Recherches sur les ossements fossiles : Georges Cuvier et la collecte d'alliés internationaux1
p. 591-606
Note de l’éditeur
Rudwick M., 1997. Recherches sur les ossements fossiles : Georges Cuvier et la collecte d’alliés internationaux, in : C. Blanckaert et al. (eds), Le Muséum au premier siècle de son histoire : 591-606. Muséum national d’Histoire naturelle. Archives. Paris ISBN 2-85653-516-X.
Texte intégral
1Au cours des premières décennies de sa nouvelle vie sous un nouveau nom, le Muséum d’Histoire naturelle devint le centre mondial de toutes les sciences naturelles. Dès le début, ses professeurs avaient pour but d’en faire un entrepôt des richesses naturelles de toutes les parties du globe, sans se limiter à la seule France ni même aux territoires conquis par la France et à ses possessions d’outre-mer. Ils ne faisaient ainsi que poursuivre ce que Buffon avait souhaité faire pour le Jardin du roi, selon l’éthique cosmopolite du siècle des Lumières2. Il est cependant trop facile de faire l’éloge de l’internationalisme du Muséum au début de son histoire, en négligeant d’analyser la manière dont les contacts internationaux fonctionnaient réellement, à une époque où les sentiments nationalistes prenaient une importance croissante et où l’Europe et le reste du monde étaient déchirés par des conflits militaires majeurs.
2Plus généralement, nous ne savons que très peu de choses sur la pratique quotidienne des sciences de muséum, que ce soit dans le Paris de la Révolution ou, d’ailleurs, à n’importe quelle époque et en n’importe quel lieu dans le passé. Par contre, il nous est désormais possible d’avoir une impression assez claire de ce qu’était la pratique des sciences de laboratoire dans le passé, grâce aux recherches de certains historiens modernes. Nous pouvons imaginer ce que cela aurait été que de regarder travailler dans leur laboratoire, Faraday à Londres au début du ΧΙΧème siècle, Lavoisier à Paris à la fin du XVIIIème, ou même Boyle à Londres à la fin du XVIIIème3. Mais toute la connaissance scientifique n’est pas créée dans les laboratoires, même si les physiciens (et les historiens de la physique) s’expriment souvent comme si c’était le cas. Une grande partie de la connaissance scientifique, autrefois comme aujourd’hui, est bien entendu produite sur le terrain et dans les muséums.
3J’examine dans cette étude la pratique d’une science de muséum bien précise, dans un contexte international, en m’appuyant sur un exemple datant des premières années du Muséum d’Histoire naturelle. Cet exemple est celui de Georges Cuvier et je m’intéresserai plus particulièrement aux recherches qui aboutirent en 1812 aux quatre volumes de son grand ouvrage Recherches sur les ossements fossiles. Ces recherches légitimaient les affirmations plus vastes faites par Cuvier dans le célèbre Discours préliminaire dont il préfaça cet ouvrage4. Sans ses analyses détaillées de quadrupèdes fossiles bien précis, ni les opinions de Cuvier sur les “révolutions du globe”, ni son affirmation qu’il était un “antiquaire d’une espèce nouvelle”, n’auraient eu un tel impact sur le monde scientifique, malgré toute la persuasion de sa rhétorique verbale.
4Lorsque Cuvier arriva à Paris en 1795 et se fit nommer suppléant de Mertrud au Muséum, il apportait avec lui un certain internationalisme. En tant que Montbéliardois, il n’était pas Français de naissance, mais sujet du duc de Wurtemberg. Il avait effectué ses études supérieures à la Karlsschule de Stuttgart, où il lui avait fallu apprendre à parler couramment l’allemand5. Cela lui donna accès à ce qui était alors le second ensemble de littérature scientifique par ordre d’importance, le premier lui étant déjà ouvert. C’était là un avantage dont ne bénéficiaient que peu, si ce n’est aucun, de ses collègues du Muséum, pour la plupart aussi satisfaits de maîtriser la principale langue scientifique que le sont les scientifiques anglophones aujourd’hui. Cuvier apprit plus tard l’italien et semble avoir été capable de lire l’anglais, sinon de le parler, sans difficulté. Et, bien entendu, son éducation classique lui permettait aussi de lire la littérature scientifique, encore substantielle, rédigée en latin. Comme lui fit remarquer plus tard Giovanni Fabroni de Florence, avec une exagération flatteuse, “toutes les langues Vous sont familières”6.
5Peu après l’arrivée de Cuvier au Muséum, son incursion improvisée dans l’anatomie des fossiles, qui devait retarder son Règne animal jusqu’après l’achèvement des Ossements fossiles, fut précipitée par deux événements qui lui apportèrent des spécimens d’un intérêt capital de provenance non française. D’abord, un fonctionnaire de la République en visite en Espagne envoya de Madrid à l’Institut national des épreuves de gravures. Elles représentaient de gros ossements fossiles qui avaient été découverts en 1789 près de Buenos Aires en Amérique espagnole, ainsi que le squelette que Juan-Bautista Bru avait reconstitué et monté au Gabinete Real de Madrid. On demanda à Cuvier, le plus qualifié (et le plus jeune) des membres de la Première Classe scientifique de l’Institut, de rédiger un rapport sur ces illustrations. Il conclut que cette “énorme bête”, ou ce Megatherium (comme il l’appela) ne ressemblait en rien à aucun animal vivant ; il affirmait cependant qu’il s’agissait clairement d’un édenté, dont les plus proches parents étaient des animaux aussi humbles que les paresseux et les fourmiliers7. Cependant, pour parvenir à cette conclusion spectaculaire, il fallait plus à Cuvier qu’une simple connaissance approfondie de l’anatomie comparée, même si la sienne était déjà impressionnante. Une telle conclusion ne pouvait émaner que d’un naturaliste ayant accès à l’une des plus belles collections zoologiques du monde : rares étaient les autres muséums, mis à part le Hunterian de Londres, à posséder à cette époque la quantité de squelettes d’animaux rares et exotiques nécessaire aux comparaisons détaillées effectuées par Cuvier8.
6Ensuite, dans la foulée des victoires de l’armée révolutionnaire aux Pays-Bas, la grande collection artistique et scientifique du Stathouder de La Haye avait été pillée au bénéfice de la République française. En conséquence, Cuvier trouva à sa disposition au Muséum un grand nombre de nouveaux spécimens rares, les produits accessoires de l’empire commercial hollandais. Parmi eux, des crânes d'éléphants provenant de Ceylan et de la colonie du Cap furent d’une importance décisive. Ils permirent à Cuvier de transformer une conjecture plausible, déjà suggérée par plusieurs naturalistes plus âgés, en un argument convaincant appuyé de preuves détaillées : d’après Cuvier, les éléphants vivants appartenaient à deux espèces distinctes, celle d’Inde et celle d’Afrique ; et, surtout, ce qui était plus important encore, le mammouth fossile était différent de l’une comme de l’autre. Cette conclusion, annoncée par Cuvier dans son premier mémoire présenté à l’Institut national, ne fut là encore possible que grâce aux ressources du Muséum9.
7Les interprétations que donna Cuvier du megatherium et du mammouth étaient si remarquables qu’il décida de faire de l’anatomie des fossiles la principale priorité de sa recherche. Ses travaux sur l’anatomie des mollusques et d’autres invertébrés prirent la seconde position ; son projet d’un inventaire et d’une restructuration du Règne animal tout entier fut remis à plus tard ; et il s’engagea dans de vastes Recherches sur les ossements fossiles.
8L'appréciation par Cuvier des ressources matérielles du Muséum fut probablement déterminante dans sa décision de décliner l’invitation de Berthollet à se joindre à l’équipe scientifique et culturelle qui accompagna l’expédition militaire de Bonaparte en Égypte : comme il le rappela bien des années plus tard, “j’étais au centre des sciences et en milieu de la plus belle collection”10. Cette décision sous-entendait l’ambition de faire carrière sur une voie nouvelle et presque pas défrichée, celle du pur naturaliste de muséum. De toute manière, au bout de quelques années, ses charges de secrétaire perpétuel de la Première Classe de l’Institut le rendirent, comme il le dit plaisamment à Fabroni, “perpétuellement fixé” à Paris11. Le seul travail de terrain qu’il put effectuer dans le cadre de ses recherches sur les ossements fossiles fut donc de collaborer avec Alexandre Brongniart à leur grand inventaire de la “géographie minéralogique” du Bassin parisien. Heureusement pour Cuvier, Paris se trouvait être situé dans une région d’importance capitale pour sa recherche : les carrières de gypse de Montmartre livraient certains des plus beaux et des plus étonnants des ossements fossiles disponibles où que ce fût dans le monde. Mais même là, nous ne savons pas exactement combien de travail de terrain Cuvier effectua réellement : il semble probable que ce fût surtout Brongniart qui crotta ses bottes, même si ce fut Cuvier qui rédigea le canevas de leur mémoire commun12.
9Quoi qu’il en soit, les pièces trouvées à Paris représentaient l’exception : pour le reste de ses recherches sur les fossiles, Cuvier dépendait presque entièrement pour ses spécimens de ce que le Muséum renfermait déjà, ou de ce qu’il pouvait acquérir à son intention. Plus tard, lorsque ses responsabilités gouvernementales dans l’administration de l’éducation l’amenèrent à voyager dans le sud de la France, en Italie et aux Pays-Bas, Cuvier saisit l’occasion d’examiner les fossiles des muséums de toutes les villes où il se rendait. Mais à cette époque, il était tellement ancré dans ses habitudes de naturaliste de muséum qu’il semble n’avoir fait que peu de véritable travail de terrain, peut-être même n’en fit-il pas du tout. Même ses voyages étaient donc mis à profit, lorsqu’il n’était pas en service, pour étendre les collections du muséum virtuel, dirai-je, qu’il avait dans la tête et dans ses dossiers de notes.
10Il est important de reconnaître ici un trait intrinsèque du matériel paléontologique, qui impose autant de contraintes à la recherche aujourd’hui qu’à l’époque de Cuvier. Dans le cas du matériel botanique et zoologique, les spécimens existent généralement en double, sauf dans le cas d’espèces particulièrement rares ou précieuses. Une grande partie des transactions internationales courantes entre les muséums d’histoire naturelle consiste à prêter ou à échanger ces doubles. Cela signifie que les ressources d’un muséum peuvent être reproduites dans d’autres, dans la mesure où cela est nécessaire aux besoins de la recherche ou de la présentation au public. Mais il en est souvent tout autrement en ce qui concerne les fossiles. Les fossiles de vertébrés, en particulier, sont généralement rares et fragmentaires, et souvent mal conservés. Les spécimens qui sont particulièrement complets ou bien conservés ont donc une valeur scientifique exceptionnelle. Dans les collections paléontologiques, il est très fréquent que l’on fasse grand cas de certains spécimens particuliers ; l’équivalent d’une telle situation ne se trouve que rarement dans les collections botaniques ou zoologiques (à l’exception bien sûr des spécimens types). Par conséquent, les responsables des collections de fossiles sont généralement peu disposés à prêter, et encore moins à échanger, leurs spécimens les plus précieux et les plus riches en informations. Cela était tout aussi vrai à l’époque de la fondation du Muséum qu’aujourd’hui.
11Dans les muséums modernes, le problème est atténué par les techniques de moulage modernes. Celles-ci permettent en effet la création de spécimens de substitution13 tout à fait satisfaisants, qui peuvent être échangés entre les muséums sans risque pour les précieux originaux. Les paléontologues peuvent donc effectuer une grande partie de leur recherche sans avoir à se rendre en personne dans des muséums lointains. À l’époque de Cuvier, cependant, les techniques de moulage étaient grossières et assez peu satisfaisantes, car incapables de reproduire un grand nombre des détails de la forme et de la texture de l’original. Elles étaient utilisées faute de mieux, mais en tout état de cause l’envoi de moulages, ou d’ailleurs de doubles lorsqu’ils existaient, était très risqué. En particulier dans les conditions du temps de guerre où Cuvier effectua la majeure partie de ses recherches sur les fossiles, l’envoi de lourds colis de spécimens par fourgon ou par diligence était coûteux et aléatoire : la correspondance de Cuvier avec Adriaan Camper aux Pays-Bas, par exemple, abonde en interrogations anxieuses sur l’arrivée ou non de tels envois14.
12Il existait néanmoins une autre sorte de spécimens de substitution, pouvant être envoyés plus sûrement, à moindre coût et plus rapidement. Il s’agissait de dessins de spécimens particuliers. Les manuscrits de Cuvier, aujourd’hui conservés à la Bibliothèque centrale du Muséum, abondent en dessins manuscrits d’os particuliers, reçus par lui de son réseau de contacts internationaux ; et sa correspondance, dont la majeure partie est conservée à la bibliothèque de l’Institut de France, montre clairement qu’un grand nombre de ces dessins furent envoyés en réponse aux demandes détaillées de dessins de spécimens précis émanant de Cuvier. De même, lorsqu’exceptionnellement il lui arrivait de voyager, il exécutait ses propres dessins des spécimens les plus importants des autres muséums, utilisant ces dessins comme des spécimens de substitution qu’il pourrait rapporter à Paris.
13Les dessins étaient en fait la principale monnaie d’échange international dans les recherches de Cuvier sur les vertébrés fossiles. Il s’agissait souvent de simples croquis au crayon ou à l’encre, mais ils étaient généralement dessinés avec une précision impressionnante et ombrés avec une habileté considérable. Toutefois, il s’agissait fréquemment aussi d’aquarelles, souvent réalisées avec une étonnante virtuosité, soit par des artistes professionnels soit, dans de nombreux cas, par les naturalistes eux-mêmes. La fonction pratique de tous ces dessins, appelés à servir de spécimens de substitution, rendait particulièrement importante l'utilisation d’un style d’un naturalisme extrême, proche du trompe-l’œil (voir fig. 1)15. Ce fut bien sûr un heureux hasard de l’histoire de l’art, qu’à cette période un style naturaliste de ce type, par exemple dans les natures mortes, ait été hautement apprécié en lui-même dans le monde artistique. Un autre fait tout aussi heureux pour la science, quoique nullement dû au hasard, était qu’à cette époque toute personne instruite de l’un ou l’autre sexe devait tout naturellement posséder une compétence dans les arts graphiques, les futurs naturalistes étant particulièrement conscients de l’importance de savoir dessiner. Cuvier lui-même possédait cette compétence, ou plutôt, il l’avait acquise dans sa jeunesse, à un degré remarquable (voir fig. 3).
14Une fois prise la décision de faire des quadrupèdes fossiles son principal projet de recherche, Cuvier s’empressa de donner une grande publicité à cette intention. Ses études sur le megatherium et sur les espèces d’éléphants vivants et fossiles furent rapidement publiées en résumé dans le Magasin encyclopédique et furent dûment remarquées et traduites dans d’autres revues d’Europe. Mais comme toujours en sciences naturelles, les images étaient plus parlantes et plus convaincantes que n’importe quel texte. Dans le cas du megatherium, une copie de la gravure, que Bru avait faite du squelette reconstitué, fut publiée avec l’article préliminaire de Cuvier ; quoique de qualité grossière et de taille réduite, elle valait mieux que rien. Dans le cas des éléphants, Cuvier utilisa les épreuves des planches de son prochain mémoire, gravées à partir de ses propres croquis des crânes, pour les envoyer à plusieurs correspondants hors de France. De cette manière, les preuves capitales dont il disposait furent vues par des savants en d’autres endroits de l’Europe, sans attendre trois années la publication du mémoire par l’Institut. Entretemps, son ambitieux projet de recherche fut résumé en 1798 dans le Bulletin des sciences de la Société philomatique et traduit en allemand et en anglais16. Il semble avoir été lu par de nombreux naturalistes à travers l’Europe ; en tout cas plusieurs lui envoyèrent leurs commentaires.
15L’effort décisif de Cuvier pour se faire reconnaître au niveau international vint cependant avec l’article présentant son programme à l'Institut en 180017. Le texte était présenté comme un simple extrait “d’un ouvrage sur les espèces de quadrupèdes dont on a trouvé les ossements dans l’intérieur de la terre”. Il s’adressait explicitement “aux savants et aux amateurs des sciences” : aussi bien aux assez rares spécialistes scientifiques des ossements fossiles qu’aux nombreux collectionneurs sérieux de ces spécimens. Cuvier exposait sa thèse selon laquelle les ossements fossiles représentaient toute une faune d’espèces différentes de tous les animaux vivants. Il posait le problème de déterminer si les espèces fossiles s’étaient éteintes d’une manière ou d’une autre, s’étaient transformées au cours du temps, ou avaient simplement migré à d’autres endroits de la terre. Parmi ces trois possibilités, sa ferme conviction personnelle était bien entendu qu’elles s’étaient toutes éteintes à la suite de quelque cataclysme du passé géologique récent. Mais cette question théorique de haut niveau dépendait pour sa solution de la collecte d’une quantité encore plus grande de preuves empiriques : seuls des spécimens beaucoup plus nombreux et de bien meilleure qualité lui auraient permis de confirmer son impression initiale et d’étayer son audacieuse affirmation que tous les ossements fossiles différaient distinctement de ceux de toutes les espèces vivantes.
16Cuvier lança donc un appel explicite à la collaboration internationale. Il ne demandait pas à se faire prêter des spécimens, car cela aurait fait soupçonner que Paris cherchait à faire d’autres pillages culturels et ne rendrait jamais ces spécimens. Au lieu de cela, il demandait explicitement des spécimens de substitution et en particulier des dessins précis. En échange, il promettait d’envoyer à l’expéditeur sa propre identification, qui faisait autorité, des spécimens dessinés et de remercier dûment ses collaborateurs dans ce qu’il voulait être une publication volumineuse et magistrale. “Cet échange réciproque de lumières”, déclarait-il, “est peut-être le commerce le plus noble et le plus intéressant que puissent faire les hommes”18. Il exposait soigneusement ses propres qualifications pour cette tâche, non seulement en mentionnant les résultats qu’il avait déjà obtenus, mais aussi en citant les savants qui l’avaient déjà aidé. Enfin, ce qui n’était pas moins important, il décourageait tacitement toute concurrence potentielle en soulignant que son propre projet était déjà fort avancé. En particulier, sur le plan essentiel et coûteux des illustrations, il mentionnait le fait que pas moins de cinquante planches de ses dessins avaient déjà été gravées et étaient prêtes à être publiées.
17Le texte du programme de Cuvier révèle qu’il ne disposait au départ que d’un petit nombre d’informateurs. Il n’oublia pas de reconnaître la collaboration de huit de ses collègues parisiens, un chiffre relativement élevé : parmi eux se trouvaient Daubenton, son principal prédécesseur français dans l’étude des ossements fossiles ; Déodat de Dolomieu, dont les théories géologiques étaient les plus proches des siennes ; et même, non sans tact, Faujas de Saint-Fond, son principal rival au Muséum dans le domaine de la géologie. Cuvier mentionnait également trois importants collectionneurs parisiens, dont il dépendait pour certains de ses meilleurs spécimens ; le principal d’entre eux était le “citoyen Drée”, le marquis de Drée, momentanément démocratisé, beau-frère de Dolomieu. Hors de Paris, Cuvier ne s’était toutefois guère procuré de sources de spécimens ou d’informations sur les ossements fossiles, comme le montre une simple carte de distribution (voir fig. 2). À part deux “confrères” hors de Paris, Johann Hermann à Strasbourg et Gotthelf Fischer à Mayence, sa liste ne comprenait que huit “naturalistes étrangers” et dans deux cas au moins c’était eux qui avaient pris l’initiative et non Cuvier. Christian Wiedemann, de Brunswick, semble l’avoir contacté initialement pour obtenir la permission de reproduire les illustrations de Cuvier dans son propre périodique ; et Adriaan Camper fut encouragé à contacter Cuvier après qu’Auguste de Candolle, de Genève, se rendit à Franeker, tout au nord des Pays-Bas et vit la magnifique collection que le Hollandais avait hérité de son père, le grand anatomiste Pieter Camper. Cuvier semble avoir pris contact avec Johann Blumenbach, de Göttingen, le plus expérimenté de ses prédécesseurs et son plus grand rival potentiel dans ce domaine scientifique, très peu de temps avant d’annoncer ses ambitieux projets de recherche. Les seuls autres contacts de Cuvier dans l’Europe germanophone étaient Autenrieth et Jaeger à Wurtemberg. Aux Pays-Bas, Cuvier était déjà en contact avec un autre spécialiste de l’anatomie comparée, Sebald Brugmans de Leiden, même avant l’entrée en scène de Camper fils ; et dans les États italiens, Cuvier mentionnait ses contacts avec Fabroni à Florence et Giovanni-Battista Fortis à Bologne. Il ne mentionnait aucun informateur dans le monde anglophone, mais cela n’est guère surprenant en raison de la guerre.
18L'appel à la collaboration internationale lancé par Cuvier fut publié par l’Institut national sous forme d’un livret indépendant ; sans doute le fait que Cuvier était devenu l’un des secrétaires de la Première Classe ne fut-il pas étranger à ce traitement de faveur. Il est certain en tout cas que le livret fut largement distribué aux individus comme aux institutions scientifiques partout en Europe, et même en Amérique du Nord. Fischer, à qui Cuvier avait demandé de traduire le moment venu l’intégralité de son ouvrage, lui fit parvenir une liste de savants allemands à qui envoyer d’autres exemplaires. Une traduction allemande fut publiée à Jena et suscita les réactions de savants dans l’Europe entière, jusqu’à Stockholm ou la Galicie orientale. Fabroni promit de diffuser une traduction parmi ses amis italiens et Camper dit à Cuvier qu’il ferait publier une traduction en néerlandais aux Pays-Bas. Un exemplaire parvint à Sir Joseph Banks à Londres, probablement pendant la brève Paix d’Amiens et circula certainement à la Royal society et lors des soirées scientifiques organisées par Banks lui-même. Un autre exemplaire fut envoyé à l’American philosophical society de Philadelphie et un résumé en anglais fut publié dans une revue médicale de New York. En plus de tout cela, l’article de Cuvier fut également publié dans le Journal de physique de Lamétherie, largement diffusé, ainsi que dans le Magasin encyclopédique, deux publications qui durent assurer à l’article une publicité encore plus grande.
19La volumineuse correspondance de Cuvier, ainsi que ses dossiers de matériel pour ses travaux sur les ossements fossiles, montrent que cet appel à la collaboration internationale connut un vif succès. Les lettres et les dessins affluèrent de l’Europe entière et au-delà. Une simple carte de distribution de ceux dont la correspondance a survécu avec lui ne peut donner qu’une impression minimale de ce réseau ; mais elle montre un élargissement impressionnant par rapport à la période antérieure à la publication de cet appel à la collaboration (voir fig. 2)19. Ses informateurs allaient maintenant de Stockholm au nord à Rome au sud, et de Saint Petersbourg à l’est à Philadelphie à l’ouest.
20Bien entendu, l’importance et la valeur des informations que Cuvier recevait de ces sources, et sans doute de nombreuses autres dont nous ne possédons pas de traces écrites, étaient très variables. Certains correspondants se contentaient de lui envoyer le dessin d’un ossement curieux découvert dans leur voisinage, ou de l’informer de la présence de spécimens dans des collections privées dont il n’avait peut-être pas entendu parler. D’autres, plus judicieusement, lui envoyaient des dessins de spécimens qu’ils savaient être d’une importance particulière, ou commentaient ses travaux dans la perspective de leurs propres “théories de la terre”. Mais pour modeste que fût l’information, Cuvier prenait toujours soin de la mentionner plus tard dans ses publications ; et cette reconnaissance, venant du centre mondial de la recherche scientifique, représentait certainement une ample récompense pour beaucoup de ces “amateurs” de science, dispersés. Ils n’eurent même pas à attendre jusqu’en 1812, date à laquelle les Recherches sur les ossements fossiles furent enfin publiées ; en effet, dès 1804, les travaux de Cuvier sur certains animaux fossiles commencèrent à paraître dans les Annales du Muséum et dans chaque mémoire il avait soin de mentionner le nom de ses informateurs.
21Après l’audacieux pillage culturel des guerres révolutionnaires, le Muséum reçut relativement peu de nouveaux spécimens d’ossements fossiles pour ses collections, à part l’afflux régulier de ceux que l’on découvrait dans les environs, à Montmartre et dans ce qui était alors d’autres faubourgs de Paris. Mais pendant les années du Consulat et de l’Empire, Cuvier fut presque submergé de spécimens de substitution. Souvent, le correspondant avait poussé la fidélité à l’extrême, en envoyant une peinture naturaliste d’une grosse dent de mammouth, par exemple, ou même d’un morceau de défense, grandeur nature ; en pareil cas, Cuvier reproduisait soigneusement le dessin à une taille réduite convenant à la publication. Parfois le dessin ne comportait pas les caractéristiques nécessaires pour l’identification et Cuvier répondait en demandant un autre dessin sous un autre angle ; ou bien un dessin arrivait sans indication précise d’échelle, et il demandait des mesures exactes. Mais un grand nombre de ces dessins étaient si bons et convenaient si bien à ses objectifs qu’il se contentait de les découper et de les monter, aux côtés des siens, pour composer une planche de figures prête à être gravée (voir fig. 3). E intervention du graveur entraînait alors une conséquence inévitable qui n’était probablement pas désagréable à Cuvier. Quel que fût le style et le support des dessins qui avaient été envoyés, ils étaient tous uniformisés sur la planche finale (voir fig. 4) : Cuvier se les était en pratique appropriés pour son propre projet20. Les naturalistes de l’époque ne tenaient aucun compte de l’inversion de gauche à droite inhérente au processus de gravure, tout comme les astronomes ne tenaient pas non plus compte de l’inversion de haut en bas des images que donnent les observations au télescope.
22Les résultats de l’appel lancé par Cuvier “aux savants et aux amateurs des sciences” lui donnèrent l’avantage décisif d’un réseau de correspondants partout en Europe et même au-delà. Ils étaient ses alliés internationaux et leur assistance pratique renforçait l’autorité de ses affirmations. Comme dans toute véritable alliance, toutefois, la collaboration profitait aux deux parties. Avec l’extension de la renommée scientifique de Cuvier, l’expression publique de sa gratitude pour cette collaboration devint une forme de reconnaissance de plus en plus précieuse pour beaucoup de ceux qui lui fournissaient des informations et des spécimens de substitution21.
23Les correspondants de Cuvier lui permirent d’élargir considérablement les ressources du Muséum, sinon en spécimens fossiles, du moins en dessins de ces spécimens. En s’appropriant ces spécimens de substitution pour en faire un muséum virtuel dont il avait le contrôle total, Cuvier constituait également un réseau d’alliés international, au même titre que les naturalistes qui les lui avaient envoyés22. En effet, sans cet élargissement de ses ressources, sa description de l’ostéologie des fossiles aurait été beaucoup moins complète et aurait par conséquent constitué un argument beaucoup moins convaincant à l’appui de ses affirmations théoriques majeures. Sans les spécimens de substitution que lui procura son appel à l’aide internationale, l’affirmation de Cuvier selon laquelle il avait identifié toute une faune d’espèces distinctes de tous les animaux vivants n’aurait guère valu mieux que les “systèmes” ou les “théories de la terre”, tous hautement spéculatifs, qu’il déplorait tellement dans la science géologique23. Moins plausible encore aurait été sa célèbre et spectaculaire interprétation de cette affirmation, à savoir que cette faune d’espèces précédemment inconnues démontrait “l’existence d'un monde antérieur au nôtre, détruit par une catastrophe quelconque”24.
24Lorsque ses Recherches sur les ossements fossiles furent publiées, moins de vingt ans après la fondation du Muséum, les travaux de Cuvier avaient déjà orienté l’intérêt mondial pour les quadrupèdes fossiles vers les cercles concentriques représentés par la France, Paris, le Muséum, la Galerie d’anatomie comparée et bien entendu Cuvier lui-même. Cette orientation était due avant tout à la vaste collection d’ossements fossiles individuels qu’il avait rassemblée : non seulement les véritables spécimens que renfermait le Muséum, mais aussi et de façon déterminante les spécimens de substitution (les dessins et les moulages) que ses contacts internationaux lui avaient fait parvenir à sa demande. Il avait concentré ce grand muséum virtuel en un seul point de la terre, un coin du Jardin des plantes, près de la rue qui porte aujourd’hui son nom. En écrivant les mémoires qui furent reproduits dans les Ossements fossiles, mais de façon plus déterminante encore en réunissant les planches qui les illustraient, Cuvier s’appropria des spécimens du monde entier (aussi bien des spécimens véritables que de substitution) pour les mettre au service de son propre projet. Après la publication de son ouvrage, tous ces spécimens devinrent ses puissants alliés internationaux : des gravures de ces spécimens se substituèrent à nouveau à ceux qui restaient à Paris, pour diffuser ses conclusions de façon convaincante dans l’ensemble du monde scientifique.
Notes de bas de page
1 Les recherches en vue de cette étude ont été financées par l’U.S. National Science Foundation (subvention no DIR-9021695) et par une subvention du Sénat académique de l’Université de Californie San Diego.
2 Voir la contribution de Marie-Noëlle Bourguet au présent volume.
3 Gooding (David), Experiment and the making of meaning : human agency in scientific observation and experiment, Dordrecht : Kluwer Academic publisher, c. 1990, 310 p. (Science and philosophy ; 5) ; Holmes (Frederic Lawrence), Lavoisier and the chemistry of life : an exploration of scientific creativity, Madison : University of Wisconsin Press, 1985, 565 p. (Wisconsin publications in the history of science and medicine ; 4) ; Shapin (Steven), Schaffer (Simon), Leviathan and the air-pump, Hobbes, Boyle and the experimental life : including a translation of Thomas Hobbes, “Dialogus physicus de natura aeris” by Simon Shaffer, Princeton : Princeton University Press, 1985, 440 p.
4 Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements fossiles de quadrupèdes, Paris : Déterville, 1812, 4 vol. Sur le Discours, voir la contribution de Claudine Cohen au présent volume ; le texte est disponible dans une édition moderne pratique : Cuvier (Georges), Pellegrin (Pierre) (sous la dir.), Recherches sur les ossements fossiles de quadrupèdes : où l’on établit les caractères de plusieurs espèces d’animaux que les révolutions du globe paraissent avoir détruites : discours préliminaires (1812), Paris : Flammarion, 1992, 189 p. (GF-Flammarion ; 631).
5 Sur la carrière de Cuvier, voir en part. Outram (Dorinda), Georges Cuvier : vocation, science and authority in post-revolutionary France, Manchester : Manchester University Press, c. 1984, 299 p. Voir également Negrin (Howard Elias), Georges Cuvier : administrator and educator, Ph. D. : Université de New York, 1977, 553 p.
6 Lettre de Fabbroni à Cuvier, 26 décembre 1801 (Institut de France, Ms 3223/36).
7 Cuvier (Georges), “Notice sur le squelette d’une très grande espèce de quadrupède", Magasin encyclopédique, 2ème année, no 1, 1796, pp. 303-310, 2 pls ; il s’agit de l’entrée no 22 dans Smith (Jean Chandler), Georges Cuvier : an annotated bibliography of his published works, Washington, D.C. : Smithsonian Institution, c. 1993, XX-251 p. Sur les recherches de Cuvier sur le mégathérium, voir Hoffstetter (R.), “Les Rôles respectifs de Bru, Cuvier et Garriga dans les premières études concernant Megatherium”, Bulletin du Muséum d’Histoire naturelle, no 31, 1959, pp. 536-545 et López Pinero (José), “Juan Bautista Bru (1740-1799) and the description of the genus Megatherium”, Journal of the history of biology, no 21, 1988, pp. 147-163.
8 Sur la relation entre la collection du Hunterian et celles du Muséum, voir la contribution de Phillip Sloan au présent volume.
9 Cuvier (Georges), “Mémoire sur les espèces d’éléphants tant vivantes que fossiles”, Magasin encyclopédique, 2ème année, no 3, 1796, pp. 440-445 ; "Mémoire sur les espèces d’éléphants vivantes et fossiles”, Mémoires de l'Institut national des sciences et des arts, sciences mathématiques et physiques, no 2, 1799, pp. 1-22, pls. 2-6 : cf. Smith (Jean Chandler), Georges Cuvier : an annotated bibliography…, op. cit., entrées 23, 35.
10 Cuvier, fragment autobiographique (Institut de France, Ms 2598/3, p. 39) ; publié dans Flourens (Pierre), Recueil des éloges historiques lus dans les séances publiques de l’Académie des sciences, 1ère série, Paris : Garnier frères, 1856, p. 185. Voir Outram (Dorinda), Georges Cuvier..., op. cit., pp. 61-63.
11 Lettre de Fabroni à Cuvier, n.d. [1803], citée dans Outram (Dorinda), Georges Cuvier..., op. cit., p. 67.
12 Le manuscrit se trouve à la Bibliothèque centrale du Muséum (Ms 631). Le mémoire fut publié sous le titre “Essai sur la géographie minéralogique des environs de Paris” dans le Journal des mines, no 23, 1808, pp. 421-458 et, avec des modifications de détail, dans les Annales du Museum, no 11, 1808, pp. 293-326 : cf. Smith (Jean Chandler), Georges Cuvier : an annotated bibliography..., op. cit., entrées 234, 241.
13 J’emprunte l’idée de “substitution” (proxy) dans ce contexte à Hineline (Mark Lawrence), The Visual culture of the earth sciences, 1863-1970 (paleontology, geomorphology, structural geology), Ph. D. : Université de Californie San Diego, 1993, 447 p.
14 Les lettres de Cuvier à Camper se trouvent à l’Universiteitsbibliotheek, Universiteit van Amsterdam ; celles de Camper à Cuvier sont au Muséum et à l’Institut de France : voir les résumés dans Theunissen (Bert), “De briefwisseling tussen A.G. Camper en G. Cuvier”, Tijdschrift der Geschichte der Geneeskunde, Natuurwetenschappen, Wiskunde en Techniek, no 3, 1980, pp. 155-177.
15 La figure 1 est reproduite d’après une peinture originale portant de la main de Cuvier l'inscription “blumenb. 14 sept. 1801” (Bibliothèque centrale du Muséum, Ms 630 (2), dossier “Grand Mastodonte — matériel nouveaux”). Il la reproduisit plus tard sous forme de gravure, de taille réduite et d’une qualité nettement inférieure, dans “Sur le grand Mastodonte, animal très voisin de l’éléphant, mais à mâchelières hérissées de gros tubercules, dont on trouve les os... surtout près des bords de l’Ohio, dans l’Amérique septentrionale...”, Annales du Muséum d’Histoire naturelle, no 8, 1806, pp. 270-312 : cf. Smith (Jean Chandler), Georges Cuvier : an annotated bibliography..., op. cit., entrée 201. Reproduction dans Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements fossiles..., op. cit., vol. Il, mém. X, pl. I, fig. 5.
16 Cuvier (Georges), “Extrait d’un mémoire sur les ossements fossiles de quadrupèdes”, Bulletin des sciences de la Société philomatique, 2ème série, no 1, 1798, pp. 137-139 : cf. Smith (Jean Chandler), Georges Cuvier : an annotated bibliography..., op. cit., entrée 44 ; les traductions figurent sous les no 50, 59 et 84.
17 Cuvier (Georges), “Extrait d’un ouvrage sur les espèces de quadrupèdes dont on a trouvé les ossements dans l’intérieur de la terre, adressé aux savants et aux amateurs des sciences”, Journal de physique, no 52, 1801, pp. 253-267. Le texte reproduisait celui du livret publié par l’Institut en 1800 ; il fut traduit en italien et certains extraits en allemand et en anglais : cf. Smith (Jean Chandler), Georges Cuvier : an annotated bibliography..., op. cit., entrées 60, 98, 105, 106, 125.
18 Ibid., p. 266.
19 Cette carte, et les résumés qui précèdent, sont basés sur les lettres reçues par Cuvier, et aujourd’hui conservées à la bibliothèque de l'Institut de France. Je remercie le personnel de la bibliothèque pour son aide lors de la consultation de ces manuscrits.
20 Les figures 3 et 4 sont reproduites, respectivement, d’après le Ms 628 (Bibliothèque centrale du Muséum, dossier “Hippopotames fossiles”) et l’article “Sur les ossements fossiles d’hippopotame”, Annales du Muséum d’Histoire naturelle, no 5, 1804, pp. 99-122 : cf. Smith (Jean Chandler), Georges Cuvier : an annotated bibliography..., op. cit., entrée 153. Reproduction dans Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements fossiles..., op. cit., vol. II, mém. VI, pl. I. La notion d’“appropriation” est empruntée à Friedman (Robert Marc), Appropriating the weather : Vilhelm Bjerknes and the construction of a modem meteorology, Ithaca : Cornell University Press, 1989, 251 p.
21 Voir Outram (Dorinda), Georges Cuvier..., op. cit.
22 Nous empruntons la notion d’entités inanimées, ici des spécimens fossiles, en tant qu’“alliés” dans le domaine agonistique de la persuasion scientifique, à Bruno Latour : voir par ex. Latour (Bruno), Science in action : how to follow scientists and engineers through society, Milton Keynes : Open University Press, 1987, 274 p.
23 Voir par ex. Cuvier, Haüy et Lelièvre, “Rapport de l’Institut national (classe des sciences physiques et mathématiques), sur l’ouvrage de M. André, “Théorie de la surface actuelle de la terre”, Journal des mines, no 21, 1807, pp. 413-430 : cf. Smith (Jean Chandler), Georges Cuvier : an annotated bibliography..., op. cit., entrée 209. Le rapport a été rédigé par Cuvier (Bibliothèque de l’Institut de France, Ms 3160).
24 Cuvier (Georges), “Mémoire sur les espèces d’éléphants tant vivantes que fossiles”, art. cit., p. 444.
Auteur
Université de Californie, San Diego, États-Unis
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