Préface
p. 7-8
Texte intégral
1L’océan Indien est l’océan de l’Orient, celui de Simbad le marin, de la route des Indes, des colonisations et des épices. C’est un océan chargé d’histoire ; dès l’Antiquité, ses eaux septentrionales ont été parcourues par des navigateurs égyptiens, phéniciens et romains, puis indiens, chinois, malais et, au Moyen Âge, par les felouques arabes. De tout temps, les eaux allant de la corne d’Afrique au sous-continent indien, et même au-delà, ont été un important foyer de commerce et d’échange de cultures et de connaissances. Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que les premiers explorateurs européens osent s’aventurer dans les immensités océaniques, ouvrant progressivement de nouvelles voies de commerce maritime jusqu’à l’Extrême-Orient. Les produits les plus recherchés par les négociants occidentaux étaient les épices, les aromates et la soie. Les autres richesses, celles venues de la mer, n’étaient encore utilisées que par les populations locales. Les communautés insulaires et côtières assuraient leur sécurité alimentaire en puisant dans l’immense vivier qui les entourait et les thons figuraient en bonne place dans les prises des pêcheurs. Aux Maldives par exemple, la pêche des thons avec des appâts vivants capturés aux abords des atolls était courante et cela au moins depuis le xive siècle, selon les récits de l’explorateur arabe Ibn Battuta. Cette technique de pêche a traversé les siècles et est toujours très active dans ce pays. Une multitude d’autres engins, filets maillants, lignes à main et de traîne, ont aussi été utilisés des siècles durant, le long des rivages de l’océan Indien.
2C’est après la Seconde Guerre mondiale qu’a débuté l’ère de la pêche industrielle des thons. S’ouvrait ainsi une tout autre dimension car les pêcheries allaient désormais s’étendre vers les zones inconnues de la haute mer. Ce faisant, une autre forme d’exploration débutait dans l’océan Indien. Les Japonais acquirent rapidement des connaissances utiles pour exploiter efficacement les stocks de thons à l’aide de leurs palangriers. Au début des années 1980, vingt-cinq ans après les palangriers, des senneurs venus de l’Atlantique conduisirent des prospections pour tester la faisabilité d’une pêcherie de surface et compléter le panorama des connaissances acquises sur les thons et leur environnement. Le développement qui s’en est suivi, tout particulièrement dans l’océan Indien occidental, a joué un rôle déterminant sur les économies des pays riverains. Les Seychelles ont figuré au tout premier rang des pays bénéficiaires, compte tenu de leur positionnement géographique idéal et grâce à l’engagement de quelques-uns qui ont lancé les jalons de cette nouvelle activité dans le sillage immédiat de l’indépendance. La pêche thonière est ainsi devenue, en l’espace de quelques années, l’un des deux piliers économiques de ce petit État insulaire. Pour autant, rien n’était gagné d’avance car on n’imaginait pas un instant, à la fin des années 1970, que les senneurs allaient rencontrer un tel succès dans cette partie de l’océan Indien.
3Les auteurs de cet ouvrage connaissent bien les Seychelles. Francis Marsac et Alain Fonteneau y ont travaillé plusieurs années durant, au sein de la Seychelles Fishing Authority, que Philippe Michaud, économiste seychellois, a dirigée pendant plus de quinze ans. Chacun à leur manière, ils ont été des acteurs de cette épopée thonière qui a largement contribué au développement socio-économique de la région occidentale de l’océan Indien.
4En dépit des succès enregistrés, les pêcheries thonières sont confrontées à de nombreux défis. Les stocks resteront-ils à un niveau d’abondance permettant une exploitation durable, les pays côtiers en développement pourront-ils tirer parti de la rente thonière en promouvant le bien-être de leurs populations ? À cela s’ajoute le défi écologique, pour faire en sorte que les impacts de la pêche sur les écosystèmes marins soient atténués au maximum. Enfin, la compétitivité des bases thonières et des flottilles reste un enjeu permanent, car le marché du thon est mondial, fluctuant et soumis à la compétition avec d’autres produits agro-alimentaires.
5L’Or bleu des Seychelles décrit une tranche d’histoire contemporaine sur l’un des secteurs clés du développement des pays riverains de l’océan Indien occidental, et tout spécialement aux Seychelles. Fruit d’expériences personnelles, de rencontres et d’abondantes recherches documentaires de toutes sortes, ce livre est un témoignage d’engagement et de persévérance des différents acteurs de ce développement.
Auteur
Président de la République des Seychelles
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