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Analyse scientifique & philosophique du concept d’extinction

p. 351


Texte intégral

1S’il est une science des extinctions d’espèce par nature, il s’agit sans conteste de la paléontologie. La science qui décrit et explique les fossiles, c’est-à-dire les restes d’espèces éteintes dans la grande majorité des cas. La science grâce à laquelle Palissy eut l’intuition des espèces perdues, qui permit à Cuvier de démontrer l’extinction définitive d’une espèce, ou encore, la science qui confirma Darwin dans son hypothèse de la sélection naturelle. Comme nous le verrons, c’est encore aujourd’hui la discipline qui permet de formuler les théories les plus générales sur les causes et les conséquences des extinctions à l’échelle des temps évolutifs. Mais fidèles à notre parti pris environnementaliste, nous préférons exposer et analyser les théories et modèles scientifiques qui traitent des extinctions actuelles ; leurs causes et effets prochains, les moyens de prévenir et d’éviter ces extinctions, les stratégies pour enrayer les chaînes d’extinctions et l’articulation problématique entre savoirs écologiques et gestion conservationniste. C’est à une immersion dans la science des extinctions actuelles, la biologie de la conservation, que nous convions le lecteur désireux de comprendre comment la science contemporaine s’empare de la crise de la biodiversité ; cette science pluridisciplinaire (écologie, systématique, génétique, paléontologie, anthropologie, économie, etc.), mais aussi « pluri-épistémique » (dans le sens où elle mobilise plusieurs régimes de productions de connaissances) et même « pluri-axiologique » (fondée sur une diversité de systèmes de valeurs – le vrai, le juste, l’efficace, etc.), qui, depuis les années 60-70, se donne pour objectif global de comprendre, prévoir et prévenir les dommages subis par l’environnement. C’est par son prisme aussi que nous évaluerons comment le phénomène d’extinction est saisi et catégorisé par les instances de surveillance de la biodiversité, comme la liste rouge des espèces menacées de l’UICN. Ceci nous conduira à effectuer un retour réflexif sur la notion d’extinction même, ses fondements métaphysiques et épistémologiques, en regard notamment des débats philosophiques sur la nature du concept d’espèce. Nous mènerons une analyse comparée des idées de mort et d’extinction à l’issue de laquelle nous serons amenés à nous interroger sur la possibilité de recréer des espèces, le mythe du dépassement de la mort spécifique grâce à la technique.

2Mais avant d’envisager une futuriste science de la recréation, intéressons-nous d’abord à la science de la conservation des espèces.

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