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Les ressources minérales profondes en Polynésie française / Deep-sea mineral resources in French Polynesia

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Pierre-Yves Le Meur
, 
Pierre Cochonat
, 
Carine David
, 
et al.

Axe III. Enjeux technologiques de l’exploration et de l’exploitation

III-2. Quels sont les acteurs, leurs rôles respectifs et les moyens disponibles pour l’exploration des ressources minières sous-marines ?

Pierre Cochonat, Patrice Christmann et Sarah Samadi

Texte intégral

1. Introduction

1Le domaine concerné par les ressources minérales sous-marines est celui des grands fonds, hors granulats, phosphates et placers (notamment pour les diamants) que l’on trouve sur le plateau continental (<200 m profondeur d’eau). Les techniques d’investigation de ces deux domaines sont souvent communes dans leur principe (fondée sur l’approche géophysique …) mais bien différentes par leur ampleur (fréquence acoustique, puissance, pénétration) et nécessite des moyens lourds à capacité d’intervention sous-marine profonde (jusqu’à 6000 m) comme on l’a vu dans le chapitre précédent. Les acteurs de l’exploration sous-marine profonde s’intéressent à l’étude de contextes spécifiques : tant d’un point de vue géologique (pentes, bassins profonds, plaines abyssales et croûtes océaniques) que biologique (faune benthique) qui caractérisent les grands fonds.

2Les divers acteurs impliqués dans l'exploration des ressources minérales profondes sont donc ceux de la connaissance et de l’intervention sous-marine par grands fonds, océanographes géologues et biologistes, développeurs de technologie, opérateurs miniers, consortium divers... Ils appartiennent au domaine public ou étatique (organisme de recherche) et à des entreprises privées. Ils devront vérifier si les indices de minéralisation découverts par l’exploration géologique peuvent permettre d’identifier des gisements à potentiel économique avéré. Leurs activités se déroulent essentiellement dans le cadre de permis d’exploration et de recherche délivrés par l’International Seabed Authority (ISA) pour les eaux internationales et par les Etats souverains dans leur ZEE.

3Au niveau national, les acteurs du monde minier se sont peu intéressés au milieu marin jusqu’alors et en connaissent mal les spécificités. D’autre part, il n’y a plus de réelle vision stratégique de l’exploitation des ressources marines de la part des pouvoirs publics français par rapport à celle de certains pays (Chine, Japon, Inde, Corée, Allemagne, …) Malgré les recommandations du Grenelle de la mer (2009) suivi du lancement du début du projet Wallis et Futuna, le comité interministériel de la mer de 2011 qui décidait de lancer une stratégie nationale sur les ressources minérales profonde et tous les efforts du Cluster Maritime soutenu par plusieurs industriels dont notamment ERAMET et TECHNIP, les activités qui relèvent essentiellement de la politique publique, restent en stand by.

4Pour ce qui concerne l’international, l’exploration des ressources minérales marines profondes dans la « Zone » internationale, l’Autorité internationale des fonds marins AIFM (ISA -International Seabed Authority) a approuvé 26 contrats d’exploration. D’autres demandes sont attendues notamment suite à deux négociations en cours pour nouvelles règles pour l’exploitation des ressources qui aboutiront en 2016. (https://www.isa.org.jm/). On peut remarquer que parmi ces 26 contrats, 14 sont passés avec des Etats du Pacifique asiatique, sept avec des Etats de l’Europe occidentale, quatre avec des Etats d’Europe orientale et un avec un groupe latino-américain et caraïbe. Aucun état africain n’est impliqué (voir http://www.miningweekly.com/​article/​african-states-urged-to-be-moreinvolved-as-seabed-mining-regulations-are-drawn-up-2015-08-07-1).

2. Les acteurs impliqués dans l’exploration de permis miniers marins

1.1. Acteurs dans les eaux internationales

5Pour les nodules polymétalliques les acteurs « pionniers », dont la France, sont les contractants historiques (depuis une quinzaine d’années) avec l'ISA. Après une première phase de 15 ans d’entretien du permis, ces pionniers vont se trouver très prochainement devant la nécessité de redéposer une demande de permis qui devra démontrer une réelle capacité à exploiter la ressource et la validité du modèle économique.

6Plus récemment de nouveaux contractants avec l’ISA se sont manifestés, soulignant ainsi un regain d’intérêt pour les nodules (depuis 2010). A l’exception du seul permis indien qui se situe dans l’Océan Indien, tous les permis sont localisés dans la zone de fracture de Clarion-Clipperton dans le Pacifique nord-est central.

7Quatorze permis (dont quatre signés les deux dernières années) et un en cours (Iles Cook), tous dans la zone Clarion-Clipperton sauf un dans l’Océan Indien. Voir ci-dessous la liste établie à partir des données de l’ISA.

Tableau 1 – Permis d'exploration accordés pour les nodules polymétalliques (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)

Tableau 1 – Permis d'exploration accordés pour les nodules polymétalliques (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)

8Les Iles Cook (Cook Islands Investment Corporation (CIIC)) ont déposé une demande dans la zone de Clarion-Clipperton ; elle est en cours d’instruction depuis son examen le 3 février 2014.

9Pour les encroûtements, trois permis ont été récemment attribués par l’ISA dans l'océan Pacifique (signés depuis un an) et un en cours de négociation (Brésil) :

10- Océan Pacifique : Magellan Mountains et Ouest Pacifique et Atlantique sud en cours ;

Tableau 2 – Permis d'exploration accordés pour les encroûtements (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)

Tableau 2 – Permis d'exploration accordés pour les encroûtements (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)

11Une demande du Brésil sur la ride du Rio Grande, dans l'Atlantique, est en cours d'évaluation.

12Pour les amas sulfurés quatre permis ont été distribués par l’ISA (les quatre dernières années) + deux sont en cours (Brésil et Allemagne)

Tableau 3 – Permis d'exploration accordés pour les amas sulfurés (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)

Tableau 3 – Permis d'exploration accordés pour les amas sulfurés (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)

13Des demandes de permis du Bundesanstalt für Geowissenschaften und Rohstoffe (BGR) allemand et le Geological Survey of Brazil (CPRM) brésilien, le premier sur la partie la plus méridionale de la dorsale centraleindienne, le second sur la dorsale médio-atlantique Sud, sont à différents stades de préparation et d'évaluation.

1.2. Acteurs dans les zones économiques exclusives des États

14Des permis d'exploration, voire d'exploitation, ont été délivrés à plusieurs entreprises ou consortiums par les autorités compétentes des Etats riverains.

15Le cas le plus connu et le plus avancé (première exploitation d’un amas sulfuré sous-marin annoncée pour 2018) et celui de la société canadienne Nautilus Minerals Inc. dont le capital est aussi contrôlé, en 2012, par Gazmetall Holdings, Anglo American et Teck Resources. Titulaire de nombreux permis dans les états insulaires du Pacifique Ouest, Le projet phare de Nautilus Minerals est le projet Solwara 1, en mer de Bismarck, dans la ZEE de Papouasie-Nouvelle Guinée. Ce projet, qui semblait près d'aboutir à une première exploitation en 2011, a longtemps été bloqué par des difficultés juridiques opposant Nautilus Minerals et le Gouvernement de Papouasie-Nouvelle Guinée. Il semble avoir été relancé par de nombreuses annonces dans la presse ces derniers mois. L’exemple de Solwara est suivi de près par le monde minier sous-marin, car cela sera le premier d’exploitation grandeur nature.

16Nautilus a aussi signé un contrat avec Gardline CGG pour entreprendre un programme avec le navire MV Duke (Gardline) pour l’exploration des amas sulfurés de la ZEE des Iles Salomon.

17Nautilus a soumis au secrétariat de l’ISA une proposition pour entrer en négociation afin de mettre en place une « joint venture » avec l’Entreprise dans le but de développer l’activité minière dans huit des zones réservées de la Zone Clarion Clipperton. L’entreprise est le bras armé commercial de l’ISA qui aurait ainsi le pouvoir de développer ses propres activités minières jusqu’à ce que l’exploitation devienne une réalité commerciale. (En effet, le régime de la Zone établi par la partie XI de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer repose sur le système dit parallèle, mis en place à l’article 153 de la Convention. Le système parallèle comporte un élément essentiel, qui est la réservation de secteurs, en vertu duquel, dans le cas des nodules polymétalliques, des sites sont réservés pour permettre à l’autorité de mener des activités par l’intermédiaire de l’entreprise soit elle-même, soit en association avec des États en développement. Voir https://www.isa.org.jm/​fr/​secteurs-Réservés)

18D’autres sociétés sont listées dans le rapport Les impacts environnementaux de l’exploitation des ressources minérales marines profondes. Expertise scientifique collective du CNRS – Ifremer (J. Dyment et al., 2014) :

  • Neptune Minerals Plc. (http://www.neptuneminerals.com/​; enregistrée dans le Nevada, aux Etats-Unis) compte, en 2012, Newmont dans son capital (5 %). Elle dispose de permis en Nouvelle Zélande, au Japon, et en Papouasie-Nouvelle Guinée. Son projet-phare est situé dans les îles Kermadec, au nord de la Nouvelle Zélande ;
  • Diamond Fields International (http://www.diamondfields.com/​s/​Home.asp; enregistrée à Vancouver, Canada), connue pour avoir exploité les diamants dans les sédiments au large de la Namibie, a récemment racheté les droits de Preussag AG sur le site de l'Atlantis II Deep, en mer Rouge, et envisage d'y exploiter les boues métallifères d'origine hydrothermale ;
  • Japan Oil, Gas and Metals National Corporation (JOGMEC, Japon ; https://www.jogmec.go.jp/​english/​) est une compagnie japonaise qui développe un important programme de recherches minérales dans les eaux japonaises, notamment dans les arcs et bassins d'arrière-arc Izu-Ogasawara et d'Okinawa ;
  • Enfin un consortium français (partenariat public-privé) constitué notamment d'Eramet (http://www.eramet.com/), de Technip (http://www.technip.com/fr) et d'Ifremer (http://wwz.ifremer.fr/​institut), travaille depuis 2010 sur les sulfures dans la ZEE française de Wallis et Futuna avec la collaboration scientifique de l’IPG Paris, UBO Brest, CNRS et CEA (Areva, BRGM et Agence des Aires Marines Protégées, présents au début du projet se sont retirés en 2012).

3. Vers une filière minière sous-marine en France ?

3.1. Les acteurs miniers français potentiels identifiés par le groupe Synergie Grand Fond du Cluster Maritime Français

19Membres fondateurs du projet Wallis et Futuna, Eramet, Technip et Ifremer avaient accepté de participer à la mise en place d’une filière en relation avec la composante en charge des Mines au Ministère de l’Environnement et au Ministère du Budget : Eramet en tant que métallurgiste, et exploitant minier ; Technip en tant que architecture d’ensemble/intégrateur et Ifremer en tant qu’expert pour l’exploration géologique et biologique. Ces derniers ont été rejoints dans le cadre du Cluster Maritime Français par d’autres entreprises telles que Fayat travaux sous-marins, DCNS, Louis Dreyfus Armateur, Créocéan.

20Eramet est un groupe minier et métallurgique français en forte croissance qui fonde l’exercice et le développement de ses activités sur un projet de croissance durable, rentable et harmonieuse. Le Groupe emploie environ 16 000 personnes dans plus de 20 pays sur les cinq continents et détient des positions mondiales de premier plan dans chacune de ses activités. Les trois branches du Groupe, Eramet Nickel, Eramet Manganèse et Eramet Alliages ont réalisé ensemble en 2008 un chiffre d’affaires de 4 346 M€. La R&D est au cœur du projet de croissance rentable, durable et harmonieuse d’Eramet. L’innovation dans les procédés de transformation des minerais et le développement de nouveaux produits constituent un facteur clé de différenciation et de compétitivité pour le groupe.

21Technip, est le leader européen de l’ingénierie, des technologies et de la réalisation de projets pour l’industrie du pétrole et du gaz ainsi que des Mines & Métaux fort d’une expérience de plus de 50 ans. Grâce a l’expertise et au savoir-faire de ses équipes, Technip apporte une contribution déterminante au développement de technologies et de solutions durables pour valoriser les ressources énergétiques mondiales. Le Groupe emploie environ 23 000 personnes sur les cinq continents, et détient des positions mondiales de premier plan dans chacune de ses activités. Les trois branches du Groupe, Onshore, Offshore, Subsea ont réalisé ensemble en 2007 un chiffre d’affaires de 7 500 M€. En outre, Technip offre une large gamme de produits et de technologies dans le domaine du subsea (conduites sous-marines, ombilicaux) et possède une flotte de 19 navires ainsi que de nombreuses usines de fabrication. Fort de cette combinaison unique des savoir-faire, Technip a remporté auprès de Nautilus Minerals un contrat de service pour le système de liaison fond-surface du projet minier sous-marin Solwara 1 au large de la Papouasie Nouvelle Guinée. Enfin, Technip s’est vu attribuer par Neptune Minerals un contrat d'avant-projet pour l’étude d’une unité pilote au large de la Nouvelle Zélande.

22L’Ifremer contribue, par ses travaux et expertises, à la connaissance des océans et de leurs ressources, à la surveillance du milieu marin et dulittoral et au développement durable des activités maritimes. À ces fins, il conçoit et met en œuvre des outils d'observation, d'expérimentation et de surveillance, et gère des bases de données océanographiques. Créé en 1984, l'Ifremer est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), placé sous la tutelle conjointe des ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et de l'Écologie, du Développement durable etde l'Énergie. Il opère une part très significative de la flotte océanographique, dont l’ensemble des systèmes sous-marins et équipements lourds mobiles (8 navires (dont 4 hauturiers), 1 submersible habité, 2 engins téléopérés dont un pour grande profondeur (-6 000 m) et 2 AUVs...). au sein de l’UMS Flotte en charge de la programmation et l’évolution de l’ensemble de la flotte océanographique française. L'Ifremer travaille en réseau avec la communauté scientifique française, mais aussi des organismes partenaires dans de nombreux pays. (Etats-Unis, Canada, Japon, Chine, Australie, Russie), et sur une politique méditerranéenne associant l'Europe à la rive Sud de la Méditerranée. L’Ifremer conduit une recherche finalisée afin de répondre aux questions sociétales actuelles (effets du changement climatique, biodiversité marine, prévention des pollutions, qualité des produits de la mer, ressources minérales et énergétiques…). Les résultats couvrent la connaissance scientifique, les innovations technologiques ou les systèmes d'observation et d'exploration de l'océan. Le partenariat est public, privé ou associe les deux. Ifremer travaille sur un nouvel AUV qui sera spécialisé dans la recherche des ressources minérales.

23L’intérêt des PMEs françaises pour les ressources minérales a été rappelé dans un récent article de l’Usine Nouvelle (Delamarche M., 2015). Quelques exemples sont repris ci-dessous :

  • la société Créocoéan, filiale rochelaise du groupe nantais Keran a mis au point, en collaboration avec l’Institut de physique du globe, une méthode d’exploration non invasive des planchers océaniques, utilisable en grande profondeur (3 000 mètres), à partir de mesures électromagnétiques. Sa technologie permet notamment de différencier les sites actifs d’amas sulfurés des sites inactifs (propices à l’exploitation), en mesurant leur niveau d’activité géothermique et biologique ;
  • la société ECA, fournisseur historique de la défense conçoit des robots sous-marins depuis plus de quarante ans, secondent aujourd’hui la recherche scientifique et l’industrie. Ils sont prêts à « construire un AUV autour d’un capteur adapté à la ressource. » ;
  • Ixblue spécialisées dans les systèmes de positionnement vient « de fournir à un institut indien un système pour la recherche de nodules polymétalliques à 6 000 mètres de fond.
  • Mappem Geophysics, au départ, start-up issue d’une business unit de l’université de Bretagne occidentale (UBO), devenue une SAS, immatriculée fin 2014. Pascal Tarits son conseiller scientifique (UBO), est associé à Créocéan pour concevoir un système autonome non câblé, combinant un AUV et un ROV, dans le cadre du Concours mondial de l’innovation.
  • Doremi, ce système géophysique s’appuie sur une nouvelle technique d’utilisation des champs électriques sous-marins pour rendre en trois dimensions le volume et les caractéristiques des ressources minérales. Projet lauréat du Concours mondial de l’innovation, il est, aussi porté par Pascal Tarits.

3.2. Le minier dans le milieu de la recherche scientifique en France

24Le programme d’exploration des zones à nodules polymétalliques a été en France le programme phare dans le domaine des ressources minérales, avec le consortium « Afernod » qui en confie la maîtrise d’œuvre au Cnexo, puis à l’Ifremer. A partir des années 1970 et jusqu’en 1988, 48 campagnes à la mer seront ainsi conduites dans le Pacifique, dont certaines ont aussi permis opportunément la découverte des encroûtements cobaltifères des Tuamotu (Bougault H. et Saget P., 2011). Un important programme de développement technologique a accompagné cette aventure avec la réalisation du submersible habité « le Nautile » et avec le développement d’un sonar grand fond le « SAR « (Système Acoustique Remorqué). Ce programme a conduit à l’attribution d’un premier permis minier en 1987 (signé en 2001), par l’Autorité Internationale des Fonds Marins, en anglais ISA International, Seabed Authority

25L’effort dédié en France à l’étude des encroûtements cobaltifères, qui a été beaucoup plus modeste, est bien résumé dans l’article de Bougault H. et Saget P. (2011), il avait démarré avec le programme nodules lors de la première campagne NIXO 01 en 1971.

26En 1974 une étape très importante dans la recherche et l’étude des grands fonds avait été franchie. Pour la première fois, deux pays, les Etats-Unis et la France, incontestables pionniers et leaders dans la recherche océanographique et la conquête des abysses, après avoir été un temps concurrents, décident de s’unir et mettent leurs ressources humaines et techniques en commun. C’est le projet Famous : French American Mid Ocean Undersea Survey monté dans le cadre de l’accord de coopération entre la NOAA américaine (National Oceanographic and Atmospheric Agency, la NASA de la mer) et le CNEXO français (Centre national pour l’exploitation des océans, devenu, en 1984, l’Ifremer) (http://wwz.ifremer.fr/​grands_fonds/​Les-enjeux/​Les-decouvertes/​Structuredes-fonds/​Les-dorsales/​Famous). Au plan scientifique, ce qui n’était encore qu’une théorie reposant sur des observations obtenues en aveugle depuis la surface et sur de nombreuses hypothèses, va être vérifiée par la vérité terrain (plongées en submersibles Cyana et Alvin). Famous a permis cette première observation directe validant toute une théorie. Famous a ouvert la voie à de nouveaux et nombreux programmes qui vont conduire géologues et géophysiciens sur de nombreuses dorsales dans divers océans, et conduira les biologistes aux découvertes extraordinaires qui ont accompagné l’étude des sources hydrothermales.

27Des programmes de recherche ont alors été mis en place sur la croûte océanique principalement l’hydrothermalisme, tant à l’Ifremer qu’au CNRS pour l’étude de la croûte océanique au niveau des dorsales médio-océaniques, le programme « Dorsales » piloté par le CNRS, composante du programme international « Interridge ».

28L’expertise scientifique ainsi développée a permis de monter le projet Wallis et Futuna en partenariat avec les industriels (voir ci-dessus et détail du projet dans la contribution III-3)

29L’expertise scientifique collective (« Esco ») « Impacts environnementaux de l’exploitation des ressources minérales marines profondes » (Dyment J. et al., 2014) liste les acteurs académiques, instituts de recherche impliqués dans l'exploration, la connaissance et le suivi des fonds océaniques, qui pourraient contribuer à l'exploration des ressources minérales : CNRS-INSU (Paris), CNRS-InEE (Paris), Ifremer (Brest), Institut de Physique du Globe de Paris, Géosciences marines (Paris), Université de Bretagne Occidentale, Institut Universitaire Européen de la Mer (Brest), BRGM (Orléans), Museum National d’Histoire Naturelle, IRD, Université Pierre et Marie Curie : équipe "adaptation aux milieux extrêmes" (Paris), Université Pierre et Marie Curie : station de Villefranche sur mer, station biologique de Roscoff (Roscoff), station biologique de Banyuls (Banyuls), Université Paul Sabatier, Laboratoire Géosciences et environnement de Toulouse.

4. Autres acteurs mondiaux

4.1. La recherche scientifique en Europe

30Comme en France de nombreuses équipes scientifiques étudient le milieu océanique profond et leur environnement géologique et biologique, notamment les dorsales, la croûte océanique, le volcanisme intraplaque ou les plaines abyssales dans le cadre de programmes de recherche qui ne sont pas particulièrement orientés vers les ressources minérales –loin s’en faut !mais qui apportent l’indispensable connaissance du milieu et des processus qui ont pu conduire à la mise en place des dépôts riches en minéralisations de différentes natures (Dyment J. et al., 2014). C’est aussi sur les données cartographiques ainsi acquises et les premiers indices découverts que les demandes de permis ont pu se faire dans différents pays (en Allemagne : BGR (Hannover), Geomar (Kiel), Marum (Bremen), en Belgique Université de Liège, en Norvège University of Bergen, au Portugal Université de Lisbonne, au Royaume Uni National Oceanographic Centre (Southampton), University of Cardiff, University of Durham.

4.2. Organisation institutionnelle des pays (hors Europe) pour l’exploration minière

31Des associations ou alliances se sont mis en place dans certains pays, comme la « Chinese Oceanography and Marine Research Association » (COMRA) en Chine qui a signé en 2014 avec l’ISA un accord pour un permis sur les encroûtements dans l’Ouest Pacifique. Autre exemple, les autorités allemandes ont soutenu l’initiative tirée par les industriels pour mettre en place la DSMA « Deep Sea Mining Alliance. » Les buts principaux de cette Alliance sont la préparation de projets commerciaux, technologiques, scientifiques et environnementaux dans le domaine du « deep sea mining », et une meilleure coordination des activités nationales et internationales. Elle comprend 25 membres principalement industriels.

32Comme en Europe beaucoup d’instituts et d’universités ont récemment développé des programmes de recherche sur les ressources minérales marines et le « deep sea mining » comme en Chine le First Institute of Oceanography (Qingdao) et le Second Institute of Oceanography (Hangzhou). Le pays s’est aussi récemment engagé très fortement sur la recherche et le développement pour l’exploration de l’océan profond. Un centre de recherche est en cours de construction à Qingdao (Province de Shandong), pour les systèmes sous-marins opérant à grande profondeur.

33Au Japon, le Japan Oil, Gas and Metals National Corporation (Jogmec) a été mandaté par l’Agence des Ressources Naturelles et de l’Energie pour développer la technologie robotique pour le « deep sea mining », alors que le Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology (Jamstec) vient de lancer un nouveau centre de recherche et de développement pour les ressources sous-marines (hydrothermalisme et encroûtements cobaltifères et son centre de technologie et ingénierie marine (Maritec) développe des nouveaux systèmes d’exploration des ressources sous-marines (AUV et ROV). Un accord a été signé avec l’Ifremer à ce sujet. Deux autres grandes institutions contribuent à ces travaux : Tokyo Institute of Technology (Tokyo) University of Tokyo (Tokyo).

34Le Korean Ocean Research and Development Institute (KORDI) qui a conduit des recherches marines pendant 40 ans est devenu le Korean Institute of Ocean Science and Technology (KIOST) en 2012 a supporté un fantastique développement des recherches océanographiques avec notamment la coordination des activités de recherche coréenne en faveur du développement des ressources marines et la protection de l'environnement marin avec d'autres organismes gouvernementaux, les universités et les industries privées.

35D’autres pays émergents, comme l’Inde, l’un des derniers pays arrivé dans le concert international avec le National Institute of Oceanography (Goa), ou la Russie un pionner dans le domaine de l’exploration océanique profonde avec l’Institut Vernadsky (Moscou) et VNIIOkeangeologia (Saint Petersbourg).

36D’autres institutions du monde académique international contribuent aux recherches océanographiques relatives aux ressources minerales profondes, notamment aux Etats-Unis : Lamont-Doherty Earth Observatory (Palisades), Scripps Institution of Oceanography (La Jolla), University of Washington (Seattle), Woods Hole Oceanographic Institution (Woods Hole), au Canada University of Victoria, en Australie University of Tasmania (Hobart), CSIRO Sydney, et en Nouvelle Zélande GNS Science National Institute of Water and Atmospheric Research.

4.3. Compagnies ou sociétés offshore pouvant offrir leurs services

37Divers compagnies ou sociétés offshore peuvent offrir leurs services et leurs outils pour l’exploration minière par grand fond (d’après Dyment J. et al., 2014)

  • des compagnies de service géophysique comme la compagnie Fugro (http://www.fugro.com/), la CGG (http://www.cgg.com/), Schlumberger (http://www.slb.com/), Halliburton (http://www.halliburton.com/​en-US/​default.page) Gardline et Créocéan) ;
  • les fournisseurs d'instruments dont les principaux fabricants majeurs d'équipements océanographiques (voir contribution III-1 technologies d’exploration) comme Kongsberg Maritime -Simrad (http://www.simrad.com/), Atlas Hydrographic (http://www.atlashydro.atlas-elektronik.com/companyinfo/),Teledyne Reson (http://www.teledyne-reson.com/), L3-ELAC Nautik -SeaBeam (http://www.elac-nautik.de/), Triton (http://www.tritonimaginginc.com/​site/​);
  • les fabricants d'AUV : Bluefin Robotics (http://www.bluefinrobotics.com/), International Submarine Engineering (ISE, modèle Explorer, Theseus) (http://www.ise.bc.ca/), Lockheed Martin (modèles Marlin) (http://www.lockheedmartin.com/), Marine Autonomous Systems Engineering (Semi-Autonomous Underwater Vehicle for Intervention Mission) (http://maseinc.com/​);
  • les fabricants de ROV, le site http://www.rov.org/industry_manufacturers_rovs.cfm fournit une liste de fabricants d'engins légers. La Comex (http://www.comex.fr/​) fournit des prestations en intervention sous-marine ;
  • les compagnies disposant d'instruments de forage de faible profondeur dans des roches consolidées (typiquement des sulfures) : Benthic (http://www.benthic.com/): Portable Remotely Operated Drill (PROD) : Gregg Marine (http://www.greggmarine.com/): Seafloor Drill, Seafloor Geoservices Inc, ROVDrill 3 -Williamson & Associates (http://www.wassoc.com/​ocean-engineering/​drills).

5. L’accès aux infrastructures et aux moyens à la mer pour l’exploration en France

38Un aspect important, sinon majeur, de l’exploration des ressources minérales marines concerne l’accès aux moyens à la mer.

5.1. En France : la Très grande infrastructure de recherche (TGIR) Flotte océanographique française

39Tiré de http://www.flotteoceanographique.fr/​

40La panoplie des navires hauturiers et engins sous-marins de la TGIR FOF « Flotte océanographique française » permet l'accès à tous les océans et mers du globe, hors zone polaire. Les navires côtiers et de station permettent d'assurer un continuum avec les zones côtières et littorales. La TGIR occupe une place de premier rang sur la scène internationale, de par la qualité des publications issues des campagnes océanographiques, le niveau de performance de ses moyens et l'avance significative dans certains segments innovants comme les systèmes sous-marins et le carottage sédimentaire profond.

41La Flotte océanographique française désigne l'ensemble des moyens navals français appartenant aux quatre organismes fondateurs. Elle se compose principalement des plates-formes hauturières, côtières et de station (de longueur supérieure à 10 m), des équipements lourds associés (Nautile, ROV Victor 6000,...), et les équipements communs mobiles (gliders, carottiers,...).

42En 2011, le CNRS/INSU, l'Ifremer, l'IPEV et l'IRD, ont signé sous l'égide du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le texte fondateur de l'UMS Flotte océanographique française.

43L'UMS Flotte océanographique française a été créée avec pour objectif une gestion coordonnée de la TGIR Flotte océanographique française, prioritairement au service de la communauté scientifique, dans le respect des spécificités de ses membres, autour de trois missions :

  • élaborer et mettre en œuvre la programmation intégrée des navires et des équipements lourds ouverts aux appels d'offres nationaux (hauturiers et côtiers) ;
  • assurer la prospective, la définition et la coordination du plan d'évolution de la flotte, en prenant en compte les besoins des opérateurs nationaux publics non membres de l'UMS (TAAF, Marine nationale) ;
  • coordonner les politiques d'investissement.

44Les différents domaines d’utilisation de la Flotte correspondent chacun à plusieurs objectifs majeurs :

45La flotte est utilisée prioritairement pour effectuer des recherches scientifiques et des observations dans tous les domaines de l'océanographie appartenant principalement aux sciences de l'univers et aux sciences de l'environnement : géosciences marines, océanographie physique et biologique, bio géochimie et chimie des océans, paléoclimatologie, biodiversité marine, etc.

46Répondant également à des besoins de surveillance, d'expertise ou de missions de service public pour le compte de l'Etat, elle permet d'aborder les thèmes de l'hydrographie, de l'environnement côtier, des ressources halieutiques, de la délimitation de la ZEE, ainsi que les aléas sismiques, volcaniques et gravitaires (tsunami).

47Afin de maintenir en conditions opérationnelles et de développer les nouveaux outils, une recherche technologique de haut niveau est développée, elle nécessite l’utilisation de la flotte pour conduire des campagnes spécifiques d’essais et de « recherche technologique ».

48Elle est également sollicitée dans le cadre d'affrètements, et de partenariats recherche-industrie avec le monde socio-économique, notamment dans le domaine des ressources minérales et énergétiques, par exemple les partenariats public/privé avec de grands groupes : Total, EXXON Mobil, Technip, Eramet... Elle participe enfin à la formation à la recherche en liaison avec les universités.

49La programmation des campagnes océanographiques découle d’un long processus rappelé dans le tableau suivant. Pour les campagnes de recherche scientifique, le processus prend généralement plusieurs années entre la réponse à l’appel d’offres des commissions d’évaluation (CNFH pour l’hauturier et CNFC pour le côtier) (http://www.flotteoceanographique.fr/​Campagnes-scientifiques/​Campagneshauturieres/​Appel-d-offres-hauturier-a-partir-de-2017). Il se poursuit par l’évaluation des dossiers par les mêmes commissions et leur programmation par les opérateurs de la flotte. La programmation peut éventuellement être exceptionnellement plus rapide, si la logistique le permet, pour d’autres types de campagnes co-financées comme les campagnes de service public, les partenariats public-privé – industrie) ou les affrètements.

Figure 1 – Processus suivi pour la réalisation d’une campagne océanographique hauturière (Source : http://www.flotteoceanographique.fr/​Campagnes-scientifiques/​Campagneshauturieres)

50Un récent rapport (avril 2015) du CGEDD (conseil général de l’environnement et du développement durable) du MEDDE propose une gestion de l’ensemble de la FOF par un service à comptabilité distincte qui pourrait être adossé à l’Ifremer.

5.2. Campagnes en partenariats institutionnels nationaux et européens

51La structure juridique de l'UMS Flotte océanographique française ne lui permet pas de passer des accords internationaux ou d'être l'interlocuteur privilégié de la Commission européenne. Les accords passés par ses membres (à ce stade l'Ifremer) en font cependant un acteur majeur de la coordination des flottes européennes :

  • des liens forts et anciens entre l'Ifremer, l'IEO (Espagne), l'Icram (Italie) pour la conception/utilisation de Thalassa et de L'Europe. ;
  • l'accord tripartite signé en 1996 entre l'Ifremer, le Nerc (Natural Environment Research Council) pour la Grande-Bretagne, le BMBF (Bundesministerium für Bildung und Forschung) pour l'Allemagne fédérale, afin de faciliter les échanges de grands équipements océanographiques (navires, Rovs, prêts de matériels…) en Europe (on parle d'échanges de temps-navire). Cet accord a été transformé depuis en OFEG (Ocean Facilities Exchange Group) avec l'adhésion des Pays-Bas, la Norvège et l'Espagne.
  • une nouvelle étape a été franchie pour une coordination des flottes de recherche européennes, avec le projet Eurofleets. Le projet, Eurofleets II, coordonné par l'Ifremer, bénéficie d'un important financement de la Commission européenne sur la période 2013 – 2016.
  • au niveau national, la flotte s'appuie sur des partenariats institutionnels forts avec en particulier les TAAF, la Marine nationale, et le SHOM.
  • Le Marion Dufresne est opéré conjointement par les TAAF et l'IPEV, permettant ainsi une utilisation coordonnée du navire tant dans le domaine de la logistique pour la desserte des îles australes (quatre rotations de 30 jours par an), que pour la réalisation de campagnes scientifiques sur toutes les mers du monde (217 jours maxi par an).
  • L'Ifremer a développé des relations originales et exemplaires avec la Marine nationale pour la construction et l'utilisation du Pourquoi pas ?. Le navire Thalassa a servi également de modèle à la construction du Beautemps-Beaupré (mise en service 2003, 80,65 mètres), navire hydrographique armé par la Marine nationale au profit du SHOM.

5.3. Campagnes avec des moyens privées ?

52Pour certains projets la possibilité d’utiliser des moyens à la mer du secteur privé est actuellement examinée. Ces projets ne sont pas suffisamment matures pour les citer ici. Mais des industriels sont prêts à proposer leur service. Il faut cependant que la campagne soit montée et réalisée par une équipe scientifique disposant de l’expertise nécessaire pour mener une campagne de type de recherche scientifique et pour traiter et interpréter les données.

6. Quel plan de campagnes pour l’exploration des ressources minérales marines profondes en Polynésie française ?

53Le programme Zepolyf avait permis la réalisation d'une synthèse bathymétrique complète à partir des données existantes rassemblées dans une grille au pas de 1x1° sur l'ensemble de la Polynésie française (Jordahl K. et al., 2004). Ce sont les données acquises par sondeur multifaisceaux lors de 65 expéditions menées entre 1980 et 2001 comprenant des campagnes océanographiques (comme par exemple, les campagnes Zepolyf, Nodco etc…) ou des transits passant par Tahiti. La figure ci-dessous montre la couverture bathymétrique par multifaisceaux existante. Les données bathymétriques récemment acquises lors des récentes campagnes Extraplac ne sont pas prises en compte ici, mais comme déjà signalé en I-4, le projet Extraplac n’a pas vocation à réaliser des reconnaissances complètes de la ZEE, les données sont acquises dans les zones d’extension possible du plateau continental à la périphérie de la ZEE.

Figure 2 – New depth compilation for French Polynesia. Gaps between soundings have been left blank (Source: Jordahl et al., 2004)

54Ces données ont permis de fournir une carte synthétique en y incluant d’autres données dont les données altimétriques entre autres. Cette carte finale résulte d’une interpolation pour sa grande partie. C’est donc un premier document qui a une valeur certaine à l’échelle de l’ensemble de la Polynésie, mais qui manque cruellement de résolution dans le détail. Un programme de cartographie bathymétrique régionale ciblée sur les zones d’intérêt potentiel pour les ressources minérales profondes est donc un préalable indispensable

6. 1. Objectifs des campagnes

6.1.1. Première campagne

  • validation des données existantes et confirmation de l’intérêt de certains secteurs, dont celui de Kaukura et de quelques secteurs favorables du point de vue morphologique pour la recherche de gisements d’encroûtements cobaltifères (campagne de validation préalable) ;
  • donner un « Go / no Go » de poursuite d’un projet d’exploration (qui pourrait justifier le dépôt d’un permis d’exploration ?).

6.1.2. Objectifs généraux de toutes les campagnes

  • disposer d’un fond bathymétrique régional (sur zones ciblées) réalisé à partir de données acquises avec des moyens modernes (résolution décamétrique) ;
  • définir le potentiel minier de la ZEE de Polynésie française en établissant un modèle géologique de formation des encroûtements cobaltifères fondé sur une bonne connaissance de la géologie régionale ;
  • structuration de la croûte océanique et du substrat carbonaté, interactions fond de mer / courants océaniques, rôle de la microbiologie ;
  • géomorphologie régionale, notamment pour identifier des secteurs continus de faible pente (notion de pente limite à définir), carte des pentes ;
  • à l’échelle des sites potentiels, microtopographie, variabilité de l’épaisseur et continuité des croûtes, variabilité de la teneur en métaux, nature du substrat etc… ;
  • identification de cibles privilégiées pour y conduire des études haute résolution ;
  • identifier des cibles de 100 km2 continus d’encroûtements exploitables (teneur en métaux, épaisseur de la croûte, morphologie peu chaotique et à faible pente, microtopographie)
  • environnements profonds : connaissance de la variabilité spatiale de la structure de la biodiversité et des interactions écologiques entre les écosystèmes à l’échelle de la Z.E.E et à l’échelle des sites (100 km2)
  • observation temporelle
  • reconnaissance d’autres zones de la ZEE que celles concernées par les encroûtements ?

6.2. Type de travaux

55Il s’agit de monter un programme pluriannuel et fortement pluridisciplinaires, pour une phase d’exploration complète (campagnes, traitements et analyses de données, étude économique et de faisabilité) par étapes successives. Sachant qu’une décision importante sera prise à l’issue de la première campagne de validation des données existantes et de confirmation du potentiel géologique. Cette première campagne permettra aussi de mieux évaluer les besoins pour poursuivre l’exploration par l’évaluation des ressources.

56Les moyens modernes peuvent permettre de réaliser de nombreuses opérations sur un navire de recherche océanographique (lors de plusieurs campagnes) :

  • géophysique de surface, bathymétrie et imagerie acoustique (résolution bathymétrique de l’ordre de 40 m par 1 000 m de fond, voire 12,5 m en mode haute densité la résolution est fonction de la profondeur) ;
  • géophysique fond de mer (bathymétrie et imagerie à résolution décimétrique, ROV (observation prélèvements, mesures in situ / spectromètre Raman ?) et AUV (cartographie et imagerie haute résolution près du fond) ;
  • prélèvements (dragues à roches, carottages gravitaires et miniforages carottés 50 cm) ;
  • prélèvements de faune benthique (possibles en association aux opérations de drague à roche) ;
  • mise en œuvre de châssis instrumenté pour autres mesures in situ ou prélèvements ;
  • dépose et récupération de mouillages pour instrumentation de sites (observation de l’évolution spatio-temporelle biologique, courants…) ;
  • traitement et analyse à bord : traitement des données de cartographie et d’imagerie et premières analyses chimiques et minéralogiques par fluorescence X et diffraction X.

57Les trois types d’approches : reconnaissance géophysique à large couverture, étude de site plus ciblée, et opérations en station peuvent être regroupées partiellement lors d’une même campagne permettant ainsi de couvrir plusieurs phases classiques d'un projet minier (voir I-0, introduction de ce rapport). L'expérience des campagnes Futuna a par exemple montré qu'avec des moyens modernes et une approche vraiment pluridisciplinaire, on peut aller assez vite pour l'exploration... si on s'en donne les moyens.

58A cela s’ajoute d’importants programmes d’interprétation des données cartographiques et géophysiques et des analyses post-campagne, (notamment géomorphologiques, métallogéniques, géotechniques et biologiques).

59Dans le cas de développement technologiques innovants, des campagnes d’essais technologiques sont aussi à prévoir (pas nécessairement en Polynésie).

6.3. Déroulement des opérations

6.3.1 Campagne de validation

6.3.1.1. CHOIX DES SITES D’ETUDES

60Dans l’historique des travaux d’exploration profonde en Polynésie Française, tout est parti de quelques données acquises lors des campagnes Zepolyf, Nodco et Polydrag, il y a une trentaine d’années dans les Tuamotu. L’urgence nous parait être de valider par une campagne préalable ces données pour ce qui concerne la réalité et l’étendue du potentiel géologique des encroûtements cobaltifères et d’avoir une meilleure connaissance morpho-bathymétrique de sites potentiellement intéressants (ex site de Kaukura ?).

61Les Tuamotu présentent l’avantage d'une zone morphologiquement adaptée à nos besoins avec une vaste zone entre 800 et 2500, comme le montre l’étendue du secteur inférieur à 2500 m de profondeur sur la carte bathymétrique (figure 3), notamment mais pas exclusivement dans sa partie sud-ouest (zone de Kaukura, figure 4). La carte des pentes de la zone de Kaukura (figure 5) confirme l’existence de grandes surfaces à pente faible (<10 %) dans la tranche inférieure à 2500 m de profondeur. De même une carte bathymétrique détaillée) reprise d’une publication des résultats des campagnes Nodco (Bougault et Saget, 2011) montre la présence d’encroutements attestée par des premiers prélèvements.

62Il conviendra aussi d’y vérifier l’épaisseur et l’extension latérale des encroûtements. L'analyse bibliographique a montré que cette zone peut avoir un âge bien plus ancien que celui de toutes les autres structures volcaniques de Polynésie française (rappelons que c’est l'âge du plancher océanique carbonaté ou non qui supporte les encroûtements qui nous intéresse, davantage que l'âge de l'activité volcanique qui peut être ponctuellement plus récente).

63Nous pouvons donc faire de la zone de Kaukura (hors secteurs à conflits d’usage potentiels) une cible privilégiée pour valider les données notamment en termes de volume de croûte (épaisseur et extension latérale) et surtout de teneur en métaux par de nouveaux prélèvements. Kaukura est située dans la partie plutôt nord-ouest qui présente les arguments d'un âge de croûte océanique plus ancien

Archipel des Tuamotu

Archipel des Tuamotu

Figure 3 – Bathymétrie de la région de l’archipel des Tuamotu, montrant la répartition des zones où la profondeur est inférieure à 2500 m (isobathe 2500 m en rouge)

Kaukura et Niau

Kaukura et Niau

Figure 4 – Bathymétrie de la région de Kaukura et Niau, dans l'archipel des Tuamotu, avec positionnement des prélèvements effectués, d’après Bougault et Saget, 2011

Kaukura et Niau

Kaukura et Niau

Figure 5 – Carte des pentes de la région de Kaukura et Niau, dans l'archipel des Tuamotu

64Par ailleurs, la zone des monts Tarava, au sud-ouest de l’Ile de Tahiti constitue une autre zone qu’il conviendrait d’explorer à terme (figures 6, 7, 8 et 9). La carte bathymétrique (figure 8) et la carte des pentes (figures 9) montrent bien de façon détaillée sur ce secteur, deux exemples de monts sous-marins présentant des plateformes sommitales à faible pente.

Monts sous-marins Tarava

Monts sous-marins Tarava

Figure 6 – Bathymétrie de la région des monts Tarava et îles de la Société

Monts sous-marins Tarava

Monts sous-marins Tarava

Figure 7 – Carte des pentes de la région des monts Tarava et îles de la Société

Monts Taravas

Monts Taravas

Figure 8 – Bathymétrie de deux monts sous-marins Tarava

Monts Taravas

Monts Taravas

Figure 9 – Carte des pentes de deux monts sous-marins Tarava

6.3.2. Pour une campagne préalable dite de validation sur les Tuamotu

65La cartographie bathymétrique (avec imagerie) régionale avec un Sondeur Multifaisceaux de coque (résolution de plusieurs dizaines de mètres par 1000 m à 2000 m de fond) sur des surfaces devraient permettent de couvrir une bonne partie de la Zone Kaukura d'un part et d’une autre zone nord-est entre 800-2500. En 20 jours cumulés, on peut couvrir plusieurs dizaines de milliers km2 (ce qui est significatif pour les deux zones). L'objectif est de disposer de premières cartes pour vérifier la morphologie, sélectionner des points de prélèvements, commencer à définir des cibles pour une reconnaissance ultérieure près du fond.

66Les prélèvements de croûte sur les deux zones pour datation, mesure de l'épaisseur, teneur en métaux, propriétés géotechniques. Cela nécessite la mise en œuvre de dragues à roche. En 10 jours (cumulés) de nombreux prélèvements pourront être réalisés, y compris de manière très optionnelle, quelques carottes sédimentaires dans les zones profondes (vers l'est) pour vérifier la teneur en terres rares en quelques points et dater la couverture sédimentaire...

6.3.3. Campagne d’exploration régionale d’autres secteurs de la Polynésie (complément nord-est Tuamotu, secteur Tarava, zones ouest nodules hors ZEE)

  • reconnaissance bathymétrique ;
  • drague à roches ;
  • même type de navire que précédemment ;
  • préleveur autonome et carottier boite (si objectif nodules) ;
  • carottier gravitaire (si objectif terres rares) ;

6.3.4. Campagnes d’étude de site et évaluation de la ressource

67Il est possible de passer directement et en priorité à cette campagne à l’issue de la campagne de validation, si suffisamment de cibles ont été identifiées dans le secteur des Tuamotu :

  • exploration géologique et biologique haute résolution des sites sélectionnés (AUV pour la cartographie THR et ROV pour vidéo, prélèvements et mesures in situ) ;
  • prélèvements (drague à roche, mais surtout : mini forage carottés) ;
  • navire de classe océanographique permettant de mettre en œuvre plusieurs outils et des analyses à bord sur échantillons ;

6.3.5. Campagnes d’observation

  • la première mise en place des instruments peut être jouxtée à une campagne d’exploration des sites, mais des retours sur sites pour récupération ultérieure des données et maintenance des instruments sont à prévoir (utilisation d’un navire d’opportunité possible) ;
  • instrumentation (observatoire fond de mer) et suivi de l’évolution spatio-temporelle des sites et de leur environnement.

6. 4. Moyens requis et type de montage

68Navire : voir l’UMS Flottes Océanographique Française (FOF) ou autres partenariats internationals (allemand – japonais ? ou navire privé). Besoin d’un navire océanographique hauturier équipé d’un SMF récent et d’un câble grand fond et portiques pour mise en œuvre des engins et récupération des prélèvements (dragues à roches), laboratoires embarqués

69Equipe-projet à constituer sur appel d’offres ? (pluri-organismes scientifiques, dont un maître d’œuvre),

70Financement : (type service public ou partenariat Pays / Etat, ou partenariat public-privé ?)

71Le coût prévisionnel (campagne d’1 mois) dépend fortement du type de campagnes et de navires, de leur disponibilité et des possibilités de programmation sur zone (donc du coût du transit), des outils mis en œuvre, du coût des prestations de l’équipe-projet, du développement voire de la location de matériel et du coût des travaux d’analyses et d’interprétation des données par les laboratoires et équipes scientifiques compétentes (qui peuvent être en partie sous-traités).

72Créocean rapporte : le coût estimé d’exploration (régionale) à 150 000 US$/jour et à 340 000 000 XPF pour l’étude d’une zone de 100 km² ( ?). Un récent rapport au Parlement Européen (Rademaekers K, et al., 2025) donne une estimation des coûts pratiqués :

Figure 10 – Estimation des coûts d'une campagne d'exploration (Source : Rademaekers K, et al., 2015 ; consultable en ligne : http://www.europarl.europa.eu/​thinktank/​fr/​document.html?reference=EPRS_STU(2015)54740 1)

73Les coûts commerciaux estimés ci-dessus sont cohérents avec ceux des campagnes à finalité industrielle de la FOF (contrat recherche-industrie). Le coût complet d’une campagne peut donc être estimé entre 4 et 7 M€ et de l’ordre de 4 à 5 M€ pour une campagne limitée à la reconnaissance bathymétrique régionale et des prélèvements par drague à roches.

6.5. Résumé pour les campagnes

74Le collège d’expert propose de procéder en deux étapes :

6.5.1. A court terme

75Une campagne ciblée de validation des données existantes sur les encroûtements du secteur des Tuamotu. L’urgence est de valider les anciennes données, notamment la teneur en métaux des encroûtements cobaltifères et d’avoir une meilleure connaissance morpho-bathymétrique de sites potentiellement intéressants. Il s’agit de réaliser, avec des moyens classiques (sondeur multifaisceaux de coque, dragues à roches) une reconnaissance bathymétrique, des prélèvements de croutes en grande quantité et des prélèvements de faune associés Avec un solide programme d’analyse des échantillons, elle permettra de vérifier, et si possible de confirmer, le potentiel géologique sur ce secteur. En outre l’existence et l’étendue de certaines cibles potentiellement intéressantes pourront être verifiées afin d’en poursuivre ultérieurement l’exploration avec des moyens plus spécifiquement adaptés à l’acquisition de données de haute résoluation sur le fond. L’étude de la répartition spatiale de la biodiversité sera ainsi également abordée par ces premiers prélèvements. Elle orientera très sensiblement la suite de l’exploration géologique et biologique et de l’évaluation des ressources. Les aspects environnementaux (impacts sur les écosystèmes, gestion des déchets) et sociétaux (acceptabilité sociale, usages concurrents) devront donc être partie intégrantes de ces recherches dès le départ. Cette campagne est la priorité.

6.5.2. A plus long terme

76Suivant les résulats de la précédente campagne l’étude des sites et l’évaluation des ressources pourraient être entreprises sur des cibles identifiées. D’autres campagnes de recherches pourraient également être conduites pour l’exploration géologique et biologique d’autres régions de la ZEE, améliorer les techniques d‘exploration, notamment par des microforages et des mesures in situ des épaisseurs et teneur en métaux et enfin, à plus long terme, mettre au point les systèmes de ramassage adaptés pour une opération de démonstration qui pourrait être pionnière pour l’exploitation des encroûtements sur le plan mondial. Celle-ci doit être conçue dans une logique d’extrapolation vers l’exploitation industrielle, ce qui implique des choix en matière de technologie industrielle, tant du point de vue de critères de fiabilité et d’efficacité que du point de vue des impacts sur l’environnement.

77Si un intérêt fort est manifesté (État, Pays, industriels ou partenaires régionaux), un programme pluri-annuel de campagnes d’exploration régionale sur l’ensemble de la ZEE de Polynésie française pourrait être lancé. L’ensemble constitue un vaste programme qui peut être monté dans un cadre européen ou dans la « stratégie nationale sur les ressources profondes en mer » en cours de préparation ou dans un cadre plus régional avec les autres Iles très dynamiques dans ce domaine, ou avec un partenaire comme le Japon qui paraît être intéressé par ce sujet.

7. Conclusions et recommandations

- les acteurs des ressources minérales marines sont essentiellement la communauté de la recherche scientifique et technologique, le monde institutionnel étatique et quelques industriels miniers ou compagnies parapétrolières qui font figure de pionniers ;
- les activités d’exploration se déroulent essentiellement dans le cadre de permis d’exploration et de recherche délivrés par l’International Seabed Authority (ISA) pour les eaux internationales et par les Etats souverains dans leur ZEE ;
- la FOF (Flotte Océanique Française) dispose de tous les moyens techniques et humains nécessaires pour l’exploration des grands fonds océaniques, mais nécessite des budgets spécifiques et supplémentaires pour la programmation de campagnes à finalité industrielle et de quelques développements technologiques innovants, notamment pour les encroûtements (voir contribution III-3) ;
- quelques industriels français, fortement investis dans l’offshore pétrolier et par conséquent intéressés par tout développement d’activité extractive future en mer et quelque PMEs tentées par l’aventure de l’exploration des grands fonds, ont commencé à investir dans la technologie nécessaire pour les ressources minérales marines (projet Wallis et Futuna, projet Solwara / Nautilus, développements technologiques pour l’exploration) ;
- il y a eu une vision stratégique de l’exploration et de l’exploitation des ressources marines profondes de la part des pouvoirs publics français en 2010 avec le Grenelle de la Mer et le Plan Métaux Stratégiques, puis l’ambition s’est délitée par rapport à celle de certains pays très dynamiques (Chine, Japon, Inde, Corée, Allemagne …) ;
- besoin de soutenir les mises en place (1) d’un programme national de recherche et d’accès aux ressources minérales marines profondes et (2) d’un programme de financement de la R&D à l’image du Concours Mondial d’Innovation ou Horizon 2020 en Europe ;
- le collège d’expert propose un plan de campagne adapté à l’exploration des encroûtements cobaltifères de Polynésie française, avec en priorité une première campagne essentiellement ciblée sur les encroûtements du secteur des Tuamotu.

Bibliographie

Bibliographie

Bellec P. (Cgedd), Bonaccorsi F., Girardey-Maillard M. et Imbert P. (Igaenr), 2015 – La flotte océanographique française. Rapport CGEDD n° 010133-01, IGAENR n° 2015-022. En ligne : http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/01013301_rapport_cle21f991.pdf.

Bougault H. et Saget P., 2011 – Les Encroûtements Cobaltifères de Polynésie Française. Mines et Carrières 6 Industrie Minérale – oct 2011n° 185 -Hors série p 70-85

Delamarche M., 2015 – Ces pme explorent les fonds. L’Usine Nouvelle n° 3433, publié le 27 août 2015

Dyment J., Lallier F., Le Bris N., Rouxel O., Sarradin P. M., Lamare S., Coumert C., Morineaux M., Tourolle J. (coord.), 2014 – Les impacts environnementaux de l’exploitation des ressources minérales marines profondes. Expertise scientifique collective, Rapport, CNRS – Ifremer, 930 p. environ.

The Deep Sea Minerals Project du Secrétariat général de la Communauté du Pacifique, 2015 – En ligne : http://gsd.spc.int/dsm/index.php/homepage, consulté le 13 juillet 2015.

Etude prospective globale des activités liées à l’exploration et l’exploitation des ressources minérales océaniques profondes en Polynésie Française, 2012 – Rapport CREOCEAN pour le Ministère de l’Environnement de l’Energie et des Mines. Service de l’Energie et des Mines. Polynésie Française

Jordahl K., Caress D., Mcnutt M., Bonneville A., 2004 – Sea-Floor Topography and Morphology of the Superswell Region In Oceanic Hotspots, -Springer

Permis d’exploration dans la Zone internationale 2015 – https://www.isa.org.jm/, consulté le 30 mai 2015.

Rademaekers K., et al., 2015 – Technology options for deep-seabed exploitation-Tackling economic, environmental and societal challenges – Report to the Science and Technology Options. Panel of the European Parliament. En ligne: http://www.europarl.europa.eu/thinktank/fr/document.html?reference=EPRS_STU(2015)547401

Sites web consultés :

http://wwz.ifremer.fr/grands_fonds/Les-enjeux/Les-decouvertes/Structuredes-fonds/Les-dorsales/Famous.

http://www.flotteoceanographique.fr/Campagnes-scientifiques/Campagneshauturieres/Appel-d-offres-hauturier-a-partir-de-2017

http://www.miningweekly.com/article/african-states-urged-to-be-moreinvolved-as-seabed-mining-regulations-are-drawn-up-2015-08-07-1.

https://www.isa.org.jm/

http://www.neptuneminerals.com

http://www.diamondfields.com/s/Home.asp

https://www.jogmec.go.jp/english/

http://www.eramet.com/

http://www.technip.com/fr

http://wwz.ifremer.fr/institut

+ autres sites d’industriels cités dans le texte.

Table des illustrations

Titre Tableau 1 – Permis d'exploration accordés pour les nodules polymétalliques (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 181k
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 374k
Titre Tableau 2 – Permis d'exploration accordés pour les encroûtements (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 164k
Titre Tableau 3 – Permis d'exploration accordés pour les amas sulfurés (Source : site le l’ISA https://www.isa.org.jm)
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 174k
Légende Figure 1 – Processus suivi pour la réalisation d’une campagne océanographique hauturière (Source : http://www.flotteoceanographique.fr/​Campagnes-scientifiques/​Campagneshauturieres)
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-5.jpg
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Légende Figure 2 – New depth compilation for French Polynesia. Gaps between soundings have been left blank (Source: Jordahl et al., 2004)
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-6.jpg
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Titre Archipel des Tuamotu
Légende Figure 3 – Bathymétrie de la région de l’archipel des Tuamotu, montrant la répartition des zones où la profondeur est inférieure à 2500 m (isobathe 2500 m en rouge)
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 443k
Titre Kaukura et Niau
Légende Figure 4 – Bathymétrie de la région de Kaukura et Niau, dans l'archipel des Tuamotu, avec positionnement des prélèvements effectués, d’après Bougault et Saget, 2011
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-8.jpg
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Titre Kaukura et Niau
Légende Figure 5 – Carte des pentes de la région de Kaukura et Niau, dans l'archipel des Tuamotu
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-9.jpg
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Titre Monts sous-marins Tarava
Légende Figure 6 – Bathymétrie de la région des monts Tarava et îles de la Société
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Titre Monts sous-marins Tarava
Légende Figure 7 – Carte des pentes de la région des monts Tarava et îles de la Société
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9617/img-11.jpg
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Titre Monts Taravas
Légende Figure 8 – Bathymétrie de deux monts sous-marins Tarava
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Titre Monts Taravas
Légende Figure 9 – Carte des pentes de deux monts sous-marins Tarava
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Légende Figure 10 – Estimation des coûts d'une campagne d'exploration (Source : Rademaekers K, et al., 2015 ; consultable en ligne : http://www.europarl.europa.eu/​thinktank/​fr/​document.html?reference=EPRS_STU(2015)54740 1)
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