Du Dinotherium : un débat au Muséum (1829 - 1844)
p. 277-293
Note de l’éditeur
Balan, B., 1997. Du Dinotherium : un débat au Muséum (1829-1844). in : C. Blanckaert et al. (eds), Le Muséum au premier siècle de son histoire : 277-293. Muséum national d’Histoire naturelle, Archives. Paris ISBN 2-85653-516-X.
Texte intégral
1Le fascicule de l'Ostéographie (1839-1864) consacré au Dinothérium par de Blainville, fascicule “imprimé en placard” en septembre 1843, puis complété en 1844, donne le ton dès les premières lignes : le Dinothérium y est monté en épingle en vue d’appeler les paléontologistes à la prudence “lorsque, séduits par une découverte inattendue, quelquefois même extraordinaire, ils se trouvent entraînés à proposer des rapprochements qui ne le sont pas moins, quoiqu’ils n’aient souvent pour base, pour point d’appui, que l’examen et l’étude de pièces, os ou dents, insuffisants pour conduire à des conclusions un peu certaines”1.
2L’historique de la question sera donc principalement celui des errements des paléontologistes en présence des restes fossiles de Dinothérium. Ceux-ci débutent en 1613 avec la découverte près de Saint-Romans (dans la basse vallée de l’Isère), au lieu-dit “le Champ des Géants”, d’ossements attribués par Habicot au roi Teutobochus, dont une dent est reconnue par de Blainville comme étant “indubitablement” une dent de Dinothérium2. Mais les difficultés qui vont retenir avant tout de Blainville tout au long de sept pages sont celles de Cuvier, à savoir l'identification du Dinothérium, à partir de 1800, comme une espèce (ou éventuellement un genre) de “Tapirs gigantesques”, sur une documentation constituée pour l’essentiel par des dents molaires. Ce seront ensuite celles de Kaup, le créateur du genre Dinothérium en 1829, sur une mâchoire entière mais brisée, trouvée dans les sables tertiaires d’Eppelsheim, en Hesse-Rhénane. Kaup, suivi en cela par Cuvier, avait figuré les défenses en position inverse de leur position réelle et fait du Dinothérium un genre intermédiaire entre Tapir et Hippopotame. Une fois cette erreur rectifiée grâce à la découverte de mâchoires intactes, la présence de deux phalanges d’Édentés dans le même dépôt a conduit Kaup à rattacher le Dinothérium à ce groupe. Mentionnons aussi les errements de Buckland, qui a vu en 1830 dans le Dinothérium un animal voisin des Tapirs, mais de mœurs aquatiques, qui se sert de ses défenses comme d’un râteau pour arracher les racines des végétaux dont il se nourrit et comme d’un outil pour fixer sa tête au rivage pendant son sommeil — conception pour laquelle, remarque de Blainville, “on ne peut se cacher que l’imagination avait à peu près fait tous les frais”3. Pour Buckland, il fallait surtout que les dispositions du Dinothérium répondent de manière téléologique à “l’état du globe couvert de lacs”, caractéristique de cette période du Tertiaire4.

FIG. 1 - Restauration du Dinotherium. Source : Buckland (William), La Géologie et la minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, Paris : Crochard, 1838, pl. 2.
3Restent à signaler les errements de de Blainville lui-même : en 1836, on découvre, toujours à Eppelsheim, une tête complète de Dinothérium. Kaup et Klipstein viennent l’exposer à Paris et de Blainville en fait l’objet d’une communication à l’Académie des sciences au cours de la séance du 20 mars 1836 ; il y voit un “animal de la famille des Lamantins ou Gravigrades aquatiques”5, c’est-à-dire une sorte de Dugong. Mais la même année, Lartet écrit à de Blainville : “je vous avoue que j’aurais bien de la peine à admettre que le Dinothérium fut un habitant de nos mers tertiaires. Ses restes se retrouvent fréquemment très près de la chaîne actuelle des Pyrénées et à des distances considérables des rivages de l’ancienne mer... Comment soupçonner que des cours d’eau furent assez considérables pour permettre à des Mammifères marins du volume des Dinothérium de les remonter presque jusqu’à leur source ? Et si cela eut été, pourquoi le Lamantin, si commun dans nos terrains tertiaires, n’aurait-il pas aussi remonté nos fleuves et laissé ses débris avec ceux du Dinotherium ? Au contraire, celui-ci se retrouve presque toujours en compagnie de Mastodontes, de Palaeotherium, et quelquefois de Ruminants”6. De Blainville va se refuser encore à admettre sans réserve l’appartenance au Dinothérium de fragments d’os des membres trouvés par Lartet. Il finira cependant par admettre en 1843 que le Dinotherium, s'il reste compris dans l’ordre des Gravigrades, est plus proche des Éléphants que des Lamantins et qu’il est “par conséquent pourvu de deux paires de membres terminés par des doigts ongulés”, comme le voulait Lartet7. Il n’en reste pas moins qu’un paléontologiste de l’importance de Pictet s’obstina à placer le Dinothérium dans l’ordre des Siréniens, avec pour circonstance aggravante l’adoption de la classification des Mammifères de Milne-Edwards dans laquelle les Siréniens sont séparés des Proboscidiens et voisins des Zeuglodontes et des Cétacés8.

FIG. 2 - Tête du Dinothérium giganteum trouvé à Eppelsheim en 1836. Source : Klipstein (August de), Kaup (Johann Jakob), Description d'un crâne colossal de Dinotherium giganteum trouvé dans la province rhénane du grand duché de Hesse-Darmstadt, Paris : Libr. Levrault, 1837.
4De Blainville conclut tout de même son aperçu historique par un rapprochement entre le Dinothérium et la dent d’or : “si les physiologistes ne doivent jamais oublier la fameuse histoire de la dent d’or, les paléontologistes doivent toujours avoir présente à la pensée celle du Dinothérium”9. La supercherie de la dent d’or avait provoqué un débat scientifique à la fin du XVIème siècle avant que l’on ne songe à vérifier son authenticité, comme le rapporte Fontenelle, “on commença par faire des livres, et puis on consulta l’orfèvre”10. 11 s’agit en fait d’une assimilation boiteuse : le Dinothérium n’est précisément pas un faux mais seulement l’occasion d’un certain nombre de faux-pas de la part d’experts en matière paléontologique, faux-pas qui mettent spécialement à l’épreuve les styles d’expertise opposés des deux principaux protagonistes dans cette affaire, Cuvier et de Blainville.
5Comme de Blainville l’a souligné, Cuvier n’a eu à sa disposition que des molaires ou des morceaux de mâchoire : gravure d’une dent tirée du Mémoire de Réaumur Sur les dents dont on fait des Turquoises (1715), publiée à nouveau en 1773 par l’abbé Rozier, deux moitiés mutilées de mâchoires trouvées en 1783 en Comminges et acquises par M. de Joubert, ce à quoi il faut ajouter quelques autres fragments et deux découvertes déclarées récentes : à Carlat-le-Comte en Ariège et à Chevilly, dans la Beauce. Ces molaires ont la particularité d’être carrées et de posséder deux ou trois collines transverses, ce qui permet de les rapprocher des molaires des Tapirs : on peut le vérifier, par exemple, sur la dent de l’abbé Rozier, reproduite par Cuvier dans Ossements fossiles 1836 (planche 72, figure 2) ou encore sur les mâchoires possédées par M. de Joubert (planche 75) en les comparant avec les dents d’une mâchoire de Tapir (planche 67, figure 6 et 7). Pour qu’un tel rapprochement soit concluant, il reste deux difficultés à résoudre : d’une part, “à découvrir les canines et les incisives pour être en état de juger si la ressemblance de la dentition de ces animaux avec le Tapir est complète, ce qui serait nécessaire pour prononcer avec certitude sur leurs affinités”11 et d’autre part, à lever l’ambiguïté de ces molaires : “en effet, le Tapir n’est pas le seul animal qui ait des collines transverses aux couronnes de ses molaires ; le Lamantin et le Kangourou sont dans le même cas”12. Cette seconde difficulté sera levée par la découverte à Carlat-le-Comte d’un radius qui accompagnait les dents et dont la forme, malgré l’absence des deux têtes, ne répond, nous dit Cuvier, qu’à celle du Tapir, à l’exclusion du Lamantin comme du Kangourou : “tout concourt donc jusqu’à présent à rapprocher notre animal des Tapirs, et tant que nous n’aurons pas la preuve que ses dents incisives et canines ne correspondaient pas à celles de ce genre, nous serons autorisé à l’y rapporter”13.
6Point essentiel : nous avons affaire à des quadrupèdes pachydermes, et nous pouvons conclure que “ces Tapirs gigantesques datent de la même époque que les Mastodontes et les Éléphants fossiles, qu’ils vivaient avec eux, et qu’ils ont été détruits par la même catastrophe”14. C’est ce que retiendra Laurillard : “nous voyons ainsi qu’en faisant de cet animal, sur la seule inspection de ses dents molaires, un Tapir gigantesque, Cuvier était moins loin de la réalité que les naturalistes qui, ayant pu en étudier une tête entière, l’ont placé parmi les Édentés ou parmi les Lamantins : fait qui est de nature à inspirer de la confiance aux paléontologistes aussi bien dans les principes qui guidaient ce savant que dans la sagacité avec laquelle il les appliquait”15. En 1857, Falconer, que l’on pourra plus difficilement soupçonner de partialité en raison de sa qualité d’Anglais ayant fait carrière aux Indes, fut du même avis. Pour lui, le genre Dinothérium est un genre de Proboscidiens qui présente des affinités étroites avec les Tapirs, “comme Cuvier l’avait inféré avec sagacité dans son plus ancien mémoire sur “Les Tapirs gigantesques”16. Lartet partageait lui aussi cet avis.
7Les principes auxquels Laurillard fait allusion sont le principe de la corrélation des formes, tel qu’il est exposé dans le “Discours préliminaire” aux Recherches sur les ossements fossiles de Quadrupèdes de 181217, le principe de la subordination des caractères et le principe des conditions d’existence qui constitue le fondement physiologique des deux précédents, comme Cuvier le soulignait en 1817, dans Le Règne animal18. Signalons que la formulation de ce dernier principe date d’une lettre à Pfaff de 1788, dans laquelle le jeune Cuvier décrivait les rapports des organes entre eux et au mode de nourriture chez un Grimpereau qu’il a disséqué à Fiquainville.
8Le principe de la corrélation des formes intervient le plus directement dans le travail de reconstitution anatomique en paléontologie. Il faut en retenir que “tout être organisé forme un ensemble, un système unique et clos, dont toutes les parties se correspondent mutuellement et concourent à la même action définitive par une réaction réciproque. Aucune de ces parties ne peut changer sans que les autres changent aussi ; et par conséquent chacune d’elle prise séparément donne toutes les autres”. Ce système est si bien lié que Cuvier croit pouvoir assimiler les corrélations organiques aux rapports qui existent en analyse mathématique entre équations différentielles et intégrales correspondantes. Il en résulte que “la moindre facette d’os, la moindre apophyse a un caractère déterminé relatif à la classe, à l’ordre, au genre et à l’espèce auxquels elle appartient”, c’est-à-dire représente la position de l’animal à l’intérieur de la classification naturelle parce qu’elle représente d’abord tout l’animal en un sens voisin de celui qui fait dire à Leibniz que chaque monade représente tout l’Univers.
9C’est pourquoi, en théorie, le caractère tapiroïde de la molaire du Dinothérium devrait permettre la détermination de la nature de l’animal auquel elle a appartenu, nature qui comprend d’une part sa position systématique et d’autre part sa manière d’exister, c’est-à-dire la quadrupédie, l’épaisseur de la peau et surtout les habitudes alimentaires. Ici, nous rejoignons le principe des conditions d’existence, vis-à-vis duquel les dents ont une position privilégiée en raison de leur rapport direct au type d’alimentation. En pratique, si la connaissance des dents pouvait laisser planer un doute sur la nature de l’animal, c’est en raison des seules insuffisances de ses moyens d’observation, qui obligent alors le paléontologiste à travailler à partir des convergences et des divergences entre les indices qu’il peut détecter et qu’il lui faut donc multiplier, en faisant appel à d’autres documents que les dents. En possession de plusieurs molaires, de deux mâchoires et d’un radius. Cuvier a estimé qu’il disposait d’indices suffisants pour conclure, par analogie avec le système de corrélations physiologiques exhibé par les actuels Tapirs, c’est-à-dire grâce au flambeau de l’anatomie comparée, que l’animal dont provenaient ces pièces répondait au même type d’organisation que ces derniers, qu’il s’agissait d’un Pachyderme.
10Dans un ouvrage scolaire publié par Duméril, l’ordre des Pachydermes englobait les Éléphants, les Hippopotames et les Cochons, les Tapirs et les Rhinocéros19 en accord avec la classification proposée par Cuvier dans Le Règne animal en 1817, tandis que les Éléphants avaient été distingués des Pachydermes dans le Tableau élémentaire de l’an VI. Nous avons là le cadre dans lequel ont pu raisonner Lartet, Laurillard et Falconer, cadre dans lequel il est clair que les convergences l’emportent sur les affinités, et ceci depuis l’importance primordiale accordée par le jeune Cuvier à l’alimentation dans son analyse de l’organisation.
11Ce sera l’objet d’une note de la 42ème leçon du Cours de philosophie positive20 (écrite en 1836), dans laquelle Auguste Comte écrit ceci : “on doit surtout remarquer [...] dans l’ensemble des travaux zoologiques de Cuvier, soit à l’égard des espèces actuelles, soit même envers les races fossiles, l’importance démesurée qu’il a si souvent attachée, contre le véritable esprit fondamental de la méthode naturelle, à la considération du mode d’alimentation. Il est bien reconnu aujourd’hui qu’un tel principe ne saurait dominer la détermination générale d’aucun organisme animal, puisque, à tous les différents degrés de l’échelle zoologique, on trouve également et des carnassiers et des herbivores ; ce qui vérifie clairement que cet aspect secondaire doit être toujours subordonné à l’examen du rang qu’occupe l’animal dans la grande hiérarchie biologique, comme l’indique d’ailleurs directement l’analyse rationnelle de la doctrine taxonomique. En laissant indéterminé le degré d’animalité, la notion du genre de nourriture ne saurait, par sa nature, fournir aucune indication réelle sur la constitution anatomique de l’animal...”. Autrement dit, Cuvier a commis l’erreur de faire passer “l’empire des circonstances” avant “la puissance de la nature” que de Blainville, par contre, a eu le mérite de rendre à son origine philosophique authentique, à savoir l’idée de série, telle qu’elle est lue traditionnellement comme un ordre des dégradations, depuis l’homme qui en occupe le sommet jusqu’aux “dendrolithaires” qui, en 1822, forment le dernier degré des amorphozoaires. Mais ici, de Blainville ne fait que reprendre à son compte le cadre dans lequel Lamarck avait situé son enseignement au Muséum d’Histoire naturelle, tel qu’il est résumé dans ses “Discours d’ouverture” et, en particulier, dans le “Tableau du règne animal montrant la dégradation progressive des organes spéciaux jusqu’à leur anéantissement” annexé au “Discours d’ouverture” de l’an X. Entre Cuvier et de Blainville, dont Auguste Comte est ici le porte-parole, il y aura donc totale inversion de perspective. En effet, pour Cuvier, comme l’a souligné Henri Daudin, le caractère ordinal est un fait d’organisation lié à l’agencement des principaux appareils et, indissolublement, à l’activité physiologique et au comportement de l'animal dans son milieu naturel, alors que pour de Blainville, il y a un “fait anatomique” primaire, indépendant du genre de vie dont il ne permet pas de préciser les aspects, et qui donne l’ordre, défini comme “degré d’organisation” ou place dans la série des dégradations21. On peut donc désormais concevoir un ordre des Gravigrades qui peut englober à la fois des genres terrestres et des genres aquatiques, en apparence totalement dissemblables, mais auparavant, on a pu découvrir un Primate dont la disposition des mâchoires et des dents est celle que l’on observe habituellement chez les Rongeurs.
12Le Mémoire sur la véritable place de l’Aye-Aye dans la série des Mammifères avait été publié en 1816, mais de Blainville a tenu à le faire figurer dans l'Ostéographie, à peu près dans sa forme primitive, en raison de la rupture qu’il représentait avec l’approche cuvierienne. Il prouve que “le système dentaire, envisagé d’une manière trop rigoureuse, ne peut servir à l’établissement d’une méthode mammalogique parfaite, puisqu’elle peut rompre quelquefois des rapports naturels évidents”22. Le Aye-Aye est, en effet, un Primate qui possède une mâchoire de Rongeur. Placer le Aye-Aye à la tête des Rongeurs comme le voulait Cuvier aurait entraîné des conséquences détestables, il aurait fallu alors placer les Carnassiers en tête de la série animale en raison de la perfection de leur appareil dentaire, et les faire suivre par les Quadrumanes, puis par les Rongeurs. De Blainville poursuit qu’“il est aisé de sentir qu’en agissant ainsi, il eût été pour ainsi dire ridicule de mettre l’Homme, qui doit nécessairement précéder plus ou moins immédiatement les Singes, après les Carnassiers, et comme ils ne sont avant eux que par les organes de l’intelligence, ou mieux, par plus de développement du système nerveux céphalique, on voit comment il vaut mieux disposer et former les groupes de Mammifères d’après la considération de ce système”23. “Puisque les caractères doivent être pris du système nerveux et par conséquent, des organes qui en sont le plus puissamment influencés”, la description anatomique du crâne permet de déterminer la véritable appartenance du Aye-Aye à l’ordre des Primates, parce que, comme le précise Nicard, “un caractère, pour tous les zoologistes, est une note différentielle inscrite sur l’être dont il s’agit de déterminer la position dans une distribution systématique des animaux, cette note indique son degré de rapprochement ou d’éloignement de l’espèce humaine prise pour mesure”24.
13D’après la liste de ses travaux géologiques et paléontologiques, donnée par Nicard, de Blainville n’a rien publié à propos du Dinothérium avant que sa tête ne soit exposée à Paris en 1836. De même qu’il avait vu dans le Aye-Aye un Primate là où Cuvier avait vu un Rongeur, et ceci grâce aux particularités ostéologiques du crâne, on pourrait penser que l’examen de la tête complète du Dinothérium lui aurait permis de voir un Gravigrade, là où Cuvier avait vu un Tapir gigantesque, c’est-à-dire un Pachyderme. Pourtant, cette fois, d’après ce qu’il en dit, la tête n’aurait fait que corroborer ce que les dents avaient annoncé, car l’absence de fausses molaires et de canines, avérée depuis 1829, lui aurait suffi pour rattacher le Dinothérium aux Lamantins.
14Néanmoins, dans la “Note sur la tête de Dinothérium giganteum, actuellement à Paris”25, il a pris soin de placer en regard l’un de l’autre un croquis de la tête de Dinotherium et le croquis d’une tête de Dugong ; on peut donc se demander si le texte de cette note n’inverse pas l’ordre de ce qui a été décisif et de ce qui a été secondaire dans le premier coup d’œil jeté sur le fossile par l’anatomiste classificateur.
15Le Dinothérium est donc “un Dugong avec les incisives en défenses inférieures”26. Mais si de Blainville opte ainsi en faveur de la transformation des membres antérieurs en nageoires et de l’absence de membres postérieurs chez le Dinothérium, il précise dans un complément27 qu’il ne s’agit là que d’une probabilité plus élevée, et non d’une certitude. La dissociation entre les caractères ordinaux et les adaptations lui ont donc permis d’admettre assez facilement que le Dinothérium était un quadrupède voisin des Mastodontes en compagnie desquels Lartet les a trouvés, à condition que soit reconnue son appartenance à l’ordre des Gravigrades, quelque part entre les Éléphants et les Dugongs.
16Heuvelmans a reconnu en 1941 les Sireniens comme un sous-ordre des Ongulés mésaxoniens28, mais il faudra attendre 1975 pour voir les Proboscidiens et les Siréniens réunis dans le même groupe des Téthytheria, défini par McKenna qui redécouvre ainsi les Gravigrades de de Blainville29, qui semblent donc constituer une anticipation assez extraordinaire de résultats actuels. Cependant, de Blainville n’est pas le premier à avoir fait un tel rapprochement. On le trouve chez Linné, à partir de la 10ème édition du Systema naturae30, mais l’ordre des Bruta regroupe cinq genres en raison de l’absence de dents au-devant des mâchoires : Éléphants, Trichechus (qui englobe Lamantins, Dugongs et Morses), Paresseux, Myrmecophage et Pangolin, ce qui, pour le moins, n’a rien de naturel. Il en sera de même de Brisson qui associe Éléphant et Vache marine dans son ordre III : “quadrupèdes qui n’ont point de dents incisives mais qui ont des canines ou des molaires”31. Les raisons qui semblent avoir guidé de Blainville s’appuient, au contraire, sur un système de justifications plus précis et plus argumenté.

FIG. 3 - 1, Mâchoire supérieure. 2, Mâchoire inférieure. Source : Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements fossiles, 4ème éd., Paris : Edmond d'Ocagne, 1836, pl. 75 : Animaux fossiles voisins des Tapirs.
17Dans le Prodrome d’une nouvelle distribution systématique du Règne animal, de 1816, le tableau consacré à la classification des Mammifères définit dans la sous-classe des Monodelphes un 5ème degré d’organisation ou ordre des Gravigrades dont le genre unique est celui des Éléphants, et les Lamantins sont renvoyés au 6ème degré ou ordre des Ongulogrades, et désignés comme Ongulogrades anomaux.
18En ce qui concerne les Éléphants, de Blainville rejoint donc le Cuvier du Tableau élémentaire (p. 146), qui avait jugé que “le genre des Éléphants, aussi singulier par son organisation que par ses mœurs, ne peut être placé convenablement dans aucun ordre et doit en faire un à lui seul”. Cuvier avait laissé les Lamantins avec les Morses, dans le genre Trichechus de Linné, et dans Le Règne animal, ils rejoindront les Cétacés, sous la désignation de Cétacés herbivores.
19Dans le “Tableau synoptique offrant une disposition systématique des animaux Mammifères, d’après l’existence, la nature, la forme, la position et le nombre des dents” placé en annexe, à l’article “Dents” du Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle32, de Blainville regroupe Éléphants, Mastodontes, Dugong et Lamantin (jeune âge) en raison de la possession d’une série de dents incomplète, avec un espace vide intermédiaire supérieurement et antérieur inférieurement, ce qui revenait à indiquer la présence d’incisives ou défenses à la seule mâchoire supérieure. La classification fournie par ce tableau est artificielle, comme le prouve le passage des Lamantins adultes, ne présentant plus que des molaires, dans un autre groupe, avec les Unidentés, le Mégathérium, etc. Mais on peut noter, à propos du Rytina ou Lamantin de Steller, que de Blainville remarque, dans la description donnée par Steller, la présence d’une “unique grosse molaire” n’offrant aucune trace de racine, et qu’il est probable que la couronne soit formée “d’espèces de lames irrégulières réunies par un cément”33, composition lamelleuse qui se retrouve chez l’Éléphant34. Mais il s’agissait là d’une erreur. Deux ans plus tard, dans l’article “Mammifères (Organisation)”, du même Dictionnaire de Déterville35, de Blainville place les Éléphants, les Mastodontes et les Lamantins dans l’ordre des Gravigrades, devenu le 6ème degré d’organisation dans un tableau dont l’Homme, à lui seul, occupe désormais le 1er degré. Cet ordre, comme en 1816, sert d’intermédiaire entre les Rongeurs et les Ongulés en raison d’une “analogie générale” plus grande avec les Rongeurs qu’avec les Ongulés, spécialement en raison de la structure des membres, en contradiction avec leur forme extérieure36. Cuvier était du même avis37, mais il prenait ses analogies dans la tête et surtout dans la dentition, y compris les défenses, comparées systématiquement par lui aux incisives des Rongeurs, comparaison, du reste, qui peut expliquer la facilité avec laquelle Kaup, Cuvier et leurs contemporains ont pu admettre l’inversion première dans la position de la défense du Dinothérium. Erreur grave souligne de Blainville : le Tapir allait devenir Lièvre.
20La caractérisation générale des Gravigrades repose entièrement sur les traits principaux des Éléphants38. Les Lamantins ne font leur apparition que dans la 3ème section de l’article Mammifères, intitulée : “des différences tenant aux lieux dans lesquels les Mammifères doivent chercher leur nourriture’’, au 3ème paragraphe : “anomalies pour nager”, Ils constituent la forme anomale du 6ème degré, dont toute l’organisation prouve l’appartenance au groupe contenant les Éléphants, dont ils ne sont “qu’une modification propre à vivre dans l’eau”. Les dents ne sont pas mentionnées, et il n’en sera pas question non plus à propos des modifications dues à l’adaptation au type de nourriture, à propos desquelles il est dit que les Lamantins sont les plus herbivores, en raison de la complication de leur estomac, suivis par les Éléphants, disposés par leur organisation à une nourriture entièrement végétale, et enfin par les Mastodontes, qui seraient radicivores et “peut-être même, comme l’ont voulu Hunter et quelques observateurs américains, carnivores”39, ce qui représente une bévue ultérieurement corrigée. Mais cette absence d’intérêt pour les dents, affichée ostensiblement pour des motifs clairement polémiques vis-à-vis de Cuvier, ne signifie pas nécessairement que leur rôle ait été nul dans la détermination du rapprochement entre Éléphants et Lamantins. Il est difficilement pensable que le regroupement des Mammifères monodelphes caractérisés par la présence d’un jeu complet de molaires et seulement des incisives de la mâchoire supérieure, pour artificiel qu’il ait été, n’ait joué absolument aucun rôle dans la définition de l’ordre des Gravigrades.
21Certes, les dents sont au premier plan lorsqu’il s’agit de définir le Dinothérium comme un Dugong, parce qu’elles signalent une communauté dans le mode de vie, et l’assimilation au Dugong permet de faire passer le Dinothérium de l’ordre des Ongulogrades auquel appartiennent les Tapirs, à celui des Gravigrades. Néanmoins, le 20 mars 1836, de Blainville entamait sa communication par une sorte de profession de foi, dans laquelle il se dit d’abord “le premier” à avoir “abandonné le système mammalogique de Pennant”, pour ne pas nommer celui de Cuvier, système qui portait “sinon sur le séjour, du moins sur la modification des organes qui en sont la conséquence, ou mieux la prémisse”, ce qui, traduit en clair, revient à mettre Cuvier et Lamarck dans le même sac. Puis, il introduit dans la même phrase la notion de “degré d’organisation” qu’il a établi “sur la considération de l’ensemble de l’organisation et surtout de l’encéphale et de la tête”. Les modifications liées à différents modes d’existence dans le cadre du même degré d’organisation expliquent pourquoi Éléphants et Lamantins appartiennent au même ordre. En raison de cette appartenance, ces deux familles offrent donc “des particularités remarquables et communes dans les systèmes dentaire, digital et mammaire”.
22Autrement dit, l’ensemble de l’organisation peut offrir des caractères susceptibles de diriger l’activité diagnostique du systématicien. La tête ne joue plus contre les dents, contrairement à ce qui s’était passé pour le Aye-Aye : cette fois, le système dentaire du Dinothérium se voit porteur de caractères suffisants pour permettre de reconnaître son appartenance à l’ordre des Gravigrades et les caractères de la tête vont corroborer ce qu’indiquent les dents en raison de ces “particularités remarquables et communes” que l’incompétence de Cuvier ne lui avait pas permis de reconnaître. Comble d’ironie, de Blainville se permet même d’envisager la reconstitution anatomique du Dinothérium, dont les dispositions de la face et du nez étaient en rapport, nous dit-il, “avec un développement considérable de la lèvre supérieure, et avec la modification nécessaire dans les narines, pour un animal aquatique, comme cela a également lieu dans le Dugong. Nous pensons même que c’était la lèvre supérieure qui, par son immense développement, embrassait l’inférieure, etc.”, ce qui relève, pour reprendre ses propres termes, du “journalisme”.
23De Blainville termine ainsi le fascicule de l'Ostéographie consacré au Dinothérium : “comme conclusion définitive, nous trouvons encore dans ce genre d’animaux qui paraissent avoir disparu fort anciennement de la surface de la terre, un degré, un terme de cette série animale que la philosophie religieuse, la seule bonne et la seule vraie, accepte inévitablement ; mais que la science démontre d’autant plus aisément qu’elle est envisagée d’une manière plus convenable, et qu’elle peut employer des éléments plus nombreux”. Sa place dans la série confère donc au Dinothérium une dimension apologétique, parce que cette place est estimée comme le seul résultat fondé, issu d’un traitement correct de caractères suffisants puisque fournis par une tête et une mâchoire qui forment “en zoologie comme en physiologie, la partie dominante du reste de l’organisme”40. Adoptée a priori, l’idée de série apparaît donc comme justifiée a posteriori par un tel résultat, opposé aux “errements” qui ont rempli l’historique de la question et, avec l’idée de série, les implications religieuses qu’elle véhicule, sans se confondre avec elle, sont également justifiées.

FIG. 4 - 1, Mâchoire inférieure de Dinotherium giganteum. 2, Mâchoire inférieure et fragment de mâchoire supérieure de Dinotherium medium. 3, Molaire de Dinotherium medium (repris de Kaup). Source : Buckland (William), La Géologie et la minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, Paris : Crochard, 1838, pl. 2C.
24De Blainville développe ce thème dans sa réponse à la lettre de Constant Prévost, du 30 mars 1845, dans laquelle ce dernier lui reprochait de confondre science et foi en précisant que science et foi sont indépendantes, mais convergent et que cette convergence peut être utilisée dans l’enseignement : “c’est ce que j’ai fait dans mon cours sur l’existence de la série animale. Je l’ai démontrée a priori par l’assentiment des trois seules philosophies possibles : le matérialisme ou monadisme, le panthéisme, le déisme ; par la nature de l’homme, par la nature de Dieu ; mais je l’ai démontrée a posteriori par une étude approfondie des espèces animales ; dès lors, j’ai dû dire, comme conséquence scientifique, que les espèces ont été créées à la fois, qu’elles ont été créées adultes ; c’est une vérité scientifique démontrée comme conséquence de prémisses indubitables et non comme articles de foi, qui n’a rien à faire ici et dont, en effet, la religion ne parle pas comme conséquence de la nature de Dieu”.
25Mais en prenant en compte la nature de l’homme, l’idée de série rend providentiellement intelligible le règne animal dans le cadre du déisme. Le matérialisme, c’est Lamarck ; le panthéisme, c’est Goethe, qui restent l’un et l’autre tributaires de la Chaîne des Êtres41. La logique inhérente à l’idée de série, ainsi comprise, condamnait bien évidemment de Blainville à prendre systématiquement le contre-pied de tout ce qu’avait fait Cuvier : la dissociation de l’échelle des êtres, la succession stratigraphique des faunes. Mais l’essentiel n’est peut-être pas là : la philosophie de l’organisation développée par Cuvier fait de l’animal un système clos et bien lié. L’origine de ce système relève de ce que Laurillard désigne comme “la préexistence du radical de l’être”, antérieur à “la série des évolutions”42, ce qui fait que “dans l’état actuel des choses, la vie ne naît que de la vie”43. Ce qui fait l’animal est donc d’ordre strictement interne et les conditions externes ne peuvent être comprises que comme les conditions de survie d’un organisme intérieurement équilibré et qui leur répond, pour ainsi dire, par miracle.
26Il en va tout autrement avec de Blainville. Il n’est certes pas question pour lui d’un quelconque transformisme, même lorsqu’il traite des anomalies liées au mode de vie dans un milieu particulier, distinct de ce qui détermine la vie normale d’un Mammifère pour lui : la bipédie ou la quadrupédie. Il n’en demeure pas moins, d’une part que l’ordre dynamique va de dehors en dedans44 et d'autre part que “l’enveloppe” joue un rôle primordial dans la manière dont il comprend l’organisation animale : “ainsi, l’enveloppe, considérée comme donnant d’abord la forme générale, puis comme renfermant, comme contenant les instruments, les organes de la sensibilité par une de ses pages, et ceux de la motilité par l’autre, doit suffire pour traduire le degré d’élévation des organes de la sensibilité elle-même, et par suite, celui de ses fonctions médiates et immédiates, de celles dites organiques ou végétales qui font vivre les substrata des facultés animales, et enfin le degré de leurs actes sur le monde extérieur, c’est-à-dire, pour faire juger le degré d’élévation d’un animal ou de son rapprochement avec l’espèce humaine”45. Par ailleurs, de Blainville nous dit que le système nerveux est un “zoomètre”, ou encore que la sensibilité est un “zoomètre”. L'animal semble donc compris comme une fonction du milieu dans lequel il vit et qui lui est accessible, d’où ses caractères, en dernier ressort, tirent leur raison d’être. Il en résulte une tendance invincible, chez tout animal, à rechercher le milieu pour lequel il a été calculé, d’où provient le sentiment de nostalgie46 : l’exilé, partout, est seul.
27À cela, il faut ajouter que “unité de composition et harmonie ou coexistence sont fausses en général ou exagérées en particulier”47, ce qui se traduit, d’une part, dans la même espèce par des variations liées aux circonstances, au sexe, à l’âge, etc., prises pour des différences spécifiques par erreur (de Blainville est un “rassembleur”), mais d’autre part et surtout, par l’impossibilité pour la science d’en arriver à un degré de précision tel “qu’un seul os, qu’une seule facette d’os étant connus dans un animal, on puisse reconstituer son squelette entier, et par suite, le reste de l’organisation de l’animal dont il provient”48.
28Il faut donc prendre en compte l’ensemble de l’organisation, et de Blainville en arrive à soutenir que “les véritables rapports naturels sont mieux traduits par les caractères extérieurs, convenablement choisis, que par aucun point de l’intérieur”, témoins les Arabes qui désignaient le Dugong sous le nom d’Éléphant marin49. Non seulement, les “points de l’intérieur” ne permettent pas de reconstituer l’animal entier en raison de l’indépendance réciproque des divers systèmes d’organes qui font, par exemple, que chez l’Anthracothérium, “le système dentaire ne marche pas parallèlement avec le système digital”50, mais ils peuvent tromper sur les affinités authentiques au profit d’un regroupement entre anomalies liées à une vie dans des milieux particuliers, auxquels ils sont associés par des rapports physiologiques. Au contraire, avec le système mammaire, nous possédons un caractère essentiel, observable dans les organes extérieurs de la génération51. Mais le système digital et le système dentaire permettent aussi de rapprocher les Lamantins des Éléphants, dont le système dentaire seul, complété par un certain nombre de caractères tirés de la structure du crâne, a permis de faire du Dinothérium un Gravigrade.
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29Les corrélations des formes, qui sont fondées sur l’harmonie des fonctions si l’on veut que l’organisation animale soit viable, ont constitué un moyen parfaitement efficace de reconstitution anatomique, aboutissant à la quasi-visualisation des animaux disparus dans les lieux qu’ils habitaient et auxquels ils devaient être, par nécessité, adaptés. Pour cette raison, elles privilégient les convergences et brouillent les parentés. Au contraire, de Blainville a constamment voulu déjouer ce piège au profit d’une recherche de caractères taxonomiques fondamentaux, en s’appuyant sur l’idée de gradation sériale. De là, provient son étonnante modernité, formulée au sein d’une philosophie d’un archaïsme extraordinaire. Il est clair que les caractères qui ont permis d’assimiler le Dinothérium à un Dugong sont des caractères primitifs des Tethytheria, dont le Dinothérium et les Sireniens se sont moins écartés que les Mastodontes et les Éléphants52.
Notes de bas de page
1 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Ostéographie, ou Description iconographique comparée du squelette et du système dentaire des Mammifères récents et fossiles, Paris : J. Baillière et fils, 1839, 4 vol. (Dinothérium, pp. 2, 40, 56).
2 . Ibid.
3 Ibid., p. 13.
4 Buckland (William), La Géologie et la minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, [trad. P. L. Doyère], Paris : Crochard, 1838, t. I, p. 121. Le titre original est paru en 1837 à Londres chez Pickering.
5 Comptes rendus de l’Académie des sciences, séance du 20 mars 1836, vol. IV, p. 426.
6 Lettre insérée par de Blainville dans une Note à l’Académie des sciences, séance du 18 septembre 1837, citée par Gaudry (Albert), Les Enchaînements du monde animal dans les temps géologiques : Mammifères tertiaires, Paris : Hachette, 1878, pp. 189-190.
7 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Ostéographie..., op. cil., p. 59.
8 Pictet (François Julien), Traité de paléontologie, ou Histoire naturelle des animaux fossiles considérés dans leurs rapports zoologiques et géologiques, 2ème éd., Paris : J. Baillière, 1853-1857, t. I, pp. 371 et 143-144.
9 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Ostéographie..., op. cit., p. 17.
10 Fontenelle (Bernard de), “Histoire des oracles”, in Fontenelle (Bernard de), Depping (Georges Bernard) (sous la dir.), Œuvres de Fontenelle, Paris : Belin, 1918, Ière Dissertation, chap. 4.
11 Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements fossiles, 4ème éd., Paris : d’Ocagne, 1836, vol. III, pp. 323-324.
12 Ibid.
13 Ibid., pp. 324-325.
14 Ibid., p. 326.
15 Laurillard (Charles), “Dinothérium”, in Orbigny (Charles d’), Dictionnaire universel d’histoire naturelle, Paris : M. Renard, Martinet et Cie, 1841-1849, t. V, p. 37.
16 Cuvier (Georges), “On the species of Mastodon and Elephant occuring in the fossil state in Great Britain”, in Murchison (Charles), Falconer (Hugh), (sous la dir.), Palaeontological memoirs and notes, London : Murchison, 1868, vol. II, pp. 38-39.
17 Cuvier (Georges), Pellegrin (Pierre), Recherches sur les ossements fossiles de quadrupèdes : où l’on établit les caractères de plusieurs espèces d’animaux que les révolutions du globe paraissent avoir détruites : discours préliminaire [et mémoire sur l’Ibis des anciens égyptiens] : 1812 présentation, notes et chronologie par Pierre Pellegrin, Paris : Flammarion, 1992, pp. 97-105.
18 Cuvier (Georges), Le Règne animal distribué d’après son organisation, pour servir de base à l’histoire naturelle des animaux et d’introduction à l’anatomie comparée, Paris : Déterville, 1817, 4 vol.
19 Duméril (André Marie), Éléments des sciences naturelles, 3ème éd., Paris : Déterville, 1825, vol. II, p. 326, art. 1267.
20 Comte (Auguste), Cours de philosophie positive, Paris : Rouen frères, 1830,1842, vol. III, 42ème leçon.
21 Daudin (Henri), Cuvier et Lamarck : les classes zoologiques et l’idée de série animale (1790-1830), Paris : Félix Alcan, 1926, vol. I, p. 168.
22 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Ostéographie..., op. cit., (Aye-Aye, p. 37).
23 Ibid., pp. 31-32.
24 Nicard (Pol), Étude sur la vie et les travaux de M. Ducrotay de Blainville, Paris : J. B. Baillière et fils, 1890, p. CXLVII.
25 Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, séance du 20 mars 1836, vol. IV, pp. 421-428.
26 Ibid., p. 427.
27 Ibid., p. 428.
28 Grassé (Pierre P), Traité de zoologie, anatomie, systématique, biologie, Paris : Masson, 1955, vol. I, p. 918.
29 Tassy (Pascal), “Phylogénie et classification des Proboscidea (Mammalia)”, Annales de paléontologie, no 76, fasc. 3, 1990, p. 160.
30 Linné (Carl von), Systema naturae : per regna tria naturae, secundum, classes, ordines, species, cum characteribus, differentiis, synonimis, locis, 13ème éd., Lyon : Gmelin, 1789, t. I, pp. 17-19 et 58-61.
31 De Jaucourt, “Quadrupèdes”, in Diderot (Denis), Alembert (Jean d’), (sous la dir.), Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Neuchâtel : Samuel Faulche, 1765, vol. XIII.
32 Dictionnaire d’histoire naturelle appliquée aux arts, principalement à l’agriculture et à l’économie rurale et domestique... par une société de naturalistes et d’agriculteurs, Paris : Déterville, 1803-1804, vol. IX, p. 263.
33 Ibid., p. 268.
34 Ibid., p. 275.
35 Ibid., vol. XIX.
36 Ibid., p. 131.
37 Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements fossiles, op. cit., vol. I, pp. 468-473.
38 Ibid., pp. 130-133.
39 Ibid., pp. 151-152.
40 Ibid., pp. 422-423, note 1836.
41 Nicard (Pol), Étude sur la vie et les travaux de M. Ducrotay de Blainville, op. cit., pp. CXXI-CXXII.
42 Laurillard (Charles), “Éloge de M. le Baron Cuvier”, in Cuvier (Georges), Recherches sur les ossements fossiles, op. cit., p. 57, note 12.
43 Cuvier (Georges), Leçons d’anatomie comparée, Paris : Impr. de Baudoin, an VIII [1799], vol. I, p. 7.
44 Cours d’anatomie (Manuscrits, Liasse, cahier 2, p. 4).
45 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Sur les principes de la zooclassie ou de la classification des animaux, Paris : Impr. de Fain et Thunot, 1847, p. 48.
46 Cours de physiologie : des besoins, penchants et instincts (Manuscrits, Liasses).
47 Anatomie comparée : généralités (Manuscrits, Liasses, cahier : sclérologie, F 18-19).
48 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Ostéographie..., op. cit., (De l’ostéographie en général, p. 34).
49 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Ostéographie..., op. cit., (Lamantins, pp. 29-30).
50 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Ostéographie..., op. cit., (Palaeotheriums, etc., p. 122).
51 Blainville (Henri Marie Ducrotay de), Ostéographie..., op. cit., (Lamantins, p. 30).
52 Tassy (Pascal), Le Message des fossiles, Paris : Hachette, 1992, p. 86 et Tassy (Pascal), “Phylogénie et classification des Proboscidea (Mammalia)", art. cit., fig. 17, p. 46.
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Université de Rouen, France
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