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L’entomologie au Muséum d’Histoire naturelle (1793-2000)

p. 33-51


Texte intégral

Les temps héroïques (1793-1841) : Lamarck, Latreille, Audouin

1En 1790, Jean-Baptiste de Monet, chevalier de La Marck (1744-1829), était nommé “Botaniste du Roi, chargé des herbiers du Cabinet d’histoire naturelle”1. En 1793, devenu plus modestement le citoyen Lamarck, sa charge fut transformée en chaire de “Zoologie des insectes, vers et animaux microscopiques”, dans le cadre du tout nouveau Muséum d’Histoire naturelle qui venait d’être créé par la Convention nationale ; tout comme son maître Buffon, il devait l’occuper jusqu’à son décès. En 1793, il semble que l’ancienne collection entomologique n’ait guère compté plus de 1 500 spécimens, débris des anciennes collections du Jardin du Roi et des cabinets que la Révolution avait réquisitionnés. En 1794, on décida une extension du Cabinet. Les travaux, souvent interrompus, furent terminés en 1801, puis complétés de 1807 à 1810. Parallèlement, le nombre de spécimens commença de s’accroître régulièrement, par suite des envois que faisaient les voyageurs depuis les pays lointains. Mais Lamarck, en cela encore semblable à Buffon, ne s’intéressait guère aux insectes, toute son attention se portant – outre les grandes questions philosophiques – vers les polypiers et surtout les mollusques. Il réunit une importante collection privée de coquillages, se conformant aux goûts de l’époque où s’était formé le sien. Pour s’occuper des insectes, il prit comme aide-naturaliste l’ex-abbé Pierre-André Latreille* (1762-1833), qui se révéla l’un des entomologistes les plus experts qui aient jamais vécu. Lui aussi constitua une collection privée très importante, d’insectes cette fois, au risque d’être critiqué par les observateurs malicieux2.

2En 1804, on plaça dans la galerie d’ornithologie, au milieu du second étage du Cabinet, un grand meuble allongé qui en occupait tout le milieu et qui était destiné aux invertébrés (les vitrines d’oiseaux occupant les parois latérales de la galerie)3. La base de ce meuble se composait de tiroirs renfermant les doubles de la collection d’entomologie, ainsi que certains insectes uniques que l’on ne voulait pas exposer à la lumière de crainte d’en gâter les couleurs. Sur cette base reposait le corps du meuble, dont les portes vitrées laissaient voir les coquillages, madrépores, vers, etc., placés à l’intérieur. Enfin, à hauteur des yeux du public, le dessus du meuble supportait des vitrines, qui contenaient le reste des coquilles, ainsi que les arachnides et les insectes placés dans 120 cadres vitrés de 40 cm de côté. Ces cadres formaient la collection entomologique proprement dite, qui se trouvait ainsi presque entièrement exposée au public. En 1807, Latreille dressa un premier catalogue méthodique de cette collection : elle comptait alors environ 20 000 spécimens4. En 1823, son effectif était estimé à 40 000 spécimens, représentant 22 000 espèces5.

3Lamarck étant mort en 1829, sa chaire est divisée en deux : l’une d’Entomologie – c’est la première fois qu’apparaît le mot – à laquelle est nommé Latreille ; l’autre de “Zoologie des mollusques, vers et animaux microscopiques”, attribuée à Blainville6. Relativement âgé pour l’époque, malade, Latreille n’occupera sa chaire que trois ans. Il se repose sur son aide-naturaliste, Jean-Victor Audouin* (1797-1841), pour l’organisation de la collection, et ce dernier lui succède en 1833. Dans une lettre écrite à Gustave Silbermann en janvier 1835, Audouin donne des informations très utiles sur l’état des collections à ce moment. D’abord, il déplore que le classement des collections d’insectes ait été entièrement négligé “pendant plus de trente ans”. Ceci veut dire que ni Lamarck, ni même Latreille, occupés de leurs savants travaux, ne s’étaient guère souciés de ce problème ; ils avaient simplement laissé les matériaux s’accumuler sans les classer, voire sans même les trier. Audouin, plein d’ardeur, se met au travail, avec l’aide de ses collaborateurs Brullé*, Lucas* et Blanchard*7. Il entend former trois collections :

  1. une “collection générique”, renfermant les principales espèces des principaux genres, destinée à être placée, à l’intention du public, dans la galerie d’exposition ;

  2. une “collection spécifique”, nous dirions aujourd’hui une “collection générale”, renfermant tous les genres, toutes les espèces, toutes les variétés, que possède le laboratoire à un moment donné, collection de travail et d’étude, destinée aux recherches du personnel du laboratoire et à celles des savants qui y sont reçus ; cette collection était placée dans soixante-six meubles (contenant chacun huit tiroirs) auxquels Audouin espérait pouvoir ajouter, chaque année, vingt-quatre nouveaux meubles ;

  3. une “collection d’insectes de France”, rangée dans des boîtes de carton à dos de livres, et laissée à la disposition des visiteurs du laboratoire désireux d’identifier les espèces recueillies “dans le royaume”.

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FIG. 5 – Pierre-André Latreille, “Prince des entomologistes”. C’est pour lui que la chaire de Zoologie des Crustacés et des Insectes fut créée au Muséum en 1830 (archives de la Société entomologique de France).

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FIG. 6 – Vue de la galerie d’Ornithologie, dans l’ancien bâtiment du Muséum, avec le meuble abritant les collections d’invertébrés qui en occupait le milieu. À droite, un préparateur présente certains spécimens (kiwi, flamant) à des visiteurs ; à gauche, un personnage coiffé d’un haut-de-forme est penché sur les vitrines d’insectes (d’après Boitard, Le Jardin des Plantes, 1842).

4En 1837, grâce à cette politique énergique, l’effectif de la collection avait doublé par rapport à 1823, le nombre des insectes atteignant alors 80 000 spécimens8. Le nombre des espèces n’était pas précisé ; mais Latreille, en 1832, estimait les seuls Coléoptères à 20 000 espèces9. Audouin meurt en 1841, à peine âgé de 44 ans.

Une prospérité relative (1841-1951)

Milne-Edwards

5Le successeur d’Audouin à la chaire d’Entomologie, Henri Milne-Edwards (1800-1885), est un médecin et physiologiste, membre de l’Académie des sciences depuis 1838, et déjà une figure marquante de la zoologie de son époque10. Il s’intéresse surtout aux crustacés, auxquels il a consacré des travaux importants, et guère aux insectes. Très occupé en outre par ses multiples activités, il confie à Émile Blanchard, son aide-naturaliste, la responsabilité des collections. Le travail entrepris par Audouin était loin d’être terminé en 1841. Il semble que la “collection spécifique” n’ait occupé alors que 312 tiroirs (sur les 528 évoqués par Audouin, sans doute trop optimiste) : 120 de Coléoptères, 104 de Lépidoptères, 88 d’Orthoptères. S’y ajoutaient les cadres d’exposition, destinés au public (“collection générique” d’Audouin), ainsi qu’une quantité de “boîtes format in-4°”, dans lesquelles il faut sans doute reconnaître les “boîtes de carton à dos de livres” d’Audouin11. Blanchard et ses collaborateurs affectent une grande énergie, mais les résultats ne semblent pas à la hauteur de leurs projets. Les visiteurs du Muséum ne semblent guère intéressés par les spécimens entomologiques qu’on leur propose :

Les collections de crustacés, d’arachnides, de myriapodes et d’insectes ne sont guère visitées que par les naturalistes ; quant au public, il ne remarque en passant que quelques grosses espèces12.

6Isidore de Gosse est plus précis et plus détaillé (même si son témoignage est partial et sujet à caution, on ne peut pas le rejeter complètement) :

L’ordre qui règne dans les galeries et les jardins n’est qu’apparent. Rien n’est classé. Les catalogues ne sont pas dressés, et cet établissement, véritable Campo-Santo des richesses scientifiques amassées depuis un siècle et demi, est inutile à l’étude. Certaines collections sont dans un état tout à fait désespérant de délabrement ; excepté une partie des mammifères, tout le reste est un désordre inextricable13.

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FIG. 7 – Page de titre du premier et seul catalogue imprimé des collections de coléoptères du Muséum.

7Et, un peu plus loin :

Presque aucune partie [des collections exposées] n’est conforme à la nomenclature moderne ; des noms anciens, d’anciennes étiquettes, d’anciens animaux poudreux ou vermoulus, voilà ce qu’on offre aux travailleurs. Il faut en excepter une partie de la Mammalogie, de la conchyliologie et quelques bribes d’entomologie. Le reste est un capharnaüm zoologique14.

8Malgré cette appréciation négative (avec le léger correctif sur les “quelques bribes d’entomologie”), le classement des collections se poursuit à un rythme soutenu. Pour marquer l’avancement du travail, Milne-Edwards décide de commencer, en 1850, la publication d’un catalogue de la collection entomologique. Dans son introduction, il en donne un historique assez détaillé et décrit la façon dont le travail est “divisé” au laboratoire d’Entomologie (expression révélatrice, car l’idée majeure de Milne-Edwards, l’axe de sa pensée scientifique, est la “division physiologique du travail” entre les différentes parties d’un même organisme !). Suivant son exposé, la préparation et le premier tri des arthropodes sont effectués par le préparateur, Désiré Boulard*, qui les divise en trois groupes. Les Crustacés, Myriapodes et “quelques insectes” (sans doute les anciens Aptères) sont soumis à Milne-Edwards lui-même, qui en assure la détermination et le classement. Les Lépidoptères, Diptères et Arachnides sont confiés à Hippolyte Lucas. Enfin, les autres groupes – c’est-à-dire essentiellement les Coléoptères, mais aussi les Orthoptères, Hémiptères, Hyménoptères, etc. – sont pris en charge par Émile Blanchard, lequel surveille en outre le travail de ses deux subordonnés. Le catalogue proprement dit, très certainement rédigé par Blanchard, ne concerne qu’une partie (moins de la moitié des espèces) des Coléoptères Scarabaeidae, dont de nombreuses espèces nouvelles sont décrites, provenant en majorité des grandes expéditions récentes de “MM. Auguste Saint-Hilaire, d’Orbigny, Castelnau, Cl. Gay, d’Urville, Gaudichaud, Dillon, Desjardins, Lucas et J. Verreaux”. Ce travail est d’un intérêt certain pour ce qui concerne la faunistique des régions parcourues par ces expéditions, ainsi que pour la systématique d’ensemble des Scarabaeidae ; mais il est d’une étendue relativement très restreinte, et il n’aura aucune suite. C’est en effet la seule et unique tentative de publication d’un catalogue des collections entomologiques qui ait jamais été effectuée.

9En 1850 également, Henri Milne-Edwards prend une décision importante : lui-même membre-fondateur de la Société entomologique de France (1832), il décide que les collections du laboratoire seront toujours accessibles aux membres de cette association. Ce n’est pas un simple geste de courtoisie ou de collégialité : les amateurs ont beaucoup à apprendre des collections ; en échange, ils contribuent efficacement à la détermination et au classement de ces dernières. Quant aux dons ou legs, il n’y a pas encore beaucoup de collections privées ayant une certaine importance, dans la France des années 1850-1860. Celles qui existent sont le plus souvent dispersées à la mort de leur propriétaire. Le laboratoire possède déjà celle de Bosc* (1759-1828), et la seule qu’il reçoit, dans ces années, est celle de Constant Duméril* (1774-1860), titulaire de la chaire de Zoologie des Reptiles et Amphibiens au Muséum.

10Au fur et à mesure que les années passent, Milne-Edwards se consacre davantage à ses travaux généraux, ainsi qu’à l’administration du Muséum. De ce fait, la charge du laboratoire d’Entomologie repose de plus en plus sur Blanchard. En même temps, celui-ci fait paraître plusieurs travaux scientifiques importants. Milne-Edwards décide de reconnaître le mérite de son collaborateur : en 1861, il renonce en sa faveur à la chaire d’Entomologie, reprenant celle, plus prestigieuse, des Mammifères et Oiseaux, où planait encore le souvenir de Buffon. Milne-Edwards fait également élire Blanchard à l’Académie des sciences. Avec le retard plus grand au Muséum qu’il n’est à l’Institut, Blanchard se retrouve académicien alors qu’il n’est encore qu’aide-naturaliste.

Blanchard

11Nommé à la chaire d’Entomologie à la fin de 1862, Émile Blanchard (1819-1900) en resta titulaire jusqu’en 1894. Son long mandat peut se diviser en deux parties. Au début, l’impulsion vigoureuse qu’il avait donnée lui-même, sous la direction de son prédécesseur, est maintenue fermement. En 1864, le laboratoire reçoit en legs la collection Jacquelin Du Val*, auteur de l’admirable Genera des Coléoptères d’Europe. Cette collection, qui compte près de 10 000 espèces, est la première d’un grand amateur qui entre ainsi, en totalité, au laboratoire.

12Sans que l’activité générale du laboratoire ne décroisse réellement, le travail d’organisation des collections n’en ralentit pas moins de façon significative vers 1880, et cela par suite de trois circonstances très différentes. D’abord, Blanchard, dont la vue a toujours été faible, devient presque complètement aveugle dans les années 1880. Grâce à ses collaborateurs, il peut effectuer les nombreuses tâches administratives que nécessitent sa chaire et ses activités à l’Institut (il est président de l’Académie des sciences en 1883) ; mais l’activité du laboratoire se ressent de son handicap. La deuxième circonstance est la préparation et la mise en place de l’exposition des insectes dans la galerie de Zoologie (inaugurée en 1889), qui prend beaucoup de temps au personnel du laboratoire15. Enfin, les locaux de ce dernier, situés au 55 rue Cuvier, sont de plus en plus insuffisants. Même si de nombreux matériaux sont transférés dans la galerie, un peu avant et après son ouverture, les collections s’accumulent au laboratoire et deviennent de moins en moins accessibles. Si l’on se souvient de la rapidité avec laquelle peuvent disparaître les insectes de collection, on imagine les dégâts et les destructions qui ont dû intervenir pendant cette période.

13Du fait de ces circonstances, le laboratoire d’Entomologie est presque complètement fermé aux entomologistes non professionnels, y compris à la plupart des membres de la Société entomologique de France, qui, réciproquement, ne font plus bénéficier le laboratoire de leur aide bénévole, voire de leurs largesses. Cependant, le vénérable abbé de Marseul*, qui a conservé des relations personnelles avec Blanchard, sans d’ailleurs rien lui demander, lègue au laboratoire, en 1890, sa collection de Coléoptères paléarctiques (24 000 espèces représentées par 92 000 individus). Celle-ci, bien rangée et classée, servira de modèle et de référence pendant plus d’un demi-siècle, notamment pour la faune de France ; mais, en attendant, elle vient encore augmenter le casse-tête que représente l’organisation du laboratoire. Par ailleurs, le Muséum traverse une période agitée, marquée par la controverse entre les chaires possédant des collections et celles qui n’en ont pas. Le célèbre chimiste Edmond Frémy (1814-1894), directeur du Muséum depuis 1879, soutient que la première tâche de l’établissement devrait être l’enseignement. Au contraire, les titulaires de chaires à collections pensent que la finalité du Muséum est d’accumuler des matériaux illustrant la diversité de la nature. Ce point de vue semble confirmé par la construction, puis l’inauguration en 1889, de la galerie de Zoologie, qui fait l’unanimité et attire le public. Les chaires à collection ayant remporté cette bataille, Frémy est mis à la retraite en 1891. Un de ses protégés, Jules Künckel d’Herculais* (1843-1919), est assistant en Entomologie16. Il préfère se mettre à l’écart, durant ces périodes agitées, et part souvent en mission. De ce fait, et pendant une dizaine d’années (1885-1895), la marche du laboratoire d’Entomologie – et notamment la gestion des Coléoptères – repose presque tout entière sur les épaules de Charles Brongniart* (1859-1899), rejeton d’une illustre famille d’artistes, savants et professeurs du Muséum. Mais celui-ci est surtout intéressé par les insectes fossiles, auxquels il consacre un important travail17, et ne peut réserver qu’une partie de son temps au laboratoire. Il faut ajouter que l’âge moyen du personnel est très élevé : Hippolyte Lucas fut le préparateur de Latreille avant de devenir assistant ; Désiré Boulard, autre préparateur, quoique entré plus tard au laboratoire, est plus âgé et n’a toujours pas pris sa retraite quand il meurt en 1888, à 88 ans ; le garçon de laboratoire, Riggi, est l’ancien valet de chambre de Geoffroy Saint-Hilaire ! Seul le jeune Pierre Lesne*, préparateur aux Coléoptères, abaisse quelque peu la moyenne d’âge. Cette accumulation de difficultés a comme effet une dégradation certaine des collections. Lorsque Blanchard prend sa retraite, en 1894, il laisse un laboratoire dans un état plus que jamais chaotique. Peu après (février 1895), le laboratoire quitte le 55 rue Cuvier pour être transféré au 55 rue Buffon. Les locaux ne sont guère plus vastes ; en outre, le déménagement introduit dans les collections un nouveau désordre qui s’ajoute à l’ancien.

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FIG. 8 – Jules Künckel d’Herculais (portrait de Paul Nadar, archives de la Société entomologique de France).

Bouvier

14C’est donc un laboratoire très perturbé, avec des collections désordonnées, voire dégradées, que trouve Eugène Bouvier (1856-1944) lorsqu’il est nommé, en 1896, après que les longues procédures propres au Muséum ont suivi leur cours immuable18. Sa nomination semble avoir fait l’objet de tractations assez rudes19. Aucun de ses deux adversaires ne l’accepta vraiment : Künckel d’Herculais fréquenta de moins en moins le laboratoire ; quant à Charles Brongniart, il disparut prématurément en 1899, et son décès pourrait être une conséquence indirecte de l’échec de sa candidature20. Le roman du coléoptériste Maurice Maindron* L’Arbre de science21 donne une idée de l’atmosphère tendue qui régnait au laboratoire, et au Muséum en général, dans les années 1890. Lucien Berland22, nommé assistant en 1912, décrit les conditions de travail dans ces locaux vétustes et exigus :

Nous étions fort à l’étroit dans les locaux du 55 rue de Buffon ; les collections étaient rangées partout où elles pouvaient, dans les recoins les plus incommodes, même dans le grenier ; aucun classement rationnel n’était possible23.

15Et pourtant, dès le début de son mandat, Bouvier va donner à cette maison épuisée, démoralisée, en ruine, un nouveau souffle de vie. Il commence par rouvrir largement aux amateurs (notamment aux membres de la Société entomologique de France) un laboratoire qui leur avait été fermé depuis quinze ans. Les résultats ne se font pas attendre, dont les registres des enrichissements du laboratoire donnent d’ailleurs une image objective : le nombre moyen annuel d’objets entrés, qui tournait autour de 20/30 dans les années 1860-1880, va passer à 60 dans les années 1890 et à plus de 100 dans les années 1900. Tous les voyageurs, les explorateurs, les nouveaux “colons”, qui arpentent le monde en tous sens, dans ces années-là, ont à cœur de ramener ou de faire parvenir des insectes (y compris des quantités de Coléoptères) au Muséum de Paris. De grands amateurs commencent aussi à lui léguer leurs collections24.

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FIG. 9 – Eugène Bouvier dans son laboratoire (BCMNHN, P 4081).

16Mais la Grande Guerre arrête cet élan. Les plus jeunes membres du personnel (Bénard*, Berland, Lesne…) partent au front. Certaines parties des collections sont envoyées à Toulouse pour y être mises à l’abri des bombardements allemands. La moyenne annuelle des entrées baisse brutalement. Bouvier, toujours positif, arrive à profiter du calme forcé de ces années pour proposer et obtenir une importante réforme : en 1917, la chaire d’Entomologie est divisée en deux (Entomologie proprement dite et “Zoologie des Arachnides et Crustacés”). Cette division impose une ségrégation géographique : la construction d’un immeuble au 45 bis de la rue Buffon est alors décidée. Malgré la guerre, puis les années difficiles qui la suivent, il est achevé en 1923. Telle la vieille reine des abeilles, quittant la ruche avec son essaim, Bouvier quitte le 55 de la rue Buffon, laissant les locaux en totalité à la chaire des Arachnides et Crustacés. Le préparateur Georges Bénard (1887-1940), attaché aux Coléoptères, assure le déménagement des collections de ce groupe, sous la supervision de Pierre Lesne. Au 45 bis, le laboratoire d’Entomologie occupe les premier et deuxième étages (le rez-de-chaussée est réservé au laboratoire de Physique végétale, et le troisième étage est encore laissé vide). Dans ces nouveaux locaux, Bouvier peut enfin déployer de façon presque confortable son personnel et ses collections. Cependant, le franc français s’est déprécié d’environ 66 % depuis la guerre, causant une baisse effective des crédits du laboratoire (comme de l’ensemble du Muséum et des autres institutions). Bouvier fait appel aux bonnes volontés les plus diverses. Peut-être du fait de la gloire de Jean-Henri Fabre*, qui était à son zénith ces années-là, le romancier Maurice Barrès et beaucoup d’autres personnalités se préoccupent du laboratoire d’Entomologie et arrivent à compenser en grande partie les pertes financières, au moins celles des crédits d’équipement, mais le personnel reste à un niveau insuffisant25. En 1931, Bouvier part à la retraite avec la satisfaction du devoir accompli. Il laisse un laboratoire bien installé et profondément remanié, dans ses structures et son esprit, dont les collections ont été très enrichies et sont en voie de classement.

Jeannel

17La succession de Bouvier instaure une situation inédite : pour la première fois depuis l’origine de la chaire, les deux principaux concurrents – René Jeannel* et Pierre Lesne* – sont spécialistes des Coléoptères. Jeannel (1879-1965), médecin converti à l’entomologie, a réalisé une œuvre déjà très importante et reconnue sur le plan international. Il est l’un des fondateurs de la “biospéologie”, la biologie des animaux cavernicoles, véritables “fossiles vivants” qui lui fournissent des arguments pour des reconstitutions biogéographiques hardies26. Lesne, plus effacé, a fait toute sa carrière au laboratoire d’Entomologie, où il a débuté comme préparateur en 1889. N’hésitant pas, toutefois, à passer plusieurs mois en Afrique avec sa famille, ses travaux ont surtout concerné des insectes “nuisibles” à l’agriculture ou aux forêts. Au Muséum, l’avis de l’ancien titulaire est très important dans la désignation de son successeur, et Bouvier doit prendre une décision difficile. D’un côté, Pierre Lesne est son collaborateur de toujours, arrivé avant lui au laboratoire et auquel il n’a rien à reprocher ; de l’autre, Jeannel représente les aspects plus modernes, plus novateurs, plus internationaux de l’entomologie. Par ailleurs, si Lesne n’obtient pas la chaire, il restera quand même au laboratoire ; au contraire Jeannel partira, sans doute à l’étranger. Bouvier prend donc son parti : avec toute la diplomatie dont il est capable, il soutient Jeannel, et celui-ci est élu en 1932.

18Le mandat de Jeannel poursuit et renforce les grandes lignes de celui de Bouvier. En 1936, la chaire de Physique végétale est supprimée, et le laboratoire récupère le rez-de-chaussée du bâtiment. Du fait de la spécialité de Jeannel, une certaine préférence est donnée aux Coléoptères. Plusieurs spécialistes de ce groupe font au laboratoire des passages plus ou moins longs : Guy Colas*, André Descarpentries, Renaud Paulian*, André Villiers*, d’autres encore. Il en résulte un grand accroissement des collections. Jeannel leur donne comme consigne de les moderniser et uniformiser le plus possible, en essayant de constituer une “collection générale”, qui regrouperait à terme la totalité du patrimoine. Ce travail est non seulement gigantesque, au-delà des possibilités du personnel, mais en outre sans cesse remis en question, car des amateurs toujours plus nombreux, séduits par la personnalité de Jeannel, son dynamisme et sa gestion, décident de déposer leurs collections au laboratoire. Dans ce domaine, un objectif surtout retient l’attention de Jeannel : la collection de René Oberthür*. Les deux frères Charles (1845-1925) et René Oberthür (1852-1944), imprimeurs à Rennes, avaient réuni deux collections, respectivement de Lépidoptères et de Coléoptères, qui étaient alors certainement les plus importantes du monde en possession d’amateurs. À la mort de Charles, sa collection avait été mise en vente et acquise par le British Museum (Natural History), perte irréparable pour l’entomologie française. Résolu à conserver en France la collection de René Oberthür, Jeannel obtient pour elle un classement au titre de “monument historique” (19 janvier 1948). De ce fait, la collection ne peut plus quitter le territoire français. Le Muséum, dont Jeannel est alors directeur, propose 32 millions de francs pour l’acquérir. La famille de René Oberthür, dont aucun membre n’est susceptible de reprendre sa collection, veut bien accepter la transaction, même si cette somme est très inférieure aux estimations27. Elle ne peut d’ailleurs pas être réunie avant la fin du mandat de Jeannel.

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FIG. 10 – René Jeannel récoltant des microcoléoptères au camp III du Mont Elgon (Uganda), en janvier 1933 (d’après Jeannel, Un cimetière d’éléphants, Paris : Société des Amis du Muséum, 1934, pl. XVI).

Éclat et déclin (1952-2000)

Chopard et Séguy

19En 1951, lorsque Jeannel prend sa retraite, tous les sous-directeurs de son laboratoire sont candidats à sa succession. Sans doute lui-même eût-il voulu que la chaire soit reprise par Renaud Paulian (1913-2003), son élève préféré ; mais celui-ci s’est fait beaucoup d’ennemis lors de son bref passage au Muséum, qu’il a quitté en 1947. Ayant choisi d’orienter sa carrière vers les “colonies”, il est alors directeur du Centre de recherche de Tananarive et ne veut pas courir le risque d’une candidature (pour laquelle, d’ailleurs, il serait trop jeune, suivant les critères du Muséum). Lucien Chopard (1885-1971) est donc élu, à l’âge de 66 ans28. Éminent spécialiste des Orthoptères, il ne néglige pas pour autant de mener à terme l’acquisition de la collection de René Oberthür29. C’est le 13 décembre 1952 qu’elle entre effectivement au laboratoire. Le troisième étage du 45 bis rue Buffon, resté inutilisé jusqu’alors, est aménagé tant bien que mal afin d’accueillir une collection admirablement conservée – voire choyée – par ses propriétaires. Une technicienne du CNRS est spécialement affectée au laboratoire pour la prendre en charge30. Enfin, pour célébrer cet événement, une exposition est organisée au Muséum de mai à septembre 195331. Elle est inaugurée par le ministre de l’Éducation nationale, André Marie, et Chopard reçoit la Légion d’honneur. La collection Oberthür, qui fit l’objet d’un achat, ne doit pas faire oublier que d’autres amateurs continuaient d’offrir au laboratoire des collections importantes. Mais on doit aussi percevoir que cet afflux soudain de coléoptères, faisant passer la collection de douze à quelque dix-sept millions de spécimens, va causer de nouveaux problèmes de conservation, de gestion et de mise en valeur.

20Eugène Séguy32 (1890-1985), excellent spécialiste des Diptères mais peut-être encore meilleur artiste, avait déjà pris sa retraite de sous-directeur, en 1955, quand on lui suggéra de reprendre la chaire (Paulian n’ayant toujours pas voulu se présenter), à laquelle il fut nommé en 1956. Comme Chopard, il poursuivit l’œuvre de Jeannel, mais en privilégiant les groupes dont il était spécialiste33. De façon générale, le laboratoire, où travaillaient 24 personnes, fonctionnait de façon satisfaisante ; un certain manque de place, toutefois, se faisait de plus en plus sentir. Enfin, le problème des coléoptères allait se poser de façon de plus en plus aiguë.

Balachowsky

21En 1961, lorsque Séguy prend – cette fois pour de bon – sa retraite, Paulian vient de quitter Madagascar. Il a alors 48 ans, des titres et des travaux solides. Doit-il repartir outre-mer ou poser sa candidature ? Les transactions de cette époque déjà lointaine restent en grande partie enveloppées de secret, dont Paulian et Viette ne livrent qu’une partie ; mais leur résultat est que, une fois encore, Paulian décide de renoncer à la chaire34. D’autre part, il est décidé à ce moment de réunir la chaire d’Entomologie agricole tropicale35 à la chaire d’Entomologie proprement dite, qui prend dès lors le nom d’“Entomologie générale et appliquée”. Alfred-Serge Balachowsky* (1901-1983), candidat de Pierre-Paul Grassé (membre de l’Institut et “patron” de la zoologie française d’alors) et de Roger Heim (directeur du Muséum, également membre de l’Institut) y est élu sans difficulté, bien qu’il soit étranger au “sérail” du Muséum. Né en Russie, naturalisé français en 1924, héros de la seconde guerre mondiale, il a fait une carrière atypique à l’Institut Pasteur, dans un laboratoire de parasitologie agricole qui avait été créé pour lui36. Très bien soutenu politiquement, de par ses nombreuses amitiés tissées pendant puis après la guerre, membre de nombreuses associations françaises et étrangères, il fut l’un des titulaires de la chaire les plus influents qu’elle ait connus, et le dernier qui ait été élu à l’Académie des sciences (1967). Peu après sa nomination, il se fait attribuer les locaux du 45 rue Buffon, construits en 1928 pour abriter le Musée du duc d’Orléans et laissés depuis le début de la guerre dans un quasi-abandon37. Cette construction légère, en rez-de-chaussée, est rasée pour faire place à un bâtiment de trois étages, qui est terminé en 1968 et double la surface du laboratoire. Balachowsky peut aussi engager du personnel, provenant de tous les organismes scientifiques français : Muséum proprement dit, Université, CNRS, École pratique des hautes études, ORSTOM, etc. À la fin de son mandat, le laboratoire compte 46 personnes, soit une augmentation de près de 100 % en quatorze ans ; les crédits de mission coulent à flots ; les nombreux voyages des membres du personnel ramènent au laboratoire des quantités d’insectes ; enfin, plusieurs collections d’amateurs éminents entrent au laboratoire, par acquisition, don ou legs.

Carayon, Caussanel et Matile

22Mais tout a une fin. Le successeur de Balachowsky, Jacques Carayon (1916-1997), n’a ni son énergie, ni son entregent ; la période de son mandat est aussi, il faut le reconnaître, moins favorable. Carayon se contente de limiter les pertes, en dotations et en crédits. Enfin, Claude Caussanel (1932-1999), dernier titulaire de la chaire d’Entomologie, est élu en 1986. Son mandat est marqué par une dégradation certaine des conditions générales du laboratoire. Le titulaire de la chaire n’est plus rattaché à l’EPHE, il n’est plus directeur de l’unité associée au CNRS (celle-ci est d’ailleurs suspendue plusieurs années). Pendant le mandat de Caussanel, le Muséum dans son ensemble est l’objet d’une réforme profonde. Les chaires sont supprimées, venant à extinction lors du départ à la retraite de leur titulaire. La chaire disparaît donc en 1997, après un peu plus de deux siècles d’existence (Tableau 1). Loïc Matile (1938-2000)38, élève de Séguy, spécialiste éminent des Diptères comme ce dernier, fait fonction de directeur jusqu’à son décès prématuré. Le laboratoire d’Entomologie en tant que tel disparaît aussi peu après, par dissolution dans le “département de Systématique et Évolution”.

TABLEAU 1 - Titulaires de la chaire renfermant les collections de Coléoptères.

TITULAIRES DE LA CHAIRE

MANDAT

Jean-Baptiste de MONET de LAMARCK (1744-1829)
(chaire de Zoologie des Insectes, Vers et animaux microscopiques)

1793-1829

Pierre-André LATREILLE (1762-1833)
(chaire de Zoologie des Crustacés et des Insectes [créée pour lui en 1830])

1830-1833

Jean-Victor AUDOUIN (1797-1841)

1833-1841

Henri MILNE-EDWARDS (1800-1885)

1841-1862

Émile BLANCHARD (1819-1900)

1862-1894

Eugène-Louis BOUVIER (1856-1944)
(1917 [division de la chaire en deux] : Entomologie s. str. & Zoologie des Arachnides et Crustacés)

1895-1931

René JEANNEL (1879-1965)

1931-1950

Lucien CHOPARD (1885-1971)

1951-1955

Eugène SÉGUY (1890-1985)

1956-1960

CHAIRE VACANCTE

chaire vacante Alfred Serge BALACHOWSKY (1901-1983)
(chaire d’Entomologie générale et appliquée [créée en 1963])

1962-1974

Jacques CARAYON (1916-1997)

1975-1985

Claude CAUSSANEL (1932-1999)

1986-1997

Notes de bas de page

1 Sur Lamarck, voir entre autres Jaussaud (Philippe), Brygoo (Édouard-Raoul) (sous la dir.), Du jardin au Muséum en 516 biographies, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 2004, pp. 323-326 (Collection Archives).

2 “Latreille avait une fort belle collection d’insectes qui lui avait coûté bien peu et qu’il vendit fort cher. J’ignore s’il a laissé son procédé, mais je ne le crois pas perdu.” [Gosse (Isidore S. de), Histoire naturelle drolatique et philosophique des professeurs du Jardin des plantes, des aides-naturalistes, préparateurs… attachés à cet établissement, accompagnée d’épisodes scientifiques et pittoresques, Paris : G. Sandré, 1847, p. 30].

3 Deleuze (Joseph Philippe François), Histoire et description du Muséum royal d’Histoire naturelle, Paris : A. Royer, 1823, pp. 103 et 563, etc. Voir une illustration de cette disposition in Boitard (Pierre), Le Jardin des plantes : description et mœurs des mammifères de la Ménagerie et du Muséum d’histoire naturelle, Paris : Dubochet, 1842, pl. face à la p. 414.

4 D’après Milne-Edwards (Henri), Blanchard (Émile), Lucas (Hippolyte), Muséum d’Histoire naturelle de Paris, Catalogue de la collection entomologique, Classe des Insectes, Ordre des Coléoptères, Paris : Gide & Baudry, 1850, t. 1, (IV) + IV + 240 p.

5 Deleuze (Joseph Philippe François), Histoire et description du Muséum royal d’Histoire naturelle, op. cit., p. 188.

6 Sur Marie-Henri Ducrotay de Blainville (1777-1850), voir entre autres Hoefer (Ferdinand), Histoire de la zoologie : depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Paris : Hachette, 1870, pp. 374-381.

7 Voir Audouin (Jean-Victor), “Lettre à Silbermann”, in Silbermann (Gustave), Énumération des entomologistes vivans, suivie de notes sur les collections entomologiques des principaux musées d’histoire naturelle d’Europe, sur les sociétés d’entomologie, sur les recueils périodiques consacrés à l’étude des insectes, et d’une table alphabétique des résidences des entomologistes, Paris : Roret ; Lunéville : Creuzat, 1835, pp. 86-96 (lettre reproduite ci-après, au dernier chapitre).

8 Rousseau (Louis), Lemonnier (Louis-Céran), Promenades au Jardin des Plantes, Paris : J.-B. Baillière, 1837, p. 331.

9 Latreille (Pierre-André), “Discours prononcé le 29 février 1832, à l’ouverture de la première séance de la Société entomologique”, Annales de la Société entomologique de France, vol. 1, 1832, pp. 29-30.

10 Voir la notice nécrologique que lui a consacrée Berthelot (Marcelin), Science et éducation, discours et notices académiques, Paris : Société française d’imprimerie et de librairie, 1901, pp. 141-175 ; Voir également Jaussaud (Philippe), Brygoo (Édouard-Raoul) (sous la dir.), Du jardin au Muséum en 516 biographies, op. cit., pp. 382-384.

11 Milne-Edwards (Henri), Blanchard (Émile), Lucas (Hippolyte), Muséum d’Histoire naturelle de Paris…, op. cit., pp. I-III.

12 Boitard (Pierre), Le Jardin des plantes, op. cit., p. LVII.

13 Gosse (Isidore S. de), Histoire naturelle drolatique et philosophique des professeurs du Jardin des plantes, des aides-naturalistes, préparateurs…, op. cit., p. 11.

14 Ibid., p. 290 (note à la p. 261).

15 Voir notamment Blanchard (Émile), Rapport sur les collections de zoologie (insectes, arachnides, crustacés) récemment installées dans les nouvelles galeries du Muséum d’Histoire naturelle, Paris : impr. réunies, 1889, 8 p.

16 Sur Künckel d’Herculais, voir entre autres Jaussaud (Philippe), Brygoo (Édouard-Raoul) (sous la dir.), Du jardin au Muséum en 516 biographies, op. cit., pp. 312-313.

17 Brongniart (Charles), Recherches pour servir à l’histoire des insectes fossiles des temps primaires, précédées d’une étude sur la nervation des ailes des insectes, Saint-Étienne : Théolier et Cie, 1893, 2 vols in-4°, 537 p., 37 pl. lithogr.

18 Sur Bouvier, son œuvre et son laboratoire, voir notamment Jeannel (René), Séguy (Eugène), “Eugène-Louis Bouvier (1856-1944)”, Annales de la Société entomologique de France, vol. 112-113, 1946, pp. 1-30, pl. I ; Carayon (Jacques), Caussanel (Claude), “Le laboratoire d’Entomologie du Muséum au temps d’Eugène Séguy”, Annales de la Société entomologique de France, vol. 26, 1990, pp. 301-314 ; Jaussaud (Philippe), Pharmaciens au Muséum : chimistes et naturalistes, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 1998, pp. 198-204 (Collection Archives) ; Jaussaud (Philippe), Brygoo (Édouard-Raoul) (sous la dir.), Du jardin au Muséum en 516 biographies, op. cit., pp. 99-101.

19 Alfred Lacroix en donne une idée dans Lacroix (Alfred), Figures de savants, Paris : Gauthiers-Villars et Cie, 1932, t. 2, pp. 76-77.

20 Charles Brongniart est mort à 40 ans, officiellement des suites d’un accident de laboratoire (il aurait absorbé, par erreur, du cyanure de potassium) ; mais le Professeur Claude Dupuis (comm. pers.) a toujours pensé qu’il pouvait s’agir d’un suicide, conséquence de la dépression où l’aurait plongé son échec.

21 Maindron (Maurice), L’Arbre de science : roman moderne, Paris : Lemerre, 1906, 446 p.

22 Sur Berland, voir entre autres Jaussaud (Philippe), Brygoo (Édouard-Raoul) (sous la dir.), Du jardin au Muséum en 516 biographies, op. cit., pp. 198-200.

23 Berland (Lucien), Notice (1951), citée par Carayon (Jacques), Caussanel (Claude), “Le laboratoire d’Entomologie du Muséum au temps d’Eugène Séguy”, art. cit., p. 304.

24 Pour de plus amples détails sur l’accroissement des collections de coléoptères, voir ci-dessous, Chapitres 2 et 3.

25 Bouvier (Eugène-Louis), “Quelques opinions et quelques documents”, in Ranc (Albert), Le Budget du personnel des recherches scientifiques en France, Paris : Chimie et Industrie, 1926, pp. 144-145.

26 Jeannel (René), La Genèse des faunes terrrestres : éléments de biogéographie, Paris : PUF, 1943, VIII-515 p. ; Jeannel (René), Les Fossiles vivants des cavernes, Paris : Gallimard, 1943, 323 p. ; etc. (voir aussi le dernier chapitre).

27 Jénin (Louis), L’Imprimerie Oberthür à livre ouvert, Cesson-Sévigné : Eljie, 2001, p. 83, estime sa valeur réelle à 900 millions de francs de l’époque.

28 Sur Chopard, voir entre autres Jaussaud (Philippe), Brygoo (Édouard-Raoul) (sous la dir.), Du jardin au Muséum en 516 biographies, op. cit., p. 140.

29 Colas (Guy), “Acquisition de la collection René Oberthür par le Muséum de Paris”, Bulletin du Muséum national d’histoire naturelle, 2ème série, vol. 25, no 3, 1953, pp. 298-300.

30 Il est à peine besoin d’ajouter à quel point une telle affectation serait inimaginable de nos jours…

31 Colas (Guy), “La Collection René Oberthür au Muséum”, Larousse mensuel, avril 1954, pp. 435-436.

32 Voir Séguy (Eugène), Les Mouches, Neuchâtel : Muséum d’Histoire naturelle, 2004, in-4°, 64 p., 23 pls coul.

33 Dupuis (Claude), Matile (Loïc), “La Vie et l’œuvre du diptériste Eugène Séguy (1890-1985)”, Annales de la Société entomologique de France, vol. 26, 1990, pp. 269-300 ; Jaussaud (Philippe), Brygoo (Édouard-Raoul) (sous la dir.), Du jardin au Muséum en 516 biographies, op. cit., pp. 475-476.

34 Paulian (Renaud), Un Naturaliste ordinaire. Souvenirs, Paris : Boubée, 2004, pp. 154-155 ; Viette (Pierre), Pierre Viette, sa vie professionnelle. Éléments pour une histoire du laboratoire d’Entomologie du Muséum pendant la seconde moitié du XXème siècle, [Paris] : l’auteur, 2004, pp. 29-33.

35 Créée en 1942 sous le nom d’“Entomologie agricole coloniale”, cette chaire avait changé de nom en 1958.

36 Voir Chevassus-au-Louis (Nicolas), “Alfred Balachowsky, un pastorien à Buchenwald”, La Recherche, no 370, décembre 2003, pp. 50-52.

37 Cf. “Inauguration des Collections de Monseigneur le Duc d’Orléans le samedi 22 décembre 1928”, Bulletin du Muséum national d’histoire naturelle, 2ème série, vol. 1, no 1, 1929, pp. 12-16 ; Musée d’Orléans. Collection léguée au Muséum par Monseigneur le Duc d’Orléans, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, [1930], 8 p. Les remarquables collections du duc d’Orléans (mammifères et oiseaux naturalisés et disposés dans des dioramas) ont été bien dégradées au cours de ces années d’abandon. Ce qu’il en restait a été restauré, puis transféré à la Grande galerie de l’Évolution (inaugurée en 1994).

38 Sur Carayon et Matile, voir entre autres Jaussaud (Philippe), Brygoo (Édouard-Raoul) (sous la dir.), Du jardin au Muséum en 516 biographies, op. cit., pp. 127-128 et pp. 373-374.

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