9. Les traités de Théophraste
p. 313-327
Texte intégral
1Des ouvrages de Théophraste qui sont arrivés jusqu’à nous le plus important est son Histoire des plantes. Le plan en est le même que celui de l’Histoire des animaux d’Aristote. À l’imitation de ce naturaliste, Théophraste traite d’abord des parties des végétaux, qu’il divise en racines, en tiges, branches et pousses. Il fait remarquer toutefois que ces diverses parties ne se retrouvent pas dans la totalité des plantes, et à cet égard il a d’autant plus raison qu’il classe, comme on doit le faire, les truffes et les champignons parmi les végétaux1. Il distingue dans chaque partie l’écorce, le bois et la moelle. Il décrit les organes extérieurs des plantes, la fleur, le pédoncule, la feuille, les vrilles, et parle en même temps des galles qui sont le résultat de la piqûre des insectes. Il traite ensuite des chairs ou parties intérieures, c’est-à-dire du parenchyme, du nerf, des veines et des sucs.
2Théophraste emploie toujours à l’imitation d’Aristote, une espèce de méthode pour la classification des objets de son examen. Mais il réussit bien moins que son maître et son ami. La raison en est sans doute que sa tâche était plus difficile à remplir ; car les caractères d’après lesquels les végétaux peuvent être distribués en différentes classes, sont moins accessibles à nos yeux que ceux adoptés pour la classification des animaux. Théophraste fonde sa division des plantes sur leur grandeur et leur consistance seulement. Il arrive ainsi aux quatre grandes classes suivantes qui ont été adoptées jusqu’à la renaissance des lettres et des sciences : les arbres, les arbrisseaux, les sous-arbrisseaux et les herbes.
3Théophraste fait connaître les différentes qualités du bois et de la moelle ; il décrit les formes diverses sous lesquelles la racine se développe, et distingue les formes rameuse, fusiforme, tuberculeuse ou bulbeuse ; il cite des exemples de chacune de ces formes.
4Théophraste pose comme principe général, que les racines ne pénètrent jamais dans le sol au-delà de la profondeur à laquelle la chaleur du soleil est sensible.
5Il divise les feuilles d’après leur grandeur, leur forme et leur position. Il observe avec justesse que leur face inférieure possède une faculté absorbante beaucoup plus énergique que leur face supérieure.
6Théophraste fait mention des organes de la fructification ; il distingue des fleurs supères et des fleurs infères, et énumère les différentes espèces de semence. Il y ajoute les moyens de reproduction par racines, boutures et drageons, dont sont susceptibles plusieurs végétaux. Il compare ensuite les plantes sauvages et les plantes cultivées, et montre que celles-ci ne sont point des altérations des premières, que, par exemple, il n’est point vrai que l’orge ait pu être convertie en froment par le fait de la culture, ainsi que quelques ignorants le croient encore aujourd’hui. Il fait connaître les influences du sol et du climat sur la fécondité des plantes, et diverses autres circonstances qui concourent au même résultat : ainsi il explique la caprification, au moyen de laquelle on obtient un plus grand développement des fruits du figuier sauvage (caprificus)2, et qui consiste à déposer sur l’arbre de très petits insectes qui, s’introduisant dans la fleur en fécondent l’ovaire3. Théophraste rapporte aussi comment on parvenait à faire fructifier les dattiers femelles ; il dit qu’il suffisait d’agiter sur eux des branches de dattiers mâles.
7Ce fait aurait dû le conduire à la découverte des sexes dans les plantes ; cependant il n’en eut aucune idée, bien que souvent il applique aux arbres les termes de mâle et de femelle.
8Il mentionne divers palmiers des contrées équatoriales, parmi lesquels on remarque un palmier dichotome ou à tige fourchue, qui croît dans la Haute-Égypte. Traitant des arbres forestiers, Théophraste rapporte par quelles voies, ils se propagent au loin ; il cite comme véhicules, les vents, les inondations, etc. Il distingue les arbres que nourrissent les montagnes, et ceux qui se développent dans les plaines ; il distingue aussi ceux qui ne cessent pas d’être verds et ceux qui perdent leur feuillage, et il fait connaître, pour plusieurs espèces, l’époque à laquelle cette dénudation survient. Il indique encore le temps où la sève monte, et celui de la fructification. Enfin il parle de la rapidité relative du développement de chaque plante.
9Théophraste décrit différentes espèces d’arbres et parmi celles des pays chauds, on remarque un mimosa, qui est le véritable acacia4. On remarque encore une sensitive, qui diffère de la petite espèce cultivée dans nos serres le plus ordinairement. On reconnaît plusieurs autres espèces, par exemple, le citronnier, qu’il appelle pommier épineux de Médie5, dont le fruit, dit-il, ne se mange pas, mais dont on emploie l’écorce à parfumer les vêtemens ; puis le figuier des Brahmes6, dont les branches se dirigent vers la terre, et s’y transforment en racines qui, à leur tour, poussent de nouvelles branches destinées à la même transformation, le bananier, dont les longues feuilles imitent les grandes plumes d’autruche ; enfin l’ébénier et le cotonnier. Ce dernier arbuste était connu depuis les conquêtes d’Alexandre, mais il n’avait pas encore été importé en Grèce.
10Théophraste parle des plantes marines, et place les éponges à côté des fucus ; cependant il n’ignore pas qu’elles ont plusieurs rapports avec les animaux. En traitant des plantes d’eau douce, il décrit le papyrus, qui était d’une si grande utilité à cette époque, où le parchemin était encore inconnu. Il décrit aussi le lotus, espèce de nymphœa fort commune dans les canaux de l’Égypte.
11Il fait connaître la durée de la vie des plantes et leurs maladies, l’âge auquel on coupe les bois, les insectes qui rongent les plantes, et à cette occasion il décrit la larve du cerf-volant qui habite sous l’écorce des chênes. Il remarque que la Corse est le pays où les arbres atteignent la plus grande hauteur.
12Théophraste parle, dans le sixième livre de son Histoire, des arbrisseaux, des arbustes, des fleurs de parterre ; dans le suivant, des plantes potagères et de quelques végétaux des champs ; dans le huitième, des céréales et des légumineuses ; et on remarque que le maïs était connu de son temps. Enfin dans le neuvième livre, Théophraste mentionne les sucs que fournissent les plantes, tels que la myrrhe, l’encens, le goudron, la poix, la résine, la gomme. Il parle aussi de quelques aromates, particulièrement de la cannelle, et de plusieurs plantes médicinales, par exemple, de l’ellébore7, qui de son temps était beaucoup plus employé qu’il ne l’est par les médecins modernes.
13Cette histoire des plantes est en quelque sorte une contr’épreuve de celle des animaux, mais elle est de beaucoup inférieure à son modèle. Si Théophraste avait beaucoup d’esprit et d’instruction, il était loin d’avoir le génie d’Aristote ; aussi ne trouve-t-on point dans son ouvrage ces belles et solides généralisations que nous avons admirées dans celui de son maître. Les classifications de Théophraste ont fait place à d’autres, Linnée surtout les a effacées ; mais celles d’Aristote sont encore presque tout entières dans la science.
14Néanmoins l’Histoire des plantes n’est pas un livre sans mérite. Le nombre des espèces qui y sont mentionnées s’élève à près de quatre cents ; c’est un nombre considérable pour le premier ouvrage de botanique. Ces espèces comprennent une grande quantité d’arbres forestiers, plusieurs arbres à fruits, presque toutes les plantes potagères, les céréales et quelques végétaux des Indes qui n’ont été retrouvés que depuis le xve siècle.
15Théophraste a composé un autre ouvrage relatif à la botanique, il est intitulé : Traité sur les causes des plantes. Mais ce n’est pas comme on pourrait le croire d’après le titre, un traité de physiologie végétale. L’auteur y traite de l’influence des circonstances extérieures sur les plantes, telles que les vents, les eaux et l’exposition. Il décrit plusieurs procédés d’agriculture et d’horticulture, par exemple, la marcotte, et il se propose un certain nombre de questions qu’il n’est pas toujours facile de résoudre. Ainsi il se demande pourquoi les plus beaux fruits ne contiennent pas toujours les meilleures semences ; pourquoi les fruits sauvages n’ont pas une saveur aussi douce que ceux des arbres cultivés. Il s’occupe ensuite de questions de physique relatives au règne animal : il recherche pourquoi les animaux exhalent ordinairement une odeur désagréable, tandis que les plantes répandent généralement une odeur suave. Il pense que cette différence provient de ce qu’à l’inverse des plantes, les animaux sont d’une constitution chaude et sèche, et de ce qu’ils rendent par l’évaporation une partie du superflu de leurs alimens. En somme, la physique de Théophraste est inférieure à celle de son maître.
16Mais, de même que celui-ci, l’auteur de l’Histoire des plantes ne s’est pas borné à l’étude d’une seule branche de l’histoire naturelle ; il a composé quelques petits traités de zoologie assez intéressans. Dans l’un d’eux il a étendu les connaissances que l’on avait sur les productions des Indes ; il parle des poissons qui volent, de ceux qui restent sur les rochers lorsque la mer se retire, d’autres qui séjournent dans la vase des étangs, comme la loche, et qu’on a nommée Cobitis fossilis, parce qu’on la rencontre quelquefois dans un limon desséché8. Il décrit un poisson des Indes fort singulier, qui sort de l’eau, et a été reconnu il y a une vingtaine d’années seulement par M. Hamilton Buchanan9. Ce poisson connu sous le nom d’ophicéphale, vit ordinairement dans le Gange, mais il s’en écarte quelquefois, en rampant sur l’herbe, à une si grande distance, et se rencontre tellement éloigné de toute espèce de cours d’eau, que le peuple le considère comme tombé du ciel10. D’après Théophraste il ressemble au muge par la forme arrondie de sa tête, la disposition de ses écailles et les couleurs qu’elles reflètent. C’est aussi ce que les naturalistes modernes ont reconnu.
17Dans un autre petit traité sur les animaux qui changent de couleur, Théophraste parle des variations que subit la peau du caméléon, et il donne une assez bonne description du renne que de son temps on croyait susceptible de changer de couleur à volonté. Mais cela n’est qu’une fable basée sur une fausse observation de la nature ; le changement qui s’effectue dans le pelage du renne est un résultat des saisons ; l’été il est brun, et l’hiver il devient blanc ; cette dernière couleur est en effet plus favorable que l’autre à la conservation de la chaleur.
18Théophraste, dans un troisième opuscule sur les animaux qui apparaissent subitement, parait vouloir rejeter la génération spontanée des grenouilles et des crapauds qui couvrent tout-à-coup la terre après des pluies chaudes, et que de son temps on croyait être tombés du ciel avec la pluie. Il montre la même disposition à l’égard des mouches qui naissent en quantité considérable sur les substances putréfiées, et que l’on supposait, comme Aristote l’avait fait, avoir été engendrées par la putréfaction elle-même. Il parle dans le même sens des souris des champs et de plusieurs autres animaux11.
19Après les deux ouvrages de Théophraste sur la botanique, le plus remarquable de ses traités est celui des pierres, qui décrit une grande quantité d’espèces. Théophraste avait encore composé un ouvrage de minéralogie où il traitait spécialement des métaux ; mais il n’est pas parvenu jusqu’à nous. Théophraste pensait que les pierres étaient un produit de la terre, et que les métaux avaient l’eau pour origine. Il aurait été curieux de voir le développement de cette dernière opinion12. Il établit une sorte de classification pour les pierres : il les divise d’après leur dureté et leur cohésion ; puis, suivant qu’elles sont ou ne sont pas fusibles ; et il subdivise ces dernières en pierres calcinables et en pierres inaltérables au feu. Il rapproche les unes des autres les substances minérales qui possèdent des propriétés semblables, comme l’ambre et l’aimant, dont la vertu est d’attirer à eux certains corps. Il fait les usages de la pierre de touche, mentionne les divers moyens de pétrification, et désigne les eaux incrustantes.
20De ces généralités, Théophraste descend aux descriptions particulières, il parle des diverses espèces de marbre, du marbre de Paros, du marbre pentélique tiré du mont Pentélien, situé près d’Athènes13, du dépôt calcaire connu sous le nom d’albâtre, et de plusieurs autres matières calcaires employées par les sculpteurs et les architectes de son temps. Il mentionne les pyrites ou pierres qui produisent des métaux en brûlant comme le charbon. Il parle de la houille et de ses diverses espèces et compare l’ambre, avec raison, à une variété de ce minéral que fournissait la Ligurie14. Il désigne plusieurs pierres ponces, et nomme l’une d’elles pierre de Lipari, parce qu’on en trouvait considérablement dans cette île ; du reste il connaît parfaitement leur origine volcanique. Il décrit aussi l’amiante15, qui résiste à l’action du feu, et une autre matière semblable au bois pourri, qui brûle avec projection de flamme lorsqu’elle est imbibée d’huile.
21Theophraste traite ensuite des pierres susceptibles d’être gravées et qu’on a nommées précieuses, telles que l’escarboucle, la cornaline, le jaspe, le saphir ; il dit que cette dernière présente un fond bleu parsemé de taches d’or : cette désignation nous apprend que Théophraste n’a point connu la gemme que nous nommons particulièrement saphir, mais seulement le lapis lazuli. Il rapporte, en parlant des émeraudes, qu’un roi d’Égypte en avait reçu d’un prince d’Éthiopie qui étaient hautes de quatre coudées ; avec quatre d’entre elles on avait pu faire un obélisque. Jusqu’à ces derniers temps on avait douté de l’exactitude du récit de Théophraste qui lui même ne paraît pas y avoir ajouté beaucoup de foi, car il fait remarquer qu’on le trouve consigné seulement dans les écrits des Égyptiens ; mais il y a une vingtaine d’années, M. Lelièvre16 ayant trouvé près de Limoges des cristaux d’émeraudes, qui, sans égaler les dimensions de ceux du roi d’Égypte, et bien que dépourvus de brillant et de transparence, avaient pourtant plusieurs pieds de longueur, on peut croire que le récit égyptien n’est pas controuvé. Du reste les anciens donnaient souvent le nom d’émeraudes aux tourmalines et à plusieurs autres pierres vertes. Théophraste connaissait encore d’autres minéraux précieux, tels que l’hyacinthe17, l’améthiste, qu’il désigne sous le nom de pierre d’Héraclée, le cristal de roche, l’onyx qu’on retire de certaines pierres en les cassant, l’agathe dont le nom est tiré de celui du fleuve Achates18, et le jaspe qu’on trouve parmi les sables de la Bactriane. Théophraste en parlant de la pierre de magnésie qui a l’éclat de l’argent et dont on se servait pour faire des vases, la distingue très-bien de l’aimant ; il dit formellement qu’elle n’a point de propriété attractive ; ainsi ce n’est pas lui qui a occasionné l’erreur que l’on a commise en nommant magnétiques les phénomènes produits par l’aimant.
22Théophraste n’a pas confondu non plus les perles avec les pierres précieuses. Il dit que les premières sont le produit d’un coquillage de la mer des Indes.
23De son temps on avait extrait de la terre des débris organiques ; car il parle d’ivoire fossile, de bleu d’Arménie19, de roseaux pétrifiés, etc.
24Lorsqu’il traite de l’emploi des substances minérales, il décrit les procédés de la fabrication du verre avec le sable ; il désigne les diverses matières colorantes usitées en peinture, telles que l’ocre naturelle, l’ocre brûlée, le verdet gris, ou vert-de-gris20, le vermillon, la céruse21, le cinabre. De son temps les Phéniciens allaient ordinairement chercher cette dernière substance en Espagne ; mais on en tirait aussi de Colchide, qui passait pour avoir été obtenue à coups de flèches, du sommet des rochers escarpés où elle était accumulée. Cette fable avait sans doute été inventée par les marchands, afin de pouvoir demander aux acheteurs un prix plus élevé. Du reste Théophraste savait bien que le cinabre convenablement traité produit du mercure ; il le dit positivement. Enfin il parle des diverses espèces de marnes et de leurs usages, puis du plâtre que déjà l’on employait à mouler des figures et des ornements pour l’intérieur des habitations.
25Vous voyez, messieurs, que Théophraste a fondé la botanique et la minéralogie comme Aristote avait créé la zoologie. C’est sous l’influence et d’après l’excellente méthode de ce dernier, que les sciences naturelles reçoivent un grand développement dans le Lycée, et atteignent en peu d’années un haut degré de perfection à plusieurs égards. Si l’heureuse impulsion donnée par Aristote eût survécu plus longtemps à sa cause ; si l’on eût continué de recueillir, comme lui, des faits et de les comparer pour en tirer des inductions, les sciences, sans aucun doute, auraient fait alors les progrès qu’elles ont faits depuis Bacon22, sous l’influence de la méthode péripatéticienne enfin tirée de l’oubli. Mais après la mort de Théophraste, la Grèce fut bientôt en proie à des troubles politiques qui brisèrent la chaîne des travaux progressifs de l’esprit humain. C’est à peine si on put continuer à Athènes les études spéculatives qui n’exigent aucun déplacement, aucune recherche extérieure. Les savants se réfugièrent presque tous à Alexandrie. Mais même dans le Musée, l’activité qui était due à l’exemple et à l’influence d’Aristote se ralentit bientôt. Quelques philosophes adoptèrent les idées vagues qui commençaient à dominer dans la capitale de l’Égypte ; d’autres par indolence ou autrement abandonnèrent les observations directes. Peut-être la faculté de disposer de la riche bibliothèque fondée par Ptolomée contribua-t-elle aussi à ces déplorables résultats. On voulut connaître sans doute tous ces ouvrages qui renfermaient le travail des générations passées, et au lieu de recueillir des faits nouveaux, on employa son temps à discuter ceux que les livres rapportaient. À la vérité de ce travail naquit la critique ; mais on peut dire qu’alors elle était prématurée. Les savans, émigrés de la Grèce, appliqués donc à l’étude de l’histoire, des mathématiques, de la poésie et des arts, ne cultivèrent plus les sciences naturelles que dans leurs rapports avec la médecine. Il se forma une classe d’hommes, appartenant presque tous à l’école péripatéticienne qui ne s’occupèrent point de la botanique pour elle-même, c’est-à-dire dans des vues scientifiques, dans le but de découvrir les lois de la nature végétale, mais seulement pour distinguer les plantes dont les sucs pouvaient être appliqués au traitement des maladies. Ces hommes, qu’on appelait rhizotomes, étaient en quelque sorte des herboristes, et n’obtenaient pas une considération égale à celle qu’on avait pour les médecins ; cependant ils étaient, assez généralement, fort loin d’être dépourvus de connaissances générales, et plusieurs d’entre eux ont rendu des services à la science. Tels sont, par exemple, Euthydème d’Athènes23, qui le premier cultiva le melon, dont la semence avait été apportée de la Perse ou de l’Inde ; puis Cléarque24, qui introduisit le prunier ; Phragas d’Érèse25 et quelques autres dont les noms n’ont pas été perdus.
26Mais les médecins se livrèrent à cette époque à des travaux beaucoup plus remarquables. Un siècle auparavant l’anatomie n’existait point ; Hippocrate, comme vous le savez, puisque je l’ai dit précédemment, ne connaissait de la structure du corps humain que ce qui est visible à l’extérieur (ce que les artistes avaient remarqué comme lui), et que ce que le traitement des blessures lui avait fourni l’occasion d’observer. Alcméon, il est vrai, avait acquis quelques idées sur la structure interne des animaux ; mais les absurdes préjugés de son temps l’avaient empêché de les publier et de continuer ses recherches, et Héraclite, qui s’était livré aux mêmes études, avait été obligé de se réfugier au milieu des champs de repos pour se procurer quelques débris de squelettes. La science n’existait pas avant Aristote. C’est lui qui, par l’étude de l’anatomie comparée, acquit, en peu de temps, des connaissances générales assez exactes sur la structure animale, et qui même distingua souvent, avec beaucoup de justesse, la différence d’organisation que présente le passage d’un animal à un autre. Cette impulsion fut suivie par les médecins et appliquée à l’espèce humaine. Mais c’est en Égypte qu’allèrent les hommes qui voulurent étudier l’anatomie humaine ; la pratique des embaumemens, qui exige l’ouverture des cavités splanchniques, y avait nécessairement produit quelques notions sur la disposition et la forme des principaux viscères, et elle permettait d’ailleurs de faire de nouvelles observations. En Grèce, au contraire, il était impossible d’acquérir une instruction anatomique quelque peu étendue ; la mutilation d’un cadavre dans un but quelconque, y passait pour une profanation horrible, pour un crime digne de mort.
27Lorsque les Ptolomées furent maîtres de l’Égypte, l’utilité des voyages faits dans ce pays, en vue d’étudier l’anatomie s’accrut considérablement. Ces souverains éclairés, et désireux de procurer aux sciences de nouveaux développemens, permirent à plusieurs médecins grecs de disséquer des cadavres. Ainsi protégés par l’autorité royale, ils ne furent plus exposés à la violence du peuple ; mais ils devinrent l’objet d’atroces calomnies : on alla jusqu’à les accuser d’avoir disséqué des hommes vivans.
28Le premier médecin grec qui se soit rendu en Égypte pour étudier l’anatomie, est Praxagoras26, asclépiade de l’île de Cos, contemporain de Théophraste, et probablement aussi d’Aristote, dont il aurait été le disciple. C’est lui qui a donné aux ramifications de l’aorte le nom d’artères et les a nettement distinguées des veines. Il a fait voir qu’après la mort celles-ci contiennent ordinairement du sang, et qu’au contraire les artères sont complètement vides. Il découvrit aussi que ces derniers vaisseaux étaient le siége du pouls. Hippocrate, à la vérité, et même des médecins de beaucoup antérieurs à lui, consultaient le pouls de leurs malades pour s’assurer de leur état ; mais c’était sans avoir aucune idée sur le siége de ce mouvement : et Praxagoras, qui en fit la découverte, ne paraît pas même avoir soupçonné le phénomène capital de la circulation du sang.
29Deux autres médecins grecs, Hérophile et Erasistrate, qui vécurent principalement en Égypte, surpassèrent bientôt Praxagoras.
30Hérophile27, né en Chalcédoine, appartenait à la famille des Asclépiades. Il avait été élève de Praxagoras, et devint médecin du fils de Ptolomée Lagus. Le premier il a distingué les nerfs des ligamens, des tendons et des autres tissus avec lesquels on les confondait, et il a reconnu leurs fonctions spéciales, celles d’être les organes de la volonté et des sensations. Le cerveau a particulièrement fixé son attention : il a décrit d’une manière détaillée plusieurs parties de cet organe, par exemple, les plexus choroïdes28, le calamus scriptorius29, la courbure des corps striés et cette disposition vasculaire qui porte encore aujourd’hui le nom de pressoir d’Hérophile30. Il a aussi décrit les membranes internes de l’œil, l’os qui supporte la langue, et la veine pulmonaire, à laquelle il a donné le nom de veine artérielle. Le nom de duodénum a de même été donné par lui à la partie de l’intestin que nous désignons encore par cette appellation. Enfin, il découvrît l’isochronisme des battemens du cœur et des artères. Il semble qu’alors il était bien près d’atteindre l’importante vérité qui a rendu Harvey31 illustre ; cependant il ne l’entrevit pas plus que Praxagoras : tant la plus simple induction est difficile lorsqu’elle sort des idées reçues.
31Erasistrate32, le second des médecins grecs que nous ayons nommés, après celui qui distingua les artères des veines, était, comme ce dernier, de l’île de Cos33. Il suivit pendant quelque temps les leçons d’Aristote, dont il était petit-fils34, et, après la mort d’Aristote, il s’attacha à Théophraste. La première école publique de médecine fut ouverte par lui à Smyrne35 ; elle se perpétua pendant plus de quatre siècles. Devenu médecin de Séleucus Nicanor36, chacun sait de quelle sagacité il fit preuve en découvrant l’amour d’Antiochus pour sa belle-mère Stratonice, et en trouvant le moyen de le guérir37. Il quitta ensuite la Syrie, et se rendit à Alexandrie, où il étudia l’anatomie humaine et celle des animaux, avec beaucoup d’ardeur. Aristote avait comparé d’une manière générale le cerveau de l’homme et celui des animaux ; Érasistrate en fit une comparaison détaillée, en rapprochant chaque partie l’une de l’autre. C’est à lui que remonte la découverte fondamentale en physiologie, que tous les nerfs communiquent avec le cerveau, soit directement, soit par l’intermédiaire de la moelle épinière. En ouvrant un chevreau qui venait de têter, il distingua aussi, le premier, les vaisseaux lactés. Il les nomma ainsi parce qu’il était sûr que la liqueur blanche dont il les voyait remplis était le lait que l’animal avait extrait des mamelles de sa mère.
32Érasistrate eut de nouvelles idées sur la structure du cœur ; il en a décrit les valvules triglochides, et s’est approché ainsi un peu plus qu’Hérophile de la découverte de Harvey, préparée par celle de Fabricius d’Aquapendente38. Cependant il fut bien loin même de soupçonner la grande fonction de la circulation, car il croyait que l’air se rendait dans le cœur à travers les artères et les poumons, et il basait sa pratique médicale sur cette opinion.
33Érasistrate et Hérophile étaient très-savans en botanique ; mais aucun de leurs ouvrages, sur cette science et sur les autres branches de la médecine, n’est parvenu jusqu’à nous. Nous en devons la connaissance au témoignage de Galien39.
34Quelques voyageurs allèrent au loin chercher des lumières, pendant que les savans du Musée faisaient faire des progrès aux sciences de cabinet. Mégasthènes40, par exemple, fut dans l’Inde par ordre de Nicanor, visita un roi de cette contrée nommé Sandrocottus41, et à son retour écrivit une relation de son voyage, que nous ne possédons pas, mais dont quelques fragmens ont été conservés par Strabon, Joséphe42, Arrien, Élien, Athénée43 et autres. Plusieurs animaux ou plantes remarquables y sont décrits des singes blancs à face noire, des coquillages où se trouvent des perles, des bambous à dimensions extraordinaires, etc. Comme toutes les relations de voyages qui nous viennent des anciens, celle de Mégasthènes renferme plusieurs fables. Mais dans ce cas il ne faut pas refuser pour le reste toute confiance à l’auteur, car il arriverait fréquemment qu’on se priverait ainsi de sources d’informations fort utiles. Il faut seulement avoir le soin de ne pas confondre les faits que l’auteur déclare avoir vus avec ceux qu’il ne rapporte que comme des ouï-dire. Ainsi, Mégasthènes dit qu’il existe dans l’Inde des hommes dont les pieds ont une direction opposée à celle des nôtres, le talon est en avant et les doigts en arrière. Cette relation n’est pas une fable inventée par l’auteur, c’est une tradition qu’il a recueillie dans le pays, car des missionnaires rapportent que dans les contrées visitées par Mégasthènes, les peuplades prétendent que des génies malfaisans viennent quelquefois les tourmenter pendant la nuit, et que ces génies ont les pieds retournés. Sans le récit de Mégasthènes, nous n’aurions pas su que cette tradition remonte à plus de deux mille ans. C’est un fait moral très-curieux à constater.
35On regardait aussi comme complètement fausse l’assertion de Mégasthènes, relative à l’existence dans le midi de l’Inde de plusieurs espèces d’ours. C’était encore à tort : depuis cinq ou six années, on y a découvert trois ou quatre espèces de ces animaux, entr’autres celle de l’ours jongleur44.
36Vous savez que les premiers Lagides favorisèrent puissamment les sciences [cf. tableau pp. 258-259] : Ptolomée Lagus fonda la bibliothèque d’Alexandrie, qui contenait quatre cent mille volumes ; Philadelphe, son second fils et son successeur, encouragea les recherches d’histoire naturelle en cultivant lui-même cette science.
37Le troisième des Ptolomées, Évergètes45, malgré de grands défauts, ne protégea pas moins les sciences et les savans que ses prédécesseurs ; il augmenta beaucoup la bibliothèque d’Alexandrie et laissa quelques mémoires. On a trouvé, sur les frontières de la Nubie, une inscription qui rappelle son expédition de Syrie. Ce fut dans ces guerres qu’il employa pour la première fois les éléphants d’Afrique. Supérieurs en force et en courage à ceux de l’Inde, dont son ennemi se servait, il attribua ses victoires à ces animaux.
38Philopator46, le quatrième des Ptolomées, après avoir vécu d’une manière très désordonnée, laissa à son fils Épiphane47, âgé seulement de cinq années, un royaume conduit par des Hommes et des femmes de mauvaise vie. Les seigneurs égyptiens ne s’accordèrent pas sur le choix du régent : ils jugèrent convenable de sien rapporter à cet égard aux Romains. Ceux-ci leur envoyèrent Marcus Lepidus48 ; mais bientôt il fut obligé de remettre sa tutelle à Aristomène d’Acarnanie49, qui la conserva jusqu’à la majorité d’Épiphane. À peine ce jeune homme eut-il pris les rênes de l’état, que de nouveaux désordres, suscités par les Romains, éclatèrent, et alors les sciences commencèrent à déchoir en Égypte.
39Sous le sixième des Lagides, Ptolomée Philométor50, plusieurs ouvrages rares furent achetés, mais tous n’étaient pas authentiques, il s’en fallait, et de là résulta un nouveau développement de la critique, qui était née avec la bibliothèque fondée par Lagus51.
40Outre les naturalistes dont nous avons parlé, l’école d’Alexandrie eut alors et antérieurement plusieurs savans d’un autre ordre. C’est à elle qu’appartient Euclide, dont les élémens de géométrie ont obtenu un si long succès ; Eratosthènes, qui, le premier essaya de mesurer un degré du méridien, pour évaluer le diamètre de la terre, et fit ainsi le premier essai d’une carte du globe ; Conon52, astronome, célèbre pour avoir reconnu dans le ciel la chevelure de Bérénice qui avait été dérobée à l’autel de Vénus, dans le temple élevé par Philadelphe en l’honneur de son épouse Arsinoé ; Hipparque53, qui fleurit sous Philométor, le sixième des Lagides, et à qui nous devons la découverte de la précession des équinoxes, ainsi que le premier catalogue d’étoiles qui ait été composé. Ce grand astronome avait à lui seul fait faire à la science les progrès de plusieurs siècles, car après sa mort l’astronomie resta stationnaire pendant un espace de trois cents ans. Enfin, nous joindrons aux savans d’Alexandrie, Aratus54, qui avait écrit un poème sur les constellations, et un autre sur l’anatomie conforme aux notions d’Erasistrate.
41Le septième des Ptolomées55, surnommé Physcon56, fut vindicatif, cruel et débauché. Pendant son règne les savans furent obligés de quitter l’Égypte, parce qu’ils n’y trouvaient pas la liberté de penser, indispensable aux progrès de la science. Il en résulta une sorte de rétablissement de ce qui avait existé autrefois. Au temps des troubles occasionnés en Grèce par les guerres des successeurs d’Alexandre, les savans étaient allés chercher un asile dans le royaume du premier Ptolomée. La tyrannie de Physcon rendit d’autres savans à la Grèce. Pour subsister, ceux-ci y enseignèrent dans les îles et sur le continent, et ils y firent ainsi refleurir les bonnes études pendant quelque temps.
42Physcon, qui occasionna la dispersion des savans de son royaume, n’était pourtant pas un homme dépourvu de lumières, il s’en fallait de beaucoup, car il avait commenté Homère, et avait composé un ouvrage d’histoire naturelle où il traitait des poissons de quelques-unes des rivières de l’Afrique. C’est lui qui, le premier, parvint à faire reproduire les faisans qu’il avait obtenus de Médie. Ils multiplièrent assez pour qu’il eût été possible d’en servir sur sa table ; mais il voulut s’en abstenir comme d’un luxe excessif. Il rapporte que pendant un séjour à Rome, il fut étonné de la grande quantité de paons qui y existaient : déjà c’étaient des oiseaux fort communs dans cette ville, et cependant ils n’avaient été découverts, comme vous le savez, que pendant l’expédition d’Alexandre.
43À l’époque de la dispersion des Alexandrins, la bibliothèque de Pergame, qui avait été fondée sous Eumène II57, petit-fils d’Eumène58, fondateur du royaume, commença à s’accroître.
44Il s’établit à ce sujet entre les rois d’Égypte et ceux de Pergame, une extrême rivalité. Eumène recherchait et faisait copier tous les bons livres, et tirait pour ce travail beaucoup de papyrus d’Égypte. Ptolomée, qui ne voulait être surpassé, ni même égalé par aucun roi dans son amour de la science, défendit l’exportation du papyrus. Cette interdiction fit découvrir aux savans de Pergame le moyen de rendre les peaux de moutons propres à recevoir l’écriture, en d’autres termes de faire le parchemin (carta pergamena). Cette invention fut de la plus précieuse utilité, car sans elle la plupart des manuscrits de l’antiquité auraient été détruits. Le papyrus formé de simples tiges de roseau, battues et aplaties, offrait infiniment moins de résistance aux causes destructrices qu’une peau d’animal, et à la renaissance des lettres il n’existait presque plus de manuscrits de papyrus. Depuis lors on en a découvert quelques-uns dans les momies ; mais c’est à peine aussi si on a pu en tirer quelque parti. Le nombre de volumes que fit copier Eumène est considérable pour le temps ; il s’élève à deux cent mille.
45Après Physcon, l’Égypte eut un prince encore plus barbare que lui. La ville de Thèbes s’étant révoltée contre son gouvernement, Lathyre59 en chassa les habitans, en fit raser les temples, les palais, et il n’y resta que ce qu’il ne put détruire. Les savans furent aussi très mal traités par lui ; il chassa le petit nombre de ceux qui étaient restés en Égypte. Toutefois, c’est sous son règne, que fleurit le péripatéticien Agatharchides60. Ce philosophe était de Gnide, et probablement Asclépiade. Il vécut presque toujours en Égypte, et servit même de tuteur à Alexandre II, le dixième des Ptolomées61. Le fragment de ses écrits qui nous a été conservé par Photius, nous apprend qu’il s’était livré avec beaucoup de succès à l’étude de l’histoire naturelle : on y trouve décrites les diverses nations qui s’étaient fixées sur les bords de la mer Rouge, le genre de nourriture qu’elles prenaient, et leurs mœurs. Les côtes de l’Abyssinie présentaient alors des peuples qui se nourrissaient de sauterelles, et d’autres qui mangeaient la chair des bêtes féroces. Les animaux des mêmes pays, et surtout ceux qui avaient été transportés à Alexandrie, sont aussi caractérisés dans le fragment d’Agatharchides. Il décrit, par exemple, avec assez d’exactitude, le rhinocéros, la giraffe, qu’il nomme camelo pardalis, ou chameau léopard62, différentes variétés de singes, et une espèce de hyène nommée crocotta63. Il décrit aussi la pintade. Il mentionne des sources chaudes qu’on trouve en certaines contrées de l’Afrique, des mines d’or et le mode de leur exploitation.
46En somme, le fragment d’Agatharchides est très précieux pour l’histoire naturelle de l’Afrique. Ce philosophe péripatéticien fut le dernier naturaliste de la période grecque à Alexandrie : les sciences disparurent bientôt de l’Égypte, et ce pays ne tarda pas à tomber sous la domination des Romains, qui n’estimaient guères que les connaissances applicables à l’art de la guerre. Nous rechercherons cependant quel était l’état des sciences chez ce dernier peuple qui devint le maître de l’univers connu ; mais auparavant nous parlerons de quelques travaux exécutés au milieu des troubles, dans les pays autrefois remarquables par la culture des sciences. Ce sera le sujet du commencement de notre prochaine séance.
Notes de bas de page
1 [Bien que classés traditionnellement dans le royaume des plantes, les truffes et les champignons ne sont plus considérés comme plantes, mais font désormais partie d’un règne distinct, celui des Fungi ou Mycètes. On trouve parmi les caractéristiques les distinguant du règne des plantes leur hétérotrophie, la nature de leurs structures de reproduction, et la présence presqu’universelle de chitine, que l’on trouve également dans la peau de nombreux animaux invertébrés tels que dans l’exosquelette des insectes. Le Règne Fongique se divise en différentes classes basées sur la variation de ces caractéristiques, en particulier celles concernant les modes de reproduction.]
2 [En référence à la figue commune (Ficus carica sylvestris), figue sauvage non comestible, adaptée à la méthode de pollinisation de l’insecte à figue ou guêpe lilliputienne nommé blastophage (du genre Blastophaga), qui comprend tous les membres de la famille des petites guêpes de l’ordre Hyménoptère. Les guêpes à figue naissent des œufs déposés à l’intérieur de la figue. Le mâle sans ailes émerge du sycone dans lequel il s’est développé, part à la recherche d’une figue femelle où il y créera un orifice pour y fertiliser la femelle. Il mourra ensuite à l’intérieur de la figue. La femelle émerge de la figue – si fécondée, par l’orifice créé par le mâle, ou si elle n’a pas été fécondée, par un orifice de sa fabrication – et se dirige vers l’ostiole (partie opposée de la tige) car elle doit déposer ses œufs dans une seconde figue. Avant de quitter sa figue natale, elle passera par de nombreuses fleurs mâles d’où elle en émergera couverte de pollen. Le rôle des blastophages femelles dans la pollinisation de certaines figues comestibles, en particulier la figue de Smyrne, est primordial pour le producteur de figues, car les figues les plus rentables nécessitent le processus de fécondation pour mûrir. Bien qu’elle ne soit pas capable de déposer ses œufs à l’intérieur de la figue comestible (elle doit les déposer à la base du pistil, et le pistil des figues cultivées sont plus longues que leur fécondateur), elle transporte avec elle le pollen qui servira à féconder les figues et les fera mûrir. Les femelles non-fécondées jouent le même rôle dans le processus de pollinisation.]
3 Ces insectes n’ont pas par eux-mêmes de propriété fécondante ; ils sont seulement porteurs du pollen nécessaire à la fécondation. [M. de St.-Agy.]
4 [Mimosa, qui désigne tout membre du genre (Mimosa) composé de plus de 450 plantes dans la famille du mimosa (Mimosacées), espèce native des zones tropicales et subtropicales des deux hémisphères. Le nom mimosa vient du mouvement des feuilles de certaines espèces qui « mimiquent » la sensibilité animale. La plupart des espèces de la famille du Mimosa sont herbacées ou arbustives ; certaines sont des plantes grimpantes, et quelques-unes sont des arbres. Ce sont des plantes souvent épineuses. Les feuilles de la plupart de ces espèces sont bipennées (feuilles en forme de plume à deux folioles). Les racines de certaines de ces espèces sont toxiques ; d’autres enferment des substances irritantes pour la peau. Les Mimosas donnent leur nom à la famille des Mimosacées (de l’ordre des Fabales) dont les membres se caractérisent par de petites fleurs de forme régulière à la corolle valvulée. De nombreuses espèces du genre Acacia sont communément, mais à tort, appelées mimosas.]
5 [Média, ancien du nord-ouest de l’Iran, correspondant aux régions modernes de l’Azerbaïdjan, du Kurdistan, et d’une partie du Kermanshah. Média est mentionné pour la première fois dans les annales du roi Assyrien Salmanazar III (858-824 av. J.-C.), lequel fait référence aux habitants du pays de « Mada » (voir Luckenbill (Daniel David), Ancient Records of Assyria and Babylonia, vol. 1 : Historical records of Assyria, from the earlist times to Sargon, Chicago : University of Chicago Press, [c. 1926], 297 p.) Ces habitants seront connus sous le nom des Mèdes.]
6 [Le figuier de Brahman est le figuier des Banyans (Ficus benghalensis ou F. indica), arbre de forme inhabituelle du genre Figus, de la famille des Moracées, native d’Asie tropicale. Les racines aériennes se développent en branches et prennent racine une fois qu’elles touchent terre pour devenir de nouveaux troncs. Le banian peut atteindre une hauteur de trente mètres et se propager au sol indéfiniment. Au fil du temps, un arbre peut donner l’apparence d’un fourré, de par son enchevêtrement de racines et de troncs.]
7 [Hellébore, membre d’un des deux genres de plantes herbacées toxiques, le Helleborus et le Veratrum, dont certaines espèces sont cultivées comme plantes décoratives dans les jardins. Helleborus, de la famille des boutons d’or Ranunculacées, comprend une vingtaine d’espèces de plantes perpétuelles natives d’Eurasie. Le genre Veratrum, de la famille des Liliacées, se compose d’environ quarante-cinq espèces, aussi appelées fausses hellébores, lesquelles sont principalement natives des zones humides de l’hémisphère nord].
8 [Cobitis fossilis, aujourd’hui connu sous le nom de Misgurnus fossilis, poisson d’eau douce Européen de la famille des Cobitidés, d’une couleur jaunâtre, de vingt-cinq centimètres de long, rayé et tâché de brun ; comme le poisson d’eau douce japonais (M. anguillicaudatus), il est ainsi nommé pour son intense activité lors de périodes de changement rapide de pression barométrique, comme il peut se produire avant une tempête (voir Erman (P.), « Untersuchungen über das Gas in der Schwimmblase der Fische, und über die Mitwirkung des Darmkanals zum Respirationsgeschäfte bei der Fischart Cobitis fossilis (Schlammpitzger) », Annalen der Physik, Leipzig, 1808, t. 30, pp. 113-160.)]
9 [Francis Hamilton, également connu sous le nom de Hamilton-Buchanan (1762-1829), était un médecin au service de la Compagnie Anglaise des Indes Orientales, qui voyagea sous les ordres du gouverneur de l’Inde dans les régions de Mysore, Canara, et Malabar en 1800 pour étudier entre autres l’histoire naturelle de ces pays. En 1822, il publia à Edinbourg L’Histoire des Poissons du Gange et de ses Affluents, in quarto, avec un atlas de trente-neuf planches (pour plus d’information sur Hamilton, voir Gudger (Eugene W.), « Pliny’s Historia naturalis. The Most Popular Natural History Ever Published », Isis, no 6 (3), 1924, pp. 269-281 ; Mearns (Barbara) & Mearns (Richard), Biographies for birdwatchers, the lives of those commemorated in western Palearctic bird names [illustrated by Rees Darren], London ; San Diego : Academic Press, 1988, xx + 490 p.)]
10 [Du genre Ophicephalus, aujourd’hui appelé Channa, tête de serpent de la famille des Channidés ; ce genre comprend environ dix-huit espèces de poissons d’eau douce tropicaux que l’on trouve uniquement en Asie du sud-est. Pourvu d’un corps cylindrique et d’une tête allongée, il est muni de branchies qui lui permettent de respirer hors de l’eau.]
11 Il paraît que les opinions d’Aristote sont restées dans l’esprit de quelques savants, car un jour que je me promenais dans le jardin de M. Azaïs [Pierre Hyacinthe Azaïs, philosophe français, 1766-1845], il me fit remarquer un amas assez considérable de matières végétales décomposées, sous lesquelles il avait placé un petit vase rempli d’eau distillée, et dans lequel il pensait que de petits animaux seraient créés de toutes pièces, par la seule action de la chaleur sur les éléments du liquide. Je ne me suis pas informé du résultat de l’expérience qui devait durer, je crois, une année ; mais malgré cela, je doute fortement que l’ingénieux auteur de l’Explication universelle ait obtenu le succès qu’il espérait. [M. de St.-Agy.] [Pierre-Hyacinthe Azaïs (né le 1er mars 1766 à Sorèze en France ; mort le 22 janvier 1845 à Paris), philosophe français à ne pas confondre avec son père du même nom (1743-1796) professeur de musique à Sorèze et Toulouse, compositeur de musique sacrée dans le style de Gossec – dont l’optimisme se fondait sur la théorie que l’expérience humaine est imprégnée d’un équilibre naturel et harmonieux entre la foi et la tristesse, et que c’est dans cet équilibre que réside le sens de la vie. Il prêcha sa théorie dans l’ouvrage qui lui apporta la renommée, Des compensations dans les destinées humaines (Paris : Garnery & Leblanc, 1809, 3 vol.) Dans un ouvrage suivant, SysteÌme universel (Paris : Garnery & Leblanc, 1809-1812, 8 vol.), il continua à développer sa théorie en la rapprochant de certains concepts cosmologiques. Au centre de son ouvrage se trouve la notion que toute expérience (passée, présente, et future) s’explique par l’interaction entre deux forces, l’expansion et la compression.]
12 S’il est vrai, comme M. Longchamp a annoncé il y a quelques jours l’avoir découvert que plusieurs métaux, le fer par exemple, soient de l’hydrogène combiné avec une base, l’opinion de Théophraste ne serait plus complètement inexacts. [Voir Longchamp, « Théorie des acides hydrogénés », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Academie des Sciences, Paris : Bachelier, 1835, p. 89]. [M. de St.-Agy.]
13 [Pentélique désigne une variété de marbre blanc ressemblant au marbre de Paros, mais plus dense et d’un grain plus fin, originaires du mont Pentélien dont les carrières apparemment inépuisables y furent exploitées sans interruption depuis l’antiquité. Le Parthénon, les Propylées, ainsi que d’autres monuments athéniens furent construits à partir de ce marbre blanc, et les célèbres sculptures connues sous le nom des marbres d’Elgin furent également sculptées dans ce marbre.]
14 [La Ligurie est la troisième plus petite région d’Italie, bordant la mer Ligure au nord-ouest de l’Italie. Cette région comprend les provinces de Gênes, Impéria, La Spezia et Savone.]
15 [Amiante, parfois appelé lin de pierre ou de terre, est une variété d’Asbestos à texture fibreuse.]
16 [« Lors d’un récent voyage d’exploration, le citoyen Lelièvre, membre du Conseil des Mines, fit la découverte d’une mine d’émeraudes, lesquelles sont tant abondantes qu’elles sont utilisées dans le pays pour paver les routes. On les trouve dans les environs de Limoges, mélangées au granit, souvent de forme irrégulière, et parfois cristallisées, mais leur couleur et leur transparence ne sont pas belles », (voir Mons (J. B. van), « (Découverte) De l’éméraude (en France) [extrait d’une lettre du citoyen Vauquelin au rédacteur] », Journal de Chimie et de Physique, ou Recueil périodique des découvertes dans les sciences chimiques et physiques, tant en France que chez l’étranger, vol. 2, 1802, p. 218 ; Nicholson (W.), « Discovery of the Emerald [7 articles extraits de la lettre du Cit. Vauquelin au Cit. Van Mons] », Journal of Natural Philosophy, Chemistry and the Arts, Scientific News, London, no 1, 1802, p. 238 ; Phillips (R.), « Varieties, literary and philosophical, including notices of works in hand, domestic and foreign », The Monthly Magazine or, British Register, vol. 29 (1), February 1810, p. 72).]
17 [Hyacinthe, aussi appelé Jacinthe, est une variété rouge, orange ou jaune de la pierre précieuse zirconium.]
18 [La rivière Achates en Sicile où l’agate fût probablement trouvée pour la première fois.]
19 [Pierre Arménienne ou pierre d’azur, nom donné par les anciens au lapis-lazuli, pierre précieuse de couleur bleu azur opaque.]
20 [Vert-de-gris, pigment toxique vert ou verdâtre provenant de l’action de l’acide acétique sur le cuivre, contenant un ou plusieurs acétates de cuivre.]
21 [La céruse aussi appelé blanc de plomb, est un pigment blanc à base de plomb utilisé dans les peintures destinées à un usage extérieur.]
22 [Roger Bacon, voir Leçon 23.]
23 [Euthydème d’Athènes, à ne pas confondre avec Euthydème (fl. à la fin du iiie siècle av. J.-C.), roi de Bactrie qui, en 208 av. J.-C., fut attaqué et plus tard vaincu par Antioche III (242-187 av. J.-C., près de Susa, Iran), roi de l’Empire Hellénistique syrien de 223 à 187 av. J.-C.]
24 [Cléarque de Sparte (mort en 401 av. J.-C.), officier de l’armée spartiate, reconnu pour son rôle de commandeur des Dix Mille (voir Leçon 6, notes 25, 28). Envoyé en 410 pour gouverner Byzance, il se rendit impopulaire par sa discipline stricte, et Alcibiade prit possession de la cité en 408 av. J.-C. Cléarque y revint plus tard et s’y imposa comme gouverneur, ce qui provoqua la colère des Spartes, lesquels le forcèrent à partir (403). Il chercha refuge chez Cyrus le Jeune de Perse, qui l’utilisa pour recruter, et plus tard commander, l’armée mercenaire grecque en soutien à la revendication au trône de Cyrus. Lors de la bataille de Cunaxa, Cléarque combattit férocement, mais l’armée de Cyrus fut vaincue. À l’issue de la bataille, il conduisit la retraite de l’armée grecque (les Dix Mille) mais, appelé par Tissapherne pour une conférence, il y fut traîtreusement assassiné. L’histoire de la retraite fut rendue célèbre par Xénophon.]
25 [Le nom Erésus ou Erésos, qui tient ses racines de la mythologie, est l’ancienne ville de Grèce où Théophraste naquit, mais nous n’avons pu identifier Phragas d’Erésus.]
26 [Praxagore de Cos, voir note 27 ci-dessous.]
27 [Hérophile (né c. 335 av. J.-C. à Chalcédon en Bithynie ; mort c. 280), médecin d’Alexandrie qui fut l’un des premiers médecins à pratiquer des dissections de cadavres humains ; souvent appelé le père de l’anatomie. Il fut l’auteur d’au moins neuf textes, dont un commentaire sur Hippocrate, un livre pour sages-femmes, et des traités sur l’anatomie et sur les causes de mort subite, tous perdus dans la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie (272 av. J.-C.). La contribution la plus importante qu’il apporta à la médicine clinique fut son développement de la théorie du pouls comme outil de diagnostic. Bien que le pouls soit mentionné de façon occasionnelle par d’anciens auteurs (par exemple Aristote dans son Historia animalium, livre 3, chapitre 19), c’est le professeur d’Hérophile, Praxagore (figure importante de la médicine dans la Grèce Antique, né sur l’Ile Grecque de Cos vers 340 av. J.-C.), qui fut le premier à limiter le pouls à un groupe distinct de vaisseaux particulier et à affirmer qu’il pouvait être utilisé comme indicateur de maladie. Hérophile rectifia l’enseignement de son maître sur plusieurs points, affirmant que le pouls n’est pas un élément faisant partie des artères, mais qu’il provient de l’activité cardiaque, et qu’il peut non seulement se distinguer quantitativement, mais également qualitativement, à partir de palpitations, tremblements et spasmes, qui sont d’origine musculaires.]
28 [Les plexus choroïdes sont un amas de vaisseaux sanguins capillaires situés dans les ventricules latéraux du cerveau, qui sécrètent environ soixante-dix pour cent du fluide céphalo-rachidien produit par le système nerveux central.]
29 [Calamus scriptorius, qui signifie stylo, sillon vertical médian du plancher du quatrième ventricule du cerveau, relié de chaque coté par les funiculi graciles, point de jonction ressemblant à la pointe d’un stylo.]
30 [Pressoir d’Hérophile, confluent des sinus du cerveau, aussi appelé torcular Herophili. Situé dans les méninges du cerveau, en regard de la protubérance occipitale interne, où les deux sinus transverses et autres sinus se rejoignent. La confluence des sinus veineux étaient censée exercer une pression sur la circulation (d’où le nom).]
31 [William Harvey, voir Leçon 16, note 26.]
32 [Pour Erasistrate, voir Leçon 7, note 38.]
33 C’est une erreur ; il [Erasistratus] était de Céos [dans la mer Égée]. [M. de St.-Agy.]
34 [Lucien] Leclerc [né en 1816] rejette cette opinion. V. son Histoire de la médecine [Paris : Ernest Ledoux, 1876], t. I, p. 293. [M. de St.-Agy.]
35 [Smyrne, ancienne ville grecque, aujourd’hui Izmir, dans l’ouest de la Turquie, est l’une des villes les plus anciennes du monde méditerranéen et fut le centre d’événements d’importance historique presque sans interruption pendant les 5 000 dernières années.]
36 [Séleucus I Nicator (né en 358/354 av. J.-C., à Europus en Macédoine ; mort en août/septembre 281 près de Lysimaque en Thrace), officier de l’armée macédonienne, fondateur du royaume de Séleucides. Dans les querelles qui suivirent la mort d’Alexandre le Grand, il devint, de gouverneur de Babylone, roi d’un empire s’étendant de la Syrie à l’Iran.]
37 [On raconte que lorsqu’Antioche I Soter (voir Leçon 1, note 19) tomba malade, pris de fièvre par la beauté de Stratonice, la jeune femme se son père. Celui-ci, sous les conseils du médecin Erasistrate, donna Stratonice à son fils, et l’investit du gouvernement d’Asie Majeure, lui donnant le titre de roi. À la mort de son père, Antioche succéda à la tête de l’ensemble de ses territoires, mais laissa la Macédoine à Antigone Gonate lorsqu’il épousa Phila, la fille de Séleucus et de Stratonice.]
38 [Hiéronyme Fabrice d’Aquapendente (Girolamo Fabrici, né le 20 mai 1537, à Acquapendente en Italie ; mort le 21 mai 619, à Padoue), chirurgien italien, anatomiste remarquable de la Renaissance qui contribua au développement de l’embryologie moderne. Dans son ouvrage De Venarum Ostiolis, publié à Padoue en 1603 par Laurenti Pasquati (voir pour cela l’édition française du De venarum ostiolis [traduction française de Ravaute Jean ; préface de Pariente Liliane], Paris : Louis Pariente, 1981, 1 vol.) Fabrice donna la première description des valvules semi-lunaires situées à l’intérieur des veines, ce qui permit plus tard à Harvey (voir Leçon 16, note 26) de défendre un point crucial dans sa thèse sur la circulation du sang (Elliott (J. H.), « De venarum ostiolis, 1603, of Hieronymus Fabricius of Aquapendente 1533 ? - 1619) : A review », Canadian Medical Association Journal, vol. 31 (1), 1934, pp. 83-84 ; The embryological treatises of Hieronymus Fabricius of Aquapendente. The Formation of the Egg and of the Chick [De Formatione Ovi et Pulli], The Formed Fetus [De Formato Foetu] [édition en facsimile avec introduction, commentaires et trad. en Anglais par Adelmann Howard Bernhardt], Ithaca ; New York : Cornell University Press, 1942, 376 p.)]
39 [Galien de Pergame, voir Leçon 16.]
40 [Mégasthènes (né c. 350 av. J.-C. ; mort c. 290), historien et diplomate de la Grèce Antique, auteur d’un récit sur l’Inde, l’Indica, en quatre volumes (Mégasthènes, Megasthenis indica/Fragmenta collegit commentationem et indices additit E[rwin] A[lexis] Schwanbeck, Amsterdam : Adolf M. Hakkert, 1966, X + 196 p.) Né en Ionie, il fut envoyé par le roi helléniste Séleucus I en ambassade auprès du roi Chandragupta Maurya (ou Sandrocottos). Mégasthènes assembla de nombreuses informations sur l’Inde et écrivit un livre (qui fut perdu), dont de nombreux extraits furent conservés dans les écrits de Strabon, Arrien, et Diodore. Bien que crédule et inexact, il donna la représentation la plus complète de l’Inde telle qu’elle était alors connue par le monde grec (Bosworth (A. B.), « The historical setting of Megasthenes’ Indica ». Classical Philology, vol. 91, no 2, 1996, pp. 113-127).]
41 [Sandrocottos ou Chandragupta, voir note 40 ci-dessus.]
42 [Flavius Josèphe, nom d’origine Joseph Ben Matthias (né en 37/38 à Jérusalem ; mort c. 100 à Rome), prêtre juif, érudit, historien, connu pour sa recherche sur la révolte juive de 66-70 et sur l’histoire juive ancienne. Ses ouvrages les plus importants sont L’Histoire de la Guerre des Juifs (75-79), Les Antiquités Judaïques (93), et Contre Apion (voir les éditions suivantes : Josèphe (Flavius), Guerre des Juifs 1, Livre I [texte établi et trad. par Pelletier André], Paris : Les Belles Lettres, 2003, 220 p. ; Les Antiquités juives. Volume IV, Livres VIII et IX [établissement du texte, traduction et notes par Nodet Étienne], Paris : Éditions du Cerf, 2005, LXXXII + 208 p. ; Contre Apion [éd. de Reinach Théodore ; trad. du Grec ancien par Blum Léon], Paris : Les Belles Lettres, 2003, XXXIX + 243 p.)]
43 [Athénée (fl. c. 200 ap. J.-C. ; né à Naucratis en Égypte), grammairien grec et auteur de Deipnosophistai (« Le Banquet des Sophistes »), ouvrage présenté sous la forme d’un banquet réunissant un certain nombre d’hommes érudits dont certains portent le nom de personnes réelles, telle que Galun, lesquels discutent de gastronomie et autres sujets (Athénée de Naucratis, Les Deipnosophistes. Livres I et II [texte établi et traduit par Desrousseaux Alexandre-Marie ; avec le concours de Astruc Charles], Paris : Les Belles Lettres, 1956, LXXIII + 206 p.) Cet ouvrage est composé de quinze livres, dont dix ont survécu dans leur intégralité, les autres sous forme de résumé. La valeur de cet ouvrage réside en partie dans le grand nombre de citations d’œuvres perdues de l’antiquité qu’il permet ainsi de sauvegarder, avec environ huit cent auteurs cités, ainsi que pour la diversité des informations inhabituelles qu’il décrit sur tous les aspects de la vie lors de l’antiquité Gréco-Romaine.]
44 [L’ours Malais ou bruan, Ursus malayanus, est une espèce de petit ours noir, à la fourrure rase montrant un collier blanc sur la gorge, des lèvres protubérantes, et une longue langue, capable d’apprendre un certain nombre de tours amusants en captivité.]
45 [Ptolémée III Evergètes (fl. 246-221 B. C.), pharaon d’Égypte macédonien, fils de Ptolémée II ; il unifia l’Égypte et le royaume de Cyrène, et il entreprit avec succès la troisième guerre de Syrie contre le royaume Séleucide.]
46 [Ptolémée IV Philopator (c. 238-205 av. J.-C.), pharaon macédonien d’Égypte (au pouvoir de 221 à 205 av. J.-C.), sous le règne duquel, largement influencé par ses ministres, la plus grande partie de la Syrie Ptolémaïque fut perdue, et des insurrections du peuple commencèrent à troubler la stabilité intérieure de l’Égypte.]
47 [Ptolémée V Épiphane (c. 210-180 av. J.-C.), pharaon macédonien d’Égypte à partir de 205 av. J.-C. sous le règne duquel le Cœlé-Syrie et la plus grande partie des autres possessions étrangères d’Égypte furent perdues.]
48 [Marc Émile Lépide (mort en 152 av. J.-C.), homme d’état romain qui fut à la tête des plus hauts postes de la république. Alors qu’il était ambassadeur en Grèce, en Syrie, et en Égypte, il posa en l’an 200 un ultimatum à Philippe V, sommant la Macédoine de ne déclarer la guerre à aucun état grec. Consul en 187 et en 175, censeur en 179, pontifex maximus (haut prêtre romain) à partir de l’an 180, et Premier du Sénat (princeps senatus) de 179 à 152, Lépide combattit les Ligures, dirigea la construction de la Voie Emilienne entre Rimini et Plaisance, et conduisit les colonies à Modène et Parme. La région du nord de l’Italie appelée l’Emilie préserve ainsi son nom.]
49 [Aristomène d’Acarnanie, gouverneur d’Égypte sous Ptolémée V, condamné à mort en 192 av. J.-C. L’Acarnanie était une région de la Grèce Antique occidentale délimitée par la mer Ionienne, le Golfe Ambracique, le mont Thyamus, et le fleuve Achéloos.]
50 [PtoléméeVI Philométor (fl. c. 180-145 av. J.-C.), pharaon égyptien sous le règne duquel une invasion du Cœlé-Syrie donna lieu à l’occupation de l’Égypte par les Séleucides. Après l’intervention romaine et plusieurs tentatives de co-gouvernement avec son frère, Ptolémée réussit à regrouper son royaume.]
51 [Ptolémée Lagos ou Ptolemée I Sôter, fondateur de la dynastie Ptolémaïque ; voir Leçon 7, note 18.]
52 [Conon de Samos (fl. c. 245 av. J.-C., Alexandrie), était un mathématicien et astronome grec dont la recherche sur les sections coniques (courbes planes algébriques) servit de base pour le quatrième livre de l’œuvre d’Apollonius de Perga, Les Eléments des Coniques. (c. 262-190 av. J.-C.) (voir Apollonius de Perge, Coniques. Tome 2.3, Livres II et IV [texte Grec et Arabe établi, trad. et commenté sous la direction de Rashed Roshdi ; éd. et trad. du texte Grec par Decorps-Foulquier Micheline et Federspiel Michel], Berlin ; New York : W. de Gruyter, 2010, XXX + 506 p.)]
53 [Hipparque de Rhodes, (né en 190 av. J.-C., à Nicée en Bithynie ; mort en 120 av. J.-C., probablement à Rhodes), était un astronome et mathématicien grec qui découvrit la précession des équinoxes, calcula la durée de l’année avec une marge d’erreur de six minutes et demie, réalisa la compilation d’un catalogue d’étoiles, et formula les premières tables de trigonométrie (Hipparque, The geographical fragments of Hipparchus [éd. avec introduction et commentaires de Dicks D. R.], Londres : University of London ; Athlone Press, 1960, XI + 214 p. ; Grasshoff(Gerd), The history of Ptolemy’s star catalogue, New York : Springer-Verlag, 1990, ix + 347 p.)]
54 [Aratus ou Aratos de Soles en Cilicie (fl. c. 315-c. 245 av. J.-C., Macédoine), poète grec connu pour son poème sur l’astronomie, Les PhénomeÌnes (Aratus, PhénomeÌnes [texte établi, trad. en Français et comment. par Martin Jean], Paris : Les Belles Lettres, 1998, 2 vol. (Série grecque ; 389-390)). Il vécut à la cour d’Antigone II Gonatas, roi de Macédoine, ainsi qu’à celle d’Antioche I de Syrie. De ses œuvres, seul Les Phénomènes, poème didactique en hexamètre, est parvenu jusqu’à nous. Les vers 1 à 757 reflètent la recherche en astronomie d’Eudoxe de Cnide (c. 390-c. 340), et les vers de 758 à 1154 traitent des signes météorologiques et présentent de nombreuses similitudes au texte de Théophraste De signis tempestatum. Les PhénomeÌnes devint immédiatement populaire et provoqua de nombreux commentaires, dont les plus importants, et lesquels sont parvenus jusqu’à nous, furent ceux d’Hipparque (c. 150 av. J.-C.). La forme du poème Les PhénomeÌnes appartient à l’école d’Alexandrie, mais le stoïcisme de l’auteur y ajoute une note sérieuse. Il jouit d’une grande réputation parmi les romains. Cicéron, César Germanicus, et Avienus le traduisirent ; les versions de Germanicus et d’Avienus existent toujours dans leur totalité, ainsi que des extraits de la version de Cicéron. Un des vers dans l’invocation d’ouverture à Zeus fut rendu célèbre après qu’il fut cité par St Paul (Actes, 17 : 28).]
55 [Ptolémée VII Néos Philopator (mort en 144 av. J.-C.), fils cadet de Ptolémée VI Philométor, roi d’Égypte macédonien, auquel il succéda en 145 av. J.-C. alors qu’il était encore mineur ; il gouverna sous la tutelle de sa mère, et fut rapidement renversé par son oncle, Ptolémée VIII, qui l’exécuta l’année suivante.]
56 [Le nom Physcon (en grec, « le ventru ») est attribué ici à tort – ce surnom appartient en fait à Ptolémée VIII Evergète II.]
57 [Eumène II (mort en 160/159 av. J.-C.), fut roi de Pergame de 197 jusqu’à sa mort. Brillant homme d’état, il fit de sa cité une grande puissance. Il apporta à Pergame plus que tout autre homme d’état qui y régna et en fit un grand centre de la culture hellénistique en Asie Mineure.]
58 [Eumène I (mort en 241 av. J.-C.), fut souverain de Pergame de 263 à 241. En 262, il libéra sa cité des Séleucides, dynastie fondée en Syrie par l’un des successeurs d’Alexandre le Grand. Eumène succéda à son oncle Philétaire en 263 et l’année suivante, il vaincu l’armée du roi Séleucide Antioche I près de Sardes (capitale de Lydie), établissant ainsi l’indépendance de la cité.]
59 [Ptolémée IX Sôter II, surnommé Lathyre (en grec : « pois chiche ») (fl. iie et ie siècle av. J.-C.), roi d’Égypte macédonien (il régna de 116 à 110, de 109 à 107 et de 88 à 81 av. J.-C.) qui, après avoir gouverné sur Chypre et l’Égypte avec son frère Ptolémée X Alexandre Ier et sa mère, Cléopâtre III, veuve de Ptolémée VIII Evergète II, obtint la gouvernance unique du pays en 88 et essaya de protéger l’Égypte de l’influence romaine tout en développant le commerce avec l’Asie Mineure.]
60 [Agatharchide de Cnide (fl. iie siècle av. J.-C.), était un historien et géographe grec qui écrivit une description de ses voyages à la mer Rouge, information qui nous est parvenue grâce aux écrits de Strabon (voir Leçon 12, note 29) (voir Vincent (William), The commerce and navigation of the ancients in the Indian Ocean, Londres : T. Cadell & W. Davies, 1807, 2 vol. ; Strabon, Géographie. Tome IV, Livre VII/Strabon [texte établi et traduit par Baladié Raoul], Paris : Les Belles Lettres, 2003, VIII + 335 p.)]
61 [Ptolémée X Alexandre (mort en 88 av. J.-C.), roi d’Égypte (il régna de 107 à 88 av. J.-C.) qui, sous la tutelle de sa mère Cléopâtre III, gouverna l’Égypte en alternance avec son frère Ptolémée IX Soter II. Vers 105, il participa à une guerre civile dans le royaume Séleucide en Syrie.]
62 [Les Romains pensaient que la girafe – Giraffa camelopardalis, mammifère ongulé artiodactyle et ruminant qui, avec l’okapi, constitue la famille des Giraffidae (de l’ordre Artiodactyla) – résultait de l’union entre un chameau et un léopard, d’où le nom « camelopardalis » (« chameau tacheté »).]
63 [Crocotta ou Crocuta, genre auquel appartient la hyène tâchetée ou rieuse (crocuta crocuta), est l’une des trois espèces de carnivores ressemblant à un gros chien à la fourrure épaisse de la famille des Hyaenidae, que l’on trouve en Asie et en Afrique, connue comme charognard. La hyène tâchetée est la plus grande et la moins farouche des hyènes. Lorsque la nourriture manque, elle n’hésite pas à attaquer des humains dans leur sommeil ou à enlever de jeunes enfants.]
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