Préface
p. 17-24
Texte intégral
1La seconde moitié des années 1820 fut une période difficile pour Cuvier. Déjà en 1826, Stendhal, le grand romancier français, rapportait dans ses chroniques mondaines parisiennes —écrites pour un public anglais— que Étienne Geoffroy Saint-Hilaire commençait à devenir un formidable rival pour son collègue, le célèbre secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences1. À la même époque, le rôle de Cuvier en tant que membre influent et, à plusieurs reprises, président du conseil d’État (l’organe dirigeant du pays) ne le rendit pas populaire non plus auprès de l’opposition politique libérale. Par exemple, la Loi sur le sacrilège adoptée au début de janvier 1825 à l’Assemblée (dominée par les ultra-royalistes) était jugée excessive, même par les fervents catholiques royalistes, comme René de Chateaubriand. Des protestants parmi les hommes politiques, à l’instar de Benjamin Constant (1767-1830), s’y opposaient. Cuvier ne le fit pas, et n’était probablement pas en mesure de le faire. En tant que haut fonctionnaire et politicien de renom, Cuvier ne pouvait que représenter le point de vue du gouvernement et de la Cour : il prit ainsi la parole à maintes reprises pour défendre une législation violemment attaquée par les libéraux et par les royalistes modérés. Dans son propre cercle de fréquentation, des convives régulièrement invités à ses soirées, et même d’ambitieux membres de sa famille alimentaient les rumeurs sur le caractère inacceptable de l’attitude politique adoptée par le grand naturaliste et anatomiste. Sutton Sharpe (1797-1843), un avocat qui fréquentait la belle-fille de Cuvier Sophie Duvaucel (1789-1867), s’exprimait publiquement sur les conséquences négatives qu’entraînaient les discours pro-gouvernementaux de Cuvier2.
2La controverse politique s’immisça également dans les discussions scientifiques. Geoffroy Saint-Hilaire fut particulièrement engagé durant la seconde moitié des années 1820 dans des attaques et des insinuations systématiques contre Cuvier, qu’il accusait régulièrement de mettre en avant ses ambitions politiques au détriment du progrès de la connaissance. Cuvier, comme on peut s’en douter, riposta aux attaques du tac au tac. Geoffroy continua à répéter que ce dernier avait renoncé à la science et que son histoire naturelle des poissons était en réalité le fruit du travail de son disciple, Achille Valenciennes (1794-1865). Il s’agissait de beaux volumes richement illustrés et dispendieux, indiquait, soupçonneux, le naturaliste et homme politique François-Vincent Raspail (1794-1878). L’infortuné et irascible Antoine Desmoulins (1794-1828), un brillant collaborateur de François Magendie (1763-1855), dénonçait ouvertement l’absentéisme du professeur Cuvier : tout le monde savait, clamait-il, que ses assistants assumaient la grande majorité de ses charges de cours. Desmoulins fit même appel au Parlement pour faire annuler l’interdiction que Cuvier lui avait faite de consulter les collections du Muséum : elles étaient la propriété de la Nation, avait-il protesté, et non celle du Baron Cuvier3. La tension politique grandissante qui atteignit finalement son point culminant avec la Révolution des Trois Glorieuses en juillet 1830 coûta cher à la réputation de Cuvier. Comme de nombreux dignitaires du régime de la Restauration, Cuvier survécut néanmoins à la Révolution, en dépit des attaques lancées contre sa personne et de l’état déplorable des institutions (aux yeux de ses critiques) avec lesquelles son nom était associé, en particulier le Muséum national d’Histoire naturelle4.
3Au niveau scientifique, la contre-attaque qu’il mena à l’égard de Geoffroy Saint-Hilaire, les tous premiers mois de 1830, lors du célèbre débat sur l’unité de la composition, montra aux naturalistes et au public cultivé lequel des deux hommes restait un maître en rhétorique et dans l’art du détail. Dans son Règne animal, Cuvier avait établi l’existence de quatre principaux plans structurels des animaux, ses fameux « embranchements ». Dans les années 1810, Geoffroy s’efforça de prouver que tous les vertébrés étaient composés d’organes et de segments ostéologiques identiques, disposés de manière variée et modifiés pour s’adapter aux variétés infinies des conditions dans lesquelles les organismes évoluaient. Il entreprit également une recherche embryologique visant à démontrer qu’au stade fœtal, l’unité des vertébrés était plus visible encore : les fœtus d’oiseaux, par exemple, montraient des traces de dents, avant que le bec ne prenne leur place en se développant. Cuvier salua cette confirmation apportée à ses propres vues. Mais dans les années 1820, redoublant d’audace, Geoffroy suggéra que les vertèbres, les unités de base de l’ostéologie vertébrée, étaient, en fait, également présentes chez les invertébrés. Les crabes, par exemple, possédaient des vertèbres qui étaient devenues une carapace articulée : les animaux vivaient ainsi à l’intérieur de leur squelette. Ils n’appartenaient pas à un « embranchement » ontologiquement distinct, mais révélaient au contraire des caractéristiques communes partagées par les types structuraux que Cuvier avait déclarés irrémédiablement distincts. Selon Geoffroy, il était désormais possible de spéculer par analogie que tous les animaux étaient formés sur un plan unique, une hypothèse déjà suggérée par Buffon, mais immédiatement réfutée5. « L’anatomie philosophique » de Geoffroy eut désormais pour rôle de prouver cette découverte majeure. Les disciples de Geoffroy annoncèrent dans la presse, peu modestement, que si l’Angleterre avait son Newton, l’Allemagne son Kepler, la France pouvait, dorénavant, se vanter d’avoir Geoffroy Saint-Hilaire.
4Durant la controverse de 1830, et jusqu’à la mort de Cuvier en mai 1832, le style de Geoffroy —« le style d’un cuisinier » ainsi que Cuvier le dépeignait dédaigneusement— ne put s’imposer devant la puissance d’esprit et de parole d’un rival qui avait fasciné son auditoire pendant près de trente ans. Cuvier mit systématiquement au défi son collègue de prendre en compte la dure réalité de l’observation avant de se lancer dans des envolées poétiques ou des généralisations hâtives. Comme il arrive souvent, ceux qui admiraient Cuvier se laissaient aller vers ce penchant, tandis que ceux qui prenaient partie pour Geoffroy, comme Wolfgang Goethe, Antoine Étienne Renaud Augustin Serres (1786-1868), Jean-Baptiste-Geneviève-Marcelin Bory de Saint-Vincent (1778-1846) et plusieurs jeunes naturalistes plus radicaux6, louaient la supériorité de sa profondeur philosophique.
5Peu de temps après son dernier affrontement public, la famille Cuvier fut frappée par une tragédie. À la fin de l’été 1827, Clémentine (née en 1805), la fille adorée de son père anatomiste, décéda quelques jours avant son mariage. Cuvier fut dévasté. Pendant deux mois, il n’assista pas aux séances du comité d’Éducation publique dont il était responsable et ferma toute une année le salon mondain qu’il tenait chez lui, perdant ainsi une source d’influence et un lieu d’informations utiles à un moment très délicat de sa carrière et pour les gouvernements ultra-royalistes au pouvoir. Son retour offensif ne datait pas cependant de sa confrontation frontale avec Geoffroy Saint-Hilaire. Il remontait à la première leçon qu’il avait donnée au Collège de France, le 15 décembre 1829, sur l’histoire des sciences naturelles. Le public cultivé et la presse avaient été dithyrambiques, même ceux qui avaient critiqué Cuvier. Le 3 janvier 1830, dans son premier numéro, le journal Le National comportait une petite annonce qui complète les notices de presse déjà citées par les responsables de la présente édition du dernier travail de Cuvier :
Depuis dix ans, M. Cuvier n’avait fait aucune leçon publique. Les amis de la science voyaient avec peine ce savant, distrait par des fonctions et de devoirs d’autre genre, abandonner chaque année son enseignement à des suppléants. La célébrité du professeur et le sujet des leçons de cette année font de ce cours un objet d’intérêt général. On s’empresse pour voir et entendre le grand naturaliste, qui a attaché son nom à une science toute entière, qui a fait l’histoire d’un monde, détruit d’après quelques débris restés comme échantillons, dont les idées géologiques et anatomiques ont tant de fois occupé l’Europe savante”.7
6Le cadre de ces conférences était devenu un événement politique et social majeur au printemps 1828, un an avant que Cuvier ne se jette dans la mêlée. Selon Stendhal, qui avait décrit avec perspicacité l’atmosphère entourant ces événements, des éditeurs payaient des sténographes pour transcrire chaque leçon, qui se trouvait par la suite rapidement publiée8. Cela avait été rendu possible par l’inauguration en janvier 1828 d’un nouveau gouvernement, placé sous la ferme direction politique du royaliste modéré le Vicomte de Martignac (1788-1832). La censure avait été atténuée et les condamnés au silence se voyaient de nouveau accorder la parole. Les chercheurs et les politiciens qui s’étaient vus jusque-là bannis des cercles d’apparitions publiques firent alors figures de héros aux yeux de l’opposition grandissante que suscitaient les politiques de la droite ultra. Jeune philosophe et puissant orateur, Victor Cousin (1792-1867) avait la faveur du public ; il s’attachait alors à retracer le développement de l’esprit occidental dans une philosophie éclectique qu’il envisageait comme une conciliation entre les traditions françaises et allemandes, entre sensualisme et métaphysique. François Villemain (1790-1870) était un autre intellectuel à succès, qui avait perdu ses fonctions politiques pour avoir été jugé trop libéral. Il donnait désormais des conférences sur l’histoire de la littérature française qui furent immédiatement publiées sous la forme d’épisodes, puis en volumes (Cours de la littérature française, 5 volumes, 1828-1829). Le futur premier ministre, un intellectuel protestant de premier ordre, François Guizot (1787-1874), qui avait été, lui aussi, une victime des ultra-royalistes, avait retrouvé sa Chaire à la Sorbonne sous le ministère Martignac et son siège au Conseil d’État. Le cours qu’il donna à la même époque, Histoire de la civilisation en Europe, fut également imprimé rapidement et devint un classique de l’historiographie française.
7À la fin des années 1820, les conférences aux thématiques historiques devinrent très populaires. Trouver une place libre était difficile et celles près de l’orateur se vendaient à prix d’or. L’Histoire fournissait un certain sens de la continuité rassurant : en insérant la discussion autour des changements dramatiques dans un cadre narratif ayant le long terme pour toile de fond, l’histoire contribuait à guérir les traumatismes de la Révolution —qui faisait, en soi, l’objet d’un examen historique intense et méticuleux. Cuvier avait probablement l’ambition de montrer qu’il était capable de rivaliser avec les vedettes libérales de 1828, qu’il voulait revendiquer son droit à l’histoire et donc à la propriété intellectuelle d’un champ de recherche qui l’avait rendu célèbre. L’histoire des sciences naturelles méritait d’occuper une place de choix aux côtés de l’histoire de la littérature, de la philosophie et de la nation : elle méritait un statut d’égal à égal auprès des élites culturelles. Il prit publiquement position, là où le public se trouvait, dans les amphithéâtres.
8L’histoire des disciplines scientifiques n’était pas absente de la scène intellectuelle française et européenne, ainsi que Theodore W. Pietsch nous le rappelle dans son introduction à la présente édition. Cela dit, le lectorat cultivé français de l’époque savait que bien peu de Français pouvaient rivaliser avec les productions des chercheurs allemands. Le grand botaniste Kurt Sprengler (1766-1833), admiré par Charles Darwin pour son étude sur la relation entre les insectes et les fleurs, avait par exemple écrit un volumineux Versuch einer pragmatischen Geschichte der Arzneikunde (1800-1803), dûment traduit en français et paru en plusieurs volumes, intitulé « Histoire de la médecine »9. Cette recherche, une intéressante lecture aujourd’hui encore, situait les théories médicales et particulièrement les pratiques médicales dans leurs contextes historiques, tableaux à l’appui détaillant leurs principaux contextes dynastiques, religieux ou intellectuels. Le zoologiste Johann Baptiste von Spix (1781-1826) était l’auteur d’une histoire très érudite de la zoologie, qui dévoilait, comme Sprengler l’avait fait, la maîtrise allemande d’une vaste littérature couvrant le vieux continent dans son intégralité, ainsi qu’une masse de récits d’exploration portant sur le monde entier. Des histoires de la médecine, de la botanique, de la zoologie et de la chimie étaient publiées en grand nombre dans les pays germanophones.
9En France, de jeunes naturalistes libéraux et des philosophes promouvaient la culture scientifique allemande sous forme de critique implicite du statu quo français : les institutions hexagonales, fières de leur pouvoir monopolistique, ne parvenaient pas à égaler la puissance de production des universités, de la presse et de l’édition allemandes.
10D’importants manuels allemands de sciences naturelles ainsi que des monographies étaient traduits en français et vendus dans le monde entier, en Angleterre en particulier. Du point de vue de Hippolyte Royer Collard (1802-1850), neveu de Pierre-Paul Royer Collard, célèbre figure de proue politique des « Doctrinaires », même Geoffroy aurait dû se montrer plus généreux en reconnaissant la priorité et la supériorité des sciences naturelles « philosophiques » allemandes10.
11L’attitude pro-allemande de la jeune génération de naturalistes et de sympathisants de la philosophie allemande de la nature ajoutait de l’intérêt aux conférences de Cuvier. Après tout, dans un article largement lu qu’il écrivit en 1825 dans le Dictionnaire des sciences naturelles édité par ses soins, il avait dénoncé le dangereux panthéisme de la Naturphilosophie, des théories allemandes de la récapitulation organique et la pénétration de ces doctrines en France sous la plume de Geoffroy, de Serres et de leurs acolytes dans la presse11. Ainsi, même les sympathisants pro-allemands étaient impatients d’entendre ce que Cuvier avait dire depuis sa Chaire du Collège, qu’il avait désertée depuis si longtemps.
12Les amis comme les ennemis de Cuvier s’accordaient à dire que le naturaliste avait réussi à rappeler à son audience sur quels fondements reposait sa renommée. Même le journal pro-allemand Le Globe avait prêté attention à ses conférences et publié des résumés détaillés. Les commentateurs passés et contemporains ont largement mentionné les talents oratoires reconnus de Cuvier. On peut facilement imaginer comment Cuvier appliquait, pour préparer ses conférences, les méthodes de travail si parfaitement décrites par Philippe Taquet, ses assistants s’afférant à rassembler pour lui ses livres et ses sources soigneusement arrangés sur des tables. Bien que l’examen critique des volumes de l’Histoire des sciences naturelles n’ait jamais été tenté, on peut supposer qu’une vaste littérature historique, d’Allemagne en particulier, avait pénétré ses outils de collectes de données et rempli ses notes comme ses prestations orales. Sa mémoire exceptionnelle et ses talents littéraires tout aussi exceptionnels lui permirent d’enchaîner conférences après conférences, jusqu’à la dernière qu’il donna le 8 mai 1832, quelques jours avant sa mort et qui fut probablement consacrée aux sciences naturelles allemandes et à la Naturphilosophie.
13Le professeur Pietsch a déjà abordé l’histoire du travail et du rôle que T. Magdeleine de Saint-Agy a joué dans la préservation écrite de la mémoire de cet événement. L’éditeur autoproclamé des conférences de Cuvier se targuait d’avoir obtenu la permission de Cuvier en personne pour aller en ce sens et les publier ; cela semble véridique, malgré les dénégations contemporaines. Magdeleine de Saint-Agy a commencé en 1830 à vendre des épisodes par le biais d’abonnements, par petits paquets de conférences à la fois comme cela se faisait à l’époque chez la plupart des éditeurs. Selon la Bibliographie de la France, même la dernière conférence donnée le 8 mai 1832 fut mise en vente. Par la suite, une autre source bibliographique avançait que les ventes par abonnements continuèrent jusqu’en 1833. Un premier volume rassemblant les premiers abonnements apparut en 183112. Nous ignorons pour quelle raison Magdeleine de Saint-Agy ou son éditeur stoppa la publication sous forme de volume. Il est possible que les lecteurs ayant déjà souscrits aux abonnements n’aient pas voulu acheter une collection reliée plus onéreuse. Le tome 1 fut réédité en 1841, avec un nouveau titre pour seule différence par rapport à l’édition de 1831. Quatre autres tomes suivirent jusqu’en 1845.
14De 1839 à 1841, l’ennemi juré de Cuvier, Henri Marie Ducrotay de Blainville (1777-1850) fit une série de conférences à la Sorbonne sur l’Histoire des sciences de l’organisation, lesquelles seront publiées en 1845 (3 volumes), après avoir été presque entièrement réécrites par l’Abbé François-Louis-Michel Maupied (1814-1898). Dans la section VII du volume 3, De Blainville traitant des dernières conférences de 1841, ne mâchait pas ses mots pour critiquer son défunt collègue, qu’il décrivait comme un homme éclectique qui se perdait dans des détails : le véritable naturaliste de premier ordre des trois premières décennies du siècle avait été Lamarck, et non Cuvier. Il est ainsi possible de formuler l’hypothèse que les conférences publiques de Blainville données en 1841 aient fourni la publicité nécessaire pour publier de nouveau et actualiser la propre version de l’histoire des sciences naturelles de Cuvier, rétablissant ainsi son « vrai » rôle dans ce domaine.
15Le dernier volume, le cinquième, était sous-titré « Complémentaire », tandis que dans le titre Magdeleine de Saint-Agy était clairement mentionné comme l’auteur ayant complété l’œuvre. Dans le volume 1 (1831), il n’était désigné que comme éditeur et compilateur ; dans la réédition de 1841 et dans les volumes 2, 3 et 4, on lui attribuait également la paternité de l’œuvre, quoiqu’à côté de son travail d’édition et de collecte d’information. Par conséquent, seul le volume 5 indiquait clairement que l’éditeur était devenu intégralement auteur. De façon appropriée, le dernier volume contenait de fréquentes références aux événements des années 1830 et du début des années 1840. Le message aux lecteurs potentiels était ainsi sans équivoque : la nouvelle version de l’Histoire de Cuvier valait la peine d’être achetée, puisque l’histoire avait été mise à jour jusqu’au début des années 1840.
16Nous ne savons pas avec quelle liberté Magdeleine de Saint-Agy traita ses propres notes originales et dans quelle mesure elles furent fidèles aux conférences données, même si les épisodes parurent au moment où le souvenir de ces Leçons était encore vif : il y eut sûrement une limite à la libre interpolation. Cependant, l’analyse textuelle qui promet d’être difficile pour retrouver les sources de Cuvier et de Magdeleine de Saint-Agy n’a pas encore été entreprise, ni la comparaison entre les récits parus dans la presse et le premier volume des épisodes. À l’âge de Gallica, Google Books, des archives internet et de la Bibliothèque de biodiversité, il est à espérer qu’une entreprise érudite de récolement des sources pourra être tentée. D’autres manuscrits de Cuvier pourront peut-être remonter à la surface, des épisodes originaux être repérés en bibliothèques, et, espérons-le, plus d’informations sur Magdeleine de Saint-Agy émergeront. Les lecteurs attentifs auront encore de nombreuses questions en suspens à la lecture de cet impressionnant travail, néanmoins largement insaisissable13.
Notes de bas de page
1 Anonym [Stendhal], « Sketches of Parisian Society », The New Monthly Magazine, no 16, daté du 20 mai 1826, p. 8. Stendhal surnommait Cuvier « Mammouth ». Outram (Dorinda), Georges Cuvier. Vocation, Science and Authority in Post-Revolutionary France, Manchester : Manchester University Press, 1984, VIII + 299 p. a été la première historienne à porter attention aux négociations permanentes de Cuvier en vue de maintenir sa position de leardership politique et scientifique. Le second volume de la biographie de Cuvier par Philippe Taquet ajoutera des dimensions importantes à notre compréhension de la vie privée de Cuvier comme de sa carrière publique (le volume 1, Georges Cuvier : naissance d’un génie, a été publié en 2006 à Paris chez Odile Jacob.)
2 Gunnell (Doris), Sutton Sharpe et ses amis français. Avec des lettres inédites, Paris : Librairie Ancienne Honoré Champion, 1925, vii + 261 p. (Revue de littérature comparée. Bibliothèque ; 26). Orr (M.), « Keeping in the family : the extraordinary case of Cuvier’s daughters », in Burek (Cynthia V.) & Higgs (Bettie) (sous la dir.), The Role of Women in the History of Geology, Londres : The Geological Society, 2007, pp. 277-287 (Geological Society special publication ; 281). Stendhal, The Life of Henry Brulard [éd. et tr. par Stewart Jean & Knight B. C. J. G.], Londres : [s. n.], 1958, p. 180.
3 Desmoulins (Antoine), Histoire naturelle des races humaines, Paris : Méquignon-Marvis, 1826, pp. viii-xxxiv et Pétition adressée à la Chambre des Pairs contre le Bon Cuvier, en sa qualité de professeur administrateur du Muséum d’histoire naturelle, Rouen : C. Bloquet, 1827, 16 p., in-8°. Raspail (François-Vincent), « Côteries scientifiques », Annales des sciences d’observation, vol. 3, 1830, pp. 151-159, p. 157 ; Sur les attaques répétées de Geoffroy Saint-Hilaire contre Cuvier, voir Corsi (Pietro), Lamarck et les sciences naturelles de son temps, Paris : CNRS Éditions, 2001, ch. VIII.
4 Appel (Toby), The Cuvier-Geoffrey Debate : French Biology in the Decades before Darwin, Oxford : Oxford University Press, 1987, 305 p.
5 Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), « Buffon », Encyclopédie nouvelle, vol. 2, 1837, pp. 105-111.
6 Reynaud (J.), « Geoffroy Saint-Hilaire », in Sarrut (Germain) & Bourg (Edme-Théodore) (sous la dir.), Biographie des hommes du jour : industriels, conseillers d’État, artistes, chambellans, députés, prêtres, militaires, écrivains, rois, diplomates, pairs, gens de justice, princes, espions fameux, savans. tome II, 2e partie, Paris : Krabbe, 1836, p. 404 : « M. Cuvier est une gloire qui s’en va, M. Geoffroy une gloire qui vient ».
7 [Anonyme], « Cours de M. Cuvier au Collège de France. Histoire des sciences naturelle », Le National, no 1, 3 janvier 1830, p. 1.
8 Anonyme [Stendhal], « Sketches of Parisian Society », The New Monthly Magazine, no 22, daté du 22 mai 1828, pp. 580-583.
9 Sprengel (Kurt Polycarp Joachim), Essai d’une histoire pragmatique de la médecine [nlle éd., tr. par Geiger Charles-Frédéric], Paris : Imprimerie impériale, 1809-1810, 2 vol. (xxxii + 578 ; xx + 630 p.), ill., in-8°, Histoire de la médecine depuis son origine jusqu’au dix-neuvième siècle, Paris : Déterville, 1815-1820, 9 vol., in-8°. Spix (Johann Baptist von), Geschichte und Beurtheilung aller Systeme in der Zoologie : nach ihrer Entwiklungsfolge von Aristoteles bis auf die gegenwärtige Zeit, Nuremberg : Milbradt, 1811, xxvi + 710 p., in-8°.
10 Royer-Collard (Hippolyte), « De l’état actuel de la physiologie », Revue française, no 3, 1828, pp. 28-66, et « Considérations sur le développement du foetus humain », Revue française, no 5, 1828, pp. 77-119. »
11 Cuvier (Georges), « Nature », Dictionnaire des sciences naturelles, vol. 34, 1825, pp. 261-268.
12 Cercle de la librairie, Bibliographie de la France ou Journal général de l’Imprimerie et de la Librairie, Paris : Pillet, vol. 21, 1832, pp. 148, 308, 310. Louandre (Charles) & Bourguelot (Félix), Littérature française contemporaine, tome troisième, [Chrz-Fu] : 1827-1844, Paris : F. Daguin, 1848, p. 123 : les conférences « avaient été déjà publiées par livraisons de 1830 à 1833 ».
13 Magdeleine de Saint-Agy (T.), « Buffon », in Martin (Charles), Leçons analytiques de littérature et de style... par une Société de littérateurs et de grammairiens, Paris : F. G. Levrault, 1838, vol. 2, pp. 169-192, est sa seule autre publication, à ma connaissance, outre son Histoire.
Auteur
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Michel-Eugène Chevreul
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