness Index) a été calculé suivant l’équation de Géhu et Géhu (1980), in Kokou (Kuami) & Kokutse (Adzo Dzifa), « Des forêts sacrées dans une région littorale… », op. cit., p. 118.
77 Okafor (Jonathan), « Conservation status IUCN threat categories », in World Conservation Monitoring Center (sous la dir.), Conservation and sustainable management of trees, report of the first regional workshop, Harare, Zimbabwe WCMC 9-11 July, Cambridge : World Conservation Monitoring Center, 1996, pp. 11-14.
78 World Conservation Monitoring Centre, Synsepalum glycydora, 1998. The IUCN Red List of Threatened Species 1998 : e. T32728A9725953. http://0-dx-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.2305/IUCN.UK.1998.RLTS.T32728A9725953. en. Téléchargée le 28 juillet 2016.
79 Des mémoires de fin d’études agronomiques portent sur le S. dulcificum afin de préciser son écologie et ses usages au Bénin. Voir notamment Djonlonkou (Spéro Fréjus Bidossessi), Étude ethnobotanique, socio-economique et climatiques sur la distribution des habitats favorables aux fruitiers sous-utilisés : cas de Synsepalum dulcificum daniell (sapotaceae) au sud Bénin, Master en sciences agronomiques, Université d’Abomey-Calavi, Faculté des sciences agronomiques (FSA), 2014, 81 p. L’herbier national du Bénin dispose d’échantillons récoltés récemment.
80 Chevalier (Auguste), « À propos de la nomenclature de quelques Sapotacées… », art. cit., p. 284. Correspondance électronique avec Sékou Magassouba, Directeur général adjoint de l’herbier national de Guinée, le 12/11/2015.
81 Aké Assi (Laurent), « Observations sur la diversité des Sapotaceae de la flore naturelle de la Côte d’Ivoire », Systematics and Geography of Plants, 2001, pp. 187-195.
82 Aké Assi (Laurent) & Pfeffer (Pierre), Parc national de Taï. Inventaire de la flore et de la faune, Paris : Bureau pour le développement de la production agricole, 1975, 58 f. + [8] f. de pl., ill., cartes.
83 Peu avant l’indépendance, il est devenu assistant au Laboratoire de Phanérogamie du MNHN de Paris et au Laboratoire de Biologie Végétale de la Sorbonne où il obtient son doctorat en Sciences, en 1961.
84 Les chercheurs béninois ont récemment noté, comme leurs prédécesseurs, qu’il était souvent cultivé à proximité des habitations. Achigan-Dako (Enoch G.) et al., « Current knowledge… », art. cit. ; Djonlonkou (Spéro Fréjus Bidossessi), Étude ethnobotanique, socio-economique et climatiques…, op. cit.
85 Juhé-Beaulaton (Dominique), « Pour une histoire de l’agriculture urbaine au Dahomey (Bénin) », Revue d’ethnoécologie [En ligne], 8 | 2015, mis en ligne le 31 décembre 2015, consulté le 03 avril 2018. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ethnoecologie/2296 ; DOI:10.4000/ethnoecologie.2296
86 Oumourou (M.) et al., « Contribution à la conservation de Synsepalum dulcificum... », art. cit.
87 D’après les observations de Montagut en 1972. Le cycle d’entrée en production est maintenant raccourci. À l’UAC, des plants d’une pépinière de S. dulcificum observés en 2015 ont commencé à donner des fruits deux ans après leur germination.
88 2013, enquêtes à Savi, Sèdjè Denou.
89 Information orale de Belarmain Fandohan, enseignant à la Faculté des sciences agronomiques, UAC, octobre 2015. Voir Oumourou (M.) et al., « Contribution à la conservation de Synsepalum dulcificum... », art. cit.
90 Échantillon MNHN-PAT-PAT004730 d’Alice Peeters récolté en 1970, no 150, Collections d’ethnobiologie, MNHN, Paris. Thomas (Jacqueline), Bahuchet (Serge) & Epelboin (Alain) (sous la dir.), Encyclopédie des Pygmées Aka. II, fasc. 3 : techniques, langage et société des chasseurs-cueilleurs de la forêt centrafricaine (Sud-Centrafrique et Nord-Congo) : Dictionaire ethnographique Aka-francais : MB-M-V, Paris : Editions Peeters, 1993, p. 137.
91 Lemordant (Denis), « Le sucre, les sucres, les édulcorants : leurs diverses utilisations », Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 35, no 1, 1988, p. 153.
92 Information orale de Loan Bensadon, pharmacien, octobre 2015.
93 Zrann (Faiza), Étude de Synsepalum dulcificum (Schumach & Thonn.) Daniell, thèse d’exercice (Cachet Xavier, dir.), Paris : Université René Descartes. Faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques, 2013, 137 p.
94 http://www.magicberrys.com/.Entretiens avec L. Bensadon Naeder, en mai et juillet 2015. Texte du protocole consultable sur : https://www.cbd.int/abs/doc/protocol/nagoya-protocol-fr.pdf
95 Je tiens à remercier pour leur aide précieuse mes amis et collègues dont les noms suivent : Olof Ryding, Natural History Museum of Denmark ; Hul Sovanmoly, Herbier national Paris, MNHN ; Simon Juraver, Collections d’ethnobiologie du MNHN, Paris ; Robert Vogt, et Sarah Bollendorff, Herbarium Berolinense (Berlin) ; Sofie De Smedt, et Elke Scheers, Meise National Botanic Garden of Belgium ; Jonathan Gregson, Natural History Museum, London, UK ; Martin Xanthos, Royal Botanic Gardens, Kew, UK ; Robyn Drinkwater, Royal Botanic Garden, Edinburgh ; Magassouba Sékou, Directeur Général Adjoint, Herbier National de Guinée, Université Gamal Abdel Nasser de Conakry ; Mark T. Strong, Smithsonian Institution, National Museum of Natural History, Washington D. C. ; Laurence Billault, Régis Cheval, Laure Emperaire, Elisabeth Habert, Éric Jolly, Agnès Lainé.
Auteur
Historienne au Centre Alexandre Koyré (CNRS-EHESS-MNHN). Elle travaille sur l’histoire des relations des hommes à leur environnement en Afrique de l’Ouest qu’elle revisite à partir de l’étude des collections de muséums. Elle s’intéresse également à l’histoire de l’ethnobotanique au MNHN, à la documentation et la valorisation de cette collection.
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