Vers les grandes flores (1850-1920)
p. 419-546
Texte intégral
1Cette troisième période commence au milieu du XIXème et s’achève au début du XXème siècle. À partir des armées 1850, les espèces découvertes sont pour la plupart des espèces endémiques, soit de régions telles que les Alpes ou les Pyrénées soit de massifs ou pays plus limités comme les Alpes maritimes ou les Cévennes. La fin de cette période est floue. On pourrait la fixer à la première guerre mondiale, véritable cataclysme dans l’histoire de l'Europe. Du point de vue botanique, elle correspond aux parutions des deux nouvelles grandes flores de France qui marquent une sorte d’aboutissement dans les recherches floristiques françaises : la Flore descriptive et illustrée de la France (1901-1906)1 de l’abbé Hippolyte Coste (1858-1924) et la Flore complète illustrée en couleurs de la France (1912-1935)2 de Gaston Bonnier (1851-1922). Le début de cette troisième période est marqué par la mise en place d’une nouvelle organisation de la communauté des botanistes, elle-même directement liée à l’histoire sociale de l’Europe : cette troisième période commence avec les révolutions de 1848.
2À la veille de 1848, plusieurs grandes oppositions font rage contre les pouvoirs de l’Ancien Régime qui règnent alors en Europe. Les libéraux demandent un régime constitutionnel et de véritables chambres élues. Les nationalistes veulent la liberté et la souveraineté de chaque État, par la fusion de petits Étals, comme en Italie et en Allemagne, ou par l’indépendance, comme dans l’empire d’Autriche. Les démocrates sont partisans d’un suffrage universel pur et simple. Enfin, les socialistes, ralliés par des masses populaires d’ouvriers et de petits artisans ruinés qui portent en haine le régime, s’attaquent à la structure capitaliste de la société, dénoncée en 1847 dans le Manifeste du communisme de Karl Marx et Friedrich Engels. Toutes ces forces se soulèvent au lendemain de la très grave crise agricole et industrielle des années 1846 et 1847. Tout éclate à Paris le 22 février 1848, lors d’un immense banquet réformiste. L’insurrection populaire inattendue et le ralliement de la Garde nationale aux côtés des insurgés provoquent deux jours plus tard l’abdication de Louis-Philippe et la formation d’un gouvernement provisoire qui annonce dans la nuit le rétablissement de la République et l’élection d’une assemblée au suffrage universel. L’action de ce gouvernement n’est pas seulement politique : dès le 25 février, le droit au travail est proclamé et la journée de travail est limitée à dix heures ; des ateliers nationaux sont créés pour embaucher des milliers de chômeurs.
3Les élans révolutionnaires ne durent pas. Les élections du mois d’avril portent au pouvoir des républicains modérés. Il s’en suit le soulèvement de l’extrême gauche du 15 mai 1848 et les sanglantes journées du mois de juin, causant plusieurs milliers de morts dans les rangs des ouvriers. Une nouvelle Constitution est adoptée le 12 novembre, basée sur une Assemblée législative de sept cent cinquante membres et un président de la République, élus au suffrage universel. La suite est connue : Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon Ier, est élu président le 10 décembre 1848 ; face à un nouveau sursaut révolutionnaire, la chambre est composée d’une majorité de royalistes qui votent des lois de restriction des libertés. L’aventure de la deuxième République prend définitivement fin avec le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, date anniversaire de la bataille d’Austerlitz et du sacrement impérial de son oncle. Commence alors l’autoritaire Second Empire. Il ne faut pas croire que l’on en est revenu au même point qu’avant les journées de février 1848 : la simple expérience du suffrage universel, qui a fait passer le nombre des électeurs de deux cent mille à plus de neuf millions, est en elle-même une étape décisive de l’évolution des mentalités françaises. La démocratisation est en marche. Le Second Empire ne pourra pas la contraindre. Par ailleurs, la révolution française de 1848 est à l’origine de nombreuses insurrections sociales, libérales et nationalistes dans tout le reste de l’Europe.
4C’est essentiellement le joug de l’Empire autrichien qui est visé en 1848. Le point de départ est marqué par les insurrections républicaines qui éclatent à Vienne entre les 13 et 15 mars. Elles sont suivies de près par des soulèvements libéraux en Allemagne, oü l’on manifeste également la volonté de se séparer du pouvoir viennois pour former une nation allemande. Mais ce sont les mouvements révolutionnaires nationalistes qui sont les plus violents : à Prague en Bohème, à Budapest en Hongrie, à Blaj en Transylvanie, à Zagreb en Croatie, dans les duchés de Parme et de Modène, dans le grand-duché de Toscane et dans le Royaume lombardo-vénitien. Les journées révolutionnaires de Paris provoquent également des insurrections républicaines à Florence, dans le grand-duché de Toscane, à Turin, dans le royaume de Piémont-Sardaigne, et à Rome, dans les États pontificaux. Toutes ces révolutions sont brisées avec la même force qu’en France. Les victimes, les arrestations et les déportations se comptent par centaines. L’Autriche durcit son régime. Tout est revenu dans l’ordre à la fin de l’année 1849, à l’exception de l’Allemagne, où la tentative d’unité échoue plus tard, en 1850. L’ordre n’est qu’apparent. Les mouvements nationalistes ne cessent de s’accroître durant toute la période qui nous intéresse ici. Dans la péninsule italienne, tout d’abord, où le roi de Piémont Sardaigne monte sur le trône d’un royaume d’Italie unifié en 1860 et d’où les Autrichiens sont définitivement chassés en 1866 ; en Hongrie, ensuite, où l’Autriche est obligée de reconnaître des droits aux Hongrois et de signer le Compromis de 1867 pour former la double monarchie d’Autriche-Hongrie ; en Allemagne, enfin, où Bismarck exclue définitivement l’Autriche et crée la confédération d’Allemagne du Nord en 1866 puis l’Empire fédéral allemand en 1871.
5En France, cette troisième période est marquée par une véritable explosion de la pratique botanique. Ce ne sont plus seulement des médecins ou des pharmaciens qui s’intéressent à l’étude des plantes. La démocratisation évoquée précédemment provoque l’accès au savoir pour de nombreuses professions : les récolteurs de plantes et amateurs sont désormais ecclésiastiques, instituteurs, négociants, ingénieurs, exploitants agricoles, juges ou encore fonctionnaires des postes, des chemins de fer ou des contributions (impôts). Toutes ces personnes, qui apportent une incontestable richesse au panorama de la communauté botanique française, se retrouvent au sein des nombreuses sociétés savantes qui apparaissent dans la deuxième moitié du XIXème siècle. L’une d’entre elles nous intéresse particulièrement ici : la Société botanique de France, emblématique et dont la création en 1854 ouvre cette troisième période. Seulement trois parmi les quinze membres fondateurs de la Société botanique de France – Adolphe Brongniart (1801-1876), professeur de botanique au Muséum national d’histoire naturelle, Joseph Decaisne (1807-1882), professeur des cultures dans la même institution, et Alfred Moquin-Tandon (1803-1864), professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Paris – sont des professionnels de l’histoire naturelle, payés pour la pratiquer et la professer. La Société botanique de France trouve sa véritable raison d’être dans le formidable réseau de botanistes amateurs qui se met en place à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Un type particulier de sociétés botaniques, les sociétés d’échanges des plantes, témoigne des relations nouvelles qui se développent entre les botanistes : ces sociétés, qui servent exclusivement à l’échange de plantes en herbier, sont principalement actives entre 1870 et 1895.
6Plusieurs autres faits viennent confirmer qu’une page de l’histoire de la botanique est tournée dans les années 1850 en France. Pour commencer, on assiste à la fin des grandes dynasties et de leur mainmise sur les chaires : de nouveaux noms apparaissent après le décès d’Adrien de Jussieu (1797-1853) et d’Achille Richard (1794-1852). Ensuite, la médecine n’est plus un parcours obligé pour les apprentis naturalistes. À partir des années 1850, les jeunes gens choisissent d’effectuer des études de médecine pour des raisons sociales et non plus pour des raisons universitaires. Des facultés des sciences sont créées dans plusieurs capitales régionales comme Nancy, Besançon ou Clermont-Ferrand. C’est au cours de cette troisième période qu’apparaissent les spécialisations. Les botanistes se consacrent alors presque exclusivement à l’exploration d’une région ou à la systématique d’un genre particulier, souvent réputé difficile, comme Rubus, Rosa ou Hieracium. Enfin, des approches nouvelles influencent la pratique botanique : la géographie botanique amène les botanistes à considérer davantage les associations entre espèces ainsi que la nature des sols ; la théorie jordanienne marque profondément la systématique végétale durant toute la seconde moitié du XIXème siècle.
7Dans le reste de l’Europe, les grandes nations de la botanique demeurent. Dans les premiers rangs se trouvent de nouveau l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie, l’empire d’Autriche et la Confédération helvétique. Viennent ensuite la Belgique, la Suède, la Finlande, le Danemark, la Russie, la Hongrie, la Serbie, la Grèce, le Portugal et l’Espagne.
Allemagne
8Paul Ascherson (1834-1913), professeur de botanique à l’université de Berlin ; Wilhelm Becker (1874-1928), professeur du secondaire dans différentes villes de Prusse et de Saxe, spécialiste des genres Viola et Euphrasia ; Joseph-Friedrich-Nicolaus Bornmüller (1862-1948), originaire de Thuringe, conservateur de l’herbier de l’université d’Iéna, explorateur des Balkans et de la Turquie ; Robert Caspary (1818-1887), directeur du Jardin botanique de Königsberg ; Adolf Engler (1844-1930), originaire de Silésie, ancien élève de l’université de Breslau, professeur de botanique à l’université de Kiel, Breslau puis Berlin à partir de 1889 ; Wilhelm-Olbers Focke (1834-1922), médecin à Brême ; Christian-August-Friedrich Garcke (1819-1904), professeur de botanique à l’université de Berlin ; Karl Graebner (1871-1933), installé à Berlin ; August Grisebach (1814-1879), directeur du Jardin botanique de Göttingen ; Karl-Otto Harz (1842-1906), ancien pharmacien, professeur de zoologie et botanique à l’université de Munich ; Friedrich Hermann (1873-1967), notaire ; Georg Hieronymus (1846-1921), explorateur de l’Argentine entre 1874 et 1883, professeur privé à Breslau puis Berlin à partir de 1892 ; Ernst Huth (1845-1897), professeur à Francfort ; Karl-Friedrich-Wilhelm Jessen (1821-1889), professeur de botanique à Eldena à partir de 1852 puis à l’université de Berlin après 1877 ; Ernst-Hans-Ludwig Krause (1859-1942), médecin à Rostock ; Otto Kuntze (1843-1907), célèbre explorateur, virulent polémiste en nomenclature ; Paul-Wilhelm Magnus (1844-1914), professeur de botanique à l’université de Berlin ; Carl-Christian Mez (1866-1944), directeur du Jardin botanique de Königsberg ; Carl-Wilhelm von Naegeli (1817-1891), originaire de Suisse, professeur de botanique à Zurich puis à l’université de Munich à partir de 1857 ; Albert Peter (1853-1937), conservateur du Jardin botanique de Munich puis directeur du Jardin botanique de Göttingen ; Robert Pilger (1876-1953), professeur de botanique à l’université de Berlin ; Karl Prantl (1849-1893), professeur de sylviculture à Aschaffenburg puis Breslau ; Eduard von Regel (1815-1892), directeur du Jardin botanique de Zurich à partir de 1842 puis du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg après 1855 ; Heinrich-Gustav Reichenbach (1824-1889), professeur à l’université de Leipzig en 1855 puis de Hambourg en 1863 ; Otto Renner (1883-1960), professeur de botanique et directeur du Jardin botanique d’Iéna ; Ernst-Adolph Sagorski (1847-1929), professeur du secondaire près de Naumburg ; Rudolf Schlechter (1872-1925), jardinier puis conservateur au Jardin botanique de Berlin ; Otto-Eugen Schulz (1874-1936), professeur du secondaire à Berlin ; Roman Schulz (1873-1926), professeur du secondaire à Berlin ; Paul Taubert (1862-1897), explorateur de l’Amérique du Sud employé par le Jardin botanique de Berlin ; Ignatz Urban (1848-1931), conservateur puis directeur du Jardin botanique de Berlin ; Andreas Voss (1857-1924), jardinier au Jardin botanique de Göttingen jusqu’en 1890, auteur indépendant d’ouvrages de botanique et d’horticulture ; Hermann Wendland (1825-1903), directeur du Jardin botanique de Herrenhausen ; Karl-Hermann Zahn (1865-1940), professeur de géométrie dans le secondaire, près de Karlsruhe, retiré à Hohenzollern en 1934.
Royaume-Uni
9Charles Babington (1808-1895), professeur de botanique à Cambridge ; John-Gilbert Baker (1834-1920), conservateur des herbiers du Jardin botanique de Kew ; John Ball (1818-1889), alpiniste et politicien irlandais ; Nicholas-Edward Brown (1849-1934), employé par le Jardin botanique de Kew ; George-Claridge Druce (1850-1932), conservateur des herbiers de l’université d’Oxford ; William Botting Hemsley (1843-1924), employé au Jardin botanique de Kew ; William-Philip Hiern (1839-1925), installé à Barnstaple, dans le Devon, à partir de 1882 ; Arthur-William Hill (1875-1941) ; Joseph-Dalton Hooker (1817-1911), fils de William-Jackson Hooker (1785-1865), à qui il succède comme directeur du Jardin botanique de Kew ; Charles-Carmichael Lacaita (1853-1933), d’origine italienne, installé dans une vaste propriété britannique ; Lester-Vallis Lester-Garland (1860-1944), directeur du Victoria College de Jersey ; Charles-Edward Moss (1870-1930), conservateur des herbiers de Cambridge puis professeur de botanique à l’université de Witwatersrand ; Andrew Murray (1812-1878), avocat à Édimbourg ; Gérard-Edward Smith (1804-1881), ecclésiastique dans différentes provinces ; Thomas-Archibald Sprague (1877-1958), employé au Jardin botanique de Kew ; Otto Stapf (1857-1933), originaire d’Autriche, émigré en Angleterre en 1890, employé au Jardin botanique de Kew.
Italie
10Augusto Béguinot (1875-1940), directeur du Jardin botanique de Padoue jusqu’en 1920, professeur de botanique à Sassari en 1921, Messina en 1923, Modène en 1924, puis Gênes en 1929 ; Giulio Camus (1847-1917), originaire de Seine-et-Oise, émigré en Italie en 1873, professeur de français à l’École militaire royale de Turin ; Théodore Caruel (1830-1898), né en Inde d’un père français et d’une mère anglaise, installé à Florence en 1844, directeur du Jardin botanique de Pise en 1871 puis de Florence en 1880 ; Fridiano Cavara (1847-1929), ancien étudiant de l’université de Pavie, directeur du Jardin botanique de Catane en 1902, puis de Naples en 1906 ; Vincenzo de Cesati (1806-1883) ; Emilio Chiovenda (1871-1941), originaire de Rome, conservateur à l’institut botanique de Rome en 1897, directeur du Jardin botanique de Catane en 1916, de Modène en 1929 puis de Bologne en 1935 ; Adriano Fiori (1865-1950), installé à Padoue ; Patricio Gennari (1820-1897), installé à Cagliari ; Emilio Levier (1839-1911), originaire de Suisse, installé à Florence ; Michele Lojacono (1853-1919), installé à Palerme ; Ugolino Martelli (1860-1934), installé à Pise puis Florence ; Leopoldo Nicotra (1846-1940), professeur de botanique à l’université de Sassari en 1892, de Messina en 1900 puis de Cagliari en 1911 ; Giulio Paoletti (1865-1941), professeur d’histoire naturelle à Melfi, à partir de 1897 ; Filipo Parlatore (1816-1877), professeur au Jardin botanique de Florence ; Stefano Sommier (1848-1922), né de parents français en Italie, dont il choisit d’être citoyen en 1869, explorateur du Caucase, installé à Florence ; Nicola Terracciano (1837-1921), installé à Naples, Rome, puis en Érythrée, avant d’être nommé professeur de botanique à l’université de Sassari en 1906 ; Vittore-Benedetto-Antonio Trevisan de Saint-Léon (1818-1897), installé à Padoue ; Roberto de Visiani (1800-1878), originaire de Dalmatie, directeur du Jardin botanique de Padoue ; Giuseppe Zodda (1877-1968), professeur du secondaire dans différentes villes de Sicile.
Autriche
11Karl-Wilhelm von Dalla Torre von Thunberg-Sternoff (1850-1928), originaire du Tyrol, professeur de botanique et de zoologie à Innsbruck ; Karl Fritsch (1864-1934), professeur de botanique à l'université de Graz ; Heinrich Handel-Mazzetti (1882-1940), explorateur – notamment en Chine – pour le compte du Muséum d’histoire naturelle de Vienne ; August von Hayek (1871-1928), médecin, professeur de botanique à l’université de Vienne ; Anton Heimerl (1857-1942), professeur de secondaire à Sechshaus, près de Vienne ; Anton-Josef Kerner (1831-1898), directeur des jardins botaniques d’Innsbruck puis de Vienne ; Karl-Franz-Josef Maly (1874-1951), né à Prague, médecin à Graz ; Eduard Palla (1864-1922), d’origine morave, professeur de botanique à l’université de Graz ; Karl Richter (1855-1891), professeur privé à Vienne ; Ludwig von Sarntheim (1861-1914), administrateur civil à Trieste, Innsbruck puis Ampezzo, dans le sud du Tyrol ; Johann-Baptist Wiesbaur (1836-1906), jésuite, professeur dans diverses institutions de Moravie ; Johanna Witasek (1865-1910), botaniste de l’institut botanique de Vienne.
Bohème
12Günther von Mannagetta und Lerchenau von Beck (1856-1931), né en Slovaquie de parents autrichiens, professeur de botanique à lTmiversité et directeur du Jardin botanique de Vienne, puis directeur du Jardin botanique de Prague à partir de 1899 ; Ladislav-Josef Celakovsky (1864-1916), professeur à l’université et directeur du Jardin botanique de Prague ; Karel Domin (1882-1953), professeur de botanique à Prague, explorateur de l’Australie en 1909 et 1910 ; Josef-Franz Freyn (1845-1903), ingénieur à Prague ; Josef Velenovsky (1858-1949), directeur du Jardin botanique de Prague ; Heinrich-Moritz Willkomm (1821-1895), originaire d’Allemagne, explorateur de l’Espagne et du Portugal, professeur de botanique dans l’université de Tharandt de 1855 à 1868, de Dorpat jusqu’en 1873, puis de Prague.
Suisse
13William Barbey (1842-1914), philanthrope, protestant, riche industriel, gendre d’Edmond Boissier (1810-1885), fixé à Chambésy ; Gustave Beauverd (1867-1942), conservateur de l’herbier Boissier jusqu’en 1918, puis de celui de l’université de Genève ; Christian-Georg Brügger (1833-1899), conservateur des herbiers du Jardin botanique de Zurich jusqu’en 1870, puis professeur d’histoire naturelle à Chur ; John Briquet (1870-1931), directeur du Conservatoire botanique de Genève ; Émile Burnat (1828-1920), riche industriel installé à Nant, dans le canton de Vaud, spécialiste de la flore des Alpes maritimes ; Robert Buser (1857-1931), conservateur des herbiers du Conservatoire botanique de Genève ; François Cavillier (1868-1953), conservateur de l’herbier d’Émile Burnat puis du Conservatoire botanique de Genève ; Alphonse-Pyramus de Candolle (1806-1893), fils d’Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841) ; Alfred Déséglise (1823-1883), originaire de Bourges, émigré à Genève après la guerre de 1870, où il devient conservateur de l’herbier du Jardin botanique ; August Gremli (1833-1899), installé à Genève, ami intime d’Émile Burnat ; Louis Leresche (1808-1885), pasteur à Château d’Oex, dans le canton de Vaud ; Hans Schinz (1858-1941), conservateur du Jardin botanique de Zurich ; Albert Thellung (1881-1928), professeur de botanique à l’université de Zurich.
Belgique
14François Crépin (1830-1903), professeur à Bruxelles, rhodologiste et paléontologue ; Émile-Auguste-Joseph De Wildeman (1866-1947), préparateur, conservateur puis directeur du Jardin botanique de Bruxelles ; Louis-Alexandre-Henri-Joseph Pire (1827-1887), professeur d'histoire naturelle à l’Athanaeum de Bruxelles entre 1853 et 1883, date à laquelle il se retire à Spa.
Suède
15Nils-Johan Andersson (1821-1880), professeur au Risksmuseum de Stockholm, botaniste de la circumnavigation de la frégate Eugénie (1851-1853) ; Robert-Wilhelm Hartmann (1827-1891), professeur à Gävle ; Otto-Rudolf Holmberg (1874-1930), conservateur des herbiers de l’université de Lund ; Carl-Johann Lindeberg (1815-1900), professeur à Göteborg ; Carl-Frederik Nyman (1820-1893), conservateur des herbiers du Naturhistoriska Risksmuseum ; Tycho Vestergren (1875-1930), professeur de botanique à l’université de Stockholm.
Finlande
16Aimo-Kaarlo Cajander (1879-1943), professeur de sylviculture à l’université d’Helsinki, directeur général des forêts ; Harald Lindberg (1871-1963), originaire de Suède, conservateur des herbiers du Musée botanique d’Helsinki.
Danemark
17Johann-Martin-Christian Lange (1818-1898), directeur du Jardin botanique et professeur à l’université de Copenhague ; Anders-Sandoe Oersted (1816-1872), professeur de botanique à l’université de Copenhague, explorateur de l’Amérique du Sud ; Emil Petit (1817-1893), médecin à Fredensborg jusqu’en 1873 puis à Copenhague à partir de 1878 ; Emil Rostrup (1831-1907), professeur de mathématiques et de sciences à l’école vétérinaire et agricole de Copenhague.
Russie
18Dimitri-Ivanovitch Litvinov (1854-1929), explorateur de l’Asie centrale ; Franz-Josef Ruprecht (1814-1870), originaire de Bohème, ancien étudiant de l’université de médecine de Prague, conservateur des collections de l’académie des sciences de Saint-Pétersbourg à partir de 1839, directeur du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg en 1855 ; Ernst-Rudolf von Trautvetter (1809-1889), d’origine balte, directeur de Jardin botanique de Kiev, de 1838 à 1859, puis de Saint-Pétersbourg, de 1860 à 1875.
Hongrie
19Árpád Felsöhagy von Degen (1866-1934), professeur de botanique à l’université de Budapest ; Aladár Scherffel (1865-1938), installé à Budapest comme scientifique indépendant puis professeur de botanique à l’université de Szeged en 1933 ; Zoltan von Szabó (1882-1944), professeur de botanique à l’université de Budapest ; Anton Waisbeker (1835-1916), médecin à Güns (actuelle ville de Köszeg).
Serbie
20Sava Petrovic (1839-1889), ancien élève de la faculté de médecine de Paris, médecin militaire à Belgrade.
Grèce
21Theodor von Heldreich (1822-1902), originaire d’Allemagne, explorateur de la Grèce, devenu directeur du Jardin botanique et du Musée d’histoire naturelle d’Athènes.
Portugal
22Antonio Coutinho (1851-1939), professeur de botanique à Bragança ; Gonçalo Antonio da Silva Ferreira Sampaio (1865-1937), ancien élève de l’université de Coimbra, professeur de botanique à l’université de Porto.
Espagne
23Blas Lázaro é Ibiza (1858-1921), employé au Jardin botanique de Madrid ; Carlos Pau (1857-1937), pharmacien à Segorbe, en Catalogne.
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Alexis JORDAN (1814-1897)
24Alexis Jordan naît le 29 octobre 1814 à Lyon, dans une famille de riches négociants. Il effectue de brillantes études littéraires, et fréquente la Société linnéenne de Lyon. Il y rencontre les entomologistes Philibert Perroud (1796-1878), Eugène Poudras (1783-1859), Paul Merck (1793-1849), Hugues-Fleury Donzel (1791-1850) et Martial-Étienne Mulsant (1797-1880), ainsi que des botanistes tels que Clémence Lortet (1772-1835), Jean-Juste Aunier (1781-1859), Georges Roffavier (1775-1866), Marc-Antoine Timeroy (1793-1856) et les deux directeurs successifs du Jardin botanique de Lyon, GiovanniBaptista Balbis (1765-1831) et Nicolas-Charles Seringe (1776-1858). Longtemps hésitant entre la botanique et l’entomologie, il décide en 1845 de se consacrer à l’étude des plantes.
25Ce choix a grandement été influencé par les discussions avec le botaniste Marc-Antoine Timeroy. Ce dernier est en effet l’un des rares qui ne se contente pas seulement de lui parler de la flore du Lyonnais. Il souhaite avant tout lui transmettre ses conceptions sur la notion d’espèce. Comptable de son métier, Timeroy a été initié à la botanique par le pharmacien Jean-Marie Thevenin (1795-1879), qui dispensait des cours privés à Lyon. Doué d’un sens aigu de l’observation, il distingue de nombreuses espèces dites critiques au sein des espèces traditionnelles et livre à son disciple quelques critères pour leur reconnaissance. Alexis Jordan est véritablement impressionné par son premier maître, “botaniste lyonnais très instruit, auquel [il est] redevable de beaucoup d’utiles renseignements sur les plantes des environs de Lyon et dont les conseils éclairés et les observations judicieuses [lui] ont été d’un grand secours pour l’étude d’un bon nombre d’espèces critiques”3. Ces conseils éclairés vont guider toute la vie d’Alexis Jordan. Ils sont l’une des principales sources de sa théorie de systématique botanique. Ce qu’on appelle communément le jordanisme influence profondément toute une génération de botanistes, qu’ils en soient de fervents partisans ou de sévères détracteurs.
26Le jordanisme se caractérise par une énorme multiplication d’espèces nouvelles. Tout au long de sa carrière, Alexis Jordan en nomme des milliers. Il recherche des “espèces affines [qui sont un] démembrement des types linnéens”4. Là où les botanistes ne voient habituellement qu’une seule espèce au sein de laquelle des caractères peuvent varier, il voit quant à lui de nombreuses espèces où ces caractères ne varient pas. Cette position, qu’il applique dans ses premières Observations sur plusieurs plantes nouvelles, rares ou critiques (1846)5, choque immédiatement de nombreux botanistes. Il ne feint pas d’ignorer la situation et s’en explique largement dans l’avant-propos des Diagnoses d’espèces nouvelles, en 18606 : “À l’apparition de tant d’espèces nouvelles, observées presque toutes en France, dans un pays dont la végétation passe pour être parfaitement connue, quelques personnes ne pourront se défendre d’un sentiment de défiance ou tout au moins d’un certain étonnement. [...] Parmi les botanistes [il en est qui] seront plutôt scandalisés d’un tel résultat et pourront se croire transportés dans le domaine de la fantaisie, où des conceptions arbitraires, de simples hypothèses sont données comme des faits réels”7.
27Pour lui, bien sûr, ces résultats ne sont absolument pas des conceptions arbitraires mais le fruit de travaux expérimentaux, rigoureux et scientifiques. “Les espèces [affines] proposées par nous ne sont pas autre chose que des formes végétales que nous avons appris à distinguer les unes des autres par la comparaison sur le vif de tous leurs organes, en nous assurant, par les observations les plus certaines, que leurs différences étaient héréditaires et ne pouvaient pas être attribuées à des causes accidentelles ou locales. Nous disons cela de l’immense majorité de nos espèces. Quant aux autres, nous nous sommes servi, pour les juger, de leur analogie de caractères avec celles que nous avions pu soumettre à l’expérience”8. Ces "tests d’hérédité” des caractères sont effectués dans ce qu’il appelle son Jardin d’expérimentation, sur un petit terrain qu’il a acheté en 1846 dans la banlieue lyonnaise. C’est là qu’il cultive des plantes sur plusieurs générations afin de savoir si elles portent toujours les caractères qui permettent de les distinguer lorsqu’elles sont sorties de leur environnement, et si ces caractères sont héréditaires. Le problème est qu’il ne rend pas directement compte de ses résultats de cultures dans ses travaux. Certes, il donne des diagnoses pour toutes les espèces nouvelles qu’il nomme, mais n’indique jamais si les caractères utilisés ont été soumis à un “test d’hérédité” ou non. En bref, on ne sait pas quelles espèces font réellement partie de ce qu’il appelle “l’immense majorité” de ses espèces. La pratique scientifique d’Alexis Jordan n’est donc pas infaillible, loin de là. Or une grande partie de ses résultats sont censés reposer sur ces tests d’hérédité. L’histoire tranchera sur ce problème important : sur les milliers d’espèces nouvelles qu’il a nommées, qu’on appelle des “jordanons”, seulement une trentaine sont considérées comme valides aujourd’hui. Tout aussi intéressants que cette question méthodologique sont les fondements philosophiques de ses conceptions.
28Comme Alexis Jordan l’écrit lui-même, s’il a “beaucoup trouvé, c’est [qu’il a] beaucoup cherché”9. L’ambiguïté de cette phrase n’échappe à personne. D’un côté, elle peut être l’aveu d’un travailleur acharné, ce qu’il était incontestablement, et, de l’autre, elle peut être le témoignage d’une volonté tenace d’arriver à tout prix à certaines conclusions. En l’occurrence, il est évident que la pratique scientifique d’Alexis Jordan est directement influencée voire contrôlée par ses pensées philosophique et religieuse, ce qu’il assume d’ailleurs très bien : “La science est militante – écrit-il – par la condition même de son développement, car elle ne saurait accomplir sa marche en dehors du mouvement philosophique d’une époque ; elle suit les destinées de la philosophie et celle-ci ne peut être séparée de la croyance”10. Catholique très pratiquant11, il lit les Saintes Écritures dans un sens presque littéral. Le regard qu’il porte sur la nature dépend de ce cadre strict. Il est fixiste et créationniste. Ses conceptions sur l’espèce sont donc claires : “Pour quelques savants de nos jours l’espèce est une création arbitraire, une unité factice que l’on établit en réunissant de la manière qui paraît la plus commode soit les individus, soit les formes qui sont dans la nature. Pour nous nous avons de l’espèce une idée très différente, et nous croyons ne pas nous écarter du sentiment commun, qui est l’expression de la raison générale, en la considérant comme une unité véritable que l’on doit constater comme un fait de l’étude des êtres qui nous environnent ; c’est l’unité renfermant un nombre indéterminé d’individus qui tous ont une même nature et sont consubstantiels les uns aux autres, de telle sorte qu’ils peuvent être justement considérés comme issus originairement d’un seul et même individu, premier exemplaire de toute l’espèce. Ce n’est pas l’unité hiérarchique, comme celle du genre ou de la famille, mais l’unité de nature ou de substance. Or une nature particulière a des caractères propres qui la distinguent des autres natures [...]. Toute nature est nécessairement immuable et invariable en soi. Toute nature distincte, créée dans le temps et dans l’espace, correspond à une idée distincte conçue dans l’entendement divin”12. Son vœu est donc de retrouver toutes les formes invariables créées par Dieu. L’idée d’une variabilité intraspécifique est exclue de son esprit : il refuse donc les termes de race ou de variété ; leur acceptation serait une première concession transformiste. La nature d’Alexis Jordan n’est que fixité.
29Alexis Jordan applique ces principes dans tous ses travaux. Citons ici les ouvrages et laissons de côté les nombreux articles : Observations sur plusieurs plantes nouvelles, rares ou critiques (1846-1849), Pugillus plantarum novarum præsertim gallicarum (1852), De l’origine des diverses variétés ou espèces d’arbres fruitiers et autres végétaux généralement cultives pour les besoins de l’homme (1852), Mémoire sur l’Aegilops triticoides et sur les questions d’hybridité (1856), Diagnoses d’espèces nouvelles ou méconnues (1864) et Remarques sur le fait de l’existence en société, à l’état sauvage des espèces végétales affines et sur d’autres faits relatifs à la question d’espèce (1873)13. En 1862, Alexis Jordan engage comme associé un jeune et remarquable botaniste, Jules-Pierre Fourreau (1844-1871)14, qui le pousse dans une sorte d’ultrajordanisme parfaitement illustré dans les deux ouvrages qu’ils signent ensemble : Breviarum plantarum novarum (1866-1868)15 et Icones ad Floram Europæ (1866-1870)16. Après le tragique décès de Fourreau, c’est Viviand-Morel, un autre disciple d’Alexis Jordan, qui est chargé des cultures du Jardin d’expérimentation. Après la mort d’Alexis Jordan, c’est Hilarion Borel ( ?-1902), un ancien professeur de collège de Gap et fervent jordanien, qui continue l’œuvre de son maître. Personne ne le remplace en 1902. Les plantes du jardin de Villeurbanne retournent peu à peu dans la nature environnante, d’où elles venaient.
30Le fait qu’Alexis Jordan ait pris la peine d’expliquer ses conceptions théoriques sur l’espèce ne doit pas nous faire oublier qu’il est avant tout un fervent botaniste de terrain. Grâce au très grand nombre d’expéditions qu’il effectue, il devient peu à peu l’un des meilleurs connaisseurs de la flore de France. Il récolte des plantes, qu’il place en herbier, ainsi que des graines qu’il sème ensuite dans son jardin d’expérimentation. Signalons quelques-uns de ses voyages : les environs d’Aix en 1837 et 1857 ; les environs de Montpellier en 1839 ; le massif de la Grande-Chartreuse en 1839, 1844 et 1849 ; la Corse en 1840 ; le mont Ventoux en 1841 ; le Mont-Pilat en 1841, 1843 et 1851 ; le Mont-Cenis et le Piémont en 1842 ; le Hohneck, dans les Vosges, en 1847. Alexis Jordan se procure également des plantes et des graines par échange avec d’autres botanistes d’Europe. La liste en est impressionnante. Citons les plus importants d’entre eux : l’explorateur Benjamin Balansa (1825-1891), pour des plantes d’Algérie, du Maroc et d’Orient ; Paul-Constant Billot (1796-1863), professeur d’histoire naturelle à Haguenau, en Alsace, pour des plantes de France et d’Allemagne ; le prêtre Francisco-Manuel Blanco (1778-1845), pour des plantes d’Espagne ; le genevois Edmond Boissier (1810-1885), pour des plantes de Suisse, d’Espagne et d’Orient ; Alexandre Boreau (1803-1875), directeur du Jardin botanique d’Angers, pour des plantes de l’Anjou ; Ernest Cosson (1819-1889), pour des plantes d’Algérie ; Alfred Déséglise (1823-1883), pour des plantes du Berry ; Étienne-Émile Desvaux (1830-1854), de Vendôme, spécialiste des Graminées, pour des plantes du centre de la France ; Élias-Magnus Fries (1794-1878), professeur d’économie pratique puis de botanique à Uppsala, pour des plantes de Suède ; Patricio Gennari (1820-1897), de Cagliari, pour des plantes de Ligurie ; Dominique-Alexandre Godron (1807-1880), pour des plantes de Lorraine ; Charles Grenier (1808-1875), pour des plantes du Jura ; Giovanni Gussone (1787-1866), pour des plantes des environs de Naples ; Alfred Huet du Pavillon (1829-1907), administrateur français installé à Genève, pour des plantes des Pyrénées et d’Orient ; l’explorateur autrichien Theodor Kotschy (1813-1866), pour des plantes d’Orient ; l’explorateur alsacien Jean-Louis Kralik (1813-1892), pour des plantes du Maghreb ; Martial Lamotte (1820-1883), directeur du Jardin botanique de Clermont-Ferrand, pour des plantes de la Limagne ; Johan-Martin-Christian Lange (1818-1898), directeur du Jardin botanique de Copenhague, pour des plantes d’Espagne ; Antoine Le Grand (1839-1905), agent voyer dans le Forez, pour des plantes des bords de Loire ; Louis Leresche (1808-1885), pasteur dans le canton de Vaud, pour des plantes du Valais ; James Lloyd (1810-1896), pour des plantes de l’ouest de la France ; Henri Loret (1811-1888), conservateur de l’herbier de Montpellier à partir de 1860, pour des plantes de l’Hérault ; le comte Julien-Victor de Martrin-Donos (1802-1870), pour des plantes du Tarn ; Leopoldo Nicotra (1846-1940), professeur de botanique à Sassari, Messine puis Cagliari, pour des plantes de Sicile ; le baron Eugène Perrier de La Bâthie (1825-1916) et André Songeon (1826-1905), pour des plantes de Savoie ; Heinrich-Gustav Reichenbach (1824-1889), directeur du Jardin botanique de Hambourg, pour des plantes d’Allemagne ; Georges-François Reuter (1805-1872), fervent jordanien, directeur du Jardin botanique de Genève, pour des plantes des Alpes maritimes ; Stefano Sommier (1848-1922), de Florence, pour des plantes d’Étrurie ; Félix Soyer-Willemet (1791-1867), pour des plantes de Lorraine ; Christian von Steven (1781-1863), directeur du Jardin botanique de Nikita, en Crimée, puis inspecteur général de l’agriculture de l’Empire russe, pour des plantes de Russie et de Crimée ; Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888), pharmacien à Toulouse, pour des plantes des Pyrénées ; Marc-Antoine Timeroy pour des plantes des environs de Lyon et de New York ; Jean-Baptiste Verlot (1815-1891), directeur des jardins municipaux de Grenoble, pour des plantes du Dauphiné ; et enfin Moriz Wilkomm (1821-1895), directeur du Jardin botanique de Prague, pour des plantes d’Espagne.
31Alexis Jordan décède le 7 février 1897 à Lyon, d’une hémorragie cérébrale, après avoir exclusivement consacré cinquante années de sa vie à la botanique. Ses disciples comme ses détracteurs le décrivent comme un homme ayant un sens aigu du devoir et de la tradition, facilement doctrinaire et misanthrope. Ses travaux prennent une relative importance au début du XXème siècle, lorsque les darwiniens, pour la plupart biométriciens et partisans d’une variation continue, s’opposent aux mendeliens, ou mutationnistes, partisans d’une variation discontinue et d’une hérédité dite particulaire. Le mutationniste Hugo De Vries (1848-1935), l’un des trois scientifiques qui redécouvrent les lois mendéliennes en 1900, utilise alors les recherches d’Alexis Jordan pour montrer que des variations mineures mais brusques et discontinues peuvent être héréditaires. Il appartiendra aux généticiens de réconcilier mendéliens et darwiniens au début du XXème siècle : Thomas Morgan (1866-1945) montrera en effet que les caractères à variation continue ont un déterminisme polygénique (plusieurs gènes interviennent dans le codage d’un phénotype qui est en réalité une combinaison de plusieurs phénotypes) et qu’il est alors illusoire de vouloir appliquer les lois mendéliennes simples dans de tels cas.
32Alexis Jordan a découvert trente-trois espèces valides de la flore de France. Une seule, Agrostis schleicheri Jordan et Verlot in Schultz17, a été nommée en collaboration avec un autre botaniste, en l’occurrence Jean-Baptiste Verlot (1816-1891), le directeur du Jardin botanique municipal de Grenoble. Elles ont presque toutes été découvertes sur le terrain lors de ses nombreux voyages botaniques. Signalons néanmoins deux exceptions : les premiers échantillons de Biscutella arvernensis Jordan18, une plante endémique du centre de la France, ont été récoltés au pic du Sancy par les deux botanistes auvergnats Henri Lecoq et Martial Lamotte ; c’est Marc-Antoine Timeroy qui le premier s’est intéressé à Galium timeroyi Jordan19, une plante endémique du sud-est de la France, signalée par Jordan dans les environs de Lyon et de Nîmes. Toutes les espèces découvertes par Jordan sont des endémiques d’une région de France. On note une exception : Carex olbiensis Jordan20, présente dans l’ouest de la région méditerranéenne, de l’Espagne à la Yougoslavie, et dont il a récolté les premiers échantillons dans le bois des Maures, au lieu-dit du Plan-du-Pont, près de Hyères, dans le département du Var.
Bibliographie
Bange (Christian), “Les Taxons jordaniens dans les flores régionales du bassin du Rhône et la réception du jordanisme à Lyon et à Genève (1850-1990)”, Bulletin d’Histoire et d’Épistémologie des Sciences de la Vie, t. 7, 2000, pp. 59-76.
Magnin (Antoine), “Histoire des botanistes lyonnais (première partie)”. Bulletin de la Société botanique de Lyon, t. 31, 1906, pp. 7-72.
Magnin (Antoine), “Histoire des botanistes lyonnais (deuxième partie)”, Bulletin de la Société botanique de Lyon, t. 32, 1907, pp. 1-67.
Magnin (Antoine), “Additions et corrections à l’histoire des botanistes lyonnais”, Bulletin de la Société botanique de Lyon, t. 32, 1907, pp. 103-141.
Magnin (Antoine), “Additions et corrections à l’histoire des botanistes lyonnais”. Bulletin de la Société botanique de Lyon, t. 35, 1910, pp. 13-80.
Roux (Cl.), Colomb (A.), “Alexis Jordan”, Annales de la Société linnéenne de Lyon, t. 54, 1908, pp. 181-258. Saint-Lager (Jean-Baptiste), “Alexis Jordan”, Bulletin de la Société botanique de Lyon, t. 22, 1897, pp. 31-45. Vèze (Laurence), Alexis Jordan, du Jardin de Villeurbanne aux Caves du Vatican, Paris : Vrin, 1992, 140 p.
Ernest GERMAIN DE SAINT-PIERRE (1815-1882)
33Ernest Germain de Saint-Pierre naît à Paris en 1815, au sein d’une famille aisée. Pour l'histoire naturelle plus que par réelle vocation hippocratique, il s’inscrit à la faculté de médecine de Paris. La botanique y est professée par Achille Richard (1794-1852), le dernier représentant de la célèbre famille de jardiniers et de botanistes. Il y rencontre son fidèle ami et futur collaborateur Ernest Cosson (1819-1889). Les deux Ernest, comme on se plaît alors à les appeler, ont un point en commun : ils veulent obtenir le grade de docteur uniquement par goût de Thistoire naturelle. Ils entendent bien échapper à l’exercice de la médecine grâce à leur fortune. Ils s’adonnent à l’étude des plantes dans les environs de Paris, qu’ils découvrent lors des herborisations dirigées par Adrien de Jussieu (1797-1853), titulaire de la chaire dite de Botanique à la campagne, au Muséum national d’histoire naturelle, et dernier représentant d’une autre célèbre famille de botanistes.
34Entre 1840 et 1845, les deux Ernest21 publient ensemble six travaux sur la flore des environs de Paris. Paraissent d’abord les Observations sur quelques plantes critiques des environs de Paris (1840)22, suivies deux années plus tard par l’Introduction à une flore analytique et descriptive des environs de Paris (1842)23 pour laquelle ils s’adjoignent l’aide de leur ami Hugh Weddell (1819-1877)24. Ces deux brochures leur valent de recevoir les foudres du sévère François-Victor Mérat (1780-1851), médecin à Paris, qui, pour avoir écrit une Nouvelle flore des environs de Paris (1812)25, se pose en maître indétrônable. Viennent ensuite le Supplément au Catalogue raisonné des plantes des environs de Paris (1843)26 et deux articles de botanique descriptive27 publiés dans les Annales des Sciences naturelles alors dirigées par le célèbre paléobotaniste Adolphe Brongniart (1801-1876), dont les deux Ernest ont assidûment suivi les leçons au Muséum. Toutes ces publications aboutissent à la Flore analytique et descriptive des environs de Paris (1845)28, accompagnée d’un atlas dont les figures, extrêmement précises, sont toutes de la main d’Ernest Germain.
35Pour réaliser leur flore, les deux Ernest ont bénéficié de nombreuses aides, comme en témoignent les remerciements figurant en début d’ouvrage. La Flore des environs de Paris est placée sous la tutelle de leurs trois maîtres, les professeurs Achille Richard, Adrien de Jussieu et Adolphe Brongniart. Cinq autres botanistes sont remerciés pour avoir fourni de précieux conseils, notamment quant à la systématique : Joseph Decaisne (1807-1882), professeur des cultures au Muséum, le comte Hippolyte Jaubert (1798-1874), riche industriel, Jacques Gay (1786-1864), alors secrétaire du président de la Chambre des Pairs, leur ami Hugh Weddell, et Maire, infatigable récolteur de plantes. Sont ensuite remerciés vingt botanistes parisiens, vingt et un des environs de Paris et trente-quatre du reste de la France ou de pays voisins qui leur ont indiqué ou envoyé des plantes en herbier. Citons parmi les botanistes d’Île-de-France : le médecin de Lens – beau-père du fils du botaniste parisien Jean Loiseleur-Deslongchamps (1774-1849) ; Louis-Athanase Chaubard (1785-1854), avocat à Agen jusqu’en 1831 ; Wladimir de Schœnefeld (1816-1875), l’un des membres fondateurs de la Société botanique de France ; Charles Tuslane (1817-1884), fils d’une riche famille d’Azay-le-Rideau, entièrement dévoué à l’illustration des ouvrages de mycologie de son frère Edmond Tulasne (1815-1885) ; Joseph-Henri Léveillé (1796-1870), découvreur des basides des Champignons basidiomycètes ; Édouard Spach (1801-1879), aide-naturaliste chargé de la conservation des herbiers du Muséum national d’histoire naturelle ; et Jean-Louis Kralik (1813-1892), explorateur de la Corse et de l’Algérie. Citons parmi les autres correspondants : le négociant lyonnais Jean-Juste Aunier (1781-1859) ; Toussaint Bastard (1784-1846), ancien directeur du Jardin botanique d’Angers ; Alexandre Boreau (1803-1875), directeur en fonction de ce même établissement ; le médecin strasbourgeois Jean-Daniel Buchinger (1803-1883) ; Stanislas Desétangs (1801-1876), conservateur du Musée d’histoire naturelle de Troyes ; Joseph Duval-Jouve (1810-1883), alors principal du collège de Grasse ; Jean-Pierre Guépin (1779-1858), médecin à Angers ; Charles Grenier (1808-1875), professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Besançon ; Pierre Fleurot (1772-1849), directeur du Jardin botanique de Dijon ; le botaniste lyonnais Alexis Jordan (1814-1897) ; Karl Kunth (1788-1850), collaborateur d’Alexander von Humboldt et professeur de botanique à l’université de Berlin mais qui, pour avoir vécu à Paris entre 1813 et 1827, est un excellent ami des botanistes parisiens et un fin connaisseur de la flore d’Île-de-France ; le nantais James Lloyd (1810-1896) ; Alphonse Maille (1813-1865), l’un des membres fondateurs de la Société botanique de France, qui a l’habitude de seconder les jeunes botanistes dans leurs herborisations ; Alfred Moquin-Tandon (1804-1863), alors professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Toulouse ; le botaniste avignonnais Esprit Requien (1788-1851) ; Friedrich Schultz (1804-1876), pharmacien à Bitche, en Alsace ; Félix Soyer-Willemet (1791-1867), bibliothécaire en chef de la bibliothèque municipale de Nancy.
36La haute qualité de la Flore analytique et descriptive des environs de Paris doit beaucoup à ces nombreuses collaborations mais est également due aux lectures exhaustives – on peut dire encyclopédiques – des auteurs. Ils ont consulté la quasi totalité des flores parues depuis le début du XVIIIème siècle ainsi qu’un très grand nombre d’ouvrages plus anciens et fondamentaux tels que le Pinax theatri botanici (1623)29 de Gaspard Bauhin (1550-1624), le Botanicon Parisiense (1727)30 de Sébastien Vaillant (1669-1722) ou le De historia stirpium (1542)31 de Leonhard Fuchs (1501-1566). Le succès de l’ouvrage, immédiat, est largement dû au soutien de leurs anciens professeurs, notamment Adrien de Jussieu qui utilise le Synopsis de la flore des environs de Paris (1845)32 au cours de ses herborisations. Rappelons que les deux Ernest ont alors trente et vingt-six ans. Leur collaboration, pourtant fructueuse, cesse en 1845.
37Ernest Germain de Saint-Pierre se consacre désormais à ce qu’on appelle – plus pour très longtemps – la botanique philosophique, c’est-à-dire la physiologie, la tératologie, l’organographie ou les mœurs des plantes, par opposition à la botanique systématique. Il ne publie pas moins de trente-sept mémoires dans ces domaines, entre 1849 et 1855, qui paraissent dans les périodiques des sociétés savantes dont il est membre (à l’exception de l’Académie où il tente vainement d’être élu en 1855)33 : vingt dans le Bulletin de la Société botanique de France, dix-sept dans le Bulletin de la Société philomathique, six dans les Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences, et deux dans le Bulletin de la Société de Biologie. Il fait également paraître un imposant Guide du botaniste (1852)34 où il traite quantité de questions, de l’art de préparer ses excursions à l’usage du microscope et la mise en herbier, en passant par l’explication des termes techniques français et latins d’organographie, les vertus médicinales des plantes.
38Ernest Germain de Saint-Pierre prend une part très active dans la fondation de la Société botanique de France. Il en est élu vice-président en 1856, sous la présidence d’Antoine Passy (1792-1873), puis en 1869, sous la présidence de Lasègue, avant d’en être président durant les deux années de la tragique guerre franco-prussienne, en 1870 et 1871. Il participe également à de nombreuses sessions extraordinaires de la Société. Citons ici celles où il occupe une fonction au sein du bureau : il est vice-président à Grenoble en 1860, en Belgique en 1873, et à Angers en 1875, respectivement sous les présidences de Charles Durieu de Maisonneuve (1796-1878), directeur du Jardin botanique de Bordeaux, Barthélémy Dumortier (1797-1878), homme politique et botaniste bruxellois, et Alexandre Boreau (183-1875), directeur du Jardin botanique d’Angers ; il assure la présidence à Nice en 1865, en partage avec Gustave Thuret (1817-1875), algologue installé au cap d’Antibes, célèbre pour la découverte de la fécondation sur des échantillons de Fucus. À partir de 1855, Ernest Germain ralentit nettement le rythme de ses publications. Il faut attendre 1870 pour que paraisse son deuxième ouvrage, le Nouveau dictionnaire de botanique (1870)35, tout aussi vaste que le Guide du botaniste.
39Au lendemain de la guerre contre la Prusse, il décide de s’installer définitivement en sa propriété de Bessay, près de Chantenay-Saint-Imbert, dans la Nièvre. Victime d’une maladie qui l’affaiblit considérablement et l’empêche de voyager, il vit les cinq dernières années de sa vie dans un complet isolement, loin de ses anciens amis. Sa mort, qui survient le 27 juin 1882, passe pour ainsi dire inaperçue. Elle est discrètement annoncée, y compris dans le Bulletin de la Société botanique de France, dont il a pourtant contribué à faire la grandeur.
40Ernest Germain de Saint-Pierre est l’auteur, en collaboration avec Ernest Cosson, d’une espèce valide de la flore de France, Carex mairei Cosson et Germain36, présente en Espagne, en France et au nord-ouest de l’Italie. Les premiers échantillons de cette espèce ont été récoltés par leur ami Maire, à Montmorency, à la queue de l’étang d’Enghein, près des cressonnières, ainsi qu’à Saint-Cucufas ; elle a ensuite été signalée à Saint-Maur par Antoine Guillemin (1796-1842), aide-naturaliste au Muséum, à Saint-Germain par J. Parseval, à Malesherbes par Joseph-Henri Léveillé, ainsi qu’à l’étang de Comelle et dans la forêt de Chantilly par le docteur de Lens. Elle a par ailleurs été trouvée dans le département de la Vienne, sur les bords du Clain, à Pont-Séguin, et aux fontaines du village de Smarve, par les frères Tulasne.
Bibliographie
Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Flore analytique et descriptive des environs de Paris, Paris : Fortin ; Masson, 1845, 2 vols.
Germain (Ernest), Notice sur les mémoires et les ouvrages de botanique publiés par Μ. E. Germain de Saint-Pierre, Paris : impr. Mallet-Bachelier, 1855, 20 p.
Jean-Baptiste VERLOT (1816-1891)
41Jean-Baptiste Verlot naît en 1816 à Longvic, en Côte-d’Or. Son père y exerce la profession de jardinier. En 1833, il entre au Jardin botanique de Dijon comme aide-jardinier. Le travail n’y manque pas. En 1832, la municipalité a chargé Pierre Fleurot (1772-1849), professeur de botanique à l’école de pharmacie de Dijon et directeur du Jardin botanique depuis 1829, d’installer le Jardin municipal dans un nouveau quartier de la ville. Jean-Baptiste Verlot est aux premières loges de cette seconde création. En 1835, il part pour la capitale. Il commence par travailler pour le compte d’un horticulteur du faubourg du Temple, puis, grâce à l’aide d’Antoine Guillemin (1796-1842), ancien élève d’Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841) et aide-naturaliste rattaché à la chaire de Botanique, devient jardinier au Jardin des plantes du Muséum national d’histoire naturelle. Il est alors placé sous l’autorité du titulaire de la chaire des Cultures, Charles-François Brisseau de Mirbel (1776-1854). Il en profite pour suivre les cours de botanique d’Adolphe Brongniart (1801-1876), le successeur de René Desfontaines (1750-1833). Il consacre également une part de son temps au classement de l’herbier de Philip-Barker Webh (1793-1854), un botaniste britannique installé à Paris, excellent connaisseur de la flore méditerranéenne. En 1837, il retourne à Dijon, où il vient d’être nommé sous-chef jardinier du Jardin botanique municipal. Il y demeure jusqu’en 1844, date à laquelle il passe – avec succès – le concours pour la direction du Jardin botanique et des jardins publics de Grenoble.
42À Grenoble, sa principale activité est l’entretien et l’agrandissement du Jardin botanique. Il y crée une orangerie, une serre et des parterres pour une école de botanique. Il y cultive des plantes médicinales, ornementales et alimentaires37. Chaque année, il donne des cours publics d’arboriculture fruitière38. De nombreux botanistes viennent lui rendre visite, comme Charles Grenier (1808-1875), Dominique-Alexandre Godron (1807-1880), Alexis Jordan (1814-1897), Edmond Boissier (1810-1885) ou Adolphe Brongniart. Durant toute sa carrière, il entretient des rapports privilégiés avec les jardiniers du Jardin des plantes de Paris, d’une part, en raison de son passage dans l’institution, et, d’autre part, parce que le chef des cultures n’est autre que son propre frère cadet, Bernard (1836-1897), qui finira sa carrière au sein des établissements Vilmorin-Andrieux, à Verrières-le-Buisson. Ils passent pour être très proches l’un de l’autre. Ce que nous voulons bien croire puisque Bernard épousera sa propre nièce, la fille de Jean-Baptiste. Il s’intègre au sein de plusieurs sociétés savantes grenobloises : il est archiviste de la Société d’agriculture et trésorier de la Société d’horticulture. Reconnu au niveau national, il assure la vice-présidence de la session extraordinaire de la Société botanique de France, à Grenoble, en 186039.
43Les années 1870 sont particulièrement riches pour Jean-Baptiste Verlot. C’est au cours de cette période qu’il fait paraître son ouvrage majeur, le Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dauphiné (1872)40, qui est la directe continuation de l’Histoire des plantes du Dauphiné (1786-1789)41 de Dominique Villars (1745-1814) et de la Flore du Dauphiné (1830)42 d’Auguste Mutel (1795-1847). En janvier 1873, il fonde la Société dauphinoise pour l’échange des plantes, en compagnie de ses amis l’abbé P. Faure, professeur d’histoire naturelle au Petit Séminaire du Rondeau, à Grenoble, et Casimir Arvet-Touvet (1841-1913), propriétaire à Gières, en Isère. Cette société a pour but de favoriser les échanges de plantes entre les botanistes et les récolteurs de plantes. Si elle n’est pas isolée – car il y aura de nombreuses sociétés d’échange de plantes dans les années 1870 et 1890 –, la Société dauphinoise est l’une des premières, l’une des plus actives, et, surtout, l’une des plus prestigieuses ; ses statuts sont réutilisés presque mot à mot par de nouvelles sociétés d’échange comme la Société rochelaise, créée en 1878 par Julien Foucaud (1847-1904), le directeur du Jardin botanique de la marine de Rochefort. La Société dauphinoise cesse d’exister en 1894, c’est-à-dire à la fin de l’âge d’or des sociétés d’échange. Citons quelques-uns de ses membres les plus célèbres : Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888), pharmacien à Toulouse ; l’abbé Michel Gandoger (1850-1926), de Lyon ; Alfred Déséglise (1823-1883), de Genève ; Xavier Gillot (1842-1910), médecin à Autun ; Ernest Cosson (1819-1889), botaniste parisien spécialiste de la flore d’Afrique du Nord ; Adrien Franchet (1834-1900), botaniste parisien spécialiste de la flore d’Extrême-Orient et la flore du Loir-et-Cher43 ; Edmond Bonnet (1848-1922), assistant au laboratoire de botanique du Muséum national d’histoire naturelle ; Jean-Baptiste Saint-Lager (1825-1912), médecin à Lyon ; Henri Loret (1811-1888), conservateur de l’herbier de Montpellier ; Charles Grenier ; Julien Foucaud ; Adolphe Pellat (1825-1912) ; le mycologue Narcisse Patouillard (1854-1926)44. Jean-Baptiste Verlot n’assiste cependant pas à la fin de la Société dauphinoise : il décède en 1891 à Grenoble.
44Jean-Baptiste Verlot est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France : Agrostis schleicheri Jordan et Verlot ex Jordan in Schultz45, une Graminée présente dans le Jura, les Alpes françaises et suisses et les Pyrénées. Cette plante “croît – nous dit Alexis Jordan – sur les rochers calcaires, dans le Jura sur le Reculet (Ain) où M. Reuter [Georges-François Reuter (1805-1872), conservateur de l’herbier du genevois Edmond Boissier (1810-1885)] l’indique et où je l’ai aussi récoltée. Je l’ai reçue de Bex (canton de Vaud) de Μ. E. Thomas ; elle m’a été envoyée par M. Clément ainsi que M. Verlot de la montagne de Siant-Nizier près de Grenoble ; je l’ai recueillie sur le mont Ventoux, en août 1841”46.
Pierre, Marguerite, Édouard TIMBAL-LAGRAVE (1819-1888)
45Édouard Timbal-Lagrave naît le 4 mars 1819 à Grisolles, dans le département du Tarn-et-Garonne, au sein d’une famille bourgeoise aisée. Très tôt orphelin de père, il est éduqué par ses deux oncles paternels, Charles et Victor, tous deux célibataires : le premier souhaite qu’il prenne la succession de son étude notariale à Grisolles et le second qu’il reprenne sa pharmacie, l’une des plus importantes de la ville de Toulouse. 11 effectue ses études secondaires à Toulouse, au Collège royal puis au collège Saint-Raymond. C’est d’abord son oncle Charles qui semble l’emporter quant au devenir de l’adolescent, mais ce dernier, victime d’une grave ophtalmie, ne peut absolument plus lire pendant plusieurs semaines. L’idée de lui faire suivre des études de droit, qui nécessitent de nombreuses lectures, est alors abandonnée. À dix-sept ans, il entre donc à l’école de pharmacie et de médecine de Toulouse, commence un stage d’apprenti pharmacien chez son oncle et suit en parallèle les cours de chimie et de botanique de la faculté des sciences de Toulouse.
46Avec le temps, Édouard Timbal-Lagrave s’intéresse de plus en plus à la botanique. Pour prendre soin de sa vue, sa famille lui interdit de lire des livres de botanique et, surtout, de faire des observations au microscope. Tout au plus lui laisse-t-on consulter çà et là les ouvrages de Linné. Contre les vœux de sa famille, le jeune homme ne délaisse pas la botanique et effectue de nombreuses herborisations dans les environs de Toulouse et les Pyrénées. Par ces sorties, il acquiert la conviction que la botanique est une science qui se pratique dans la nature. Au cours d’une excursion dans les environs de Bagnères-de-Luchon, il rencontre un autre botaniste, richement équipé, le comte Hippolyte Jaubert (1798-1874), à qui une fidèle amitié l’unira. En 1870, son ami l’invitera à demeurer plusieurs jours chez lui, après la session extraordinaire de la Société botanique de France, tenue sur le propre domaine du comte, à Givry, dans le Cher. Édouard Timbal-Lagrave achève ses études en 1843 à Montpellier, où il reçoit le grade de pharmacien de 1ère classe.
47En 1843, Édouard Timbal-Lagrave s’installe définitivement à Toulouse, pour seconder son oncle qui lui lègue l’officine quelques années plus tard. Il exerce la profession de pharmacien jusqu’en 1880, date à laquelle il transmet l’enseigne à son fils. S’il fait régulièrement des observations originales depuis plusieurs années, il ne publie ses études botaniques qu’à partir de 1852. Son premier article porte sur la description d’une espèce nouvelle non valide aujourd’hui, Viola bubanii, dédiée à Pietro Bubani (1806-1888), exilé politique originaire de Romagne et infatigable explorateur des Pyrénées47. Entre 1852 et 1888, il fait paraître cent quatre-vingt-sept mémoires48. Ces travaux concernent très largement la botanique descriptive et, secondairement, des questions touchant à l’horticulture, l’agriculture ou la pharmacopée.
48Édouard Timbal-Lagrave trouve ses sujets d’études botaniques grâce aux incessantes excursions qu’il effectue à travers les Pyrénées, le Capsir et les Corbières, seul ou en compagnie de ses amis : Théodore Arrondeau (?-1882)49, professeur au lycée de Toulouse ; Édouard Filhol (1814-1883)50, directeur de l’école secondaire de pharmacie et de médecine de Toulouse ; le narbonnais Gaston Gautier (1841-1911) ; Ernest Jeanbernat (1835-1888), médecin puis directeur de la Compagnie continentale du gaz à Toulouse ; Charles-Louis Contejean (1824-1907), successeur de Charles Grenier (1808-1875) pour la chaire d’Histoire naturelle de la faculté des sciences de Besançon ; l’abbé Marçais ; ainsi que messieurs Bosquet, Delort de Mialhe, Violet, Guitard, J. Jougla, Peyre, Leymerie, Joly et Casimir-Célestin Baillet (1820-1900)51. Tous ensemble, ils espèrent trouver de nouvelles localités de plantes et découvrir toute l’histoire naturelle de la chaîne des Pyrénées. Ils unissent leurs connaissances respectives pour avoir une compréhension globale du massif. Édouard Timbal-Lagrave écrit plusieurs articles en collaboration avec certains de ses amis. Il s’associe notamment à Ernest Jeanbernat, spécialiste de l’histoire des lacs pyrénéens et bryologue renommé, pour rédiger des travaux où la géographie botanique tient une place importante. Une autre activité favorite d’Édouard Timbal-Lagrave et de ses acolytes est de marcher sur les traces des anciens explorateurs des Pyrénées : ainsi tentent-ils de retrouver avec précision les itinéraires suivis par Joseph de Tournefort (1656-1708), Philippe Picot de Lapeyrouse (1744-1818) ou encore l’abbé Pourret (1754-1818)52.
49Afin d’échanger des plantes et en raison de sa notoriété grandissante, Édouard Timbal-Lagrave correspond avec de nombreux botanistes. Citons ici : Félix Soyer-Willemet (1791-1867), bibliothécaire en chef de la bibliothèque municipale de Nancy ; Charles Grenier (1808-1875), professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Besançon ; Joseph Duval-Jouve (1810-1883), inspecteur d’académie à Alger puis Montpellier ; Charles Durieu de Maisonneuve (1796-1878), directeur du Jardin botanique municipal de Bordeaux ; le comte Victor de Martrin-Donos (1802-1870), ancien garde du Corps du roi, auteur d’une Florule du Tarn (1864-1867)53 ; Philippe-Jacques Muller (1832-1889), spécialiste du genre Rubus ; Pietro Bubani ; Antoine Bras (1802-1883), médecin à Villefranche-de-Rouergue ; Émile Mazuc (1831-1855), de Rodez ; Dominique Clos (1821-1908), professeur de botanique à la faculté des sciences de Toulouse ; Delort de Mialhe, l’un de ses plus proches amis à qui il dédie le Lotus delortii, une espèce non valide aujourd’hui. Il est également en relation avec plusieurs sociétés d’échanges de plantes dont le rôle, on le sait, est crucial dans les dernières décennies du XIXème siècle : ainsi envoie-t-il des exsiccatas à Friedrich Schultz (1804-1876), à Constant Billot (1796-1863), inspecteur des ponts-et-chaussées puis professeur d’histoire naturelle à Haguenau, à la Société dauphinoise, à la Société rochelaise de Julien Foucaud (1847-1904), ainsi qu’à Charles Magnier, bibliothécaire à Saint-Quentin, dans l’Aisne.
50Sa notoriété lui permet également de devenir membre de nombreuses sociétés savantes locales et nationales : Édouard Timbal-Lagrave devient membre de la Société de médecine, de chirurgie et de pharmacie de Toulouse en 1853 ; il est membre de la Société botanique de France dès l’année de sa fondation, en 1854 ; ses premiers travaux, fort remarqués, lui ouvrent les portes de l’académie des sciences, inscriptions et belles lettres de Toulouse ; avec ses amis Ernest Jeanbernat, Édouard Filhol et Guitard, il fonde en 1867 la Société d’histoire naturelle de Toulouse qui devient la Société des sciences physiques et naturelles en 1872 ; par l’intermédiaire de Gaston Gautier (1841-1911), grand ami de Casimir Arvet-Touvet, il devient membre de la Société dauphinoise pour l’échange des plantes dès sa fondation en 1874 ; à l’appel d’Angel Lucante54, son fondateur, il devient membre de la Société française de botanique, en 1882. Il assume uniquement deux charges civiles, en relation avec son métier de pharmacien, qu’il prend très à cœur : il est inspecteur des pharmacies du département de la Haute-Garonne, avec Édouard Filhol et les médecins Desbarreaux et Bernard ; entre 1878 et 1888, il est vice-président du Conseil d’hygiène et de salubrité de la Haute-Garonne. Édouard Timbal-Lagrave décède le 16 mars 1888, deux jours après son ami Ernest Jeanbernat, en laissant le manuscrit d’une Flore des Corbières55, qui lui tenait très à cœur. Il voulait que cet ouvrage fût un ultime hommage à l’abbé Pourret, l’un des pionniers de l’exploration botanique des Corbières.
51Édouard Timbal-Lagrave est l’auteur de cinq espèces valides de la flore de France, toutes endémiques des Pyrénées et toutes découvertes au cours de ses propres excursions. La description de l’une d’entre elles, Festuca ochroleuca Timbal-Lagrave, rend particulièrement bien compte de son souci de mêler la botanique et la géologie : “Cette plante – écrit-il – est très commune dans le Massif d’Arbas, elle suit la formation calcaire où elle forme de très beaux gazons, à la Pena Blanque et Penne Nère, à Coumonvère, à Paloumère, etc.”56.
Bibliographie
Marçais (Éd.), “Ernest Jeanbernat et Édouard Timbal-Lagrave”, Revue de Botanique, t. 7, 1889, pp. 350-358.
Baillet (M.), “Notice sur la vie et les travaux d'Édouard Timbal-Lagrave”, Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. 11, 1889, pp. 496-530.
Ernest COSSON (1819-1889)
52Ernest Cosson naît le 22 juillet 1819 à Paris, au sein d’un milieu aisé. Il découvre les joies de l’herborisation au cours de son enfance, dans les différentes propriétés de campagne que possède sa famille. Contre l’avis de ses parents, qui désirent le voir embrasser une carrière dans la haute administration de l’État, il s’inscrit à la faculté de médecine de Paris. La botanique y est professée par Achille Richard (1794-1852). Parallèlement, il suit les leçons de botanique dispensées au Muséum national d’histoire naturelle, c’est-à-dire les cours d’Adolphe Brongniart (1801-1876) et les herborisations d’Adrien de Jussieu (1797-1853). Il obtient le grade de docteur en médecine en 1847. Il s’inscrit alors comme chirurgien dans la Garde nationale. En réalité, il ne pratiquera jamais. À cette date, il est déjà un botaniste renommé.
53Ernest Cosson publie ses premiers travaux de botanique avec son ami et aîné de quatre ans Ernest Germain de Saint-Pierre (1815-1882). Les deux Ernest, comme on les surnomme alors, signent plusieurs articles sur la flore d’Île-de-France qui aboutissent à la publication de la Flore analytique et descriptive des environs de Paris (1845)57. Cet ouvrage est respectueusement dédié à leurs trois maîtres : Adrien de Jussieu, Adolphe Brongniart et Achille Richard. Le succès immédiat de la Flore des environs de Paris doit beaucoup à l’immense herbier d’Ernest Cosson, qui constitue l’une des collections où la nomenclature est remarquablement actualisée. Les meilleurs botanistes de l’époque ont en effet vérifié de nombreuses déterminations, comme le genevois Edmond Boissier (1810-1885), Joseph Decaisne (1807-1882), professeur titulaire de la chaire des Cultures du Muséum national d’histoire naturelle, ou encore Alfred Moquin-Tandon (1804-1863), professeur de botanique de la faculté des sciences de Toulouse puis de la faculté des sciences de Paris. Les deux Ernest cessent de collaborer après 1845, si ce n’est brièvement, pour le Synopsis analytique de la flore des environs de Paris (1859)58 et pour la seconde édition de la Flore des environs de Paris (1861)59.
54Entre les années 1845 et 1852, Ernest Cosson passe peu à peu d’une période que nous qualifierons de parisienne à une seconde période méditerranénne, et plus particulièrement nord-africaine. L’aisance financière dont il jouit lui permet de réaliser de nombreuses explorations botaniques dans le Midi, l’Italie ou la péninsule ibérique et de se lancer dans des projets ambitieux comme la création de l’Association française d’exploration botanique. Entièrement financée par sa fortune personnelle, l’Association française d’exploration botanique consiste en la commande de missions dans tout le pourtour méditerranéen et le Moyen-Orient. De nombreux explorateurs sont alors employés par l’Association : Bénédict Balansa (1825-1891), explorateur de l’Afrique, de l’Océanie et de l’Asie, Jean-Louis Kralik (1813-1892), originaire de Strasbourg, et Pierre Jamin (?-1866) sont envoyés en Algérie ; Louis-Félicien-Joseph Caignart de Saulcy (1807-1880) et Jean-Hippolyte Michon (1806-1881) partent pour la Terre Sainte60 ; Gilbert Mandon (1799-1866) explore les îles de Madère et de Porto-Santo ; Henri Duveyrier (1840-1892) sillonne le Sahara d’Ouest en Est ; Friedrich-Gerhard Rohlfs (1831-1896) visite la Cyrénaïque (actuelle Libye). Grâce aux inestimables collections qu’ils lui rapportent, Ernest Cosson acquiert l’un des plus fabuleux herbiers pour la région méditerranéenne dont il s’impose rapidement comme l’un des meilleurs spécialistes de son temps. Il est sollicité par tous les botanistes qui s’intéressent à la flore nord-africaine. Les naturalistes qui ne l’ont pas attendu pour explorer ces contrées lui confient presque tous l’étude de leurs récoltes ou, au moins, sollicitent ses conseils : le docteur Alfred Fée, fils d’Antoine-Louis-Apollinaire Fée (1789-1874), professeur de botanique à la faculté de médecine de Strasbourg ; Edmond Boissier (1810-1885) qui explore la Grèce à plusieurs reprises, l’Asie Mineure, la Syrie et l’Égypte en 1845, et l’Afrique du Nord en 1849 ; Charles Naudin (1815-1899) qui effectue deux voyages botaniques en Algérie en 1847 puis 1852, au titre d’aide-naturaliste rattaché à la chaire des Cultures du Muséum national d’histoire naturelle.
55C’est un nouvel ordre qui se met en place dans le monde méditerranéen dans la première moitié du XIXème siècle. Le nationalisme des uns – la Serbie et la Grèce deviennent respectivement indépendantes en 1817 et 1829 – et l’impérialisme des autres – la France commence à envahir l’Algérie en 1830 – profitent du déclin de l’Empire ottoman pour s’affirmer. En France, peu de personnes échappent aux idées colonialistes, que même les plus fervents républicains adoptent. Ernest Cosson qui, de fait, est du côté du plus fort, va indirectement profiter du cours de l’histoire en participant à l’exploration scientifique de l’Algérie. Il ne montre par ailleurs aucune opposition envers le régime instauré par l’Empereur, après le coup d’État du 2 décembre 1851 ; de toute façon, si cela avait été le cas, il aurait sans doute été déporté en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie, comme tant d’autres, par exemple le géologue et botaniste Auguste Pomel (1821-1898). C’est en 1837, lorsqu’une grande partie des côtes algériennes sont pacifiées, comme l’on dit alors, que le gouvernement français demande à l’Académie des sciences de former une Commission scientifique d’exploration de l’Algérie. Placée sous la tutelle du ministère de la Guerre, elle a la charge d’étudier les ressources naturelles de cette nouvelle colonie. Les premières explorations ont lieu entre 1839 et 1841, sous la direction du colonel en retraite et botaniste Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent (1778-1846). Lorsqu’une nouvelle Commission est formée en 1852, le gouvernement et l’Académie décident d’en confier la direction à Ernest Cosson, qui est soutenu avec force par Adolphe Brongniart et Adrien de Jussieu.
56Dès sa prise de fonction, il rassemble un groupe d’explorateurs et de récolteurs de plantes. Profitant de la “pacification” d’une grande partie du territoire algérien depuis la fin de la résistance d’Abd El-Kader, Ernest Cosson et ses compagnons explorent des régions qui étaient jusqu’alors presque inconnues des botanistes. Entre 1852 et 1880, ils effectuent huit expéditions qui leur permettent de couvrir la quasi totalité du territoire algérien colonisé. L’histoire de cette exploration botanique de l’Algérie ne peut pas être comprise sans l’amitié ou, au moins, le plaisir d’être ensemble : quand ils ne sont pas des amis proches, les naturalistes qui participent à ces missions sont au moins des compagnons de voyage très appréciés. Citons parmi eux : l’infatigable Bénédict Balansa qui ne participe qu’aux deux premières missions de 1852 et 1853 car il part ensuite pour l’Océanie ; Jean-Louis Kralik, conservateur de l’herbier du célèbre explorateur britannique de la Méditerranée Philipp-Barker Webb (1793-1854) jusqu’en 1854, puis conservateur de l’herbier d’Ernest Cosson à partir de cette même date ; Aristide Letourneux (1820-1890), magistrat en Algérie entre 1851 et 1876 puis entre 1881 et 1890 ; Gaetano Durando (1811-1892), pharmacien à l’hôpital d’Alger ; quelques médecins français qui s’étaient installés en Algérie comme Arsène Reboud et Paul Marès ; des explorateurs autochtones comme le rabbin Mardochée Abi Serour, qui connaît très bien toute l'Afrique du Nord – il est allé plusieurs fois à Jérusalem par le Sahara – et qui herborise pour Ernest Cosson au Maroc. Ernest Cosson crée en 1881 une Commission d’exploration scientifique de la Tunisie, qui vient tout juste de devenir un protectorat français. Il ne participe qu’aux trois premières explorations de 1881, 1882 et 1883.
57À partir de 1852, Ernest Cosson publie de nombreuses études de systématique concernant la flore d’Afrique du Nord, comprenant à la fois des articles publiés dans des périodiques comme le Bulletin de la Société botanique de France et des ouvrages publiés séparément. Citons les plus importants : Rapport sur un voyage botanique en Algérie, d’Oran au Chott-el-Chergui (1853-1854) ; Notes sur quelques espèces nouvelles d’Algérie (1855-1862) ; Rapport sur un voyage botanique en Algérie, de Philippeville à Biskra et dans les monts Aurès (1855-1856) ; Itinéraire d’un voyage botanique en Algérie exécuté en 1856 dans le sud des provinces d’Oran et d’Alger (1857) ; Notes sur quelques plantes rares et nouvelles recueillies en 1854 par M. L. Kralik dans le sud de la régence de Tunis (1857) ; Introduction à la flore d’Algérie, Phanérogamie, groupe des Glumacées (1854-1967) en collaboration avec Charles Durieu de Maisonneuve (1796-1878) ; Note sur la géographie botanique du Maroc (1873) ; Species novae Maroccanae (1874) ; Le Règne végétal en Algérie (1879) ; Compendium florae atlanticae (1881-1887) ; Illustrationes florae atlanticae (1882-1897), en collaboration avec Gustave Barratte (1857-1920) ; Exploration scientifique de la Tunisie (1885)61.
58Ernest Cosson est honoré tout au long de sa carrière. Il préside la Société botanique de France en 1863 et en 1880. Surtout, il entre à l’Académie des sciences en 1873, en remplacement du maréchal Vaillant. Ernest Cosson meurt en 1889. Il a légué la totalité de son herbier et de sa bibliothèque au Muséum national d’histoire naturelle.
59Ernest Cosson est l’auteur de trois espèces valides de la flore de France. La découverte de Carex mairei Cosson et Germain62, présente en Espagne, en France et au nord-ouest de l’Italie, a déjà été évoquée dans la biographie consacrée à Ernest Germain de Saint-Pierre. Nous invitons le lecteur à s’y reporter. Seul, Ernest Cosson est l’auteur de deux espèces valides de la flore de France : Mercurialis Corsica Cosson63, endémique de Corse et de Sardaigne, dont les premiers échantillons ont été récoltés par le botaniste avignonnais Esprit Requien (1788-1851), à Vico, dans les hautes montagnes corses ; et Erodium manescavii Cosson64, une plante endémique des Pyrénées, dont les premiers échantillons ont été trouvés en 1844 dans la vallée d’Ossau et au Mont-Binet, dans la vallée d’Aspe, par le comte Aimé de Forestier (?-1855) et Manescau, président de la session extraordinaire de la Société botanique de France à Pau, en 1868.
Bibliographie
Léandri (J.), “Ernest Cosson, Aoriste français, et l’étude botanique de l’Afrique du Nord”, Adansonia, t. 4, 1964, pp. 355-365.
Maire (René), Les Progrès des connaissances botaniques en Algérie depuis 1830, Paris : Masson, 1931, 230 p.
Martial LAMOTTE (1820-1883)
60Martial Lamotte naît en Auvergne en 1820. Il entre à l’école préparatoire de pharmacie et de médecine de Clermont-Ferrand, où il se lie d’amitié avec le professeur d’histoire naturelle, Henri Lecoq (1802-1870). Il effectue ensuite ses études à l’école de pharmacie de Paris. Il revient en 1845 à Riom et s’y installe comme pharmacien. En 1847, il publie le Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Plateau central de la France (1847)65 en collaboration avec Henri Lecoq. Cet ouvrage témoigne de la maturité scientifique de Martial Lamotte qui n’a alors que vingt-sept ans. Il rend également compte de l’amitié et de la confiance réciproques que le maître et l’élève se portent mutuellement. La même année, seul, il fait paraître un Catalogue des plantes vasculaires de l’Europe centrale (1847)66. Au début des années 1850, il est nommé professeur à l’école préparatoire de médecine et de pharmacie. Il s’installe alors définitivement à Clermont-Ferrand. En 1856, Henri Lecoq lui cède la direction du Jardin botanique municipal. La même année, ils organisent ensemble la session extraordinaire de la Société botanique de France, qui a lieu dans leur ville.
61Durant toute sa vie, Martial Lamotte partage son temps entre le professorat et l’étude de la botanique. Il fait régulièrement paraître divers articles de systématique, principalement dans le Bulletin de la Société botanique de France et les Mémoires de l’Académie des Sciences de Clermont-Ferrand. L’Étude sur le genre Sempervivum (1864)67 est le plus important. L’originalité de sa production ne réside pas dans ses articles mais dans son Prodrome de la flore du Plateau central de la France (1877-1881)68, dédié à la mémoire d’Henri Lecoq. Comme toujours, cet ouvrage reflète d’intenses émulations locale et régionale. De nombreux botanistes et récolteurs de plantes, qui ont communiqué des plantes ou des localités à l’auteur, sont remerciés dans les premières pages du Prodrome. Figurent notamment parmi eux une nouvelle génération qui n’a pas collaboré au Catalogue des plantes vasculaires du Plateau central. Citons pour le Puy-de-Dôme : Frère Joseph Héribaud (1841-1917), alors élève des écoles chrétiennes à Clermont ; Adolphe Pellat (1825-1912), sous-préfet du Puy-de-Dôme ; Lasnier, inspecteur des écoles primaires ; Pierre Billiet (1847-1924), fondé de pouvoir à la Recette particulière de Gannat, puis de La Palisse (Allier), percepteur à Montluçon (Allier), Tauves (Puy-de-Dôme) puis Clermont-Ferrand ; Pierre-Marie-Édouard Lamy de La Chapelle (1823-1886), ancien banquier à Limoges, pour des plantes du Mont-Dore ; Auguste Pomel (1821-1898), déporté en Algérie après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte ; Jacques Gautier-Lacroze (1819-1904), pharmacien à Clermont-Ferrand ; le médecin Coursaire ; Torrent (7-1867), médecin à Thiers, membre de la Société botanique de France entre 1856 et 1858 ; Bareire, juge de Paix à Issoire. Pour le Cantal : Eugène Jordan de Puyfol (1829-1891), propriétaire du château de Courbelimagne, près de Raulhac, et cousin d’Alexis Jordan (1814-1897) ; Jean Malvezin (1835-1900), conducteur de la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans ; Jean-Baptiste Roche (1826-1874), instituteur à Paulhenc ; les abbés Gibiard, Béal et Brun, professeurs au Petit Séminaire de Pleaux. Pour la Creuse : Pierre-Hippolyte Pailloux, médecin à Ahun, auteur d’un Catalogue des plantes de la Creuse (1843)69, qui lui envoie des plantes des environs d’Ahun. Pour le Forez : Antoine Le Grand (1839-1905), fonctionnaire des ponts-et-chaussées à Montbrizon pendant plusieurs années, auteur d’une Statistique botanique du Forez (1873)70. Il convient d’ajouter à tous ces noms quelques auteurs d’ouvrages se rapportant à la flore du Massif central parus depuis la fin des années 1840 : Alexandre Bureau (1803-1875), auteur d’une Flore du Centre de la France (1857)3 ; Abel Migout (1830-1894), professeur au lycée de Moulins, auteur d’une Flore du département de l’Ailier (1866)71 ; et Télémaque de Cessac (1823-1895), originaire de Guéret, auteur d’un Catalogue des plantes vasculaires de la Creuse (1861)72.
62Martial Lamotte décède le 23 février 1883, à Clermont-Ferrand. Son herbier, offert par sa veuve à la Société botanique de France, est aujourd’hui conservé au musée Henri Lecoq de Clermont-Ferrand.
63Martial Lamotte est l’auteur de quatre plantes valides de la flore de France, dont trois en collaboration avec Henri Lecoq. Il a découvert la quatrième. Thymus nitens Lamotte, dans le Gard, sur des “terrains arides schisteux, à Pouchonet [et] à Campelle, près du Vigan”'73.
Bibliographie
Bureau (Édouard), “Nouvelles”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 30, 1883, p. 109.
Chassagne (Maurice), “Nos anciens botanistes”, in Chassagne (Maurice), Inventaire analytique de la flore d’Auvergne, Paris : Paul Lechevalier, 1956, t. 1, pp. XIX-XL.
Auguste POMEL (1821-1898)
64Auguste Pomel naît le 20 septembre 1821 à Issoire, au sein d’une famille modeste. Très tôt, il s’adonne à l’histoire naturelle. Sous la direction d’un vieux curé auvergnat, l’abbé Bravard, il s’intéresse aux vertébrés fossiles de la Limagne et se constitue une collection d’insectes. À partir de 1839, Auguste Pomel étudie la géologie et la botanique auprès de l’un des maîtres de l’histoire naturelle d’Auvergne, Henri Lecoq (1802-1871), alors directeur du Jardin botanique de Clermont-Ferrand et professeur d’histoire naturelle à l’école de pharmacie.
65Lorsqu’il est appelé à effectuer son service militaire, en 1842, Auguste Pomel ne dispose pas de l’argent nécessaire pour se faire remplacer. Il doit obéir. En principe, il en a pour sept années. Le sort est cependant adouci par son affectation au deuxième bataillon de chasseurs d’Orléans, dont la garnison est à Vincennes, aux portes de Paris. Il profite de tous ses moments libres pour étudier l’ostéologie des vertébrés fossiles auprès de Charles-Léopold Laurillard (1783-1853), garde du cabinet d’anatomie comparée du Muséum national d’histoire naturelle, ancien proche collaborateur de Georges Cuvier (1769-1832), dont il a été le secrétaire à partir de 1804. Auguste Pomel, qui préfère la paléontologie et la géologie à la botanique, même s’il ne cesse d’herboriser, publie en 1842 un Essai de coordination des terrains tertiaires du département du Puy-de-Dôme avec ceux du Nord de la France74, suivi de deux nouvelles études de paléontologie en 184375. Grâce à ces premiers travaux, il devient membre de la Société géologique de France en 1844, sur la présentation de Leblanc et Viquesnel. En 1845, il est envoyé en garnison à Metz, où il occupe son temps par une mission d’étude de la géologie de la vallée de la Moselle et du bassin de Saärbruck, que lui a confiée Adolphe Brongniart (1801-1876), célèbre paléobotaniste du Muséum national d’histoire naturelle. À partir de la fin de l’année 1845, on lui offre de nouvelles permissions de six mois. Auguste Pomel ne quitte pour ainsi dire plus Paris.
66À cette époque, il n’a aucune fonction officielle. Pour l’aider, et parce qu’il est conscient de sa valeur, Adolphe Brongniart lui confie, en échange d’indemnités, la rédaction d’un Catalogue des plantes fossiles conservées au laboratoire de paléontologie du Muséum. Cette dernière institution refuse cependant de lui attribuer un poste de préparateur en 1845. Auguste Pomel entre l’année suivante à l’École des mines, grâce au soutien du comte Hippolyte Jaubert (1798-1874), pair de France, de Léonce Élie de Beaumont (1798-1874), professeur de géologie à l’École des mines puis au Collège de France, également secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences à la mort de François Arago (1786-1853), et de Pierre-Armand Dufrénoy (1792-1857), directeur de l’École des mines, réalisateur de la première carte géologique de France avec Léonce Élie de Beaumont. Entre 1846 et 1848, il jouit d’une situation enfin stable et travaille avec une remarquable ardeur. En ces trois années, il ne publie pas moins de vingt-trois travaux de paléobotanique et de paléozoologie76. En 1849, il décide de retourner en Auvergne où il herborise et récolte de nouveaux fossiles avec son ami l’abbé Bravard, notamment dans les gisements de la Debruge et de Cucuron. En 1851, il effectue un voyage à Londres pour y étudier des collections paléontologiques du British Museum. Avec le coup d’État du prince Bonaparte, le 2 décembre 1851, la carrière si bien engagée d’Auguste Pomel est subitement brisée.
67Lorsque le prince Bonaparte fait afficher l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale dans les rues de Paris, au matin du 2 décembre, Auguste Pomel collecte des fossiles dans un gisement de Saint-Gérand-le-Puy. C’est là qu’il apprend qu’il est recherché par la gendarmerie. Plusieurs éléments contribuent à le rendre suspect : son amitié avec l’abbé Bravard, fervent républicain qui ne tarde pas à être déporté à Cayenne ; ses opinions de libre-penseur, qu’il n’a jamais cachées ; une vague dispute politique, lors d’une excursion botanique, avec un médecin de campagne qui l’aurait dénoncé aux autorités. Toujours est-il qu’il est très sérieusement accusé d’avoir écrit un pamphlet politique qu’il n’a semble-t-il même pas lu. Durant de longs mois, il se cache chez des amis dans les environs de Saint-Nectaire. Lors de son arrestation, il échappe à la déportation en Guyane grâce à l’intervention du comte Hippolyte Jaubert et de Léonce Élie de Beaumont mais doit quitter le territoire métropolitain : il débarque le 25 octobre 1852 à Oran, en Algérie, où le pouvoir a décidé de l’envoyer. Il s’y installe en compagnie de son épouse et de ses deux filles. Il y retrouve également son père, qui s’y est établi comme colon quelques années auparavant. Jusqu’en 1859, date d’une amnistie générale, un gendarme français lui rend régulièrement visite pour vérifier sa bonne conduite et son respect du pouvoir impérial. Après avoir recouvré une entière liberté, il décide de ne pas retourner en France et de rester dans ce pays qu’il apprécie et où tant de choses restent à faire.
68Dès son arrivée en Algérie, Auguste Pomel doit travailler pour faire vivre son foyer. Il sert comme ingénieur dans la Compagnie des mines, à la frontière avec le Maroc. Il consacre ses loisirs à ses trois domaines de prédilection que sont la paléontologie, la géologie et la botanique. En 1856, grâce à l'intervention de son fidèle ami et protecteur Léonce Élie de Beaumont, il est réintégré dans l’École des mines : il est nommé gardemines à Miliana. En 1859, il intègre le Service des mines, à Oran, où il est chargé d’établir la carte géologique des arrondissements de Mostaganem et de Mascara. Parallèlement, il se lance dans le projet d’une étude paléontologique et botanique de l’Oranais. Durant plusieurs années, son temps est partagé entre ses activités officielles de géologue, ses explorations personnelles de paléontologie et de botanique, et la rédaction de travaux scientifiques.
69La chute du Second Empire en 1870 permet le retour d’Auguste Pomel à la politique. Il est élu au Conseil municipal d’Oran et il préside le Conseil général du département de l’Oranais. Entre 1876 et 1881, il représente Oran au Sénat, à Paris, où sa fonction l’oblige à séjourner plusieurs mois par an. Il y retrouve ses anciens amis géologues. C’est au cours de cette période sénatoriale qu’il devient membre du Conseil de la Société géologique de France, dont il est élu vice-président en 1879. Il profite également de ses relations parisiennes pour participer activement à la création des écoles des sciences et des lettres d’Alger, les premières institutions françaises d’enseignement supérieur dans les colonies d’Afrique du Nord. 11 est le premier directeur de l’école des sciences, où il a la charge de professer la géologie et la paléontologie. Sa renommée ne cesse alors de s’accroître : l’Association française pour l'avancement des sciences lui demande en 1881 d’organiser son Congrès annuel à Alger ; il est nommé directeur du Service des cartes géologiques des régions d’Alger et d’Oran en 1882. Toutes ses distinctions l’obligent à obtenir un certain grade : en novembre 1883, à l’âge de soixante-deux ans, à la Sorbonne, devant un jury composé du zoologiste Alphonse Milne-Edwards (1835-1900), professeur de zoologie des Mammifères et Oiseaux au Muséum national d’histoire naturelle, du botaniste Paul Duchartre (1811-1894), professeur de botanique à la Sorbonne, et de son ami Hébert, Auguste Pomel soutient une première thèse de sciences en paléontologie sur la Classification méthodique et générale des échinides vivants et fossiles, ainsi qu’une deuxième thèse en botanique portant sur une Contribution à l’étude des Crucifères77. En 1889, ultime consécration, il est élu membre correspondant de l’Académie des sciences, section minéralogie. En 1891, il prend sa retraite et achève sa carrière comme professeur honoraire à l’école des sciences d’Alger.
70Tout au long de ces années, Auguste Pomel ne cesse de publier des travaux scientifiques sur l’Algérie. Entre 1854 et 1894, il signe trente-trois articles de géologie publiés dans les Comptes-Rendus de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, les Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences et le Bulletin de la Société géologique de France. Entre 1858 et 1898, il fait paraître quarante-six travaux de paléontologie, dont les deux plus importants sont incontestablement la Paléontologie, ou Description des Animaux de l’Algérie, Échinodermes (1885-1887)78, ornée de soixante-dix-huit planches de sa fille aînée, Augusta, et l’imposante Série de monographies des Vertébrés fossiles de l’Algérie (1893-1898)79. Il convient également de signaler qu’il est l’auteur de six courtes notes de zoologie, concernant des mammifères et des échinodermes de la faune algérienne. Pour ce qui concerne la botanique, discipline qu’il n’a jamais cessée de pratiquer, Auguste Pomel a publié des Matériaux pour la flore atlantique (1860)80, suivis de Nouveaux matériaux pour la flore atlantique (1874)81. C’est en Afrique du Nord, là où il a dû s’installer après avoir été expulsé de France, que le professeur Auguste Pomel acquiert toute sa notoriété scientifique de géologue, de paléontologue et de botaniste. Il décède le 2 août 1898 à Dra-el-Mizan.
71Auguste Pomel est l’auteur de trois espèces valides de la flore de France. Coleostephus clausonis Pomel82, dont les premiers échantillons ont été trouvés dans les pâturages humides de la Mitidja par son ami Th. Clauson, célèbre récolteur de plantes d’Afrique du Nord, est présente dans l’ouest de la région méditerranéenne, jusqu’à l'Italie et la Tunisie. Echium sabulicola Pomel83, qu’il a découverte sur les sables maritimes des environs d’Alger, est présente sur les bords de mer de tout l’Ouest méditerranéen. Platycapnos tenuiloba Pomel84, qu’il a découverte dans les friches et cultures des environs de Garrouban et Mazis, est présente en Afrique du Nord, en Espagne et en France.
Bibliographie
Ficheur (F.), “Notice biographique sur Auguste Pomel”, Bulletin de la Société géologique de France, t. 27, 1899, pp. 191-223.
Battandier (E.), “Nécrologie, lettre de M. Battandier à M. Malinvaud”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 45, 1898, pp. 205-208.
Jules-Émile PLANCHON (1823-1888)
72Jules-Émile Planchon naît le 21 mars 1823 à Ganges, dans le département de l’Hérault, au sein d’une famille modeste et originaire des Cévennes. Son père fabrique des chandelles qu’il vend aux habitants de la ville. Il lui transmet le goût du travail, pour ne pas dire du labeur, et le respect de la Bible. Les protestants cévenols passent pour un peuple robuste, droit, perspicace, humble et fier à la fois. Jules-Émile Planchon en reste toute sa vie une illustration parfaite. Il devient bachelier ès lettres en 1839, après avoir effectué de brillantes études classiques à l’institution Nines, à Ganges. En accord avec ses parents et sous les conseils de l’un de ses cousins, instituteur, qui suit attentivement ses progrès scolaires, il décide de se diriger vers la profession de pharmacien. La même année, il quitte donc sa ville natale pour poursuivre ses études à Montpellier.
73Comme ses parents ne peuvent subvenir à ses besoins, Jules-Émile Planchon entre comme apprenti dans la pharmacie Teulon. Le gîte et le couvert lui sont assurés. En 1841, il est reçu bachelier ès sciences et entre au service de la pharmacie Lutrand, située à proximité du Jardin botanique. La passion des plantes lui vient dans ce temple de la botanique qu’est la ville de Montpellier. À partir de 1841, son emploi du temps est chargé. Jules-Émile Planchon se lève à l’aube afin de pouvoir travailler tôt dans l’officine et avoir des heures libres en fin de journée. En parallèle, il suit les cours de la faculté des sciences et ceux de l’école de pharmacie et de médecine. Pour avoir quelques subsides supplémentaires, il donne des leçons privées. Surtout, à la belle saison, il part herboriser dans les environs de la ville. Pour la botanique, ses deux premiers maîtres sont Félix Dunal (1789-1856), ancien disciple d’Auguste-Pyramus de Candolle (1778-1841) et titulaire de la chaire de Botanique de la faculté des sciences, qui lui transmet l’approche globale de la botanique du célèbre savant genevois, ainsi qu’Alire Raffeneau-Delile (1778-1850), ancien savant de l’expédition d’Égypte, titulaire de la chaire d’Histoire naturelle de la faculté de médecine et directeur du Jardin botanique. C’est également à cette époque qu’il rencontre Charles Naudin (1815-1899)85, avec qui il restera toujours en excellents termes. Il est licencié ès sciences naturelles en 1842. Deux années plus tard, il défend deux thèses pour obtenir le grade de docteur ès sciences, l’une en botanique et l’autre en zoologie86. À cette date, s’il n’a pas abandonné l’idée de devenir pharmacien, il doit avant tout trouver une situation qui lui permette d’aider ses parents et son frère cadet Gustave.
74Ses maîtres, qui ont décerné en lui un travailleur acharné et intelligent, le recommandent à Joseph Decaisne (1807-1882), titulaire de la chaire des Cultures du Muséum national d’histoire naturelle, qui, pour avoir débuté sa carrière comme simple garçon jardinier, comprend parfaitement ses besoins. Grâce à ce professeur plein d’aménité et de bienveillance, il a la chance d’obtenir un poste d’assistant au Jardin botanique de Kew, l’un des plus prestigieux du monde. Il y a la charge de ranger l’herbier de sir William Hooker (1785-1865), directeur de l’institution. Il reste quatre années en Angleterre. Comme d’anciens botanistes tels que Charles-Louis L’Héritier de Brutelle (1746-1800) ou Auguste Broussonet (1761-1807) en ont eu la chance avant lui, il fréquente d’éminents botanistes britanniques : le célèbre Robert Brown (1773-1858), ancien explorateur du Pacifique Sud à bord de l’Investigator, entre 1801 et 1805, découvreur de la distinction entre la gymnospermie et l’angiospermie ; le juriste Georges Bentham (1800-1884), initié à la botanique à Montpellier, où il a passé une partie de sa jeunesse, et qui a particulièrement bien exploré les Pyrénées ; Joseph-Dalton Hooker (1817-1911), le fils de sir William Hooker, à qui il succède en 1865, et ami de Charles Darwin (1809-1892) ; John Lindley (1799-1865), professeur de botanique à l’University College de Londres, l’un des meilleurs spécialistes des Orchidées ; George Walker-Arnott (1799-1868), directeur du Jardin botanique de Glasgow, fidèle ami d’Alphonse de Brébisson (1798-1872) à qui il a fréquemment rendu visite lors de son séjour en France entre 1821 et 1825 ; Charles Babington (1808-1895), professeur de botanique à Cambridge, ou encore John-Joseph Bennett (1801-1876), botaniste au British Museum de Londres. Dans le richissime herbier de sir William Hooker, Jules-Émile Planchon trouve les sujets de plusieurs travaux : entre 1844 et 1848, il fait paraître une étude d’organographie et vingt-six de systématique botanique concernant des flores exotiques87. À la fin de l’année 1848, il prend quelques semaines de repos dans sa famille, puis monte à Paris, en quête d’une nouvelle situation.
75Jules-Émile Planchon est de nouveau accueilli par Joseph Decaisne qui lui permet de venir travailler dans son cabinet de la rue Cuvier et le recommande auprès de l’horticulteur Louis-Benoît Van Houtte (1810-1876), alors à la recherche d’un professeur pour l’institut horticole que le gouvernement belge vient de créer à Gand88 : ainsi est-il nommé professeur de botanique, de zoologie et d’horticulture à Gand, où il reste deux années. En Belgique, il travaille de nouveau avec ardeur. Il prend très à cœur sa charge professorale. Il herborise régulièrement dans les Flandres. Il devient rédacteur de la Flore des Serres et des Jardins de l’Europe, publication qui en est à sa cinquième année d’existence en 1849 et qui est largement diffusée en Europe et en Amérique du Nord. En l’espace de trois années, entre 1849 et 1851, Jules-Émile Planchon ne publie pas moins de cent soixante-cinq notes de systématique botanique dans ce périodique, portant sur des dizaines de familles de plantes89. Cette intermède belge, que Jules-Émile Planchon rappellera toujours avec émotion, prend fin au printemps 1851, lorsqu’une perspective de retour dans le Languedoc s’offre à lui : le décès d’Alire Raffeneau-Delile a rendu vacantes la chaire d’Histoire naturelle de la faculté de médecine de Montpellier ainsi que la direction du Jardin botanique.
76Après obtention de son grade de docteur en médecine90, en juillet 1851, Jules-Émile Planchon s’inscrit au concours de recrutement pour ces deux postes. Son unique concurrent est Charles Martins (1806-1889)91. Malheureusement pour lui, Félix Dunal démissionne de la Commission pour dénoncer les pratiques injustes des autres membres visant à discréditer son ancien disciple. Le concours est alors perdu d’avance et il retire sa candidature. Apprenant cela, Van Houtte s’empresse de lui écrire une chaleureuse lettre où il lui fait savoir que le poste qu’il a quitté quelques mois auparavant est toujours à sa disposition : “Si comme tant d’autres – lui écrit-il – vous n’avez pu être prophète dans votre pays, sachez que vous serez toujours ici accueilli à bras ouverts”92. Sa réputation lui permet cependant de retrouver aussitôt une offre : tout juste nommé recteur de l’académie de Vesoul, Dominique-Alexandre Godron (1807-1880) lui propose de lui succéder à la chaire d’Histoire naturelle de l’école de médecine de Nancy. Jules-Émile Planchon y est chaleureusement accueilli, notamment par le doyen des botanistes Félix Soyer-Willemet (1791-1867), bibliothécaire en chef de la bibliothèque municipale de Nancy. Au grand regret de ses amis lorrains, il quitte Nancy en 1853 et retourne à Montpellier où Félix Dunal lui a obtenu un poste de suppléant à la faculté des sciences93.
77Jules-Émile Planchon assiste Félix Dunal jusqu’à son décès, en 185694. Il est officiellement nommé titulaire le 31 juillet 1857, à l’âge de trente-quatre ans. Entre temps, le 8 janvier 1856, il a soutenu sa thèse de pharmacie95 pour obtenir le grade de pharmacien de première classe, et a été nommé professeur titulaire de la chaire d’Histoire naturelle de l’école supérieure de pharmacie de Montpellier. Tous ces changements ne l’empêchent aucunement de publier les résultats de ses nombreuses recherches : entre 1853 et 1857, outre de nombreuses collaborations à la Flore des Serres, il fait paraître quatorze articles, dont trois d’organographie et onze de systématique botanique96. À partir de 1857, il jouit d’une aisance et d’une stabilité bien méritées.
78Après son installation à Montpellier, le rythme de travail de Jules-Émile Planchon ne faiblit pas, tout au contraire. De 1857 à 1888, il publie un peu plus de deux cents études botaniques97. Outre une centaine de notes de systématique des Phanérogames, publiées pour une très large part dans la Flore des Serres, il donne huit travaux d’organographie, dix mémoires concernant la systématique des Cryptogames, treize articles de géographie botanique pour des flores exotiques ou concernant des excursions dans les environs de Montpellier (pic Saint-Loup, Saint-Guilhem-le-Désert, etc.), vingt notes sur l’histoire de la botanique, dix articles d’horticulture, un de matière médicale, dix-neuf sur le Phylloxera, dont il sera un ardent combattant98, seize mémoires de viticulture et trois courtes notes zoologiques.
79Après son mariage, à la fin des années 1850, Jules-Émile Planchon s’installe chez ses beaux-parents, dans la campagne proche de Montpellier, dans la propriété du Luquet que ses amis appellent Le Planchon. Ses parents, pour qui il garde toujours un profond respect, y séjournent régulièrement dans les dernières années de leur vie. Puis les enfants remplacent les grands-parents : Jules-Émile Planchon et son épouse ont trois enfants, une fille et deux fils99. Mise à part sa nomination à la direction de l’école supérieure de pharmacie, sa situation universitaire n’évolue pas durant plus de vingt ans, jusqu’en 1881, date à laquelle Charles Martins décide de prendre sa retraite : la chaire d’Histoire naturelle médicale de la faculté de médecine et la direction du Jardin des plantes de Montpellier lui sont alors proposées, mais comme il ne peut pas cumuler plus de deux postes, il abandonne la chaire de Botanique de la faculté des sciences.
80Au fil des années, Jules-Émile Planchon est devenu l’un des piliers de la communauté savante de Montpellier. Il est membre de l’académie des sciences et lettres de Montpellier, de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault, présidée par Frédéric Cazalis, l’un de ses proches amis, et de la Société d’horticulture et d’histoire naturelle de l’Hérault, qu’il préside depuis sa fondation, en 1860, et où il retrouve un autre de ses proches amis, Félix Sahut, vice-président. Ces honneurs locaux ne viennent pas seuls. Il est également élu membre associé ou correspondant de nombreuses autres sociétés françaises et étrangères : la Société royale de botanique de Belgique, la Société linnéenne de Londres, la Société italienne des sciences naturelles, l’Académie royale des sciences de Madrid, la Société botanique de France, l’Institut de France. Mentionnons également qu’il reçoit en 1865 la prestigieuse médaille d’or des sociétés savantes pour l’ensemble de ses travaux botaniques.
81C’est dans son logement de fonction du Jardin botanique de Montpellier, situé dans l’enceinte de l’établissement, que Jules-Émile Planchon vit les dernières années de sa vie, en compagnie de son épouse et de ses enfants. Il décède le 1er avril 1888, à l’âge de soixante-cinq ans. Lors de ses obsèques, le cortège part du Jardin des plantes puis se rend devant l’école de pharmacie, la faculté des sciences puis la faculté de médecine. Il est suivi par plusieurs notables locaux comme le maire, le préfet et les doyens des facultés. D’élogieux discours sont prononcés pour cet enfant du Languedoc.
82Jules-Émile Planchon est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Ulex gallii Planchon100, ou Ajonc de Le Gall, présente dans l’ouest de l’Europe, de l’Écosse à l’Espagne. Les premiers échantillons de cette espèce ont été récoltés en novembre 1847 par Nicolas-Joseph-Marie Le Gall de Kerlinou (1787-1860), qui les a rapportés à tort à l’espèce Ulex provincialis Loiseleur, avant que Planchon ne les distingue comme une espèce nouvelle. Il indique les localités alors inédites que Le Gall lui a transmises et qu’il a publiées ultérieurement dans sa Flore du Morbihan (1852) : les environs d’Auray et l'île de Gavr’innis, à l’embouchure de la rivière de Vannes, dans le Morbihan101.
Bibliographie
Dehérain (P.-P.), “Jules-Émile Planchon, notice nécrologique”, Annales agronomiques, t. 40, 1888, pp. 221-229.
Flahault (Charles), L’Œuvre de Jules-Émile Planchon, Montpellier : typographie et lithographie Charles Bohm, 1889, XXXI p.
Foëx (G.), Jules-Émile Planchon, Montpellier : Ch, Bœhm, [s.d.], 8 p.
Morot (L.), “Notice sur Jules-Émile Planchon”, Journal de Botanique, t. 2, 1888, pp. 220-228.
Sabatier (Armand), “Jules-Émile Planchon et son œuvre”, Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire naturelle de l’Hérault, 2ème série, t. 20, 1888, pp. 77-104.
Eugène PERRIER DE LA BÂTHIE (1825-1916)
83Le baron Eugène Perrier de La Bâthie naît le 9 juin 1825 à Conflans, au sein d’une ancienne famille savoyarde. Comme le Piémont et le comté de Nice, la Savoie dépend alors du roi de Sardaigne, à qui ces territoires ont été rendus à la chute de l’Empire napoléonien. En 1845, Conflans est intégré à la cité d’Albertville, nouvellement créée par le roi Charles-Albert. En échange de l’aide militaire apportée par la France au roi Victor-Emmanuel II pour combattre les armées autrichiennes et bâtir l’unité italienne, la Savoie et le comté de Nice sont définitivement rendus à la France le 24 mars 1860. Les savoyards ont alors la possibilité de devenir français, c’est-à-dire sujets de l’empereur Napoléon III, ou de rester sous l’autorité du roi de Sardaigne Victor-Emmanuel II, qui devient roi d’Italie le 27 avril 1861. Comme une large majorité des Savoyards qui préfèrent rester chez eux plutôt que de s’expatrier, Eugène Perrier de La Bâthie décide d’adopter la nationalité française.
84Après avoir effectué de brillantes études au Collège royal de Conflans puis à celui de Saint-Louis du Mont-d’Or, à Chambéry, il part à Turin. La capitale du royaume de Sardaigne est réputée pour son université de médecine. De célèbres botanistes y ont professé, tels que Carlo Allioni (1728-1804) ou Giovanni-Baptista Balbis (1765-1831). Les cours de botanique, alors dispensés par Giuseppe-Giacinto Moris (1796-1869), le motivent davantage qu’une véritable vocation hippocratique. De toute façon, peu de temps après son arrivée dans la Piémont, son père lui demande de revenir en Savoie pour diriger l’exploitation familiale et il doit abandonner ses études. Au moins ce séjour lui permet-il de rencontrer l’un de ses plus proches amis, Édouard Rostan, futur médecin et infatigable explorateur des Alpes cottiennes. À son retour en Savoie, il retrouve toute une petite bande de jeunes gens initiés à l’histoire naturelle par A. Huguenin : son frère102, avocat à Chambéry, attiré par l’entomologie, l’ornithologue Bailly, ainsi que les botanistes André Songeon (1826-1905), Alfred Chabert (1836-1916)103 et Ancenay. Ensemble, sous la direction de leur maître d’excursions, ils explorent minutieusement les Alpes savoyardes.
85Tout au long de sa vie, Eugène Perrier de La Bâthie partage son temps entre son exploitation agricole et la botanique. En matière d’agriculture, il fait preuve d’un esprit original d’initiative : il est l’un des premiers à promouvoir l’utilisation des engrais chimiques ; il plante des vignobles sur son domaine ; il participe activement à l’amélioration des races d’ovins et de bovins de la région. Tout cela lui vaut d’ailleurs de recevoir plusieurs charges et honneurs : il obtient en 1878 une prime par le ministère de l’Agriculture ; il fait partie du Service départemental antiphylloxérique ; il est nommé secrétaire de la Commission du Herd-Book de la race bovine en Tarentaise ; surtout, il est le premier professeur d’agriculture de Savoie, tout d’abord à l’école normale d’Albertville, où il ouvre un cours en 1875, puis à l’École nationale d’agriculture de cette même ville à partir de 1882.
86C’est en collaboration avec son ami André Songeon qu’Eugène Perrier de La Bâthie fait paraître ses premiers travaux104. Ils publient ensemble trois articles concernant la découverte de plantes rares ou nouvelles de Savoie en 1854, 1859 et 1866. En 1863, ils exposent les bases de la phytogéographie des Alpes occidentales105. Cette étude de géographie botanique, lue en 1863 à Chambéry lors de la session extraordinaire de la Société botanique de France, dont ils viennent de devenir membres associés, leur apporte une renommée immédiate106. Après cette publication très remarquée, Eugène Perrier de La Bâthie fait paraître trois nouveaux articles de botanique descriptive jusqu’en 1868, date à partir de laquelle il se consacre essentiellement à son exploitation et ne publie qu’à un rythme très ralenti : entre 1869 et 1904, il signe trois articles de systématique botanique – dont un avec son fidèle collaborateur André Songeon – et un ouvrage de vulgarisation, les Excursions en Tarentaise (1894)107.
87Lorsqu’il cesse de professer l’agriculture en 1898 et se retire en son château de Conflans en 1900, le baron Perrier de La Bâthie décide de se consacrer à la rédaction d’une flore de Savoie, un ancien projet qui lui tient à cœur. Libéré de ses obligations diverses, cet octogénaire amoureux des plantes fait paraître entre 1905 et 1913 cinq nouveaux travaux de floristique savoyarde qui aboutissent au Catalogue raisonné des plantes vasculaires de Savoie (1917)108, son ouvrage majeur. Malheureusement, Eugène Perrier de La Bathie décède le 31 mai 1916, à l’âge de quatre-vingt-onze ans, sans avoir la joie de pouvoir tenir son livre dans ses mains. C’est son fidèle ami Jules Offner (1873-1957), futur professeur de botanique à la faculté des sciences de Grenoble, qui en assure la parution.
88Trois des seize espèces nouvelles nommées et décrites par Eugène Perrier de La Bâthie (dont quatorze en collaboration avec André Songeon) sont aujourd’hui valides : Gentiana clusii Perrier et Songeon109, présente dans les Alpes et les Carpathes ; Sedum montanum Songeon et Perrier in Billot110, présente dans les Pyrénées, les Apenins et une très grande partie des Alpes ; Viola thomasiana Songeon et Perrier in Billot111, présente dans les Alpes italiennes, autrichiennes, suisses et françaises. Ces trois espèces ont été découvertes par les deux botanistes au cours de leurs nombreuses excursions en Savoie et Haute-Savoie. La nouvelle espèce de Gentiane, trouvée à Margériaz pour la Savoie ainsi qu’à Mont-Dizon, Mont-Arclusan, La Gitaz et aux lanches de la Chavonne pour la Haute-Savoie, a été dédiée à Charles de L’Écluse (1526-1609)112, qui en aurait semble-t-il donné la première description et la première illustration, sous le nom de Gentiana sive gentianella major verna.
André SONGEON (1826-1905)
89André Songeon naît le 8 mai 1826 à Chambéry, au sein d’une famille de militaires savoyards, fervents napoléoniens. Son père, ancien médecin militaire dans les armées impériales, est l’élève de René Dufriche-Desgenettes (1762-1837) au Val de Grâce et participe à toute la campagne d’Espagne. Installé comme médecin à Chambéry en 1816, il ne tarde pas à être étroitement surveillé par les autorités sardes, pour qui il est éminemment suspect. L'un des cousins de son père, général de brigade dans les armées impériales, est arrêté par la police de Louis XVIII en raison de sa fidélité à Napoléon après le débarquement de Fréjus. Après son évasion, il doit se cacher plusieurs mois pour éviter d’être fusillé. Ce cousin a un fils, Jean-Guillaume Songeon, qui commence une carrière militaire à Waterloo, où il a hélas le crâne ouvert ; ne pouvant pas retourner dans l’armée, le jeune homme étudie la médecine à Montpellier, où le professeur Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841) doit intervenir en personne pour qu’il ne soit pas renvoyé de l’université, suite à des bagarres organisées par les étudiants bonapartistes contre les royalistes ; il s’incorpore de nouveau dans l’armée, participe à la prise d’Alger en 1830 et finit sa carrière comme commandant en chef des forts de Grenoble. On comprendra de tout ce qui précède qu’André Songeon n’a pas de scrupules à choisir la nationalité française en 1860, lors du rattachement de la Savoie à la France.
90Un album de plantes séchées que lui offre un ancien jardinier de la Malmaison décide de la vocation d’André Songeon. Toute sa vie, il se plaît à imaginer que les feuillets de son ouvrage ont appartenu à l’impératrice Joséphine. Dès sa plus tendre enfance, il herborise une grande partie de son temps. Après le collège, son père l’envoie à Paris chez l’un de ses amis, le banquier Pillet-Will, dans l’espoir qu’il pratique un jour cette confortable profession. C’était sans compter sur le mal du pays immédiatement ressenti par cet amoureux des vallées de la Tarentaise. Sans en avertir ses parents, il rentre en Savoie puis leur annonce qu’il veut se consacrer à la botanique. À la fin des années 1840, il retrouve A. Huguenin, qui dispense des leçons d’histoire naturelle à d’enthousiastes et jeunes disciples à travers les montagnes savoyardes : il retrouve entre autres Eugène Perrier de La Bâthie (1825-1916), Ancenay, futur notaire à Albertville, et l’ornithologue Bailly. Comme il est grand et robuste, ses amis le surnomment “le grand Songeon”. Lorsque le groupe se sépare au début des années 1850, il poursuit ses excursions botaniques en compagnie du jeune Alfred Chabert (1836-1916). André Songeon éprouve alors l’envie de partir en de lointaines contrées. Ses modèles sont le romantique Victor Jacquemont (1801-1832), explorateur de l’Amérique du Nord et de l’Inde, où il est mort, et Edmond Boissier (1810-1885), infatigable explorateur de l’Espagne et du pourtour méditerranéen. Hélas, son père refuse ostensiblement de lui fournir l’argent nécessaire pour de tels voyages : André Songeon ne quittera pour ainsi dire jamais la Savoie.
91La rédaction de travaux botaniques ne semble guère intéresser André Songeon qui, seul, ne signe aucun travail. Entre 1854 et 1866, il publie quatre articles en collaboration avec son ami Eugène Perrier de La Bâthie. Le plus important d’entre eux est l’Aperçu sur la distribution des espèces végétales dans les Alpes de la Savoie (1863)113. Après cette première période, il doit affronter un profond désespoir causé par la mort précoce de son fils. Il poursuit cependant ses excursions botaniques, notamment en compagnie de son ami Alfred Chabert, mais ne publie aucun travail jusqu’en 1894, date à laquelle son ancien collaborateur Eugène Perrier de La Bâthie lui propose une nouvelle collaboration pour des Notes sur quelques plantes nouvelles ou intéressantes de la Savoie et des pays voisins (1894)114. Ils projettent dans les mêmes années de rédiger une flore de la Savoie, mais cet ouvrage ne verra pas le jour et ils se contentent de signer des Herborisations aux environs de Chambéry (1895)115. Avec le temps, André Songeon semble se lasser de tout. Lorsqu’il sent la mort approcher, il détruit plusieurs manuscrits, dont une monographie sur les Roses et des notes concernant ses conceptions sur l’espèce116. André Songeon décède le 18 avril 1905 à Chambéry. Sa fille donnera son herbier à Alfred Chabert.
92André Songeon est l’auteur de trois espèces valides de la flore de France qui ont toutes été découvertes, nommées et décrites en collaboration avec son ami le baron Perrier de La Bâthie. Nous invitons le lecteur à se reporter à la biographie consacrée à Eugène Perrier de La Bâthie.
Bibliographie
Chabert (Alfred), “Notice biographique sur André Songeon”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Savoie, 2ème série, t. 10, 1905, pp. 133-150.
Chabert (Alfred), “Notice biographique sur André Songeon”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 52, 1905, pp. 278-280.
Léon, Gaston GENEVIER (1830-1880)
93Gaston Genevier naît le 18 juin 1830 à Saint-Clémenl-de-la-Place, dans le département du Maine-et-Loire. Il est très tôt initié à la botanique par Alexandre Bureau (1803-1875), le directeur du Jardin botanique d’Angers, avec qui il herborise. Sans doute sur le conseil de son premier maître, il part pour Paris afin d’y effectuer des études de pharmacie. Le professeur de botanique et directeur de l’école de pharmacie de Paris, Adolphe Chatin (1813-1901), devient son second maître de botanique. En 1855, Gaston Genevier s’installe comme pharmacien à Mortagne-sur-Sèvre, en Vendée. Comme bien d’autres pharmaciens de cette époque, tels que le clermontois Henri Lecoq (1802-1871) ou le toulousain Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888), il pratique simultanément sa profession et la botanique. Dans son jardin de Mortagne-sur-Sèvres, il cultive à la fois des plantes médicinales et des espèces rares ou critiques.
94La ville de Mortagne-sur-Sèvre est située à l’extrême nord-est du département de la Vendée, sur la Sèvre-Nantaise, à quelques kilomètres seulement du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres. En herborisant autour de sa demeure, Gaston Genevier traverse donc ces trois départements. En des termes moins administratifs, il herborise dans les Mauges au Nord, le long de la Sèvre-Nantaise à l’Ouest, dans les plaines vendéennes au Sud, et sur les hauteurs de la Gâtine à l’Est.
95C’est en 1859 que paraît son premier travail botanique, la description d’une nouvelle espèce de Violette, Viola olonensis, non valide aujourd’hui, à partir de récoltes effectuées en 1859 aux Sables-d’Olonne117, suivi par un Essai sur quelques espèces du genre Rubus (1860)118, fort remarqué, où il décrit trente-huit nouvelles espèces de Ronces, dont trois sont aujourd’hui valides. Citons quelques-uns de ses lieux d’herborisation : l’étang Saint-Nicolas, près d’Angers, Saint-Barthélémy, Montevrault, Torfou et Saumur pour le Maine-et-Loire ; Py-Saint-Bonnet et Treize-Vents pour les Deux-Sèvres ; ainsi que Le Chiron, La Vachonière, La Comble et Saint-Hilaire-sur-Sèvre pour la Vendée. C’est également en 1860 que Gaston Genevier devient membre fondateur de la Société académique de Maine-et-Loire.
96En 1860, il décide de se consacrer exclusivement à la systématique du genre Rubus, réputé pour être particulièrement difficile. Pour cela, il effectue de nouvelles herborisations dans ses trois départements de prédilection, à savoir le Maine-et-Loire (Cholet, Sainte-Gemme, Pruniers, Saint-Christophe-du-Bois, Beaucouzé), la Vendée (La Croix-Bouchère et Pouzanges) et les Deux-Sèvres (Chapelle-Largeaud). L’année suivante, il est à même de publier un Essai sur quelques espèces du genre Rubus de Maine-et-Loire et de la Vendée (1861)119, où vingt-quatre espèces nouvelles sont nommées et décrites, mais dont aucune n’est valide aujourd’hui. Quelques années plus tard, après avoir exploré les moindres recoins des environs de sa ville, dans un rayon de deux à trois lieues (c’est-à-dire huit à dix kilomètres), il fait paraître un Extrait de la florule des environs de Mortagne-sur-Sèvre (1866)120, où il signale neuf cent quatre-vingts espèces. Cet ouvrage signe ses adieux à la ville de Mortagne-sur-Sèvre : peu de temps après, il se fixe définitivement comme pharmacien à Nantes, en Loire-Inférieure.
97La véritable passion botanique de Gaston Genevier est la systématique du genre Rubus. Elle ne le quittera jamais. Son grand ouvrage sur les Ronces est l’Essai monographique sur les Rubus du bassin de la Loire, dont la première édition paraît en 1869121. Il est dédié au professeur Alexandre Boreau et à Jean-Baptiste Riparl (1814-1878), médecin à Bourges, dans le Cher. Ce travail repose essentiellement sur les nombreuses excursions botaniques qu’il effectue dans différents départements traversés par la Loire : la Loire, le Puy-de-Dôme, l’Ailier, la Nièvre, le Cher, le Loiret, le Loir-et-Cher, l’Indre-et-Loire, le Maine-et-Loire et la Loire-Inférieure. Il y reprend toutes les espèces de Ronces qu’il a déjà décrites et en ajoute des nouvelles – dont aucune n’est valide aujourd’hui. La très faible proportion d’espèces valides par rapport à la grande quantité d’espèces nouvelles qu’il décrit s’explique aisément par son adhésion aux principes jordaniens122 auxquels Alexandre Boreau, fervent adepte des thèses du botaniste lyonnais, l’a initié.
98Dans les premières pages de son Essai monographique, Gaston Genevier remercie les différents correspondants qui lui ont transmis des plantes en herbier ou qui lui ont indiqué des localités. Il cite pour les bords de Loire : Alexandre Boreau ; Jean-Baptiste Ripart ; Alfred Déséglise (1823-1883), de Bourges, installé à Genève en 1870 ; Édouard Lamy de La Chapelle (1804-1896), banquier à Limoges ; Jean-Charles Sauzé (1815-1889), médecin dans les Deux-Sèvres, et Pierre-Néhémie Maillard (1813-1883), pasteur dans le même département, auteurs d’une Flore du département des Deux-Sèvres (1872)123 ; l’abbé Théodore Chaboisseau (1828-1894) ; et de L’Isle. Il est également en relation avec des botanistes d’autres régions de France : Philipp-Jakob Müller (1832-1889), célèbre rubologiste auteur d’une monographie du genre Rubus (1859)124 ; Constant Billot (1796-1863), ingénieur des ponts-et-chaussées puis professeur d’histoire naturelle à Haguenau, dans le Bas-Rhin ; Charles Grenier (1808-1875), professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Besançon ; l’abbé Nicolas Boulay (1837-1905), professeur à l’institut catholique de Lille, excellent paléobotaniste et bryologue ; Louis-Victor Lefèvre, instituteur dans l’Oise ; Levent, pharmacien à Reims ; René Lenormand (1796-1871), avocat à Vire, en Normandie ; Théodore Arrondeau (?-1882), professeur au lycée de Vannes, dans le Morbihan ; le comte Julien-Victor de Martrin-Donos (1800-1870), du Tarn ; Martial Lamotte (1820-1883), directeur du Jardin botanique de Clermont-Ferrand ; Antoine Le Grand (1839-1905), alors agent-voyer dans le Forez ; Édouard Bureau (1830-1918), de la Loire-Inférieure, futur professeur de botanique au Muséum national d’histoire naturelle. Il convient également de signaler ses correspondants étrangers : le britannique Richard-Rowland Bloxam (1798-1877), les suisses Élysée Mercier (1802-1863) et Daniel Rapin (1799-1882).
99Une deuxième édition de l’Essai monographique paraît en 1881. Aux précédents remerciements, il ajoute Charles Trouillard (1821-1888), banquier à Saumur, Joseph Saint-Gal (1841-1932), professeur de botanique à l’école d’agriculture de Grand-Jouan, en Loire-Inférieure, ainsi que le capitaine Jean-Louis Lucand (1821-1896) et le médecin Xavier Gillot (1842-1910), deux Autunois. Gaston Genevier n’a cependant pas le loisir de voir ce livre : il décède le 11 juillet 1880 à Nantes.
100Gaston Genevier est l’auteur de trois espèces valides de la flore de France. Toutes les trois sont des espèces du genre Rubus et toutes les trois ont été découvertes au cours de ses herborisations aux environs de Mortagne-sur-Sèvre : Rubus adscitus Genevier125, présente dans le nord-ouest et le centre de l’Europe ; Rubus boraeanus Genevier126, que l’on trouve en Suisse, en Italie, en France et dans les îles britanniques ; et Rubus pedatifolius Genevier127 qui a la même répartition que l’espèce précédente.
Bibliographie
Le Grand (Antoine), “Gaston Genevier”, in Le Grand (Antoine), Notices biographiques et bibliographiques pour l’histoire de la botanique en Berry, Bourges : H. Sire, 1891, p. 20.
Yves-Augustin TESSERON (1831-1925)
101Yves-Augustin Tesseron naît en 1831. Nous ignorons tout de sa jeunesse et de sa formation en histoire naturelle. Instituteur public à Dampierre-sur-Mer, en Charente-Inférieure, il prend sa retraite en 1887, et s’installe à Crazannes, dans le même département, qu’il ne semble quitter que très exceptionnellement et où il décède en 1925. Il est membre de la Société botanique rochelaise depuis sa création en 1878 par Julien Foucaud (1847-1904), alors instituteur et futur directeur du Jardin botanique de la marine, à Rochefort. Fa Société botanique rochelaise est une société d’échange de plantes proche de la Société dauphinoise de Casimir Arvet-Touvet (1841-1913) et de Jean-Baptiste Verlot (1825-1891). Le principe de son fonctionnement, caractéristique de ce type de sociétés d’échange, mérite d’être rappelé ici. Chaque sociétaire s’engage à fournir à la Société, pour cinq ou six espèces, autant d’échantillons qu’il y a de membres, qui reçoivent, chacun, l’un de tous ces échantillons. Le rôle du Comité de la Société est multiple : il vérifie que les exsiccatas sont bien préparés ; il publie chaque année une liste des espèces distribuées ; il édite un Bulletin où les membres de la Société peuvent faire paraître des notes concernant les plantes qu’ils ont envoyées, surtout lorsqu’elles sont rares ou nouvelles pour la science128. C’est précisément dans le Bulletin de la Société botanique rochelaise, en 1883, qu’Yves-Augustin Tesseron fait paraître l’un de ses rares articles scientifiques129.
102En 1883, le Comité de la Société botanique rochelaise est constitué de six personnes : le président Édouard Beltrémieux (1825-1897)130, directeur du Jardin botanique de La Rochelle et vice-président du Conseil préfectoral de la Charente-Inférieure ; le secrétaire-trésorier F. Lusson, professeur de physique au lycée de La Rochelle ; Julien Foucaud, alors instituteur à Bords ; Termonia, médecin major en retraite, installé à La Rochelle ; Thibaudeau, lieutenant des douanes à La Rochelle ; et Philippe David (1836-1886)131, médecin à l’hôpital Saint-Louis de La Rochelle. Les cinquante membres de la Société – pour des raisons d’organisation, les statuts interdisent de dépasser ce nombre – sont originaires de toute la France. Figurent parmi eux en 1883 des botanistes tels que le narbonnais Gaston Gautier (1841-1911), Eugène-Laurent Berher (1822-1900), médecin à Épinal, Léon Anthouard, notaire à Sauve, dans le Gard, à qui s’adjoignent plus tard d’autres personnalités comme Edmond-Gustave Camus (1852-1915), pharmacien à Paris, l’abbé Antoine-Étienne Boullu (1813-1904), de Lyon, ou l’abbé Hippolyte Coste (1858-1924). Leur but est clair. Ils veulent constituer une collection complète d’exsiccatas de la flore de France, en maintenant un rythme de près de trois cents espèces distribuées par an. C’est dans ce contexte, directement lié à l’existence de la Société botanique rochelaise, qu’Yves-Augustin Tesseron découvre une nouvelle espèce pour la flore de France.
103Yves-Augustin Tesseron est l’auteur d’une seule espèce de la flore de France : Oenanthe foucaudii Tesseron132, endémique de l’ouest de la France. Il en découvre les premiers échantillons en 1878 sur les bords de la Charente, entre Saint-Savinien et Crazannes. Il les rapporte tout d’abord à l’espèce Oenanthe crocata Linné avant de les envoyer comme une nouvelle espèce à Julien Foucaud, qui les considère seulement comme une nouvelle variété d’Oenanthe lachenalii Gmelin. Après l’examen de nouveaux échantillons qu’il a récoltés sur les bords de la Garonne, de la Charente et de la Dordogne, Foucaud accepte l’interprétation de Tesseron qui décide de la lui dédier par “devoirs de l’amitié et de la reconnaissance”133.
Philippe-Jacques MÜLLER (1832-1889)
104Philippe-Jacques Müller naît le 19 janvier 1832 à Wissembourg, dans le département du Bas-Rhin, à la frontière avec l’Allemagne. Il effectue ses études secondaires au collège de Wissembourg puis au lycée de Nancy. Lorsque ses études sont achevées, il revient s’installer à Wissembourg, à la maison dite au Huguenell, où il restera jusqu’en 1872. Très tôt, il est fasciné par l’histoire naturelle : sous l’influence de sa mère, il collectionne les papillons, les fossiles et les plantes en herbier. Sa rencontre avec Friedrich-Wilhelm Schultz (1804-1876), pharmacien à Wissembourg depuis 1853, spécialiste des Rosacées et du genre Rubus. est capitale. Philippe-Jacques Müller se concentre alors essentiellement sur les Ronces des environs de sa ville natale, qu’il explore activement en 1856 puis 1857. Ses premiers résultats paraissent en 1858134.
105Ce premier travail concerne la description de soixante et une espèces dont quarante et une sont nouvelles pour la science. Sur ces dernières, seulement une est aujourd’hui considérée comme valide. Nouvelle confirmation de la complexité de la systématique du genre Rubus ! L’année suivante, Philippe-Jacques Müller signe une monographie sur les Ronces gallo-germaniques135 comprenant la description de deux cent trente-cinq espèces dont cent trente-quatre lui ont été communiquées par Louis-Victor Lefèvre, instituteur dans l’Oise. Il élargit peu à peu le champ de ses investigations. À partir d'explorations qu’il a effectuées dans les Vosges, il rédige en 1866 le manuscrit d’une Description de quelques espèces nouvelles de Rubus du département des Vosges, où quarante espèces nouvelles sont décrites. En 1860, il annonce aux botanistes français son intention de publier un Herbier normal des Rubus de France136. Pour cela, il prie ceux qui veulent bien l’aider dans sa tâche de lui faire parvenir cinq ou six formes en cinquante à soixante échantillons chacune, en échange de quoi il s’engage à leur envoyer la première centurie. Pour les autres, chaque centurie vaudra vingt francs. Cet herbier ne sera jamais réalisé. Au cours des années 1860, il s’intéresse également à un autre groupe difficile, le genre Potentilla, pour lequel il laisse le manuscrit d’une Description de quelques espèces nouvelles, daté de 1869.
106Philippe-Jacques Muller, qui tient une place de premier plan dans la communauté relativement fermée des spécialistes du genre Rubus, ou rubologistes, est bien évidemment en relation avec eux : l’abbé Théodore Chaboisseau (1828-1894) ; Gaston Genevier (1830-1880), pharmacien à Mortagne-sur-Sèvre, auteur d’un Essai monographique des Rubus du bassin de la Loire (1869)137 ; ou encore Georges Bouvet (1850-1929), auteur d’une monographie sur Les Rubus de l’Anjou (1889)138. II est également en relation avec d’autres botanistes comme Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888), pharmacien à Toulouse, ou Casimir Arvet-Touvet (1841-1913), propriétaire d’une exploitation agricole à Gières, dans l’Isère.
107Au lendemain de la défaite française, lorsque l’Alsace est annexée à l’empire de Bismarck, Philippe-Jacques Müller décide de conserver, sinon la nationalité française, au moins une certaine identité française : en 1872, il s’installe définitivement en Suisse, dans le canton de Vaud, à Nyon. Il y mène une vie totalement retirée. Profondément atteint par la guerre franco-allemande, il s’isole alors dans un mutisme désespéré. Il cesse toutes ses correspondances et ses échanges avec les botanistes. 11 n’ouvre plus ses cartons d’herbiers. Personne ne sait où il réside et les naturalistes du canton de Vaud ignorent jusqu’à sa présence. C’est à peine s’il herborise dans les proches environs de sa demeure. Philippe-Jacques Müller décède le 13 mai 1889, après avoir légué ses herbiers et manuscrits au musée de Lausanne et sa collection conchyliologique au musée de Nyon.
108Philippe-Jacques Müller est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Rubus divaricatus P.-J. Müller139, présente dans le centre et l’ouest de l’Europe, qu’il a découverte dans les environs de Wissembourg, au cours de ses explorations des années 1856 et 1857.
Bibliographie
Favrat (L.), “Notice sur P.-J. Müller”, Bulletin de la Société vaudoise de Sciences naturelles, t. 25, 1889, pp. 224-228.
Malinvaud (Ernest), “Notice sur P.-J. Müller”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 37, 1890, pp. 203-205.
Eugène, Pierre, Nicolas FOURNIER (1834-1884)
109Eugène Fournier naît en 1834, vraisemblablement en région parisienne. Il commence par effectuer des études classiques puis, destiné à l’exercice de la médecine par son père, lui-même médecin, entre à la faculté de médecine de Paris. Parallèlement à ses études, il se consacre à la botanique. Il explore la flore des environs de Paris avec une bande de jeunes compagnons : Paul de Bretagne, Eugène Gaudefroy, attaché au ministère de l’Intérieur, Auguste Defrance (1831-1861), dessinateur au département des cartes du ministère de la Guerre, Duparquet, ou encore Émile Bescherelle (1828-1903). Dès 1855, Eugène Fournier devient membre de la Société botanique de France. Reçu docteur en médecine en 1861 puis docteur ès sciences en 1863, il tente en vain d’obtenir la chaire de Botanique médicale de la faculté de médecine. Il ne pratique pas la médecine. Il vit, en compagnie de son épouse, grâce à l’argent que leur ont légué leurs parents.
110Eugène Fournier demeure toute sa vie un membre très actif de la Société botanique de France. À partir de 1861, il est en charge de la rédaction de la “Revue bibliographique” du Bulletin, ce qui l’oblige à lire de nombreux ouvrages en différentes langues. Il assure la fonction de vice-président en 1866 sous la présidence du comte Hippolyte Jaubert (1798-1874), un riche industriel passionné de botanique, en 1873 sous celle de Joseph Decaisne (1807-1882), titulaire de la chaire des Cultures du Muséum national d’histoire naturelle, puis en 1881 sous celle de Philippe Van Thieghem (1839-1914), professeur de botanique au Muséum national d’histoire naturelle. Il publie un grand nombre d’articles de systématique botanique dans le Bulletin. Ses deux plus importants travaux sont ses monographies sur les Cryptogames et les Graminées du Mexique (1872-1886)140, rédigées dans le cadre des recherches botaniques de la mission scientifique au Mexique et dans l’Amérique Centrale, sous la direction de Joseph Decaisne. Pour la cryptogamie, il s’est adjoint l’aide de son ami Émile Bescherelle et de William Nylander (1822-1899)141, l’un des plus célèbres lichénologues de la deuxième moitié du XIXème siècle. Eugène Fournier n’a malheureusement pas le loisir de voir le deuxième volume de cet ouvrage sur les plantes du Mexique : il quitte définitivement ses amis de la Société botanique de France en 1884, après une longue maladie.
111Eugène Fournier est l'auteur d’une espèce valide la flore de France, Cytisus ardoini E. Fournier142, endémique des Alpes-Maritimes et dont l’histoire est étroitement liée à celle de la Société botanique de France. En juillet 1866, Honoré Ardoino (1819-1874), un botaniste fort respecté et installé à Menton, dans les Alpes-Maritimes, envoie pour examen à Ernest Cosson (1819-1889), via la Société botanique de France, quelques échantillons d’un Cytise qu’il juge nouveau et qui ont été récoltés par son ami britannique le révérend William-Henry Hawker (1828-1872) dans les environs de Menton au printemps 1866. Ernest Cosson étant absent, c’est Eugène Fournier qui est chargé d’envoyer une réponse à ce correspondant méridional concernant le statut de son Cytise dans laquelle il lui confirme son intuition. La lettre ainsi que la réponse – qui comprend le nom et la description de la nouvelle espèce – sont publiées conjointement en juillet 1866 dans le Bulletin de la Société botanique de France.
Bibliographie
112Bescherelle (Émile), “Discours prononcé sur la tombe de M. Eugène Fournier”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 31, 1884, pp. 280-282.
Ernest, Jules, Marie JEANBERNAT (1835-1888)
113Ernest Jeanbernat naît le 3 janvier 1835 à Marseille, où son père est un administrateur aisé. Lorsque sa famille décide de retourner en Haute-Garonne, d’où elle est originaire, il entre au collège de Sorèze. Il s’adonne très tôt à la rédaction de pièces de théâtre en vers, une passion dont il ne se départira jamais. C’est à Toulouse qu’il acquiert les grades de bachelier ès lettres, ès sciences physiques et ès mathématiques, ainsi qu’une licence ès sciences naturelles. Il y commence également des études de médecine qu’il poursuit à Paris, où il obtient le grade de docteur en 1862. La même année, il décide de rentrer à Toulouse où il seconde son oncle, le docteur Cayrel, dans l’exercice de l’art hippocratique. Bien que son oncle projette de lui léguer son cabinet, il décide d’arrêter définitivement ce métier en 1866. Il préfère succéder à son père comme agent-directeur de la Compagnie continentale du gaz, à Toulouse.
114Ernest Jeanbernat partage son temps libre entre la réalisation d’excursions dans les Pyrénées et la rédaction de travaux scientifiques. Dès son arrivée à Toulouse, il rejoint les naturalistes rassemblés autour d’Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888) : Édouard Filhol (1814-1883), directeur de l’école secondaire de pharmacie et de médecine de Toulouse, Charles-Louis Contejean (1824-1907), futur professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Besançon, Henri Magnan, l’abbé Marçais, Bosquet, Violet, Guitard, J. Jougla, Peyre, Leymerie, Joly, Casimir-Célestin Baillet (1820-1900). Seul ou en compagnie de ses amis, Ernest Jeanbernat explore régulièrement la chaîne pyrénéenne. La botanique est la science qu’ils pratiquent tous en commun. Chacun a une sorte de spécialité. Ernest Jeanbernat est le géologue et le géographe du groupe. Il s’associe à plusieurs reprises à ses amis pour rédiger les parties géologiques de leurs travaux. À partir de 1870, il s’adonne plus particulièrement à la bryologie. Il communique alors toutes les plantes phanérogames qu’il récolte à Édouard Timbal-Lagrave.
115Entre 1864 et 1887, Ernest Jeanbernat signe une quarantaine de travaux qui concernent la bryologie, la géologie et la systématique des phanérogames143. La première contribution d’Ernest Jeanbernat à la bryologie des Pyrénées, le Catalogue des Muscinées des environs de Toulouse, date de 1864144, mais ses ouvrages les plus remarqués en ce domaine sont ceux qu’il fait paraître en collaboration avec Ferdinand Renauld (1837-1910), un commandant originaire de Vesoul installé à Toulouse : le Guide du bryologue dans les Pyrénées et le Sud-Ouest (1884-1887)145, et la Bryo-géographie des Pyrénées (1887)146, où les auteurs appliquent pour la première fois les concepts de la géographie botanique à la bryologie. Pour ce qui concerne la géologie et la géographie des Pyrénées, l’étude des lacs et des périodes glaciaires sont ses sujets de prédilection147. Il rédige également la partie géologique de plusieurs rapports d’excursions pyrénéennes, en collaboration avec certains de ses amis de la Société des sciences physiques et naturelles de Toulouse. Citons l’Exploration scientifique du Massif d’Arbas (Haute-Garonne), le Rapport de l’excursion de Montolieu (Aude), tous deux publiés en 1874, ou encore Le Capsir, communiqué en 1883 à la Société des sciences physiques et naturelles de Toulouse et paru en 1886148 Pour la botanique, il signe quelques notes dans le Bulletin de la Société botanique de France, en collaboration avec ses amis Édouard Timbal-Lagrave et Gaston Gautier (1841-1911). Signalons qu’Ernest Jeanbernat produit régulièrement des rapports dans les Annales de la Société d’Horticulture de Toulouse, dont il est le secrétaire durant de nombreuses années.
116Ernest Jeanbernat reçoit en 1889 une médaille d’argent pour ses travaux au Congrès des sociétés savantes, à la Sorbonne. Il est élu la même année membre de l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse. Il cesse plus ou moins ses études scientifiques en 1884, lorsqu’il entre au Conseil municipal de Toulouse ; ses travaux bryologiques publiés à partir de cette date ont été rédigés auparavant. Ernest Jeanbernat décède le 14 mars 1888, deux jours avant son ami Édouard Timbal-Lagrave.
117Ernest Jeanbernat est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, nommée et décrite en collaboration avec Édouard Timbal-Lagrave : Juncus pyrenaeus TimbalLagrave et Jeanbernat, endémique des Pyrénées-Orientales et qu’ils ont découverte à Mont-Louis149.
Bibliographie
Marçais (Ed.), “Ernest Jeanbernat et Édouard Timbal-Lagrave”, Revue de Botanique, Bulletin mensuel de la Société française de Botanique, t. 7, 1889, pp. 341-368.
Alfred, Charles CHABERT (1836-1916
118Alfred Chabert naît le 29 février 1836 à Chambéry. Il est dès son plus jeune âge passionné de botanique. À l’âge de douze ans, en compagnie de son ami André Songeon (1826-1905), de dix ans son aîné, il parcourt les montagnes des environs de Chambéry ; à tel point que ses parents, guidés par la crainte que leur fils n’emprunte un mauvais chemin, décident de limiter leurs rencontres. En souriant, il racontera plus tard à ce sujet que même s’ils ne se parlaient plus en ville, ils se retrouvaient toujours en montagne ! Depuis 1814, la Savoie est sous la dépendance du roi de Sardaigne : c’est donc à Turin, la capitale du royaume, qu’il part étudier la médecine. Il y obtient le grade de docteur en juillet 1858. Ses parents peuvent être rassurés. La raison l’a emporté sur la passion : Alfred Chabert pourra herboriser sans avoir à se préoccuper de sa situation financière. Aussitôt après son retour, il s’engage comme chirurgien médecin au 2ème régiment de Savoie, dans l’armée française. Lorsque la Savoie est définitivement rattachée à la France en 1860, Alfred Chabert opte pour la nationalité française.
119C’est lorsque la Savoie est en train de devenir définitivement française qu’Alfred Chabert publie ses trois premiers articles dans le Bulletin de la Société botanique de France, dont il est membre à partir de 1859 : une note de systématique, une Étude sur la géographie botanique de la Savoie (1859) et des Esquisses de la végétation de la Savoie (1860)150. À l’exception d’un travail qu’il fait paraître en 1871, à partir de ses herborisations à Fontainebleau151, il ne publie de nouveaux travaux qu’après 1881. Pour l’heure, il entame en 1860 une carrière de médecin militaire et se consacre exclusivement à l’exercice de la médecine jusqu’en 1880.
120Alfred Chabert débute comme aide-major au service médical des régiments, avant de devenir médecin-major de deuxième classe puis médecin de première classe. Entre 1860 et 1870, il est successivement affecté à Lyon, en Algérie puis à Belfort. Pendant la guerre de 1870-1871, il est médecin dans l’armée du Rhin. Il est ensuite promu médecin en hôpital : en Algérie de 1871 à 1875, dans sa ville natale de 1875 à 1880, à Bastia de 1880 à 1882, puis à Saumur en 1882. À partir de l’année suivante, il est médecin chef à La Rochelle et à Lille tout d’abord, à Marseille de 1884 à 1886, en Algérie de 1886 à 1888, avant de finir sa carrière en tant que directeur du Service de santé de Rennes, en 1889. Pour sa retraite, il se retire en son pays natal. Il passe l’hiver à Chambéry, rue de la Vieille-Monnaie, et la belle saison en son domaine de Vérel-Pragondran.
121Au cours de sa carrière, Alfred Chabert n’abandonne jamais complètement la botanique. Il herborise partout où il séjourne. Il rencontre des naturalistes avec qui il noue des relations d’amitié. C’est vraisemblablement son premier retour en Savoie, à la fin des années 1870, et son passage en Corse qui lui redonnent l’envie de publier des études botaniques. Ces régions lui fournissent les sujets des neuf articles qui paraissent dans le Bulletin de la Société botanique de France entre 1881 et 1889152. Libéré de ses obligations militaires et médicales, Alfred Chabert peut enfin se consacrer exclusivement à la botanique : entre 1889 et 1910, il publie cinquante-cinq articles de botanique concernant la flore d’Europe et la flore d’Algérie, sous l’angle de la systématique, bien entendu, mais également de la géographie botanique, discipline qui lui est chère. L’attitude qu’il adopte par rapport à la description d’espèces nouvelles est résolument anti-jordanienne. Il est farouchement opposé à une multiplication des espèces. Il rédige tous ses articles seul, à l’exception des Herborisations aux environs de Chambéry (1895)153, en collaboration avec son ami de longue date André Songeon.
122Alfred Chabert correspond avec de nombreux autres botanistes. Ses amis savoyards André Songeon, le baron Eugène Perrier de La Bâthie (1825-1916), le cardinal Billiet, Bonjean ou encore A. Huguenin. Ses amis genevois Eugène Autran et Gustave Beauverd, rencontrés à Genève en 1891, qui lui permettent de publier des articles dans le Bulletin de l’Herbier Boissier. Il est également en relation avec d’autres botanistes tels que les clermontois Martial Lamotte (1820-1883) et frère Joseph Héribaud (1841-1917), Émile Burnat (1828-1920), éminent spécialiste de la flore des Alpes maritimes, ou encore Facchini, qui lui envoie des plantes du Tyrol.
123Parti seul en herborisation, Alfred Chabert manque de se tuer à deux reprises en 1909, à cause d’un vertige jamais éprouvé auparavant. En 1910, à l’âge de soixante-quatorze ans, il doit mettre un terme à ses excursions. Il cesse également de rédiger des articles. Il décède le 1er octobre 1916 à Chambéry, la même année que son ami le baron Perrier de La Bâthie. Il a légué son herbier à l’Institut royal de botanique de Florence.
124Alfred Chabert est l’auteur de deux espèces valides de la flore de France : Rhinanthus ovifugus Chabert, présente dans le sud des Alpes, les Apenins et les montagnes yougoslaves, et Rhinanthus songeonii Chabert, que l’on trouve dans le sud des Alpes françaises et italiennes. Ces deux espèces ont été décrites dans une révision du genre Rhinanthus avec six autres espèces nouvelles non valides aujourd’hui. Les premiers spécimens de Rhinanthus songeonii ont été récoltés par Chabert et Songeon à la Dent du Chat, en Savoie, entre 1000 et 1400 mètres d’altitude154, et ceux de Rhinanthus ovifugus par Chabert dans les Alpes savoyardes : “Je lui ai donné le nom d’ovifugus – écrit-il-, mon guide et les bergers m’ayant tous dit que c’est ‘una pianta nociva’ que les moutons et les chèvres, qui seuls avec les chamois, peuvent paître sur ces pentes rapides, s’en écartent avec soin. Tous les Rhinanthus du reste sont délaissés par le bétail”155.
Bibliographie
Beauverd (Gustave), “Alfred Chabert”, Bulletin de la Société botanique de Genève, t. 9, 1917, pp. 15-20.
Denarié (Maurice), “Le Docteur Alfred Chabert, sa vie et son œuvre”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Savoie, t. 18, 1918, pp. 112-122.
Saint-Yves (Alfred), “Notice sur Alfred Chabert”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 64, 1917, pp. 18-24.
Antoine LE GRAND (1839-1905)
125Antoine Le Grand naît le 23 décembre 1839 à Gien. Son grand-père est ingénieur en chef des ponts-et-chaussées ; il a dirigé, entre autres, la construction du port de Rochefort et plusieurs aménagements du canal de Briare. Son père, Gustave, agent-voyer en chef du département de l’Aube, est un entomologiste averti qui a publié une Liste des Coléoptères du département de l’Aube (1861). Il initie son fils à l’observation de la nature. Ils parcourent ensemble une grande partie de la Champagne. Grâce à son père, Antoine fréquente quelques naturalistes qui deviennent ses premiers maîtres d’herborisation : Stanislas Desétangs (1801-1876), conservateur du Musée d’histoire naturelle de Troyes, et Jules Ray.
126Antoine Le Grand achève ses études au lycée de Troyes en 1858, date à laquelle il est bachelier ès sciences, et décide d’embrasser la carrière professionnelle que son grand-père et son père ont suivie avant lui. Son premier poste l’envoie à Châteauroux, où il est nommé conducteur des ponts-et-chaussées en mars 1860. Avant de quitter Troyes, il publie un premier Essai sur la géographie botanique de l’Aube (1859)156. Grâce à ses propres herborisations à travers toute la région et grâce à son père, habitué à parcourir les routes et comparer les terrains, il a l’idée d’aborder le problème crucial de la répartition des plantes en fonction de la nature des sols.
127Avant de se fixer définitivement en 1875 comme agent-voyer à Bourges, Antoine Le Grand est nommé conducteur des ponts-et-chaussées à Châteauroux en mars 1860 et dans les Pyrénées-Orientales en 1862, puis agent-voyer d’arrondissement à Saint-Étienne en 1864 et à Montbrison en 1866. Dans chacune de ces régions, il consacre tous ses loisirs à l’étude des plantes. Il communique régulièrement des articles botaniques à des sociétés savantes locales ou à la Société botanique de France157 – dont il devient membre en janvier 1865 sur la présentation d’Ernest Malinvaud (1836-1913) et d’Émile Bescherelle (1828-1903), fils du célèbre grammairien.
128À partir de 1875, Antoine Le Grand s’intéresse essentiellement à la flore du Berry. Grâce à son métier, qui l’oblige à inspecter les routes du Cher, il acquiert une connaissance très précise de la répartition géographique des plantes. Ses plus importantes contributions concernant la flore berrichonne sont la Flore analytique du Berry (1887)158 et les Matériaux pour une flore bryologique du Cher (1895)159. Dans les intéressantes Notices biographiques et bibliographiques pour l'histoire de la botanique en Berry (1891)160, il rend hommage à tous les botanistes et récolteurs de plantes locaux qui ont contribué à l’avancement de la connaissance de la flore du Berry : l’abbé Beaujoin (1803-1876), né et mort à Saint-Ambroix ; Antoine-Théodore Blandin (1797-1885), originaire d’Aubigny, ancien élève de l’abbé Blondeau et explorateur de la Sologne ; l’abbé Pierre Blondeau (1765-1825), originaire de Mehun, professeur au collège de Bourges, curé de Plou entre 1824 et 1835 ; Jean-Joseph Bourdaloue (1768-1825), né et mort à Bourges, professeur au collège de Bourges puis principal du collège de Châteauroux ; l’abbé Caillier, curé de Blet (7-1856) ; le pharmacien Chariot, originaire de Saint-Aignan ; Léon Clisson (1820-1876), originaire de Parthenay, dans les Deux-Sèvres, mort à Bourges, instituteur et directeur d'écoles communales, explorateur des environs de Loches, Bourgueil et Vierzon ; Charles-Jean-Louis Delastre (7-1859), sous-préfet du Loiret, à Gien, auteur d’une Flore de la Vienne (1842)161 ; Alfred Déséglise (1823-1883), originaire de Bourges, propriétaire à Graire, spécialiste du genre Rosa, mort à Genève où il s’est installé en 1870 ; Étienne-Émile Desvaux (1830-1854), originaire de Vendôme ; Prosper Faulchier (1806-1877), originaire de La Châtre, membre de la Société botanique de France depuis 1855, successivement pharmacien à La Châtre, Nérondes, Reuilly puis Issoudun, où il est mort, correspondant du comte Hippolyte Jaubert (1798-1874) et d’Alexandre Boreau (1803-1875) ; Antoine-Laurent-Apollinaire Fée (1809-1874), originaire d’Ardentes, dans l’Indre, professeur d’histoire naturelle médicale à la faculté de médecine de Strasbourg, installé à Paris à partir de 1871 ; le nantais Gaston Genevier (1830-1880), spécialiste du genre Rubus, qui explore les bords de la Loire dans les années 1860 ; Ernest Germain de Saint-Pierre (1815-1882), retiré à la fin de sa vie dans sa propriété de Bessay, près de Chantenay-Saint-Imbert ; Conrad Gesner (1516-1565), qui a enseigné quelque temps le latin à Bourges ; le comte Hippolyte Jaubert (1798-1874), pair de France, riche industriel, député du département du Cher, propriétaire du domaine de Givry, l’un des membres les plus actifs de la Société botanique de France ; Herman de Jouffroy (1832-1857), explorateur de la Brenne et des environs de Clion ; le médecin P.-E. Lebas, récolteur de plantes dans les environs de Bourges ; René Lemaître (1768-1854), originaire de Vierzon, officier de l’armée française de 1792 à 1814, retiré à Bourges à la Restauration ; Louis-Guillaume Lemonnier (1717-1799), professeur de botanique au Jardin du roi, à Paris, qui effectue quelques voyages dans le Berry ; Macario, médecin à Paris, député du parlement sarde ; Robert Morison (1620-1683), originaire d’Aberdeen, en Écosse, directeur des jardins du duc d’Orléans, à Blois, entre 1649 et 1659 ; le médecin de Narp, professeur d’histoire naturelle au collège de Bourges ; Jules Néraud (1795-1855), ancien explorateur de Bourbon et de Madagascar, fixé à La Châtre à partir de 1818, auteur d’une Botanique de l’enfance (1847)162 écrite pour sa fille, en collaboration avec Georges Bridel et préfacée par la romancière parisienne George Sand (1804-1876), qui possédait également un domaine à Nohant, dans l’Indre ; Alexandre Pérard (1834-1887), originaire d’Airaines, professeur de sciences naturelles, auteur d’un Catalogue des plantes de Montluçon (1869-1871)163, explorateur du sud du Berry, à la frontière avec le Bourbonnais ; Bernard Rey (1813-1889), né et mort à Saint-Amand-Montrond ; Jean-Baptiste Ripart (1814-1878), originaire de Bessines, dans la Haute-Vienne, médecin à Bourges, passionné de musique et, plus tardivement, de botanique ; Claude Rouet (1809-1888), originaire de Châteauroux et mort à Magny, conducteur des ponts-et-chaussées à La Châtre ; le marquis de La Roche, installé à Saulzais-le-Potier, dans le Bourbonnais ; Casimir Saul (1801-1850), originaire de Montpellier, infatigable explorateur du Nivernais ; Claude Subert (1766-1843), qui effectue de nombreuses excursions dans les environs de Bourges mais qui a la fâcheuse tendance à confondre les localités dans ses récoltes ; le médecin Claude Tillier, professeur de matière médicale à l’université de Bourges au début du XVIème siècle ; Gustave Tourangin (1815-1872) et de La Tramblais, sous-préfet du Blanc, dans l’Indre.
129Antoine Le Grand est très intégré dans la communauté savante de Bourges. Il est élu président de la Société historique et scientifique du Cher à plusieurs reprises. 11 dirige régulièrement des excursions botaniques pour initier un large public à la botanique. Il correspond et échange des plantes avec de nombreux botanistes de son époque. Il bénéficie pour cela des réseaux des sociétés botaniques, notamment de la Société botanique de France, et de sociétés d’échanges comme la Société dauphinoise ou la Société rochelaise. Citons quelques-uns de ses correspondants : l’abbé Hippolyte Coste (1858-1924)164, le toulousain Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888), Edmond-Gustave Camus (1852-1915), le parisien Georges Rouy (1851-1924), Charles Flahault (1852-1935), professeur de botanique à la faculté des sciences de Montpellier, rencontré par hasard en 1880 dans le Gâtinais. Antoine Le Grand meurt le 13 mars 1905, après avoir été l’un des plus actifs botanistes du Berry.
130Antoine Le Grand est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Asplénium foreziense Le Grand, présente dans le sud-ouest de l’Europe, de la Yougoslavie aux PaysBas, et qu’il a découverte dans le Forez, lors de son séjour à Montbrison : c’est une “plante très variable, à frondes moins découpées que dans les Pyrénées, le Jura, l’Alsace, à segments élargis, ovales, peu dentés. Elle se trouve aussi dans la Haute-Vienne et a été prise pour l’Asplenium lanceolatum Hudson dont elle a le port”165.
Bibliographie
Flahault (Charles), “Antoine Le Grand, sa vie, son œuvre”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 52, 1905, pp. 388-395.
Casimir ARVET-TOUVET (1841-1913)
131Casimir Arvet-Touvet naît le 4 mars 1841, dans une maison située à la sortie du bourg de Gières, sur la route d’Uriage, dans le département de l’Isère. Ses parents, Jean-Maurice Arvet-Touvet (1808-1858) et Marie Cornier (1812-1891), y sont propriétaires de quelques terres et vignes depuis 1836. En 1850, il entre au Petit Séminaire du Rondeau, à Grenoble. Il y passe neuf années. Il commence par s’intéresser aux insectes, à l’instar de nombreux jeunes naturalistes. Sous l’influence de l’abbé P. Faure, professeur d’histoire naturelle au Rondeau, de l’abbé Louis-Célestin Ravaud (1822-1898), curé de Villard-de-Lans et auteur d’un Guide du botaniste dans le Dauphiné (1879-1894)166, et de Jean-Baptiste Verlot (1816-1891), le directeur du Jardin botanique de Grenoble, Casimir Arvet-Touvet abandonne l’entomologie pour se consacrer uniquement à la botanique, dont il remporte d’ailleurs un premier prix en classe de troisième en 1856. Il est un excellent élève, mais ne s’habitue pas aux règles strictes du pensionnat dont il s’enfuit à trois reprises. 11 quitte définitivement le Petit Séminaire du Rondeau en 1859, et s’inscrit à l’université de Grenoble pour y étudier le droit. 11 y reste cependant que peu de temps ; sa mère, veuve depuis une année, lui demande de revenir vivre au village pour la seconder.
132Entre 1860 et 1870, Casimir Arvet-Touvet utilise tout le temps que l’exploitation de ses terres lui laisse pour parcourir les montagnes du Dauphiné. Il leur consacre toute la fougue et la force de sa jeunesse. Au cours de ses excursions, il utilise l’Histoire des plantes du Dauphiné (1786-1789)167 de Dominique Villars (1745-1814), ancien médecin de l’hôpital de Grenoble puis professeur de matière médicale à l’école de médecine de Strasbourg, ainsi que la Flore du Dauphiné (1830)168 du militaire Auguste Mutel (1795-1847). Lorsque la guerre contre l’Allemagne éclate, il a déjà une remarquable connaissance de la flore de sa région. Les événements retardent la publication de ses premières observations.
133Dès le début du conflit, Casimir Arvet-Touvet s’engage dans la première compagnie des francs-tireurs de l’Isère. Ils partent de Grenoble le 1er septembre et sont à Belfort deux jours plus tard. Le 22 octobre, il reçoit son baptême du feu à la bataille de Châtillon-le-duc, près de Besançon. Il participe ensuite à tous les combats de sa compagnie : Châtillon-sur-Seine, Messigny, Pouilly, Autun, Montbard, Dijon, etc. Les lettres qu’il écrit à sa mère et ses deux sœurs témoignent de son courage, de son abnégation. Il mèle sa croyance en Dieu et la guerre avec une facilité déconcertante : “J’ai toujours eu confiance en Dieu – écrit-il –. Dieu sauvera la France, j’en ai la certitude, et, s’il lui plaît, après avoir fait mon devoir sur le champ de bataille, je retournerai auprès de ma chère maman”169. Se faisant l’écho des idées préconçues d’une large majorité de la société, il considère que les Prussiens sont des “barbares et des sauvages”170. À la fin de la guerre, il est atteint d’une grave crise de syphillis et doit se reposer à Gières. Rétabli, il se remet promptement à ses travaux et publie en 1871 un premier Essai sur les plantes du Dauphiné (1871)171.
134Dans cette première publication, Casimir Arvet-Touvet réserve déjà une part importante aux épervières, le genre Hieracium, qui deviennent l’unique objet de ses études à partir de 1880. Sans être en étroite relation ou en accord avec Alexis Jordan, il adopte une attitude très proche du jordanisme : il décrit d’innombrables espèces nouvelles, fait preuve d’un essentialisme convaincu, et n’accepte pas les sous-espèces de peur de donner en partie raison aux transformistes. En 1880, Ernest Malinvaud (1836-1913) lui suggère en vain de publier une nouvelle flore du Dauphiné, une sorte de révision des flores de Dominique Villars et d’Auguste Mutel. Casimir Arvet-Touvet préfère s’adonner à la hiéraciologie ; après le décès de l’éminent hiéraciologue Elias-Magnus Fries (1794-1878), professeur de botanique à Uppsala, avec qui il a entretenu une brève correspondance, il devient l’un meilleurs spécialistes mondiaux du genre Hieracium.
135De 1880 à 1888, Casimir Arvet-Touvet se consacre aux épervières des Alpes françaises et en particulier du Dauphiné. Pour mener à bien ses études, il correspond avec deux autres hiéraciologues, qu’il ne rencontrera d’ailleurs jamais : Saverio Belli (1852-1919), directeur du Jardin botanique de Turin (1898-1901) puis de celui de Cagliari (1901-1908), et Josef-Franz Freyn (1845-1903), directeur du Jardin botanique de Prague. Il profite également beaucoup de la Société dauphinoise pour l’échange des plantes, qu’il a créée en janvier 1873 avec Jean-Baptiste Verlot et l’abbé Faure. Comme son nom l’indique, cette société a pour but de favoriser les échanges de plantes entre les botanistes. Dirigée par les trois membres fondateurs, qui se réunissent au Rondeau, elle rassemble des botanistes de toute la France. Citons Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888), l’abbé Michel Gandoger (1850-1926), de Lyon, Alfred Déséglise (1823-1883), installé à Genève après 1870, Xavier Gillot (1842-1910), médecin à Autun, Ernest Cosson (1819-1889), Charles Grenier (1808-1875), Adrien Franchet (1834-1900), Julien Foucaud (1847-1904), Adolphe Pellat, Edmond Bonnet (1848-1922), assistant au laboratoire de botanique du Muséum national d’histoire naturelle, Jean-Baptiste Saint-Lager (1825-1912), médecin à Lyon, Henri Loret (1811-1888), conservateur de l’herbier de Montpellier à partir de 1860, et le mycologue Narcisse Patouillard (1854-1926). Grâce à la Société dauphinoise, Casimir Arvet-Touvet reçoit de nombreuses épervières en provenance de toute la France. La fin de la Société, en 1894, ne sonne pas la fin des échanges.
136À partir de 1888, Casimir Arvet-Touvet étudie les épervières des Pyrénées et d’Espagne, où il effectue plusieurs voyages jusqu’en 1903. Il est fréquemment accompagné de ses amis botanistes tels que l’abbé Coste (1858-1924), l’abbé Soulié (1868-1930), frère Sennen (1861-1937) et Hippolyte Marcailhou d’Aymeric (1855-1909), curé à Ax-les-Thermes, en Ariège. Son plus proche collaborateur et ami est Gaston Gautier (1841-1911), rentier installé à Narbonne, qui vient régulièrement lui rendre visite à Gières et l’accompagne pour tous ses voyages dans les Pyrénées et en Espagne. Ils correspondent également avec des botanistes et récolteurs de plantes qui leur communiquent des échantillons : le toulousain Édouard Timbal-Lagrave qui envoie près de deux cents kilogrammes d’épervières séchées à Casimir Arvet-Touvet ; frère Sennen pour des plantes d’Espagne ; Paul Chenavard (1839-1919), directeur d’une maison de mercerie à Genève ; Henri Bordère (1825-1889), instituteur à Gèdre, dans les Hautes-Pyrénées ; Juan Cadeval y Diass (1846-1921), botaniste catalan, agronome à Barcelone, incontournable explorateur de l’Espagne et des Pyrénées ; Élysée Reverchon172 (1835-1914), récolteur professionnel ; le docteur Federico Tremols y Borrell (1831-1900), professeur de chimie organique à Grenade puis d’histoire des sciences à Barcelone ; Clarence Bicknell (1842-1918), homme d’Église installé à Bordighera, sur la Riviera ; et enfin, messieurs Neyra et Delpont.
137Les études de Casimir Arvet-Touvet et de Gaston Gautier sont rapportées dans l’Hieraciotheca Gallica et Hispanica ainsi que le Hieraciorum prœsertim Galliae et Hispaniœ Catalogus systematicus (1913)173 publié par Casimir Arvet-Touvet après le décès de Gaston Gautier en 1911. La Hiéraciothèque, vaste collection d’exsiccatas de toutes les espèces, variétés et hybrides déterminés par les deux auteurs, paraît en dix exemplaires : un pour chaque auteur (celui de Casimir Arvet-Touvet est aujourd’hui conservé à Grenoble et celui de Gaston Gautier à Montpellier), les autres étant distribués aux grandes institutions de Paris, Kew, Berlin, Vienne, Turin et Barcelone, ainsi qu’à Edmond Boissier (1810-1885), éminent spécialiste de la flore d’Espagne, et à Georges Rouy (1851-1924), spécialiste de la flore de France. Le Catalogue, complément indispensable de la Hiéraciothèque, rassemble les observations et les arguments expliquant les délimitations taxonomiques admises par Casimir Arvet-Touvet et Gaston Gautier au sein du genre Hieracium. Casimir Arvet-Touvet ne verra malheureusement pas cet ouvrage car il meurt d’une crise cardiaque le 4 mars 1913, quelques jours après en avoir corrigé les dernières lignes.
138Toute sa vie, le botaniste de Gières reste un homme solitaire, surtout après la mort de sa mère en 1891. Il vit de l’exploitation de sa vigne et, l’été, loue sa maison pour augmenter ses revenus. Il est facilement renfrogné au premier abord, mais ne se montre véritablement antipathique qu’avec les transformistes ! Il aime la solitude mais n’est pas isolé du reste de la communauté des botanistes. Il est très actif au sein des sociétés savantes de sa région : en plus de ses activités au sein de la Société dauphinoise, il est l’un des membres fondateurs de la Société des sciences naturelles du Sud-Est – qu’il préside de 1881 à 1885 et au sein de laquelle il assure de régulières excursions et conférences publiques dans le but de vulgariser la botanique auprès d’un large public.
139Casimir Arvet-Touvet est l’auteur de beaucoup d’espèces, sous-espèces, variétés et hybrides au sein du genre Hieracium. Dresser la liste des taxons valides représenterait, en raison de la complexité de ce groupe, une monographie à part entière. Il est également l'auteur d’une Papilionacée, Oxytropis amethystea Arvet-Touvet174, présente dans le sud-ouest des Alpes françaises et dans les Pyrénées orientales franco-espagnoles ; il en a découvert les premiers échantillons dans le Dauphiné, précisément dans la montagne de Serres et prés de la Chinarde au-dessus de Villard-Saint-Christophe.
Bibliographie
Mirande (Marcel), “Arvet-Touvet, botaniste dauphinois et son œuvre”, Revue générale de Botanique, t. 67, 1915, pp. 67-76, I 17-127, 142-157, 169-190 et 208-222.
François, Xavier GILLOT (1842-1910)
140Xavier Gillot naît le 14 novembre 1842 à Autun, dans le Morvan. Il est fils unique. Il passe son enfance dans le bourg de Roussillon où son père est notaire. Dès son plus jeune âge, il aime observer la flore et la faune. Son père l’emmène avec lui lorsqu’il part inspecter les vastes propriétés du comte de Monteynard, dont il a la charge, et lui donne des rudiments de sylviculture. Il suit fréquemment ses deux oncles maternels, grands veneurs dans le Pommoy, pour des chasses au sanglier ou au chevreuil. L’abbé Lequin, un ami de son père, l'aide à se constituer un herbier. Il est son premier maître en histoire naturelle. C’est à l’âge de dix ans que Xavier Gillot effectue son premier voyage, en compagnie de sa mère, pour rejoindre son oncle paternel qui est receveur de l’enregistrement et des domaines à Gap : on voyage sur la Saône de Châlon à Lyon, sur le Rhône de Lyon à Avignon, par le chemin de fer d’Avignon à Marseille, en diligence de Marseille à Gap, puis le long de la vallée de la Durance ; durant les treize jours de trajet, il a tout le temps d’observer la nature méditerranéenne nouvelle pour lui.
141Xavier Gillot effectue toutes ses études primaires et secondaires au Petit Séminaire d’Autun. Il y est un élève brillant qui excelle dans les lettres comme dans les sciences. Il est bachelier ès lettres en 1860 et bachelier ès sciences l’année suivante. En octobre 1861, il monte à Paris pour y étudier la médecine. Par l’intermédiaire de la comtesse de La Châtre, il est présenté à Adolphe Brongniart (1801-1876), professeur de botanique au Muséum national d’histoire naturelle, qui lui propose de suivre ses cours en parallèle à ses études médicales. En 1865, il est reçu deuxième au concours de l’internat, sur trente-six candidats admis. Entre 1866 et 1869, il est interne en différents services des hôpitaux parisiens de Lariboisière, Saint-Louis et Necker. Partout où il passe, on apprécie son sens du devoir et son dévouement. Il profite également de son séjour pour herboriser dans les environs de Paris. Botaniste averti et apprécié, il devient membre associé de la Société botanique de France en 1867, sur la présentation de Sauvage et de Wladimir de Schœnefeld (1816-1875). Il obtient son doctorat en médecine le 27 avril 1869. Dix jours plus tard, il retourne dans sa ville natale où ses parents lui ont instamment demandé de s’installer comme médecin.
142Durant toute sa vie, Xavier Gillot partage son temps entre sa vie de famille, l’exercice de la profession médicale et la rédaction de travaux botaniques. Le 26 février 1870, il épouse Marie Viellard-Baron, qui lui donne six enfants : Adèle, Jeanne, Germaine, Victor, futur chef de clinique à l’hôpital d’Alger et professeur à la faculté de médecine, Louis, avoué à Autun, et Joseph, ingénieur-électricien à Paris. Il les éduque dans un profond respect de la religion catholique. Durant plus de quarante années, Xavier Gillot exerce l’art hippocratique avec un grand dévouement. Il dispense des soins à tous les malades, y compris à ceux qui ne peuvent pas le payer. En 1870, pendant la guerre contre la Prusse, il se met au service de l’armée qui le nomme chirurgien major de la Garde nationale en janvier 1871 : il sert comme chef des ambulances à Autun lors de la retraite et soigne les mobilisés de la 1ère légion de Saône-et-Loire. Dès son arrivée, en 1869, il est rattaché à l'hôpital général d’Autun mais refusera toujours d’y assurer la direction d’un quelconque service et n’y effectuera que des remplacements en cas de nécessité. Il prend son métier très au sérieux. Il se tient au courant des progrès réguliers en participant à des congrès internationaux de médecine. Médecin reconnu dans toute sa région, il est nommé inspecteur des pharmacies et médecin légiste de l’arrondissement d’Autun en 1874. Il est très actif au sein de la communauté des médecins de son département : il est membre de la Société de prévoyance et de secours mutuels des médecins du département de la Saône-et-Loire, qu’il préside à partir de 1897, et membre de l’Association des médecins de France, ou il représente la Société des médecins de Saône-et-Loire – qui compte cent vingt-trois membres en 1897. Ses travaux en médecine sont peu nombreux : il s’intéresse uniquement à des problèmes d’empoisonnement par les champignons, sur lesquels il publie une dizaine de notes175.
143Xavier Gillot est un travailleur infatigable. En quarante années de carrière, il rédige trois cent soixante et un articles de botanique, dont quatre-vingt-treize sur les Champignons et deux cent cinquante-sept sur les Phanérogames. Pour la mycologie, il s’intéresse à des questions de systématique et à la découverte de nouvelles localités. Le plus achevé de ces travaux est le Catalogue raisonné des Champignons supérieurs des environs d’Autun et du département de Saône-et-Loire (1889-1891)176 qu’il signe en collaboration avec le capitaine Jean-Louis Lucand (1821-1876)177, l’un de ses plus fidèles compagnons d’excursion. Xavier Gillot publie ses articles de mycologie dans huit revues différentes : trente-trois articles paraissent dans la Revue mycologique, dès le premier tome en 1879, trente-trois dans le Bulletin de la Société d’Histoire naturelle d’Autun, également dès le premier tome en 1888, dix-sept dans le Bulletin de la Société mycologique de France, dont il est membre fondateur, dès le deuxième tome en 1886 ; viennent ensuite les périodiques utilisés occasionnellement comme le Bulletin de la Société botanique de France, les Annales de la Société botanique de Lyon, les Comptes-Rendus de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, la Revue scientifique du Limousin et les Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Saône-et-Loire.
144Pour les plantes phanérogames, les domaines de prédilection de Xavier Gillot sont également la systématique botanique européenne. Il ne s’intéresse que très marginalement à la flore d’Orient, la tératologie et l’organographie. Longtemps, son ambition est de produire un catalogue des plantes de l’Autunois qui puisse compléter le Catalogue raisonné des plantes du département de Saône-et-Loire (1859)178 de Jules-Émile Carion (1796-1863) et Antoine dit Aîné Grognot (1795-1863). Il n’aura malheureusement pas le temps de réaliser cet ouvrage. Il collabore à un nombre considérable de revues scientifiques : soixante-huit articles sont publiés dans le Bulletin de la Société d’Histoire naturelle d’Autun, quarante-cinq dans le Bulletin de la Société botanique de France, trente-cinq dans le Bulletin de la Société dauphinoise pour l’Échange des Plantes, quinze dans le Bulletin de l’Herbier Boissier, quatorze dans les Scrinia Florœ Selectœ, douze dans le Bulletin de l’Association de Botanique, au Mans, dix dans les Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Saône-et-Loire et huit dans la Revue de Botanique179.
145Il convient de noter que s’il se consacre presque exclusivement à la botanique dans ses écrits, Xavier Gillot ne néglige pas pour autant les autres branches de l’histoire naturelle. Sa curiosité est totale. Il possède une immense collection de coquillages (Bivalves et Gastéropodes) et consacre son ultime article scientifique aux Mammifères de Saône-et-Loire (1910)180. Tout au long de sa carrière, il met un point d’honneur à rédiger des notices biographiques sur ses anciens amis : l’abbé Antoine-Étienne Boullu (1813-1904)181, jordanien extrémiste pour qui la destruction d’une haie pouvait faire disparaître plusieurs espèces de Roses, Julien Foucaud (1847-1904), directeur du Jardin botanique de la marine à Rochefort, Charles Ozanon (1835-1909)182, grand récolteur de plantes en Saône-et-Loire, Francisque Lacroix, J.-B. Corner, de Saint-Bonnet en Bresse, l’abbé Marcailhou d’Ayméric (1855-1909), H. Schneider, F.-B. de Montessus de Balorre, AL Constant, H. Philibert, Albert Gaudry (1827-1908), professeur de paléontologie au Muséum national d’histoire naturelle, Alfred Giard (1846-1908), professeur à la faculté des sciences de Lille, Théodore-Jules-Ernest Hamy, Jules Devilerdeau, et le capitaine Lucand.
146Xavier Gillot demeure toute sa vie un véritable chasseur de plantes. Il correspond avec de très nombreux botanistes et récolteurs de plantes qui lui communiquent des échantillons. Il est membre de nombreuses sociétés d’échanges de plantes et participe à plusieurs collections d’exsiccatas183 de son époque : la Société vogéso-rhénane (1867-1870) ; la Société dauphinoise (1873-1894), grâce à laquelle il entre en contact avec Casimir Arvet-Touvet (1841-1913) ; la Société pour l’étude de la flore franco-helvétique (1891-1898) ; l’Association rubologique (1873-1892) qui lui permet d’obtenir des échantillons de ronces de la part de l’abbé Boulay (1837-1905), doyen de la faculté de Lille, Henri Sudre (1862-1918), professeur à l’école normale d’instituteurs d’Albi, et l’abbé Théodore Chaboisseau (1828-1894) ; la Flora selecta exsiccata (1882-1891) de Charles Magnier, bibliothécaire à Saint-Quentin, dans l’Aisne ; les Rubi prcesentim Gallici exsiccati (1895-1898) ; l’Herbarium rosarum (1894-1898) de l’abbé Alexandre Pons (1836-1893), grâce à qui il obtient des roses de François Crépin (1830-1903), d’Alfred Déséglise (1823-1883), de l’abbé Boullu et de Charles Ozanon ; les Menthœ Gallicæ præsentim exsiccatæ d’Ernest Malinvaud (1836-1913) ; et enfin, la Flora Galliœ et Germaniæ de Constant Billot (1796-1863). Une grande partie des collections de Xavier Gillot provient de ses propres excursions. Il profite de ses vacances pour explorer les Alpes, les Pyrénées, le Massif central, la Bretagne, les Vosges, le Jura ou encore la Corse. Sa participation à des congrès internationaux de médecine ou de botanique sont également l’occasion d’herboriser : ainsi, visite-t-il l’Autriche lors du deuxième Congrès international de botanique organisé à Vienne en 1905, où il représente officiellement la Société d’histoire naturelle d’Autun, la Société botanique de Lyon et l’académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Il visite également par ce moyen l’Espagne, la Suisse, la Russie, l’Algérie et la Tunisie. Les sessions extraordinaires organisées chaque année par la Société botanique de France sont une source importante de voyages : il participe à celles de Lyon en 1876, Corse en 1877, Bayonne en 1880, Dijon en 1882, Antibes en 1883, Milan en 1886, Collioure en 1891 – où il assure la présidence –, Montpellier en 1893, Genève en 1894, Barcelonnette en 1897, Hyères en 1899 et Paris en 1900.
147Botaniste largement reconnu, Xavier Gillot est membre associé ou correspondant de nombreuses sociétés savantes. Il est particulièrement actif dans des sociétés de Saône-et-Loire : la Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire, fondée par F.-B. de Montessus en 1876 et dont il assure longtemps la vice-présidence ; la Société d’histoire naturelle d’Autun, fondée en 1886 sur l’initiative de Bernard Renault (1836-1904), paléontologue du Muséum national d’histoire naturelle, qui comptera jusqu’à cent membres et dont il assure également la vice-présidence à partir de 1891 ; la Société éduenne dont il devient le vice-président en 1902. Les trois plus prestigieuses sociétés nationales dont il est membre sont l’Association française pour l’avancement des sciences, la Société botanique de France, dont il devient membre associé en 1867, et la Société mycologique de France, dont il est membre fondateur en 1885 et qu’il préside en 1903184.
148L’ardeur de Xavier Gillot est terrassée au printemps 1909 : le 29 mai 1909, il est victime d’une hémorragie cérébrale qui lui cause une hémiplégie gauche et l’oblige à demeurer à son domicile. Alors qu’il se remet lentement de cette attaque, il en subit une deuxième le 5 août, une troisième le 10 novembre puis une quatrième le 10 mars 1910. Les dernières semaines de sa vie sont particulièrement difficiles : il doit affronter une hémiplégie de plus en plus grave et supporter la perte de son épouse, décédée en avril 1910. Il succombe le 18 octobre 1910, trois jours après une dernière attaque.
149Xavier Gillot est l’auteur de trois espèces valides de la flore de France : Cirsium richterianum Gillot185, endémique des Pyrénées et des Corbières, Oxytropis foucaudii Gillot186, endémique des Pyrénées, et Viola cryana Gillot187, endémique du département de l’Yonne et aujourd’hui considérée comme éteinte. Cette dernière espèce a été découverte sur le terrain par Charles Royer (1831-1883), avocat à Saint-Rémy, en Côte-d’Or, sur le coteau du Lary Blanc, entre Nuits-sous-Ravière et Cry. Charles Royer communiqua d’abord ses récoltes à Eugène Ravin, pharmacien, directeur du Jardin botanique de la ville d’Auxerre, qui nomma cette espèce Violette de Cry188. Xavier Gillot, emmené sur l’unique localité connue par Royer, donna un nom linnéen à cette espèce.
Bibliographie
Barbier (Maurice), “Notice sur le docteur F.-X. Gillot”, Bulletin de la Société mycologique de France, t. 27, 1911, pp. 192-199.
Berthier (Victor), “Docteur F.-X. Gillot, notice biographique”. Mémoires de la Société d’Histoire naturelle d’Autun, t. 24, 1912, pp. XXXIII-XCV.
Gagnepain (F.), “F.-X. Gillot, sa vie et son œuvre”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 58, 1911, pp. 110-125, pl. V.
Julien FOUCAUD (1847-1904)
150Julien Foucaud naît le 2 juillet 1847 à Saint-Clément, en Charente-Inférieure, au sein d'une famille d’humbles cultivateurs. Après des études primaires et secondaires brillantes, il entre au lycée de La Rochelle pour préparer le brevet d’instituteur. Entre 1867 et 1869, il est successivement nommé instituteur adjoint à Saujon, Ars-en-Ré puis Rochefort, où il demeure quatre années et où il découvre les plaisirs de l’herborisation. Il est titularisé en 1873 à Saint-Vivien, passe l’année 1876 à Saint-Pierre-d’Amilly, avant d’être nommé en 1877 à Saint-Christophe pour plusieurs années.
151C’est au cours des années 1870 que Julien Foucaud devient un botaniste averti : il explore tout le département de la Charente-Inférieure ; il passe pour être un excellent observateur. Sur la présentation de Pierre Vincent, inspecteur du primaire dans le département, et du médecin Philippe David (1836-1886), il devient membre de la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure où il est aussitôt très actif. Il lit son premier travail botanique, le Catalogue des plantes vasculaires qui croissent spontanément dans le département de la Charente-Inférieure (1878)189, lors de la séance du 14 novembre 1877. L’année suivante, il devient membre de la Société botanique de France, sur la présentation du pharmacien nantais Gaston Genevier (1830-1880) et de Messine. Le premier article qu’il signe dans le Bulletin de la Société botanique de France est la description de la nouvelle espèce Thalictrum savatieri, dédiée à son ami et compagnon d’herborisation Paul-Alexandre Savatier (1824-1886)190, médecin à Beauvais-sur-Martha, en Charente-Inférieure, ancien élève de médecine à Montpellier.
152L’année de son admission au sein de la Société botanique de France, Julien Foucaud crée la Société botanique rochelaise, sous la tutelle de la Société des sciences naturelles de La Rochelle. Son but est de donner aux botanistes les moyens de compléter au mieux leurs herbiers. La Société botanique rochelaise va devenir l’une des plus importantes sociétés d’échanges de plantes, avec la Société dauphinoise créée par Casimir Arvet-Touvet (1841-1913) quelques années auparavant ; à sa création, elle compte quarante-huit membres, pour la plupart des récolteurs de plantes charentais. Dans un Bulletin paraissent des descriptions d’espèces nouvelles, des observations sur des espèces critiques, les découvertes de nouvelles stations. En 1902, près de cinq mille plantes auront été échangées par l’intermédiaire de la Société botanique rochelaise.
153Julien Foucaud poursuit son exploration botanique de la Charente-Inférieure au gré de ses nouvelles affectations : Breuil-Magné en 1881, Clavette en 1882, Bords en 1883. Les plus souvent, il est accompagné de son fidèle ami Jousset, pharmacien à Rochefort. Au fil des années, il élargit le champ de ses herborisations. Il visite notamment la façade atlantique : la Gironde, les Landes et les Basses-Pyrénées vers le Sud, la Vendée et la Loire-Inférieure vers le Nord. En 1883, il a l’occasion de devenir un professionnel de l’histoire naturelle : le décès de Parat vient de libérer le poste de jardinier du Jardin botanique de la marine de Rochefort. Julien Foucaud, qui a aidé à mettre en place le Jardin botanique départemental de La Rochelle, est officiellement nommé à Rochefort en février 1885. Ce Jardin est rattaché à la fois à l’hôpital maritime, la préfecture maritime et l’école de médecine navale, où il est chargé de donner quelques conférences de matière médicale. Le Jardin tient lieu de point de départ pour des herborisations publiques qu’il organise dans le cadre de la Société des sciences naturelles de Charente-Inférieure. Lorsqu’il est supprimé, à cause de restrictions budgétaires, Julien Foucaud réussit à conserver son titre de directeur, son logement et son traitement. Il bénéficie tout compte fait d’une position confortable : il a tout le loisir de s’adonner autant qu’il le souhaite à la botanique.
154C’est en 1885, par l’intermédiaire du médecin Maupon, un ami commun, que Julien Foucaud est présenté au nantais James Lloyd (1810-1896). Ce dernier lui confie la rédaction d’une flore des Basses-Pyrénées et de la Gironde pour compléter la quatrième édition de sa Flore de l’Ouest de la France (1886)191 qui, par conséquent, concerne la flore de tout le littoral atlantique, de la Bretagne à la frontière espagnole. James Lloyd et Julien Foucaud ont cependant des caractères tellement opposés – James Lloyd est facilement morose et misanthrope – qu’ils se fâchent au point de ne plus vouloir se revoir. Bien que fructueuse, cette collaboration n’aura donc pas de suite. La Flore des Basses-Pyrénées et de la Gironde est d’ailleurs supprimée de la cinquième édition de la Flore de l’Ouest de la France (1897)192. Sa collaboration aux trois premiers volumes de la Flore de France (1893-1896)193 de Georges Rouy (1851-1924), qu’il décidera d’interrompre à cause de sa maladie, constitue sa plus importante contribution botanique. Toute sa vie, jusqu’à ce que la fatigue ne l’emporte sur la passion, il demeure un fervent explorateur de terrain. Outre les départements de l’ouest de la France, il visite les Alpes, la Provence et les Pyrénées. La Corse est la région qu’il affectionne le plus : il l’explore en 1896 en compagnie d’Eugène Simon (1871-1967), receveur de l’enregistrement à Vouneuil-sur-Vienne, puis en 1898 en compagnie de son ami Mandon194 ; en 1901, il a l’honneur de présider la session extraordinaire de la Société botanique de France qui se tient à Ajaccio. Un temps, il pense étudier la flore d’Algérie mais sa santé ne lui en laissera pas le loisir. Julien Foucaud décède le 26 avril 1904, à son domicile de Rochefort, dans l’ancien Jardin botanique de la marine. Il est inhumé dans un caveau familial de Nieul-sur-Mer.
155Julien Foucaud est l’auteur de trois espèces valides de la flore de France : Spergularia heldreichii Foucaud ex E. Simon et P. Monnier195, que l’on trouve sur les sables littoraux du sud-ouest de l’Europe, du Portugal à la Grèce ; Biscutella rotgesii Foucaud196, endémique de Corse ; Biscutella brevifolia Rouy et Foucaud197, endémique des Pyrénées. Seule la Lunetière de Rotgès, Biscutella rotgesii, a été découverte sur le terrain par Julien Foucaud lui-même, entre des rochers schisteux de Ghisoni, le 28 mars 1898 ; elle a été retrouvée l’année suivante à Ghisonaccia par Rotgès. L’histoire de la découverte de Spergularia heldreichii, ou Spergulaire de Heldreich, est rapportée en détail par Eugène Simon et Paul Monnier (né en 1922). Signalons simplement qu’elle a été récoltée pour la première fois en Grèce, à Phalère, par Heldreich, et que les échantillons utilisés par Julien Foucaud pour la nommer lui ont été communiqués par plusieurs zélés collaborateurs : son ami Mandon qui les avait récoltés le 19 mai 1897 à Pérols, dans l’Aude ; frère Sennen (1861-1837) qui les avait récoltés le 18 avril 1901 dans les vignes de la plage de La Nouvelle, dans l’Aude ; E.-J. Neyraut198 qui les avait récoltés le 9 juin 1901 à Arès, en Gironde. La découverte de Biscutella brevifolia, ou Lunetière à feuilles courtes, est rapportée quant à elle dans la biographie consacrée à Georges Rouy.
Bibliographie
Anonyme, “Julien Foucaud”, Bulletin de l’Herbier Boissier, série 2, t. 4, 1904, pp. 1222-1225.
Gillot (Xavier), “Notice biographique sur Julien Foucaud”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 51. 1904, pp. 249-259.
Edmond BONNET (1848-1922)
156Edmond Bonnet naît le 8 avril 1848 à Beaune, en Côte-d’Or, d’où sont originaires les familles de ses parents. Du côté paternel, il est le fils de Jacques Bonnet, greffier de juge de paix, et le petit-fils de Pierre Bonnet, cultivateur-vigneron. Du côté maternel, il est le petit fils de Jean-Baptiste Vallon, chapelier. Après l’obtention de son baccalauréat ès lettres, Edmond Bonnet s’inscrit en 1869 à la faculté de droit de Dijon. Lorsqu’il doit passer son premier examen, en juillet 1870, la France est en guerre contre la Prusse. Les circonstances et une certaine déception de cette première année d’études l’amènent à s’inscrire à l’école préparatoire de médecine de Dijon. Pendant les batailles, il sert dans les ambulances internationales. En 1872, il est bachelier ès sciences et entre comme interne à l’hôpital général de Dijon. Parallèlement à ses études, il s’adonne à la botanique. Il suit les cours de botanique dispensés par Alphonse Laguesse au Jardin municipal de Dijon ; il effectue de nombreuses herborisations dans toute la Bourgogne. Il achève ses études de médecine à Paris où il reçoit le grade de docteur le 3 août 1876.
157Edmond Bonnet suit dans la capitale les cours de botanique du professeur Édouard Bureau (1830-1918), au Muséum national d’histoire naturelle. Il herborise dans les environs de Paris. La botanique est sa vraie passion. Lorsque l’opportunité d’en vivre se présente, il exulte : il est nommé préparateur au Muséum en janvier 1877. 11 est d’abord rattaché à la chaire de Classification et familles naturelles de plantes phanérogames, où il succède à Édouard Spach (1801-1879), excellent connaisseur des herbiers du Muséum199. Il y poursuit toute sa carrière jusqu’en 1913, date à laquelle il demande à prendre sa retraite : assistant en 1906, il devient assistant-honoraire en 1914. Ainsi échappe-t-il à l’exercice de la profession médicale qui, pour tout dire, ne l’enthousiasme absolument pas.
158Son activité au Muséum est partagée entre l’entretien des herbiers et la rédaction de publications scientifiques. La quasi totalité des herbiers légués au Muséum du temps de ses fonctions passent entre ses mains, comme ceux de Charles Grenier (1808-1875), Nicaise-Augustin Desvaux (1784-1856), Jacques-Eugène Lebel (1801-1878), Victor Mérat de Vaumartoise (1780-1851), Édouard Spach (1801-1879) ou Auguste-Jean-Marie Bachelot de La Pylaie200. Il classe les collections des sociétés d’échanges de plantes comme celles de la Société dauphinoise, de la Société rochelaise ou de la Société franco-helvétique, ainsi que les collections d’exsiccatas comme celles d’Ernest-Amédée Delamarre 1835-1888)201 (d’Élysée Reverchon (1835-1914), récolteur professionnel dans le monde méditerranéen, ou de Charles Magnier, bibliothécaire à Saint-Quentin, dans l’Aisne. Enfin, il classe également les herbiers rapportés par les expéditions comme l’exploration scientifique de la Tunisie, dirigée par Ernest Cosson (1819-1889).
159Les travaux scientifiques d’Edmond Bonnet portent sur la flore de France (rapports d’excursions, systématique descriptive, géographie botanique, hybridation, monstruosités, organographie), la flore d’Afrique du Nord, l’histoire de la botanique et la paléobotanique202. Entre 1877 et 1910, il publie quarante-six articles de botanique sur la flore de France203 ainsi qu’une Petite Flore parisienne (1883)204 qui est le résultat de ses excursions dans les environs de Paris. L’intérêt d’Edmond Bonnet pour l’Afrique du Nord commence en 1883, lorsqu’Ernest Cosson (1819-1889) lui offre la possibilité de faire partie de la mission d’exploration scientifique de la Tunisie : il explore en 1883 le nord de la Tunisie, sous la direction d’Ernest Cosson, et, l’année suivante, les régions de Sfax et Gafsa, ainsi que le nord des grands Chott, sous la direction de Paul-Napoléon Doûmet-Adanson (1834-1897)205 ; avec son propre argent et le soutien de l’Association française pour l’avancement des sciences, il visite le sud de l’Oranais en compagnie de son ami Louis Maury (1860-1935). Entre 1883 et 1913, Edmond Bonnet publie vingt-neuf articles206 sur la flore d’Afrique du Nord ainsi qu’un imposant Catalogue raisonné des plantes vasculaires de la Tunisie (1896)207, en collaboration avec Gustave Barratte (1857-1920), conservateur de l’herbier Cosson.
160C’est sur l’histoire de la botanique que Xavier Gillot publie le plus grand nombre de travaux. Ce sont d’ailleurs les seules études qu’il poursuit après sa retraite. Il aborde l’Antiquité (Dioscoride, Pline l’Ancien, la botanique en Égypte) et l’histoire de la botanique française aux XVIIème et XVIIIème siècles ; il rédige des notices nécrologiques sur des naturalistes contemporains. Sa bibliographie historique compte quatre-vingt-onze articles publiés entre 1882 et 1896, pour la plupart dans les Comptes-Rendus du Congrès de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, le Bulletin du Muséum d’Histoire naturelle et le Bulletin de la Société botanique de France.
161En 1914, à l’âge de soixante-six ans, Edmond Bonnet demande à prendre sa retraite. Le 28 mai 1914, ses anciens collègues assistants du Muséum se réunissent pour fêter son départ. Ils lui offrent pour l'occasion une médaille en argent sur laquelle est représentée la déesse Flore tressant une couronne de fleurs. Parmi les donateurs figurent Louis Morot (1854-1913), François Gagnepain (1866-1952), botaniste parisien spécialiste de la flore du Sud-Est asiatique, ou encore Raoul Anthony, anatomiste du Muséum. Lorsque la guerre contre l’Allemagne est déclarée, il donne tout son or à la nation et souscrit aux emprunts nationaux. Après sa retraite, il ne vient plus que très exceptionnellement au Muséum. Volontiers misanthrope, bien que chaleureux, il vit ses derniers jours dans un isolement complet. À son domicile de la rue Claude-Bernard, ses livres de botanique sont ses seuls compagnons. Il rédige son testament le 15 juin 1916, lorsqu’il sent ses forces décliner : il lègue ses livres et ses herbiers au Muséum, les deux tiers de sa fortune à l’académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, et l’autre tiers à l’école secondaire de médecine de Dijon. Edmond Bonnet décède le 3 octobre 1822. C’est à son ancien ami Eugène-Louis Bouvier (1856-1944), titulaire de la chaire d’Entomologie du Muséum, que revient la charge de lire un discours devant sa tombe, au cimetière du Montparnasse.
162Edmond Bonnet est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Biscutella neustriaca Bonnet, endémique de la vallée de la Seine : “Une particularité remarquable – écrit Edmond Bonnet –, que je n’ai trouvée sur aucune des nombreuses formes de Biscutella que j’ai vues vivantes ou que j’ai pu étudier dans les herbiers, c’est que le B. neustriaca, après une première floraison, émet des rejets qui fleurissent la même année en présentant les mêmes caractères d’allongement de l’inflorescence : ainsi j’ai récolté cette plante en parfait état dans la première quinzaine de juin et j’en possède en herbier des échantillons recueillis le 10 septembre 1857 et qui portent tout à la fois des silicules mûres et des fleurs à peine épanouies”208.
Bibliographie
Baudot (A.), “Le Docteur Edmond Bonnet”, Mémoires de l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Dijon, 1925, pp. 97-112.
Bonnet (Edmond), Jubilé de M. Edmond Bonnet, [s.l.] : [s.n.], 1914, 18 p.
Michel GANDOGER (1850-1926)
163Michel Gandoger naît le 10 mai 1850 à Arnas, dans le département du Rhône. Son père, propriétaire d’un vaste vignoble, lui fait donner la meilleure instruction. Il l'oblige à suivre des études de médecine et lui impose de maîtriser huit langues. Juste après l’obtention de son grade de docteur en médecine, en 1877, il décide d’entrer dans les Ordres et de s’installer à Lyon. Il consacrera exclusivement sa vie à Dieu et à la botanique. Dès son plus jeune âge, avec la complicité de sa mère, il échange des plantes avec d’autres botanistes et se constitue un herbier. Botaniste averti, il devient membre associé de la Société botanique de France en juillet 1871, sous la présidence d’Ernest Germain de Saint-Pierre (1815-1885). Il publie ses premiers travaux l’année suivante, le Catalogus Rosarum Europa : ac Orient is (1872) et le Prodromus Monographies Rosarum europœum orientalumquae (1872). L’abbé Gandoger signe quatre-vingt-neuf autres travaux entre 1873 et 1925, consistant en des articles de systématique botanique, des rapports d’excursions, des catalogues régionaux ou des monographies de genres209.
164Il convient de faire une place particulière à certains de ces travaux. La Flore lyonnaise et des départements du Sud-Est (1875)210 est une œuvre de jeunesse mais qui ne manque pas de maturité. La Flora Europæ (1883-1891)211 rassemble la description de plus de cent mille espèces, sous-espèce et variétés ; adepte des principes de son ami Alexis Jordan (1814-1897), il interprète la moindre variation morphologique comme une variation d’espèce et pousse la délimitation spécifique jusqu’à une finesse extrême, largement remise en cause aujourd’hui. Les Tabulæ rhodologicœ locupletissimae (1881), la Monographia Rosarum Europæ ac Orientés (1892-1893) et le Conspectus Rosarum omnium hucusque (1896)212 sont ses contributions les plus importantes pour l’étude du genre Rosa, la véritable passion de sa vie. C’est près de seize mille taxons de Roses qu’il aura finalement individualisés ; sa richissime collection de Roses est aujourd'hui conservée à la faculté des sciences de Lyon, à laquelle il l’a léguée avec tout le reste de son herbier.
165Si l’abbé Gandoger devient un botaniste renommé grâce à ses travaux mais également grâce à son immense herbier, qui comprend près de huit cent mille échantillons. Il l’enrichit lors de ses propres excursions. Il explore les Baléares, les Açores, la Sardaigne, l’Algérie mais surtout la Crète et la péninsule ibérique qui sont ses deux territoires de prédilection. Trois voyages de six mois en Crète lui permettent de rédiger une Flora Cretica (1916)213. Il n’effectue pas moins de vingt-quatre séjours de trois à quatre mois en Espagne ou au Portugal à la suite desquels il fait paraître un Catalogue des plantes que j’ai récoltées en Espagne et au Portugal pendant mes voyages de 1894 à 1912 (1917)214. Il l’enrichit également grâce à sa fortune personnelle, qui lui permet d’acheter de nombreux herbiers exotiques à partir desquels il s’efforce de publier des notes de systématique botanique : ainsi possède-t-il de remarquables collections de la Russie, l’Himalaya, la Chine, l’Indochine, l’île de Guam, l’Australie, les Andes, le Gabon, ou encore l’Afrique du Sud. Dans une lettre destinée à son ami l’abbé Charbonnel, il confesse en 1925 que “jusqu’à [sa] mort, [il fera] des folies et des grands frais”215 pour ses herbiers.
166À partir de 1921, victime d’atroces souffrances rénales, il cesse de voyager mais continue de publier quelques travaux scientifiques. En 1926, il partage sa fortune entre la faculté des sciences de Lyon qui crée deux Prix Gandoger – l’un de génétique et l’autre d’excursions botaniques – et la Société botanique de France, qui crée également deux Prix – l’un de systématique botanique des Phanérogames et l’autre de cryptogamie. Ce don à la Société botanique de France lui permet de faire son entrée dans le cercle restreint des membres perpétuels216. L’abbé Gandoger décède le 4 octobre 1926, en son pays natal.
167L’abbé Gandoger est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Alchemilla plicatula Gandoger217, présente dans les montagnes du sud de l’Europe, des Alpes aux Carpathes. Il l’a décrite à partir d’échantillons récoltés par Keck, près du glacier de Warschenek, en Autriche, ainsi que par Vukotinovic dans les Alpes adriatiques de Croatie.
Dominique LUIZET (1851-1930)
168Dominique Luizet naît le 26 janvier 1851 à Saint-Cyr, dans le Rhône, au sein d’une ancienne famille du Lyonnais. Son père, ancien élève de l’école des beaux-arts de Lyon, travaille pour les usines de soierie. Après de brillantes études, il intègre l’école centrale de Lyon. Il en sort major. En 1871, il trouve un emploi de préparateur chimiste à l’usine Poirier, installée à Saint-Denis, près Paris. Cette usine de matières colorantes est alors en pleine expansion puisque la découverte de la synthèse de la naphtazarine – qui a d’ailleurs été faite par Zacharie Roussin (1827-1894)218, l’un des collaborateurs de Dominique Luizet – vient de lancer l’industrie tinctoriale dans une nouvelle voie purement chimique. Il travaille dans ce laboratoire jusqu’en 1904. La cause officielle de son départ est médicale (son médecin a diagnostiqué de l’athérôme) mais n’est sans doute pas étrangère à son caractère ; lassé d’enrichir par ses travaux un patron qui ne lui témoigne aucune reconnaissance, il décide de quitter l’industrie chimique. Cette rupture a une conséquence fâcheuse : il ne percevra aucune retraite et devra se contenter de ses économies.
169C’est grâce à sa femme, Alice Rabouin, qu’il épouse en mai 1881, que Dominique Luizet découvre la botanique. Cette fille de médecin aime les fleurs parce qu’elles sont jolies mais ne songe aucunement à les étudier ; sa préférence va aux roses et aux œillets. Elle fait découvrir à son mari les joies de l’herborisation lors de promenades sentimentales dans les forêts des environs de Paris : il s’y adonne sans interruption entre 1882 et 1890. C’est au cours de cette période qu’il se lie d’amitié avec des botanistes reconnus avec qui il effectue des excursions en Île-de-France : Guignard, Adrien Franchet (1834-1900), Edmond-Gustave Camus (1852-1915) et Henri-Édouard Jeanpert (1861-1921). Il élargit ensuite ses investigations à d’autres régions : en compagnie de sa femme, il explore l'île de Noirmoutier en 1884, le Tessin et les environs de Grenoble en 1885, les environs de Marseille et de Lyon ainsi que les côtes algériennes en 1886, l’Italie en 1887, les Alpes françaises en 1888, les Landes, les Pyrénées et les Baléares en 1890. Il profite de ces voyages pour se constituer un herbier et trouver quelques sujets d’études de systématique botanique.
170Les relations de Dominique Luizet au sein de la communauté des botanistes sont limitées. Ses correspondants sont rares : frère Luitfroy, de Bône (actuelle ville d’Annaba), Garrigues, instituteur congrégationniste à Constantine, François Doumergue (1858-1938), instituteur à Oran, Saubadie, instituteur à Cazarilh, dans les Pyrénées-Orientales. Il n’est membre d’aucune société d’échanges de plantes, pourtant alors si nombreuses. 11 est uniquement membre de la Société botanique de France, où il entre en 1886. Ses premiers travaux sont de brèves notes sur la flore d’Europe, consacrées exclusivement à des découvertes de nouvelles localités, des discussions sur des plantes critiques et des rapports d’herborisations219.
171Entre 1890 et 1910, Dominique Luizet délaisse la botanique. Les seuls liens qu’il conserve alors avec son ancienne passion sont ses excursions dans les Pyrénées et l’horticulture ; en compagnie de son épouse, il entretient un jardin de roses dans sa villa de Taverny, en Seine-et-Oise, où ils s’installent en 1896. En 1901, il quitte la Société botanique de France. C’est alors dans l’action politique et la vie associative qu’il trouve matière à distraction. Les convictions de Dominique Luizet ne sont pas ambiguës. Il est dreyfusard, farouchement anticlérical, violemment républicain, fondamentalement laïc, partisan de la nouvelle histoire d’Ernest Lavisse (1842-1922), lecteur assidu des Lumières, admirateur de Victor Hugo. Son action consiste à vulgariser la science au cours de conférences gratuites et populaires dans sa commune. Mais l’engagement civique n’est pas sa seule occupation : il est fasciné par les courses hippiques, s’adonne au calcul des probabilités pour maintenir son esprit en éveil et, surtout, pratique assidûment la musique – il possède un violon Stradivarius dont il joue fort bien.
172Lassé de nouveau, Dominique Luizet revient en 1910 vers l’étude des plantes. Après avoir réintégré la Société botanique de France, il décide de se consacrer aux Saxifrages dits dactyloïdes, groupe particulièrement difficile pour lequel il a effectué de bonnes récoltes au cours de ses promenades pyrénéennes. Il demande à l’abbé Coste (1858-1924) de l’aider pour ce retour à la botanique et pour l’étude des Saxifrages. Comme à son habitude, l’abbé Coste accepte avec amabilité et donne rendez-vous au violoniste anticlérical le 11 juillet 1910, au train de 9 heures 37, en gare de Marvejols, où il l’attendra en soutane. Luizet commence par rester quelques jours à Sant-Paul-des-Fonts, dans la fameuse chambre trouée où l’abbé Coste loge les gens de passage, puis, après avoir retrouvé en cours de route l’abbé Soulié (1868-1930), les trois compères se dirigent vers les Pyrénées-Orientales. Au milieu des montagnes, les deux prêtres accompagnent Luizet dans sa rédemption botanique. Les rôles sont partagés : l’abbé Soulié, qui est le plus jeune et le plus vif des trois, effectue les récoltes, l’abbé Coste est chargé de préparer les plantes en herbier et de les communiquer à Luizet qui, à son tour, les étudie entre 1910 et 1913 et publie plusieurs notes concernant les Saxifrages dactyloïdes des Pyrénées. Ses conclusions taxonomiques seront adoptées par deux autres spécialistes des Saxifrages : son ami E.-J. Neyraut, ancien employé des Chemins de fer devenu préparateur à la faculté des sciences de Bordeaux, qui réexamine les Saxifrages de l’herbier du botaniste pyrénéen Philippe Picot de Lapeyrouse (1744-1818)220, et Alfred Engler (1844-1930), professeur à l’université de Berlin, maître incontesté de la systématique des Saxifrages.
173En 1913, suite à un différend avec son beau-frère, Dominique Luizet décide de quitter Taverny pour s’installer dans le Pays Basque, à Itxassou. La Grande Guerre provoque un nouveau mutisme. Il cesse alors toutes ses activités botaniques, excursions comprises. En 1919, les époux Luizet s’installent définitivement dans les Deux-Sèvres, au château de Martigny, sur la commune d’Aiffres. Leur nouvelle demeure est une grande et insalubre bâtisse qui n’a d’un château que le nom. Ils y mènent une vie retirée, libre ou rude suivant la saison. Ne bénéficiant que de très faibles rentes, ils élèvent des volailles et des chèvres dans les prés entourant leur refuge. De temps à autre, le “chimiste” – comme l’appellent les paysans des alentours – et son épouse jouent quelques notes de musique ou herborisent dans la campagne environnante. Il mène celle vie tranquille jusqu’à ce qu’en 1924, le docteur Guétrot (1873-1941) suggère à René de Litardière (1888-1957), professeur de botanique à Grenoble, de lui envoyer des Saxifrages pour révision. Rappelé à nouveau vers une passion dont il n’a jamais pu véritablement se départir, Luizet se laisse tenté : il publie en 1924 la description d’une nouvelle espèce, Saxifraga litardieri Luizet221, non valide aujourd’hui. Ce travail est cependant éphémère. Lorsque Guétrot lui rend visite en septembre 1924, il trouve un homme désabusé, seul, fatigué.
174Après le décès en octobre 1924 de son épouse, le seul réconfort de toute son existence, Dominique Luizet traverse une longue période de désespoir. Il passe ses journées assis face à son mirus, l’œil tristement fixé sur les prés que la fenêtre de sa chambre lui laisse apercevoir. Il aurait sans doute quitté ce monde sans en avoir écrit davantage si son fidèle ami Guétrot, encore lui, ne lui avait permis d’effectuer un ultime retour vers la botanique. En 1928, il arrive à le convaincre de publier une synthèse de tous ses travaux sur les Saxifrages dactyloïdes : un moment découragé par le refus du professeur Henri Lecomte (1856-1934) de lui faire parvenir les collections du Muséum national d’histoire naturelle concernant ce groupe, il s’attèle à la tâche lorsque plusieurs autres botanistes, tels que mademoiselle Aimée Camus (1879-1965), René de Litardière, Ernest Préaubert (1852-1933), E.-J. Neyraut ou Guétrot, lui font parvenir leur collections personnelles. Il n’a malheureusement pas le loisir d’achever ce qui eût été son testament botanique : victime d’une crise d’hémiplégie, Dominique Luizet décède le 6 novembre 1930. À son enterrement, où il est le seul botaniste à se rendre, Guétrot trouve des villageois indifférents et quelques cousins éloignés, pressés de repartir, déçus de n’être pas les seuls héritiers. Nul discours n’est prononcé pour rappeler le rôle du défunt dans la découverte de la flore française et plus spécialement des Saxifrages.
175Dominique Luizet est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Saxifraga hariotii Luizet et Soulié, endémique des Pyrénées orientales françaises et espagnoles. L’abbé Soulié en a récolté les premiers échantillons “en août 1909, dans les Basses-Pyrénées [actuelles Pyrénées-Atlantiques], au pic d’Anie vers 2000 m. d’altitude et au pic d’Orrhy vers 1800 m. d’altitude”222. Ces échantillons ont été envoyés par Soulié à l’abbé Coste. C’est donc en consultant les planches d’herbier de l’abbé de Saint-Paul-des-Fonts que Dominique Luizet a découvert ces échantillons et les a identifiés comme faisant partie d’une nouvelle espèce.
Bibliographie
Guétrot (Dr.), Luizet (1852-1930), Gap : Louis Jean, 1933, 13 p.
Georges R0UY (1851-1924)
176Georges Rouy naît le 2 décembre 1851 à Paris, au sein d’une famille aisée. Il effectue de solides études classiques puis se destine à la chimie. Professionnellement, il sera administrateur d’entreprises, journaliste et secrétaire d’un syndicat de la presse. Son intérêt pour la botanique date de ses vacances d’été 1868. À partir de cette date, il consacre tout son temps libre à des herborisations. Marié, il est régulièrement accompagné par son épouse. Ils explorent ensemble la France, l’Italie, l’Espagne, la Suisse, la Scandinavie, l’Algérie. Georges Rouy enrichit ses herbiers avec obstination. D’abord grâce à des échanges de plantes avec de nombreux botanistes tels que Charles Grenier (1808-1875), professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Besançon, Dominique-Alexandre Godron (1807-1880), professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Nancy, Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888), pharmacien à Toulouse, ou Alexis Jordan (1814-1897), de Lyon. Il profite également d’achats de collections d’explorateurs : ainsi acquiert-il l’herbier de Jean-Louis Kralik (1813-1892), comportant des plantes de Sibérie, d’Amérique Centrale, d’Afrique du Nord ou encore du Japon. Avec les années, il se constitue un herbier considérable, acheté en 1909 par le prince Roland Bonaparte dont l’héritière, la princesse de Grèce, l’offre au Muséum national d’histoire naturelle qui, par manque de place, n’en accepte que les Fougères – le reste de la collection aboutit finalement à la faculté des sciences de Lyon.
177Du point de vue scientifique, Georges Rouy s’attache essentiellement à la systématique infraspécifique de la flore de France. Il adopte une attitude divisionniste distincte du jordanisme. Tandis qu’Alexis Jordan et ses adeptes ne reconnaissent qu’une espèce principale autour de laquelle gravitent des espèces dites affines, comme une planète est au centre de ses astres satellites, il conçoit les affinités entre taxons par une relation strictement hiérarchique. Il assigne un rang infraspécifique très précis à toutes les espèces affines des jordaniens et à toutes les variétés ou autres sous-espèces des botanistes. La hiérarchie qu’il adopte comprend, des rangs les plus aux moins élevés : les espèces, les sous-espèces, les formes, les variétés et les sous-variétés. Au moyen de ses herbiers, de cultures et d’observations sur le terrain, il attribue à chaque taxon de plantes un rang infraspécifique très particulier. Cette approche se retrouve dans chacun de ses travaux223, notamment dans la Suite à la flore de France de Grenier et Godron (1887)224, la Flore de France (1893-1913), et les Illustrationes plantarum Europæ rariorum (1895-1905)225 en vingt fascicules de planches.
178La conception et la publication de la Flore de France de Georges Rouy méritent d’être rapportées : c’est celui de ses ouvrages qui a le plus d’influence sur la communauté des botanistes. Cinq des quatorze volumes sont réalisés avec des collaborateurs : les trois premiers avec Julien Foucaud (1847-1904), installé dans l’ancien Jardin botanique de la marine de Rochefort, puis le sixième et le septième avec Edmond-Gustave Camus (1852-1915), botaniste parisien. Dans l’introduction du huitième volume, George Rouy note que “la collaboration a parfois de graves inconvénients”226 : il continue seul son ambitieux projet. Les volumes ne paraissent pas tous chez le même éditeur. Les trois premiers sont disponibles chez les deux auteurs, c’est-à-dire à Asnières, chez Georges Rouy, et à Rochefort, chez Julien Foucaud ; à partir du quatrième volume, un accord de co-édition est passé avec les fils d’Émile Deyrolle, éditeurs à Paris ; le sixième et le septième volumes sont également disponibles chez Edmond-Gustave Camus, à Paris ; l’édition des quatre derniers volumes est à la charge exclusive de la maison Deyrolle. La taxonomie adoptée dans la Flore de France n’est pas du goût de tous les botanistes. Une polémique s’installe notamment entre Georges Rouy et Ernest Malinvaud (1836-1913), l’un des membres les plus actifs et les plus respectés de la Société botanique de France et qui, on le sait, joue un rôle important dans la publication de la Flore de France (1901-1906)227 de l’abbé Coste (1858-1924). Cette querelle s’achève par la publication anonyme et peu honorable des Contes fantastiques de M. Malinvaud (1905)228. Ses anciens collaborateurs ne se mêlent absolument pas à toute cette affaire dans laquelle Georges Rouy reste totalement isolé.
179Le fait que la Flore de France de Georges Rouy ne soit plus aujourd’hui considérée comme un ouvrage de référence ainsi que la polémique entretenue avec Ernest Malinvaud ne doivent pas nous faire oublier que l’auteur a travaillé en toute honnêteté et avec rigueur. 11 ne laisse en effet rien au hasard et l’ampleur de son travail est gigantesque. Il a lu toutes les flores et tous les articles de systématique alors disponibles, consulté de très nombreux herbiers, effectué lui-même de très nombreuses excursions et récoltes botaniques. Surtout, il a reçu des plantes de la part d’un nombre considérable de botanistes français et des pays limitrophes. L’échange de plantes atteint avec lui une intensité rare. Dans la seule introduction du premier tome, il cite cent vingt correspondants229. Citons quelques noms : Casimir Arvet-Touvet (1841-1913) ; le parisien Auguste Barrandon (1814-1897) ; Edmond Bonnet (1848-1922), assistant au Muséum national d’histoire naturelle ; Gaston Bonnier (1851-1922), professeur de botanique à la faculté des sciences de Paris ; John Briquet (1870-1931), directeur du Conservatoire botanique de Genève ; Émile Burnat (1828-1920), spécialiste de la flore des Alpes maritimes ; le savoyard Alfred Chabert (1836-1916) ; l’abbé Hippolyte Coste ; François Crépin (1830-1903), professeur d’histoire naturelle à l’Athaneum de Bruxelles ; Charles Flahault (1852-1935), professeur de botanique à la faculté des sciences de Montpellier ; le narbonnais Gaston Gautier (1841-1911) ; Xavier Gillot (1842-1910), médecin à Autun, frère Héribaud (1841-1917), l’un des meilleurs spécialistes de la flore de l’Auvergne ; Antoine Le Grand (1839-1905), agent-voyer à Bourges ; le capitaine Lucand (1821-1896), d’Autun ; Dominique Luizet (1851-1930), l’homme des Saxifrages dactyloïdes ; Charles Magnier, de Saint-Quentin ; Ernest Malinvaud ; Nisius Roux (1854-1923), médecin à Lyon ; Jean-Baptiste Saint-Lager (1825-1912). Après la parution du dernier tome de la Flore de France en 1913, Georges Rouy cesse progressivement d’étudier les plantes, las, presque fatigué d'avoir atteint son but. Il décède le 25 décembre 1924, à son domicile d’Asnières.
180Georges Rouy est l’auteur de deux espèces valides de la flore de France, toutes les deux endémiques des Pyrénées. Il a découvert Globularia eriophorum Rouy230 dans les Basses-Pyrénées, à Orineille et Saint-Michel, et l’a revue dans les collections de JulesAdolphe Richter (1821-1910), qui en avait récolté des spécimens au Mont-Orisson, près de Saint-Jean-Pied-de-Port. Georges Rouy et Julien Foucaud ont nommé et décrit ensemble Biscutella brevifolia Rouy et Foucaud231, à partir d’échantillons récoltés dans les environs de Barèges (Hautes-Pyrénées) par Jean-Louis Kralik, au port de Gavarnie (Hautes-Pyrénées) par Henri Bordère (1825-1889), instituteur à Gèdre, ainsi qu’au Laurenti (Ariège) par Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888).
Bibliographie
Lecomte (Henri), “Georges Rouy”, in Rony (Georges), Conspectus de la flore de France, Paris : Paul Lechevalier, 1927, pp. V-X.
Jules, Alexandre DAVEAU (1852-1929)
181Jules Daveau naît le 29 février 1852 à Argenteuil, au sein d’une famille modeste de neuf enfants. Il passe son enfance à la campagne, reçoit une première instruction à l’école Turgot, à Paris, puis entre à l’âge de seize ans comme élève jardinier au Muséum national d’histoire naturelle. Il sait que son maître Joseph Decaisne (1807-1882), professeur des cultures, a commencé sa carrière comme simple garçon jardinier, tout comme André Thouin (1747-1824), le premier titulaire de la chaire. Tous les espoirs sont donc permis pour les jeunes élèves du Jardin des plantes, surtout lorsqu’ils ont un profond désir de s’instruire. Les journées des élèves jardiniers se ressemblent toutes plus ou moins : tôt le matin, revêtus d’un tablier bleu, ils commencent par suivre les jardiniers entre les parterres de plantes ; de neuf à dix heures, ils doivent écouter les leçons des professeurs Adolphe Brongniart (1801-1876), pour la botanique, et Joseph Decaisne, pour les cultures ; les plus sérieux vont également écouter le zoologiste Henri de Lacaze-Duthiers (1821-1901) à la Sorbonne ou Claude Bernard (1813-1878) au Collège de France. Les dimanches sont consacrés à des herborisations dans les environs de Paris : on explore les forêts de Meudon, Sénart, Vincennes, Versailles ou Sèvres. La boîte de fer blanc que garnit au départ le pique-nique se remplit peu à peu de toutes sortes de plantes. Au cours de l’hiver 1871, les Prussiens bombardent Paris. Plusieurs obus tombent sur le Jardin des plantes : pour travailler, les professeurs et leurs disciples se réfugient dans les caves et les souterrains ; Jules Daveau se met au service de Joseph Decaisne pour mettre à l’abri les plantes particulièrement précieuses et porter d’éventuels secours.
182Au lendemain de cette épreuve, en 1872, Joseph Decaisne nomme Jules Daveau chef du service des graines et semis. Il reçoit les milliers de graines et fruits en provenance des pays exotiques. Il doit les déterminer, choisir le mode de leur mise en culture – dans des serres chaudes ou en milieu humide par exemple – et, surtout, surveiller leur développement. Toutes ces opérations se font sous la direction de Decaisne qui, en véritable chef d’école, ne cesse d’accompagner ses disciples au cours de leur formation. En 1875, il charge Daveau d’une mission en Cyrénaïque, Factuelle Lybie orientale. Il doit vérifier si le Silphium antique – Ferula tingitana Linné ? – est encore présent en Cyrénaïque, comme le prétend un certain Laval, médecin français à Constantine. Le Silphium était échangé aux Cyréniens contre de l’or par les Grecs et les Égyptiens qui en retiraient une gomme unique et inestimable. Cette plante a jadis fait la fortune de Cyrène qui avait décidé d’en frapper sa monnaie. Lorsque Jules Daveau effectue son voyage botanique, elle passe pour avoir disparu de Cyrénaïque depuis longtemps, sans doute à cause de récoltes trop importantes. La Cyrénaïque est alors particulièrement dangereuse : les Senousis, une confrérie musulmane née au début du XIXème siècle et installée en Cyrénaïque en 1843, sont en guerre contre les Français et les Italiens. Quoi qu’il en soit, il ne retrouve aucune trace du Silphium qui a semble-t-il été confondu par Laval avec Thaspia garganica Linné. Au retour de ce voyage, il rédige Quelques mots sur la Cyrénaïque (1875)232 qui constituent son premier article de botanique descriptive.
183L’année suivante, en 1876, toujours grâce au soutien de Joseph Decaisne, il est nommé directeur technique des jardins botaniques du Portugal. Il y est très chaleureusement accueilli. Il devient un ami fidèle de Julio Henriques (1838-1928), de Pereira Coutinho (1851-1939) et du comte Francisco Mello de Ficalho (1837-1903). Il demeure dix-sept années au Portugal. Il réaménage et enrichit considérablement le Jardin botanique de Lisbonne, et herborise à travers tout le pays. Au cours de son séjour, il publie une trentaine d’articles de botanique et d’horticulture, dont une large part sur la flore et la géographie botanique portugaise. Sur sa demande, en 1893, il est rappelé en France : Liard, le directeur de l’enseignement supérieur, l’a nommé conservateur des herbiers de l’institut de botanique de Montpellier.
184Jusqu’à son décès, en 1929, Jules Daveau ne quitte guère le Jardin botanique de Montpellier. De manière surprenante, il herborise relativement peu dans le Languedoc. Il partage tout son temps entre sa famille, le rangement des herbiers de l’institut de botanique, l’entretien du Jardin des plantes et les séances de la Société d’horticulture et d’histoire naturelle de l’Hérault dont il devient membre dès son arrivée. Été comme hiver, il se lève très tôt, toujours à la même heure, pour entreprendre ses différentes tâches. Au Jardin botanique, il doit vérifier la détermination des espèces cultivées et effectuer des semis pour les centaines de plantes annuelles. Sur la demande du directeur, il réalise des cartes géographiques sur des supports en fer pour indiquer la répartition et la provenance des huit cents espèces ligneuses cultivées dans l’enceinte du jardin.
185Ce sont les herbiers de l’institut de botanique qui occupent la plus grande partie du temps de Jules Daveau. Créé en 1889, cet établissement sauve les riches herbiers des facultés de sciences, médecine et pharmacie de Montpellier. Entreposés auparavant dans d’insalubres greniers, abandonnés aux rats et aux intempéries, ces inestimables trésors trouvent alors un toit qui leur est réservé. La crise du phylloxera des années 1870 et 1880 empêchait la construction de cet indispensable bâtiment. Lorsque Daveau arrive à Montpellier, les herbiers ont tous été transportés dans une grande salle de l’institut de botanique mais demeurent dans le plus grand désordre. Il range d’incomparables herbiers : les collections de la faculté de médecine comprennent entre autres les herbiers de deux anciens directeurs du Jardin botanique, Alire Raffeneau-Delile (1778-1850), également ancien savant de l’expédition d’Égypte, et Auguste Broussonet (1761-1807) ; celles de la faculté des sciences contiennent les herbiers de Victor Jacquemont (1801-1832) pour les Indes, Philibert Commerson (1727-1773) pour l’Océanie, Samuel Perrottet (1793-1870) pour la Sénégambie, Auguste de Saint-Hilaire (1779-1853) pour le Brésil, Carl-Peter Thunberg (1743-1828) pour Le Cap, ou encore Philipp Salzmann (1781-1851) pour le Brésil ; les collections de la faculté de pharmacie comptent notamment les herbiers du Nîmois Pierre de Pouzols (1785-1858), ancien capitaine à la retraite, et de Casimir Viguier (1785-1858). En 1905, grâce aux efforts de Jules Daveau, il est possible de trouver les planches d’herbier de n’importe quelle espèce en quelques minutes. Une autre de ses activités à l’institut de botanique consiste à recevoir et classer les plantes échangées avec d’autres établissements ou léguées par des botanistes : il intègre en tout près de vingt-trois mille plantes. Jules Daveau décède le 24 août 1929 à Montpellier. Pour avoir facilité l’accès à l’une des plus riches collections de France, il a rendu d’inestimables services à la botanique.
186Jules Daveau est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France : Eragrostis barrelieri Daveau233, présente dans l’ouest de la région méditerranéenne. Il a distingué cette nouvelle espèce de l’Eragrostis minor Host par différents caractères tels que l’absence constante de tubercules glanduliformes marginaux, la présence d’épillets linéaires et de glumes lancéolées. Il l’a signalée sur le littoral méditerranéen français et l'a dédiée à Jacques Barrelier qui en a, d’après lui, donné la première illustration dans son Plantœ per Gallium, Hispaniam et Italiam observatœ (1714)234.
Bibliographie
Flahault (Charles), “Jules Daveau”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 77, 1930, pp. 130-143.
Alfred SAINT-YVES (1855-1933)
187Alfred Saint-Yves naît le 7 mai 1855 à Paris, au sein d’une ancienne famille bretonne. Après de brillantes études, il intègre l’École polytechnique où sont passés avant lui son père, ingénieur en chef des ponts et chaussées, et son frère, général d’artillerie à Tarbes. À sa sortie, il est nommé lieutenant au dixième régiment d’artillerie de Rennes. À cette date, il est déjà très attiré par la botanique et ses loisirs sont essentiellement consacrés à des herborisations. À Tarbes, où il est affecté de 1881 à 1886, il goûte au plaisir des excursions en montagne : il se rend souvent au cirque de Gavarnie, au Mont-Perdu, dans la vallée d’Arassas ou encore au pic du Midi. Entre 1886 et 1889, il est successivement envoyé à Rennes, Saint-Brieuc, Nantes, Le Havre puis de nouveau Rennes. En décembre 1889, avec le grade de capitaine, il est détaché au ministère de la Guerre, à Paris, où il demeure jusqu’en 1895, date à laquelle il est affecté à Nice, pour y commander une batterie d’artillerie à pied puis une batterie alpine.
188C’est au cours de cette période niçoise qu’Alfred Saint-Yves fait, par hasard, une rencontre qui modifie le cours de sa destinée. Le 15 juillet 1898, alors qu’il est en manœuvre à Beuil, un petit village situé au pied du Mont-Mounier, il croise le chemin de John Briquet (1870-1931)235. Alfred Saint-Yves racontera lui-même en ces termes cet événement : “Avant le dîner, nous nous promenions, mon lieutenant en premier – actuellement général Verguin [Louis Verguin (1868-1936)] – et moi, devisant de botanique en simples amateurs, lorsque nous vîmes arriver un touriste paraissant un peu las sous le poids d'une boîte et d’un cartable de plantes. Immédiatement nous l’avons abordé et nous lui avons demandé de venir partager notre repas. John Briquet, car c’était lui, nous exprima tous ses regrets ; il attendait son ami et compagnon de courses F. Cavillier [François Cavillier (1868-1953)236], mais il nous promit de venir nous retrouver dans la soirée. Cette soirée se prolongea jusqu’à une heure du matin, tant nous étions charmés de sa conversation, de son aménité, tant nous étions frappés de cette érudition qui se manifestait à son insu. De cette rencontre fortuite sont nées ces relations intimes que j’ai eu l'inestimable faveur de nouer avec deux hommes éminents : É. Burnat [Émile Burnat (1828-1920)] et J. Briquet. Mais cette intimité ne se réalisa que d’une manière très progressive. Ce ne fut pas une de ces amitiés qui, chez certains méridionaux, naît et s’éteint comme un feu de paille, mais une liaison effectuée, pourrait-on dire, au moyen d’un de ces ciments à prise lente qui donne à l’édifice une durée et une solidité comparables, dans le cas présent, à celle des rocs helvétiques”237. Grâce à cette heureuse rencontre, Alfred Saint-Yves peut rejoindre le fameux Syndicat alpo-maritime, rassemblé autour d’Émile Burnat (1828-1920)238 et dont le but est l’exploration botanique des Alpes maritimes. Entre 1901 et 1905, à cause de ses obligations militaires qui l’éloignent des Alpes maritimes, il ne participe qu’à une seule mission du syndicat, celle du mois de juillet 1902, dans le département français des Alpes-Maritimes.
189D’août 1901 à septembre 1902, Alfred Saint-Yves est sous-directeur technique à l’atelier de construction militaire, à Lyon. Il est ensuite chef d’escadron de l’artillerie de l’arrondissement de Rochefort-sur-Mer, en Charente-Inférieure, où il fréquente Julien Foucaud (1847-1904), directeur du Jardin botanique de la marine. Les promenades botaniques en compagnie de son nouvel ami au milieu des pinèdes de l’île d’Oléron ne peuvent lui faire oublier ses chères Alpes maritimes. C’est avec un immense soulagement qu’il apprend en mars 1904 son affectation à Nice, où il prend le commandement du 2ème groupe des batteries alpines. En juin 1905, à sa demande, le commandant Alfred Saint-Yves prend sa retraite. Il décide de s’installer à Nice.
190Libéré de ses obligations militaires, Alfred Saint-Yves entend bien se consacrer à la botanique. C’est à partir de cette date qu’il participe activement aux explorations du Syndicat alpo-maritime où il retrouve ses amis John Briquet, François Cavillier, Rudolf Wilczek (1857-1948), professeur de botanique à l’université de Lausanne, et plus occasionnellement l’abbé Coste (1858-1924) ou le général Verguin : dans le département des Alpes-Maritimes en été 1905, 1906, 1908, 1909, 1911 et 1914, dans les Basses-Alpes, en 1911, et dans les Alpes maritimes italiennes en été 1911, 1912 et 1914. Ils explorent également ensemble la Corse en été 1906, 1907 et 1910, ainsi que l’Italie méridionale en été 1910. La première guerre mondiale et la fatigue croissante du chef de file mettent fin aux missions d’exploration du Syndicat alpo-maritime.
191Après son amitié avec les botanistes suisses, c’est sa rencontre avec Nikodem Orzesko, un botaniste polonais installé à Nice, qui va grandement influencer les activités scientifiques d’Alfred Saint-Yves. C’est lui qui le convainc de se consacrer à l’étude du genre Festuca, à un moment où son ami toulousain le commandant Ferdinand Renauld (1837-1910) cherche à l’attirer vers la bryologie. Séduit par un article de Nikodem Orzesko, il décide de ne plus s’adonner qu’à l’étude des Fétuques. Sur les trente et un travaux botaniques qu’il publie entre 1907 et 1932, seulement quatre ne concernent pas ce groupe239. S’il commence naturellement par s’intéresser aux Fétuques des Alpes maritimes, il publie également des articles sur celles du reste de la France, d’Amérique, d’Orient, de Nouvelle-Zélande ou encore d’Afrique équatoriale. Il travaille sans relâche : il profite de ses séjours à Paris, chez ses parents, pour consulter les collections du Muséum et de ses séjours en Suisse, chez ses amis genevois, pour consulter les riches collections du Conservatoire botanique. D’une manière ou d’une autre, toutes les collections de Fétuques ayant une certaine importance passent entre ses mains.
192Comme elle provoque l’arrêt des explorations du Syndicat alpo-maritime, la guerre de 1914-1918 marque une trêve dans l’ardeur botanique d’Alfred Saint-Yves. Cet ancien commandant ne peut rester en dehors du conflit : à sa demande, il est réintégré dans l’armée. D’abord affecté au ministère de la Guerre, à Bordeaux puis à Paris, il est finalement chargé de l’inspection des voies ferrées de campagne sur le front du Nord, où il en profite pour faire quelques récoltes sur les dunes du Pas-de-Calais. Après la guerre, en mars 1920, il décide de quitter la ville de Nice et de s’installer à Vernou-sur-Brenne, en Touraine, dans une ancienne demeure de ses parents où d’agréables souvenirs d’enfance le ramènent. C’est là qu’il poursuit infatigablement ses recherches sur les Fétuques. À la fin des années 1920, paraissent ses deux travaux les plus marquants : le Tentamen, Claves analyticœ Festucarum Veteris Orbis (1927) et l’Aperçu sur la distribution géographique des Festuca (1930)240. À soixante-dix-sept ans, il décide de s’intéresser à d’autres genres de Graminées et ses ultimes travaux portent sur les genres Spartina et Avena. Au cours de ces dernières années, sa notoriété lui apporte plusieurs distinctions : il devient membre correspondant de la Société botanique de Genève et de la section des sciences naturelles et mathématiques de l’Institut national genevois en 1925 ; il est élu vice-président de la Société botanique de France en 1931.
193Le 7 octobre 1933, Alfred Saint-Yves ne peut se rendre au Conservatoire botanique de Genève pour l’inauguration du buste de John Briquet, décédé en août 1931. Son discours est lu par son ami le professeur Rudolf Wilczek. Il décède le lendemain, vers midi, dans son bureau, au milieu de ses chères graminées et de ses ouvrages de botanique.
194Le commandant Alfred Saint-Yves est le premier auteur de deux espèces valides de la flore de France : Festuca niphobia (Saint-Yves) Kerguélen241, endémique des Pyrénées, et Festuca degenii (Saint-Yves) Markgraf-Dannenberg242, endémique du massif de l’Esterel, dans l’arrière-pays cannois. Décrites comme des sous-variétés, elles ont ensuite été élevées au rang d’espèces suite à la mise en évidence de leur formule chromosomique par Michel Kerguélen (1928-1999) et Ingeborg Markgraf-Dannenberg (né en 1911). L’espèce Festuca niphobia a d’abord été considérée par Alfred Saint-Yves comme une sous-variété de la variété vulgaris Koch, elle-même placée dans la sous-espèce eu-ovina Hackel de l’espèce Festuca ovina Linné243. L’espèce Festuca degenii a d’abord été décrite comme une sous-variété de la variété glauca (Lamarck) Hackel, également placée dans la sous-espèce eu-ovina Hackel de l’espèce Festuca ovina Linné244. Alfred Saint-Yves a découvert Festuca niphobia dans la région alpine des Pyrénées-Orientales mais indique qu’il en a également vu des échantillons en provenance d’Andorre dans l’herbier du pasteur Jean-François Gaudin (1766-1833), à Lausanne, et d’autres en provenance de Vieille Castille dans l’herbier du genevois Edmond Boissier (1810-1885), au Conservatoire botanique de Genève. Il a découvert Festuca degenii dans le massif de l’Esterel, l’une de ses rares localités connues. Cette dernière espèce a été dédiée à son ami Arpad Felsöhagy von Degen (1866-1934), professeur de botanique à Budapest.
Bibliographie
Cavillier (François), “Biographie d’Alfred Saint-Yves”, Candollea, t. 6, 1935, pp. 25-43.
Litardière (René de), “Alfred Saint-Yves, notice biographique”. Bulletin de la Société botanique de France, t. 81, 1934, pp. 46-53, pl. I.
Hippolyte, Jacques COSTE (1858-1924)
195Hippolyte Coste naît le 20 décembre 1858 au Mas d’Estioussès, sur la commune de Balaguier-Saint-Sernin, en Aveyron, au sein d'une modeste famille de cultivateurs. C’est dans les paysages du Languedoc, où il passe le plus clair de son temps, que le jeune Hippolyte découvre la nature. En 1870, après avoir effectué de brillantes études à l’école primaire de Balaguier, il entre au Petit Séminaire de Belmont-sur-Rance, dans le diocèse de Rodez, sur les conseils de son instituteur. Toutes ses libertés vont alors à des herborisations, sans pour autant négliger les études car une affection osseuse au niveau du dos – il reste légèrement bossu toute sa vie – semble compromettre une éventuelle reprise de la ferme familiale. En 1878, par vocation et parce que les travaux agricoles lui sont proscrits, il entre au Grand Séminaire de Rodez. À cette date, il possède déjà un important herbier de l’Aveyron. Il y demeure six années. La théologie, la philosophie et la botanique sont ses principales occupations. Il nous reste quelques notes manuscrites datant de cette époque : une clé dichotomique pour les plantes aveyronnaises, des observations géologiques, les plantes utilisées en médecine populaire, une discussion relative au jordanisme. En 1882, il est mis en relation avec le chanoine Joseph Revel (1811-1887), de Villefranche-de-Rouergue, qui l’incite à se constituer un herbier de la flore de France. Le 20 décembre 1884, le jour de son vingt-sixième anniversaire, Hippolyte Coste est ordonné prêtre. Entre temps, la même année, il est devenu surveillant au Petit Séminaire de Belmont.
196En 1885, l’abbé Coste est nommé professeur au collège Saint-Joseph de Villefranche-de-Rouergue et devient membre de la Société botanique de France, sur présentation de Henri Loret (1811-1888) et d’Ernest Malinvaud (1836-1913), deux des membres les plus importants. Suite à sa demande de pouvoir retourner en son pays natal, le Sud Aveyronnais, il est nommé vicaire à Monclar près Coupiac en juin 1886. Il y trouve un curé traditionnaliste et rigoureux avec lequel il ne s’entend guère. C’est au cours de l’année 1886 que l’abbé Coste devient un botaniste digne de ce nom : il publie un premier travail dans le Bulletin de la Société botanique de Fiance245 ; il est secrétaire de la vingt-neuvième session extraordinaire de la Société botanique de France, qui se déroule à Millau. L’année 1888 est également riche pour l’abbé Coste. Il acquiert la Flore de France (1848-1855)246 de Charles Grenier (1808-1875) et Dominique-Alexandre Godron (1807-1880). Gaston Bonnier (1851-1922)247 lui propose vainement de collaborer à un projet de flore française illustrée. Il affirme davantage sa place au sein de la Société botanique de France en assurant de nouveau la fonction de secrétaire durant la trente et unième session extraordinaire de Narbonne.
197Encouragé par l’évêque de Rodez, l’abbé Coste va poursuivre ses études à l’institut catholique de Toulouse en 1890. Les mathématiques et la physique ne l’attirent pas. L’air de la ville lui est irrespirable. Quatre mois après son arrivée, il demande à redevenir simple vicaire : l’évêque de Rodez le nomme alors à Sainte-Eulalie-de-Cernon où il doit suppléer le doyen. À cette date, il est membre de plusieurs sociétés d’échanges de plantes comme la Société dauphinoise, la société rochelaise ou la Société pour l’étude de la flore franco-helvétique. À Sainte-Eulalie-de-Cernon, l’abbé Coste passe trois années merveilleusement heureuses : si le service de Dieu demeure prioritaire, il a tout le loisir d’herboriser et de se livrer avec passion à l’étude des plantes248. C’est avec un sincère regret qu’il apprend sa nomination comme vicaire à Saint-Paul-des-Fonts, près de Tournemire, en mars 1894. Il craint à raison d’avoir moins de temps à consacrer à la botanique : le curé Hermann est un homme âgé et il sait qu’il devra assumer lui-même un grand nombre d’obligations ecclésiastiques. Seule consolation, situé non loin du carrefour ferroviaire de Saint-Affrique, Saint-Paul-des-Fonts est facile d’accès pour des visiteurs. On pourra lui rendre visite, pense-t-il. Ses appréhensions se confirment rapidement : l’évêque de Rodez choisit de le nommer à la place du curé Hermann, décédé en août 1894. Il lui faut laisser la botanique de côté le temps de s’installer dans son ministère et de conquérir la confiance de ses fidèles.
198Saint-Paul-des-Fonts est un bourg situé au pied occidental du Causse du Larzac, au fond d’une étroite vallée. L’église et le presbytère qui lui est attenant occupent une petite place, à l’ombre de tilleuls, de peupliers et de frênes. Durant vingt-huit années, l’abbé Coste y mène une vie simple, tolérante et rigoureuse, entièrement dévouée à Dieu et à la botanique. Il est avant tout un botaniste de terrain : avec pour seuls bagages une boîte de fer blanc, un piolet et un cartable, marcheur et grimpeur infatigable, il arpente vallées et plateaux, collines et plaines, à la recherche de nouvelles stations de plantes. Dans le pays, où il est connu de tous les pâtres et paysans dont il entend parfaitement le pâtois, il passe pour être un homme bon, humble et savant. Il herborise également hors de l’Aveyron, notamment au cours des sessions extraordinaires de la Société botanique de France : à Barcelonnette en 1897, à Hyères en 1899, en Corse en 1901 ou encore à Gavarnie en 1907. Il convient de noter qu’il participe à deux sessions de l’Association française de botanique, fondée par Hector Léveillé (1863-1918) et Georges Rouy (1851-1924) : dans le Gapençais en 1898 et aux Eaux-Chaudes, dans les Pyrénées, en 1899. L’abbé Coste effectue également plusieurs voyages botaniques, seul ou accompagné : en Aubrac en 1894 avec frère Sennen (1861-1937), Eugène Simon (1871-1967), receveur de l’enregistrement à Pont-de-Salars, près de Saint-Paul-des-Fonts, puis Verneuil-sur-Vienne, et l’abbé Joseph Soulié (1868-1930) ; dans les Pyrénées centrales, la même année, de nouveau en compagnie d’Eugène Simon et de l’abbé Soulié ; dans le Lot en 1898 avec Ernest Malinvaud ; au Lautaret avec son éditeur Paul Klincksieck ; dans les Pyrénées en 1905 avec l’abbé Soulié ; en Catalogne espagnole en 1908 avec Gaston Gautier (1841-1911) et frère Sennen ; dans le sud du Cantal, autour du château de Courbelimagne, la demeure d’Eugène Jordan de Puyfol (1829-1891), le cousin d’Alexis Jordan (1814-1897) ; en Cerdagne en 1911 avec l’abbé Soulié et Dominique Luizet (1851-1930) ; dans les monts d’Auvergne en 1912 en compagnie de l’abbé Soulié.
199Même s’il vit isolé dans son presbytère de Saint-Paul-des-Fonts, l’abbé Coste est en relation avec de nombreux botanistes : ses deux fidèles compagnons d’herborisation l’abbé Soulié et frère Sennen, frère Étienne Saltel (1837-1906), professeur à Livinhac-le-Haut, Ludovic Giraudias (1848-1922), receveur de l’enregistrement à Asprières, Martin, médecin à Aumessas, rencontré par hasard dans les Cévennes, Émile Burnat (1828-1920), rencontré à Hyères en 1899, Charles Flahault (1852-1935), professeur de botanique à la faculté des sciences de Montpellier, le rochefortain Julien Foucaud (1847-1904), le parisien Édouard Jeanpert (1862-1921), l’abbé Paul Fournier (1877-1964), auteur du Bréviaire du botaniste (1914-1927) et des Quatre flores de la France (1934-1940)249, sans oublier de nombreux membres de la Société botanique de France. Souvent, l’abbé Coste reçoit des visiteurs. Ils sont logés dans ce qu’il appelle la chambre, une petite pièce de trois mètres sur trois située au-dessus du portail de l’église, avec deux trous (l’un au plancher, l’autre au plafond) pour laisser passer la corde de la cloche. Et l’abbé Coste de prévenir ses hôtes : “Ne vous effrayez pas ! mais je vous réveillerai au petit jour ; je sonne l’Angélus et la cloche et la corde sont un peu bruyantes ; mais vous aurez le loisir de vous rendormir après, si cela vous plaît”250.
200Vivre isolé tout en étant en étroite correspondance avec d’autres scientifiques est une condition idéale pour réaliser de vastes projets. En plus des dizaines d’articles de botanique descriptive parus pour la plupart dans le Bulletin de la Société botanique de France, l’abbé Coste signe un Essai sur la flore du Sud-Ouest de la France (1900)251, deuxième partie d’un ouvrage commencé en 1885 par l’abbé Joseph Revel, un Catalogue des plantes, ou Florule du Val d’Aran (1913)252, en collaboration avec l’abbé Soulié, et, surtout, la monumentale Flore descriptive et illustrée de la France (1901-1906)253 qui place l’abbé Coste dans les premiers rangs des botanistes français. L’histoire de la publication de cet ouvrage encore très utilisé de nos jours mérite d’être rapportée en détail.
201Au commencement, il y a l’admiration de Paul Klincksieck, éditeur genevois installé à Paris, spécialisé dans les publications scientifiques, botaniste amateur et membre de la Société botanique de France, pour la flore illustrée des États-Unis (1896-1898)254 de Nathaniel Britton (1859-1954), directeur du Botanical Garden de New York et Addison Brown (1830-1913), président de ce même Jardin. Paul Klincksieck fait part à son ami Ernest Malinvaud, secrétaire général de la Société botanique de France, de son désir de publier une flore de France sur le même modèle. Ernest Malinvaud lui propose alors de rencontrer l’abbé Coste, en qui il voit l’un des botanistes les plus compétents et disponibles. Tout se décide très vite. L’abbé Coste, Ernest Malinvaud et Charles Flahault échangent leurs points de vue sur une éventuelle flore de France lors de la session extraordinaire de la Société botanique de France de Hyères, en mai 1899. Ernest Malinvaud rencontre Paul Klincksieck le 3 juin suivant, à Paris, et l’éditeur envoie le soir même une lettre de huit pages à l’abbé Coste – que ce dernier reçoit le 5 juin – dans laquelle il définit de manière très détaillée ce qu’il attend exactement de lui : le public potentiel, le format du livre, le nombre d’espèces par page, la taille et la disposition des figures, etc. Le 9 juin, l’abbé Coste répond à Paul Klincksieck par un essai sur les Renonculacées ; peu convaincu, l’éditeur parisien renvoie à son tour un exemplaire de la flore de Britton et Brown à l’auteur en lui ordonnant simplement d’en faire autant. Il s’en suit de nombreux échanges entre les deux hommes. Si l’abbé Coste craint tout d’abord de ne pas pouvoir s’entendre avec son éditeur, il lui écrit finalement en août qu’il se pliera le plus qu’il le pourra et lui confie en janvier 1900 que la flore descriptive et illustrée de la France sera désormais l’objet de tous ses soins. La première livraison d’environ cinq cents plantes, début 1900, satisfait pleinement l’éditeur. L’abbé Coste se lance alors dans un long travail qui sera achevé en 1906. Pour chaque espèce, il fait parvenir à son éditeur une description et des spécimens dont les dessinateurs, choisis par Klincksieck, effectuent des illustrations qui sont retournées à l’auteur pour commentaires. La Flore de France paraît entre juin 1900 et décembre 1906, en quinze fascicules répartis en trois volumes.
202L’abbé Coste demeure très actif jusqu’en 1916. Après cette date, sa santé ne cesse de décliner. Régulièrement sollicité par de nombreux botanistes, notamment les membres de la Société botanique de France, il reste toute sa vie un homme généreux, simple, affable, d’un accueil très chaleureux et toujours disposé à rendre service. En 1923, il fait une ultime excursion sur le Larzac et, bien que cela n’ait aucune relation, il est promu chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. Au mois de novembre de l’année 1924, il doit rester alité et ne peut plus dire la messe. Il sent la fin approcher. L’abbé Coste meurt le 23 novembre 1924, vers midi, en son presbytère de Saint-Paul-des-Fonts.
203L’abbé Coste est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Thymus dolomiticus Coste, endémique du sud du Massif central, qui a été découverte sur des sables et rochers dolomitiques du Larzac et du Guilhomard, entre 700 et 900 mètres255. Dans la Flore de France, il la signale “sur les pelouses sèches et les rochers dolomitiques des Causses des Cévennes, dans les départements de l’Aveyron, de l’Hérault, du Gard et de la Lozère”256.
Bibliographie
Aymonin (Gérard), “La Vie scientifique du Chanoine H. Coste”, Revue du Rouergue, t. 25, 1971, pp. 357-378.
Aymonin (Gérard), “La Naissance de la flore descriptive et illustrée de la France de l’abbé Hippolyte Coste”, Taxon, t. 23, 1974, pp. 607-611.
Aymonin (Gérard), “La Flore de France d’Hippolyte Coste : du projet a l’héritage”, Bulletin de la Société botanique de France, Lettres botaniques, t. 1/2, 1981, pp. 25-32.
Aymonin (Gérard), Kéraudren-Aymonin (Monique), “Hippolyte-Jacques Coste. Esquisse de chronologie comparée et documents bio-bibliographiques”, Bulletin de la Société botanique de Fiance, Lettres botaniques, t. 1/2, 1981, pp. 39-52.
Bernard (Chr.), Fabre (G.), “Les Travaux du chanoine Hippolyte Coste concernant la flore de l’Aveyron”, Bulletin de la Société botanique de France, Lettres botaniques, t. 1/2, 1981, pp. 33-38.
Flahault (Charles), “L’Abbé H. Coste”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 72, 1925, pp. 1-20. Granel de Solignac (L.), Bertrand (L.), “L’Herbier de l’abbé H. Coste à Montpellier”, Naturalia monspeliensia, série botanique, t. 23/24, 1972-1973, pp. 157-172.
Roucoules (Léon), Aymonin (Gérard), “Hippolyte Coste, prêtre et savant”, Bulletin de la Société botanique de France, Lettres botaniques, t. 1/2, 1981, pp. 13-24.
Paul GENTY (1861-1955)
204Paul Genty naît en 1861 à Dijon. Comme il est de santé fragile, il ne fréquente pas les écoles communales et il suit des leçons privées. Il entre ensuite comme auditeur libre à la faculté des sciences de Dijon. La botanique y est alors professée par Adrien Émery (1828-1899), originaire de Grenoble, d’abord professeur de sciences dans les lycées de Bastia puis de Versailles, professeur de minéralogie à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand entre 1866 et 1869, date à laquelle il est nommé professeur de géologie, minéralogie et botanique à Dijon. En parallèle, Paul Genty fréquente assidûment le Jardin botanique de Dijon, alors dirigé par Alphonse Laguesse (1827-1914). Au cours des années 1880, il s’adonne passionnément à l’étude de la flore de Bourgogne et du Jura, où il effectue de nombreuses herborisations. Sa passion de la pêche l’amène un moment à s’intéresser également à la zoologie, mais il se consacre bientôt exclusivement à la botanique.
205Pour ses excursions bourguignonnes, Paul Genty dispose de plusieurs ouvrages : la Flore de Bourgogne (1782)257 de Jean-François Durande (1732-1794), démonstrateur de l’ancien Jardin botanique de Dijon ; la Flore de la Côte-d’Or (1831)258 de Félix-Nicolas Lorey (1770-1841259) et de Jacques Duret (1794-1874)260 ; la Flore de la Côte-d’Or (1881-1883)261 de Charles Royer (1831-1883)262 ; la Flore de la Côte-d’Or (1889)263 d’Alfred Viallanes (1828-1899)264 et de Jules d’Arbaumont (1831-1916)265. Quelques années plus tard, Paul Genty dispose également des Notes de géographie botanique (1893)266 de Louis Bazot (1825-1910), ancien professeur au lycée Charlemagne, à Paris, en retraite à Dijon.
206Entre les 12 et 15 juin 1882, Paul Genty a la chance de pouvoir participer aux excursions organisées par la Société botanique de France, réunie en session extraordinaire à Dijon. Lors de cette session, le bureau de la Société botanique de France est presque exclusivement composée par des Dijonnais : le président est Arthur Morelet (1809-1892), originaire de Lays-sur-le-Doubs, en Saône-et-Loire, explorateur de l’Amérique Centrale et des Açores, retiré à Dijon où il devient président de l’académie, avant de s’éteindre à Velars-sur-Ouche ; les vice-présidents sont Adrien Émery, doyen de la faculté des sciences de Dijon, Alfred Viallanes et Xavier Gillot (1842-1910), médecin à Autun ; le secrétaire est Jules d’Arbaumont, vice-président de l’académie de Dijon. C’est au cours de cette session extraordinaire que Paul Genty fait la rencontre d’Edmond Bonnet (1848-1922), alors préparateur au laboratoire de botanique du Muséum national d’histoire naturelle, originaire de Beaune, en Côte-d’Or, et avec qui il restera en relation. Au cours des années 1890, il devient également l’ami de René Maire (1878-1949)267 et de Maurice Langeron (1874-1950)268.
207L’histoire du Jardin botanique de Dijon269 est particulièrement houleuse au cours des dernières années du XIXème siècle. Tout commence le 7 octobre 1895, lorsque le Conseil municipal reçoit une plainte des étudiants en pharmacie et médecine de la ville – soutenus par le professeur Adrien Émery – suivant laquelle le Jardin botanique est en un tel désordre qu’il est devenu impossible d’y étudier. C’est Alphonse Laguesse (1827-1914), professeur de matière médicale à l’école de médecine, directeur du Jardin depuis 1866, et par ailleurs injustement accusé d’avoir introduit le phylloxéra en Côte-d’Or, qui est directement visé : certains membres du Conseil demandent alors la suppression du poste de directeur, mais le maire s’y oppose ; peu de temps après les étudiants annoncent finalement ne pas avoir rédigé une telle plainte ! L’affaire, loin d’être terminée, semble être envenimée par des rivalités de personnes et Alphonse Laguesse est nommé directeur à titre bénévole à partir du ler janvier 1897. C’est ensuite le jardinier en chef, un certain Lochot, qui fait les frais de la campagne montée par les détracteurs du Jardin botanique et qui est accusé à tort de malversation. La justice ne l’emportant pas toujours, le Conseil municipal décide de supprimer les fonctions de directeur et de jardinier en chef du Jardin botanique et de les rattacher au service de la voierie. Logiquement, Alphonse Laguesse démissionne en décembre 1897. Le maire résiste cependant et réussit à maintenir le Jardin botanique : dès le mois de janvier 1898, il demande à Paul Genty d’en assurer la direction, gratuitement pour commencer. Son arrivée à la direction du Jardin botanique de Dijon met fin à toutes les querelles municipales. Il assurera cette fonction durant cinquante-sept années.
208Paul Genty est un directeur remarquable. Il récolte de nombreuses plantes dans les environs de Dijon afin que la flore de Bourgogne soit représentée au mieux. Il détermine les espèces avec une précision exemplaire. Surtout, il veille à ce que les cultures soient toujours soignée. Sous son règne, le Jardin botanique de Dijon retrouve une certaine notoriété. C’est au cours d’un voyage botanique dans le Valais qu’il rencontre sa future épouse, passionnée de mycologie. Ils effectuent un grand nombre d’excursions ensemble. Ils explorent la Bourgogne, le Lyonnais, le Jura, la partie occidentale de la Suisse. On reconnaît sa silhouette de loin. Il marche, toujours coiffé d’un chapeau tyrolien, au bras de sa fidèle. Lorsqu’elle décède, il épouse sa sœur en seconde noce. Elle devient alors son assistante au Jardin botanique, et gardera d’ailleurs sa fonction auprès de son successeur, Henri Poinsot.
209Paul Genty est très impliqué dans la vie savante locale. Il est bien évidemment membre de l’académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Il fonde avec Xavier Aubert, industriel dijonnais, la Société bourguignonne d’histoire naturelle et de préhistoire, dont il reste vice-président durant près de trente ans. Il est avant tout le chef de file de la botanique dijonnaise. Paul Genty signe soixante-cinq travaux de systématique botanique entre 1887 et 1954 ; plusieurs sont consacrés à son département. Les revues dans lesquelles il les fait paraître sont la Revue de Botanique, le Bulletin de la Société botanique de France, le Bulletin de la Société bourguignonne d’Histoire naturelle et de Préhistoire, le Bulletin scientifique de Bourgogne, les Mémoires de l’Académie de Dijon, le Bulletin de la Société linnéenne de Lyon, le Bulletin de la Société dauphinoise pour l’Échange des Plantes. Citons trois de ses travaux les plus importants pour la botanique locale : la Suite à la flore du département de la Côte-d’Or de Charles Royer (1932), les Lichens de la Côte-d’Or (1934) et le Guide illustré du visiteur au Jardin botanique de Dijon (1925)270.
210Tout au long de sa carrière au Jardin botanique de Dijon, Paul Genty reste en relation avec de nombreux botanistes et récolteurs de plantes locaux. Citons ceux qui, ayant toute confiance en lui, lèguent leur herbier au Jardin botanique : Louise de Chamberet, Noël Garnier (1849-1931), proviseur de lycée et auteur de plusieurs ouvrages sur sa ville, Arc-sur-Tille, les instituteurs Fautrey (1833-1905), à Corrombles, et Magdeleine (?-1900), à Vanvey, l’abbé Fournier, professeur à l’école Saint-François-de-Paule, à Dijon, Perrenet, magistrat à Dijon, Mathey, conservateur des eaux et forêts, Derone ( ?-1938), pharmacien à Nuits-Saint-Georges. Il convient également de citer Félix Lenoble (1867-1949), qui occupe une place de choix dans l’avancement de la botanique bourguignonne. Originaire de Varennes-en-Gâtinais, il est d’abord professeur dans les écoles normales d’instituteur de Rennes puis de Valence, avant d’être inspecteur du travail à Angoulême, Marseille, Valence puis Dijon. En parallèle de son intérêt pour la flore des Alpes – on lui doit un Catalogue raisonné des plantes vasculaires de la Drôme (1936)271 –, Félix Lenoble publie plusieurs articles sur la flore de Bourgogne, notamment en la comparant avec celle de la façade occidentale du Jura. Paul Genty entretient également d’excellentes relations avec les professeurs de la faculté des sciences de Dijon : le célèbre algologue Camille Sauvageau (1861-1936)272, brièvement titulaire de la chaire de Botanique entre 1899 et 1900, Charles Quéva (7-1929), remarquable anatomiste, qui occupe la chaire de 1900 à 1929, et Pierre Bugnon (1886-1957), originaire de Grand-Charmont, dans le Doubs, docteur de la faculté des sciences de Caen, maître de conférences à Rennes puis titulaire de la chaire de la faculté des sciences de Dijon entre 1930 et 1955.
211La notoriété de Paul Genty dépasse les frontières de sa région. Il est en correspondance avec plusieurs botanistes de son époque : Casimir Arvet-Touvet (1841-1913), spécialiste du genre Hieracium et co-fondateur de la Société dauphinoise pour l’échange des plantes ; Auguste Chevalier (1873-1956), professeur au Muséum national d’histoire naturelle à partir de 1898 ; Philibert Guinier (1872-1962), directeur de l’école forestière de Nancy ; Bénédict-Pierre-Georges Hochreutiner (1873-1959), théologien suisse, conservateur au Conservatoire botanique de Genève ; Jean Thiébaut (7-1953), de Lyon, spécialiste de la flore libano-syrienne. Paul Genty a l’honneur de présider la session extraordinaire de la Société botanique de France qui se tient au Jardin botanique de Dijon en 1932. Les vice-présidents sont alors Félix Lenoble, Bugnon, Guillaume et Langeron, les secrétaires sont Filmon et Hagène, et le trésorier est de Leiris. Il lui revient également d’organiser le centenaire du Jardin botanique de Dijon en 1933. Il dirige à cette occasion plusieurs herborisations dans l’Auxois et le Morvan. Après cinquante-sept années de loyaux services rendus à la botanique bourguignonne, Paul Genty décède le 10 mai 1955, à Dijon.
212Paul Genty est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Lathyrus bauhinii Genty273, présente dans les Pyrénées, les Alpes, le Jura et le nord-ouest des Balkans. Il a expliqué qu’elle avait été confondue à tort avec Lathyrus canescens Grenier et Godron, par Charles Grenier (1808-1875) et Dominique-Alexandre Godron (1807-1880), dans leur Flore de France (1848)274, et l’a signalée du Jura et des Pyrénées. Il a par ailleurs dédié cette espèce au médecin du duc de Wurtemberg, Jean Bauhin (1541-1612), qui, d’après lui, en a donné une excellente illustration dans son Historia plantanun universalis (1651) sous le nom d’Araci vel apios leguminosae species, et l’a signalée de Champagnole Burgondiæ (la Burgondie, c’est-à-dire la Bourgogne, comprenait alors le Jura)275.
Bibliographie
Bottemer (Ed.), “Notice sur Paul Genty”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 103, 1956, pp. 31-34. Genty (Paul), Le Centenaire du Jardin botanique de Dijon, Dijon : Bernigaud, 1934, 28 p.
Poinsot (Henri), “Deux siècles de botanique à Dijon”, Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, t. 114, 1961, pp. 97-118.
Poinsot (Henri), “Paul Genty”, Bulletin scientifique de Bourgogne, t. 16, 1955, pp. 187-192.
Étienne-Marcellin GRANIER (1861-1937), dit frère Sennen
213Étienne-Marcellin Granier naît le 13 juillet 1861 à Moussac, un petit hameau de la commune de Coupiac, dans le département de l’Aveyron, au sein d’une famille de pauvres cultivateurs. Après l’école, il contemple les ruines du château médiéval de Coupiac et la nature environnante. À l’âge de quatorze ans, il devient novice chez les frères des écoles chrétiennes de Fontseranes, près de Béziers. Il y reçoit l’habit religieux et y prend le nom de frère Sennen. Tout au long de sa jeunesse, il s’adonne librement à la botanique : il herborise dans le Biterrois, et fréquente le pensionnat des frères de Béziers qui mettent à sa disposition leur riche herbier ainsi que la Flore de Montpellier (1876)276 d’Auguste Barrandon (1814-1897) et Henri Loret (1811-1888). À la fin des années 1880, il quitte Fontseranes et devient maître d’herborisation dans plusieurs pensionnats des frères des écoles chrétiennes.
214À partir de 1890, date de sa première relation avec l’abbé Hippolyte Coste (1858-1924), originaire comme lui du Sud Aveyronnais, frère Sennen devient un inconditionnel récolteur de plantes : il herborise dans une grande partie du Languedoc et du Roussillon. Grâce à l’abbé Coste, son plus fidèle ami, il devient membre de la Société botanique de France et fait paraître ses deux premiers articles dans le Bulletin277. Il lui doit également de rencontrer plusieurs botanistes tels que Charles Flahault (1852-1935), professeur de botanique à la faculté des sciences de Montpellier, Auguste Barrandon ou encore Henri Loret. En 1891, frère Sennen est appelé à La Nouvelle, dans l’Aude, au pied des Corbières. Il y reste neuf années. Il vit pour Dieu et la botanique. Au cours de ces neuf années, il publie six articles de botanique sur la flore du Biterrois et des environs de La Nouvelle278 ; il explore les Corbières, les hauts plateaux du Capsir, la vallée de Prades, le Carlit, le Canigou, le pic de Tres Estelles, les gorges de Conat et de Villefranche-de-Conflent, les coteaux secs de Claro et Valmanya ou encore les rives de la Têt.
215Lorsque le droit à l’enseignement est retiré aux congrégations religieuses, en 1904, frère Sennen traverse la frontière franco-espagnole et trouve refuge chez les frères des écoles chrétiennes de Figueras, en tant que professeur de botanique. La ville de Figueras est située dans la plaine de l’Ampurdà, en Catalogne. Dès son arrivée, il commence à étudier la flore et la végétation catalanes, à la fois nouvelles et proches de ce qu’il connaît du département des Pyrénées-Orientales. En 1909, il est appelé au collège de Bonanova, à Barcelone, où il est en charge des herborisations et des leçons de botanique jusqu’en 1931. Pour un botaniste français, la capitale catalane est une ville riche en souvenirs : Joseph de Tournefort (1656-1708) y a plusieurs fois été accueilli par l’apothicaire Jaume Salvador i Pedrol (1649-1740) ; l’abbé Pierre-André Pourret (1754-1818) s’y réfugia en 1789. Frère Sennen y devient l’ami de plusieurs botanistes espagnols qui l’accueillent très chaleureusement. Deux d’entre eux deviennent ses amis proches : Carlo Pau (1857-1937), pharmacien à Segorbe, et le médecin Pio Font-Quer (1888-1964). De 1904 à 1931, il se consacre entièrement à la flore d’Espagne. Son but est de faire paraître une collection générale d’exsiccatas pour les plantes d’Espagne279. La réalisation de ce vaste travail repose sur ses incessantes herborisations et sur l’aide de ses nombreux collaborateurs espagnols : Carlo Pau, le docteur Font-Quer, Emilio Huguet del Villar (1871-1951), le père Joaquin de Barnola (1870-1925), Angel Sallent (1857-1934), le père Adeodato Marcet (1875-1964), Antonio de Bolos (1889-1975) et le père Longinos Navas (1858-1938). Ses lieux d’excursions sont nombreux mais ses deux régions de prédilection sont le massif schisteux de Tibidabo280, qui domine la ville de Barcelone de ses cinq cent trente mètres d’altitude, et la Cerdagne espagnole, notamment les vallées d’Eyne et de Llo281 ; il visite également les environs de Teruel et de Valence, les plaines de l’Ebre, les provinces de Burgos, Valladolid et Vizcaya.
216Entre 1930 et 1935, frère Sennen se consacre à l’étude de la flore du Maroc. C’est au printemps 1930, en compagnie de René Maire (1878-1949), professeur de botanique à la faculté des sciences d’Alger, et de frère Mauricio, professeur au collège de Nuestra Señora del Carmen, l’établissement des frères des écoles chrétiennes de Melilla, qu’il découvre le Rif espagnol282. Il vit ses ultimes plaisirs floristiques au cours de l’exploration du Maroc oriental, en compagnie de son nouvel ami frère Mauricio. Sa dernière publication est le compte rendu de ces Campagnes botaniques au Maroc oriental de 1930 à 1935, rédigé en 1936 en collaboration avec frère Mauricio283.
217Lorsque la guerre civile éclate à Barcelone, en juillet 1936, frère Sennen est malade. Il se réfugie d’abord au consulat de France puis à l’hôpital de la Croix Rouge, où il demeure jusqu’en octobre. Il est ensuite rapatrié sur Marseille où il est hospitalisé. Quitter l’Espagne est alors une véritable déchirure. Dans l’espoir d’y revenir un jour, il laisse son herbier à la faculté des sciences de Barcelone, où il est toujours conservé aujourd’hui. Il entre le 9 novembre 1936 à la maison de retraite des frères des écoles chrétiennes, à Saint-Louis. Il y décède le 16 janvier 1937.
218Frère Sennen est l’auteur de quatre espèces valides de la flore de France. Trois d’entre elles sont endémiques des Pyrénées orientales, où il les a découvertes. Il a découvert la quatrième, Centaurea vinyalsii Sennen284, présente au Portugal, en Espagne, en France et en Italie, au cours d’une herborisation dans les environs de Barcelone, sur les routes de Rubi et Sabadell.
Louis VERGUIN (1868-1936)
219Louis Verguin naît le 26 mars 1868 à Marmande, dans le Lot-et-Garonne, où sa famille possède de vastes terres. Son père, Abdon Verguin, passionné par tout ce qui touche à l’agriculture, l’initie très tôt à la botanique. Après de brillantes études successivement effectuées à Marmande, Agen puis Bordeaux, Louis Verguin, doué pour les mathématiques, réussit le concours de l’École polytechnique en 1890. À sa sortie, il est affecté dans l'artillerie, au 18ème régiment de Toulouse, puis, en juin 1895, dans la 14ème batterie d’artillerie à pied, à Nice. C’est là qu’il rencontre celui qui va devenir son plus fidèle ami, le capitaine Alfred Saint-Yves (1855-1933), ancien polytechnicien et de treize ans son aîné. Leur amitié vit de leur sincère plaisir d’être ensemble mais avant tout de leur attirance commune pour la botanique.
220C’est au cours d’une promenade du soir, dans les environs de leur campement, très exactement à Beuil, dans les Alpes-Maritimes, que Louis Verguin et Alfred Saint-Yves rencontrent le botaniste genevois John Briquet (1870-1931). Par son intermédiaire, ils ont la chance de faire la connaissance d’Émile Burnat (1828-1920), l’un des maîtres de la flore des Alpes maritimes et instigateur du fameux Syndicat botanique alpo-maritime dont le but est l’exploration de la flore de cette région franco-italienne. Affecté à Bordeaux en 1900, Louis Verguin doit attendre son congé de l’été 1902 pour participer à sa première excursion avec les membres du Syndicat : en compagnie d’Émile Burnat, John Briquet, Alfred Saint-Yves et François Cavillier (1868-1953), alors conservateur de l’herbier d’Émile Burnat, il explore différents lieux des Alpes-Maritimes tels que le col de Crous, le col de Pal ou le Mont-Mounier.
221La première publication botanique de Louis Verguin ne se rapporte pas à la flore des Alpes maritimes mais à celle des Charentes maritimes : il s’agit d’un Compte-Rendu d’une excursion botanique à Rochefort, Châtelaillon et à l’ile de Ré (1900)285. À Bordeaux, il fait la rencontre de Neyraut, ancien employé des Chemins de fer devenu préparateur à la faculté des sciences de Bordeaux. Auprès de lui, il entreprend l’étude du groupe des Saxifrages dits dactyloïdes : même s’il ne signe aucun article sur ce groupe, il participe à plusieurs excursions dans les Pyrénées au début des années 1910, alors qu’il réside à Castres, notamment en compagnie de l’abbé Joseph Soulié (1868-1930) ; il communique régulièrement des plantes à Dominique Luizet (1851-1930), botaniste installé dans les Deux-Sèvres et spécialiste des Saxifrages dactyloïdes.
222Affecté à Toulon de 1903 à 1906, Louis Verguin explore activement la Provence à laquelle il consacre trois articles entre 1904 et 1907. Le premier nom botanique qu’il crée, en 1904, à savoir l’hybride Fumaria burnatii, issu du croisement de Fumaria agraria Lagasca et de Fumaria capreolata Linné, est l’occasion de rendre hommage à celui qu’il considère à juste titre comme son premier maître286. En 1906, il devient membre de la Société botanique de France. La même année, il est de nouveau affecté au 9ème régiment d’artillerie de Castres. Il y demeure jusqu’à la veille de la guerre, en juin 1914, date à laquelle il est nommé chef d’escadron dans le 61ème régiment d’artillerie, à Verdun. Il profite de son séjour à Castres pour herboriser dans la Montagne Noire et les Pyrénées. Les explorations qu’il effectue à partir de Castres, dans la Montagne Noire et les Pyrénées, lui donnent de la matière pour deux nouveaux articles de systématique botanique qui paraissent en 1908 et 1910.
223Son sens du devoir est exemplaire tout au long de la guerre. Blessé le 6 avril 1915, Louis Verguin tient à rester à son poste. La croix de guerre, trois citations à l’ordre de l’armée et la promotion au grade de colonel au lendemain des combats rendent compte de la confiance et de l’estime qu’on lui porte. Les années d’après-guerre sont consacrées à l’établissement d’un nouvel herbier : il a perdu le sien au cours du bombardement de Verdun. Successivement affecté aux centres d’études tactiques d’artillerie de Metz, en 1918, puis de Versailles, en 1923, il profite de ses vacances pour explorer les Pyrénées : en 1921, il signe un nouvel article en collaboration avec son ami E.-J. Neyraut et où il est question de la découverte d’une plante nouvelle pour les Pyrénées, Pedicularis rosea Wulfen, qui n’était alors connue que dans les Alpes287.
224Au gré de ses affectations, Louis Verguin retourne autant qu’il le peut dans ses chères Pyrénées : en mars 1926, il est nommé général de brigade au commandement de l’artillerie de la 19ème division, à Rennes ; en janvier 1927, il commande l’artillerie du 17ème corps d’armée, à Toulouse. Enfin, il devient général de réserve en mars 1928, date à laquelle il s’installe définitivement dans sa propriété du Clos Bel-Air, non loin de Toulon. Il entend y mener une vie tranquille exclusivement consacrée à la botanique, mis à part au moment des vacances où il reçoit ses enfants et petits-enfants. Une congestion cérébrale dont il est victime en septembre 1930 l’affecte physiquement et moralement. Elle anéantit tous ses espoirs. Il ne trouve la force de rédiger qu’un seul et ultime article concernant la découverte d’un nouvel hybride de Ciste288.
225Peu de temps après ses amis John Briquet, mort en 1931, et Alfred Saint-Yves, mort en 1933, le général Louis Verguin décède le 26 mai 1936, à son domicile du Clos Bel-Air. Il laisse à tous ses compagnons d’excursions le souvenir d’un homme autant courageux qu’enthousiaste, comme en témoigne cet extrait d’une lettre que John Briquet lui adresse après l’exploration de l’été 1902 : “Dorénavant, quand nous voudrons décrire la ‘forme-type’ d’un botaniste enthousiaste, d’un herborisant à l’œil alerte, d’un marcheur infatigable, d’un montagnard sobre qui mange bien, boit peu et ne fume jamais, d’un compagnon dévoué dont l’inaltérable bonne humeur plane au-dessus de tous les incidents de la vie en montagne, nous citerons tout court : le capitaine Verguin”289.
226Louis Verguin est l’auteur d’une seule espèce valide de la flore de France, Serapias olbia Verguin290, une Orchidée endémique du Var qu’il a découverte le 24 avril 1904 “dans les prairies maritimes qui entourent la rade d’Hyères et plus spécialement dans l’isthme de Gien”291.
Bibliographie
227Verguin (J.), “Le General Louis Vergin (1868-1936)”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 84, 1937, pp. 153-157.
Joseph, Auguste, Louis SOULIÉ (1868-1930)
228Joseph Soulié naît le 4 mai 1868 aux Vialettes, sur la commune de Salles-Curan, dans l’Aveyron. Peu de temps après sa naissance, son père décide de s’installer comme garçon de ferme à Bonneviale, une petite propriété de la commune d’Arvieu. Après le décès précoce de sa mère, l’enfant est confié au curé de la paroisse. Il lui doit une grande part de son éducation et de sa destinée : c’est auprès de lui qu’il apprend le latin ; c’est grâce à son soutien qu’il entre au collège de Graves près Villefranche-de-Rouergue, à l’âge de dix ans. Là, sous l’ascendance du père Jean-Baptiste, professeur de sciences, il s’adonne à la botanique et aux mathématiques. Les belles-lettres ne l’intéresseront pour ainsi dire jamais. À son entrée au Grand Séminaire de Rodez, en 1886, il possède déjà un copieux herbier. C’est en 1888, à Salles-Curan, qu’il fait la rencontre de l’abbé Hippolyte Coste (1858-1924) : ils herborisent ensemble durant une journée entière et se lient d’une amitié que seule la mort interrompra.
229Lorsqu’il sort du Grand Séminaire, avec le grade de bachelier ès sciences, il commence par être aumônier des pauvres, avant d’être ordonné prêtre en 1892 et de devenir professeur de sciences dans des institutions catholiques, durant une vingtaine d’années. Il exerce successivement dans les collèges de Saint-Geniès-d’Olt en Aveyron de 1891 à 1893, Pamiers en Ariège en 1894, Espalion en Aveyron en 1895, de nouveau Saint-Geniès-d’Olt de 1896 à 1904, Saint-Pons dans l’Hérault de 1905 à 1907, puis Ardouanne dans l’Hérault de 1908 à 1910. L’abbé Soulié n’attend pas la fin de sa carrière pour se rendre à l’évidence : il n’est pas fait pour le professorat. Sans aucune autorité naturelle, extrêmement timide, il se ferait presque chahuter. Il consacre la majeure partie de son temps libre à la botanique, son unique occupation après le service de Dieu. Grand, maigre, robuste, il n’hésite pas à parcourir cinquante kilomètres à pied, à dormir à la belle étoile, ou à marcher de nuit pour rejoindre un lieu d’herborisation. Sa région de prédilection est le sud du Massif central, notamment l’Aubrac dont il connaît les moindres secrets. Un grand nombre de ces excursions botaniques sont effectuées en compagnie de l’abbé Coste, à qui il revient de publier les découvertes de nouvelles localités de son jeune ami, comme dans les Notes sur deux cents plantes nouvelles pour l’Aveyron (1897). Us signent ensemble un Catalogue des plantes, ou Florule du Val d’Aran (1913)292. L’abbé Soulié ne rédige aucune publication seul.
230En 1910, l’abbé Soulié quitte définitivement le professorat : grâce à l’abbé Coste, il vient d’être employé en qualité de chapelain au château de Courbelimagne près Raulhac, dans le Cantal. Courbelimagne est la propriété de feu Henri Jordan de Puyfol (1829-1891), riche collectionneur de plantes en herbier, cousin d’Alexis Jordan (1814-1897) et fidèle ami de l’un des meilleurs spécialistes de la flore d’Auvergne, frère Joseph Héribaud (1841-1917), originaire de Pradayrols, dans le Cantal. C’est pour ranger l’herbier de son père que mademoiselle Jordan demande à l’abbé Soulié de s’installer comme aumônier en son château de Courbelimagne. Comme il ne peut transporter son propre herbier chez sa “maîtresse”, faute de place, il le lègue à son ami de Saint-Paul-des-Fonts : il débarque chez l’abbé Coste le 20 décembre 1912 au soir, avec près d’une demi-tonne de plantes séchées. L’année de son installation au service de mademoiselle Jordan de Puyfol, il rencontre Dominique Luizet (1851-1930), de nouveau grâce à l’abbé Coste, au cours d’une excursion qu’ils effectuent tous les trois dans les Pyrénées-Orientales. Il récoltera de nombreux saxifrages des Pyrénées pour son nouvel ami, notamment en compagnie de Louis Verguin (1868-1936) : dans les Hautes-Pyrénées et l’Ariège, en 1911 et 1912, puis en Catalogne et en Aragon, en 1913 et 1914.
231Le début de la guerre met fin aux excursions de l’abbé Soulié. Ses voyages et ses nombreuses nuits passées à la belle étoile l’ont épuisé. On découvre en 1920 qu’il est atteint de tuberculose : il quitte Courbelimagne dans les premiers mois de l’année 1921 pour Amélie-les-Bains puis le sanatorium d’Engayresque, en son pays aveyronnais, avant de s’installer définitivement dans une maison de retraite pour prêtres infirmes ou âgés, en octobre 1922, à Rivière-sur-Tarn. N’ayant jamais rien possédé, ni argent ni biens, ses seules richesses sont ses souvenirs d’herborisations. L’abbé Soulié s’éteint le 15 octobre 1930, à soixante-deux ans, à Rivière-sur-Tarn.
232L’abbé Soulié est l’auteur d’une espèce valide de la flore de France, Saxifraga hariotii Luizet et Soulié293, endémique des Pyrénées orientales. Le lecteur trouvera plus de détails concernant cette découverte dans la biographie consacrée à Dominique Luizet.
Bibliographie
Guétrot (Dr.), Soulié, Gap : impr. Louis Jean, 1933, 8 p.
Notes de bas de page
1 Coste (Hippolyte), Flore descriptive et illustrée de la France, Paris : Paul Klincksieck, 1901-1906, 3 vols.
2 Bonnier (Gaston), Flore complète illustrée en couleurs de la France, Suisse et Belgique, Paris : E. Orlhac ; Neuchâtel : Delachaux et Niestlé ; Bruxelles : J. Lebègue, 1912-1935, 13 vols ; Robert-Charles-Victor Douin a participé à la rédaction des sept derniers volumes.
3 Cité par Saint-Lager (Jean-Baptiste), “Alexis Jordan”, Bulletin de la Société botanique de Lyon, t. 22, 1897, p. 33.
4 Jordan (Alexis), Remarques sur le fait de l’existence en société, à l'état sauvage, des espèces végétales affines et sur d’autres faits relatifs à la question de l’espèce, Lyon : impr. Pitrat aîné, 1873, p. 4.
5 Jordan (Alexis), Observations sur plusieurs plantes nouvelles, rares ou critiques, premier fragment, Paris : Maison ; J.-B. Baillière ; Leipzig : T. O. Weigel, 1846, t. 1, 47 p., 5 pls.
6 Jordan (Alexis), “Diagnoses d’espèces nouvelles ou méconnues, pour servir de matériaux à une flore réformée de France et des contrées voisines”, Annales de la Société linnéenne de Lyon, 2ème série, t. 7, 1860, pp. 373-518.
7 Idem, p. 373.
8 Idem, p. 375.
9 Idem, p. 376.
10 Jordan (Alexis), “Diagnoses d’espèces nouvelles ou méconnues...”, art. cit., p. 388.
11 La croyance d’Alexis Jordan est intransigeante et conservatrice. Il est contre toute idée de République et ne reconnaît que la souveraineté de la Sainte Église romaine. C’est en raison de ses idées qu’il est mêlé à l’un des fameux scandales des années 1890, l’affaire des Annales de Loigny. C’est lors d’un séjour chez l’un des oncles de sa mère, à Beaumont, près de Loigny, dans l’Eure-et-Loir, qu’Alexis Jordan se lie d’amitié avec ce qu’il est convenu d’appeler la bande de Loigny, composée de quelques personnages nostalgiques d’une Église autoritaire et omnipotente ; en apparence, tout au moins, car ils ne sont en réalité que des malfrats avides d’argent. Lorsque les abonnements aux Annales de Loigny ne leur permettent plus de recueillir suffisamment de fonds – Alexis Jordan fait bien entendu partie des abonnés-, et après l’interdiction du périodique par l’Église, deux d’entre eux décident de passer à une action de plus grande envergure : ils partent pour Rome afin d’y rencontrer le pape Léon XIII, persuadés que ce dernier est incapable d’agir à sa guise par manque d’hommes de confiance. Ils y vivent à partir de juillet 1891, dans l’espoir d’une audience, entièrement aux frais d’Alexis Jordan. Enfin, en janvier 1893, las d’attendre le Saint-Père, ils décident de faire croire à Alexis Jordan que le pape Léon XIII est un faux pape et que le vrai est prisonnier dans les caves du Vatican. À l’annonce de cette nouvelle, le sang de notre pieux botaniste ne fait qu’un tour : il leur transmet tout l'argent dont ils ont besoin pour libérer le vrai Léon XIII. Les escrocs se dénoncent eux-mêmes en dévoilant leur folle intrigue dans de nouveaux volumes des Annales de Loigny, entre avril et mai 1893. Alexis Jordan qui, dans l’affaire, a été la seule véritable victime, ne porte pas plainte contre eux. 11 n’en est pas moins excommunié – ce qui ne l’empêche pas d’avoir un enterrement religieux. Ce scandale, qui défraie la chronique durant plusieurs semaines, sert de trame à André Gide (1869-1951) pour son roman intitulé Les Caves du Vatican. Voir Vèze (Laurence), Alexis Jordan, du Jardin de Villeurbanne aux Caves du Vatican, Paris : Vrin, 1992, 140 p.
12 Jordan (Alexis), “Diagnoses d’espèces naturelles et méconnues...”, art. cit., p. 382.
13 Jordan (Alexis), Observations sur plusieurs plantes nouvelles, rares ou critiques, Paris : Maison ; J.-B. Baillière ; Leipzig : T. O. Weigel, 1846-1849, 7 vols ; Jordan (Alexis), Pugillus plantarum novarum prœsertim gallicarum, Paris : J.-B. Baillière, 1852, 148 p. ; Jordan (Alexis), De l’origine des diverses variétés ou espèces d’arbres fruitiers et autres végétaux généralement cultivés pour les besoins de l’homme, Paris : J.-B. Baillière, 1852, III + 97 p. ; Jordan (Alexis), Mémoire sur l’Aegilops triticoides et sur les questions d’hybridité, Paris : J.-B. Baillière, 1856, 69 p. ; Jordan (Alexis), Diagnoses d’espèces nouvelles ou méconnues, [les cent cinquante-cinq premières pages de cet ouvrage ont été publiées dans les Annales de la Société linnéenne de Lyon, 2ème série, t. 2, 1860, pp. 373-518], Paris : F. Savy, 1864, 355 p. ; Jordan (Alexis), Remarques sur le fait de l’existence en société, à l’état sauvage des espèces végétales affines et sur d’autres faits relatifs à la question d’espèce, Lyon : impr. Pitrat aîné, 1873, 23 p.
14 Originaire de Lyon, Pierre-Jules Fourreau (1844-1871) effectue sa scolarité chez les frères minimes où Claude-Benoît Madenis (1798-1863) lui transmet son intérêt pour la botanique. En plus des ouvrages qu’il publie en collaboration avec Alexis Jordan, on lui doit un Catalogue des plantes qui croissent spontanément le long du cours du Rhône (Annales de la Société linnéenne de Lyon, t. 16, 1868, pp. 301-304 ; t. 17, 1869, pp. 89-200). Il meurt le 16 janvier 1871 à l’hôpital de Beaune, des suites d’une blessure reçue au cours d’une bataille de la guerre franco-prussienne, à Nuits, en décembre 1870. Aucune des espèces qu’Alexis Jordan et Jules-Pierre Fourreau ont nommées en collaboration n’est aujourd’hui valide.
15 Jordan (Alexis), Fourreau (Jules-Pierre), Breviarum plantarum novarum, Paris : F. Savy, 1866-1868, 2 vols.
16 Jordan (Alexis), Fourreau (Jules-Pierre), Icones ad Floram Europæ, Paris : F. Savy, 1866-1903, 3 vols.
17 Jordan (Alexis), “Notice sur plusieurs plantes nouvelles”, in Schultz (Friedrich), Archives de la Flore de France et d’Allemagne, t. 2, 1855, p. 347.
18 Jordan (Alexis), “Diagnoses d’espèces nouvelles ou méconnues...”, art. cit., p. 298.
19 Jordan (Alexis), Observations sur plusieurs plantes nouvelles, rares ou critiques, op. cit., 1846, t. 3, p. 138.
20 Idem, p. 241.
21 L’amitié entre Ernest Germain de Saint-Pierre et Ernest Cosson est définitivement scellée lorsque le comte Hippolyte Jaubert (1798-1874) et Édouard Spach (1801-1879) – un autre célèbre duo de la botanique française – nomment le genre Diserneston en leur hommage.
22 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Observations sur quelques plantes critiques des environs de Paris, Paris : L. Bouchard-Huzard, 1840, VIII + 68 p., 2 pls.
23 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Introduction à une flore analytique et descriptive des environs de Paris, Paris : Fortin, Masson et Cie, 1842, 163 p.
24 Hugh Weddell (1819-1877) est un médecin britannique installé en France. Il explore l’Amérique du Sud en compagnie d’Adrien de Jussieu entre 1843 et 1848. Il est aide-naturaliste au Muséum national d’histoire naturelle entre 1850 et 1857, date à laquelle il décide de se retirer à Bagnères-de-Bigorre, patrie du botaniste Xavier Philippe (1802-1866), directeur de la bibliothèque de la ville, avant d’aller s’installer à Poitiers, où il meurt.
25 Mérat (François-Victor), Nouvelle flore des environs de Paris, 1ère éd., Paris : Méquignon-Marvis, 1812, III + XXXVII + 420 p.
26 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Supplément au Catalogue raisonné des plantes des environs de Paris précédé d’une réponse au livre de M. Mérat, intitulé Revue de la Flore parisienne, Paris : Fortin, Masson et Cie, 1843, 94 p.
27 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), “Observations sur les genres Filago et Logfia et description d’une nouvelle espèce du genre Filago”, Annales des Sciences naturelles, t. 20, 1843, pp. 283-292 ; Cosson (Ernest), Germain (Ernest), “Description d’un Marrubium observé dans les environs de Paris”, Annales des Sciences naturelles, t. 20, 1843, p. 293.
28 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Flore analytique et descriptive des environs de Paris, Paris : Fortin ; Masson, 1845, 2 vols.
29 Bauhin (Gaspard), Pinax theatri botanici, Basilae Helvet: sumptibus et typis Ludovici Regis, 1623, 12 + 522 + 22 p.
30 Vaillant (Sébastien), Botanicon Parisiense, Leiden : Jean & Hermann Verbeek, 1727, III + XII + 205 p., 33 pls.
31 Fuchs (Leonhard), De historia stirpium commentarii insignes, Basel : Isingrin, 1542, 896 p.
32 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Synopsis de la flore analytique et descriptive des environs de Paris, Paris : Fortin ; Masson, 1845, XXXI + 275 p.
33 On trouvera une liste complète de ces travaux dans Germain (Ernest), Notice sur les mémoires et les ouvrages de botanique publiés par Μ. E. Germain de Saint-Pierre, Paris : impr. Mallet-Bachelier, 1855, 20 p.
34 Germain (Ernest), Guide du botaniste, Paris : Masson, 1852, 2 vols.
35 Germain (Ernest), Nouveau dictionnaire de botanique, Paris : J. Baillière et fils, 1870, XVI + 1388 p.
36 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Observations sur quelques plantes critiques des environs de Paris, op. cit., p. 18.
37 Verlot (Jean-Baptiste), Catalogue des plantes cultivées au Jardin botanique de la ville de Grenoble, Grenoble : Maison-ville, 1857, IV + 100 p. Pour une liste complète des travaux de Jean-Baptiste Verlot, voir Carlet (Gaston), Jean-Baptiste Verlot, Grenoble : Xavier Drevet, 1891, p. 5.
38 Verlot (Jean-Baptiste), Cours d’horticulture, Grenoble : Prudhomme, 2 vols.
39 Verlot (Jean-Baptiste), “Herborisations aux environs de Grenoble”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 7, 1860, pp. 602-605.
40 Verlot (Jean-Baptiste), “Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dauphiné”, Bulletin de la Société de Statistiques du Département de l’Isère, série 3, t. 3, 1872, pp. 1-408 ; Verlot (Jean-Baptiste), “Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dauphiné (Appendice)”, Bulletin de la Société de Statistiques du Département de l’Isère, série 3, t. 11, 1882, pp. 17-66.
41 Villars (Dominique), Histoire des plantes du Dauphiné, Grenoble : chez l’auteur ; Paris : Prévost ; Lyon : les frères Périsse, 1786-1789, 3 vols.
42 Mutel (Auguste), Flore du Dauphiné, Paris : Treuttel et Wurtz, 1830, 2 vols. On doit également à Auguste Mutel une Flore française (Paris : F.-G. Levrault, 1834-1838, 4 vols).
43 Franchet (Adrien), Flore de Loir-et-Cher, Blois : E. Constant, 1885, LXXVIII + 792 p. ; Franchet (Adrien), Enumeratio plantarum in Japonica sponte cresentium, Paris : F. Savy, 1875-1879, 2 vols ; Franchet (Adrien), Plantae davidianae ex sinarum imperio, Paris : G. Masson, 1884-1888, 2 vols.
44 Narcisse Patouillard (1854-1926) effectue des études de pharmacie à Paris. Il vit successivement à Poligny, de 1881 à 1884, à Fontenay-sous-Bois en 1884 et 1885, à Paris entre 1886 et 1898, puis à Neuilly à partir de cette date. On lui doit beaucoup de travaux sur les champignons. Citons par exemple Les Hyménomycètes d’Europe (Paris : Paul Klincksieck, 1887, XI + 166 p.) et Les Champignons de l’Équateur (Lons-le-Saunier : Lucien Declume, 1891-1895, 5 vols).
45 Jordan (Alexis), “Notice sur plusieurs plantes nouvelles”, in Schultz (Friedrich), Archives de la Flore de France et d’Allemagne, t. 2, 1855, p. 347.
46 Idem.
47 Timbal-Lagrave (Édouard), “Observations botaniques : Viola bubanii Timbal-Lagrave ; Genista tetragona Villars”, Actes du Congrès scientifique de France, 19ème session, t. 1, 1852, p. 279.
48 On trouvera une liste complète des travaux d’Édouard Timbal-Lagrave dans Marçais (Éd.), “Ernest Jeanbernat et Édouard Timbal-Lagrave”, Revue de Botanique, t. 7, 1889, pp. 358-368 ; Baillet (M.), “Notice sur la vie et les travaux d’Édouard Timbal-Lagrave”, Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. 11, 1889, pp. 25-35. Édouard Timbal-Lagrave a fait paraître des travaux dans seize revues, qui sont, par ordre du nombre d’articles publiés : le Bulletin de la Société botanique de France ; les Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse ; les Annales de la Société d’Horticulture de la Haute-Garonne ; les Comptes-Rendus de l’Académie de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse ; le Bulletin de la Société des Sciences physiques et naturelles de Toulouse ; le Bulletin de la Société dauphinoise ; le Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse ; le Bulletin mensuel de la Société française de Botanique ; le Scrinia Floræ Selectœ de Charles Magnier, bibliothécaire et directeur du Jardin botanique de Saint-Quentin (Aisne) ; les Archives de la Flore de France et d’Allemagne ; les Actes du Congrès scientifique de France ; le Recueil de la Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron ; les Annotations à la Flore de France et d’Allemagne de Constant Billot (1796-1863) ; le Bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales ; les Mémoires de l’Association française pour l’Avancement des Sciences ; le Journal d’Agriculture pratique et d’Économie rurale pour le Midi de la France.
49 On doit à Arrondeau deux travaux sur la flore des environs de Toulouse : la Flore toulousaine (Toulouse : Gimet, 1854, XX + 282 p.) et des “Études sur la flore de Toulouse, monographie du genre Rosa” (Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, t. 16, 1849, pp. 286-303).
50 Édouard Filhol (1814-1883) est spécialiste des eaux minérales pyrénéennes. Son fils Henri Filhol (1843-1902) est professeur de zoologie à la faculté des sciences de Toulouse puis titulaire de la prestigieuse chaire d’Anatomie comparée – l’ancienne chaire de Cuvier – au Muséum national d’histoire naturelle entre 1894 et 1902. Il participe à la campagne du Talisman dans les mers du Sud, en 1883.
51 Casimir-Célestin Baillet (1820-1900) effectue des études vétérinaires à Alfort. D’abord vétérinaire militaire entre 1847 et 1849, il devient ensuite professeur à l’école vétérinaire de Toulouse dont il devient le directeur en 1878. On lui doit notamment un “Essai monographique sur les espèces du genre Galium des environs de Toulouse” (Mémoires de l’Académie des Sciences de Toulouse, série 5, t. 6, 1862, pp. 217-251) et, en collaboration avec Édouard Filhol, des Études sur l’ivraie enivrante (Lolium temulentum L.) (Toulouse : Jean Pradel, 1863-1864, 2 vols).
52 C’est à Édouard Timbal-Lagrave que l’on doit d’avoir sauvé de l’oubli ce grand botaniste narbonnais exilé en Espagne sous la Révolution : Timbal-Lagrave (Édouard), “Reliquiæ Pourretianæ”, Bulletin de la Société des Sciences physiques et naturelles de Toulouse, t. 2, 1874, pp. 1-148.
53 Le comte Victor de Martrin-Donos est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la flore du Tarn : Martrin-Donos (Victor de), Herborisations dans le Midi de la France, Montauban : Lapie-Fontanel, 1855, 28 p. ; Martrin-Donos (Victor de), Plantes critiques du département du Tarn, Toulouse : A. Chauvin, 1862, 32 p. ; Martrin-Donos (Victor de), Florule du Tarn, Paris, J.-B. Baillière et fils, 1864-1867, 2 vols [le deuxième volume a été rédigé en collaboration avec Ernest Jeanbernat (1835-1888)1.
54 Angel Lucante est notamment l’auteur d’une Étude sur la flore du Gers (Auch : G. Foix, 1863, 29 p.).
55 Cette flore est une œuvre posthume qui a été publiée grâce aux soins de l’abbé Marçais : Timbal-Lagrave (Édouard), “Flore des Corbières”, Bulletin de la Société des Sciences physiques et naturelles de Toulouse, t. 9, 1889, pp. 1-147.
56 Timbal-Lagrave (Édouard), “Précis des herborisations faites par la Société d’histoire naturelle de Toulouse pendant l’année 1869”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse, t. 3, 1869, p. 129.
57 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Flore analytique et descriptive des environs de Paris, Paris : Fortin ; Masson, 1845, 2 vols. Pour la liste de ces articles et pour les commentaires concernant la Flore des environs de Paris, nous invitons le lecteur à se reporter à la biographie consacrée à Ernest Germain de Saint-Pierre.
58 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Synopsis analytique de la flore des environs de Paris, 1ère éd., Paris : Fortin ; Masson, 1845, XXXI + 276 p. ; Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Synopsis analytique de la flore des environs de Paris, 2ème éd., Paris : Victor Masson, 1859, XLVIII + 582 p. La troisième édition de ce Synopsis (Paris : G. Masson, 1876, L + 646 p.) est un retirage de la deuxième édition.
59 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Flore analytique et descriptive des environs de Paris, 2ème éd., Paris : Victor Masson et fils, 1861, LIV + 962 p. Cette deuxième édition ne comporte plus l’atlas qui constituait le deuxième volume de l’édition de 1845.
60 Cosson (Ernest), Kralik (Jean-Louis), Catalogue des plantes en Syrie et en Palestine, Paris : Gide et J. Baudry, 1854, VII + 20 p.
61 Cosson (Ernest), “Rapport sur un voyage botanique en Algérie, d’Oran au Chott-el-Chergui”, Annales des Sciences naturelles, Botanique, 3ème série, t. 19, 1853, pp. 83-140 ; 4ème série, t. 1, 1854, pp. 220-241 ; Cosson (Ernest), “Notes sur quelques espèces nouvelles d’Algérie”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 2, 1855, pp. 303-312, 364-368 ; t. 3, 1856, pp. 670-676, 704-709, 737-745 ; t. 4, 1858, pp. 11-19, 522-525 ; t. 9, 1962, pp. 167-176, 295-299 ; Cosson (Ernest), “Rapport sur un voyage botanique en Algérie, de Philippeville à Biskra et dans les monts Aurès”, Annales des Sciences naturelles, Botanique, 4ème série, t. 4, 1855, pp. 198-294 ; t. 5, 1856, pp. 15-74, pl. 1 ; Cosson (Ernest), Itinéraire d’un voyage botanique en Algérie exécuté en 1856 dans le sud des provinces d’Oran et d’Alger, Paris : impr. de L. Martinet, 1857, IV + 107 p. ; Cosson (Ernest), Notes sur quelques plantes rares et nouvelles recueillies en 1854 par M. L. Kralik dans le sud de la régence de Tunis, Paris : impr. de L. Martinet, 1857, VII + 66 p. ; Cosson (Ernest), Durieu de Maisonneuve (Charles), Introduction à la flore d’Algérie, Phanérogamie, groupe des Glumacées, Paris : Librairie impériale, 1854-1967, 2 vols ; Cosson (Ernest), “Note sur la géographie botanique du Maroc”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 20, 1873, pp. 49-61 ; Cosson (Ernest), “Species novae Maroccanae”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 21, 1874, pp. 239-261 ; Cosson (Ernest), Le Règne végétal en Algérie, Paris : A. Quantin, 1879, III + 75 p. ; Cosson (Ernest), Compendium florae atlanticae, Paris : impr. nationale, 1881-1887, 2 vols ; Cosson (Ernest), Barratte (J.-F.-G.), Illustrationes florae atlanticae, Paris : impr. nationale, 1882-1897, 2 vols ; Cosson (Ernest), “Exploration scientifique de la Tunisie”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 32, 1885, pp. 296-304.
62 Cosson (Ernest), Germain (Ernest), Observations sur quelques plantes critiques des environs de Paris, op. cit., p. 18.
63 Cosson (Ernest), Notes sur quelques plantes critiques, rares ou nouvelles, Paris : Victor Masson, 1850, p. 63.
64 Cosson (Ernest), “Notes sur quelques espèces nouvelles ou critiques”, Annales des Sciences naturelles, Botaniquec ,3ème série, t. 7, 1847, p. 205.
65 Lecoq (Henri), Lamotte (Martial), Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Plateau central de la France, Paris ; Leipzig : Victor Masson, 1847, 440 p.
66 Lamotte (Martial), Catalogue des plantes vasculaires de l’Europe centrale, Paris : J.-B. Baillière ; Londres : H. Baillière, 1847, 103 p.
67 Lamotte (Martial), “Étude sur le genre Sempervivum”, Mémoires de l’Académie des Sciences de Clermont-Ferrand, t. 6, 1864, pp. 257-311.
68 Lamotte (Martial), Prodrome de la flore du Plateau central de la France, Paris : Masson, 1877-1881, 2 vols.
69 Pailloux (Pierre-Hippolyte), “Catalogue des plantes de la Creuse”, Mémoires de la Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. 1, 1843, pp. 13-26.
70 Le Grand (Antoine), Statistique botanique du Forez, Saint-Étienne : Veuve Théolier, 1873, 290 p. 3. Boreau (Alexandre), Flore du Centre de la France, 3ème éd., Paris : Librairie encyclopédique Roret, 1857, 2 vols.
71 Migout (Abel), Flore du département de l’Ailier, Moulins : A. Ducroux et Gourjon, 1866, XXIV + 415 p., 24 pls. On lui doit également, en collaboration avec Alexandre Pérard (1834-1887), une “Excursion botanique dans les montagnes du Bourbonnais” (Bulletin de la Société d’Émulation de l’Allier, t. 16, 1881, pp. 572-588).
72 Cessac (Télémaque de), “Catalogue des plantes vasculaires de la Creuse”, Mémoires de la Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. 3, 1861, pp. 283-321 et 401-451.
73 Lamotte (Martial), Prodrome..., op. cit., t. 2, p. 595.
74 Pomel (Auguste), “Essai de coordination des terrains tertiaires du département du Puy-de-Dôme avec ceux du Nord de la France”, Annales des Sciences, Littérature et Industrie de l’Auvergne, t. 15, 1842, pp. 171-200.
75 Pomel (Auguste), “Notices des Carnassiers à canines comprimées et tranchantes trouvés dans les alluvions du val d’Arno et de l’Auvergne”, Bulletin de la Société géologique de France, lère série, t. 14, 1843, pp. 29-36 ; Pomel (Auguste), “Nouvelles observations sur la paléontologie des terrains meubles de la Limagne d’Auvergne”, Bulletin de la Société géologique de France, lère série, t. 14, 1843, pp. 206-217.
76 On trouvera une liste complète de ces travaux dans Ficheur (E.), “Notice biographique sur Auguste Pomel”, Bulletin de la Société géologique de France, t. 27, 1899, pp. 191-223.
77 Pomel (Auguste), Contribution à l’étude des Crucifères, deuxième thèse pour le doctorat ès sciences, Alger : Jourdan, 1883, 24 p.
78 Pomel (Auguste), Paléontologie, ou Description des Animaux de l’Algérie, Échinodermes, Alger : Jourdan, 1885-1887, 2 vols.
79 Pomel (Auguste), Série de monographies des Vertébrés fossiles de l’Algérie, Alger : Fontana, 1893-1898, 13 vols.
80 Pomel (Auguste), Matériaux pour la flore atlantique, Caen : Dedebaut et Alexandre, 1860, 16 p. Dans le titre de cet ouvrage, l’adjectif “atlantique” fait référence à l’ancienne Flora atlantica (Paris : Desgranges, 1798-1799, 2 vols) de René Desfontaines (1750-1833) pour qui l’Afrique du Nord représentait les restes de l’Atlantide, ancien continent englouti.
81 Pomel (Auguste), Nouveaux matériaux pour la flore atlantique, Paris : Savy ; Alger : Juillet Saint-Lager, 1874, 400 p.
82 Idem, p. 59.
83 Idem, p. 90.
84 Idem, p. 240.
85 Charles Naudin (1815-1899) effectue ses études de médecine à Montpellier. Il devient aide-naturaliste de Félix-Archimède Pouchet (1800-1872), hétérogéniste, farouche opposant de Louis Pasteur (1822-1895) et alors directeur du Musée d’histoire naturelle et du Jardin botanique de Rouen. Il devient aide-naturaliste de la chaire des Cultures au Muséum national d’histoire naturelle, auprès du professeur Joseph Decaisne (1807-1882), entre 1854 et 1878, puis directeur du Jardin botanique d’Antibes. Il publie de nombreux travaux dans des domaines variés de la botanique mais reste surtout célèbre pour ses recherches sur l’hérédité.
86 Planchon (Jules-Émile), Mémoire sur le développement et les caractères des vrais et des faux arilles, suivi de considérations sur les ovules de quelques Véroniques et de l’Avicennia, Thèse pour le doctorat ès sciences, Montpellier : impr. Bœhm, 1844, 53 p., 3 pls ; Planchon (Jules-Émile), Histoire d’une larve aquatique du genre Simulium, deuxième thèse pour le doctorat ès sciences, Montpellier : impr. Bœhm, 1844, 15 p.
87 On trouvera une bibliographie complète de Jules-Émile Planchon dans Flahault (Charles), L’Œuvre de Jules-Émile Planchon, Montpellier : typographie et lithographie Charles Bohm, 1889, pp. XII-XXX. Il convient de noter que les travaux de Jules-Émile Planchon ont été publiés dès le début dans les meilleures revues de l’époque : les Annales des Sciences naturelles ; le Journal of Botany ; les Proceedings of the Linnean Society ; les Annals and Magazine of Natural History ; les Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences.
88 La relation entre Joseph Decaisne et l’horticulteur flamand s’explique bien entendu par sa renommée mais également par ses origines belges.
89 Au cours de cette période, il publie également un article dans le Journal of Botany et trois dans les Annales des Sciences naturelles.
90 Planchon (Jules-Émile), Des limites de la concordance entre les formes, la structure, les affinités des plantes et leurs propriétés médicinales, thèse présentée à la faculté de médecine de Montpellier, Montpellier : [s.n.], 1851, 51 p.
91 Né à Paris de parents allemands, Charles Martins (1806-1889) commence sa carrière en exerçant la médecine. Il participe à l’expédition scientifique du Nord dirigée par Joseph-Paul Gaimard (1793-1858), entre 1838 et 1840. Il devient correspondant de l’Institut en 1863.
92 Cité par Sabatier (Armand), “Jules-Émile Planchon et son œuvre”, Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire naturelle de l’Hérault, 2ème série, t. 20, 1888, p. 86.
93 Au cours de son passage à Nancy, Jules-Émile Planchon continue à produire de nombreux travaux de systématique botanique : plusieurs dizaines de notes publiées dans la Flore des Serres, un article dans les Mémoires de l’Académie Stanislas de Nancy, également un article dans la Revue horticole et deux autres dans les Annales des Sciences naturelles.
94 Planchon (Jules-Émile), Notice sur Dunal, Montpellier : impr. Martel, 1856, 40 p.
95 Planchon (Jules-Émile), “Des hermodactes au point de vue botanique et pharmaceutique”, Annales des Sciences naturelles, 4ème série, t. 3, 1856, pp. 133-175.
96 Ces travaux ont été publiés dans trois périodiques : les Annales des Sciences naturelles (pour trois d’entre eux) ; le Videnskabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjöbenhavn (un seul) ; et surtout le Bulletin de la Société botanique de France (neuf articles). Sans en être membre fondateur, Jules-Émile Planchon est membre adhérent de la Société botanique de France dès l'année de sa fondation, en 1854. Il en est un membre très actif toute sa vie.
97 Pour plus de précision, on pourra consulter la bibliographie complète publiée dans Flahault (Charles), L’Œuvre de Jules-Émile Planchon, op. cit., pp. XII-XXX.
98 En 1865, un très grand nombre de cépages méridionaux sont dévastés par un mal inconnu. On accuse tout d’abord les gelées tardives mais devant l’ampleur des dégâts, en 1868, la Société d’agriculture de l’Hérault décide de constituer une Commission spéciale pour étudier le fléau. Elle est composée de Félix Sahut, Gaston Bazille et Jules-Émile Planchon. C’est au cours de la première inspection, à Saint-Rémy-de-Provence, que Planchon reconnaît que la cause de la maladie des vignes est un petit puceron qu’il nomme Rhizapis vastratrix mais qu’il classe un peu plus tard dans le genre Phylloxera [Planchon (Jules-Émile), Bazille (Gaston), Sahut (F.), “Sur une nouvelle maladie de la vigne actuellement régnante en Hérault”, Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences, t. 67, 1868, p. 333 ; Planchon (Jules-Émile), “Nouvelles observations sur le puceron de la vigne (Phylloxera vastralrix) nuper Rhizaphis Planchon”, Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences, t. 67, 1868, pp. 588-594]. Après avoir trouvé les causes du mal, Planchon cherche les moyens de l’éradiquer. De nombreuses autres personnes essaient de résoudre cette question économique cruciale mais il est l’un des plus actifs et des plus perspicaces. Lorsque beaucoup de traitements sont essayés en vain, d’aucuns en viennent à se demander pourquoi, alors que le Phylloxera semble venir des États-Unis, aucune vigne de ce pays n’est atteinte par la maladie. C’est le gouvernement lui-même qui charge Planchon d’aller étudier le problème sur place – sa maîtrise de la langue anglaise a bien évidemment contribué à le faire nommer. Il séjourne aux États-Unis d’août à octobre 1873 et en rapporte de nombreux pampres robustes et fertiles. Il préconise aussitôt la plantation de ces spécimens résistants au Phylloxera. Il commence par se heurter à de nombreuses personnalités, tant dans le monde politique que viticole ou scientifique, mais, les dégâts aidant, finit par obtenir gain de cause ; le vignoble français est peu à peu remplacé par des plans américains. Pendant plusieurs années, il transmet ses convictions par l’intermédiaire de La Vigne américaine, un périodique qu’il a fondé et qu’il dirige.
99 L’un d’entre eux, Louis-David Planchon (1858-1915), devient docteur en médecine en 1883 puis docteur ès sciences en 1900. Il professe la matière médicale à la faculté de médecine entre 1882 et 1894 et à l’école supérieure de pharmacie de 1883 à 1915. On lui doit quelques travaux de botanique portant essentiellement sur des questions de pharmacopée.
100 Planchon (Jules-Émile), “Observations sur les Ulex”, Annales des Sciences naturelles, 3ème série, t. 11, 1849, pp. 202-217.
101 Le Gall (Nicolas-Joseph-Marie), Flore du Morbihan, Vannes : J. M. Galles, 1852, p. 128.
102 Le fils du frère d’Eugène Perrier de La Bâthie, Henri Perrier de La Bâthie (1873-1958), est soldat en Indochine puis habite à Madagascar entre 1896 et 1933. Il est l’un des célèbres explorateurs de la flore malgache. On pourra lire à son sujet Léandri (J.), “H. Perrier de La Bâthie”, Taxon, t. 11, 1962, pp. 1-3.
103 Euphrasia perrieri Chabert, nommée en l’honneur d’Eugène Perrier de La Bâthie par Alfred Chabert, n’est pas valide aujourd’hui, tout comme Centaurea perrieri Rouy, nommée par Georges Rouy (1851-1924).
104 On trouvera une bibliographie complète du baron Eugène Perrier de La Bâthie dans Offner (Jules), “Baron Eugène Perrier de La Bâthie (1825-1916), notice biographique”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Savoie, t. 18, 1918, pp. 110-111.
105 Perrier de La Bâthie (Eugène), Songeon (André), “Aperçu sur la distribution des espèces végétales dans les Alpes de la Savoie”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 10, 1863, pp. 675-686.
106 Le président de cette session extraordinaire est le cardinal Billiet ; les vice-présidents sont John Ball (1818-1889), alpiniste, botaniste et politicien irlandais, Auguste Gras, Hénon, et l’abbé Jacquel ; le secrétaire est Eugène Perrier de La Bâthie.
107 Perrier de La Bâthie (Eugène), Excursions en Tarentaise, guide du botaniste, Moûtiers : F. Ducloz, 1894, 86 p.
108 Perrier de La Bâthie (Eugène), Catalogue raisonné des plantes vasculaires de Savoie : départements de la Savoie, de la Haute-Savoie, Plateau du Mont-Cenis, Paris : Klincksieck, 1917, 2 vols.
109 Perrier de La Bâthie (Eugène), Songeon (André), “Indications de quelques plantes nouvelles, rares, ou critiques observées en Savoie, spécialement dans les provinces de la Savoie propre, Haute-Savoie et Tarentaise”, Annales de la Société d’Histoire naturelle de Savoie, 1854, p. 185.
110 Songeon (André), Perrier de La Bâthie (Eugène), “Notes sur des plantes nouvelles ou peu connues de la Savoie”, in Billot (Constant), Annotations à la flore de France et d’Allemagne, Haguenau : impr. V. Edler, 1866, t. 2, p. 77.
111 Idem, 1859, t. 1, p. 183.
112 Originaire d’Arras, Charles de L’Écluse (1526-1609) fait ses études de médecine à Montpellier, où il devient le secrétaire particulier du célèbre professeur Guillaume Rondelet (1507-1566). Il herborise en de très nombreux pays d’Europe (France, Espagne, Portugal, Suisse, Italie, Pays-Bas, etc.) et est le maître de plusieurs botanistes célèbres tels que Gaspard Bauhin (1550-1624) ou Matthias de L’Obel (1538-1616). Il dirige les jardins de l’empereur Maximilien II, à Vienne, de 1573 à 1587, et professe la botanique à la prestigieuse université de Leyde, à partir de 1593. On lui doit une remarquable Rariorum plantarum historia (Antwerpen : Joannem Moretum, 1601, XIV + CCCXLVIII + 12p.), l’un des premiers ouvrages où le souci de la description des espèces est prépondérant.
113 Perrier de La Bâthie (Eugène), Songeon (André), “Aperçu sur la distribution des espèces végétales dans les Alpes de la Savoie”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 10, 1863, pp. 675-686.
114 Perrier de La Bâthie (Eugène), Songeon (André), “Notes sur quelques plantes nouvelles ou intéressantes de la Savoie et des pays voisins”, Bulletin de l’Herbier Boissier, t. 2, 1894, pp. 425-437.
115 Chabert (Alfred), Songeon (André), “Herborisations aux environs de Chambéry”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Savoie, 2ème série, t. 2, 1895, pp. 95-144.
116 Alfred Chabert se charge de publier l’un de ces manuscrits : Songeon (André), Recherches sur le développement des organes végétatifs de diverses plantes de la Savoie, [préface de Chabert Alfred], Chambéry : impr. nouvelle, 1907, IV + 258 p.
117 Genevier (Gaston), Description d’une nouvelle espèce de Viola, Angers : Cosnier et Lachèse, 1859, 5 p.
118 Genevier (Gaston), “Essai sur quelques espèces nouvelles du genre Rubus”, Mémoires de la Société académique d’Angers, t. 8, 1860, pp. 83-126.
119 Genevier (Gaston), Essai sur quelques espèces du genre Rubus de Maine-et-Loire et de la Vendée, Angers : Cosnier et Lachèse, 1861, 21 p.
120 Genevier (Gaston), Extrait de la florule des environs de Mortagne-sur-Sèvre, Angers : Lachèse, Bellevue et Dolbeau, 1866, 35 p.
121 Genevier (Gaston), Essai monographique sur les Rubus du bassin de la Loire, Angers : impr. P. Lachèse, Bellevue et Dolbeau, 1869, 346 p.
122 Idem, p. 1.
123 Sauzé (Jean-Charles), Maillard (Pierre-Néhémie), Flore du département des Deux-Sèvres, Niort : L. Clouzot, 1872, 3 vols.
124 Müller (Philipp-Jakob), Versuch einer monografischen Darstellung der Gallo-germanischen Arten der Gattung Rubus, Neustadt: Buchdruckerei von D. Kranzbühler, 1859, 225 p.
125 Genevier (Gaston), “Essai sur quelques espèces nouvelles du genre Rubus”, art. cit., p. 88.
126 Idem.
127 Idem, p. 93.
128 Pour cela, le Comité se sert de trois ouvrages de référence : la Flore de France (Paris : Savy, 1848-1855, 3 vols) de Charles Grenier (1808-1875) et Dominique-Alexandre Godron (1807-1880) ; la troisième édition de la Flore du Centre de la France et du Bassin de la Loire (Paris : Librairie encyclopédique Roret, 1857, 2 vols) d’Alexandre Boreau (1803-1875) ; la troisième édition de la Flore de l’Ouest de la France (Nantes : Th. Veloppé, 1876, CXXII + 408 p.) de James Lloyd (1810-1896).
129 Tesseron (Yves-Augustin), “Note sur un Œnanthe nouveau”, Bulletin de la Société botanique rochelaise, t. 6, 1883, pp. 13-15. La Société des sciences naturelles de La Rochelle possède également le manuscrit d’un Catalogue des plantes spontanées dans les communes de Cosme-Royal, Crazannes, Saint-Savinien et Dampierre-sur-Mer (Arch. 104, déposé au Musée d’histoire naturelle de La Rochelle).
130 Édouard Beltrémieux (1825-1897) naît et meurt à La Rochelle, ville à laquelle il consacre une grande partie de sa vie. Il y est conseiller municipal entre 1860 et 1870 puis maire entre 1870 et 1879. Il contribue notamment à créer le Jardin botanique municipal et s’occupe particulièrement de l’instruction publique et des musées. Il est président de l’académie des sciences de La Rochelle. On lui doit une Faune du département de la Charente-Inférieure (La Rochelle : G. Mareschal, 1864, 94 p., 8 pls).
131 Philippe David (1836-1886) naît à Sainte-Hermine, en Vendée. Il effectue ses études de médecine à l’école de médecine navale de Rochefort et obtient le grade de docteur en médecine à Paris, en 1865. Devenu médecin sur des lignes de paquebots français, il visite l’Orient et l’Extrême-Orient. Revenu en France en 1870 pour combattre dans les rangs de l’armée de la Loire, il s’installe à la fin de la guerre à La Rochelle, comme médecin adjoint à l’hôpital Saint-Louis. Il meurt précocément à Sainte-Hermine en 1886. On lui doit notamment, en collaboration avec Julien Foucaud et Pierre Vincent, un Catalogue des plantes vasculaires qui croissent spontanément dans le département de la Charente-Inférieure (La Rochelle : A. Siret, 1878, II + 83 p., 2 pls).
132 Tesseron (Yves-Augustin), “Note sur un Oenanthe nouveau”, art. cit., p. 14.
133 Idem.
134 Müller (Philippe-Jacques), “Beschreibung der in der Umgedend von Weissenburg am Rhein wildwachsenden Arten der Gattung Rubus, nach Beobachtungen gemacht in den Jahren 1856 und 1857”, Flora oder allgemeine botanische Zeitung, t. 41, 1858, pp. 129-140, 149-157, 177-185.
135 Müller (Philippe-Jacques), Versuch einer monografischen Darstellung der gallo-germanischen Arten der Gattung Rubus, Neustadt: Buchdruckerei von D. Kranzbühler jun., 1859, 225 p.
136 Müller (Philippe-Jacques), “Philippe-Jacques Muller annonce...”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 7, 1860, p. 144.
137 Genevier (Gaston), Essai monographique des Rubus du bassin de la Loire, Angers : impr. P. Lachèse, Bellevue et Dolbeau, 1869, 346 p.
138 Originaire d'Angers, Georges Bouvet (1850-1929) est a la fois pharmacien – il possède sa propre officine – et directeur du Jardin botanique d’Angers. Il est l’auteur de plusieurs travaux botaniques : Bouvet (Georges), “Les Rubus de l’Anjou”, Bulletin de la Société d’Études scientifiques d’Angers, t. 19, 1889, pp. 105-174. Citons également l’Essai d’un catalogue raisonné des Mousses et des Sphaignes du département de Maine-et-Loire (Angers : E. Barassé, 1873, III + 68 p.) ; les Plantes rares ou nouvelles pour le département de Maine-et-Loire (Angers : E. Barassé, 1874, 48 p.) ; le Catalogue raisonné des plantes utiles et nuisibles de la flore de Maine-et-Loire (Angers : Germain et Grassin, 1885, XII + XIV + 239 p.) ; les “Muscinées du département de Maine-et-Loire” (Bulletin de la Société d’Études scientifiques d’Angers, t. 25, 1896, pp. 343-496) ; les Matériaux pour l'étude des Rubus de l’Anjou (Angers : Germain et Grassin, 1907, 108 p.) ; et la Florula des Rubus de l’Anjou (Angers : Grassin, 1911-1912, 33 p.).
139 Müller (Philippe-Jacques), “Beschreibung der in der Umgedend von Weissenburg...”, art. cit., p. 130.
140 Fournier (Eugène), Mexicanas plantas, Paris : ex typographeo reipublicae, 1872-1886, 2 vols, 16 pls.
141 D’origine finlandaise, William Nylander (1822-1899) est professeur de botanique à Helsinki – alors capitale du grand-duché de Finlande sous domination russe – de 1857 à 1863, puis se fixe à Paris, où il se consacre exclusivement à la lichénologie. On lui doit notamment la découverte des réactions chimiques qui servent encore aujourd’hui pour les déterminations des espèces et la classification. Il fréquente assidûment le Muséum national d’histoire naturelle jusqu’en 1873, date à partir de laquelle il n’y revient plus : ardent défenseur de l’autonomie des Lichens, il s’oppose farouchement à la théorie algo-lichénique du suisse Simon Schwendener (1829-1919), professeur à Bâle, Tübingen puis Berlin, suivant laquelle les lichens sont des organismes composés de champignons et d’algues et qui est adoptée à raison par les botanistes du Muséum.
142 Jaubert (Hippolyte), “Lettre de M. Honoré Ardoino”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 13, 1866, p. 389.
143 Ernest Jeanbernat est également l’auteur d’une étude sur La Génération spontanée (Toulouse : Delboy, 1864, 74 p.) où, ardent pasteurien, il s’oppose fermement aux idées hétérogénistes de Félix-Archimède Pouchet (1800-1872), le directeur du Musée d’histoire naturelle de Rouen, ainsi que d’un ouvrage de vulgarisation, Les Mémoires d’un hanneton (1ère éd., Toulouse : chez l’auteur, 1868, 684 p.), où il retrace les métamorphoses et les mœurs des Insectes dans un style léger et poétique. Les articles d’Ernest Jeanbernat ont été publiés pour la plupart dans le Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Toulouse et le Bulletin de la Société des Sciences physiques et naturelles de Toulouse (Ernest Jeanbernat est le secrétaire de cette dernière société depuis la date de sa création en 1872 jusqu’en 1886) ; quelques-uns ont également paru dans le Bulletin de la Société botanique de France.
144 Jeanbernat (Ernest), “Catalogue des Muscinées des environs de Toulouse”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 11, 1864, pp. LXVI-LXX. Il convient également de signaler qu’Ernest Jeanbernat a publié plusieurs articles dans la Revue bryologique dirigée par Pierre-Tranquille Husnot (1840-1929), avec qui il correspond.
145 Jeanbernat (Ernest), Renauld (F.), “Guide du bryologue dans les Pyrénées et le Sud-Ouest de la France”, Revue de Botanique, Bulletin mensuel de la Société française de Botanique, t. 2, 1884, pp. 258-271, 293-305 ; t. 3, 1885, pp. 12-26, 305-338 ; t. 5, 1887, pp. 186-200.
146 Jeanbernat (Ernest), Renauld (F.), Bryo-géographie des Pyrénées, Cherbourg : C. Suffert, 1887, 194 p.
147 Il publie une dizaine d’articles sur ces questions dans le Bulletin de la Société de Sciences physiques et naturelles de Toulouse, entre 1870 et 1884. On en trouvera une liste exhaustive dans Marçais (Ed.), “Ernest Jeanbernat et Édouard Timbal-Lagrave", Revue de Botanique, Bulletin mensuel de la Société française de Botanique, t. 7, 1889, pp. 344-349.
148 Jeanbernat (Ernest), Timbal-Lagrave (Édouard), “Rapport sur l’excursion de Montolieu (Aude)”, Bulletin des Sciences physiques et naturelles de Toulouse, t. 2, 1874, pp. 234-272 ; Jeanbernat (Ernest), Timbal-Lagrave (Édouard), Filhol (Édouard), “Exploration scientifique du Massif d’Arbas (Haute-Garonne)”, Bulletin des Sciences physiques et naturelles de Toulouse, t. 2, 1874, pp. 367-479 ; Jeanbernat (Ernest), Timbal-Lagrave (Édouard), “Le Capsir”, Bulletin des Sciences physiques et naturelles de Toulouse, t. 6, 1886, pp. 37-283.
149 Jeanbernat (Ernest), Timbal-Lagrave (Édouard), “Le Capsir”, art. cit., p. 232.
150 Chabert (Alfred), “Note sur le Pedicularis barrelieri Reichb.”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 6, 1859, pp. 193-195 ; Chabert (Alfred), “Étude sur la géographie botanique de la Savoie”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 6, 1859, pp. 291-295 ; Chabert (Alfred), “Esquisses sur la végétation de la Savoie”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 7, 1860, pp. 565-579.
151 Chabert (Alfred), “Notes sur quelques plantes des environs de Fontainebleau”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 18, 1871, pp. 195-201.
152 On trouvera une bibliographie complète d’Alfred Chabert dans Denarié (Maurice), “Le Docteur Alfred Chabert, sa vie et son œuvre”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Savoie, t. 18, 1918, pp. 119-121. Les périodiques auxquels Alfred Chabert collabore sont peu nombreux : le Bulletin de la Société botanique de France pour trente-sept articles, le Bulletin de l’Herbier Boissier pour dix-huit articles, le Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Savoie pour cinq articles, le Bulletin de la Société murithienne (Valais) pour deux articles, le Journal de Botanique pour un article et le Nuovo Giornale botanico italiano pour un article.
153 Chabert (Alfred), Songeon (André), “Herborisations aux environs de Chambéry”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle de Savoie, 2ème série, t. 2, 1895, pp. 95-144.
154 Chabert (Alfred), “Étude sur le genre Rhinanthus L.”, Bulletin de l’Herbier Boissier, t. 7, 1899, p. 497.
155 Idem, p. 501.
156 Travail cité par Flahault (Charles), “Antoine Le Grand, sa vie, son œuvre”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 52, 1905, p. 392.
157 On trouvera une liste complète des travaux d’Antoine Le Grand dans Flahault (Charles), “Antoine Le Grand, sa vie, son œuvre”, art. cit., pp. 388-395.
158 Le Grand (Antoine), Flore analytique du Berry, 1ère éd., Bourges : Soumard-Berneau, 1887, LXVI + 346 p. ; Le Grand (Antoine), Flore analytique du Berry, 2ème éd., Bourges : Léon Renaud, 1894, XXX 4-430 p.
159 Travail cité par Flahault (Charles), “Antoine Le Grand, sa vie, son œuvre”, art. cit., p. 393.
160 Le Grand (Antoine), Notices biographiques et bibliographiques pour l’histoire de la botanique en Berry, Bourges : H. Sire, 1891, 45 p.
161 Delastre (Charles-Jean-Louis), Flore analytique et descriptive du département de la Vienne, Paris : Meilhac, 1842, XXII + 546 p., 4 pls.
162 Néraud (Jules), Bridel (Georges), La Botanique de l’enfance, [préface de Sand George], Lausanne : Bridel, 1847, 220 p. Georges Bridel ne doit pas être confondu avec Samuel-Élysée Bridel (1761-1828), célèbre bryologue suisse.
163 Pérard (Alexandre), Catalogue raisonné des plantes croissant naturellement ou soumises à la grande culture dans l’arrondissement de Montluçon, Paris : F. Savy, 1869-1871, 248 p. Pérard est également l'auteur d’une Flore du Bourbonnais (Montluçon : Ch. Moulin, 1884-1886, 2 vols).
164 C’est à Antoine Le Grand que l’abbé Coste confie le soin de rédiger les diagnoses des cinq cent quarante espèces de Composées de sa Flore descriptive et illustrée de la France (Paris : Paul Klincksieck, 1900-1906, 3 vols).
165 Le Grand (Antoine), Statistique botanique du Forez, Saint-Étienne : Théolier, 1873, p. 252.
166 Ravaud (Louis-Célestin), Guide du botaniste dans le Dauphiné, Grenoble : Xavier Drevet, 1879-1894, 13 fasc. L’abbé Ravaud est également l’auteur de l’Herborisation à la Moucherolle et de ses alentours (Grenoble : X. Drevet, 1875, 29 p.).
167 Villars (Dominique), Histoire des plantes du Dauphiné, Grenoble : chez l’auteur ; Paris : Prévost ; Lyon : les frères Périsse, 1786-1789, 3 vols.
168 Mutel (Auguste), Flore du Dauphiné, Paris : Treuttel et Wurtz, 1830, 2 vols.
169 Mirande (Marcel), “Arvet-Touvet, botaniste dauphinois et son œuvre”, Revue générale de Botanique, t. 67, 1915, P· 71.
170 Idem.
171 Arvet-Touvet (Casimir), Essai sur les plantes du Dauphiné, Grenoble : Prudhomme, 1871, 72 p.
172 Élysée Reverchon (1835-1914) vit à Bollème, dans le département du Vaucluse, puis à Lyon. 11 est un récolteur professionnel et vend ses plantes à des botanistes fortunés. 11 explore d’abord les Alpes maritimes puis la Corse, avant d’aller dans le reste du monde méditerranéen (Sardaigne, Espagne, Algérie, Crète, etc). 11 ne doit pas être confondu avec son frère Julien Reverchon (1834-1905), également récolteur de plantes, mais qui s’exile au Texas, après un bref séjour à La Réunion entre 1856 et 1858. 11 existe également un troisième Reverchon, sans lien de parenté avec les deux premiers : Pierre Reverchon ( ?-1892), médecin botaniste à Alençon puis Angers, auteur d’une Flore de la Mayenne (Angers : Germain et Grassin, 1892, 101 p.).
173 Arvet-Touvet (Casimir), Hieraciorum præsertim Gallia· et Hispaniœ Catalogus systematicus, Paris : Paul Klincksieck, 1913, IX + 480 p.
174 Arvet-Touvet (Casimir), Essai sur les plantes du Dauphiné, op. cit., p. 24.
175 On trouvera une liste complète des travaux de Xavier Gillot dans Berthier (Victor), “Docteur F.-X. Gillot, notice biographique”, Mémoires de la Société d’Histoire naturelle d’Autun, t. 24, 1912, pp. LXXI1I-XCV.
176 Gillot (Xavier), Lucand (Jean-Louis), “Catalogue raisonné des Champignons supérieurs des environs d’Autun et du département de Saône-et-Loire”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle d’Autun, t. 2, 1889, pp. 107-404 ; t. 3, 1890, pp. 125-196 ; t. 4, 1891, pp. 375-460.
177 On pourra lire Gillot (Xavier), “Notice nécrologique du capitaine Lucand”, Bulletin de la Société mycologique de France, t. 13, 1897, pp. 190-197.
178 Carion (Jules-Émile), Grognot (Aîné), “Catalogue raisonné des plantes du département de Saône-et-Loire”, Mémoires d’Histoire naturelle de la Société éduenne, t. 1, 1859, pp. 1-122.
179 À ces revues principales, on doit ajouter toutes celles où Xavier Gillot a publié moins de cinq articles : les Feuilles des jeunes Naturalistes ; la Revue bryologique ; les Procés-Verbaux des Congrès scientifiques de France ; la Revue scientifique du Bourbonnais ; le Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Charente-Inférieure ; Le Naturaliste ; Le Monde des Plantes ; le Bulletin de la Société des Naturalistes de l’Ain ; le Journal de Botanique de Louis Morot (1854-1913) ; la Revue de Botanique systématique ; la Revue scientifique du Limousin ; les Mémoires de la Société éduenne ; les Annales de la Société botanique de Lyon.
180 Gillot (Xavier), “Les Mammifères de Saône-et-Loire”, Bulletin de la Société d’Histoire naturelle d’Autun, t. 23, 1910, pp. 17-123.
181 L’abbé Antoine-Étienne Boullu (1813-1904) naît en 1813 à la Côte-Saint-André, dans le département de l’Isère. Il effectue ses études au Petit Séminaire du Rondeau. Il est professeur au Petit Séminaire d’Ajaccio de 1836 à 1842 puis au collège de Pont-de-Beauvoisin, dans l’Isère, avant de démissionner vers 1850 pour s’installer comme précepteur à Lyon. Fervent disciple d’Alexis Jordan (1814-1897), il voit en la moindre variation morphologique le signe distinctif d’une espèce. Il explore la Corse, le Forez, le Lyonnais, le Beaujolais et le Dauphiné. Il est un membre très actif de la Société dauphinoise pour l’échange des plantes. Il meurt à Lyon. On pourra consulter Gillot (Xavier), “L’Abbé Boullu”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 51, 1904, pp. 244-249.
182 Charles Ozanon (1835-1909) naît à Châlon-sur-Saône et vit toute sa vie dans sa propriété de Saint-Miland, dans la Saône-et-Loire. Il est membre de la Société botanique de France depuis 1858 et ne publie qu’un article de sa vie : Ozanon (Charles), “Note sur les plantes les plus remarquables du versant méridional de la Montagne-Noire”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 8, 1861, pp. 119-165. Charles Ozanon est membre de plusieurs sociétés d’échanges de plantes et correspond avec de nombreux botanistes comme Alexis Jordan (1814-1897), François Crépin, ou Alfred Déséglise. Consulter Gillot (Xavier), “Charles Ozanon”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 57, 1910, pp. 69-72.
183 Le terme “exsiccatas” désigne habituellement une collection de champignons, algues ou lichens séchés. On l’a secondairement étendu aux plantes phanérogames pour désigner des planches d’herbiers. Le principe de ces collections d’exsiccatas est le suivant : un botaniste commence par lancer un appel auprès de la communauté pour qu’on lui transmette six ou sept formes d’un genre donné en une cinquantaine d’échantillons, en échange de quoi il propose de faire parvenir gratuitement à chaque collaborateur plusieurs décades ou une centurie de la collection d’exsiccatas. Ceux qui n’ont pas envoyé de plantes peuvent également acheter une collection d’exsiccatas. Ces collections sont considérées comme des publications. Elles sont particulièrement utilisées pour des genres critiques tels que Rubus, Rosa ou Hieracium.
184 Xavier Gillot est également membre de vingt autres sociétés savantes : la Société botanique de Lyon, la Société des amis des sciences naturelles de Mâcon, l’académie de Mâcon, l’académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, la Société des sciences naturelles et d’archéologie de l’Ain, la Société française de botanique, la Société royale de botanique de Belgique, l’Académie internationale de géographie botanique, l’Association internationale rubologique, la Société des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, la Société botanique des Deux-Sèvres, la Société du Limousin, la Société des sciences naturelles de Tarare, la Société dauphinoise pour l’échange des plantes, l’Association française de botanique du Mans, la Société des naturalistes de l’Ain, la Société rochelaise pour l’échange des plantes, la Société franco-helvétique, la Société d’Angers, la Société de Saint-Quentin.
185 Gillot (Xavier), “Compte rendu des herborisations faites par la Société, du 21 au 25 juillet 1880, dans le pays Basque”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 27, 1880, p. LI.
186 Gillot (Xavier), “Une Nouvelle espèce d’Oxyiropis”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 42, 1895, p. 517.
187 Gillot (Xavier), “Note sur la Viola cryana”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 25, 1878, p. 255.
188 Ravin (Eugène), Flore de l’Yonne, Auxerre : chez l’auteur, 1866, p. 71.
189 Foucaud (Julien), David (Philippe), Vincent (Pierre), Catalogue des plantes vasculaires qui croissent spontanément dans le département de la Charente-Inférieure, La Rochelle : A. Siret, 1878, Il + 83 p., 2 pls. Julien Foucaud publie régulièrement ses travaux de systématique dans différentes revues comme le Bulletin de la Société botanique de France, les Annales des Sciences naturelles de Charente-Inférieure, le Bulletin annuel de la Société rochelaise ou encore les Annales de l'Académie de La Rochelle où Beltrémieux, directeur du Jardin des plantes de La Rochelle et vice-président du Conseil de la préfecture, le soutient activement. Pour une liste complète de ces publications, on pourra consulter Gillot (Xavier), “Notice biographique sur Julien Foucaud”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 51, 1904, pp. 249-259.
190 Foucaud (Julien), “Description d’un Thalictrum”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 25, 1898, p. 255.
191 Lloyd (James), Flore de l’Ouest de la France, augmentée des plantes de la Gironde, des Landes et des Basses-Pyrénées par J. Foucaud, 4ème éd., Nantes : Th. Veloppé ; Paris : J.-B. Baillière, 1886, LXXI + 456 p.
192 Lloyd (James), Flore de l’Ouest de la France, 5ème éd., Nantes : R. Guist'hau, 1897, CXXIV + 458 p.
193 Rouy (Georges), Foucaud (Julien), Flore de France, ou Description des plantes qui croissent spontanément en France, en Corse et en Alsace-Lorraine, Asnières : G. Rouy ; Rochefort : J. Foucaud, 1893-1896, 3 vols.
194 Foucaud (Julien), “Trois semaines d’herborisations en Corse”, Annales de l’Académie de La Rochelle, t. 32, 1900, pp. 39-218.
195 Simon (Eugène), Monnier (Paul), “Une Espèce française méconnue : Spergularia heldreichii”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 105, 1958, pp. 256-264.
196 Foucaud (Julien), “Additions à la flore de Corse”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 47, 1900, pp. 85-86.
197 Rouy (Georges), Foucaud (Julien), Flore de France..., op. cit., 1895, t. 2, p. 107.
198 Neyraut est l’auteur de Stations de quelques plantes rares ou nouvelles peu communes des Pyrénées (Paris : impr. nationale, 1911, 11 p.).
199 Édouard Spach (1801-1879) est initié à l’histoire naturelle par Chrétien-Geoffroy Nestler (1778-1832), directeur du Jardin botanique et professeur d’histoire naturelle à la faculté de médecine de Strasbourg. Il vient ensuite à Paris où il est l’élève de René Desfontaines (1730-1833) et de Charles-François Brisseau de Mirbel (1776-1854), qui lui obtient un poste d’aide-naturaliste rattaché à la chaire des Cultures. Il occupe ce poste jusqu’en 1853, date à laquelle il est attaché aux herbiers en qualité de préparateur. Avec son collaborateur et ami le comte Hippolyte Jaubert (1798-1874), il est l’auteur des Illustrationes plantarum orientalum (Paris : Roret, 1843-1857, 5 vols) où de nombreuses espèces nouvelles sont décrites.
200 Auguste-Jean-Marie Bachelot de La Pylaie est l’auteur de plusieurs travaux. Citons les Monographies de divers genres de mousses (Paris : [s.n.], 1815, 32 p.), le Voyage à l’île de Terre-Neuve ([s.l.] : [s.n.], 1820, 131 p.), la Flore de Terre-Neuve et des îles Saint-Pierre et Miclon (Paris : A.-F. Didot, 1829, 120 p.), la Notice sur l’île de Sein (Brest : C. Leblois, 1848, 2 vols), et le Précis géologique sur le bassin de calcaire tertiaire des environs de Dinan ([s.l.] : [s.n.], 1836, 8 p.).
201 Médecin de la marine, Ernest-Amédée Delamarre (1835-1888) habite sur l’île de Miquelon à partir de 1858. Il y effectue de nombreuses récoltes de plantes. On lui doit des Lichens de Miquelon (Bulletin de la Société botanique de France, t. 35, 1888, pp. 38-48).
202 Pour une liste complète de ces articles, voir Baudot (A.), “Le Docteur Edmond Bonnet”, Mémoires de l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Dijon, 1925, pp. 103-112.
203 Vingt-deux d’entre eux sont publiés dans le Bulletin de la Société botanique de France, dont Edmond Bonnet est membre associé, quinze dans Le Naturaliste, deux dans le Bulletin de la Société dauphinoise, deux dans le Journal de Botanique, et un seul dans le Scrinia Florœ Selectœ de Charles Magnier, les Comptes-Rendus du Congrès de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, le Journal d’Histoire naturelle de Bordeaux et du Sud-Ouest, le Bulletin de la Société botanique rochelaise et le Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle.
204 Bonnet (Edmond), Petite Flore parisienne, Paris : Savy, 1883, 527 p.
205 Paul-Napoléon Doûmet-Adanson (1834-1897) naît à Guéret, dans la Creuse. Son père, Émile Doûmet, officier, qui est le petit-fils du célèbre botaniste Michel Adanson (1727-1806), l’initie à l’histoire naturelle. Après la mort de son père, Paul-Napoléon Doûmet-Adanson décide de transporter toutes les collections de son père et les siennes à Baleine, dans la Manche, où il fonde un Musée ethnographique, scientifique et artistique. Dans les années 1870 et 1880, il participe activement à l’exploration de l’Afrique du Nord. Voir Barratte (Gustave), “Notice sur M. Doûmet-Adanson”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 44, 1897, pp. LVIII-LXIV.
206 Sept d’entre eux sont publiés dans Le Naturaliste, six dans les Comptes-Rendus du Congrès de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, quatre dans le Bulletin du Muséum d’Histoire naturelle, quatre dans le Journal de Botanique, trois dans le Bulletin de la Société botanique de France, et un dans les Documents relatifs à la Mission au Sud de l’Algérie, les Documents scientifiques de la Mission Foureau-Lamy, les Nouvelles Archives du Muséum et les Actes de la Société linnéenne de Bordeaux. On notera également qu’Edmond Bonnet est l’auteur de six courtes notes d’entomologie portant exclusivement sur des insectes d’Afrique du Nord.
207 Bonnet (Edmond), Barratte (Gustave), Catalogue raisonné des plantes vasculaires de la Tunisie, Paris : impr. nationale, 1896, 519 p.
208 Bonnet (Edmond), “Notes sur quelques espèces distribuées cette année (1879)”, Bulletin de la Société dauphinoise, t. 6, 1879, p. 222.
209 On trouvera une liste complète de ces travaux dans Charbonnel (J.-B.), “L’Abbé Michel Gandoger”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 74, 1927, pp. 8-11.
210 Gandoger (Michel), Flore lyonnaise et des départements du Sud-Est, Paris : Lecoffe fils, 1875, LV + 323 p.
211 Gandoger (Michel), Flora Europæ terrarumque adjacentum, Paris : F. Savy, 1883-1891, 27 vols.
212 Gandoger (Michel), Tabulœ rhodologicœ locupletissimae, Paris : F. Savy, 1881, IV + 319 p. ; Gandoger (Michel), Monographia Rosarum Europæ ac Orientis, Paris : F. Savy, 1892-1893, 4 vols ; Gandoger (Michel), Conspectus dichotomicus Rosarum omnium hucusque, Paris : A. Hermann, 1896, VII + 567 p.
213 Gandoger (Michel), Flora Cretica, Paris : A. Hermann, 1916, 181 p.
214 Gandoger (Michel), Catalogue des plantes que j’ai récoltées en Espagne et au Portugal pendant mes voyages de 1894 à 1912, Paris : Hermann, 1917, 2 vols.
215 Voir Charbonnel (J.-B.), “L’Abbé Michel Gandoger”, art. cit., p. 7.
216 En 1954, les autres membres perpétuels sont : Joseph Thibésard (?-1878), fondé de pouvoir du receveur général à Laon, membre de la Société depuis sa création, en 1854 ; Lagrange (1818-1884), médecin parisien, membre de la Société depuis sa création ; Paul Duchartre (1811-1894), de l’Institut, membre fondateur de la Société ; Henri Lévêque de Vilmorin (1843-1899), célèbre horticulteur, l’un des plus jeunes membres de la Société où il est entré à l’âge de dix-sept ans ; Désiré-Auguste Cintract (1825-1901), originaire de l’Eure-et-Loir, sous-chef de bureau au ministère de la Guerre, qui participe à presque toutes les sessions extraordinaires de la Société ; Auguste Michel (?-1905), employé à la direction générale des douanes ; Prosper-Gustave Vidal (1835-1905), inspecteur des contributions directes, qui est en relation avec de nombreux botanistes tels que Julien Foucaud (1847-1904), Casimir Arvet-Touvet (1841-1913) ou Antoine Le Grand (1839-1905) ; Dominique Clos (1821-1909), professeur de botanique à la faculté des sciences de Toulouse ; Louis-Alexandre Maugeret (1828-1910), inspecteur des télégraphes à Paris ; Ernest Malinvaud (1836-1913), spécialiste de la flore de la Haute-Vienne et du Lot ; Théodore Delacourt ( ?-1920), associé de la maison Andrieux-Vilmorin, trésorier de la Société durant près de seize années ; Charles-Joseph Pitard (7-1928), chef de travaux à la faculté des sciences de Bordeaux ; Maturin Delafield (7-1931), de Lausanne ; Paul Kestner (7-1936) ; et enfin, Georges-Adolphe Hibon (1868-1951), originaire de Saint-Quentin, dans l’Aisne, fils d’horticulteurs, juge d’instruction auprès du tribunal de la Seine. Voir Pellegrin (François), “Un Siècle de Société botanique de France”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 101, 1954, pp. 34-42.
217 Gandoger (Michel), “Contributiones ad Floram terrae Slavorum meridionalium”, Rad Jugoslavenske Akademije zna-nosti i umjetnosti, t. 66, 1883, p. 222.
218 Luizet (D.), Balland (A.), Le Chimiste Z. Roussin : chimie, physiologie, expertises médico-légales, Paris : J.-B. Baillière et fils, 1908, XII + 310 p.
219 On trouvera une liste complète de ces articles dans Guétrot (Dr.), Luizet (1852-1930), Gap : Louis Jean, 1933, 13 p.
220 Neyraut (E.-J.), “Révision des Saxifrages de la Section Dactyloides de l’herbier de Lapeyrouse”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 27, 1915, pp. 1-56.
221 Luizet (Dominique), “Contribution à l’étude des Saxifrages”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 70, 1924, pp. 678-681.
222 Luizet (Dominique), Soulié (Joseph), “Contribution à l’étude des Saxifrages du groupe des Dactyloïdes Tausch”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 58, 1912, p. 638.
223 Aucune bibliographie complète de Georges Rouy n’est actuellement disponible. Pour avoir une liste préliminaire des nombreux articles qu’il a publics dans des périodiques tels que le Bulletin de la Société botanique de France, la Revue botanique ou le Bulletin de l’Académie internationale de Géographie botanique, on pourra consulter Rouy (Georges), Conspectus de la flore de France, Paris : Paul Lechevalier, 1927, p. XLV.
224 Rouy (Georges), Suite à la flore de France de Grenier et Godron, Paris : Émile Deyrolle, 1887, 194 p.
225 Rouy (Geoges), Illustrationes plantarum Europa· rariorum, Paris : fils d’Émile Deyrolle, 1895-1905, 20 vols.
226 Rouy (Georges), Flore de france, Asnières : chez l’auteur ; Paris : fils d’Émile Deyrolle, 1900, t. 8, p. VI.
227 Coste (Hippolyte), Flore descriptive et illustrée de la France, Paris : Paul Klincksieck, 1901-1906, 3 vols.
228 Anonyme [Rouy (Georges)], Contes fantastiques de M. Malinvaud, réfutation de ses inexactitudes, Asnières : [s.n.], 1905, 12 p.
229 Rouy (Georges), Foucaud (Julien), Flore de France, Asnières : chez G. Rouy ; Rochefort : chez J. Foucaud, 1893, t. 1, pp. XIV et XV.
230 Rouy (Georges), Illustrationes plantarum Europæ rariorum, op. cit., 1898, t. 10, p. 81, pl. CCXLV, fig. 2.
231 Rouy (Georges), Foucaud (Julien), Flore de France, Asnières : chez G. Rouy ; Rochefort : chez J. Foucaud, 1895, t. 2, p. 107.
232 Daveau (Jules), “Quelques mots sur la Cyrénaïque”, Revue horticole, 1875, pp. 371-373. Jules Daveau publie une centaine d’articles d’horticulture et de systématique botanique, à un rythme régulier et ininterrompu. Ses périodiques de prédilection sont la Revue horticole, le Bulletin de la Société botanique de France, les Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire naturelle de l’Hérault, Le Jardin, et, durant sa période portugaise, le Boletim da Sociedad Broteriana. On trouvera une liste complète de ses travaux dans Flahault (Charles), “Jules Daveau”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 77, 1930, pp. 140-143.
233 Daveau (Jules), “Note sur une graminée nouvelle”, Journal de Botanique, t. 8, 1894, pp. 289-290.
234 Barrelier (Jacques), Plantœ per Galliam, Hispaniam et Italiam observatœ, Paris : S. Garneau, 1714, tab. 44, fig. 2.
235 John Briquet (1870-1931) grandit en Écosse, en Suisse et en Allemagne. Il commence des études supérieures à Genève, où il devient le disciple d’Alphonse de Candolle (1806-1893), les poursuit à l’université de Berlin, où ses professeurs sont Adolf Engler (1844-1930), Paul Ascherson (1834-1913) et Simon Schwendener (1829-1919), avant d’obtenir le grade de docteur à l’université de Genève en 1891. Il est conservateur de l’herbier Delessert de 1890 à 1904 puis, de cette date à son décès, directeur du Conservatoire botanique de Genève. Outre plus de deux cent soixante-dix travaux de systématique botanique, on lui doit de nombreuses publications concernant l’histoire de la botanique. On pourra consulter avec intérêt sa remarquable Biographie des botanistes à Genève (Genève : impr. Albert Kundig, 1940, 494 p.).
236 François Cavillier (1868-1953) commence par être conservateur de l’herbier d’Émile Burnat puis, à partir de 1920, est conservateur au Conservatoire botanique de Genève.
237 Extrait de Cavillier (François), “Biographie d’Alfred Saint-Yves”, Candollea, t. 6, 1935, pp. 26-27.
238 Émile Burnat (1828-1920) naît à Vevey. Très tôt, il se passionne pour la botanique. Adolescent, il a déjà amplement herborisé dans les environs de sa ville natale, mais également en Haute-Savoie et dans le canton de Neuchâtel. Entre 1845 et 1847, il séjourne à Genève où il suit les cours de botanique dispensés par Alphonse de Candolle (1806-1893) à l’académie ; il y devient l’ami d’Edmond Boissier (1810-1885), l’un des meilleurs spécialistes de la flore d’Espagne et de la flore d’Orient, et de son collaborateur Georges-François Reuter (1805-1872). Diplômé de l’école centrale de Paris en 1851, Émile Burnat entre dans l’usine que dirige son oncle, près de Mulhouse. En 1870, il décide de quitter définitivement l’industrie et de se retirer à Nant, dans sa région natale, pour se consacrer exclusivement à la botanique. Explorateur infatigable, il visite l’Espagne, les Baléares, l'Algérie, la Corse, l’Italie, la Grèce, la Turquie et une grande partie des Alpes. C’est dans les Alpes maritimes qu’Émile Burnat se forge des lettres de noblesse botanique : il organise un nombre considérable d’excursions botaniques dans cette contrée ; il sait rassembler autour de lui plusieurs collaborateurs fidèles à qui il confie les études de plusieurs groupes qu’il n’a pas le temps de traiter ; il établit le plus vaste herbier jamais constitué pour cette région, avec plus de deux cent vingt mille échantillons ; surtout, il met en œuvre la parution d’une ambitieuse Flore des Alpes maritimes (Genève : H. Georg, 1892-1931, 7 vols) dont il ne publie seul que les trois premiers volumes et qui est poursuivie par ses amis François Cavillier (1868-1953) et John Briquet (1870-1931). Consulter Briquet (John), Biographie des botanistes à Genève, op. cit., pp. 99-107.
239 On trouvera une liste complète des travaux d’Alfred Saint-Yves dans Cavillier (François), “Biographie d’Alfred Saint-Yves”, art. cit., pp. 40-41. Les articles d’Alfred Saint-Yves ont paru principalement dans le Bulletin de la Société botanique de France et le périodique genevois Candollea, mais également dans le Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, le Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, le Bulletin du Jardin botanique d’URSS, ou encore la revue espagnole Cavanillesia.
240 Saint-Yves (Alfred), “Tentamen, Claves analyticæ Festucarum Veteris Orbis”, Revue bretonne de Botanique, 1927, pp. 1-124 ; Saint-Yves (Alfred), “Aperçu sur la distribution géographique des Festuca”, Candollea, t. 4, 1930, pp. 146-165.
241 Kerguélen (Michel), “Notes agrostologiques”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 123, 1976, p. 320.
242 Markgraf-Dannenberg (Ingeborg), “New taxa and names in European Festuca (Gramineæ)”, Botanical Journal of the Linnean Society, t. 76, 1978, p. 328.
243 Saint-Yves (Alfred), “Festucarum varietates novæ”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 71, 1924, p. 29.
244 Saint-Yves (Alfred), “Les Festuca de la section Eu-Festuca et leurs variations dans les Alpes maritimes”, Annales du Conservatoire et du Jardin botanique de Genève, t. 17, 1913, p. 30.
245 Coste (Hippolyte), “Un Ciste hybride nouveau pour la science, et environ quarante plantes nouvelles pour la flore de l’Aveyron”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 33, 1886, pp. 20-25. Plusieurs dizaines de travaux de systématique botanique – dont un très grand nombre sur la flore de l’Aveyron – sont publiés par l’abbé Coste. On en trouvera une liste complète dans Aymonin (Gérard), “La Vie scientifique du Chanoine H. Coste”, Revue du Rouergue, t. 25, 1971, pp. 357-378 ; Bernard (Chr.), Fabre (G.), “Les Travaux du chanoine Hippolyte Coste concernant la flore de l’Aveyron”, Bulletin de la Société botanique de France, Lettres botaniques, t. 1/2, 1981, pp. 33-38 ; Flahault (Charles), “L’Abbé H. Coste”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 72, 1925, pp. 18-20.
246 Grenier (Charles), Godron (Dominique-Alexandre), Flore de France, Paris : F. Savy, 1848-1855, 3 vols.
247 Né à Paris, Gaston Bonnier (1851-1922) effectue ses études au lycée Henri IV puis à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, de 1873 à 1876. Il devient aussitôt assistant à la faculté des sciences de la Sorbonne, où il occupe la chaire de Botanique de 1887 jusqu’à son décès. Il est l’un des fondateurs de l’agrégation de sciences naturelles, au début des années 1880. Il est également l’éditeur de la Revue générale de Botanique, qu’il contribue à fonder, de 1889 à 1922. On lui doit un nombre important de travaux, en dehors de la célèbre Flore complète illustrée en couleurs de la France (Paris : E. Orlhac ; Neuchâtel : Delachaux et Niestlé ; Bruxelles : J. Lebègue, 1912-1935, 13 vols), écrite en collaboration avec Robert-Charles-Victor Douin pour les sept derniers volumes : La Nouvelle flore du Nord de la France et de la Belgique pour la détermination facile des plantes sans noms techniques (Bruxelles : J. Lebègue, 1887, XXII + 309 p.), Le Monde végétal (Paris : Ernest Flammarion, 1920, III + 392 p.), La Végétation de la France (Paris : Paul Dupont, 1894, XVII + 412 p.), rédigée en collaboration avec Georges De Layens, et le Cours de botanique (Paris : Paul Dupont, 1901-1933, 2 vols), en collaboration avec Albert-Mathieu Leclerc du Sablon.
248 Ce sont essentiellement ces trois années d’étude à Sainte-Eulalie-de-Cernon qui ont permis à l’abbé Coste de publier ses deux articles fondamentaux sur la flore de Larzac : Coste (Hippolyte), “Florule du Larzac”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 40, 1893, pp. XCI-CX ; Coste (Hippolyte), “Distribution géographique des plantes rares ou remarquables du Causse Noir et du Causse de St. Affrique”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 40, 1893, pp. CX-CXL.
249 Fournier (Paul), Bréviaire du botaniste, Saint-Dizier : chez l’auteur, 1914-1927, 632 p. ; Fournier (Paul), Quatre flores de la France, 1ère éd., Poinson-les-Grancey (Haute-Marne) : chez l’auteur, 1934-1940, 1092 p.
250 Cité par Flahault (Charles), “L’Abbé H. Coste”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 72, 1925, p. 813.
251 Revel (Joseph), Coste (Hippolyte), Essai de la flore du Sud-Ouest de la France, Paris : F. Savy ; Villefranche-de-Rouergue : P. Dufour, 1885-1900, 2 vols.
252 Coste (Hippolyte), Soulié (Joseph), Catalogue des plantes, ou Florule du Val d’Aran, Le Mans : Monnoyer, 1913, 132 p.
253 Coste (Hippolyte), Flore descriptive et illustrée de la France, Paris : Paul Klincksieck, 1901-1906, 3 vols.
254 Britton (Nathaniel), Brown (Addison), An Illustrated Flora of the Northern United-States, New York: Charles Scribner’s son, 1896-1898, 3 vols.
255 Coste (Hippolyte), “Florule du Larzac, du Causse Noir et du Causse de Saint-Affrique", Bulletin de la Société botanique tic France, t. 40, 1893, p. CXXX.
256 Coste (Hippolyte), Flore descriptive et illustrée de la France, op. cit., 1906, 1. 3, p. 87.
257 Durande (Jean-François), Flore de Bourgogne, Dijon : Frantin, 1782, 2 vols.
258 Lorey (Félix-Nicolas), Duret (Jacques), Flore de la Côte-d’Or, Dijon : Douillier, 1831, 2 vols.
259 Félix-Nicolas Lorey (1770-1841) est originaire de Villy, dans l’Aube. Il est chirurgien de l’armée d’Italie puis chirurgien en chef de l’hôpital militaire de Dijon jusqu’en 1836, date à laquelle il s’installe à Marseille, où il décède.
260 Jacques Duret (1794-1874) est pharmacien militaire entre 1813 et 1815 puis obtient son grade de docteur en médecine à Paris en 1817. L’année suivante, il est nommé médecin à l’hospice de Nuits, dont il est le maire pendant trente et un ans.
261 Royer (Charles), Flore de la Côte-d’Or, Paris : J.-B. Baillière, 1881-1883, 2 vols.
262 Charles Royer (1831-1883) est originaire de Saint-Rémy, près de Montbard. Il est lointainement apparenté au comte de Buffon (1707-1788) et à Louis Daubenton (1716-1800).
263 Viallanes (Alfred), Arbaumont (Jules d’), Flore de la Côte-d’Or, [réimpr. en 1910 et 1926], Paris : Darantière, 1889, LXX + 524 p.
264 Alfred Viallanes (1828-1899) est originaire de Dijon. Il y commence des études de pharmacie qu’il poursuit à Paris. Il devient pharmacien et professeur de botanique à l’école de pharmacie de Dijon. Il décède en sa propriété de Marcellois.
265 Jules d’Arbaumont (1831-1916) naît à Colmar de parents originaires de Dijon, où il décide de s’installer – au domaine des Argentières, lieu de l’ancien Jardin botanique – pour y étudier le droit. Il est également passionné d’histoire et de botanique. Il a pour ami fidèle Charles Quéva (?-1929), titulaire de la chaire de Botanique de la faculté des sciences de Dijon.
266 Bazot (Louis), Plantes vasculaires de l’arrondissement de Vitry-le-François. Catalogue avec des notes de géographie botanique, [s.1.] : : [s.n.], 1893, 270 p.
267 Né à Lons-le-Saunier de parents lorrains, licencié ès sciences naturelles à Dijon et docteur ès sciences à Nancy, René Maire (1878-1949) commence sa carrière universitaire comme assistant à Caen. Nommé professeur de botanique à la faculté des sciences d’Alger en 1911, il devient rapidement l’un des maîtres de la flore d’Afrique du Nord, sur laquelle on lui doit beaucoup de travaux.
268 Originaire de Dijon, Maurice Langeron (1874-1950) commence ses études à l’école de médecine de Dijon et obtient le grade de docteur à la faculté de médecine de Paris. C’est là qu’il effectue toute sa carrière, au laboratoire de parasitologie, où il est successivement préparateur, chef de travaux, puis directeur de la section mycologique. Il est nommé directeur de recherches au Comité national de la recherche scientifique après sa retraite.
269 Il s’agit ici du Jardin botanique de la rue de l’Arquebuse, créé en 1832. C’est sur les conseils de Pierre Morland (1768-1837), premier professeur d’histoire naturelle de la faculté des sciences de Dijon en 1809, que la municipalité décide de déplacer l’ancien Jardin botanique des Argentières, qui a été fondé en 1771, dans le quartier de l’Arquebuse. Pierre Fleurot (1772-1849), professeur de botanique à l’école de pharmacie de Dijon, directeur du Jardin depuis 1829 et titulaire de la chaire de Botanique à partir de 1836, est chargé des opérations. Les directeurs successifs du Jardin botanique de Dijon sont tous originaires de la ville, à l’exception de Pierre Fleurot qui est né à Baulme-la-Roche : le médecin Jules Lavalle (1820-1880), entre 1850 et 1858, est également directeur de l’école de médecine, poste qu'il doit abandonner en 1862 sur ordre de l’empereur en raison de ses idées libérales et qui, s’étant improvisé général au moment de l’invasion prussienne, en 1870, provoque une terrible défaite dont le bourg de Talmay se souvint longtemps ; Firmin Fleurot, le fils de Pierre Fleurot, lui succède jusqu’en 1866, date à laquelle Alphonse Laguesse (1828-1914) est nommé au poste de directeur du Jardin botanique.
270 Genty (Paul), “Suite à la flore du département de la Côte-d’Or de Charles Royer”, Bulletin scientifique de Bourgogne, t. 2, 1932, pp. 59-77 ; Genty (Paul), “Lichens de la Côte-d’Or”, Bulletin scientifique de Bourgogne, t. 3, 1934, pp. 85-117 ; Genty (Paul), Guide illustré du visiteur au Jardin botanique de Dijon, Dijon : Mettray et Dugrivel, 1925, 28 p., 8 pls. On trouvera une liste complète des travaux de Paul Genty dans Poinsot (Henri), “Paul Genty”, Bulletin scientifique de Bourgogne, t. 16, 1955, pp. 187-192.
271 Lenoble (Félix), Catalogue raisonné des plantes vasculaires de la Drôme, Grenoble : Allier père et fils, 1936, 506 p.
272 Originaire d’Angers, Camille Sauvageau (1861-1936) est l'un des maîtres de l’algologie française du début du XXème siècle. Ancien élève de Charles Flahault (1852-1935), à la faculté des sciences de Montpellier, il obtient son doctorat à Paris sous la direction de Philippe Van Thieghem (1839-1914), titulaire de la chaire de Botanique du Muséum national d’histoire naturelle. Grâce à Charles Flahault, il entre en relation avec Édouard Bornet (1828-1911), continuateur des œuvres de Gustave Thuret (1817-1875), l’algologue du cap d’Antibes, célèbre pour avoir découvert le rôle des anthérozoïdes dans la fécondation des algues. Après son passage à Dijon, Camille Sauvageau est nommé professeur à la faculté des sciences de Bordeaux, où il a déjà enseigné les sciences naturelles entre 1886 et 1888. Il meurt à Pouget, près de Sarlat, en Dordogne. Il se consacre presque exclusivement à la physiologie des algues brunes. Du point de vue de la transmission du savoir, on lui doit d’avoir fait le lien – avec Louis Mangin (1852-1937), le premier titulaire de la chaire de Classification et famille naturelles des Cryptogames, au Muséum d’histoire naturelle de Paris – entre l’ancienne école des algologues tels que Gustave Thuret et Édouard Bornet et la nouvelle génération : Gontran Hamel (1883-1944), chef de travaux du laboratoire du Muséum, à Saint-Sévran, sur les côtes de la Manche, Pierre Allorge (1891-1944), entré au laboratoire de cryptogamie du Muséum, et Jean Feldmann (1905-1978), professeur de botanique à la faculté des sciences d’Alger puis à la Sorbonne, l’un des derniers élèves de Sauvageau. On pourra consulter Dangeard (Pierre), “Notice sur les travaux et la vie de Camille Sauvageau”, Bulletin de la Société biologique d’Arcachon, t. 34, 1937, pp. 1-52.
273 Genty (Paul), “Lathyrus bauhini”, Bulletin de la Société dauphinoise, 2èmc série, 1891, p. 90.
274 Grenier (Charles), Godron (Dominique-Alexandre), Flore de France, Paris : F. Savy, 1848, t. 1, p. 489.
275 Bauhin (Jean), Historia plantarum universalis, Ebroduni : Caldoriana, 1651, t. 2, p. 326, fig. 1.
276 Barrandon (Auguste), Loret (Henri), Flore de Montpellier, Montpellier : Adrien Delahaye, 1876, 2 vols.
277 Sennen (Frère), Coste (Hippolyte), “Plantes adventices observées dans la Vallée de l’Orb à Bédarieux et à Hérépian”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 41, 1894, pp. 98-113 ; Sennen (Frère), Coste (Hippolyte), “Diagnoses de quelques nouveaux Centaurea et Teucrium hybrides découverts dans l’Hérault et dans l’Aveyron”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 41, 1894, pp. 573-587.
278 On trouvera une liste complète de ces articles dans Gelsen (Llensa de), “Le Frère Sennen (1861-1937)”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 84, 1937, pp. 174-176.
279 En 1932, frère Sennen publie une synthèse sur la publication de ces exsiccatas : Sennen (Frère), “Exsiccata ‘Plantes d’Espagne’, vingt-cinq ans de publication”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 79, 1932, pp. 227-230. Entre 1905 et 1932, frère Sennen publie soixante-deux articles concernant la flore d’Espagne dans des périodiques tels que le Bulletin de la Société botanique de France, Le Monde des Plantes, le Bulletin de Géographie botanique, le Boletin de la Sociedad aragonesa de Ciencias naturales ou encore les Memorias de la real Academia de Ciencias y Artes de Barcelona. Certains de ces articles sont publiés en collaboration avec d’autres botanistes comme le commandant Alfred Saint-Yves (1855-1933) et son ami catalan Carlo Pau (1857-1937).
280 Sennen (Frère), Catalogo del herbario barcelonés, Barcelone : [s.n.], 1918, XXIV + 71 p.
281 Sennen (Frère), “Nombreuses localités de plantes nouvelles pour la Cerdagne, observées durant les vacances des années 1915 à 1926”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 74, 1927, pp. 355-410.
282 Sennen (Frère), Mauricio (Frère), Catalogo de la Flora del Rif oriental y pricipalmente de las cabilas limitrofes con Melilla, Melilla : impr. E. C, 1933, 120 p.
283 Sennen (Frère), Mauricio (Frère), Campagnes botaniques au Maroc oriental de 1930 à 1935, Madrid : Bravo, 1936, 160 p.
284 Sennen (Frère), “Las Centaureas de la flora de Barcelona y de sus cercamias”, Brotéria, série botanica, t. 23, 1927, p. 88.
285 Verguin (Louis), “Compte-rendu d’une excursion botanique à Rochefort, Chatelaillon et à l’île de Ré”, Procès-Verbaux de la Société linnéenne de Bordeaux, séance du 21 novembre 1900.
286 Verguin (Louis), “Fumaria burnati, hybride nouveau (F. agraria X F. capreolata)”, Revue de Botanique systématique et de Géographie botanique, t. 2, 1904, pp. 121-124. Pour une liste complète des publications de Louis Verguin, on pourra consulter Verguin (J.), “Le Général Louis Vergin (1868-1936)”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 84, 1937, p. 157.
287 Verguin (Louis), Neyraut (E.J.), “Sur la découverte du Pedicularis rosea Wulf, dans les Pyrénées”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 68, 1921, pp. 526-527. Entre 1924 et 1932, Louis Verguin rédige cinq autres articles sur la flore pyrénéenne : deux d’entre eux concernent des espèces de Fétuques, notamment celles découvertes dans l’herbier du botaniste toulousain Édouard Timbal-Lagrave (1819-1888) et qu’il a étudiées sous l’influence de son ami Alfred Saint-Yves ; les trois autres concernent la description de nouveaux hybrides de Cistes. Pour les références de ces articles, consulter Verguin (J.), “Le Général Louis Vergin (1868-1936)”, art. cit., p. 157.
288 Verguin (Louis), “Cistus Rodiei hybride nouveau. C. ladaniferus L. var. albiflorus Dun. X C. albidus L.”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 79, 1932, pp. 600-603.
289 Cité par Verguin (J.), “Le Général Louis Vergin (1868-1936)”, art. cit., p. 154.
290 Verguin (Louis), “Orchidées nouvelles de la Provence”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 54, 1907, p. 596.
291 Idem.
292 Coste (Hippolyte), Soulié (Joseph), Catalogue des plantes, ou Florule du Val d’Aran, Le Mans : Monnoyer, 1913, 132 p.
293 Luizet (Dominique), Soulié (Joseph), “Contribution à l’étude des Saxifrages du groupe des Dactyloïdes Tausch”, Bulletin de la Société botanique de France, t. 58, 1912, p. 638.s
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