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Les ressources minérales profondes en Polynésie française / Deep-sea mineral resources in French Polynesia

 | 
Pierre-Yves Le Meur
, 
Pierre Cochonat
, 
Carine David
, 
et al.

Contributions intégrales des experts

Glossaire. Le collège des experts

Texte intégral

1Note : l’équivalent anglais des termes expliqués dans ce glossaire est parfois indiqué, car la plupart des études et rapports techniques et économiques relatifs à l’industrie minière sont rédigés dans cette langue.

1. Acteur social

2La notion d’acteur social se base sur le postulat que les individus ont des capacités d’action, de réflexion, d’expérimentation, d’innovation, même dans des contextes très contraints socialement et économiquement, et inégaux en termes de relations de pouvoir.

3En même temps les stratégies et représentations des acteurs sociaux ne sortent pas de « nulle part », elles résultent à la fois des trajectoires, compétences et expériences individuelles et collectives et de « stocks » de discours, de normes, de savoirs et de représentations, pas nécessairement toujours complètement conscients, verbalisés ou systématiques, mais qui sont partagés par des groupes d’appartenance aux dimensions variables (constitués autour de liens de parenté, de résidence, de profession, de nationalité, etc.). C’est en ce sens que la notion d’acteur ne se réduit pas à la seule personne individuelle, mais constitue un construit social.

2. Coût en capital

4(« Capital expenditure » – CAPEX)

5Le coût en capital (investissement) du projet minier est nécessaire pour la mise en production du projet minier (capital initial) puis au financement d’investissements au cours de la vie de l’exploitation (investissements de maintien de la production).

6Le capital initial inclut l’ensemble des coûts antérieurs à la mise en production :

  • le coût de construction des infrastructures nécessaires à la mise en exploitation du gisement et, le cas échéant, à son traitement et à l’extraction du/des métal(aux) contenu(s) dans le minerai,

  • les coûts d’acquisition des équipements nécessaires à la mise en exploitation,

  • les coûts de recrutement et de formation des personnels (l’exploitation peut cependant être sous-traitée à une société spécialisée, les coûts d’exploitation étant alors inclus dans les coûts opératoires (« OPEX »),

  • les coûts de préparation à la mise en exploitation (par exemple : galeries d’accès, découverture de terrains stériles pour accéder au minerai),

7Il n’inclut pas les investissements antérieurs, dits coûts d’exploration, comprenant l’ensemble des dépenses réalisées pour la prospection, l’évaluation et les études techniques (par exemple : calcul des ressources et des réserves, étude conceptuelle, études spécifiques (caractérisation minérale, de traitement du minerai, de conception de l’exploitation, environnementales, sociales, de marché …), les études de préfaisabilité ou de faisabilité, réalisées antérieurement à la décision de mise en exploitation.

8Les investissements de maintien (capital de maintien) de la production incluent notamment :

  • l’acquisition d’équipements ou de pièces de remplacement,

  • les investissements pour l’extension d’installations (zones de stockage de déchets, renforcement de l’alimentation en eau et/ou en électricité),

  • les provisions pour la phase d’après-mine (par exemple pour le traitement des eaux d’exhaure minières)

3. Coût en numéraire

9(« Cash-cost »), Coûts totaux en numéraire (« Total Cash-cost »), Coûts totaux (« Total cost »), Coûts tout compris (« All-in cash cost »),

10En principe la différence entre le prix à un instant T d’un métal et le coût en numéraire de sa production représente l’excédent brut d’exploitation (EBE), une mesure avant paiement des intérêts, taxes impôts et déduction de la dotation aux amortissements, de la marge bénéficiaire brute de l’entreprise exploitante. Il s’agit par conséquent d’un indicateur très largement utilisé par les investisseurs pour apprécier la performance économique des nouveaux projets et des exploitations existantes. Malheureusement l’absence de réglementation internationale relative au rapportage comptable des entreprises minières permet les pratiques les plus diverses, rendant les données économiques (lorsqu’elles sont publiques) de différents projets ou exploitations actives difficiles à comparer.

11Une assez grande confusion règne dans l’emploi du terme de « cash-cost » par les compagnies minières, favorisant l’opacité de la réalité économique des projets et rendant difficile la comparaison entre eux (FULP, 2015).

12Ces pratiques, nuisant à l’attractivité de l’industrie minérale pour les investisseurs, ont suscité diverses publications commentant la situation actuelle et proposant des pistes de progrès (COOK, non daté ; PWC, 2014) et la publication, en 2013, par le Conseil Mondial de l’Or (« World Gold Council »), à l’initiative de quelques grands groupes minier actifs dans le domaine de l’or d’un standard de rapportage du « Coût complet de maintien » (All-in sustaining cost – Acronyme : AISC). L’utilisation de ce standard est parfaitement facultative.

13Le coût en numéraire (« Cash-cost ») comprend l’ensemble des coûts directs payés en numéraire par une exploitation, ou planifiés en tant que tels dans une étude économique préalable à la mise en exploitation.

14Il inclut tous les coûts directs de production tels que les salaires, les consommables (carburants, électricité, eau, explosifs, lubrifiants, réactifs, pneus…). Par contre, il n’inclut pas les coûts indirects : frais généraux (frais de siège, de communication, de commercialisation…), les intérêts des emprunts contractés, les coûts de développement de l’accès au gisement (découverture, galeries et puits d’accès…), les coûts survenant en-dehors du site d’exploitation (par exemple, le cas échéant, les charges pour séparation métallurgique et raffinage du/des métal(aux) produit(s). Il n’inclut pas non plus les droits de timbre, les taxes et impôts ni la dotation aux amortissements.

15Le coût total en numéraire  Total Cash-cost ») inclut tous les éléments du coût en numéraire plus les coûts externes au site d’exploitation, les frais généraux et, parfois, les intérêts des emprunts contractés.

16Le coût total (« Total cost ») comporte tous les éléments du coût total en numéraire plus la dotation aux amortissements, les intérêts, les taxes et impôts.

17Le coût tout compris (« All-in cash cost ») comporte les éléments du coût en numéraire auquel sont ajoutées les dépenses d’exploration (c’est-à-dire l’ensemble des dépenses réalisées avant la décision de mise en exploitation du gisement), les frais généraux, les intérêts et le capital de maintien de la production ainsi que les dépenses de réduction des impacts.

18Des bureaux d’études spécialisés tels que CRU, Wood Mackenzie, snl.com publient, sur abonnement, des courbes de coûts, projetant les coûts de production à la tonne de métal des projets et des exploitations publiant cette donnée. Il s’agit d’une information importante car elle permet d’identifier les projets ou les exploitations les plus compétitives et par conséquent les moins vulnérables à une éventuelle chute des cours de leur production. Elle permet d’identifier les projets/ exploitations dont les coûts de production sont proches, ou supérieurs, au prix de marché du métal contenu. Ils sont très exposés à la suspension de leurs activités.

19Certaines entreprises vont très loin dans la transparence des informations en publiant le détail de leurs coûts de production (Coût de la main d’œuvre, de l’énergie utilisée, de l’eau, des produits chimiques utilisés …). De telles pratiques devraient être systématiquement encouragées par les pouvoirs publics et les industriels de l’aval des filières de production industrielle.

4. Coût d’opération

20(« Operating expenditure », acronyme : OPEX)

21Il s’agit de l’ensemble des coûts directs liés à la production d’une unité de poids d’un produit. Les pratiques de rapportage de ce coût sont variables. Ils peuvent être rapportés à la tonne de minerai, de concentré ou de métal(aux) produits, ce qui complique les comparaisons entre projets et nécessite de vérifier soigneusement que la comparaison se fasse bien sur des bases identiques. La bonne pratique est de faire référence au coût de production à la tonne de métal (de cuivre, d’or, de manganèse etc.), ce qui facilite la comparaison des projets entre eux. La comparaison des coûts de production nécessite aussi de vérifier ce que représentent les chiffres publiés pour un projet ou une exploitation déterminés : ne comprend-t-il que l’exploitation du gisement ou bien inclut-il également le coût du traitement du minerai, lorsque la production d’un concentré est nécessaire ainsi que, le cas échéant, celui de la séparation métallurgique du/des métaux contenus voire celui du raffinage éventuellement nécessaire pour atteindre un degré de pureté spécifique ?

22Il est assez fréquent qu’un projet/ une exploitation produise plusieurs métaux. Il existe une pratique non normalisée (COOK, non daté) pour comptabiliser la contribution de chaque co-ou sous-produit à l’économie globale du projet ou de l’exploitation. Les sous-produits ne sont récupérés que parce que la production d’un métal principal, ou « porteur » rend l’exploitation économiquement viable. Une règle pourrait être que la production du métal porteur représente au moins 80 % des revenus de l’exploitation, le/les autres métaux ne représentant pas plus de 20 % des revenus générés. Si aucun métal n’atteint la barre de 80 % tous les métaux produits seront appelés co-produits.

23Les coûts de production spécifiques de ces co-produits ou sous-produits ne sont que rarement publiés. Seuls sont publiés les « crédits nets » qui sont le prix de vente de ces co-ou sous-produits diminué du coût de leur production.

5. Facteurs modificateurs

24(« Modifying factors »)

25Selon la définition de l’Institut Canadien des Mines, de la Métallurgie et du Pétrole (CIM, 2014) les facteurs modificateurs sont toutes les considérations utilisées pour convertir des ressources minérales en réserves minérales. Elles comprennent, mais ne sont pas limitées à ceux-ci, les facteurs suivants : la technique d’exploitation ; le traitement du minerai ; la métallurgie ; les infrastructures ; le contexte économique, juridique, environnemental et social et de gouvernance publique.

6. Flux de trésorerie

26(« Cash-flow »)

27Le flux de trésorerie est déterminé en calculant tous les revenus, résultant essentiellement de la vente des produits marchands : concentré(s) et/ou métal(aux) diminués de tous les coûts liés. Il est un élément essentiel des études technico-économiques préalables à la décision de mise en exploitation du projet minier (étude conceptuelle, étude préliminaire de faisabilité, étude de faisabilité). Dans ces études, il est déterminé de manière prévisionnelle, sur une base annuelle, pour toute la durée de vie, elle aussi prévisionnelle de l’exploitation, afin d’en déterminer la rentabilité.

7. Gouvernance

28Dans un sens descriptif, la gouvernance est la résultante – ordre sociopolitique, régulation – plus ou moins stabilisée ou négociable des interactions et des arrangements entre acteurs et institutions dans la gestion d’affaires publiques et la production de services collectifs. On peut appliquer le terme à un secteur particulier et ainsi parler de gouvernance minière ou foncière. L’intérêt de cette notion est qu’elle opère un décentrement par rapport à une perspective focalisée sur les administrations publiques et les instances de l’Etat et qu’elle permet de reconnaître l’importance des acteurs non étatiques (aux différents échelons, du local au global) dans la production des politiques publiques et des régulations.

29Le terme est également souvent utilisé dans un sens très normatif, correspondant alors à une série de techniques ou de recettes institutionnelles, incluant un meilleur fonctionnement de l’administration basé sur des principes de transparence et de responsabilité (accountability), la clarification du cadre légal, la mise en place de la décentralisation et un appui aux organisations de la société civile vues comme intrinsèquement porteuses de démocratie et de participation. On parle ainsi de « bonne gouvernance » ce qui renforce encore la dimension normative et prescriptive de cette notion.

8. Guyot

30Un guyot est un type de mont sous-marin.

31Un mont sous-marin (seamount en anglais) est une montagne sous-marine, de forme généralement conique. On considère généralement que ce sont des reliefs qui culminent à plus de 1000 m. au-dessus du fond et plus de 200 m. sous la surface de la mer.

32Un guyot (tablemount en anglais) est un mont sous-marin d'origine volcanique à sommet plat. On considère en général que les guyots sont d'anciens volcans qui ont eu une phase émergée. Le sommet plat s'explique alors par l'érosion et éventuellement la formation d'un récif corallien.

33Les guyots sont souvent organisés en chaîne, reflétant le trajet de la plaque tectonique à l’aplomb du point chaud.

9. Métaux stratégiques/critiques

34Il n’existe aucune définition « normalisée » de ces termes. Ma définition est : « Une matière première minérale critique est une matière première minérale dont le prix, voire la disponibilité, sont affectés par un ou plusieurs aléas dont les origines peuvent être diverses (géopolitiques, réglementaires, sociétaux, technologiques …). Une matière première minérale stratégique désigne une matière première minérale dont la disponibilité à un niveau de prix / de quantité / de qualité est essentielle pour un processus productif.

10. Permis social d’exploitation

35(« Social license to operate »)

36Le permis social d’opérer n’est pas un permis formel, accordé par une autorité. Il est un consensus entre une société minière et les communautés concernées par un projet de cette société. Il est largement informel, c’est un lien de confiance fondé sur la confiance entre les parties prenantes concernées. Certains éléments peuvent cependant être formalisés tels que des contrats de services ou de réalisation de projets (construction d’infrastructures par ex.).

37Le développement de ce consensus, qui peut nécessiter de la part des sociétés minières la mobilisation de compétences anthropologiques, culturelles, éthiques, sociologiques, dès les phases initiales du projet, peut paraître fort éloigné des objectifs d’efficacité économique d’une entreprise minière. Il n’en est rien, car l’obtention du permis social d’exploiter est un facteur important de réduction des risques de conflits et de création de confiance ;

38Le permis social d’exploiter traduit la capacité d’une société minière à répondre aux attentes des communautés locales et de différents groupes, dont les ONG. Des concepts essentiels à son obtention, et à son maintien pendant la durée des activités, sont crédibilité, transparence, engagement.

11. Personne qualifiée

39(« Competent person »)

  • 1 Site Internet : www.crirsco.com

40Ce sont les personnes qualifiées pour rédiger les études minières selon l’un des codes de rapportage nationaux reconnus par le Committee for Mineral Reserves International Reporting Standards (CRISCO1). Elles doivent :

  • être certifiées en tant que « personnes qualifiées » par une organisation professionnelle disposant d’un code d’éthique, cette certification attestant notamment de la compétence pour conduire des études techniques et économiques relatives à des projets miniers,

  • disposer d’au moins cinq ans d’expérience pertinente par rapport au type de minéralisation et de gisement et aux activités concernés,

  • signer les rapports qu’elles produisent et assumer la responsabilité de leur contenu, éventuellement pour la seule partie dont elles ont eu la charge,

  • accepter de confronter ses pairs en démontrant sa compétence dans le domaine de la matière première minérale, du type de gisement et du contexte de l’étude.

41Seule une personne qualifiée est autorisée à prendre la décision de transformer des ressources indiquées et/ou mesurées en réserves probables et/ou mesurées (voir l’entrée ressources et réserves du glossaire).

12. Plateau continental juridique

42Du point de vue géomorphologique, le plateau continental est le prolongement du continent sous la surface de l'océan. Il correspond à la partie de la marge continentale comprise entre la côte et le sommet du talus continental situé à une profondeur moyenne de 120 à 200 m.

43Au sens juridique, le plateau continental désigne les fonds marins et leur sous-sol au-delà de la mer territoriale, sur toute l'étendue du prolongement naturel du territoire terrestre ou jusqu'à 200 milles marins sur lequel l’État côtier exerce des droits souverains pour l’exploitation des ressources. Sa limite peut coïncider avec celle de l'extension maximale de la zone économique exclusive (ZEE), zone dans laquelle l'État côtier dispose du droit d'exploiter toutes les ressources économiques, dans les eaux, sur les fonds et dans le sous-sol. Comme la ZEE, sa limite peut toutefois se situer à moins de 200 milles dans le cas où les côtes de deux États sont adjacentes ou se font face. Lorsque la marge continentale s'étend au-delà de 200 milles, les États peuvent prétendre exercer leur juridiction, soit jusqu'à 350 milles marins des lignes de base, soit jusqu'à 100 milles de l'isobathe 2500 mètres, en fonction de certains critères géologiques. Pour prétendre à cette extension, l'État côtier doit constituer un dossier technique et juridique qui doit être déposé devant la Commission des Limites du Plateau Continental.

13. Polluant / particule

44Substance dont la présence dans l’air et/ou l’eau et/ou les sols et/ou la biomasse peut porter atteinte à la santé humaine et/ou des écosystèmes, notamment lorsqu’elle dépasse le seuil fixé par des réglementations spécifiques. En l’absence de réglementation applicable à l’échelle nationale ou territoriale, il s’agit de toute substance identifiée par ailleurs comme étant à risques (par exemple dans le cadre de la Directive européenne REACH).

14. Réserve minérale

45(« Mineral reserve »)

46La définition du terme « réserve minérale » utilisée ici est la traduction en français de la dernière version du document de l’Institut Canadien des Mines, de la Métallurgie et du Pétrole (CIM, 2014). Les définitions de termes publiées par le CIM sont reprises dans le standard canadien de rapportage des réserves et ressources NI 43-101, auquel ce rapport fait référence.

  • 2 Ce sont les pertes de matière qui sont désignées ici : minerai non récupéré et pertes lors du procé (...)

47Les réserves minérales désignent la partie économiquement exploitable des ressources minérales mesurées ou indiquées. Elles comprennent les matériaux de dilution et des provisions pour pertes2 subies lors de l'exploitation. Les réserves sont définies par des études de préfaisabilité ou de faisabilité. Ces études doivent inclure le détail des facteurs modificatifs appliqués pour transformer les ressources indiquées ou mesurées en réserves probables ou mesurées. Cela nécessite la publication des données relatives à l'exploitation minière, au traitement du minerai, à la métallurgie des concentrés, aux aspects économiques et aux autres facteurs pertinents démontrant qu'il est possible, au moment de la rédaction du rapport, de justifier la rentabilité de l’exploitation.

48Le point de référence auquel les réserves minérales sont définies doit être indiqué. Il s’agit généralement du point où le minerai est livré à l’usine de traitement. Dans toutes les situations où le point de référence diffère, par exemple pour un concentré marchand, Il est important d’inclure une déclaration clarifiant le point de référence, afin de s’assurer que le lecteur sera pleinement informé sur le contenu du rapport.

49La publication d’une réserve minérale doit être démontrée par une étude de préfaisabilité ou de faisabilité.

15. Rente

50La rente économique désigne cette part de la valeur d’un produit qui dépasse ce qui a été nécessaire de dépenser pour assurer la production. Ainsi, la rente économique recouvre ce qui reste de la valeur de la production une fois rémunéré l’ensemble des facteurs de production (travail et capital, y compris un taux de profit « normal »). Assimilée à un surplus ou à un surprofit, la rente économique peut provenir de différentes sources.

51Pour l’exploitation d’une ressource non renouvelable la rente peut s’interpréter alternativement comme la valeur d’usage de la nature, ou l’expression d’un pouvoir de monopole et s’inscrire dans une stratégie de maximisation des revenus tirés de la mine sur l’horizon d’exploitation de celle-ci. On retrouve potentiellement ces différentes dimensions de la rente économique dans l’exploitation minière et dans les négociations qui président au partage des revenus miniers et à la définition des compensations.

52La rente économique est définie de façon opérationnelle comme la Valeur actualisée nette (VAN), hors impôts et taxes, selon la définition du FMI (FMI, 2012). Une telle définition à l’avantage d’être en lien direct avec les analyses de rentabilité des projets.

16. Résilience

53En écologie, la notion de résilience renvoie aux capacités d’un écosystème à résister aux perturbations mais aussi à ses capacités à retrouver, après une phase de perturbation, un équilibre fonctionnel. Cette notion vise donc à caractériser les propriétés dynamiques d’un écosystème en relation avec des perturbations. C’est une approche fonctionnelle de l’effet des changements environnementaux sur les écosystèmes. La notion de fonctionnement d’un écosystème renvoie principalement aux propriétés et processus qui déterminent les changements spatio-temporels des flux de matières et d’énergie issus de l’activité biologique. La notion de services écosystémiques renvoie aux bénéfices que les populations humaines peuvent retirer de ce fonctionnement. Les définitions récentes de la résilience intègrent deux aspects complémentaires du fonctionnement d’un écosystème soumis à perturbations : la résistance et le rétablissement. Ces deux aspects de la résilience doivent être évalués en lien avec des modes de perturbation et dans un cadre temporel défini.

17. Ressource minérale

54(« Mineral resource »)

55La définition du terme « ressource minérale » utilisée ici est la traduction en français de la dernière version du document de l’Institut Canadien des Mines, de la Métallurgie et du Pétrole (CIM, 2014). Les définitions de termes publiées par le CIM sont reprises dans le standard canadien de rapportage des réserves et ressources NI 43-101, auquel ce rapport fait référence.

56Une ressource minérale est une concentration ou une occurrence d'une substance solide d’intérêt économique sur, ou dans, l’écorce terrestre, dans une forme, teneur ou qualité telle qu'elle présente des perspectives raisonnables d'extraction économique.

57La localisation, la quantité, la teneur ou la qualité, la continuité et les autres caractéristiques géologiques d’une ressource minérale sont connues, estimées ou interprétées à partir d'évidences et de connaissances géologiques spécifiques, incluant l’échantillonnage.

58Les ressources minérales sont subdivisées en des ressources minérales présumées, indiquées et mesurées, suivant l'ordre croissant de confiance géologique. Une ressource minérale présumée comporte un degré de confiance inférieur à celui des ressources minérales indiquées. Une ressource minérale indiquée possède un degré de confiance supérieur à celui d'une ressource minérale inférée mais inférieur à celui d'une ressource minérale mesurée.

  • 3 Source : Institut Canadien des Mines, Normes de définitions de l'ICM, 22 nov. 2005 http://web.cim.o (...)

59Une « ressource minérale présumée » constitue la partie de la ressource minérale dont on peut estimer la quantité et la teneur ou qualité sur la base de preuves géologiques et d'un échantillonnage restreint et dont on peut raisonnablement présumer, sans toutefois la vérifier, de la continuité de la géologie et des teneurs. L'estimation est fondée sur des renseignements et un échantillonnage restreints, recueillis à l'aide de techniques appropriées à partir d'emplacements tels des affleurements, des tranchées, des puits, des chantiers et des sondages3.

60Une ressource minérale présumée a un degré de confiance plus faible que celui qui s’applique à une ressource minérale indiquée, et ne peut pas être convertie en réserves. On peut raisonnablement espérer qu’en cas de poursuite des travaux d’exploration la majorité de ces ressources pourra être convertie en ressources minérales indiquées.

61L'estimation de ces ressources est fondée sur des renseignements et un échantillonnage restreints, recueillis à l'aide de techniques appropriées à partir d'emplacements tels que des affleurements, des tranchées, des puits, des chantiers et des sondages.

62Les incertitudes liées à la notion de ressources supposées sont trop grandes pour pouvoir utiliser les tonnages, la teneur ou la distribution de ressources supposées pour un calcul économique.

63Une « ressource minérale indiquée » constitue la partie de la ressource minérale dont on peut estimer la quantité et la teneur ou qualité, la densité, la forme et les caractéristiques physiques avec un niveau de confiance suffisant pour rendre possible l’application de facteurs modificateurs (voir ce terme dans le glossaire) et permettre la planification minière et l'évaluation de la viabilité économique du gisement. L'évidence géologique est dérivée de données d’exploration, d’échantillonnage et d’essais de traitement du minerai suffisamment détaillés et fiables. Elle est suffisante pour présumer la continuité géologique, des teneurs et de la qualité entre les points d’observation.

64Une ressource minérale indiquée a un degré de confiance plus faible que celui qui s’applique à une ressource minérale mesurée, et ne peut être convertie qu’en réserves probables.

65Une « ressource minérale mesurée » constitue la partie de la ressource minérale dont on peut estimer la quantité, la teneur ou la qualité, la densité, la forme et les caractéristiques physiques avec un niveau de confiance suffisant pour rendre possible l’application de facteurs modificateurs (voir ce terme dans le glossaire) et permettre la planification minière détaillée et l'évaluation finale de la viabilité économique du gisement. L'évidence géologique est dérivée de données d’exploration, d’échantillonnage et d’essais de traitement du minerai détaillés et fiables. Elle est suffisante pour confirmer la continuité géologique, les teneurs et la qualité entre les points d’observation.

66Une ressource minérale mesurée a un degré de confiance plus élevé que celui qui s’applique à une ressource minérale indiquée ou supposée, et peut être convertie en réserves mesurées ou probables.

67La figure 1, copiée à partir de CIM (2005) représente les relations entre les différentes catégories de ressources et de réserves.

Figure 1 – Relations entre les ressources et les réserves minérales (source : CIM (2005)

18. Taux d’actualisation

68(« Discount rate »)

69Le taux d’actualisation est le taux CFT qu’il faudrait appliquer à un placement actuel pour qu’il vaille 1 € (ou, cas le plus fréquent dans l’industrie minérale, 1 $) à un horizon temporel T (exprimé en jours, mois, années…) déterminé. Ainsi pour obtenir 1 € dans dix ans avec un taux annuel de 5 % par an faudrait-il placer environ 0,64 € aujourd’hui (taux d’actualisation : 1,5513)

70Ainsi, on peut calculer la Valeur Actuelle Nette (VAN) d’un flux de trésorerie futur F, survenant à un horizon temporel T, en appliquant la formule :

71VAN(F,T) = F x CFT

72Pour un projet minier dont la production va souvent s’étendre sur 10, 20 ans et d’avantage, les flux de trésorerie futurs seront calculés pour chaque année de la durée de vie de l’exploitation établie par l’étude de faisabilité, chaque flux annuel de trésorerie (positif ou négatif) étant affecté du coefficient d’actualisation. Celui-ci est peut être considéré au taux de rendement r d’un placement qui résulterait de l’application de la formule :

73Le coefficient d’actualisation est un paramètre très important des études économiques de projets miniers. Il est très largement utilisé par les investisseurs, notamment dans le domaine minier car il permet de comparer les perspectives de rendement de différents placements. Si un rendement de 2 à 3 % peut paraître acceptable pour un placement estimé sans risques libellé en Euro ou en US$, ce n’est pas le cas des projets miniers, ou le taux de rendement le plus largement utilisé dans les études économiques est de 8 à 10 %, afin de tenir compte, en partie, des risques inhérents aux projets miniers.

  • 4 Lien vers l’article : http://www.minewiki.org/index.php/Discounted_Cash_Flow_Analysis_Methodology_a (...)

74Un article très détaillé sur le choix du taux d’actualisation et son lien avec les risques inhérents aux projets miniers est proposé par CEMI (2015)4.

19. Taux de rentabilité interne

75(« Internal Investment Rate »)

76Le taux de rentabilité interne (TRI) est un autre indicateur largement utilisé dans l’industrie minérale. Il convient assez bien pour les projets comportant une phase initiale d’investissement (flux d’investissement négatifs) suivie d’un ensemble de flux annuel positifs, correspondant à la phase d’exploitation.

77Le TRI est le taux qui annule une série de flux de trésorerie positive future.

78Sa formule de calcul est :

79avec :

  • FTp représentant le montant du pième flux de trésorerie,

  • p désigne le rang du flux de trésorerie FTp encaissé,

  • N le nombre de flux de trésorerie succédant à la phase d’investissement initial,

  • I le montant de l’investissement initial (à la date 0),

  • TRI est alors le taux de rentabilité de l’investissement initial.

80Un TRI de 20 à 30 % apparaît comme une sorte de minimum empirique en deçà duquel un projet minier a moins de chance de réunir les capitaux (CAPEX) nécessaire à sa mise en production.

81La figure 1 représente le TRI de 230 projets et exploitations minières du domaine des métaux ferreux et bob-ferreux, tel que compilé par la société snl.com, à partir des données publiées par les sociétés concernées.

Figure 2 – TRI de 230 projets et exploitations minières – Source des données : snl.com

82Il en ressort qu’environ 180 projets sur 230 ont un TRI inférieur à 40 %, soit 78 % des projets. Ce niveau de TRI représentant la rémunération du risque pris par les investisseurs. Il est à noter que le TRI n’est qu’un scénario, qui est très dépendant de divers facteurs, notamment de l’évolution des coûts de production et du prix des métaux.

20. Valeur actuelle nette

83(« Net Present Value »)

84La valeur actuelle nette (VAN, « Net Present Value », NPV, en anglais) est la somme des flux de trésorerie, actualisés à l’aide du coefficient d’actualisation CFT. générés par un projet ou par une exploitation.

85Sa formule de calcul est :

86avec :

  • CF, l’excédent brut de trésorerie corrigé de la variation du Besoin en Fonds de Roulement (BFR),

  • p désignant le rang de l’annuité,

  • t, le coefficient d'actualisation,

  • I, le montant de l’investissement initial

  • N, le nombre d’annuités prises en compte pour le calcul de la VAN

  • VR, la valeur résiduelle (celle-ci est un flux de trésorerie pouvant également être inclus dans la variable CF).

87La VAN est également un indicateur important pour l’évaluation des projets miniers et la comparaison entre projets. Cette comparaison doit alors se faire en calculant la VAN par unité de produit(s) marchand(s), par exemple par once d’or ou par tonne de manganèse. Cela suppose cependant que le coût en numéraire (voir ce terme dans le glossaire) des projets ait été calculé de façon comparable.

Notes

1 Site Internet : www.crirsco.com

2 Ce sont les pertes de matière qui sont désignées ici : minerai non récupéré et pertes lors du procédé de traitement du minerai et/ou de la métallurgie. Les taux de récupération d’une ressource ne sont jamais de 100 %.

3 Source : Institut Canadien des Mines, Normes de définitions de l'ICM, 22 nov. 2005 http://web.cim.org/UserFiles/File/Normes_de_l_ICM_sur_les_definitions_pour_les_resou rces_minerales_et_ reserves_minerals.pdf

4 Lien vers l’article : http://www.minewiki.org/index.php/Discounted_Cash_Flow_Analysis_Methodology_and_discount_rates

Table des illustrations

Légende Figure 1 – Relations entre les ressources et les réserves minérales (source : CIM (2005)
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9599/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 84k
URL http://0-books-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/irdeditions/docannexe/image/9599/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 16k
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Légende Figure 2 – TRI de 230 projets et exploitations minières – Source des données : snl.com
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