Fiches végétales groupe 1
p. 210-236
Texte intégral
Callophyllum inophyllum L. (CLUSIACEAE)
Accessibilité, répartition géographique et type biologique
1Arbre naturalisé parfois planté, rare à peu abondant, localisé en forêt littorale sur substrat calcaire ou basaltique, pousse aussi bien en pleine terre que sur sable corallien.
2Pantropical : Asie tropicale, Afrique, Mélanésie, Polynésie.
Usages
Plante sacrée en Polynésie (SCHULTES et al., 1990)
3Bois très dur, apprécié en ébénisterie ou pour la fabrication de pirogues ou de charpentes.
4Plante médicinale. On utilise l’écorce, les graines, les feuilles ainsi que l’huile amère des graines et la résine (latex). Du fruit on peut extraire un pigment utilisé comme encre pour dessiner les tapas.
5À Java, l’huile de graine est revendiquée pour ses propriétés diurétiques. Aux Samoa, toutes les parties de la plante sont considérées comme des poisons virulents, la sève et les exsudats pouvant rendre aveugle ou causer la mort par injection.
Les applications du latex (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)
6Le latex, obtenu par scarification de l’écorce, est émétique (provoque des vomissements) et purgatif, et peut aussi être utilisé pour le traitement des blessures et des ulcères. Il peut aussi être mélangé avec les lambeaux d’écorce et des feuilles pour confectionner des infusions, l’huile apparaissant à la surface pouvant être utilisée pour traiter les irritations oculaires (Drury, 1873 ; Nadkarni et al., 1999). La résine est réputée responsable de la couleur et de l’odeur de l’huile qui est peut-être un poison : elle contiendrait de l’acide benzoïque.
Les applications de l’écorce (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)
7L’écorce est astringente (11-19 % de tanins) et son jus est purgatif (Quisumbing, 1951). Elle est utilisée en Asie pour le traitement de l’orchite (inflammation des testicules) (Quisumbing, 1951). Associée à du jus de citron, elle peut être utile pour traiter les bromidroses des aisselles, de l’aine ou des pieds.
8L’écorce agit comme un antiseptique et un désinfectant. Par voie interne, l’écorce est expectorante, et sert dans le traitement des bronchites chroniques et de la phtisie.
9Le jus de l’écorce est astringent, purgatif, et est donné sous forme de décoction dans le traitement des hémorragies internes.
Les applications de la racine (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)
10La décoction de racine est employée pour traiter les ulcères. Elle est aussi employée en cas de point de côté (Quisumbing, 1951).
Les applications des feuilles (d’après Dweck et al., 2002)
11Les feuilles trempées dans l’eau lui donnent une couleur bleuâtre et une odeur ; cette macération est utilisée en application sur les yeux irrités (Nadkarni et al., 1999). En infusion, prise par voie orale, les feuilles sont aussi utilisées contre les coups de chaleur, en complément de la décoction de racine. Au Cambodge, les feuilles sont prescrites en inhalation contre la migraine et le vertige, et l’huile est utilisée contre la gale. Aux Philippines, la macération de feuilles est utilisée comme astringent pour les hémorroïdes (Quisumbing, 1951 ; Nadkarni et al., 1999), tandis qu’aux Philippines on l’utilise en lotion pour les yeux.
12L’utilisation des feuilles par les tribus primitives de Papouasie Nouvelle-Guinée est très ancienne dans le traitement des affections de la peau : application des feuilles chauffées sur les ulcères, coupures, furoncles, boutons et plaies de toutes sortes.
Les applications des fruits (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)
13Les fruits sont plus ou moins toxiques et seul l’endosperme des fruits encore immatures peut être consommé. En fait, le fruit mûr est suffisamment toxique pour être utilisé comme appât contre les rats (Burkill, 1994). L’huile des graines est utilisée contre le psoriasis et comme agent antirhumatismal.
Les applications de la sève (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)
14La résine de l’écorce est utilisée pour ses propriétés cicatrisantes.
Les propriétés de l’huile de tamanu (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)
15Des graines de tamanu on peut extraire jusqu’à 60 % d’huile. Cette huile (Domba oil) est utilisée dans le traitement des rhumatismes, des démangeaisons et de la gale. Elle est aussi utilisée pour soigner les gonorrhées.
16Dans la plupart des îles des mers du Sud, l’huile de tamanu est utilisée comme analgésique (en frictions sur les rhumatismes et les sciatiques) et pour soigner les ulcères et les vilaines blessures. En solution alcoolique, cette huile s’est montrée efficace, en injection, contre les neurites dues à la lèpre, au zona…
17L’huile est spécialement recommandée contre toutes sortes de brûlures, coups de soleil…
Composition chimique
18Deux composés principaux découverts par Lederer : l’acide calophyllique et une lactone douée de propriétés antibiotiques, qui sont probablement à l’origine des puissantes propriétés cicatrisantes.
19Les feuilles contiennent de la friedeline et des triterpènes du groupe de la friedeline, à savoir le canophyllal, le canophyllol et l’acide canophyllique (Govindachari et al., 1967 ; Chandler et Hooper, 1979).
20Le bois et les racines contiennent des xanthones comme la mesuaxanthone B, la callophylline B, et les caloxanthones A et B (Govindachari, 1968 ; Al-Jeboury et Locksley, 1971 ; Iinuma et al., 1994 ; Iinuma et al., 1995).
21L’erythrodiol-3-acetate a été isolé du bois (Sampathkumar et al., 1970).
22La calophyllolide (C25H22O5), molécule comportant un groupement lactone et un groupement methoxyl, a été isolée des noix (Bhalla et al., 1980). Par saponification, cette molécule donne l’acide calophyllique, ces 2 molécules étant également des dérivés de la coumarine.
23Des 4-phenylcoumarines et des 4-alkylcoumarines dans les graines et feuilles (Cavé et al., 1972 ; Games, 1972). Une 4-phenylcoumarine particulière, la ponnalide, dans les graines immatures (Adinarayana et al., 1965 ; Murti et al., 1972).
24Acide callophynique ; graines (Gautier et al., 1972).
25Myricetin glucoside ; fleurs (Subramanian et Nair, 1971 ; Kasim et al., 1974).
26Composés cyanogéniques (Nair et Subramanian, 1964), tanins, saponines (Gedeon et Kinel, 1956), pigments, flavonoïdes (Subramanian et Nair, 1965 ; Subramanian et Nair, 1971), néoflavonoïdes et biflavonoïdes (Goh et al., 1992).
D’une autre espèce du même genre, Calophyllum lanigerum Miq., ont été isolées des coumarines appelées canalonides, qui sont de puissants inhibiteurs de la Transcriptase Inverse. Leur action sur le virus du sida est étudiée par le National Cancer Institute aux États-Unis.
Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
Vulnéraire, cicatrisant
27La calophyllolide isolée de la noix et anti-inflammatoire et anti-arthritique, propriété démontrée dans un test chez le rat ou l’arthrite, était induite par le formaldéhyde (DL50 orale chez le rat = 2,5 g/kg) (Bhalla et al., 1980). Toujours chez le rat, l’ingestion du produit est dénuée d’activité ulcérogène jusqu’à 2 fois la dose efficace 50 (ED50 = 140 mg/kg).
28La dehydrocycloguanindine, la calophylline-B, la jacareubine et la 6-deoxyjacareubine produisent, à des degrés divers, une dépression du système nerveux central, caractérisée par une sédation, une diminution de l’activité motrice, une perte de tonicité musculaire… chez le rat. Toutes ces xanthones montrent une activité anti-inflammatoire à la fois en administration orale et en administration parentérale. La jacareubine et la 6-deoxyjacareubine montrent également une activité anti-ulcère chez le rat (Gopalkrishnan et al., 1980).
29La calophyllolide isolée des graines réduit chez le rat l’inflammation par l’histamine et le gonflement des tissus induits par les carragenanes. En combinaison avec l’inophyllide, elle réduit l’œdème. Ces composés sont souvent cités comme agents anti-inflammatoires (Bhalla et al., 1980 ; Saxena et al., 1982).
30Des coumarines particulières, les inophyllums B et P, peuvent être utilisées dans la lutte contre HIV-1, en inhibant la transcription reverse du virus (Patil et al., 1993 ; Kawazu et al., 1998 ; Spino et al., 1999).
31Certaines pyranocoumarines peuvent être utilisées dans la lutte contre le cancer (McKee et al., 1998 ; Itoigawa et al., 2001).
Intérêt industriel
32Existence de brevets dans les domaines cosmétique (Boucher et al., 1999) et médical, en particulier comme agents antiviraux (Jenta et al., 2000 ; Kashman et al., 2002).
Mode d’obtention
33Cueillette et mise en culture.
Admission dans la sélection restreinte
Bibliographie
Adinarayana D., Seshadri T.R., 1965 - Chemical components of the Indian seeds of Calophyllum inophyllum. The structure of a new 4-phenylcoumarin, ponnalide. Bull. Nat. Inst. Sci. India, 31 : 91.
Al-Jeboury F. S., Locksley H.D., 1971 - Xanthones in the heartwood of Calophyllum inophyllum : a geographical survey. Phytochemistry, 10 : 603.
Bhalla T. N., Saxena R. C. , Nigam S. K., 1980 - Calaphyllolide – a new non-steroidal antiinflammatory agent. Indian Journal of Medical Research, 72 : 762-765.
Boucher C., Mousny B., Smits J.-J., 1999 - Calophyllum oil extracted at ambient temperature has UV protecting, antiradical, antioxidant, antiaging and therapeutic properties, Patent.
Burkill H. M., 1994 - The useful plants of West tropical Africa. vol. 2, Royal Botanic Gardens Kew, Kew (UK), 636 p.
Cavé A., Debray M., Henry G., Kunesch G., Polonsky J., 1972 - The structure of a novel 4alkylcoumarin isolated from Calophyllum inophyllum. Comptes Rendus de l'Académie des Sciences (Paris) - Série C, 275 : 1105
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Games D. E., 1972 - Identification of 4-phenyl and 4-alkylcoumarins in Mammea americana L., Mammea africana G. Don and Calophyllum inophyllum by gas chromatography/mass spectrometry. Tetrahedron Letters, 13(31) : 3187-3190.
Gautier J., Kunesch G., Polonsky J., 1972 - Structure of calophynic acid, a novel constituent of [seeds of] Calophyllum inophyllum. Tetrahedron Letters, 13(27) : 2715-2718.
Gedeon J., Kinel F. A., 1956 - Saponins and sapogenins.2. Arch. Pharm. (Weinheim), 289 : 162.
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Gopalkrishnan C., Shankaranarayanan D., Nazimudeen S. K., Viswanathan S., Kameswaran L., 1980 -Anti-inflammatory and CNS depressantactivities of xanthones from Calophyllum inophyllum and Mesua ferrea. Indian Journal of Pharmacy, 12(3) : 181-191.
Govindachari T. R., 1968 - Chemical components of the heartwood of Calophyllum inophyllum. Part 1. Isolation of mesuaxanthone B and a new xanthone, calophyllin B. Indian Journal of Chemistry, 6 : 57.
Govindachari T. R., Viswanathan N., PAI B. R., RAO R., Srinivasan M., 1967 - Triterpenes of Calophyllum inophyllum Linn. Tetrahedron, 23(4) : 1901-10.
Iinuma M., Tosa H., Tanaka T., Yonemori S., 1994 - Two new xanthones in the underground part of Calophyllum inophyllum. Heterocycles, 37 : 833-838.
Iinuma M., Tosa H., Tanaka T., Yonemori S., 1995 - Two xanthones from roots of Calophyllum inophyllum. Phytochemistry, 38(3) : 725-728.
Itoigawa M., Ito C., Tan H. T. W., M. Kuchide, Tokuda H., Nishino H., Furukawa H., 2001 - Cancer chemopreventive agents, 4-phenylcoumarins from Calophyllum inophyllum. Cancer Letters, 169(1) : 15-19.
Jenta T. R., Lin Y. M., Xu Z. Q., Anderson H., Flavin M. T., Williams M., 2000 - Scalable method for the isolation of anti-HIV agents from the tropical plant calophyllum, Patent.
Kashman Y., Cardellina J. H., Soejarto D., Boyd M. R., Cragg G. M., Mcmahon J. B., Fuller R. W., Gustafson K. R., 2002 - Calanolide and related antiviral compounds, compositions, and uses thereof, Patent N°US2002086898 A1.
Kasim S. M., Neelakantan S., Raman P. V., Nair A. G. R., 1974 - Structure of the myricetin glucoside from the flowers of Calophyllum inophyllum. Current Science, 43(15) : 476-477.
Kawazu K., Nitoda T., Kanzaki H., 1998 - An analytical method of inophyllums A, B, C, D, E, and P, anti-HIV constituents of Calophyllum inophyllum by HPLC. Scientific Reports of the Faculty of Agriculture, Okayama University, (87) : 13-16.
McKee T. C., Covington C. D., Fuller R. W., Bokesch H. R., Young S., Cardellina J. H., Kadushin M. R., Soejarto D., Stevens P. F., Cragg G. M., Boyd M. R., 1998 -Pyranocoumarins from tropical species of the genus Calophyllum : a chemotaxonomic study of extracts in the National Cancer Institute collection. Journal of Natural Products, 61(10) : 1252-1256.
Murti V. V. S., Kumar P. S. S., Seshadri T. R., Sampath Kumar P. S., 1972 - Structure of ponnalide. Indian Journal of Chemistry, 10(3) : 255-257.
Nadkarni K. M., Nadkarni A. K., 1999 -Indian Materia Medica with Ayurvedic, Unani-Tibbi, Siddha, allopathic, homeopathic, naturopathic and home remedies. vol. 2/, Popular Prakashan Private Ltd., Bombay (India).
Nair A. G. R., Subramanian S. S., 1964, -Eucocyanidin from the seed coat of Calophyllum inophyllum Linn. Current Science, 33 : 336-337.
Patil A. D., Freyer A. J., Eggleston D. S., Haltiwanger R. C., Bean M. F., Taylor P. B., Caranfa M. J., Breen A. L., Bartus H. R., Johnson R. K., et al., 1993 - The inophyllums, novel inhibitors of HIV-1 reverse transcriptase isolated from the Malaysian tree, Calophyllum inophyllum Linn. Journal of medicinal chemistry, 36(26) : 4131-4138.
Quisumbing E., 1951 - Medicinal Plants of the Philippines. Manila, Philippine Islands, Manila Bureau of Printing, Techical Bulletin 16, 1234 p.
Sampathkumar P. S., Murti V. V. S., Seshadri T. R., 1970 - Occurrence of erythrodiol-3acetate in the sapwood of Calophyllum inophyllum. Indian Journal of Chemistry, 8 : 105.
Saxena R.C., Nath R., Palit, Nigam S.K., Bhargava K.P., 1982 - Effect of calophyllolide, a nonsteroidal anti-inflammatory agent, on capillary permeability. Planta Medica, 44(4) : 246-248.
Schultes R. E., Raffauf R. F., 1990 - The Healing Forest - Medicinal and toxic plants of the Northwest Amazonia. Dioscorides Press, Portland, Oregon (USA), 484 p.
Spino C., Dodier M., Sotheeswaran S., 1999 - Anti-HIV coumarins from calophyllum seed oil. Bioorganic and Medicinal Chemistry Letters, 8(24) : 3475-3478.
Subramanian S. S., Nair A. G. R., 1965 - Flavonoids of the flowers of Calophyllum inophyllum. Bull. Natl. Inst. Sci. India, 31 : 39.
Subramanian S. S., Nair A. G. R., 1971 - Myricetin-7-glucoside from the andracium of the flower of Calophyllum inophyllum. Phytochemistry, 10 : 1679-1680.
Rédacteur : F. Demarne
Gardenia taitensis DC. (RUBIACEAE)
Statut IUCN
34Cultivée en Polynésie française, pas de statut IUCN.
Accessibilité, répartition géographique et type biologique
35Arbuste à petit arbre ; largement répandue dans toutes les îles du Pacifique Sud ; pas de problèmes d’accessibilité en raison de son statut.
Usages
36Parfumerie ; cosmétiques. La sève serait utilisée en médecine traditionnelle (Wilkinson et Elevitch, 2000).
Composition chimique
37Les principaux composés oxygénés qui constituent la concrète de Gardenia taitensis sont le linalol (4,4 %), le salicylate de méthyle (2,5 %), le (Z)-3-hexenyl benzoate (2,2 %), l’alcool dihydroconiferyl (1,1 %), le (Z)-3-hexenyl salicylate (0,7 %), le benzoate de benzyle (6,2 %), le dihydroconiferyl acetate (12,2 %), le 2-phenylethyl benzoate (6,2 %), le salicylate de benzyle (2,5 %), le benzoate de géranyle (2,1 %) et le salicylate de 2-phényléthyle (2,2 %). L’identification de nombreux dihydroconiferyl esters semble être unique à cette espèce (Claude-Lafontaine et al., 1992).
38Triterpénoïdes (Davies et al., 1992).
Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
39Plante dépourvue de toxicité (Pétard, 1986).
Intérêt industriel
40Parfumerie.
Mode d’obtention
41Cueillette ; petites plantations de jardin ; haies.
Admission dans la sélection restreinte
Bibliographie
Claude-Lafontaine A., Raharivelomanana P., Bianchini J. P., Schippa C., Azzaro M., Cambon A., 1992 - Volatile Constituents of the Flower Concrete of Gardenia taitensis DC. Journal of Essential Oil Research, 4(4) : 335-343.
Davies N. W., Miller J. M., Naidu R., Sotheeswaran S., 1992 - Triterpenoids in bud exudates of Fijian Gardenia species. Phytochemistry, 31(1) : 159-162.
Pétard P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie et Raau Tahiti. Ed. rev. et augm. Papeete, Haere Po No Tahiti, 345 p.
Wilkinson K. M., Elevitch C. R., 2000 - Nontimber Forest Products for Pacific Islands. An introductory guide for producers. 30 p.
Rédacteur : F. Demarne
Ilex anomala Hook. & Arnott (AQUIFOLIACEAE)
Synonymes
42Ilex marquensensis F. Br.
43Ilex taitensis (A. Gray) J. W. Moore
Statut IUCN
44Non menacé.
Accessibilité, répartition géographique et type biologique
45Arbre indigène caractéristique des vallons et crêtes d'altitude en forêt de nuages.
46Distribution géographique Marquises, Société et Hawaï.
Usages
47Traditionnellement utilisé par les Tahitiens comme masticatoire pour lutter conte la fatigue (à rapprocher du maté, Ilex paraguariensis A.St.-Hil.)
Composition chimique
48Peu connue ; travaux anciens.
49Elle est à comparer avec celle de Ilex paraguensis qui fournit le célèbre « maté » d’Amérique du Sud (de nombreux ouvrages traitent de cette plante).
50Caféine : 4 % (drogue sèche).
51Huile essentielle.
52Tanin.
53Gomme résine.
Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
Propriétés pharmacologiques
54La caféine a une action sur le système nerveux et sur le système cardiovasculaire.
Sur le système nerveux central : la caféine est un stimulant cortical qui maintient l’état d’éveil, facilitant l’idéation, qui diminue l’état de fatigue. Des doses très fortes peuvent induire de la nervosité, des tremblements, de l’insomnie. Elle stimule le centre respiratoire bulbaire, accroissant la sensibilité de celui-ci à l’action du dioxyde de carbone.
Sur le système cardio-vasculaire : la caféine développe une action inotrope positive, une tachycardie et une augmentation du débit cardiaque, une légère action vasodilatatrice périphérique, une discrète activité diurétique.
Toxicologie
55Aucune étude à ma connaissance.
Intérêt industriel
Dans le domaine du médicament
56Introduction dans la liste des plantes médicinales de la « pharmacopée » en raison de propriétés stimulantes au même titre que les drogues à caféine (café, thé, cola, guarana, maté…). Introduction dans la liste des drogues du Cahier de l’agence n 3 avec comme indications 47, 83, 85, 86, 151, par voie orale ; 30, 86, par voie locale.
57« Traditionnellement utilisé » :
47 : dans les diarrhées légères
83 : dans les états de fatigue passagers
85 : pour faciliter la perte de poids en complément de mesures diététiques
151 : pour favoriser l’élimination rénale de l’eau
30 : en usage local, comme traitement d’appoint adoucissant et pour calmer les démangeaisons des affections de la peau, en cas de crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres d’insectes
86 : en usage local, pour faciliter la perte de poids en complément de mesures diététiques.
Dans le domaine agroalimentaire
58En raison de sa teneur en caféine, pourrait être utilisé dans des boissons stimulantes (du type « Coca-Cola », « guarana », « thé ») ou boissons dites « énergisantes ».
Contraintes réglementaires
59Pour respecter la législation française, la teneur en caféine des boissons « stimulantes » ou « énergisantes » ne doit pas dépasser 150 mg/L (la législation n’est pas harmonisée dans l’Union européenne ; certains pays accepte jusqu’à 300 mg/L).
60Remarque. La caféine est inscrite sur la liste des substances et procédés dopants interdits (arrêté du 7.10.94). L’analyse d’un échantillon urinaire est considérée comme positive pour une concentration supérieure à 12 µm/L.
Itinéraire de production
61Mode d’obtention : cueillette.
62Contrôle qualité.
63En appliquant les techniques et protocoles connus pour les autres drogues à caféine (monographies de Pharmacopée européenne et Pharmacopée française), la mise au point du contrôle de cette drogue paraît relativement aisée.
Admission dans la sélection restreinte
Orientations
64Favorables après résultat de l’analyse toxicologique mais encore beaucoup de travail pour finaliser la production.
Bibliographie
Agence du Médicament, 1997 – Médicaments à base de plantes : septembre 1997. Paris, Agence du médicament, Les cahiers de l’agence n° 3, 81 p.
Rédacteur : I. Fourasté
Morinda citrifolia L. (RUBIACEAE)
Accessibilité, répartition géographique et type biologique
65Arbuste à petit arbre naturalisé.
66Abondant et répandu. Végétation ouverte littorale et mésique de basse altitude, sur tous substrats.
67Distribution géographique : Australes, Gambier, Marquises, Société, Tuamotu
Usages
Fruit
68Gingivites
69Tuberculose
70Anthelmintique (hommes et animaux).
71Purgatif
72Consommation alimentaire +/– régulière ; en cas de famine uniquement sur certaines îles.
Fleurs
73Problèmes oculaires.
Feuilles
74Traitement des teignes, des furoncles
75Rhumatismes et douleurs rhumatismales
76Problèmes inflammatoires en application externe
77Refroidissements et neuralgies faciales (application externe)
78Refroidissements du torse et toux (application externe)
79Inflammation buccale (par mastication)
80Traitement des saignements internes, gonflements et problèmes hépatiques par application externe
81Traitement des ulcères
82Traitement de la goutte
83Consommation alimentaire +/– régulière.
Écorce
84Astringent dans le traitement de la malaria.
Racine
85Traitement de l’hypertension.
Composition chimique
Feuille
86Diterpènes : E-phytol.
87Triterpènes : cycloarténol.
88Stéroïdes : stigmasta-4-en-3-one, stigmasta-4-22-dien-3-one, β-sitostérol, stigmastérol, campesta5,7,22-trien-3β-ol.
89Iridoïdes : citrifolinin A, citrifolinin A-1, citrifolinoside.
Fruit
90Iridoïdes : asperulosidic acid, 6-O-(β-D-glucopyranosyl)-1-0-octanoyl-β-D-glucopyranose, aucubine.
91Acides gras libres et combinés (trisaccharides).
92Avonoïdes : rutine.
93Coumarines : scopolétine.
94Les composés auxquels avait été attribuée l’activité : xéronine et préxéronine, n’ont jamais été identifiés. En l’état actuel des travaux, leur existence est hautement improbable.
Racine
95Anthraquinones : damnacanthal, morindone, rubiadin, rubiadin methyl ether, anthraquinone glucoside, methoxy-formyl-hydroxyanthraquinone.
Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
Feuille
96Activité antituberculeuse in vitro (composés lipophiles).
97Inhibition de UVB-induced activator protein-1 (iridoïdes).
98Inhibition Cox-1 (faible).
99Activité nématicide.
Fruit
100Inhibition de la transactivation AP-1 et de la transformation cellulaire dans la tumorogenèse (iridoïdes).
101Activité anti-inflammatoire par inhibition de la Cox-1 (faible) et de la Cox-2 (forte).
102Activité anticancéreuse sur carcinome Lewis-Lung implantée chez la souris (via stimulation du système immunitaire, voie IP), diminuée par l’administration d’immunosuppresseurs.
103Pas de cytotoxicité sur cellules KB ou LLC in vitro.
104Simulation de la production de médiateurs : TNF-α, interféron-γ, interleukines, oxyde nitrique.
105Prévention de la formation d’adduct du DMBA sur l’ADN in vitro probablement par l’intermédiaire de l’activité anti-oxydante, cancer du sein sur souris. L’action se manifeste aux stades primaires de la cancérogenèse.
106Activité antibactérienne (faible) sur diverses souches.
107Activité hépato-protectrice après intoxication au CCl4 sur le rat.
Racine
108Inhibition Cox-1 (forte).
109Inhibition des tyrosine-kinases, augmentation de la fragmentation de l’ADN irradié par UV et de l’apoptose en résultant (damnacanthal).
110Activité antivirale (sur HIV).
111Activité hypotensive.
Tige
112Activité antimalariale in vitro.
Pharmacocinétique
113Une étude sur le rat ou la scopolétine était utilisée comme traceur d’absorption du jus. Ne s’agissant probablement pas d’un principe actif significatif, l’intérêt en est quasi nul.
Études cliniques
114Une étude de phase I est en préparation à l’Université d’Hawaii, organisée par le National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) dans le traitement des néoplasmes et néoplasmes métastasés.
115Elle utilise des gélules de 500 mg d’extrait sec de jus. Les buts sont essentiellement de déterminer la dose maximale tolérée, définir la toxicité et collecter des informations préliminaires en termes d’efficacité.
116Une étude clinique contre placebo (38 et 30 cas) sur des fumeurs a été effectuée pour étudier l’effet anti-oxydant du jus de morinda sur la capacité anti-oxydante du plasma (radicaux superoxydes et lipides péroxydés).
117L’absorption de jus de morinda augmente fortement la capacité anti-oxydante du plasma.
118Une étude contre placebo aurait été conduite à la Mount Sinai School of Medicine sur l’hypertension. Les résultats seraient positifs, mais nous n’avons pas de compte rendu de cette étude. De plus, le faible nombre de patients impliqués (9) rend les conclusions aléatoires.
Intérêt industriel
Fruit
119Commercialisé à grande échelle comme supplément alimentaire, principalement aux États-Unis, sous forme de jus de fruit pasteurisé mais aussi de jus séché ou d’extrait sec.
Valorisation potentielle
120La production de fruit devrait se pérenniser, surtout avec l’ouverture du marché européen. La valorisation comme boisson ou aliment à propriété anti-oxydante est à développer.
121L’aspect thérapeutique, dépendant des études en cours, semble plus aléatoire, pour des raisons à la fois réglementaire et scientifique. En effet, la quasi-totalité des effets observés est à relier au pouvoir anti-oxydant ou à l’aspect immuno-stimulant. Il s’agit là de propriétés biologiques non spécifiques, et non de propriétés thérapeutiques spécifiques.
Contraintes réglementaires
122Une autorisation européenne du Scientific Comitee on Food (S.C.F.) pour la commercialisation d’un produit (Tahitian noni juice, Morinda Inc.) a été accordée en décembre 2002.
123Cette autorisation, obtenue sur présentation d’un dossier principalement toxicologique, permet de conclure à la non-toxicité du produit étudié.
124Cette première autorisation devrait permettre l’obtention d’autres autorisations par la procédure simplifiée de l’équivalence substantielle.
125Une demande de commercialisation a été déposée en 2003 en Grande-Bretagne par la société US Neways International pour un jus de noni.
Brevets relatifs au morinda
126Nous avons identifié 63 brevets relatifs, au moins partiellement, au morinda. Ils touchent tous les domaines : fabrication, formulation, activité biologique, cosmétologie, alimentation humaine ou animale…
127La plupart des brevets sont originaires des États-Unis, du Japon ou de Chine. La grande majorité a été déposée en 2000 et 2001.
128Une analyse complète de leur validité (technique et juridique) serait nécessaire avant tout travail de développement sur ce produit.
129Une étude des dépôts de marques relatifs au morinda serait également utile dans la perspective d’une valorisation à long terme.
Morinda citrifolia n’entre pas dans la réglementation des médicaments à base de plantes. En revanche, en raison de l’acceptation par les Pays-Bas d’un complément alimentaire à base de morinda, l’introduction dans cette catégorie de produit paraît possible.
Itinéraire de production
130Mode d’obtention : cueillette, essais de culture.
Admission dans la sélection restreinte
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Rédacteur : Y. Barbin
Piper methysticum G. Forst. (PIPERACEAE)
Synonyme
131Piper wichmanni C. DC.
132Autres synonymies, anciennes (Lebot et Cabalion, 1986).
Statut IUCN
133Plante cultivée ou naturalisée, sans statut IUCN.
Accessibilité, répartition géographique et type biologique
134Variétés de Polynésie française :
14 variétés connues autrefois à Tahiti mais déjà quasi disparues à cette époque (Cuzent, 1983 [1860]).
19 cultivars encore utilisés aux Marquises en 1935 (Brown, 1935).
Usages
135Usage rituel et médicinal, consommation traditionnelle sous forme de boisson (Lebot et Cabalion, 1986 ; Lebot et al., 1992).
136Consommation néo-traditionnelle au Vanuatu, dans les villes, et en Nouvelle-Calédonie (André, 1999 ; Chanteraud, 1994, 1999, 2001).
Composition chimique
137Polynésie française :
4 cultivars traités par Lebot et Levesque (1989).
Études par Isabelle Lechat-Vahirua à Papeete (institut Malardé).
Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
Principale utilisation
138Comme anxiolytique à base d’extrait de kava (synergie entre les principes actifs, kavalactones ou kavapyrones, ce qui justifie l’utilisation d’extraits naturels), ou de D,L-kavaïne (pas de synergie en ce cas).
Principal reproche
139Le kava présenterait un risque de toxicité hépatique. Les causes possibles en seraient les suivantes :
présence de piperméthysticine (hépatotoxique in vitro) dans des médicaments issus de lots de « peelings » (épluchures de bas de tiges) importés des îles Fidji ;
absence ou réduction forte dans les extraits de kava à l’alcool ou à l’acétone du glutathion présent dans la boisson traditionnelle (où il aurait un rôle protecteur par ses effets antioxydants et la conjugaison des p-OH-kavaquinones formées au cours du métabolisme) ;
débordement des défenses hépatiques chez des patients fragiles ou fragilisés (causes précédentes et/ou causes idiosyncrasiques au niveau de l’équipement du foie en cytochromes) ;
recherches récentes à ce sujet en Nouvelle-Calédonie et à Futuna sur crédits du secrétariat d’État à l’outre-mer, SEOM (Cabalion et al., 2003 ; Warter, 2003).
Intérêt industriel
140Base de production d’extraits de kava à visée anxiolytiques.
Brevets
141L’Oréal : usages cosmétiques du kava.
142Pernod-Ricard : intérêt du kava dans le sevrage des éthylomanes.
Contraintes réglementaires
143En Polynésie : arrêté de 1927 qui interdit la culture, la préparation, la détention, la circulation, la consommation, le don, l'échange ou la vente de Kava aux marquises. Il a été abrogé par un arrêté en Conseil des Ministres en 2001 (662 CM du 16 mai) à l'initiative du Service du développement rural.
144Pharmacopées de pays industrialisés : usage pharmaceutique interdit en l’an 2002 dans de nombreux pays industrialisés, Allemagne, France, Japon, etc, mais reste autorisé aux États-Unis. Totalement interdit dans certains pays, comme le Canada.
145Changement en cours : levée récente de l’interdiction de l’usage alimentaire du kava (parlement du pays de Galles, 2003).
146Pas d’interdiction de la consommation traditionnelle ou néo-traditionnelle (sauf aux Marquises, voir arrêté susmentionné).
Commentaires de Mme Fourasté
Deux décisions de police sanitaire ont été prises au niveau français
a) JO de la République française, du 12 janvier 2002 : Décision du 8 Janvier 2002 portant suspension de la mise sur le marché, à titre gratuit ou onéreux, de la délivrance et de l’utilisation à des fins thérapeutiques du kava (Kava-kava, piper methysticum) et de produits en contenant, sous toutes formes, à l’exception des médicaments homéopathiques à des dilutions égales ou supérieures à la cinquième centésimale hahnemannienne.
b) JO de la République française : Décision du 13 mars 2003 portant interdiction de la mise sur le marché, à titre gratuit ou onéreux, de la délivrance et de l’utilisation à des fins thérapeutiques du kava (kava-kava, Piper methysticum) et de produits en contenant, sous toutes formes, à l’exception des médicaments homéopathiques à des dilutions égales ou supérieures à la cinquième centésimale hahnemannienne.
Ces deux décisions ont été prises à la suite de l’estimation par le groupe européen de pharmacovigilance d’un rapport bénéfice/risque négatif. Des décisions analogues ont été prises en Europe (Espagne, Portugal, Irlande, Allemagne, Royaume-Uni) et hors d’Europe (Canada et Australie). La FDA n’a pas pour l’instant pris de mesures restrictives à l’égard de cette plante, mais a également informé les consommateurs du risque encouru.
De ce fait, l’utilisation du kava en tant que médicament ou en tant que complément alimentaire paraît compromise pour de nombreuses années.
Il ne semble pas raisonnable, dans ces conditions, d’encourager la production de kava dans un but autre que BOISSON CONVIVIALE LOCALE.
Itinéraire de production
147Bouturage uniquement.
Orientations
148Le kava présente actuellement deux intérêts principaux, en pharmacie comme anxiolytique naturel, et en alimentaire comme boisson conviviale dans le Pacifique.
149Après la découverte en Allemagne et en Suisse de cas de toxicité hépatique attribués au kava, de nombreuses recherches ont eu lieu pour mieux connaître l’état de la question et les causes éventuelles de ces phénomènes. Un lobbying mené à Bruxelles par les pays du Pacifique a également permis à un groupe d’experts consultants de donner un avis en faveur de l’usage de cette plante (Gruenwald et al., 2003). On peut penser que l’interdiction du kava dans les années 2001 et suivantes est, au moins partiellement ou indirectement, le produit d’un lobbying en sens inverse, mais également l’application du principe de précaution.
150Aucun cas d’hépatite fulminante n’a pu être trouvé dans le Pacifique et il est raisonnable de penser que la boisson à la manière traditionnelle n’est pas menacée et conservera son marché dans le Pacifique et peut-être ailleurs. En ce qui concerne le marché pharmaceutique, des recherches complémentaires restent nécessaires (rôles du glutathion, éventuellement du sélénium, des p-OH-kavaquinones, exploration des cytochromes hépatiques liés à la métabolisation du kava...) pour établir un nouveau rapport bénéfice/risque du kava en pharmacie (Warter, 2003), ou plus généralement en santé incluant les effets des utilisations de type alimentaire (Cabalion et al., 2003). Par ailleurs les posologies pourraient être revues à la hausse.
151Conclusion. Il paraît judicieux de conseiller à la Polynésie française de ne pas abandonner ses recherches agronomiques et chimiques sur les variétés de kava local, pour produire une matière première originale et de qualité destinée au marché local du kava convivial, au marché américain (qui reste ouvert), et enfin de préparer un probable retour du kava sur le marché pharmaceutique [selon des modalités peut-être différentes de celles actuellement connues et qui restent à préciser, (Cabalion et al., 2003 ; Warter, 2003)]
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Rédacteur : P. Cabalion
Santalum insulare DC. var. insulare (Tahiti)
Santalum insulare var. marchionense (Skottsb.) Skottsb. (Marquises)
Santalum insulare var. margaretae (F. Br.) Skottsb. (Rapa)
Santalum insulare var. raiateense (J. W. Moore) Fosberg & Sachet (Raiatea, Moorea)
Santalum insulare var. raivavense F. Br. (Raivavae, Australes)
152Ces variétés représentent le polymorphisme de l’espèce de la Polynésie française. J.-F. Butaud (SDR Tahiti) prépare actuellement une thèse sur la distribution, la taxonomie du complexe en Polynésie française.
Statut IUCN
153Gravement menacé d’extinction à vulnérable.
Accessibilité, répartition géographique et type biologique
154Toutes les variétés, sauf celle des Marquises sont relictuelles et ont un statut allant de CR à VU. Aux Marquises, les populations sont localement de quelque importance et sont plus ou moins accessibles et disponibles, au moins pour une première étude chimique.
155Ces variétés occupent les formations ouvertes de croupes et de crêtes de moyenne à haute altitude.
Usages
156Massages : poudre de santal dans de l’huile de noix de coco. Autres espèces du genre :
Santalum spicatum : graines alimentaires (Australie).
Santalum album : inflammation du système urinaire (Kom E), insolation, douleurs abdominales.
Composition chimique
157Pour toutes les variétés : huile essentielle dans le bois, α et β santalol (60 %). Var. marchionense : sesquiterpènes, α et β-santaldiol.
Autres espèces du genre
Santalum spicatum :
– Huile grasse (graine) : acide ximenynique (# 50 %), ac. oléique, ac. stéarique, ac. linolénique.
Santalum album :
– Huile essentielle (3 à 5 % dans le bois) : α-santalol (50 %) et β-santalol (20 %), epi-β-santalol, α-bergamotol, α-bergamotal.
Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
Autres espèces du genre
Santalum acuminatum : inhibition du relargage de 5-hydroxytryptamine par les plaquettes.
Santalum album : l’huile essentielle présenterait une action sur le système cardio-vasculaire.
Intérêt industriel
158L’huile essentielle de toutes les variétés de Santalum insulare est signalée comme un substitut acceptable de l’huile essentielle de santal blanc.
Valorisation potentielle
159L’huile essentielle de santal blanc des Indes est en voie de raréfaction sur le marché international pour des raisons politiques (restriction de la production et de l’exportation par l’Inde) et phytosanitaires (maladie spike disease). Bien qu’une autre huile de santal ne puisse lui être directement substituée (par exemple celle d’Australie ou de Nouvelle-Calédonie), il existe une possibilité indéniable d’introduction sur le marché pour cette huile, qui pourrait l’être dans de nouvelles formules.
160Une étude à long terme est en cours (UPF/SDR/CIRAD) sur le santal de Polynésie :
161Points étudiés :
Multiplication par graines
Inventaire des populations
Études chimiques et génétiques aux Marquises.
162Points en cours d’étude :
Études chimiques et génétiques.
163Points restant à étudier :
Multiplication végétative
Déterminisme de la composition de l’huile essentielle
Techniques culturales
Études de la descendance
Acceptabilité par les utilisateurs (substitution, nouvelle matière première…).
164Il s’agit d’un programme de recherche et de valorisation à très long terme (plusieurs dizaines d’années) qui demande un effort soutenu mais dont les débouchés potentiels seront sans doute stables, car à l’abri des effets de mode.
165Du fait de la longueur de ce programme, le recours à la biotechnologie, en particulier pour la multiplication, doit être privilégié.
Il conviendrait aussi de s’interroger sur les raisons de la baisse de la production en Inde. C’est une espèce préférant les milieux pauvres, et sa croissance dans ces milieux pourrait être vite ralentie (Geneviève Michon, écologue IRD, comm. pers.).
Contraintes réglementaires
166Vérifier l’absence des molécules allergènes listées au 7e amendement de la directive européenne sur les produits cosmétiques.
Aucune place pour le santal en tant que médicament ou complément alimentaire
Itinéraire de production
Mode d’obtention
167Distillation de l’huile essentielle sur le territoire.
Mode de commercialisation
168Auprès des industriels des matières premières aromatiques travaillant avec les parfumeurs.
Contrôle qualité
169Faire reconnaître la qualité de l’huile essentielle par une norme spécifique AFNOR/ISO.
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Scartezzini P., Speroni E., 2000 - Review on some plants of Indian traditional medicine with antioxidant activity. Journal of Ethnopharmacology, 71(1-2) : 23-43.
Sykes W.R., 1981 - Sandalwood in the Cook Islands. Pacific science, 1980 publ 1981, 34(1) : 7782
Rédacteur : Y. Barbin
Tephrosia purpurea (L.) Pers. var. piscatoria (Ait.) Fosberg (FABACEAE)
Synonymes
170T. purpurea sensu Zepernick
171T. piscatoria Aiton.
Accessibilité, répartition géographique et type biologique
172Espèce cultivée et naturalisée dans plusieurs îles de la Polynésie où elle est localement abondante ; plus généralement, dispersée en station sèche de basse et moyenne altitude aux Marquises et dans la Société.
173Distribution géographique : Australes, Gambier, Marquises, Société.
Usages
174Employée comme ichtyotoxique dans de nombreuses régions du Pacifique (Nishimoto, 1969 ; Pétard, 1986).
Composition chimique
175Roténoïdes, surtout dans les racines.
Graines
176Flavonoides pongamol, karanjine and lanceolatine B, flavonoides prénylées (purpuritenin and purpureamethide).
Racines
177Purpurénone, bêta-hydroxychalcone ; (+)-purpurine ; déhydroisoderricine, et (–)-maackiaine. Pseudosemiglabrin et (–)-semiglabrin (Sinha et al., 1982 ; Ventakata Rao et Ranga Raju, 1984).
Fleurs et fruits
1787,4'-dihydroxy-3',5'-diméthoxyisoflavone ; (+)-téphropurpurine ((+)-purpurine, pongamole, lancéolatine B, (–)-maackiaine, (–)-3-hydroxy-4-méthoxy-8,9-méthylène-dioxyptérocarpane et (–)médicarpine, tous actifs sur quinone réductase ; composés non actifs : 3'-méthoxy daidzeine, desmoxyphylline B and 3,9-dihydroxy-8-meéhoxycoumestane (Chang et al., 1997).
Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
Propriétés ichtyotoxiques et insecticides
179La roténone et ses dérivés, les roténoïdes, ont la propriété d’asphyxier le poisson. En fait, ils agissent sur tous les animaux en bloquant la respiration à l’intérieur des cellules au niveau des mitochondries, mais les animaux à sang chaud sont protégés par leur revêtement cutané qui empêche la résorption du poison, alors que les animaux à sang froid (insectes, poissons, serpents) y sont particulièrement sensibles.
Activité nématicide (Bansode et Kurundkar, 1989)
180Les parties aériennes fournissent un excellent « engrais vert » (Joshi et al., 2000).
Activité allélopathique des extraits aqueux de feuilles sur parthenium
181L’inhibition significative de la vitesse de germination et de la croissance de la plantule permet d’envisager l’emploi de cet extrait simple comme herbicide peu honéreux et biodégradable « weed control » (Damme et al., 1994).
182Activités anti-ulcéreuses démontrées sur le rat des extraits aqueux de racines, en raison des propriétés cytoprotectives de la drogue (Deshpande et al., 2003).
183Propriétés antitumorales marquées, démontrées par induction in vitro de la quinone réductase des composés isoflavoniques isolés des fruits et fleurs. (Chang et al., 1997).
Intérêt industriel
184Valorisation possible comme insecticide et ichtyotoxique.
185Les drogues à roténone sont employées en assez grande quantité comme insecticide en phytopharmacie, sous forme de poudre végétale, pour lutter contre les chenilles, pucerons et autres doryphores, présentant le grand avantage d’être inoffensives pour l’homme. La tendance est de les associer aux pyréthrines, autres insecticides végétaux, afin de combiner leurs actions, les effets de ces derniers étant plus rapides mais aussi plus fugaces.
186La roténone se dégrade rapidement dans le milieu (3 à 6 j.), ce qui lui vaut un regain d’intérêt comme pesticide biologique. Son emploi dans des conditions strictes et réglementées est autorisé en agriculture biologique dans certains pays. Ce marché, sans être énorme, est consistant à l’échelle du marché des plantes médicinales et devrait se développer du fait de la croissance des productions biologiques (Tamm et al., 2000) ; et ce bien que les roténones (avec d’autres pesticides) aient été associées à la maladie de Parkinson. Des études récentes ont cependant montré que l’injection de doses élevées (1-12 mg/kg) de roténone à des rats provoque chez l’animal des symptômes « parkinson –like », suscitant des réserves sur son emploi. Les doses utilisées dans l’expérience sont cependant très au-dessus des doses susceptibles d’être trouvées chez l’homme consommant des aliments traités. La question est loin d’être tranchée et la réglementation devrait encore évoluée (Giasson et Lee, 2000).
Admission dans la sélection restreinte
187Composition chimique bien connue de l’espèce (études menées pour la plupart sur des échantillons récoltés en Inde). Comme c’est généralement le cas pour les tephrosia, présence de dégueuline et dérivés au lieu de roténone.
188Il serait intéressant de mesurer la teneur en roténoïdes de la variété de Polynésie française. Ses propriétés nématicides, allélopathiques, et comme engrais vert, en font un excellent produit phytosanitaire (lutte antivectorielle, agriculture…).
189Les insecticides « biologiques », biodégradables, sont spécialement intéressants pour l’agriculture en milieu insulaire, par exemple les îles Loyauté en Nouvelle-Calédonie, pour éviter de polluer la lentille d’eau douce sous-jacente, fragilisée par des produits phytosanitaires à forte rémanence.
Bibliographie
Bansode P.T., Kurundkar B.P., 1989 - Efficacy of organic amendments and plant extracts in management of root-knot of brinjal. Indian Journal of Plant Pathology, 7(2) : 160-163.
Chang L.C., Gerhauser C., Song L., Farnsworth N.R., Pezzuto J.M., Kinghorn A.D., 1997 - Activity-guided isolation of constituents of Tephrosia purpurea with the potential to induce the phase II enzyme, quinone reductase. Journal of Natural Products, 60(9) : 869-873.
Damme V. Van, Meylemans B., Damme P. Van, 1994 - Survey on weed management practices in upland crops in the dry zone of Sri Lanka. Mededelingen Faculteit Landbouwkundige en Toegepaste Biologische Wetenschappen, Universiteit Gent, 59(3b) : 1345-1350.
Deshpande S.S., Shah G.B., Parmar N.S., 2003 - Antiulcer activity of Tephrosia purpurea in rats. Indian Journal of Pharmacology, 35(3) : 168-172.
Giasson B.I., Lee V.M.-Y., 2000 - A new link between pesticides and Parkinson's disease. Nature Neuroscience, 3(12) : 1227-1228.
Joshi S.D., Jadhav A.S., Patil M.B., Kurundkar B.P., 2000 - Effect of organic amendment and fly ash on root-knot disease of tomato. Journal of Maharashtra Agricultural Universities, 25 (1) : 84-85.
Nishimoto S. K., 1969 - Plants used as fish poisons. Newsletter of the Hawaiian Botanical Society, 3 : 20 -28.
Pétard P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie et Raau Tahiti. Ed. rev. et augm. Papeete, Haere Po No Tahiti, 345 p.
Ventakata Rao E., Ranga Raju N., 1984 - Two flavonoids from Tephrosia purpurea. Phytochemistry, 23(10) : 2339-2342.
Sinha B., Natu A.A., Nanavati D.D., 1982 - Prenylated flavonoids from Tephrosia purpurea seeds. Phytochemistry, 21(6) : 1468-1470.
Tamm L., Speiser B., Wyss E., Niggli U., 2000 - Use of Rotenon in Organic Agriculture : FiBL Statement. 2 p.
Rédacteur : C. Moretti
Vanilla tahitensis J. W. Moore (ORCHIDACEAE)
Synonyme
190Synonyme de V. planifolia Andr., probablement un cultivar particulier ou hybride de cette espèce avec une autre. Il semble actuellement que plusieurs groupes de botanistes et de généticiens travaillent sur la question (mais pas de références bibliographiques).
Statut IUCN
191Pas de statut, plante cultivée.
Accessibilité, répartition géographique et type biologique
192Vanilla tahitensis n’est cultivée qu’en Polynésie. Plusieurs cultivars sont répertoriés et font désormais l’objet d’une collection vivante, maintenue par les services de l’agriculture du territoire (Dron, 2002).
193Liane herbacée charnue, volubile, naturalisée à basse et moyenne altitude (anciennes plantations ou en station secondaire).
Usages
194Gousse ; aliment ; épice. Sève : Comores ; médicinal ; hémostatique ; cicatrisant.
Composition chimique
195Gousse : glucosides, vanilline, aldehyde p-hydroxybenzoique, p-anisaldehyde, acide phydroxybenzoique, acide vanillique, acide anisique, alcool anisique (Rives, 2000). Des alcaloïdes, des polyphénols et des traces de leucoanthocyanes.
Propriétés pharmacologiques et toxicologiques
196Toxicité ; vanillisme (Bùi-Xùan-Nhùan, 1954).
Intérêt industriel
197Agro-alimentaire comme arôme typé, sur un marché ciblé.
Itinéraire de production
198Culture déjà établie à Tahiti et dans les îles Sous-le-Vent (Huahine, Raiatea, Tahaa…).
Mode d’obtention
199Multiplication végétative par bouture. Attention aux problèmes de transmission des maladies virales.
Admission dans la sélection restreinte
Bibliographie
Bùi-Xùan-Nhùan, 1954 – « Le vanillisme ». In G. Bouriquet (ed.) : Le vanillier et la vanille dans le monde, Paul Lechevalier : 647-661.
Dron M., 2002 - Rapport d'évaluation de la composante scientifique du projet vanille du Service de Développement Rural à Raiatea (période 1998-2002), 31 p.
Rives M.J., 2000 - Étude des profils aromatiques des différentes variétés de Vanilla tahitensis. École Nationale Supérieure d'Agronomie de Toulouse, 51 p
Rédacteur : F. Demarne
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