Conclusion
p. 383-391
Extrait
Il faut être absolument moderne.
A. Rimbaud, Adieu in Une saison en enfer
1Revenons sur ce qui a été une préoccupation majeure de cette étude, la souillure attachée au meurtre. Que prouve l’existence, en elle-même, de cette souillure ? Elle prouve que, paradoxalement, le meurtre n’abolit pas la vie ; plus exactement, le meurtrier, à l’instant où il détruit le corps physique de sa victime, expérimente l’illusion qui consiste à croire que la victime n’est plus et que la mort est un néant. Ce matérialisme élémentaire ne tient pas. Car tuer scinde la vie, mais ne l’anéantit pas dans sa totalité ; les morts, et particulièrement les assassinés, en laissant des traces de nature diverse, continuent de vivre. La souillure est une de ces traces ; elle est une représentation de la vie des morts. Ainsi, l’histoire grecque rejoint le terrain de l’ethnologie : pour les peuples premiers, le monde invisible, où s’agitent les esprits des défunts, détermine l’existence des vivants. « Les morts v
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