Conclusions et recommandations
p. 163-165
Texte intégral
Conclusions
1Ces journées de réflexion ont souligné, s’il en était besoin, que si le mil est une plante majeure et d’une importance considérable pour la survie des populations qui la cultivent, il n’en reste pas moins considéré comme une plante « orpheline » de la recherche, comparée aux autres grandes céréales cultivées que sont le blé, le riz ou encore le maïs. Néanmoins, de nombreux résultats ont été présentés durant cet atelier, sur la diversité des mils mais aussi sur la dynamique et la gestion de cette diversité en milieu paysan. Au travers de certaines présentations et des échanges qui se sont développés entre les participants, on a pu noter l’émergence forte de l’approche participative, à la fois dans les sensibilités des différents acteurs et dans sa mise en œuvre. Il ressort également qu’il est évident que les recherches sur le mil doivent dépasser très largement le cadre d’études strictement génétiques afin de prendre en compte les différentes composantes de l’environnement, tant physiques qu’humaines, d’où l’importance de développer des actions de recherche pluridisciplinaires.
2Plusieurs questions importantes ont émergé de ces travaux :
- quelles peuvent être les modalités de l’approche participative et comment les intégrer dans des modèles de conservation in situ ?
- quelle est l’importance du rôle de la production semencière au sens large (variétés améliorées adaptées aux conditions de culture et aux goûts des consommateurs, disponibilité en semences, circuits de distribution, rôle et moyens des institutions étatiques, pérennité des systèmes de production et de distribution de semences améliorées), de son impact sur la diversité des mils ?
- quelle est l’ampleur de l’érosion génétique (si elle existe réellement), quelles sont ses causes, et ses conséquences dans les agrosystèmes ? Y-a-t-il eu perte de certaines variétés (les plus tardives) ou assistons-nous uniquement à une modification de l'aire de répartition des grands groupes variétaux ?
3Autant de questions auxquelles les réponses pourront être formulées par le développement d’actions pluridisciplinaires menées en partenariat par les différentes institutions de recherche, à différentes échelles géographiques.
4Lors des débats, plusieurs aspects concernant ce que l’on pourrait regrouper sous le terme de « l’environnement de la recherche » ont été soulignés :
- le défaut de communication entre producteurs/consommateurs, sélectionneurs et chercheurs, et ce malgré l’existence de réseaux internationaux (ROCAFREMI pour le mil) ;
- la dispersion des efforts, conséquence d’un manque de concertation entre institutions, qui conduit à des doublons pour certains domaines d’activités et à des manques pour d’autres ;
- le potentiel offert par les progrès de la génomique ;
- le besoin de formation, et plus particulièrement dans le domaine des biotechnologies et de leurs applications en productions végétales ;
- la nécessité pour les chercheurs des pays en développement de pouvoir accéder à des outils tels que le marquage moléculaire, par la création de « plates-formes » techniques dans un ou plusieurs pays du Sud, afin d’assurer un transfert durable des nouvelles technologies appliquées à l’amélioration des productions végétales ;
- la prise de conscience du potentiel de l’approche multidisciplinaire et de ce que ce type de recherche peut apporter, tout en constatant les difficultés pour développer une telle approche du fait de l’histoire de nos disciplines scientifiques.
Recommandations
5En conclusion des débats qui ont suivi les présentations orales, un certain nombre de recommandations ont été formulées :
- continuer et développer le dialogue amorcé durant l’atelier ;
- publier et diffuser les actes de l’atelier le plus rapidement possible ;
- élaborer une plaquette présentant les principaux résultats et conclusions de l’atelier dans un langage accessible au grand public afin de continuer et d’encourager le dialogue entre chercheurs et paysans ;
- développer des structures permettant l’utilisation locale des outils de biotechnologies telles que celle envisagée à Niamey sous forme de structure mixte (recherche et formation) pluri-institutionnelle (sur la base du laboratoire développé par l’IRD) ;
- développer les ressources humaines associées à ces structures pour en assurer le bon fonctionnement (formation) ;
- développer la multidisciplinarité sciences humaines/biologie ;
- préparer des éléments de projets qui pourront être examinés et développés au cours d’ateliers de travail nationaux ou régionaux ;
- développer un (ou plusieurs) projet(s) fédérateur(s) tels que :
- « Concilier préservation de l’agrobiodiversité du mil et les impératifs de production ». Un tel projet permettrait d’utiliser les résultats des recherches fondamentales sur la diversité pour la définition de stratégies semencières ;
- « Analyse des changements dans la structuration de la diversité des mils au Niger » impliquant une comparaison de la distribution des variétés de mil au début des années 2000 (2003 ou 2004) avec celle observée lors des prospections effectuées près de trente ans plus tôt (1975-1976). Outre des généticiens, pourront être associées dans un tel projet des personnes ressources spécialisées dans les aspects qui concernent l’environnement physique, mais aussi des chercheurs en sciences humaines dont le rôle sera primordial pour l’analyse des causes des changements en rapport avec les activités humaines ;
- considérer les différentes structures permettant le développement de ces projets (type CORAF ou autres réseaux).
6Des échanges scientifiques qui ont eu lieu durant l’atelier devront se dégager de nouvelles pistes de recherche et d’application des connaissances à la conservation et l’utilisation des ressources génétiques des mils. Nous souhaitons qu’elles puissent ensuite être explorées en partenariat par les participants à cet atelier.
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Ressources génétiques des mils en Afrique de l’Ouest
Diversité, conservation et valorisation
Gilles Bezançon et Jean-Louis Pham (dir.)
2004
Ressources vivrières et choix alimentaires dans le bassin du lac Tchad
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2005
Dynamique et usages de la mangrove dans les pays des rivières du Sud, du Sénégal à la Sierra Leone
Marie-Christine Cormier-Salem (dir.)
1991
Patrimoines naturels au Sud
Territoires, identités et stratégies locales
Marie-Christine Cormier-Salem, Dominique Juhé-Beaulaton, Jean Boutrais et al. (dir.)
2005
Histoire et agronomie
Entre ruptures et durée
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2007
Quelles aires protégées pour l’Afrique de l’Ouest ?
Conservation de la biodiversité et développement
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2007
Gestion intégrée des ressources naturelles en zones inondables tropicales
Didier Orange, Robert Arfi, Marcel Kuper et al. (dir.)
2002