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Notes au chapitre IV : La Renaissance

p. 217-228


Texte intégral

L’humanisme

1Les premières études importantes sur l’origine du terme « humaniste » ont vu le jour presque en même temps : P. O. Kristeller, « Humanism and scholasticism in the Italian Renaissance », Byzantion, 17, 1944-1945, p. 346-374, et A. Campana, « The origin of the word ‘humanist’ », JWI, 9, 1946, p. 60-73. On trouvera une bibliographie et de nouvelles recherches dans R. Avesani, « La professione dell’ ‘umanista’ nel Cinquecento », IMU, 13, 1970, p. 205-323.

2Les problèmes plus larges que posent l’origine de l’humanisme italien et sa place dans la Renaissance dépassent le cadre de ce livre, mais naturellement les études générales qui leur sont consacrées ont influencé la rédaction de ce chapitre, et il vaut la peine de mentionner ici les principales : P. O. Kristeller, divers essais et conférences rassemblés dans Studies in Renaissance thought and letters (Storia e Letteratura, 54), Rome, 1956, Renaissance thought, 2 vol., New York, 1961-1965 ; K. M. Setton, « The Byzantine background to the Italian Renaissance », Proc. of the Amer. philos. Soc., 100, 1956, p. 1-76 (= Europe and the Levant in the Middle Ages and the Renaissance, Londres, 1974, p. 1-76) ; F. Simone, Il Rinascimento francese, Turin, 19652 (traduction anglaise mise à jour par H. Gaston Hall, The French Renaissance, Londres, 1969) ; B. Smalley, English friars and antiquity in the early fourteenth century, Oxford, 1960, p. 280-298 ; B. L. Ullman, Studies in the Italian Renaissance (Storia e Letteratura, 51), Rome, 19732 ; R. Weiss, The dawn of humanism in Italy, Londres, 1947 ; The spread of Italian humanism, Londres, 1964, et The Renaissance discovery of classical antiquity, Oxford, 1969. Voir aussi J. Kraye (dir.), The Cambridge companion to Renaissance humanism, Cambridge, 1996, en particulier M. D. Reeve, « Classical Scholarship », p. 20-46 (= Manuscripts and methods : Essays on editing and transmission (Storia e Letteratura, 270), Rome, 2011, p. 255-281). Voir également les nombreux travaux de John Monfasani sur l’humanisme et l’histoire des idées au xve siècle.

3Sur la redécouverte des textes classiques, les travaux de base restent ceux, dépassés mais non remplacés, de R. Sabbadini : Le scoperte dei codici latini e greci ne’ secoli xiv e xv, 2 vol., Florence, 1905-1914 (réimprimés à Florence en 1967 avec les additions et corrections de l’auteur [† 1934], et une étude d’E. Garin, « R. Sabbadini e i suoi contributi alla storia della cultura del Quattrocento », t. 1, p. vii-xxviii) ; Storia e critica di testi latini, Catane, 1914, dont une nouvelle édition est sortie dans la collection « Medioevo e Umanesimo » (t. 11, Padoue, 1971), avec des index entièrement refaits et une bibliographie complète de Sabbadini.

4Pour un compte rendu précis du développement du dictamen et de la rhétorique à la Renaissance, voir P. O. Kristeller, Renaissance thought and classical antiquity, éd. M. Mooney, New York, 1979, p. 228 sqq. Le livre d’A. Grafton et L. Jardine offre un examen passionnant des méthodes et des mérites de l’éducation humaniste, From humanism to the humanities, Londres, 1986.

5Pour l’histoire de l’écriture humanistique et pour la biographie des humanistes les plus importants avec des échantillons de leurs écritures, voir B. L. Ullmann, The origin an development of humanistic script (Storia e Letteratura, 79), Rome, 1960 ; A. C. de la Mare, The handwriting of Italian humanists, I/1, Oxford, 1973. D’autres études sur le sujet seront indiquées infra.

Les premiers humanistes

6C’est Giuseppe Billanovich qui a le premier révélé la vigueur du pré-humanisme padouan, dans son livre I primi umanisti e le tradizioni dei classici latini, Fribourg, 1953. La connaissance étendue de la poésie latine qu’on avait alors dans ce cercle a été mise en lumière par Guido Billanovich, « Veterum vestigia vatum », IMU, 1, 1958, p. 155-243. Sur certains doutes légitimes quant à certaines découvertes qu’on leur attribue, voir J. L. Butrica, The manuscript tradition of Propertius, Toronto, 1984, p. 28-29 ; W. Ludwig, « Kannte Lovato Catull ? », RhM, 129, 1986, p. 329-357, et pour Lucrèce, M. D. Reeve, « The Italian tradition of Lucretius », IMU, 23, 1980, p. 42, n. 8. Sur le pré-humanisme à Padoue, à Vérone et en Vénétie, on dispose maintenant des articles de synthèse de Guido Billanovich, « Il Preumanesimo padovano », R. Avesani, « Il Preumanesimo veronese », et L. Gargan, « Il Preumanesimo a Vicenza, Treviso e Venezia », dans la Storia della cultura veneta, t. 2, Il trecento, Vicence, 1976, p. 19-170. On signalera en outre Guido Billanovich, « Abbozzi e postille del Mussato nel Vaticano lat. 1769 », IMU, 28, 1985, p. 7-35 ; Guido Billanovich et P. L. Schmidt, « Cicerone e i primi umanisti padovani : il codice Gudiano lat. 2 di Wolfenbüttel », ibid., p. 37-56. Malheureusement, il n’existe pas encore d’édition convenable ou aisément accessible des poésies de Lovato et Mussato (indications bibliographiques dans l’article cité de Guido Billanovich, « Veterum vestigia vatum », p. 181) L’Écérinide de Mussato a été éditée par L. Padrin, Bologne, 1900. L’activité philologique qui s’est exercée sur les tragédies de Sénèque à Padoue a fait l’objet de deux livres de A. Ch. Megas (études et éditions de textes) : Ὁ προουμανιστικὸς κύκλος τῆς Πάδουας (Lovato Lovati – Albertino Mussato) καὶ οὶ τραγωδίες τοῦ L. A. Seneca, Thessalonique, 1967 (résumé en anglais, p. 229-233). Bonne présentation de Lovato par R. Weiss, « Lovato Lovati (1241-1309) », Italian Studies, 6, 1951, p. 3-28. M. Petoletti, « I “carmina” di Lovato Lovati », IMU, 50, 2009, p. 1-50 contient une analyse importante du manuscrit de British Library de Londres (Add. 19906). Sur Geremia da Montagnone, consulter R. Weiss, Il primo secolo dell’umanesimo, Rome, 1949, p. 15-20, et B. L. Ullman, « Hieremias de Montagnone and his citations from Catullus », CPh, 5, 1910, p. 66-82, repris dans ses Studies, p. 81-115 ; sur Benvenuto Campesani, R. Weiss, « Benvenuto Campesani (1250/55 ?-1323) », Boll. del Museo Civico di Padova, 44, 1955, p. 129-144 ; pour une ingénieuse solution de l’énigme que pose son épigramme, voir H. L. Levy, « Catullus and Cangrande della Scala », TAPhA, 99, 1968, p. 249-253 ; pour une discussion et la bibliographie ultérieure, voir E. Zaffagno, « L’epigramma di Benvenuto Campesani : ‘De resurectione Catulli poetae’ », dans I classici nel Medioevo e nell’Umanesimo (Pubbl. dell’Istituto di filologia classica e medievale, 42), Gênes, 1975, p. 289-298 ; Giuseppe Billanovich, « l Catullo della cattedrale di Verona », Abh. Bayer. Akademie der Wissenschaften. Philos.-hist. Klasse, 99, 1988, p. 35-57. Le Dizionario biografico degli Italiani contient des articles sur Campesani (par G. Gorni), Geremia da Montagnone (par G. Milan) et Lovato (par B. G. Kohl).

La consolidation de l’humanisme : Pétrarque et ses contemporains

7L’ouvrage d’A. Petrucci, La scrittura di Francesco Petrarca (Studi e Testi, 248), Cité du Vatican, 1967, fournit une liste des manuscrits de Pétrarque et une bibliographie utile. Voir aussi A. C. de la Mare, « The Handwriting », p. 1-16 et « Petrarch’s manuscript of the Tragedies », JWI, 40, 1977, p. 286-290 (= Scorialensis T. III. 11 de Sénèque) ; R. Fubini et S. Caroti (dir.), Poggio Bracciolini nel VI Centenario della nascita. Mostra di codici e documenti fiorentini, Florence, 1980. Les annotations marginales apposées par Pétrarque au texte de Quintilien ont été publiées par M. Accame Lanzillotta, Le postille del Petrarca a Quintiliano (Cod. Parigino lat. 7720) (Quaderni petrarcheschi, 5), Florence, 1988. Le travail pionnier de P. de Nolhac, Pétrarque et l’humanisme, 2 vol., Paris, 19072, est utile aujourd’hui encore, même s’il est inévitablement dépassé sur bien des points.

8Pour le Virgile de Pétrarque, voir M. Baglio, A. Nebuloni Testa et M. Petoletti, Le postille del Virgilio Ambrosiano (Studi sul Petrarca, 33-34), Rome/Padoue, 2006 ; pour ses annotations à Suétone, voir M. Berté, Petrarca lettore di Svetonio, Messine, 2011. Pour Pomponius Méla, voir la bibliographie citée supra, p. 210. Pour Properce, voir B. L. Ullman, « The manuscripts of Propertius », CPh, 6, 1911, p. 282-301 et « Petrarch’s acquaintance with Catullus, Tibullus, Propertius », dans Studies, p. 181-192 ; J. L. Butrica, The manuscript tradition of Propertius, Toronto, 1984, p. 37-61. Les articles fondamentaux sur Pétrarque et Tite-Live, même si le premier doit être considérablement modifié à la lumière des recherches ultérieures de Billanovich lui-même et d’autres, sont ceux de Giuseppe Billanovich, « Petrarch and the textual tradition of Livy », JWI, 14, 1951, p. 137-208, et « Dal Livio di Raterio (Laur. 63, 19) al Livio del Petrarca (B.M., Harl. 2493) », IMU, 2, 1959, p. 103-178, et « Il testo di Livio da Roma a Padova, a Aignone, a Oxford », ibid., 32, 1989, p. 53-99, tous repris dans M. Cortesi (dir.), Itinera : vicende di libri e di testi, t. 1, Rome, 2004, p. 1-101, 103-175 et 321-364. On dispose désormais de l’étude fondamentale de Giuseppe Billanovich, La tradizione del testo di Livio e le origini dell’Umanesimo, I/1, Tradizione e fortuna di Livio tra Medioevo e Umanesimo (Studi sul Petrarca, 9), Padoue, 1981. Le volume 2 (Studi sul Petrarca, 11) est un facsimilé intégral du Tite-Live de Pétrarque (Harleianus 2493). Le volume I/2 n’a jamais été publié ; mais voir pour l’instant « La biblioteca papale salvò le Storie di Livio », Studi Petrarcheschi, 3, 1986, p. 1-115, qui inclut des planches de fragments importants récemment découverts à Nancy (Archives départementales, IF 342/3). Sur l’Harleianus de Tite-Live attribué à Pétrarque, voir désormais M. Petoletti, « Episodi per la fortuna di Livio nel Trecento », dans G. Baldo et L. Beltramini (dir.), A primordio Urbis. Un itinerario di studi liviani (Giornale Italiano di Filologia – Bibliotheca, 19), Turnhout, 2019, p. 269-294, où la présence effective de Pétrarque sur ce manuscrit a été remise en cause. M. D. Reeve a exprimé une opinion radicalement différente sur une partie de l’histoire de Tite-Live dans une série d’articles publiés dans la Rivista di filologia e istruzione classica : « The transmission of Livy 26-40 », 114, 1986, p. 129-172 ; « The third decade of Livy in Italy : the family of the Puteanus » et « The third decades of Livy in Italy : the Spiresian tradition », 115, 1987, respectivement aux p. 129-164 et 405-440. Ses conclusions principales sont résumées dans « The ‘vetus Carnotensis’ of Livy unmasked », dans J. Diggle, J. B. Hall et H. D. Jocelyn (dir.), Studies in Latin literature and its tradition in honour of C.O. Brink (The Cambridge Philological Society, Suppl. 15), Cambridge, 1989, p. 97-112. Sur Pétrarque et le grec, voir V. Fera, « Petrarca e il greco », Studi medievali e umanistici, 14, 2016, p. 73-116.

9L’histoire des textes passés par Avignon révèle toujours l’importance exceptionnelle de cette ville. Ullman a montré, dès 1941, qu’elle a servi de relais dans la transmission des manuscrits vers l’Italie (« Some aspects of the origin of Italian humanism », Philological Quarterly, 20, 1941, p. 213-271 = Studies, p. 29-33), et l’étude de diverses traditions a donné corps et vigueur à cette théorie. Pour des développements plus fournis sur le rôle culturel d’Avignon, voir F. Simone, Il rinascimento, p. 9-24 ; W. B. Ross, « Giovanni Colonna, historian at Avignon », Speculum, 45, 1970, p. 533-545.

10Billanovich, I primi umanisti, p. 29-33, traite de la redécouverte des manuscrits du Mont-Cassin et de la part qu’y a prise Zanobi da Strada.

11Sur Boccace et le grec, voir M. Petoletti, « Boccaccio e i graeca », Studi medievali e umanistici, 14, 2016, p. 103-125. Sur Boccace et les auteurs classiques, voir Id., « Il Boccaccio e la tradizione dei testi latini », dans M. Marchiaro et S. Zamponi (dir.), Boccaccio letterato, Florence, 2015, p. 105-121. De façon générale sur Boccace, ses livres et les auteurs classiques : Boccaccio autore e copista, par T. De Robertis, C. M. Monti, M. Petoletti, G. Tanturli et S. Zamponi (dir.), Florence, 2013.

Coluccio Salutati (1331-1406)

12Nous avons la chance de disposer d’une étude exhaustive sur Coluccio par B. L. Ullman, The humanism of Coluccio Salutati (Medioevo e Umanesimo, 4), Padoue, 1963 ; voir en outre R. G. Witt, Hercules at the crossroads : the life, works and thought of Coluccio Salutati (Duke Monographs in Medieval and Renaissance Studies, 6), Durham (N.C.), 1983. Ce dernier est remarquable pour le tableau qu’il donne de Coluccio lui-même et pour l’éclairage sur de nombreux aspects du premier humanisme. On dispose également du recueil d’études édité par C. Bianca (dir.), Coluccio Salutati e l’invenzione dell’Umanesimo. Atti del convegno internazionale di studi (Firenze, 29-31 ottobre 2008), Rome, 2010. Sur l’influence de Coluccio sur le développement de l’écriture humanistique, voir Ullman, The origin and development of humanistic script, Rome, 1960. Un passage important sur les erreurs de copistes dans le De fato et fortuna de Coluccio est réimprimé par S. Rizzo, en appendice à son livre fondamental Il lessico filologico degli umanisti, Rome, 1973 (Sussidi eruditi, 26), p. 341-344.

L’époque des grandes découvertes : le Pogge (1380-1459)

13Le meilleur récit des découvertes du Pogge, un vrai conte fantastique, se trouve encore dans Sabbadini ; il faut, il est vrai, toujours contrôler les détails dans les études récentes consacrées à tel ou tel auteur. Sur la part que prit le Pogge dans la tradition d’Ammien, par exemple, voir R. Cappelletto, « Marginalia di Poggio in due codici di Ammiano Marcellino (Vat. lat. 1873 et Vat. lat. 2969) », dans Miscellanea Augusto Campana (Medioevo e Umanesimo, 44-45), Padoue, 1981, p. 189-211. Sur Marius Victorinus, voir M. De Nonno, « Tradizione e diffusione di Mario Vittorino grammatico », Rivista di filologia, 116, 1988, p. 5-50. Sur le Pogge traducteur du grec, voir A. Cohen-Skalli et D. Marcotte, « Poggio Bracciolini, la traduction de Diodore et ses sources manuscrites », Medioevo Greco 15, 2015, p. 63-107 (avec l’identification des modèles grecs du Pogge, qui ne travailla pas pour sa traduction de Diodore sur un manuscrit perdu, comme on l’avait longtemps cru). Les découvertes du Pogge prennent vie dans ses lettres : il en existe une nouvelle édition, H. Hart, Poggio Bracciolini, Lettere, 3 vol., Florence, 1984-1987. Les lettres qui traitent de ses découvertes de manuscrits ont été rassemblées et traduites en anglais par P. W. G. Gordan, Two Renaissance book hunters : the letters of Poggius Bracciolini to Nicolaus de Niccolis (Records of Civilization : Sources and Studies, 91), New York, 1974. Voir aussi A. C. Clark, Inventa Italorum (Anecdota Oxoniensia. Classical series, 11), Oxford, 1909. L’expédition du Pogge à Cluny au printemps 1415 reste incertaine : voir T. Foffano, « Niccoli, Cosimo e le ricerche di Poggio nelle biblioteche francesi », IMU, 12, 1969, p. 113-128.

14Les travaux d’Ullman et de La Mare cités dans la section précédente ont trait au Pogge comme scribe et comme calligraphe. Il semble aujourd’hui vraisemblable que l’écriture humanistique n’a pas été simplement inventée par le Pogge, mais qu’elle s’est développée à Florence autour de 1400 avec la contribution décisive du Pogge, de Niccoli et peut-être de Coluccio et que chacun d’entre eux a contribué à sa formation : voir A. C. de la Mare, « Humanistic script : the first ten years », dans F. Kraft et D. Wuttke (dir.), Das Verhältnis der Humanisten zum Buch, Boppard, 1977, p. 89-110. On a proposé de reconnaître deux manuscrits comme témoins du premier usage que fit le Pogge de cette nouvelle écriture : A. C. de la Mare et D. F. S. Thomson, « Poggio’s earliest manuscript ? », IMU, 16, 1973, p. 179-195, sur le Marcianus lat. XII, 80 (4167) de Catulle ; Giuseppe Billanovich, « Alle origini della scrittura umanistica : Padova 1261 e Firenze 1397 », dans Miscellanea Campana, p. 125-140 (sur le Vat. Pal. lat. 903 de Valère Maxime). Toutefois, tous deux semblent émaner des premiers jours de l’écriture humanistique plus que du Pogge lui-même : sur le premier, voir D. S. McKie, « Salutati, Poggio and Codex M of Catullus », dans Studies in Latin literature (cité ci-dessus p. 220), p. 66-96.

15La part qu’a prise le Pogge à la transmission des douze pièces de Plaute a fait l’objet d’une étude minutieuse, qui permet de se faire une idée assez précise de ses talents philologiques : C. Questa, Per la storia del testo di Plauto nell’umanesimo, t. 1, La « recensio » di Poggio Bracciolini, Rome, 1968. On trouvera une étude importante du travail du Pogge sur le codex Basilicanus des discours de Cicéron (Vatican, Archives de S. Pietro, H. 25) dans S. Rizzo, Il lessico filologico, p. 327-338. La biographie classique est celle d’E. Walzer, Poggius Florentinus, Leben und Werke, Leipzig, 1914 ; l’article d’E. Bigi et A. Petrucci dans le Dizionario biografico degli Italiani, t. 13, 1971, p. 640-646 fournit une courte introduction, à jour.

16On doit à Gilbert Ouy la découverte que la meilleure copie conservée du vetus Cluniacensis perdu (Paris. lat. 14749) est de la main de Nicolas de Clamanges (voir Annuaire de l’École pratique des Hautes-Études, 4e section, 1965-1966, p. 259).

17On apprécie toujours plus la contribution de Niccolò Niccoli à l’humanisme et avant tout le rôle qu’il a joué dans la récupération, la collation et le rassemblement des textes anciens : voir Ph. A. Stadter, « Niccolò Niccoli : winning back the knowledge of the ancients », dans Vestigia. Studi in onore di Giuseppe Billanovich (Storia e letteratura, 162-163), Rome, 1984, p. 747-764. Pour les attaques personnelles contre Niccoli et un aperçu sur les aspects moins plaisants de l’humanisme, voir M. C. Davies, « An Emperor without Clothes ? Niccolò Niccoli under attacks », IMU, 30, 1987, p. 95-148.

18Le document prouvant que le Velléius Paterculus de Murbach existait encore en août 1786 a été publié par A. Allgeier, « Bibliotheksgeschichtliche Nachrichten im Briefwechsel des Kardinals Garampi mit Fürstabt Martin Gerbert von St. Blasien », dans Miscellanea G. Mercati, t. 6 (Studi e Testi, 126), Cité du Vatican, 1946, p. 457-460.

La philologie latine au xve siècle : Valla et Politien

19Parmi les études de la philologie à partir du xve siècle, il faut mentionner S. Rizzo, Il lessico filologico degli umanisti ; E. J. Kenney, The classical text, Berkeley, 1974 ; R. Pfeiffer, History of classical scholarship 1300-1850, Oxford, 1976 ; A. Grafton, Joseph Scaliger : A study in the history of classical scholarship, t. 1, Textual criticism and exegesis, Oxford, 1983 ; A. Grafton et L. Jardine, From humanism to the humanities, Londres, 1986.

20Nous disposons de différentes études sur les bibliothèques de la Renaissance : B. L. Ullman et Ph. A. Stadter, The public library of Renaissance Florence : Niccolò Niccoli, Cosimo de’ Medici and the library of San Marco (Medioevo e Umanesimo, 10), Padoue, 1972 ; C. L. Stinger, The Renaissance in Rome, Bloomington, 1985, p. 282-291. Voir aussi A. C. de la Mare, « Vespasiano da Bisticci as producer of classical manuscripts in 15th-century Florence », dans C. A. Chavannes-Mazal et M. M. Smith (dir.), Medieval manuscripts of the Latin classics, Los Alto Hill (Ca.)/Londres, 1995, p. 166-207. Sur la circulation des livres au xve siècle avec des études de cas, voir désormais S. Martinelli Tempesta, D. Speranzi et F. Gallo (dir.), Libri e biblioteche di umanisti tra Oriente e Occidente, Milan, 2019.

21Les Opera omnia de Valla (Bâle, 1540) ont été réimprimées avec une préface due à E. Garin et divers compléments (Turin, 1962, 2 vol.). Une recension de ses Adnotationes in Novum Testamentum différente de celle publiée par Érasme a été découverte et éditée par A. Perosa (Florence, 1970). On dispose d’éditions assez récentes d’autres de ses œuvres : G. W. Bowersock, De falso credita et ementita Constantini donatione (I Tati Renaissance Library), Harvard (U.P.), 2007, avec une traduction anglaise annotée ; M. Regoliosi, Laurentii Valle Antidotum in Facium, Padoue, 1981 ; O. Besomi et M. Regoliosi, Laurentii Valle Epistole, Padoue, 1984. Pour certains textes latins, ses méthodes philologiques ont pu être saisies sur le vif : on verra, dans le cas de Tite-Live, Giuseppe Billanovich, « Petrarch and the textual tradition of Livy », JWI, 14, 1951, p. 137-151 ; et (en collaboration avec M. Ferraris), « Le Emendationes in T. Livium dal Valla e il Codex Regius di Livio », IMU, 1, 1958, p. 245-264, ainsi que « Un altro Livio corretto dal Valla (Valenza, Biblioteca della Cattedrale, 173) », ibid., p. 265-275 ; M. Regoliosi, « Lorenzo Valla, Antonio Panormita, Giacomo Curlo e le emendazioni a Livio », IMU, 24, 1981, p. 287-316, et « Le congetture a Livio del Valla. Metodo e problemi », dans O. Besomi et M. Regoliosi (dir.), Lorenzo Valla e l’umanesimo italiano. Atti del convegno internazionale di studi umanistici (Parma, 18-19 October 1984) (Medioevo e Umanesimo, 59), Padoue, 1986, p. 51-71. Pour Quintilien, voir M. Winterbottom, « Fifteenth-century manuscripts of Quintilian », CQ, 17, 1967, p. 356-363 ; L. Cesarini Martinelli, « Le postille di Lorenzo Valla all’‘Institutio Oratoria’ di Quintiliano », dans Lorenzo Valla e l’umanesimo italiano, p. 21-50. Sur différentes œuvres de Valla, voir le volume M. Regoliosi (dir.), Pubblicare il Valla, Florence, 2008.

22Pour se faire une bonne idée de l’activité débordante de Politien, il suffit de consulter le catalogue d’une exposition organisée à la Bibliothèque Laurentienne en 1954 (Mostra del Poliziano, Catalogo, A. Perosa (dir.), Florence, 1955). On pourra voir en outre Il Poliziano e il suo tempo. Atti del IV convegno internazionale di studi sul Rinascimento (1954), Florence, 1957 ; I. Maïer, Les manuscrits d’Ange Politien (Travaux d’humanisme et Renaissance, 70), Genève, 1965 ; V. Branca, Poliziano e l’umanesimo della parola (Saggi, 655), Turin, 1983.

23L’édition de la deuxième centurie a été donnée par V. Branca et M. Pastore Stocchi, Angelo Poliziano : Miscellaneorum centuria secunda, 4 vol., Florence, 1972 (édition minor, 1978). Nous avons la chance d’avoir conservé les notes autographes que Politien utilisait pour ses cours universitaires sur Suétone et les Silves de Stace : G. Gardenal, Poliziano e Suetonio. Contributo alla storia della filologia umanistica, Florence, 1975 (mais cf. L. Cesarini Martinelli, Rinascimento, 16, 1976, p. 111-131) ; L. Cesarini Martinelli, Angelo Poliziano : commento inedito alle Selve di Stazio, Florence, 1978. Le postille à l’Epistula Sapphus retrouvées à la bibliothèque Bodléienne ont été éditées par M. Kubo, « Sappho-Ovidius-Reniassance. A description of the marginal notes to Sappho’s Letter in the Parmensis 1477 (Bodl. Auct. P. II. 2) », Mediterraneus, 8, 1985, p. 3-41, avec des planches. Ses notes sur les Géorgiques ont été publiées par L. Castano Musicò, A. Poliziano, Commento inedito alle Georgiche di Virgilio, Florence, 1990 ; et sur les Fastes par F. Lo Monaco, A. Poliziano, Commento inedito ai Fasti di Ovidio, Florence, 1991 ; les deux volumes ont été recensés par M. D. Reeve, CR, 43, 1993, p. 153-156. Les épigrammes grecques ont été éditées par F. Pontani, Angeli Politiani Liber epigrammatum graecorum (Edizione nazionale dei testi umanistici, 5), Rome, 2002.

24Sur la place de Politien dans l’histoire de la philologie, et spécialement le développement de la méthode stemmatique, voir A. Grafton, « On the scholarship of Politian and its context », JWI, 40, 1977, p. 150-188.

25On trouvera des indications supplémentaires sur la méthode philologique de Valla et Politien dans les études citées au début de cette section.

26L’œuvre philologique d’Ermolao Barbaro a été publiée par G. Pozzi, Hermolai Barbari castigationes Plinianae et in Pomponium Melam, 4 vol., Padoue, 1973-1979, et étudiée par V. Branca, « L’umanesimo veneziano alla fine del Quattrocento : Ermolao Barbaro e il suo circolo », dans Storia della cultura veneta, t. 3/1, Vicence, 1980, p. 123-165.

Les études grecques : diplomates, réfugiés, bibliophiles

27On trouvera les sources et une ample discussion dans A. Pertusi, Leonzio Pilato fra Petrarca e Boccaccio, Venise/Rome, 1964 (les p. 62-72 traitent de son exemplaire d’Homère). F. Di Benedetto, « Leonzio, Omero e le Pandette », IMU, 12, 1969, p. 53-112, a démontré que Léonce Pilate a eu en main les Pandectes florentines (Laur. S.N.), et qu’il y a transcrit et traduit en latin les citations grecques du Digeste. Le Platon de Pétrarque a été identifié avec le Paris. gr. 1807 par A. Diller, « Petrarch’s Greek codex of Plato », CPh, 59, 1964, p. 270-272. Un fait étrange qui reste à expliquer est la raison pour laquelle les pré-humanistes padouans cités dans la section II de ce chapitre ne profitèrent pas des connaissances de Pietro d’Abano (fl. c. 1300), dont on sait qu’il visita Constantinople et qu’il traduisit certains textes grecs, en particulier de Galien ; dans un cas ou deux, il termina les traductions laissées inachevées de Burgundio. Une vue d’ensemble de ce qu’on sait de lui est donné par M. Th. d’Alverny, « Pietro d’Abano traducteur de Galien », Medioevo, 11, 1985, p. 19-64.

28Sur Chrysoloras, voir G. Cammelli, I dotti bizantini e le origini dell’Umanesimo, t. 1, Manuele Crisolora, Florence, 1941, et désormais le volume d’études édité par R. Maisano et A. Rollo (dir.), Manuele Crisolora e il ritorno del greco in Occidente. Atti del convegno internazionale (Napoli, 26-29 giugno 1997), Naples, 2002. La façon dont la plupart des humanistes ont appris cette langue est bien expliquée par R. Sabbadini, Il metodo degli umanisti, Florence, 1922, p. 17-27 ; il cite une lettre d’Ambrogio Traversari sur sa propre expérience et une autre d’Alde à Alberto Pio où il est question des méthodes utilisées par Ermolao Barbaro, Pic de la Mirandole et Politien. G. Cammelli, I dotti, t. 3, Demetrio Calcondila, Florence, 1954, p. 7, cite une lettre de Giovanni Antonio Campano où celui-ci se plaint de n’avoir pas encore pu apprendre le grec par manque de professeur.

29Sur la découverte de manuscrits de façon générale, voir R. Sabbadini, Le scoperte dei codici latini e greci ne’ secoli xiv e xv, réimprimé avec des suppléments, Florence, 1967. Les sujets traités dans cette section et la suivante sont examinés en détail dans N. G. Wilson, From Byzantium to Italy, Londres, 1992.

La philologie grecque au xve siècle : Bessarion et Politien

30Bonne présentation de Bessarion, quoique rapide, dans l’article de L. Labowsky, Dizionario biografico degli Italiani, t. 9, 1967, p. 686-696. L’ouvrage de base est celui de L. Mohler, Kardinal Bessarion als Theologe, Humanist und Staatsmann, 3 vol., Paderborn, 1923-1942. Dans le troisième, qui porte le sous-titre Aus Bessarions Gelehrtenkreis, p. 70-87, est publié l’opuscule où il expose ses vues sur la valeur de la Vulgate. Les études sur certains de ses manuscrits (et les annotations qu’il y a portées), légués à la Biblioteca Marciana de Venise, sont désormais nombreuses ; en outre, à la faveur des 550 ans de sa mort en 2018, les travaux sur le personnage se sont multipliés, et certains sont en cours de publication. Ses recherches paléographiques sont esquissées dans sa lettre à Alexios Lascaris Philanthropenos. Voir aussi J. Gill, The council of Florence, Cambridge, 1959. Pour commémorer le cinquième centenaire de sa donation à Venise (1468-1968), la Bibliothèque Marcienne avait organisé une exposition dont le catalogue Cento codici Bessarionei (Venise, 1968), édité par T. Gasparrini Leporace et E. Mioni, garde le souvenir. On y trouve aussi le texte de l’acte de donation.

31En lien avec les progrès effectués par Valla et Bessarion dans la critique néotestamentaire, mentionnons le fait que Bessarion avait eu l’occasion, en temps utile, de connaître les œuvres d’un important philologue du Moyen Âge, Nicola Maniacutia (c. 1150 †), diacre de S. Lorenzo in Damaso à Rome : c’était un critique expert, qui se faisait conseiller par des Juifs érudits pour être en mesure de mieux comprendre le sens de l’Ancien Testament. On trouve un examen utile de son activité dans V. Peri, « Nicola Maniacutia : un testimone della filologia romana del xii secolo », Aevum, 41, 1967, p. 67-90 et « “Correctores immo corruptores”. Un saggio di critica testuale nella Roma del xii secolo », IMU, 20, 1977, p. 19-125.

32Pour les Adnotationes de Valla, voir l’édition Perosa citée plus haut dans la section 6 (p. 222), notamment p. xxxix, n. 64.

33La bibliographie sur Politien a été donnée à la section 6.

Les premiers livres grecs imprimés : Alde Manuce et Marc Musurus

34Sur les débuts de la typographie grecque, deux livres font autorité : R. Proctor, The printing of Greek in the fifteenth century, Oxford, 1900 (réimpr. Hildesheim, 1966) et V. Scholderer, Greek printing types 1465-1927, Londres, 1927 ; voir aussi un article du second auteur, « Printers and readers in Italy in the fifteenth century », Proc. of the British Academy, 35, 1949, p. 1-23 (= Fifty essays in fifteenth and sixteenth century bibliography, Amsterdam, 1966, p. 202-215). L’imprimerie entraîna une baisse considérable du prix des livres. Cela est dit clairement par Giovanni Andrea Bussi, évêque d’Aleria, dans la préface à son édition des Lettres de saint Jérôme (Rome, 1468, f. 1v = G. A. Bussi, Prefazioni alle edizioni di Sweynheym e Pannartz, M. Miglio (éd.), Milan, 1978, p. 4) : les livres coûtent maintenant cinq fois moins cher. Toutefois cette orgueilleuse satisfaction ne vaut bien sûr que pour les textes en latin ou en langue vulgaire. La connaissance du grec resta pendant quelque temps exceptionnelle. On peut se demander si les maximes et les citations grecques dont Érasme parsème ses écrits, destinés à un large public, impliquent que la situation s’était améliorée dans les vingt ou trente premières années du xvie siècle.

35Sur Alde et Musurus (et d’autres réfugiés grecs), on consultera D. J. Geanakoplos, Greek scholars in Venice, Cambridge (Mass.), 1962, réimprimé en 1973 sous le titre Byzantium and the Renaissance. Toutefois, cet ouvrage n’affronte pas la question de l’activité philologique des deux hommes de façon suffisamment approfondie pour nous permettre d’estimer la capacité de chacune comme critique des textes. L’activité de l’imprimeur, Alde, est bien examinée par M. Lowry, The world of Aldus Manutius. Business and scholarship in Renaissance Venice, Oxford, 1979, et notre connaissance de la fonte de caractères qu’il adopta a été renouvelée par N. Barker, Aldus Manutius and the development of Greek script and type in the fifteenth century, New York, 19922. M. Sicherl a donné un excellent exposé des éditions aldines en grec dans le catalogue d’exposition Griechische Handschriften und Aldinen. Eine Ausstellung anlässisch der XV. Tagung der Mommsengesellschaft in der Herzog August-Bibliothek Wolfenbüttel, t. 2, Die Aldinen (1495-1516) (Ausstellungskataloge der Herzog August-Bibliothek, 24), Wolfenbüttel, 1978, p. 119-149, et dans son Griechische Erstausgaben des Aldus Manutius, Paderborn, 1997. Les préfaces ont été éditées par G. Orlandi, Aldo Manuzio editore. Dediche, prefazioni, note ai testi, Milan, 1975 ; pour celles concernant les éditions grecques, voir N. G. Wilson, Aldus Manutius : the Greek classics, Cambridge (Mass.), 2016. Les études sur Alde ont connu un renouveau d’intérêt à partir de 2015, à la faveur de l’anniversaire des 500 ans de sa mort : différentes contributions ont paru ; on ne citera ici que le volume de M. Davies et N. Harris, Aldo Manuzio : l’uomo, l’editore, il mito, Rome, 2019.

36Le jugement favorable sur l’édition d’Hésychius donnée par Musurus est emprunté à celle de K. Latte, t. 1, Copenhague, 1953, p. xxxiii. Le complément au texte de Moschos est discuté par W. Bühler, Die Europa des Moschos. Text, Übersetzung und Kommentar (Hermes Einzelschriften, 13), Wiesbaden, 1960, p. 14. La question des scholies d’Aristophane a été éclairée d’un jour nouveau par N. G. Wilson, « The Triclinian edition of Aristophanes », CQ, n. s., 12, 1962, p. 32-47 (la contribution de Musurus est moins importante qu’on ne l’a cru). Pour une étude récente sur Musurus, voir A. Cataldi Palau, « La vita di Marco Musuro », IMU, 45, 2004, p. 295-369, et à présent les deux volumes de D. Speranzi, Marco Musuro. Libri e scrittura (Bolettino dei Classici, Suppl. 27), Rome, 2013 (avec étude et recensement des livres annotés de sa main) et de L. Ferreri, Marco Musuro (L’Italia degli Umanisti, 1 ; Europa Humanistica, 17), Turnhout, 2014.

37Sur l’histoire de la Bibliothèque Marcienne, fort mal logée pendant plus d’un demi-siècle après la donation de Bessarion, voir L. Labowsky, Bessarion’s library and the Biblioteca Marciana. Six early inventories (Sussidi eruditi, 31), Rome, 1979.

Érasme (c. 1469-1536)

38Pour l’activité d’Érasme comme philologue classique, on consultera R. Pfeiffer, History of classical scholarship from 1300 to 1850, Oxford, 1976, p. 71-81. Pfeiffer cite un aphorisme révélateur : une erreur dans la ponctuation, affaire minuscule en soi, suffit à faire naître l’hérésie (tantula res gignit haereticum sensum). Bien que cette notion se trouve déjà chez Photios, nous ne possédons aucune trace montrant qu’Érasme ait connu son œuvre. P. S. Allen, « Erasmus’ services to learning », Proc. of the British Academy, 11, 1924, p. 349-368, repris dans Erasmus. Lectures and wayfairing sketches, Oxford, 1934, p. 30-59, soutient que la principale contribution d’Érasme à l’érudition tient dans ses éditions des textes patristiques, surtout latins (sa tentative de recueillir la matière nécessaire à l’édition de Chrysostome n’arriva jamais au stade permettant d’en commencer l’impression). Une facette importante de l’activité d’Érasme est traitée par E. Rummel, Erasmus as a translator of the classics, Toronto, 1985.

39Sur la genèse de la Bible d’Alcalá et du Nouveau Testament d’Érasme, B. M. Metzger et B. D. Ehrman, The text of the New Testament, Oxford, 20054, p. 137-149, donnent l’essentiel. Érasme n’indique pas systématiquement les manuscrits dont il s’est servi pour son édition et les réimpressions révisées qui suivirent (c’est une pratique relativement moderne), et pour les identifier il faut glaner des renseignements dans des sources très diverses, en particulier la correspondance et les commentaires au Nouveau Testament. Notre exposé se fonde sur l’introduction de P. S. Allen à l’Avis au lecteur d’Érasme (n° 373 dans l’Opus Epistolarum Desiderii Erasmi Roterodami, t. 2, Oxford, 1910, p. 164-166) ; elle semble très sûre, sauf peut-être pour ce qui est dit du manuscrit de Leicester. Érasme apprit l’existence du Vaticanus B (Vat. gr. 1209) en 1521 ; et quand, quelques années plus tard, l’humaniste et théologien espagnol Sepúlveda lui en rappela l’importance, il ne réagit pas comme il aurait dû. Dans sa réponse à Sepúlveda, il suggéra que si un manuscrit grec confirmait certaines leçons de la Vulgate, c’est probablement qu’il avait été falsifié, sans réaliser que l’âge vénérable de B rendait cette hypothèse relativement peu plausible ; en outre, il fit la proposition, excessive mais pas complètement déraisonnable, que la seule façon de remonter à l’original grec était d’en revenir au texte tel qu’il était cité par les Pères du iiie, ive et ve siècles (lettre 2905, écrite en 1534). J. Krans, Beyond what is written : Erasmus and Beza as conjectural critics of the New Testament, Leyde, 2006, offre une analyse utile, de même que J. H. Bentley, Humanism and Holy Writ, Princeton, 1983 ; voir p. 153-154 et 158 sur la maxime difficilior lectio potior (sur ce dernier point, rappelons un fait que nous communique aimablement R. J. Durling : Galien avait déjà une perspective très proche de cela. On le trouve exprimant une préférence pour de vieux mots plus difficiles pour le lecteur (In Hipp. Epid. VI, CMG, t. 5, 10, 2/2, éd. Wenkebach, p. 178 ; éd. Kühn, t. 17, 1, p. 101) et comprend le fait que, si le texte avait été altéré, il aurait donné lieu à quelque chose de plus facile (ibid., éd. Wenkebach, p. 121 ; éd. Kühn, p. 427).

40Sur les intentions qu’avait Érasme quand il éditait le Nouveau Testament, voir H. J. de Jonge, « Novum Testamentum a nobis versum : the essence of Erasmus’ edition of the New Testament », JTS, 35, 1984, p. 394-413 soutient que cette œuvre ne doit pas être traitée comme l’édition d’un texte grec. Toutefois, pour défendre l’opinion traditionnelle, on peut dire que : (1) Érasme collationna des manuscrits dans les deux langues ; ainsi, dans une certaine mesure, il essaya d’établir la nature précise de la graeca veritas ; sa façon de procéder, pour incomplète qu’elle soit selon nos critères, n’était pas un travail bâclé pour les critères de son temps et le fait rentrer dans la catégorie des éditeurs. (2) La raison pour laquelle il mit l’accent sur les manuscrits latins plutôt que grecs est évidente : il voulait être lu et savait que seule une petite fraction de la classe élevée connaissait suffisamment le grec pour lire l’original (de Jonge s’en est rendu compte, cf. p. 401, 406, mais n’en tire pas les conclusions nécessaires). (3) Érasme pouvait avoir, pour des raisons de prudence, présenté son travail comme regardant essentiellement le latin, s’il existait des critiques potentielles à l’idée sienne et déjà de Valla de se concentrer sur la graeca veritas.

41L’histoire d’Érasme et du comma Johanneum a été peut-être quelque peu embellie ; voir H. J. de Jonge, « Erasmus and the comma Johanneum », Ephemerides theologicae Lovanienses, 56, 1980, p. 381-389. Mais il est évident qu’Érasme s’exposa à des critiques de mauvaise foi.

42La lecture de M. M. Phillips, The « Adages » of Erasmus. A study with translations, Cambridge, 1964, permet d’aborder au mieux cette œuvre importante. On y trouvera aux pages 65-69 un récit de la polémique qu’a fait naître le séjour d’Érasme chez Alde. Cette période cruciale est étudiée aussi par D. J. Geanakoplos, Greek scholars in Venice (cité supra, p. 225 ; voir spécialement les p. 273-275 qui traitent de la prononciation du grec dite « érasmienne ».

43Pour une bibliographie et des indications ultérieures, voir P. Petitmengin, « Comment étudier l’activité d’Érasme éditeur des textes antiques », dans Colloquia Erasmiana Turonensia, t. 1, Paris, 1972, p. 217-222, et E. Bloch, « Erasmus and the Froben Press : the making of an editor », Library Quarterly, 35, 1965, p. 109-120.

44Sur Érasme et Sénèque, on consultera L. D. Reynolds, The medieval tradition of Seneca’s Letters, Oxford, 1965, p. 4-6 ; W. Trillitzsch, « Erasmus und Seneca », Philologus, 109, 1965, p. 270-293, repris dans Seneca im literarischen Urteil der Antike, t. 1, Amsterdam, 1971, p. 221-250 ; M. M. Phillips, The « Adages » of Erasmus, p. 15-17 ; L. D. Reynolds, « Beatus Rhenanus and Seneca, ‘De Beneficiis’ and ‘De clementia’ », dans F. Heim et J. Hirstein (dir.), Beatus Rhenanus (1486-1547), Turnhout, 2000, p. 101-117.

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