Les collections d’insectes
Des origines au xviiie siècle
p. 15-31
Texte intégral
Antiquité : premiers musées d’histoire naturelle
1Aristote (384-322 av. J. C.) est le premier auteur qui ait étudié de façon scientifique les animaux en général, et les insectes en particulier1. Les ailes lui paraissant le caractère le plus important de ces derniers, il les divise en un certain nombre de groupes auxquels il attribue des noms se terminant en – ptère (= aile). Ces noms seront repris dans les temps modernes, voire jusqu’à nos jours pour deux d’entre eux : coléoptères et diptères2. En ce qui concerne “coléoptère”, la conception d’Aristote n’est pas entièrement claire : s’agit-il d’insectes dont les ailes sont protégées par des étuis, ou dont les ailes forment elles-mêmes des étuis ? Dans ce dernier cas, ce serait presque un trait de génie d’avoir compris que les élytres ne sont autres que les ailes de la première paire, mais durcies et “cornées”. Aristote avait suivi l’enseignement de Platon, dont il fut le principal disciple. À l’imitation de l’Académie qu’avait fondée Platon, Aristote créa en 335 le “Lycée”, ainsi nommé du nom de la colline où se situait cet établissement, laquelle était consacrée à Apollon lykeos (“tueur de loups”). Il est vraisemblable que le Lycée conservait des spécimens de plantes et d’animaux, et notamment ceux qu’Alexandre envoyait à son ancien maître pendant sa célèbre expédition jusqu’aux extrémités du monde alors connu. Les collections botaniques et zoologiques du Lycée auraient donc été parmi les toutes premières jamais constituées. Mais Aristote dut quitter Athènes quelques mois avant sa mort. Après son départ, ses successeurs déménagèrent la bibliothèque et les collections du Lycée dans un autre établissement, qui était situé près de la colline des Muses (Mouseion). Cet établissement reçut lui-même le nom de Mouseion, en latin Museum. Ce fut, au sens le plus strict, le premier “musée”, et même, plus exactement, le premier muséum d’histoire naturelle. Il est extrêmement probable qu’il comprenait des collections entomologiques.
2Le successeur d’Alexandre sur le trône d’Égypte, Ptolémée Ier Sôter (367-283 av. J. C.), voulut que sa capitale possédât elle aussi son Musée. Il y fonda un établissement beaucoup plus riche et plus vaste que celui d’Athènes, et appela pour le diriger un disciple d’Aristote, Démétrios de Phalère (350-283 av. J. C.). L’élément le plus connu du Musée d’Alexandrie fut la célèbre Bibliothèque, mais cet établissement contenait aussi des collections artistiques et scientifiques, et sans doute ces dernières renfermaient-elles des insectes. Les fresques et représentations des périodes précédentes de l’empire égyptien figurent de nombreux insectes (mouches, abeilles, papillons, sans oublier le fameux scarabée), et l’on peut penser que, dès l’époque pharaonique, des échantillons de certaines de ces espèces étaient conservés, au moins quelque temps, ne fût-ce que pour servir de modèles aux artistes.
3Les Musées d’Athènes et d’Alexandrie ont été imités durant toute l’époque hellénistique et romaine. Il est donc probable qu’il y a eu des collections d’insectes à Rome. Dans son Histoire naturelle, notamment au livre XI, Pline l’Ancien a consacré de longs passages aux insectes ; mais on n’y trouve aucune allusion à d’éventuelles collections. Qu’elles aient existé ou non, les collections entomologiques de l’Antiquité grecque et romaine n’ont laissé aucune trace.
Moyen Âge : miniatures et trompe-l’œil
4Nous n’avons pas non plus conservé de collection d’insectes datant du Moyen Âge. Néanmoins, divers indices permettent de penser qu’il a pu y en avoir3. Ces indices sont essentiellement des peintures d’insectes figurant dans des ouvrages manuscrits. Dès le milieu du XIVe siècle, de petites figurines d’êtres imaginaires, ou “grotesques”, apparaissent dans les marges de ces ouvrages, accompagnées ou non d’éléments botaniques et zoologiques, d’abord représentés de façon arbitraire, librement inspirées d’éléments naturels4. Des “insectes” factices, n’appartenant à aucune espèce reconnaissable, apparaissent dès 1350. Une scène de chasse aux papillons est représentée dans un manuscrit français de la même époque5. Vers 1390, en Italie, des insectes reconnaissables sont figurés par Giovannino de Grassi et ses élèves. Au siècle suivant, on voit apparaître dans le nord de la France, les Flandres ou les Pays-Bas, des représentations d’insectes encore plus réalistes. Certains manuscrits montrent des figurations tellement exactes qu’il est possible de déterminer les espèces en cause6. Il est évident que toutes ces miniatures ont été exécutées d’après nature, et on est donc conduit à penser que certains insectes étaient conservés, au moins quelque temps, dans ce qui pourrait passer pour les premiers essais de collections entomologiques des temps modernes.
5Un peu plus tard, les miniaturistes de l’école de Gand développèrent un style légèrement différent, à propos duquel on a pu employer l’expression de “trompe-l’œil”7. L’artiste a représenté fleurs et insectes grandeur nature, et on a l’impression qu’il a voulu les disposer comme s’ils étaient réellement présents sur les pages du livre, assimilées à celles d’un herbier. Peut-être cette technique fait-elle allusion à l’usage, existant encore aujourd’hui, de conserver entre les pages des livres des parties de plantes (fleurs, feuilles, etc.), voire des papillons ou d’autres petits insectes. Plus tard, le miniaturiste flamand Joris Hoefnagel (1542-1600) a laissé des figurations d’insectes dont les corps sont peints, mais dont les ailes, empruntées à des individus réels (peut-être aux modèles dont s’est servi l’artiste), sont collées sur le dessin8. On possède aussi un herbier de la fin du XVIIe siècle qui conserve quelques papillons pressés en même temps que les plantes sur lesquelles, peut-être, on les avait trouvés9. Ces deux exemples, quoique postérieurs de deux ou trois siècles aux manuscrits à peintures dont il vient d’être question, pourraient donner une image des plus anciennes collections de papillons et autres insectes assez “plats” pour être rangés en herbier10. Le problème devait être différent pour les insectes qui ne pouvaient pas être aplatis, comme les coléoptères, et c’est sans doute pourquoi ils sont bien plus rares dans les miniatures des XIVe et XVe siècles11. Quoi qu’il en soit, ces miniatures et ces pratiques permettent de supposer que l’idée de conserver des spécimens entomologiques existait dès le XIVe siècle, et que peut-être des collections, plus ou moins rudimentaires, ont pu apparaître dès cette époque.
XVIe et XVIIe siècles : premiers cabinets de curiosités
6Si leur existence à la fin du Moyen Âge reste encore conjecturale, les collections entomologiques sont bien documentées au XVIe siècle, notamment dans les premiers “musées” qui apparaissent en Italie12. On sait par exemple qu’Ulisse Aldrovandi avait réuni d’importants matériaux en vue de ses études zoologiques : spécimens réels et figurations (peintures, gravures), parmi lesquels de nombreux insectes13. Sans doute ce capital fut-il utilisé lors de l’édition de son grand ouvrage sur ces animaux, le premier qui ait jamais été publié : De Animalibus Insectis libri septem (Bologne, 1602). Aldrovandi correspondait régulièrement avec le médecin belge Samuel Quicchelberg, auteur d’un manuel publié en 1565, assez rarement cité à son époque mais qui paraît avoir joué un certain rôle dans la diffusion des cabinets de curiosités : “Sommaire ou description d’un immense Théâtre, comprenant divers matériaux et images remarquables de la totalité des choses14 ”. Aux XVIe et XVIIe siècles, les cabinets de curiosités avaient ainsi pour finalité de procurer une image du monde aussi exhaustive que possible, en un lieu restreint, par la réunion d’éléments remarquables appartenant aux deux catégories des objets : naturalia (productions de la nature) et artificialia (productions de l’art)15. Une catégorie supplémentaire – ou intermédiaire – était celle des mirabilia, objets “admirables”, qu’ils soient l’œuvre de la nature (dent de géant, os de dragon, corne de licorne…) ou de l’art (vaisselles d’or et d’argent, joyaux, pierres précieuses, tableaux de maîtres, statues antiques et modernes…)16. Les cabinets des princes étaient des institutions de prestige, qui rendaient visibles la puissance des souverains, leur domination sur le monde. Il en était de même pour les collections rassemblées par Aldrovandi, à Bologne, qui exprimaient la richesse de cette ville et de son université. Bien qu’il fût conservateur des collections d’un prince régnant (Albert V de Bavière), Quicchelberg voulait “démocratiser” les cabinets de curiosités : son ouvrage encourageait tous ceux qui voudraient suivre l’exemple des grands à constituer, selon leurs moyens, une collection d’objets rares qui puisse leur procurer rapidement et facilement “une connaissance du monde profonde et véritable”. Le public visé était celui des particuliers, qui ne pouvaient ou ne voulaient pas dépenser de sommes importantes pour leur cabinet. Le mot “cabinet”, d’ailleurs, qui peut désigner soit une salle tout entière, voire un ensemble de salles, soit un simple meuble, exprime l’étendue de ce concept. À ses lecteurs, Quicchelberg donnait les conseils suivants :
Une personne de fortune modeste sera ainsi en mesure, selon la nature de l’endroit où elle se trouve et selon ses intentions et ses intérêts, d’accumuler avec profit différentes sortes de graines, ou de pierres, ou de petits animaux, ou de vieilles pièces, ou une collection de gravures, le tout sans engager de grandes dépenses17.
7Les insectes sont évidemment compris dans les “petits animaux”, dont les amateurs pouvaient, à peu de frais, se constituer des collections.
8Mais les grands de ce monde pouvaient, eux aussi, s’intéresser aux insectes. Il est, par exemple, extrêmement probable que l’empereur Rodolphe II de Habsbourg (1552-1612), un des plus grands collectionneurs de tous les temps, a possédé quelques coffres ou boîtes d’insectes, dans l’immense musée qui remplissait des galeries entières de son palais de Prague. Un de ses artistes favoris, le miniaturiste Joris Hoefnagel, déjà mentionné, a laissé de nombreuses figurations de coléoptères et autres insectes, agrémentées de commentaires moralisateurs ou philosophiques18. Peintes sur vélin avec une exquise précision, ou gravées sur cuivre par son fils Jacob (1575-1630), elles ont presque un statut “scientifique” avant la lettre, ce qui a conduit le professeur belge Jean Leclercq à reconnaître Joris Hoefnagel comme “le premier entomologiste belge”19.
9À la génération suivante, le médecin huguenot Pierre Borel, de Castres, donne en 1649 la liste de tous les “curieux” qui lui étaient connus, soit 163 en France et 44 dans le reste de l’Europe, en indiquant la spécialité de chacun20. Il ne cite que deux amateurs d’insectes, plus précisément de papillons : un certain Nicolai (peut-être le célèbre théologien Jean Nicolai, 1594-1673) et le marquis de Rouillac (1584-1662). Borel lui-même possède “plusieurs raretez touchant les insectes, papillons rares […], plusieurs cerfs-volant, l’insecte licorne, etc.” (p. 139). Mais il ne mentionne pas d’autres collectionneurs d’insectes qui nous sont connus par ailleurs21. On peut citer l’écrivain et abbé parisien Michel de Marolles (1600-1681) et le chanoine toulousain François Filhol (1583-1648), qui avaient tous deux des papillons. Le fleuriste et grainetier parisien Pierre Morin III (c. 1595-1658) possédait une collection qui semble avoir été beaucoup plus importante. Les rares éléments biographiques de Morin ne nous apprennent rien sur son intérêt pour les insectes ; tout au plus savons-nous qu’il avait hérité de son frère René, “homme qui pendant sa vie a été aussi curieux qu’aucun de l’Europe”22. La collection d’insectes de Pierre Morin lui venait-elle, au moins en partie, de son frère René ? Quoi qu’il en soit, le voyageur anglais John Evelyn en parle à deux reprises. Au printemps 1644, il note : “Sa collection de toutes sortes d’insectes, surtout papillons, est fort curieuse ; il les étale et traite de façon qu’ils ne se corrompent pas et les dispose dans des tiroirs de façon à former de magnifiques morceaux de tapisserie.” En 1651, autre visite, où Evelyn admire “une très curieuse collection de scarabées et insectes”. Le peintre Jan van Kessel (1626-1679) a représenté à plusieurs reprises des cadres contenant des insectes ; ils nous permettent d’imaginer à quoi pouvait ressembler la collection de Pierre Morin, peu d’années auparavant23. Nous savons aussi qu’il existait, dans les grandes villes, des boutiques spécialisées dans les coquillages, insectes et autres curiosités d’histoire naturelle. En 1644, Evelyn visite une telle boutique à Paris.
Le XVIIIe siècle et la vogue des cabinets d’histoire naturelle
10Vers la fin du XVIIe siècle, la “curiosité” se répand dans la classe moyenne de la société, et prend une telle ampleur que La Bruyère s’en moque, dans ses Caractères, en ajoutant en 1691 à son livre XIII “De la mode” un chapitre sur la curiosité : “La curiosité n’est pas un goût pour ce qui est bon ou ce qui est beau, mais pour ce qui est rare, unique, pour ce qu’on a et ce que les autres n’ont point.”24 On trouve dans ce chapitre le fameux paragraphe consacré à l’amateur d’insectes : “Cet autre aime les insectes, il en fait tous les jours de nouvelles emplettes ; c’est surtout le premier homme de l’Europe pour les papillons…”25 Un siècle plus tard, Emmanuel Kant fustige le goût des choses “petites” (sans mentionner explicitement les collections d’insectes) :
Il est un esprit des petitesses (esprit des bagatelles) qui manifeste une sorte de sentiment délicat, mais directement opposé au sublime. […] C’est le goût de tout ce qui est apprêté et arrangé avec minutie, sans aucun souci d’utilité […] C’est, enfin, le goût de tout ce qui est rare, si médiocre qu’en soit la valeur intrinsèque. […] On peut soupçonner ceux qui partagent ce goût d’être vétilleux et songe-creux dans les sciences, insensibles dans les mœurs à tout ce qui est naturellement beau et noble26.
11Tout comme La Bruyère, Kant semble n’avoir compris la curiosité que de façon superficielle. Sans doute y avait-il, à leur époque, des gens qui recherchaient certains objets seulement parce qu’ils étaient à la mode, et les insectes (papillons, coléoptères, etc.) parce qu’ils flattaient le regard : ces gens étaient de simples “curieux”, dont l’intérêt vague et diffus ne permettait pas une véritable connaissance des objets de leur intérêt. D’autres étaient d’authentiques “amateurs”, ou naturalistes, qui recherchaient spécialement les objets de leur intérêt, et s’attachaient à accroître les connaissances les concernant. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, on verra coexister ces diverses sortes de personnages, qui réunissent des “cabinets” extrêmement disparates pour ce qui est de l’étendue et de la qualité27, pour ce qui est aussi de l’arrangement : les “curieux” donnant tout au plaisir des yeux, les “naturalistes” disposant les spécimens par genres et familles28. Beaucoup étaient spécialisés dans les coquillages : il y eut une véritable folie des coquillages, dans l’Europe du XVIIIe siècle, au point que la conchyliologie formait la base des cabinets d’histoire naturelle29. Les plus fameux cabinets se rencontraient en Hollande, où les amateurs de coquillages dépensaient des sommes fabuleuses pour acquérir les objets de leur passion, un peu comme, au siècle précédent, ils l’avaient fait pour les tulipes. On cite l’exemple d’un spécimen de Conus cedonulli, vendu vers 1790, en Hollande, pour un prix six fois supérieur à celui d’un tableau de Vermeer !
12Des insectes figuraient aussi dans ces cabinets. L’un des plus célèbres, celui de l’apothicaire Albertus Seba (1665-1736), d’Amsterdam, était riche en papillons, mais aussi en coléoptères30. On peut également signaler celui de Pierre Lyonet (1706-1789)31. Ce descendant de huguenots, né à Amsterdam, était un grand entomologiste, auteur de l’un des plus importants ouvrages consacrés à la morphologie des insectes32. Un de ses projets, malheureusement jamais mis à exécution, était une faune entomologique de la Hollande, pour laquelle il rassembla des matériaux toute sa vie. Sans doute conservait-il également divers insectes exotiques que les marchands hollandais fournissaient alors en quantité. Ses collections remplissaient trois “cabinets”, probablement des meubles à tiroirs. Seul le plus petit des trois était consacré aux insectes, les deux grands étant réservés aux coquillages. C’est que Lyonet, comme tous les collectionneurs avisés de son temps, investissait dans les coquillages et non dans les insectes, même si les commerçants proposaient aux amateurs de nombreux insectes exotiques33. La valeur marchande des coquillages était due – outre leur beauté, plus généralement appréciée que celle des insectes – au fait qu’ils se conservaient presque parfaitement, pendant des années voire des siècles. Tel n’était pas le cas des collections d’insectes, aux prises avec de nombreux organismes destructeurs, dont les plus dangereux étaient également des insectes. L’indication la plus explicite dont nous disposions sur ce sujet est donnée par Pierre Boitard en 1825 :
Peu d’objets d’histoire naturelle sont en prise aux insectes destructeurs comme les insectes eux-mêmes ; la raison en vient de ce que les préparateurs n’étant pas en usage de les vider, leurs muscles et leurs viscères desséchés offrent à ceux-ci une nourriture qui leur plaît et les attire de fort loin […]. Aussi, malgré toutes les précautions que l’on peut prendre, est-il rare de voir une collection de cette intéressante classe d’animaux durer plus de sept ou huit ans sans être attaquée, et souvent même entièrement dé truite34.
13Sept ou huit ans ! Même si cette indication est peut-être pessimiste, on comprend pourquoi bien peu de collections entomologiques ont pu être conservées au-delà de quelques années, et pourquoi il fallait, périodiquement, les reconstituer. C’était la raison majeure qui s’opposait à la vogue de ces collections, si séduisantes par ailleurs, que les amateurs qui persistaient malgré tout cherchaient toujours le moyen de préserver. Réaumur notamment, pour qui ce problème était un grand sujet de préoccupation, avait préparé au moins deux mémoires sur la conservation des collections entomologiques, les moyens de les rendre durables et de les défendre contre “les petits Scarabées qui nous font le plus de mal”35. La solution est simple : il suffit de maintenir les collections au sec, à l’abri de la lumière, et dans des unités de rangement fermées aussi hermétiquement que possible. On connaît des spécimens entomologiques qui se sont parfaitement conservés, dans de telles conditions, pendant trois cents ans36.
14En dépit de ce problème majeur, la plupart des grands cabinets d’Histoire naturelle du XVIIIe siècle renfermaient des insectes, quitte à les renouveler périodiquement. Certains étaient même spécialisés dans cette classe. À Paris, les plus célèbres étaient ceux de Réaumur lui-même, d’Étienne-Louis Geoffroy*, et surtout de Gigot d’Orcy, ce dernier décrit de la façon suivante par un “guide touristique” de l’époque :
[…] une suite absolument complète de papillons et autres insectes indigènes. Celle des exotiques y est aussi très considérable. Cette suite a servi à former l’ouvrage précieux sur les insectes d’Europe, dû aux soins de cet amateur éclairé37.
15On sait combien les “amateurs” (mot qui renvoie à la distinction, faite ci-dessus, avec les “curieux”) ont fait progresser la connaissance des insectes. L’exemple de Réaumur est à mettre à part, avec ses Mémoires pour servir à l’étude des insectes, publiés de 1734 à 1742 et laissés inachevés (ces recueils sont essentiellement consacrés à la biologie, mais les manuscrits restés inédits traitent aussi de la systématique, notamment des coléoptères38). Le médecin Étienne-Louis Geoffroy produisit lui aussi un ouvrage important (sans doute au moins en partie d’après sa propre collection) : Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris ; dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique39, qui fournit une des toutes premières “méthodes” (c’est-à-dire classifications) des insectes, et la première étude systématique en France de ces animaux. La taxinomie des coléoptères introduite par Geoffroy, et fondée sur le nombre d’articles des tarses, resta une des bases de l’étude de ces animaux jusqu’au XXe siècle. Le cabinet de Geoffroy put rester dans sa famille jusqu’en 1909, date à laquelle il fut offert au Muséum. Enfin, pour ce qui est de Gigot d’Orcy, l’“ouvrage précieux” mentionné à son propos est celui d’Ernst et Engramelle sur les papillons, publié de 1779 à 1793. C’est surtout une iconographie, mais ses planches illustrent les adultes ainsi que leurs larves (chenilles), ce qui donne à l’ensemble le statut d’une œuvre biologique et scientifique40. Gigot d’Orcy put voir l’achèvement de cet ouvrage ; mais le malheureux fut guillotiné peu après (1793), et son cabinet vendu comme “bien national”41. D’une façon générale, les collections entomologiques des cabinets d’Histoire naturelle jouèrent un rôle majeur dans l’élaboration du texte et surtout de l’iconographie des nombreux ouvrages consacrés aux insectes qui furent publiés au XVIIIe siècle42. Ce fut le cas en particulier de l’une des toutes premières monographie exclusivement consacrée aux coléoptères, due à l’entomologiste et voyageur français Guillaume-Antoine Olivier (1756-1814), qui eut la malchance d’être publiée à partir de 178943. Outre les cabinets des grands amateurs parisiens, Olivier visita ceux de Londres, y compris celui de James Edward Smith, qui avait acquis la collection de Linné ; il utilisa aussi sa propre collection, dont le Muséum put recueillir la plus grande partie44 ; enfin, il mit à profit le Cabinet du Roi.
Le Cabinet du Roi
16Yves Laissus a retracé avec talent l’histoire du Jardin du Roi, de ses origines médicinales, sous Louis XIII (1626), à sa transformation en Muséum d’Histoire naturelle sous la Convention (1793), et l’on ne saurait trouver de meilleur guide pour le présent paragraphe45. Cet auteur explique comment l’ancien “droguier”, adjoint au Jardin du Roi en 1635, devint en 1729 “Cabinet d’histoire naturelle”, conformément à la mode du temps, et fut désormais consacré aux trois règnes de la nature. Après des directeurs de transition, Georges-Louis-Marie Leclerc, comte de Buffon, fut nommé Intendant du Jardin royal le 26 juillet 1739. Il allait occuper ce poste jusqu’à sa mort, en 1788. Dezallier d’Argenville, dans la première édition (parue en 1742) de son célèbre ouvrage sur l’histoire naturelle en général et la conchyliologie en particulier, décrit assez précisément le Cabinet d’histoire naturelle tel qu’il est alors, trois ans après l’arrivée de Buffon : un pittoresque fatras, entassé dans deux pièces, où d’authentiques trésors voisinent avec d’invraisemblables “curiosités”. Très rapidement, Buffon engage du personnel, élargit les locaux, enrichit les collections. En 1745, il confie à son collaborateur Daubenton (1716-1800) le poste de “Garde et Démonstrateur du Cabinet”. Par la suite, et pour aider celui-ci dans une tâche qui va sans cesse croissant, il fait créer deux autres postes : Daubenton le jeune (1732-1785) puis Lacépède (1756-1825) seront titulaires du premier, Faujas de Saint-Fond (1741-1819) du second. Ce personnel ne chôme pas : trois fois agrandi et réorganisé à grands frais entre 1742 et 1788, le Cabinet s’enrichit d’extraordinaire façon. En tout ou partie, les cabinets de Bonnier de La Mosson, Pajot d’Onsenbray, Adanson, Hunauld, viennent – grâce à Buffon – grossir l’ensemble réuni au Jardin, tandis que les souverains de Danemark, de Pologne, de Suède, de Prusse, de Russie tiennent à honneur de contribuer eux aussi à cette prospérité par l’envoi de productions naturelles de leurs pays. Cependant, des critiques, quelquefois fort vives, se font jour sur l’organisation du Cabinet. L’abbé Lelarge de Lignac, très lié à Réaumur, reproche en 1751 à Daubenton d’avoir sacrifié à l’esthétique le classement scientifique des collections. Il lui propose comme modèle l’ordre rigoureux qui règne dans les collections de Réaumur…
17En dépit de ces accroissements, Réaumur – il est vrai toujours très critique à l’égard de Buffon – pouvait écrire à Séguier, en 1749, que le Cabinet du Roi était pauvre en insectes46. Peu après sa mort, en 1757, une ordonnance royale était promulguée ordonnant que toutes ses collections soient transportées au Cabinet du Roi. Elles y ont certainement pallié la pauvreté entomologique des collections royales ; mais, selon toute probabilité, cela ne dura guère. On le sait, Réaumur et Buffon se détestaient cordialement ; en outre, ce dernier n’était absolument pas intéressé par les insectes. On connaît sa célèbre formule selon laquelle “une mouche ne doit pas tenir dans la tête d’un Naturaliste plus de place qu’elle n’en tient dans la Nature”, formule qui visait expressément Réaumur47. Certes, les insectes ne tenaient guère de place dans la tête de Buffon, qui les ignorait superbement ! Nul doute qu’il n’encouragea pas ses collaborateurs à donner aux importantes collections de son vieil ennemi les soins nécessaires à leur conservation. Dans ce cas, si l’on se fie aux indications de Boitard, les insectes de Réaumur devaient être fort dégradés à la mort de Buffon. En 1789, Guillaume-Antoine Olivier ne cite le Cabinet du Roi qu’après ceux de Londres ; mais il en donne tout de même une appréciation assez flatteuse :
À Paris, le cabinet du Roi, sous la garde de M. d’Aubenton, renferme des insectes très-précieux et très-rares, venus de toutes les parties du monde. On y remarque un grand nombre d’insectes du Sénégal, rapportés par M. Adanson ; de Madagascar, de l’Isle de France et de l’Isle de Bourbon, ramassés par feu M. Commerson ; du Cap de Bonne-Espérance, de la Chine, des Indes Orientales, par M. Sonnerat ; du Brésil, par M. Dombé ; des Antilles, de Cayenne, par différens amateurs48.
18Sans être aussi optimiste, le premier ouvrage sur l’histoire du Muséum donne les indications suivantes :
L’ancien cabinet [c’est-à-dire avant 1793] n’offrait que quinze cents individus [d’animaux articulés], presque tous de la classe des arachnides, et des insectes provenans pour la plupart du cabinet de Réaumur, et envoyés, soit à ce célèbre entomologiste, soit à Buffon, par Cossigny, Duhamel, de Poivre, Adanson, Granger, Chavalon, Commerson, Sonnerat et divers autres correspondans. On les avait exposés moins pour donner des notions de cette branche de la zoologie, que pour offrir aux yeux des objets de curiosité49.
19Simples objets de curiosité, pour Buffon comme pour ses premiers successeurs, les insectes n’ont guère suscité d’efforts de leur part pour en développer les collections, même si les grandes expéditions, qui parcouraient le monde à cette époque, en ramenaient des quantités.
Notes de bas de page
1 Pellegrin (Pierre), La Classification des animaux chez Aristote : statut de la biologie et unité de l’aristotélisme, Paris : Les Belles Lettres, 1982, 217 p. (Collection d’études anciennes).
2 Aristote, Histoire des animaux, [texte établi et trad. par Louis Pierre], Paris : Les Belles Lettres, 1964, t. 1, p. 12. Voir aussi Davies (Malcolm), Kathirithamby (Jeyaraney), Greek Insects, Oxford : Oxford University Press, 1986, XVIII + 211 p., 37 figs ; Beavis (Ian C.), Insects and Other Invertebrates in Classical Antiquity, Exeter : University Publications, 1988, XVI + 269 p.
3 Pour ce § et le suivant, cf. Cambefort (Yves), “Artistes, médecins et curieux aux origines de l’entomologie moderne (1450-1650”, Bulletin d’histoire et d’épistémologie des sciences de la vie, vol. 11, no 1, 2004, pp. 3-29, figs 1-10.
4 Sur cette iconographie “marginale”, cf. notamment Camille (Michael), Image on the Edge : the Margins of Medieval Art, Cambridge, Mass. : Harvard University Press, 1992, 176 p., 86 figs ; Schmitt (Jean-Claude), “L’Univers des marges”, in Dalarun (Jacques) (sous la dir.), Le Moyen Âge en lumière : manuscrits illuminés des bibliothèques de France, Paris : Fayard, 2002, pp. 329-361.
5 Salmon (Michael A.), The Aurelian Legacy : British Butterflies and their Collectors, Colchester : Harley Books, 2000, p. 68.
6 Voir par exemple König (Eberhard), Les Heures de Marguerite d’Orléans, [trad. de l’allemand par Boespflug François], Paris : Cerf ; Bibliothèque nationale, 1991, 239 p. (Mémoire des couleurs) (cf. notamment f° 172 r°).
7 Kaufmann (Thomas DaCosta), “The Sanctification of nature : observations on the origins of Trompe l’œil in Nederlandish book painting of the fifteenth and sixteenth centuries”, in The Mastery of Nature : Aspects of Art, Science, and Humanism in the Renaissance, Princeton : Princeton University Press, 1993, pp. 11-48 et notes pp. 229-236 (Princeton essays on the art).
8 Kaufmann (Thomas DaCosta), The Mastery of Nature…, op. cit., pp. 45-47 et fig. 27.
9 Herbier du Révérend Adam Buddle (1660-1715), au Natural History Museum de Londres, in Salmon (Michael A.), The Aurelian Legacy…, op. cit., p. 59.
10 D’autres animaux pouvant être aplatis et collés sur des feuilles de papier étaient ainsi, à l’occasion, conservés de la même façon : cf. les “herbiers de poissons” de Commerson et d’Adanson, in Schaer (Roland) (sous la dir.), Tous les savoirs du monde : encyclopédies et bibliothèques, de Sumer au XXIe siècle : catalogue d’exposition, Paris, Bibliothèque nationale de France, 20 décembre 1996 - 6 avril 1997, Paris : Bibliothèque nationale de France ; Flammarion, 1996, pp. 240-241.
11 Exemple de lucane dans le Psautier de Gian Galeazzo Visconti (c. 1390) ; hanneton dans un exemplaire des Grandes Chroniques de France réalisé pour le duc de Bourgogne Philippe le Bon (c. 1450) ; coccinelle dans les Heures d’Engelbert de Nassau (c. 1470) ; etc.
12 Lugli (Adalgisa), Naturalia et Mirabilia : les cabinets de curiosités en Europe, [trad. de l’italien par Lentengre Marie-Louise], Paris : A. Biro, 1998, 267 p. (cf. notamment le chapitre 3 : “Les Musées comme théâtres de mémoire”, pp. 74-157). Martin (Pierre), Moncond’huy (Dominique) (sous la dir.), Curiosités et cabinets de curiosités, Neuilly : Atlande, 2004. Voir aussi Schaer (Roland) (sous la dir.), Tous les savoirs du monde…, op. cit., pp. 272-319.
13 Boutroue (Marie-Élisabeth), “Le Cabinet d’Ulisse Aldrovandi et la construction du savoir”, in Martin (Pierre), Moncond’huy (Dominique) (sous la dir.), Curiosités et cabinets de curiosités, op. cit., pp. 43-63.
14 Quicchelberg (Samuel), Inscriptiones vel tituli Theatri amplissimi, complectentis rerum universitatis singulas materias et imagines eximias…, Munich : A. Berg, 1565.
15 Pour les cabinets de curiosités, cf. Lugli (Adalgisa), Naturalia et Mirabilia…, op. cit. ; Pomian (Krzysztof), Collectionneurs, amateurs et curieux : Paris-Venise, XVIe-XVIIIe siècle, Paris : Gallimard, 1987, 367 p. (Bibliothèque des histoires) ; Mauriès (Patrick), Cabinets de curiosités, Paris : Gallimard, 2002, 259 p.
16 Falguières (Patricia), Les Chambres des merveilles, Paris : Bayard, 2003, 141 p. (Le Rayon des curiosités).
17 Cité par Mauriès (Patrick), Cabinets de curiosités, op. cit., p. 167.
18 Voir notamment Hendrix (Lee), Vignau-Wilberg (Thea) (sous la dir.), Mira calligraphiae monumenta, inscribed by Georg Bocskay and illuminated by Joris Hoefnagel, Malibu : The J. Paul Getty Museum, 1992, x + 412 p. ; Vignau-Wilberg (Thea), Archetypa studiaque patris Georgii Hoefnagelii, 1592. Nature, Poetry, and Science in Art around 1600, Munich : Staatliche Graphische Sammlung, 1994, 212 p. ; etc.
19 Cf. notamment Leclercq (Jean), “Qui fut le premier entomologiste belge ? Je propose Joris Hoefnagel (1542-1600)”, Bulletin et annales de la Société royale belge d’entomologie, vol. 123, no X-XII, 1987, pp. 353-357 ; Leclercq (Jean), “À la découverte des insectes qui figurent dans les peintures de fleurs des artistes flamands et hollandais du 17e siècle”, Natura Mosana, vol. 41, 1988, pp. 81-104 ; Leclercq (Jean), “Préhistoire de l’entomologie dans le patrimoine artistique de nos régions (Flandres, Wallonie…)”, in Troisième Conférence internationale des entomologistes d’expression française (Gembloux), numéro des Mémoires de la Société royale d’entomologie de Belgique, vol. 35, no 1, 1992, pp. 9-26.
20 Borel (Pierre), Les Antiquitez, raretez, plantes, mineraux, & autres choses considerables de la ville et comté de Castres d’Albigeois. Avec le roole des principaux cabinets, & autres raretez de l’Europe, [fac-sim. de l’éd. de Castres : A. Colomiez, 1649], Genève : Minkoff, 1973, 150 p.
21 Cf. notamment Pomian (Krzysztof), Collectionneurs, amateurs et curieux…, op. cit. ; Schnapper (Antoine), Le Géant, la licorne et la tulipe : collections et collectionneurs dans la France du XVIIe siècle. T. 1 : Histoire et histoire naturelle, Paris : Flammarion, 1988, 415 p., 72 photogr. (Art, histoire, société).
22 Hamy (E.-T.), “Le Fleuriste Pierre Morin le jeune, dit Troisième”, Bulletin du Muséum d’histoire naturelle, vol. 3, 1897, pp. 186-190.
23 Cf. p. ex. les quatre Allégories des continents, reproduites in Schneider (Norbert), Les Natures mortes : réalité et symbolique des choses : la peinture de natures mortes à la naissance des temps modernes, [trad. de l’allemand par Laugier-Morun Françoise], Cologne : B. Taschen, 1994, pp. 159-169.
24 La Bruyère (Jean de), Les Caractères, [introd. et notes de Bury Emmanuel], Paris : Librairie générale française, 1995, p. 502 (Classique de poche ; 1478).
25 Idem, p. 507.
26 Kant (Emmanuel), Observations sur le sentiment du beau et du sublime (1764), cité par Falguières (Patricia), Les Chambres des merveilles, op. cit., pp. 62-63.
27 Voir Laissus (Yves) “Les Cabinets d’histoire naturelle”, in Taton (René) (sous la dir.), Enseignement et diffusion des sciences en France au XVIIIe siècle, Paris : Hermann, 1964, pp. 659-712 (Histoire de la pensée ; 11).
28 Pomian (Krzysztof), “Histoire naturelle : de la curiosité à la discipline”, in Martin (Pierre), Moncond’huy (Dominique) (sous la dir.), Curiosités et cabinets de curiosités, op. cit., p. 31.
29 Pomian (Krzysztof), “Médailles/coquilles = érudition/philosophie”, in Pomian (Krzysztof), Collectionneurs, amateurs et curieux…, op. cit., pp. 143-162 et notes pp. 332-334.
30 Lamers-Schütze (Petra) (sous la dir.), Albertus Seba Butterflies and Insects, Cologne : Taschen, 2004, 127 p.
31 Van Seters (Wouter Hendrik), Pierre Lyonet, 1706-1789, sa vie, ses collections de coquillages et de tableaux, ses recherches entomologiques, [trad. du néerlandais par Laurent Louis], La Haye : M. Nijhoff, 1962, 242 p., 28 pls.
32 Lyonet (Pierre), Traité anatomique de la chenille qui ronge le bois de saule, 2éme éd., La Haye : chez l’auteur et Pierre Gosse & Daniel Pinet ; Amsterdam : Marc Michel Rey, 1762, XXIV + 42 + 616 p., I + XVIII pl. gravées sur cuivre.
33 Wettengl (Kurt) (sous la dir.), Maria Sibylla Merian, 1647-1717, Artist and Naturalist, Ostfildern : Verlag Gerd Hatje, 1998, in-4°, 276 p. (voir notamment p. 238 et illustrations pp. 32 et 254).
34 Boitard (Pierre), Manuel du naturaliste préparateur, ou l’Art d’empailler les animaux et de conserver les végétaux et les minéraux, Paris : Roret, 1825, pp. 215-216.
35 Caullery (Maurice), Les Papiers laissés par de Réaumur et le tome VII des Mémoires pour servir à l’histoire des insectes, Paris : P. Lechevalier, 1929, p. 25 et 55. Voir aussi Réaumur (René Antoine Ferchault de), Histoire des scarabées, Paris : P. Lechevalier, 1955, 471 p., XXI pl. (cf. notamment le Septième Mémoire, “Des différentes espèces d’insectes contre lesquelles on a à défendre les collections d’oiseaux, et toutes celles du règne animal”, pp. 379-395).
36 Par ex. Walker (Annette K.), Fitton (M. G.), Vane-Wright (R. I.), Carter (D. J.), “Insects and other invertebrates”, in Carter (David), Walker (Annette K.) (sous la dir.), Care and Conservation of Natural History Collections, Oxford : Butterworth-Heinemann, 1999, pp. 37-60 (notamment p. 37).
37 Thiéry, Almanach du voyageur à Paris : contenant une description intéressante de tous les monumens, chefs-d’œuvre des arts, établissemens utiles, & autres objets de curiosité que renferme cette capitale : ouvrage utile aux citoyens, & indispensable pour l’étranger, Paris : Hardouin & Gattey, 1786, p. 133.
38 Réaumur (René Antoine Ferchault de), Histoire des scarabées, op. cit.
39 [Geoffroy (Étienne-Louis)], Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris ; dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique, Paris : Durand, 1762, 2 vols in-4°, (IV) + XXVIII + 523 p., 1 tabl. dépl., 10 pl. gravées sur cuivre rempl. et (IV) + 690 p., 12 pl. gravées sur cuivre rempl. [réimp. avec le nom de l’auteur, 1764, mêmes pages et planches ; éd. revue, corrigée et augmentée, An VII (1799)].
40 Insectes [Papillons] d’Europe, peints d’après nature par M. Ernst, gravés par M. Gerardin et coloriés sous leur direction... Décrits par le R. P. Engramelle, Paris : Delaguette ; Basan & Poignant, 1779-1792 [1793], 29 livraisons reliées en 4 ou 8 vols, 353 pl. gravées sur cuivre (350 coloriées).
41 Acquis par le botaniste suisse Boissier, ce qu’il en reste est conservé au Musée d’Histoire naturelle de Genève.
42 Voir Mairé (Béatrice), Métamorphoses : le monde fascinant des insectes, Paris : France Loisirs ; Bibliothèque nationale de France, 2004, 143 p. (Mémoires et merveilles de la Bibliothèque nationale de France)
43 Olivier (Guillaume-Antoine), Entomologie, ou Histoire naturelle des insectes, avec leurs caractères génériques et spécifiques, leur description, leur synonymie et leur figure enluminée. Coléoptères, Paris : Baudouin, Lanneau, Desray, 1789-1808, 6 vols de texte in-4° (3162 p.), 363 pls coloriées.
44 Cf. ci-dessous, Chapitre 5, l’article consacré à Olivier.
45 Voir Laissus (Yves), “Le Jardin du Roi”, in Taton (René) (sous la dir.), Enseignement et diffusion des sciences en France au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 287-341.
46 Caullery (Maurice), Les Papiers laissés par de Réaumur et le tome VII des Mémoires pour servir à l’histoire des insectes, op. cit., p. 45.
47 Citée par Roger (Jacques), Les Sciences de la vie dans la pensée française au XVIIIe siècle, Paris : Albin Michel, 1993, p. 560.
48 Olivier (Guillaume-Antoine), Entomologie…, op. cit., t. 1, p. ii-iii.
49 Deleuze (Joseph Philippe François), Histoire et description du Muséum royal d’Histoire naturelle, Paris : A. Royer, 1823, [vol. 1, pp. 1-330 ; vol. 2, pp. 331-720], p. 564.
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