1 Le coût de construction des deux navires, la frégate de 32 canons La Boudeuse et la flûte (navire de charge) l’Etoile armée de 6 canons, peut être estimé à 1 million de livres. Le coût de l’expédition proprement dit est évalué à 500 000 livres par les bureaux de la Marine (Barrington 2013 : 162-164 ; Taillemite 2011 : 324-325).
2 Le calcul de la longitude est un problème essentiel de la navigation océanique, nécessitant de connaître simultanément l’heure locale et l’heure du lieu de départ du bateau. Le concept des distances lunaires repose sur l’élaboration de tables permettant de comparer la position de la Lune à celle de certaines étoiles. Lalande, responsable de la Connaissance des Temps à l’Académie des sciences en est un des promoteurs majeurs, et propose son élève Pierre-Antoine Véron comme astronome de l’expédition. La méthode alternative de calcul de la longitude est celle du chronomètre de marine développé par l’anglais John Harrison (1693-1776) et testé lors de traversées transatlantiques dès 1761. Suffisamment précis, il est utilisé par Cook dès sa seconde circumnavigation en 1772.
3 César Gabriel de Choiseul-Praslin (1712-1785).
4 « Sommaire d’observations d’histoire naturelle par le s. de Commerson à l’occasion du voyage proposé de faire autour du monde par M. de Bougainville et en réponse de la demande que faisoit M. le duc de Praslin d’une nottice des observations qu’y pourroit faire un naturaliste, remis audit ministre le 24 décembre 1766 ». http://www.pierre-poivre.fr/doc-66-10-24.pdf consulté le 20/06/2018.
5 Véron, Commerson et Romainville débarquent à l’île de France à l’initiative de Poivre. « Messieurs de Commerson et Véron consentirent pareillement à différer leur retour, le premier pour examiner l’histoire naturelle de ces îles et celle de Madagascar, le second pour être à portée d’aller observer dans l’Inde le passage de Vénus. On me demanda de plus M. de Romainville Ingénieur, et quelques jeunes volontaires et pilotins pour la navigation d’Inde en Inde. » (Bougainville 1771 : 377). Les trois hommes ne reviendront plus en France. Véron mourra à 34 ans dans l’Île de Timor et Commerson à 46 ans dans l’Île Maurice. De Romainville occupera plusieurs postes administratifs dans l’Océan Indien jusqu’à la révolution, puis sa famille perdra sa trace.
6 Les principales sources biographiques concernant Commerson sont l’éloge de son ami et compatriote Jérôme Lalande, l’étude biographique de Paul-Antoine Cap, et pour le XXIe siècle le site internet de Jean-Paul Morel consacré à Pierre Poivre (Lalande 1775 ; Cap 1861 ; http://www.pierre-poivre.fr/).
7 À la suite de cette rencontre, les deux botanistes échangent de nombreuses plantes. On retrouve ainsi dans le catalogue des manuscrits de Commerson une liste de 247 plantes données par Haller - BC MNHN MS 680.
8 Poissonnier invente un appareil de dessalement d’eau de mer par distillation, la Cucurbite, qui est embarqué sur la Boudeuse.
9 Éloge de Lalande sévèrement annoté par Adanson (Nicolas 1965 : 430).
10 La reconnaissance officielle du rôle majeur de Jeanne Baret dans les travaux de son compagnon est matérialisée, après son retour en France vers 1776, par l’attribution d’une pension de 200 livres accordée le 13 novembre 1785 : « La nommée Jeanne Barré, à la faveur d’un déguisement a fait le voyage autour du monde sur un des bâtiments commandés par M. de Bougainville. Elle se consacra particulièrement au service de M. de COMMERSON, médecin, botaniste et partagea les travaux et les périls de ce savant avec le plus grand courage ». Elle ne touche toutefois cette pension qu’à partir de novembre 1794 (A.N. MAR/C/7/17 dossier Baré) et ne semble plus s’être intéressée à la botanique après la mort de Commerson. La communauté des botanistes sera beaucoup plus longue à reconnaitre l’importance scientifique de Jeanne Baret. C’est seulement en 2012 que le botaniste américain Eric J. Tepe nomme une nouvelle petite Solanaceae péruvienne découverte en 1992, Solanum baretiae, en l’honneur de celle qui contribua grandement à la constitution de l’herbier dit de Commerson.
11 Cossigny est un ingénieur botaniste, membre d’une importante famille créole de l’île de France. De son voyage en Inde il rapporte un herbier qu’il donne à Commerson. Sonnerat rejoint en 1768 son parent et parrain Pierre Poivre dans l’Isle de France en tant que secrétaire personnel, et se forme à l’histoire naturelle au contact de Commerson. En 1772, il accompagne une mission dans les Philippines et les Moluques d’où il rapporte un herbier qui est adjoint à celui de Commerson. En 1773 il rencontre au Cap Carl Peter Thunberg (1743-1828), l’un des « apôtres » de Linné. De leurs herborisations communes, il constitue un second herbier qui est également ajouté aux collections de Commerson. Voir notamment Ly-Tio-Fane 1976.
12 Lettre de Commerson à Lalande du 18 avril 1771 (Cap 1861 : 117).
13 Lettre d’Antoine-Laurent de Jussieu à Archambault Commerson du 13 mars 1789 (Montessus 1889 : 200-201). Ce nombre est du même ordre de grandeur que celui des espèces nouvelles découvertes par Banks et Solander (1300) durant leur tour du monde réalisé entre 1768 et 1771 sur l’Endeavour (Stearn 1969 : 85).
14 Par exemple Characteres generum plantarum quas in itinere ad insulas Maris Australis de Johannes et Georgius Forster (Forster 1776).
15 Paris, Londres, Amsterdam ou Leyde, Vienne, Rome, Madrid, Saint-Pétersbourg, Uppsala ou Stockholm, Bâle, Turin, Genève, Venise, Montpellier, Copenhague, Gènes, Bologne, Florence, Berne, Leipzig et Berlin - Lettre non datée de Commerson à son ami médecin et botaniste Pierre Etienne Crassous (Cap 1861 : 32-34).
16 Lettre de Commerson à Lalande du 18 avril 1771 (Cap 1861 : 117) et Lalande 1775 : 104.
17 Lettre de Commerson à Lalande de 1769 (Cap 1861 : 113).
18 Lettre de Thouin à Thunberg du 20 février 1785 (Letouzey 1989 : 137-138). Les herbiers de Jussieu, Adanson, Lamarck et Le Monnier sont tous conservés au Museum d’Histoire Naturelle (fond des herbiers historiques). Celui de Thouin, racheté par Jacques Cambassedes (1799-1863), se trouve à la Faculté des sciences de Montpellier. On retrouve également, disséminés dans d’autres herbiers, des spécimens de Commerson, comme celui du botaniste narbonnais Gaston Gautier (1841-1911), aujourd’hui à Stanford Californie.
19 Durant tout le XVIIIe siècle, l’enseignement de la botanique à Montpellier est fort mouvementé et sujet à diverses crises entre professeurs. Gouan assure la fonction de démonstrateur de botanique par intermittence (Dulieu 1967 : 33-48).
20 Antoine-Laurent de Jussieu, Canevas des premières leçons de botanique, BC MNHN MS 1224, pièce 64.
21 Lettre d’Antoine-Laurent de Jussieu à Gouan du 7 janvier 1774 (Audelin 1987 II : 483).
22 Reçu d’Antoine-Laurent de Jussieu du 11 janvier 1776, Archives Nationales, Pierrefitte, AJ/15/512.
23 Reçu d’Antoine-Laurent de Jussieu du 11 janvier 1776, Archives Nationales, Pierrefitte, AJ/15/512 ; Catalogue des divers herbiers de M. Commerson, tableau de synthèse dressé par Antoine-Laurent de Jussieu en-tête du catalogue, BC MNHN MS 1014. Le nombre de caisses entrée en France pose à ce jour plusieurs questions non résolues. L'inventaire initial du gouverneur Jacques Maillart-Dumesle, successeur de Pierre Poivre, en signale 34 au départ de l’Isle de France le 24 novembre 1773, mais seulement 32 caisses arrivent à Paris. De plus les récoltes effectuées en Océanie (Tuamotu et Tahiti) par Commerson n’ont jamais été retrouvées. Dans son Prologue Jussieu évoque « les manuscrits ayant été soustraits, de même que des plantes tahitiennes disparues » (Lettre de Maillart-Dumesle au ministre du 9 novembre 1773, http://www.pierre-poivre.fr/doc-74-6-3.pdf consulté le 20/06/2018; Jussieu 1789 : 4).
24 Reçu d’Antoine-Laurent de Jussieu du 5 février 1784, Archives Nationales, Pierrefitte, AJ/15/512.
25 « C’est en parlant de Turgot, qu’il [Malesherbes] s’abandonnait à son éloquence naturelle […] il s’oubliait lui-même pour grossir la part de son ami […] Il n’eût pas vouloir avoir une pensée dont Turgot n’ait été le confident et l’approbateur » (Charles Lacretelle cité par Grosclaude 1961 : 15).
26 Lettre d’Antoine-Laurent de Jussieu à sa mère du 3 février 1776, BC MNHN MS Jus 16-17.