Chapitre 2. Perspectives d'exploitation des thons à la fin des années 1970
p. 35-56
Texte intégral
Des ressources thonières exploitées mais très mal connues
1S’il est aujourd’hui admis par tous, gestionnaires, pêcheurs et scientifiques, que les ressources présentes dans l’ouest de l’océan Indien peuvent produire chaque année plusieurs centaines de milliers de tonnes de thons, cette situation n’était pas même envisagée en 1976, à la date de l’indépendance des Seychelles. La pêche thonière était déjà pratiquée depuis plusieurs siècles dans la région par un certain nombre de pays côtiers et insulaires, les Maldives en particulier, au moyen de canneurs, ainsi que depuis les années 1950 par des palangriers de haute mer japonais, mais leurs activités restaient mal connues à cette date. Ce manque de transparence sur la situation des stocks et des pêcheries thonières tenait au simple fait que, dans l’océan Indien, il n’existait alors aucune Commission de pêche chargée de coordonner la collecte des statistiques de pêche au thon et d’en diffuser les informations aux pays concernés. À la même période, les pays riverains du Pacifique Est pouvaient aisément obtenir de la CIATT1 (créée dès 1952) les données de prises et les analyses sur l’état des stocks de thons de leur région. Il en était de même pour les pays riverains de l’Atlantique, qui pouvaient s’adresser à la CICTA2 (créée en 1966). La situation était donc tout autre dans l’océan Indien, et, même si la FAO a coordonné un certain suivi statistique des pêcheries thonières à partir des années 1980 dans le cadre de l’IPTP3, on manquait d’éléments pour évaluer le potentiel en thons de la région. Ce n’est qu’en 1996 que sera créée la CTOI4. On peut toutefois faire a posteriori un bilan des informations statistiques et halieutiques qui, bien qu’étant parfois dispersées et peu accessibles, existaient tout de même à la fin des années 1970, comme on le verra dans la suite de ce chapitre.
2Outre les diverses pêcheries artisanales et la pêche industrielle à la palangre japonaise, une pêcherie à la canne nippone s’était développée à Madagascar dès 1971. On faisait alors l’hypothèse qu’il existait dans la région des ressources thonières qui pouvaient être exploitées avec un certain succès.
3De multiples questions se posaient toutefois quant aux méthodes de pêche qui pourraient contribuer le mieux possible au développement socio-économique des Seychelles. Si le projet d’octroyer des licences de pêche aux thoniers exploitant la ZEE était déjà dans les esprits, le choix des techniques à privilégier restait complètement ouvert. Étaient-ce des palangriers, des canneurs à appât vivant, des senneurs, ou une combinaison de ces flottilles, qui allaient permettre de maximiser la rente thonière des Seychelles ?
Aperçu des techniques et engins de pêche
La pêche artisanale traditionnelle : filets maillants, lignes à main, lignes de traîne
4Un certain nombre de pêcheries artisanales de l’océan Indien capturent les thons de manière traditionnelle depuis des temps reculés avec des engins comme les filets maillants dérivants, les lignes à main et les lignes de traîne déployés depuis de petites embarcations. Ces engins sont par exemple activement utilisés au Sri Lanka, en Indonésie, au Pakistan, en Inde, à Oman ou au Yémen. La prise moyenne de thons réalisée par ces engins de pêche était déjà élevée dans les années 1970, dépassant 70 000 tonnes (moyenne 1970-1976), soit 34 % environ des prises totales de thons de l’époque pour l’océan Indien. Ces prises étaient toujours réalisées à proximité des côtes grâce à l’emploi d’une importante main-d’œuvre locale. La plupart du temps, les thons ainsi capturés n’étaient pas exportables ; ils étaient essentiellement destinés à des marchés locaux situés près des nombreux ports de pêche et sites de débarquement. Ce contexte de pêches artisanales éclatées était peu applicable aux Seychelles, un pays à la population réduite, ne disposant ni d’une très abondante main-d’œuvre de pêcheurs, ni d’un important marché de consommateurs locaux.
La pêche à la canne à l’appât vivant
5Il y avait dans l’océan Indien deux exemples de pêcheries thonières à la canne avec appât vivant, riches d’informations pour les Seychelles et bien connus depuis fort longtemps : aux Maldives et aux îles du Lakshadweep, en Inde.
6Cette méthode de pêche est très ancienne. Depuis des siècles déjà, la pêche des thons à l’appât vivant constituait aux Maldives une ressource économique majeure, et cela au moins depuis le XIVe siècle, selon les récits détaillés d’Ibn Battuta datant de cette époque, puis de Pyrard de Laval en 1600. On sait qu’une part importante de ces prises, outre la consommation locale, était séchée aux Maldives, puis exportée au Japon, en Inde et au Yémen. Cette pêche traditionnelle était pratiquée par une fraction importante de la population maldivienne. Les pêcheurs utilisaient des petits navires à voile de 8 à 12 mètres de long, les « Mas Dhonis », qui pêchaient l’appât vivant durant la nuit, puis les thons durant la journée. Ces bateaux étaient bien entendu construits localement avec des matériaux disponibles sur les atolls, notamment ceux tirés des cocotiers. L’appât vivant qui était collecté et utilisé ensuite pour la pêche au thon était composé de poissons coralliens capturés de nuit sur les récifs côtiers et conservés vivants dans de l’eau circulant au fond des dhonis. À la fin des années 1970, la pêche maldivienne à la canne et à l’appât vivant capturait déjà annuellement une trentaine de milliers de tonnes de thons, en grande majorité des listaos. C’était donc une pêcherie intéressante à examiner pour les Seychelles : elle prouvait qu’il y avait une ressource de listaos de bonne taille (souvent de poids individuels supérieurs à 5 kg) disponible dans le centre de l’océan Indien, mais le contexte sociologique et halieutique des Maldives dans lequel se déroulait cette pêcherie n’était pas extrapolable aux Seychelles, où les pêcheurs ciblaient les poissons démersaux plutôt que les pélagiques et où les ressources en appât vivant étaient peu abondantes, comme cela sera montré au chapitre 3.
7Un autre élément bien connu à l’heure de l’indépendance des Seychelles était le relatif succès de la pêcherie expérimentale japonaise de canneurs à l’appât vivant qui, basés à Nosy Bé, à Madagascar, de 1971 à 1973, avaient opéré entre la Grande Île et le sud de la ZEE des Seychelles. Cette pêcherie bénéficiait d’un avantage qui n’existait pas aux Seychelles, l’existence d’une ressource importante en appât vivant. Cette flotte expérimentale de trois canneurs avait ainsi capturé, en 12 mois d’activité, 4 000 tonnes de thon, dont 94 % de listao, avec des rendements qui, sans être extraordinaires, restaient commercialement intéressants.
8D’autres brèves tentatives de pêche avaient aussi été réalisées par des canneurs français, le Vendôme et le Macareux, à la même période et dans la même zone, mais les résultats avaient été très peu convaincants.
9Bien entendu, la pêche à la canne avait été fortement modernisée durant la deuxième moitié du XXe siècle, en particulier en Asie (Japon), sur la côte californienne et en Europe (Espagne, France, Portugal). Ces perfectionnements avaient transformé les canneurs en navires industriels très efficaces et capables de capturer de grandes quantités de thons, puis de les transporter congelés sur de grandes distances. En particulier, les progrès techniques leur permettaient déjà de conserver l’appât vivant durant de longues périodes. La contrainte majeure de cette méthode de pêche était bien sûr déjà en 1976 (et cela reste vrai aujourd’hui) la nécessité de disposer d’un appât vivant de qualité, résistant au confinement dans les cuves du canneur. L’appât est composé de petits poissons d’un certain nombre d’espèces (par exemple des jeunes sardines ou anchois, des petits poissons récifaux) qui sont jetés vivants par les pêcheurs à l’approche d’un banc de thons ; cet appât vivant provoque une frénésie alimentaire des thons et permet ainsi de les capturer en grand nombre. Toutefois, quand les bons appâts vivants sont rares, cette méthode peut très difficilement être mise en œuvre, à moins de pouvoir aller chercher de l’appât dans des zones éloignées et de le conserver pendant plusieurs semaines, ce qui est possible (canneurs japonais) mais reste le plus souvent difficile, aléatoire et potentiellement peu rentable.
Les palangriers
10On savait bien sûr à l’indépendance des Seychelles que l’ouest de l’océan Indien avait déjà été exploité avec succès par des palangriers dès le début des années 1950 ; les données de prises et de rendements de ces flottilles, qui exploitaient depuis plusieurs années avec leurs lignes les thons adultes vivant en profondeur dans la région des Seychelles, étaient relativement faciles à consulter dans les documents publiés à l’époque par les laboratoires japonais, celui de Shimizu en particulier (le National Research Institute of the Far Seas Fisheries) qui suivait avec une grande rigueur toutes les pêcheries japonaises de haute mer. L’examen de ces données démontre que les prises de thons réalisées par les palangriers dans l’océan Indien étaient à des niveaux comparables à ceux des autres régions du monde, Pacifique et Atlantique, comme l’illustre la figure 2-2.
11Cette carte de pêche montre, en outre, que les prises réalisées alors à l’ouest de l’océan Indien rivalisaient avec les meilleures zones de pêche de la zone circuméquatoriale. Il n’y avait donc pas de doute : il existait bien autour des Seychelles des ressources substantielles en thons, et la palangre pouvait apparaître comme une méthode de pêche bien adaptée à la région. Toutefois, la technique de pêche alors employée – mettant en œuvre de grands navires hauturiers exclusivement manœuvrés par des Asiatiques –, la grande superficie des zones exploitées et les rendements journaliers relativement faibles de ces bateaux pouvaient logiquement inciter les investisseurs seychellois à une certaine prudence.
Les senneurs
12À la fin des années 1970, il était clair pour la majorité des experts que la senne était le moyen le plus efficace pour capturer de grandes quantités de thons, et tout particulièrement les thons tropicaux comme ceux qui fréquentent la zone des Seychelles. Malgré tout, personne à l’époque ne pouvait confirmer que les ressources thonières de la région étaient potentiellement exploitables par des senneurs.
Thermocline, oxycline et thons
On appelle thermocline la couche de transition qui, dans les zones océaniques, est située entre les eaux chaudes superficielles (la couche qui est principalement fréquentée par les thons tropicaux, dite couche homogène) et les eaux froides profondes. Cette zone de la thermocline est généralement peu épaisse à proximité de l’équateur, et elle constitue, au moins dans une certaine mesure, une barrière thermique qui rend difficile un passage rapide des thons vers les eaux froides profondes. Cette thermocline s’enfonce et devient moins marquée lorsque l’on se déplace vers les gyres anticycloniques des régions subtropicales.
L’oxycline est, de manière similaire, la couche qui sépare les eaux superficielles riches en oxygène des eaux profondes appauvries en oxygène. La zone où la diminution de la teneur en oxygène dissous est la plus importante est souvent située à la base de la couche homogène où la dégradation de la matière organique qui s’y accumule consomme l’oxygène ambiant.
La thermocline et l’oxycline peuvent néanmoins être décalées selon les régions. La figure ci-après montre les profils typiques de température et d’oxygène qui sont observés dans la zone des Seychelles, avec une thermocline et une oxycline couplées et bien marquées entre 50 et 110 mètres. Dans certaines zones, l’oxycline est très superficielle, par exemple en mer d’Arabie où la teneur en oxygène dissous diminue très rapidement avec la profondeur, devenant inférieure à 1 ml/l à partir de 125 mètres de profondeur.
13En effet, les grandes pêcheries de thons à la senne étaient alors concentrées presque exclusivement dans les régions orientales du Pacifique (la zone où cette industrie était née au début des années 1960) et de l’Atlantique, où la pêche à la senne avait débuté en 1962 (fig. 2-3).
14Ces deux zones présentaient clairement un environnement très favorable à ce type de pêche : un climat « facile » avec des vents faibles à modérés et une mer calme, et une thermocline peu profonde qui augmente les chances de capturer les thons, en particulier pour les sennes de l’époque qui se fermaient à une profondeur d’environ 70 à 80 mètres. Enfin, on savait que ces deux zones étaient biologiquement productives et donc très favorables à la présence de grands prédateurs comme les thons. À cette époque, la pêche à la senne était encore très réduite dans le Pacifique Ouest, et totalement absente dans l’océan Indien. La plupart des experts et des professionnels pensaient alors que ces zones étaient structurellement peu favorables pour les senneurs !
Les stocks de thons de l’océan Indien à la fin des années 1970
15Les rapports scientifiques des experts qui tentaient d’évaluer le potentiel thonier de l’océan Indien permettent de dresser un bilan des connaissances disponibles à l’époque pour tracer le contour de perspectives d’exploitation à grande échelle. Il est instructif de réexaminer ces informations « historiques » et de les comparer à la situation actuelle des pêcheries en utilisant l’information de base disponible en continu depuis le milieu du XXe siècle, à savoir les prises.
Thons et productivité océanique
16Lorsque l’on tente d’évaluer le potentiel en thon d’une région donnée, il est classique d’analyser en premier lieu les caractéristiques physiques de l’environnement (vent, upwelling, thermocline), puis la richesse biologique à la base de la chaîne alimentaire, le plancton et la nourriture disponible pour les prédateurs. Le mécanisme le plus puissant d’enrichissement biologique dans les océans est produit par les upwellings.
17Malgré l’existence avérée de ressources en thons, comme l’avaient démontré les pêcheries de l’époque, les experts restaient sur l’idée que ces ressources étaient limitées du fait d’une productivité biologique jugée relativement faible sur l’ensemble de la région, en dehors du très riche upwelling de Somalie. Un tel diagnostic s’appliquait aussi à l’époque aux vastes zones équatoriales du Pacifique Ouest, aux eaux très chaudes et claires – la « warm pool » – qui étaient alors, comme l’océan Indien, très peu exploitées par les flottilles de senneurs.
Les upwellings et l’enrichissement biologique des océans
Dans les régions où des vents soutenus soufflent dans une direction parallèle à la côte, on constate des refroidissements prononcés des eaux de surface ainsi que l’enrichissement de celles-ci en sels nutritifs et le développement d’une forte productivité biologique. Ce phénomène, qui est observé mondialement et que l’on appelle « upwelling », est dû au fait que les masses d’eaux de surface sont poussées par le vent et remplacées par des eaux profondes riches en sels nutritifs qui vont rapidement stimuler une active chaîne alimentaire sous l’effet de la lumière du soleil. Un point très important, et contraire à l’intuition, est que cette dérive des eaux vers le large ne se produit pas dans la direction du vent, mais à 90 degrés de celle-ci : à droite du vent dans l’hémisphère nord et à gauche dans l’hémisphère sud, sous l’effet de la force de Coriolis*, une force causée par la rotation de la Terre. Pour qu’il y ait upwelling, il faut donc que la direction du vent soit telle qu’elle entraîne un déplacement des eaux côtières vers le large (dans le cas contraire, on parlera de « downwelling », qui n’a pas l’effet enrichissant de l’upwelling). Un des plus forts upwellings mondiaux, très important pour la pêche thonière de la région, est celui qui est observé chaque année au large de la Somalie : la mousson de sud-ouest qui se déclenche chaque année en juin au nord de l’équateur induit un upwelling très intense : les eaux de surface des côtes somaliennes sont chassées vers l’est, et la zone se refroidit ainsi en quelques semaines de plusieurs degrés. Il se produit dans cette zone un rapide enrichissement des eaux, d’abord en plancton végétal (phytoplancton), puis animal (zooplancton). Cette modification importante des propriétés biologiques de l’océan est bien visible sur les images satellitaires de couleur de l’eau, qui permettent d’estimer le contenu en chlorophylle, un pigment majeur du phytoplancton. Au large de cet upwelling se développent les niveaux plus élevés de la chaîne alimentaire, concentrant dans la région d’importantes biomasses* de proies dont les thons vont se nourrir. Cet upwelling est donc le point de départ de tout ce processus d’enrichissement conduisant à des prises très importantes de thons, qui ne se limitent pas à la zone frontière de l’upwelling, mais qui bien au contraire s’étendent très loin vers l’est, à plusieurs centaines de milles au large de la Somalie. Il existe aussi des upwellings en plein océan, lorsque les vents divergent sous l’effet de la force de Coriolis. Ils se produisent principalement le long de l’équateur, dans les océans Atlantique et Pacifique, où le vent souffle de l’est vers l’ouest. En revanche, il n’y a pas d’upwelling équatorial dans l’océan Indien en raison des vents de mousson qui sont orientés tantôt vers le nord, tantôt vers le sud.
18Ces diagnostics assez pessimistes résultaient dans ces régions équatoriales de l’absence de sources majeures d’enrichissement, par exemple les classiques upwellings de haute mer rencontrés dans les zones de pêche au thon du Pacifique Est et de l’Atlantique Est. Ces upwellings stimulent la production de phytoplancton (plancton végétal) et de zooplancton (plancton animal) et, après quelques semaines, la production subséquente des maillons intermédiaires des chaînes alimentaires et enfin la biomasse des grands prédateurs comme les thons. On doit reconnaître aujourd’hui que ces conclusions étaient globalement erronées, puisque les zones de pêche situées à l’ouest des océans Indien et Pacifique sont devenues depuis les années 1990 les plus riches au monde en termes de quantités de thons capturées par unité de surface exploitée. Cette erreur de diagnostic commise par les experts à la fin des années 1970 est aujourd’hui partiellement explicable : elle résultait à la fois de connaissances insuffisantes sur la grande productivité biologique de la région, et de la méconnaissance du fonctionnement des complexes chaînes alimentaires océaniques qui conduisent aux thons. Le rôle positif de l’upwelling de Somalie, situé le long des côtes africaines au nord-ouest des Seychelles et dont les eaux ont la plus forte productivité primaire océanique au monde, est bien reconnu maintenant. L’enrichissement issu de l’upwelling somalien profite ainsi à toute la région en raison du transport de la masse d’eau vers l’est de l’océan, un mécanisme qui était alors mal identifié. Nonobstant ces connaissances nouvelles, il faut toutefois reconnaître que les scientifiques ont encore beaucoup de difficultés à bien comprendre la très grande richesse en thons de l’ouest de l’océan Indien ! Il y a là encore un défi posé aux experts thoniers, celui de bien comprendre l’étagement et la composition des compartiments trophiques qui conduisent aux thons.
Chaînes alimentaires océaniques et thons
On décrit quatre niveaux dans la chaîne alimentaire qui dans les océans conduit aux thons. Cette classique « pyramide des biomasses » repose sur le phytoplancton, qui synthétise la matière organique à partir des sels nutritifs et de la lumière du soleil. Ce phytoplancton sert ensuite de nourriture au zooplancton, qui constitue le deuxième niveau de la chaîne alimentaire. Le zooplancton sert lui-même de proie à un ensemble de prédateurs zoologiquement hétérogène, composé de poissons, de crustacés (crabes, crevettes), de mollusques (calmars), de mammifères (baleines à fanons) et d’oiseaux marins. Ce troisième niveau de la pyramide peut occuper une grande gamme de profondeurs : soit en surface (faune épipélagique), soit très en profondeur, au moins durant le jour (faune mésopélagique).Tous ces organismes sont dévorés par les grands prédateurs du sommet de la pyramide : thons, requins, poissons porte-épée (marlins, voiliers, espadons) et cachalots. On parle d’une pyramide de la chaîne alimentaire simplement parce que la biomasse de chaque niveau est beaucoup plus faible que celle du niveau qui la précède (elle représente environ 10 % de l’étage immédiatement inférieur). Ce schéma est bien sûr extrêmement simplifié : les interactions entre espèces sont beaucoup plus complexes et elles sont très variables selon les zones, les écosystèmes et les profondeurs.
Des pêcheries palangrières productives dès leur lancement
19L’examen des données des pêcheries en 19765 nous a déjà rappelé que des prises significatives de thons avaient été déjà réalisées dans l’ouest de l’océan Indien et dans la région des Seychelles depuis 1954, et cela par d’importantes flottilles thonières (fig. 2-4). Les flottilles industrielles n’utilisaient alors qu’une seule méthode de pêche, la palangre, c’est-à-dire des lignes profondes longues de plusieurs dizaines de kilomètres et équipées de milliers d’hameçons placés à cette époque à environ 100 mètres de profondeur. La première de ces flottilles dans la région a pendant longtemps été celle du Japon, comme d’ailleurs partout dans le monde. Dès les années 1950 (avec le soutien financier des USA destiné à relancer l’économie japonaise qui avait été détruite par la guerre), des centaines de palangriers hauturiers à long rayon d’action ont commencé à exploiter toutes les zones de l’océan mondial où des thons pouvaient être pêchés. Ces navires japonais ont ensuite été rejoints dans les années 1960 par d’importantes flottilles de palangriers coréens et de la Chine de Taipei, répartis eux aussi mondialement mais avec une densité moindre, ainsi que par quelques palangriers de l’ex-Union soviétique (fig. 2-5), une flottille qui opérait aussi dans l’Atlantique.
20Les prises totales de ces palangriers étaient (et restent) composées exclusivement de thons adultes de grande taille. Quatre espèces de thons dont les adultes vivent en profondeur et un poisson porte-épée sont la cible principale des palangriers :
les albacores, ou thons à nageoires jaunes, Thunnus albacares
le patudo, ou thon obèse, Thunnus obesus
le germon, ou thon blanc, Thunnus alalunga
le thon rouge du Sud, Thunnus thynnus maccoyi
l’espadon, Xiphias gladius
21Il apparaît à l’examen de ces chiffres que les prises des palangriers dans l’ouest de l’océan Indien étaient donc déjà importantes dès l’année 1954, oscillant autour de 50 000 tonnes par an, pour atteindre des valeurs record de plus de 100 000 tonnes en 1968 et 1969 (fig. 2-6). Ces prises étaient excellentes, bien supérieures à celles obtenues dans les autres zones de pêche mondiales. Les cartes de pêche de ces flottilles étaient aussi potentiellement disponibles car elles étaient publiées par les laboratoires japonais, souvent selon un maillage fin (carrés de 1° de côté, soit environ 110 km). Elles montraient déjà que les Seychelles étaient situées au cœur des principales zones de pêche de ces flottilles palangrières (fig. 2-7).
La pêche à la palangre
La pêche à la palangre dérivante consiste à déployer en pleine eau des lignes de plusieurs dizaines de kilomètres de long, dépassant souvent 100 km, équipées de plusieurs centaines ou milliers d’hameçons sur lesquels sont accrochés des appâts (en général congelés, parfois vivants). La ligne est suspendue depuis la surface au moyen de flotteurs. La palangre est posée de jour ou de nuit selon les espèces visées : de jour pour les thons et de nuit pour l’espadon. La profondeur de la pose est choisie dans une certaine mesure par le pêcheur qui modifie le gréement des lignes (en particulier selon le nombre d’hameçons entre les flotteurs), la tension de la ligne et la vitesse de déploiement. Cette profondeur varie de 20 à 80 mètres pour la palangre à espadon, de 50 à 300 mètres pour l’albacore, de 80 à 350 mètres pour le germon et de 100 à 500 mètres pour le patudo. Jusqu’en 1975, les palangres étaient mouillées à de faibles profondeurs (< 100 m) pour capturer l’albacore, le germon et le thon rouge. Après 1975, la profondeur de pose est devenue plus importante pour cibler le patudo et des thons de plus grande taille. La ligne est posée chaque jour dans les zones jugées favorables, et elle capture principalement des thons adultes et des poissons porte-épée. Les palangres capturent souvent des espèces non directement recherchées qui forment les prises dites accessoires. Certaines présentent un intérêt commercial et sont conservées à bord. D’autres sans intérêt sur le marché, voire protégées (certains requins, tortues marines, oiseaux marins) sont, le cas échéant, relâchées vivantes ou rejetées mortes.
22C’était donc un signe très encourageant : il y avait assurément des quantités intéressantes de thons exploitables dans l’ouest de l’océan Indien, et il apparaissait clairement que ces thons aimaient fréquenter la zone des Seychelles6 ! On notait toutefois dès le milieu des années 1970 que des changements importants étaient intervenus dans la composition en espèces des prises palangrières. Ainsi, l’albacore qui était l’espèce dominante dans l’ouest de l’océan Indien (plus de 80 % des prises jusqu’au début des années 1960) était devenu progressivement une espèce de second plan en contribuant à moins de 30 % des prises à l’époque de l’indépendance des Seychelles.
Les premières évaluations des stocks de thons
23La diminution des rendements des palangriers avait été spectaculaire et rapide au cours des premières années d’exploitation pour l’albacore et le germon, et moindre pour le patudo (fig 2-8). C’est ce qui explique les changements de composition spécifique qui viennent d’être signalés. Quand en 1954-1955, 10 % des hameçons capturaient des albacores, vingt ans plus tard, ce taux n’était plus que de 1 % (la baisse la plus importante des rendements ayant eu lieu durant les dix premières années de la pêcherie). Cette baisse des rendements était d’autant plus préoccupante que, durant la même période, les palangriers avaient gagné en performance et en efficacité, ce qui aurait dû logiquement conduire à l’effet inverse, à savoir une amélioration des rendements (comme ce sera plus tard le cas pour les senneurs)
24Tant les scientifiques que les pêcheurs avaient alors l’impression que les stocks de thons adultes de l’océan Indien avaient déjà été très rapidement surexploités, et même réduits quasiment à néant, après seulement une quinzaine d’années d’exploitation par les flottes de palangriers. Cette grave surexploitation apparente des ressources, telle qu’on pouvait la juger à partir de la tendance des rendements, avait conduit la plupart des scientifiques à poser des diagnostics assez sombres. Les experts concluaient donc, fermement et sans ambiguïté, que le stock d’albacores était déjà pleinement exploité dans l’ensemble de l’océan Indien. Ils pensaient alors que les prises sur ce stock ne pourraient pas dépasser 60 000 tonnes, au moins de manière durable, ce niveau constituant la « prise maximale équilibrée » estimée à l’époque dans l’océan Indien (rapport de la réunion de Shimizu en 1979).
Prise maximale équilibrée et surexploitation des stocks
La « prise maximale équilibrée », ou PME, est un concept classique de dynamique des populations utilisé en recherche halieutique et en gestion des ressources marines, qui a d’ailleurs été repris dans la plupart des textes juridiques internationaux du droit de la mer et dans ceux définissant le cadre juridique des Commissions de pêche thonières, comme la CTOI. Le terme PME désigne la prise moyenne la plus élevée qui peut être prélevée durablement sur un stock en exerçant un effort de pêche dit optimum. Quand l’effort de pêche est supérieur à celui qui produit cette PME, la prise tend à diminuer, soit modérément si la reproduction du stock n’est pas trop dégradée, soit brutalement – et parfois de façon irréversible – quand la capacité de reproduction du stock s’effondre. Chez les thons, une telle surexploitation du recrutement* n’a été observée que pour le thon rouge du Sud.
25Pour les mêmes raisons, les perspectives d’accroître les prises de germon étaient tout aussi médiocres. La baisse des rendements avait été très rapide et la PME du stock était alors estimée à moins de 20 000 tonnes. La base de ce diagnostic reposait sur l’idée que, comme pour l’albacore, rien ne servirait d’accroître les flottilles, puisque cela ne ferait que précipiter encore plus la chute des rendements sans augmentation des prises. En revanche, les estimations du potentiel durable de prises du patudo étaient sensiblement plus optimistes en 1976, quand on en pêchait moins de 35 000 tonnes. À cette époque, les experts pensaient – à juste titre d’ailleurs – qu’il serait possible d’accroître ces prises de façon substantielle en augmentant l’effort de pêche des palangriers et en ciblant cette ressource, par exemple au moyen d’hameçons placés à de plus grandes profondeurs, puisqu’on savait déjà que cette espèce occupe un habitat plus profond que l’albacore. Malheureusement, ces perspectives relativement positives pour la palangre étaient en revanche de peu d’intérêt pour la senne, car le patudo est capturé de manière très secondaire par cet engin et, de plus, les individus sont de petite taille.
26Paradoxalement, les perspectives d’exploitation du listao étaient, à la même époque, sensiblement mieux cernées par les scientifiques. Le listao est un thon de petite taille (moins de 10 kg) qui vit essentiellement en surface dans les zones équatoriales. De ce fait, il n’est pêché que sporadiquement par les palangriers. On savait quand même depuis longtemps que cette espèce était abondante dans diverses régions de l’océan Indien : l’exemple de la pêche à la canne maldivienne, déjà cité, est éloquent à cet égard. Le listao était aussi activement pêché au Sri Lanka, aux îles du Lakshadweep (Inde) et en Indonésie. Les pêcheries à la canne développées dans le sud-ouest de l’océan Indien, à partir de Madagascar mais aussi dans la zone des Seychelles, par les pêcheurs japonais au début des années 1970 avaient également confirmé l’existence d’intéressantes ressources en listao. Il restait toutefois difficile d’en estimer les potentiels de prise en raison des faibles tonnages produits par les pêcheries de l’époque, de l’ordre de 70 000 tonnes (soit seulement 15 % des niveaux récents qui fluctuent entre 400 000 et 500 000 tonnes). Malgré ce contexte scientifique alors très incertain, des estimations avaient alors été réalisées par les chercheurs japonais (dont Kikawa dès 1969 ou Kawasaki en 1973, puis Matsumoto en 1974) et elles se sont finalement révélées plutôt pertinentes. Des estimations d’une PME de 200 000 à 300 000 tonnes furent ainsi obtenues par Kawasaki. Ces chiffres étaient alors basés non pas sur les prises ou les rendements de pêcheries existantes mais sur les contenus stomacaux des marlins pêchés par les palangriers japonais, où les listaos étaient très fréquents, ainsi que sur les occurrences relativement élevées de larves de listaos (par comparaison avec les autres espèces de thons) lors d’échantillonnages scientifiques. Les experts japonais reconnaissaient eux-mêmes que leurs estimations étaient très grossières, mais elles avaient le mérite d’exister et de montrer, finalement à juste titre, qu’il existait dans la région un fort potentiel en listao. À l’époque, ces estimations étaient jugées excessivement optimistes par beaucoup, pêcheurs et scientifiques ! Aujourd’hui, il apparaît au contraire que ces chiffres étaient sous-évalués, puisque les estimations actuelles de la CTOI laissent à penser que ce stock fournit annuellement plus de 400 000 tonnes de listaos, avec une production qui n’a peut-être pas encore atteint son niveau optimal.
Quelles perspectives pour les senneurs dans l’océan Indien ?
27Outre la lancinante question qui se posait alors sur l’importance des ressources thonières potentiellement disponibles dans la région, les scientifiques s’interrogeaient, à la fin des années 1970, sur les zones de pêche qui pourraient être les plus productives, à partir des connaissances disponibles sur les migrations des thons et les conditions océanographiques favorables à leur capture. L’environnement très particulier de la région (vents saisonnièrement forts et thermocline plus profonde que dans l’Atlantique) posait alors de sérieuses questions quant aux possibilités de pêcher de manière rentable avec un senneur. On a rapidement réalisé dès le début des années 1980, avec le succès croissant de la pêche des senneurs dans la région, que ces craintes n’étaient finalement pas fondées, mais il est intéressant a posteriori de les resituer dans le contexte de la fin des années 1970 et d’analyser ce que les Seychelles pouvaient alors, sur des bases scientifiques, espérer de cette pêche à la senne.
28La première analyse intégrée sur ces questions a été réalisée en 1979 par Gary Sharp, un chercheur américain qui travaillait alors à la FAO. Cette étude exploratoire, publiée par la FAO, s’est attachée à décrire les traits majeurs de la variabilité saisonnière des conditions d’environnement, en particulier la profondeur moyenne de la thermocline et les teneurs en oxygène dissous dans l’ensemble de l’océan Indien en fonction de la profondeur. Cette étude reposait sur l’ensemble des données océanographiques collectées dans la région depuis plus d’un siècle, données qui étaient habilement mises en relation avec des résultats obtenus dans d’autres océans, tels que les connaissances sur la physiologie des différentes espèces de thons et leur aptitude à fréquenter des eaux de profondeurs variées, en fonction de la température et de l’oxygène (deux paramètres qui sont physiologiquement les plus importants pour les thons). Il en déduisit une cartographie des zones potentielles de pêche aux thons par les engins de surface, selon les saisons. Ses conclusions paraissaient passablement douteuses, à une époque où les potentiels de pêche thonière à la senne dans l’océan Indien étaient jugés inexistants, tant pour la FAO que pour beaucoup d’experts thoniers. Quelques années après, force fut de constater que les prévisions de Sharp étaient globalement valables : ses cartes mensuelles des zones favorables à la pêche des senneurs ont de toute évidence été très utilisées par les experts de Cofrepêche dans le montage du projet thonier aux Seychelles. Ces informations ont sans aucun doute encouragé les senneurs à se lancer dans les premières campagnes exploratoires de l’océan Indien.
29Néanmoins, si l’on s’accorde sur un satisfecit global à l’égard de ce travail de pionnier, il y avait malgré tout dans les prévisions de Sharp un certain nombre de fausses pistes et d’erreurs : il n’était ainsi pas prévu que la mer d’Arabie dont les eaux sub-superficielles sont très pauvres en oxygène, se révèle finalement exceptionnellement riche en albacores, ces thons étant facilement exploitables à la palangre mouillée à faible profondeur et par des engins de surface (senne, ligne à main). L’étude de Sharp laissait aussi espérer de bons potentiels de prises à la senne dans des zones qui se sont finalement avérées pauvres en thons, par exemple au nord et nord-est de l’île Maurice. Bien entendu, l’auteur ne pouvait pas non plus prévoir, à la seule lumière des facteurs de l’environnement, l’énorme déploiement de la pêche sous objets flottants artificiels dérivants, un changement majeur qui a donné aux pêcheries à la senne de la région une configuration totalement imprévisible à la date de son étude. Enfin, Gary Sharp se concentrait sur les zones et les saisons favorables à la pêche des senneurs, et n’avait pas tenté d’estimer quantitativement quelles pourraient être les prises potentielles d’une flottille de senneurs qui se déploierait dans l’ouest de l’océan Indien. Cette question restait donc entière pour les scientifiques, pour les pêcheurs et pour les responsables de la planification des pêches thonières aux Seychelles.
30En complément du travail de Sharp, une étude réalisée par Jacques Marcille pour le bureau d’étude français Cofrepêche apporta d’utiles compléments d’informations météorologiques qui permettaient de bien identifier les zones et les saisons de pêche dans lesquelles il serait difficile ou même dangereux (cyclones) de pêcher avec des senneurs. Il apparaissait ainsi clairement que les conditions de pêche dans l’océan Indien étaient sensiblement plus rudes que celles des deux grandes zones de pêche classiques, les parties orientales de l’Atlantique et du Pacifique, en raison des moussons. Le rapport de Marcille discutait aussi de la grande question qui était alors dans tous les esprits, des chercheurs comme des pêcheurs : même en présence de ressources thonières significatives dans la région, allait-on pouvoir les capturer avec les senneurs de l’époque ? Si certains pensaient que la cause était perdue d’avance, par exemple à cause de vents trop forts ou d’une thermocline profonde, d’autres comme Marcille avaient déjà globalement bien analysé les problèmes technologiques potentiels : sa principale conclusion était en particulier que les sennes alors employées dans le Pacifique et dans l’Atlantique devraient être modifiées pour être véritablement efficaces dans l’océan Indien. Les changements recommandés visaient à mieux adapter les bateaux aux conditions de mer plus rudes qui allaient être rencontrées dans cette région, et surtout les équiper de sennes se fermant plus rapidement et à une plus grande profondeur en raison des thermoclines jugées relativement plus profondes et (à tort) plus diffuses que dans les autres océans. En effet, il était déjà bien connu des scientifiques que cette thermocline constitue, avant la fermeture complète de la senne7, un frein à l’échappement des thons (les eaux froides situées sous la thermocline n’étant pas l’habitat préférentiel des thons tropicaux). Ainsi les sennes qui étaient employées dans les années 1970 dans le Pacifique Est et l’Atlantique se fermaient vers 60 à 100 mètres de profondeur, en dessous de la thermocline moyenne de ces deux régions. Dans l’ouest de l’océan Indien, beaucoup pensaient que les thons pourraient facilement s’échapper avant la fermeture des sennes. Ces craintes ont été partiellement confirmées, mais on verra que des transformations ont rapidement été réalisées par les professionnels durant la première décennie de l’exploitation ainsi que de multiples améliorations techniques (cf. chap. 8) qui ont permis d’utiliser la senne avec grande efficacité.
Conclusion
31À l’indépendance des Seychelles, en 1976, les bases d’informations scientifiques alors disponibles ne permettaient pas d’entrevoir le développement actuel des pêches thonières dans la région. Au début des années 1980, il est certes apparu que des senneurs pourraient pêcher des thons dans la zone, suivant en cela les pronostics de Gary Sharp, confirmés par les premiers essais encourageants de pêche à la senne en 1981, mais le potentiel de prises de ces éventuelles pêcheries restait très incertain et semblait encore modeste sur un plan quantitatif. S’il y avait quelques raisons d’espérer un développement mesuré de la pêche thonière dans la région – par des senneurs en particulier –, rien dans les connaissances disponibles à l’époque ne pouvait permettre d’imaginer ni les records mondiaux de prises de thons observés dans la région au milieu des années 2000, ni le rôle majeur tenu par les Seychelles dans cette exploitation. Du début à la fin des années 1980, une cascade d’événements se produiront au sein des pêcheries de la région, aux Seychelles en particulier, amenant rapidement les pêcheries thonières de l’ouest de l’océan Indien au niveau que nous connaissons actuellement, situation que nul ne pouvait alors prévoir.
Notes de bas de page
1 Commission inter-américaine du thon tropical (en anglais IATTC : Inter-American tropical Tuna Commission).
2 Commission internationale pour la conservation des thons Atlantique (en anglais ICCAT : International Commission for the Conservation of the Atlantic Tunas).
3 Indo-Pacific Tuna Project, placé sous la tutelle de la FAO.
4 Commission des thons de l’océan Indien (en anglais IOTC : Indian Ocean Tuna Commission).
5 Tout en gardant à l’esprit que, de fait, ces données étaient alors très peu disponibles aux Seychelles : les zones économiques exclusives n’étaient pas encore opérationnelles et ces bateaux débarquaient leurs prises dans leur pays d’origine.
6 Zone des Seychelles : on verra que cette zone est, pour beaucoup de thons, très favorable à la reproduction, et aussi riche en nourriture. Cette richesse en nourriture explique bien pourquoi la chasse aux baleines a été longtemps pratiquée autour des Seychelles avec succès durant une partie du XIXe siècle.
7 Il faut attendre plusieurs dizaines de minutes avant que le bas de la senne soit complètement clos, interdisant alors toute fuite des thons.
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