Enjeux et réalité de l’activité écotouristique au Mozambique : le cas de l’archipel de Bazaruto
Challenges and realities of ecotourism in Mozambique: The case of Bazaruto Archipelago
p. 323-343
Résumés
Situé dans la province d'Inhambane, l'archipel de Bazaruto est sans conteste un des joyaux naturels du Mozambique. Classé Parc national marin depuis 1971, ses cinq îles, à forte biodiversité et dotées d'espèces protégées, font assaut de dégradés de tons de bleu et de vert émeraude ourlés de dunes blanches. Des groupes de pêcheurs y vivent de leur labeur à la barre d'embarcations traditionnelles. Ce cadre idyllique n'a pas laissé indifférents les groupes hôteliers étrangers qui, depuis la décennie 1990 et incités en cela par l'État central, s'y sont implantés sur un créneau faible densité-haute valeur ajoutée. L'articulation entre ces priorités s'inscrit dans les tendances à l'œuvre dans les pays du Sud où le développement du secteur touristique s'opère sous forme d'enclaves écologiques, au risque de tomber dans une sanctuarisation élitiste. Conscient de la nécessité d'associer les communautés d'accueil aux enjeux des politiques de conservation et d'essor touristique, le gouvernement mozambicain, inspiré par les ONG environnementales, y a instauré une politique écotouristique ambitieuse, quoique fragile et non exempte d'accents homogénéisants et paternalistes.
Located in the province of Inhambane, the Bazaruto Archipelago is undoubtedly one of Mozambique’s natural jewels. Classified as a National Marine Park since 1971, its five islands are endowed with high biodiversity and protected species, in a paradisiac landscape of degraded shades of blue and emerald green edged with white dunes. Groups of fishermen live locally at the helm of traditional dhows. This idyllic setting has not left indifferent foreign hotel groups. Implanted since the 1990s and encouraged by the central government, they are located on a “low impact-high value” strategy. Combining these priorities is part of the trends at work in southern countries where the tourism development often occurs as ecological enclaves in an elitist and sanctuarising way. Because of the need to involve local communities in policy issues of conservation and tourism, the Mozambican State, inspired by environmental NGOs, has established an ambitious ecotourism policy, albeit fragile and not without uniformizing and paternalistic accents.
Entrées d’index
Mots-clés : Bazaruto, parc national, archipel, écotourisme, enjeux, acteurs
Keywords : Bazaruto, national park, archipelago, ecotourism, stakes, actors
Texte intégral
1À 700 km au nord de Maputo dans la province d’Inhambane au Mozambique, distant d’une quarantaine de kilomètres du liseré côtier, affleure un chapelet d’îles très courtisées : l’archipel de Bazaruto. Séparée du continent africain il y a 25 000 ans, conséquence de la montée du niveau marin (Dutton et Zolho, 1990), cette ancienne péninsule voit s’égrener, du sud vers le nord, les espaces insulaires de Bangué, Magaruque, Benguerra, l’éponyme Bazaruto et Santa Carolina (fig. 1). Classé parc national marin depuis 1971, au regard de sa biodiversité et d’espèces marines menacées de disparition, l’espace protégé, adossé au Fonds mondial pour la nature (WWF), n’a pris sa forme définitive qu’en 2001. Alors que le gouvernement démocratique mozambicain a opté, dans la décennie 1990, pour une politique néolibérale axée sur la venue d’investisseurs étrangers (Folio, 2008), cette zone a en parallèle été déclarée aire touristique prioritaire, bien qu’ouverte à un tourisme haut de gamme. Afin de complaire aux velléités écologiques motivées par l’extérieur, le tourisme durable et son créneau écotouristique1 ont été vus comme permettant d’unir conservation et entrée de recettes par son caractère sélectif (Mahumane, 2001). L’association des communautés résidentes, vivant des ressources marines, s’est imposée comme un nouvel enjeu de la stratégie locale.
2L’archipel de Bazaruto est pour le moins représentatif d’une politique écotouristique impulsée par le haut au sein d’un État en développement. Motivé par des considérations écologiques puis sociales importées, le fonctionnement local y prend des accents paternalistes (Bertrand, 2004). Tour à tour vanté et critiqué, le parc est-il symptomatique de la gageure de concilier des logiques d’acteurs contrastées dans un pays par ailleurs dépendant de l’extérieur ? L’application de l’écotourisme à Bazaruto ne doit-elle pas se lire au-delà de la vaine vision homogénéisante et du jeu de rôle usuellement souligné en de tels espaces ?
Enjeux du parc national de Bazaruto
Des acteurs institutionnels multiples pour des objectifs précis
3Le parc national de Bazaruto fut constitué en 1971, précédant l’indépendance du pays et les années de conflit civil qui s’ensuivirent. Il a fallu à ce titre attendre l’année 1989 pour qu’une administration soit mise en place, le DNFFB (cf. glossaire), émanant du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. À cette date, l’aire du parc inclut les îles de Benguerra, de Magaruque et de Bangué, qu’entoure une surface maritime de cinq miles nautiques. Ces 600 km2 de surfaces protégées excluent par conséquent les îles de Bazaruto et de Santa Carolina, classifiées en tant qu’aires de surveillance. L’objectif initial est clairement affiché : protéger les espèces en danger de dugongs et de tortues marines. Instaurer cette responsabilité sous le sceau de la conservation est rendue possible grâce au support du WWF Afrique du Sud et de EWT (Endangered Wildlife Trust, aujourd’hui FNP), une ONG nationale. Ces organismes conduisent des études d’impact et initient un programme communautaire de formation de gardiens (mugonsizes) au Gorongosa Wildlife Training School. Sur la scène nationale, au terme des premières élections démocratiques de 1994, le versant néo-libéral est amorcé. L’autorité pour les espaces protégés est transférée du ministère de l’Agriculture à celui du Tourisme (Mitur) nouvellement créé, plus particulièrement à la Direction nationale des aires de conservation (DNAC). Les priorités du gouvernement, outre l’exportation des ressources minières et agricoles, portent peu à peu sur le secteur du tourisme et les impératifs de conservation, vus comme compatibles. En 1998, WWF Suisse se lance dans le financement du parc à travers le Multiple Ressource Use Project (MRUP), programme qui poursuit deux objectifs : l’élaboration d’un Plan de gestion ainsi que l’extension du parc à l’ensemble de l’archipel dans une approche éco-systémique cohérente. Le parc est finalement étendu aux cinq îles – appelé le Bazaruto Archipelago National Park (BANP) – couvrant aujourd’hui 1 430 km2. Le Management Plan est aussi approuvé pour la période 2002-2006 (reconduit, il court aujourd’hui jusqu’à 2012) et comporte des directives en matière d’environnement, d’aménagement de l’espace bâti, notamment touristique et de la maîtrise des ressources (pêche, agriculture). Un second projet de développement est créé, approuvé par le DNAC et soumis aux bailleurs de fonds internationaux, intitulé le Bazaruto Community-Based Natural Resource Management (CBNRM) pour la période 2003-2007. Si le MRUP, financé par WWF Suisse (mais aussi WWF Suède), a atteint ses objectifs initiaux et vise la poursuite de la préservation des ressources et la collaboration entre les acteurs sur le terrain, le CBNRM est lui financé par le WWF Norvège et l’Agence norvégienne de développement et de coopération (Norad). Il a pour finalité l’amélioration du bien-être des populations rurales à travers des mécanismes de durabilité. Après les aspirations écologiques, les considérations sociales font donc leur apparition. Au total, entre 2001 et 2005, les fonds attribués au BANP ont été estimés à 2,5 millions US$. L’application des mesures, actées dans les divers programmes, est effectuée sur place par un partenariat triparti réunissant le parc (associant ici hôtels et communautés), le WWF et le FNP
Parc, touristes et pêcheurs : quand le Nord côtoie le Sud autour des ressources marines
4L’archipel de Bazaruto est emblématique tout à la fois de la richesse et de la fragilité des aires marines mozambicaines. Ses écosystèmes recouvrent un bel éventail d’espèces floristiques et faunistiques. Le paysage le plus remarquable en est les spectaculaires dunes de sable précédant les casuarinas, palmiers et autres anacardiers. Mais on dénombre également, outre les fonds marins récifaux qui font le bonheur des vacanciers et des plongeurs (en particulier le site de Two Miles Reef), des aires de mangrove, des plages rocheuses et de sable fin – parfois abritées dans des lagons -, des beachrocks exondés et, dans l’intérieur des terres, des lacs d’eau douce ainsi que des espaces forestiers d’acacias et de savanes. L’espèce mythique du dugong, mammifère marin de l’ordre des Siréniens, à l’effectif viable en Afrique de l’Est, apprécie ses franges littorales herbeuses occidentales auprès des baies (Dutton, 2004)2. En bordure du profond canal mozambicain, la zone est par ailleurs riche en marlins et espadons, tandis que des bancs de poissons d’eau chaude (dorado, kingfish...) la sillonnent. Mondialement connue pour la pêche au gros, son avifaune comprend de surcroît plus de 180 espèces recensées, à l’intérieur des îles, l’écureuil à queue rouge, le singe de Samango et le crocodile du Nil complètent sa vie sauvage. L’isolement de l’archipel du continent durant les périodes de variation du niveau marin a contribué à préserver une telle biodiversité. Les organisations environnementales internationales lui prêtent depuis une attention soutenue. Quant à l’État mozambicain, il a déjà exprimé son souhait de voir ce site classé au patrimoine mondial de l’humanité (rejoignant ainsi Ilha de Moçambique).
5Les îles de Bazaruto ne sont pas inhabitées. Elles accueillent un peuplement d’environ 3 500 personnes, vivant de façon traditionnelle et réparties parmi sept communautés (Ramsay, 1995) : on en recense trois à Bazaruto et à Benguerra ainsi qu’un petit groupe de 200 individus à Magaruque (photo 1). La grande majorité de ces insulaires appartiennent au groupe ethnique Tsonga3. Ils parlent un dialecte spécifique, le Xitsonga, différent de la langue Xitsua présente sur la côte. Leur niveau de vie est faible avec un accès aux services publics précaire (Ricardo, 2004). La pêche artisanale, organisée autour de 52 camps, est l’activité la plus répandue et la principale source de revenus pour 70 % des locaux (les produits sont destinés à la consommation personnelle, vendus à Vilanculos et depuis peu aux hôtels de l’île). Les autres activités concernent la construction d’embarcations et les transports vers la terre ferme, ainsi qu’une agriculture résiduelle (patate douce, manioc) tournée vers la subsistance et qui reste avant tout le fait des femmes (mais en diminution devant les restrictions du parc).
6L’archipel de Bazaruto a été identifié par l’État mozambicain comme zone prioritaire de développement touristique à l’échelle nationale. Cependant, une spécialisation dans le tourisme haut de gamme a ici été consacrée (Muatxiwa et Ernesto, 2007). L’essor hôtelier, sous forme d’ecolodges, date de la moitié de la décennie 1990, même si quelques hôtels fonctionnaient déjà sous la période socialiste. On en recense actuellement 5 sur les îles, de quatre à cinq étoiles, disposant en général de leur piste d’aéroport. Positionnés autour du credo sea, sun, sand, ils misent sur les niches honey-mooner et la pêche sportive : on dénombre l’émirati Rani Resorts’ Indigo Bay et le portugais Pestana’s Bazaruto Lodge sur Bazaruto, Marlin Lodge (aux propriétaires sud-africains, photo 2), Benguerra Lodge (zimbabwéens) et Azurra (fruit d’un partenariat récent entre un insulaire et des promoteurs britanniques) sur Benguerra. L’intention officielle du gouvernement est de s’en tenir à ces lodges, à l’aune d’une politique à faible impact, afin de réduire les empreintes écologiques. Les visiteurs proviennent en majorité d’Afrique du Sud et du Zimbabwe pour le segment africain, les ultra-marins étant des ressortissants européens et américains (pour qui les îles constituent des pleasure periphery, Turner et Ash, 1976)4. Cet essor élitiste, à la « seychelloise », conduit plus de 6 400 touristes chaque année à résider sur les îles. Toutefois, ce chiffre ne prend sans doute pas en compte autant de visiteurs accostant sur les îles depuis Vilanculos, via les tours organisés à la journée (où l’on relève une plus grande diversité de nationalités, incluant des Mozambicains assez aisés).
Les matérialisations d’une stratégie locale ambitieuse
7Le parc de Bazaruto communique aujourd’hui sur l’amélioration du contrôle et de la protection des ressources biologiques, de même que sur une implication communautaire soutenue par le biais des projets de conservation. Des succès sont mis en avant, parmi lesquels une protection renforcée des deux espèces phares, les dugongs et les tortues (Provancha et Stolen, 2008), des zones de pêche laissées en repos ou un moindre usage des filets dérivants par les locaux (auxquels s’ajoutent les quotas de pêche). Adapté de l’expérience namibienne, le projet Management Oriented Monitoring System (MOMS) met à contribution depuis 2005 les acteurs communautaires et hôteliers dans le contrôle particularisé des ressources par le relevé de données. Les apports socio-économiques liés aux organes participatifs existent par ailleurs. Le point de jonction entre le parc, le secteur privé et les insulaires se situe au niveau des organisations communautaires constituées en vertu du projet CBNRM. Dans un souci de gestion commune et d’utilisation soutenable des ressources, elles y ont pris une forme associative. Forgées autour d’une croyance dans les vertus de la communauté (Tisdell, 2001), elles constituent des entités légales, aux membres élus. Représentant les intérêts des populations résidentes (en liaison avec le BANP et les hôtels présents), elles se nomment Thomba Yehu à Bazaruto et Kanhi Kwedhu à Benguerra.
8Fer de lance de la politique écotouristique du BANP, une « taxe communautaire et de conservation » a été mise en place à l’orée des années 2000. Soumise aux visiteurs pénétrant dans le périmètre du parc et d’un montant de 10 US$, elle est collectée, pour les seuls touristes résidents, par les lodges5. Depuis 2003, la législation stipule que 20 % des taxes touristiques sont allouées aux associations, les 80 % restant devant remplir les caisses du ministère du Tourisme (soit l’État), avant distribution au parc. S’il est possible d’avancer que des améliorations des conditions socio-économiques locales ont vu le jour depuis l’établissement du BANP, les initiatives, spécifiques et bigarrées, sont habilement mises en avant par les hôtels dans leur opération de communication. Pêle-mêle, ces réalisations incluent la création d’écoles primaires et l’ouverture de nouvelles classes, l’établissement d’un centre communautaire (par Rani Resort) et d’un poste de santé à Bazaruto. En plus des programmes de prévention contre la malaria ou le sida, un marché communautaire fournit aussi l’hôtel Indigo Bay en produits frais6. L’île de Benguerra mise, elle, sur les études longues hors de l’île pour un panel de jeunes et des programmes d’alphabétisation pour les adultes (une clinique est également prévue sur l’île).
9En matière de coopération locale, les pêcheurs marchandent une partie de leur stock aux restaurants des lodges tandis que des programmes d’échange (accès gratuit à des produits de base contre la réfection de la route de l’aéroport à Benguerra, par exemple) ont été instaurés. Les hôtels disent par ailleurs employer les insulaires au sein de l’industrie touristique. Les embarcations traditionnelles sont ainsi sollicitées par les établissements hôteliers pour le transport de marchandises et plus rarement en vue des croisières (dhow safari). Enfin, outre l’accès à l’eau potable, les locaux bénéficient eux-mêmes du transport maritime motorisé vers la côte.
Au-delà des succès affichés, les limites d’une politique de conservation
10L’activité du parc de Bazaruto ne reste toutefois pas exempte de défis, rendant sa politique écotouristique précaire et inaboutie. L’entente entre les protagonistes est contrariée par les entorses aux réglementations fixées par le Management Plan. Des décisions prises par les opérateurs touristiques s’avèrent ainsi en contradiction avec les limitations du plan et mettent à mal la capacité de charge de l’archipel. Des frustrations ont pu émaner de la conduite par certains hôtels de nouveaux projets de constructions touristiques, en accord, semble-t-il, avec l’État central, alors que ces initiatives sont normalement très encadrées7.
11Par ailleurs, J. Taylor (2003) a pu démontrer que des négociations sont menées par certains lodges directement auprès de sous-sections des communautés afin notamment de privatiser le cordon sableux au-devant des hôtels à des fins récréatives, et ce contre des compensations (celles-ci étant accordées individuellement aux pêcheurs ou collectivement aux familles ramassant les huîtres de plage). Ce faisant, ces arrangements rendent caduc le souhait du parc d’établir un système unifié selon lequel les communautés, dans leur ensemble, bénéficieraient du tourisme ; aux inégalités entre insulaires s’ajoute le fait que le BANP est court-circuité des processus de décision relatifs à la gestion des ressources. D’autres violations ont été rapportées comme la présence sur les îles de véhicules motorisés s’exonérant des autorisations (délivrées théoriquement par l’administration du parc), les constructions sur la plage, la destruction des dunes ou encore l’extension des pistes d’aéroport qui, ici encore, aurait eu l’aval du Département civil de l’aviation sans que le BANP n’ait été au préalable consulté. Plus largement, les hôtels font en général usage de générateurs électriques et impactent l’environnement par des opérations de pompage d’eau ou de suppression de dalles de beach-rocks.
12Les griefs ne sont pas tous dirigés à l’encontre des prestataires privés. Ceux-ci ont aussi beau jeu – et ne s’en privent d’ailleurs pas – de pointer du doigt des règles environnementales appliquées de façon hétérogène, au sens où ils ont l’impression d’être constamment visés alors que les activités communautaires ne semblent pas réglementées avec le même zèle (notamment la surpêche ou le brûlis), de même que les destructions du corail par les visiteurs journaliers. Du côté des populations résidentes, si l’on conçoit que la gestion environnementale de l’archipel soit une bonne initiative et que le tourisme peut impulser un développement local (Johnstone, 2002), on soutient que le temps passé en mer est aujourd’hui accentué par le fait qu’il faille pêcher plus loin, dans des eaux moins poissonneuses que par le passé ; de plus, les restrictions du parc, concernant l’agriculture, excluent toute diversification des activités et leur font dépendre des uniques ressources marines.
Des retombées socio-économiques en butte à la réalité du terrain
13Dans les faits, les emplois locaux au sein de l’industrie touristique insulaire ne sont pas des postes à responsabilité (agent d’entretien, guardas, skipper). Ils touchent également une part mineure des résidents : 17 % des insulaires selon le WWF (Cunliffe et al., 2005). Le potentiel culturel dans l’artisanat, à travers les manifestations (par exemple, musicales) ou dans la formation de guides locaux, demeure quant à lui sous-exploité. Si l’on inclut les pêcheurs, les gardes, les vendeurs d’huîtres et de crabes, les loueurs de bateaux et enfin les vendeurs de souvenirs, ce ne sont guère que 25 % des insulaires qui profiteraient de la présence des opérateurs touristiques sur les îles (Engdahl et al., 2001). Ceux-ci engrangent la majorité (70 %) des profits réalisés dans l’archipel (via les séjours prépayés), l’autre partie des recettes allant ou vers l’État par le biais des taxes (cf. supra), ou vers les fournisseurs basés pour la plupart à Vilanculos ou à Maputo, les biens consommés par les touristes étant en grande partie importés.
14Qui plus est, les mécanismes de redistribution associative des sommes prélevées sur les touristes sont loin d’être évidents. Au mieux une réduction de ces fonds a pris effet depuis le milieu de la décennie 2000, quand il ne s’est pas agi de leur annulation pure et simple. Critiquant un certain flou quant à leur utilisation réelle, des hôtels ont fait le choix de ne plus les distribuer. Les transferts des taxes sont ainsi réalisés de façon hétérogène entre les lodges. Du côté du BANP, depuis la législation en 2003, aucune part des taxes n’a également été répercutée aux locaux. Les raisons avancées sont qu’il lui manque l’autorité légitime pour agir de la sorte (dans l’attente d’une loi) et qu’aucun système tangible de répartition des revenus issus des opérateurs continentaux (taxes à la journée) n’a été constitué.
15Au final, le manque de coordination entre les acteurs institutionnels et privés (le parc et l’État, les hôtels entre eux et avec le parc) est patent, le touriste, de son côté, reste persuadé de s’être acquitté de ses « responsabilités » durables. Ces défauts de coordination entre les protagonistes ont été critiqués dans le dernier rapport du WWF sur le suivi des projets de gestion des ressources dans l’archipel (Cunliffe et al., 2005). Le faible support financier du Mitur ne faciliterait pas les tentatives de l’administration du parc de contraindre le secteur privé à se tenir aux directives du plan de gestion. On peut d’ailleurs se demander si la défaillance ne serait pas feinte, quand on voit que l’administration cadastrale continue d’allouer des parcelles de terrain sur les îles. Même les associations locales, érigées en parangon de démocratie participative, peinent à réellement être opérationnelles : en pratique, les réunions se tiennent sur un rythme moins régulier que ce qui avait été espéré ; initialement gérées par les hôtels, elles fonctionnent dorénavant en autonomie mais leurs représentants manquent de formation dans les domaines institutionnels et organisationnels (comme la gestion financière) et ne parviennent pas toujours à appliquer uniformément les décisions.
De la difficulté à concevoir une politique écotouristique
Une différentiation au sein des acteurs locaux à ne pas négliger
16Le parc de Bazaruto paraît avoir été établi dans un contexte insulaire exploratoire. Des accomplissements existent. Il reste que les impératifs de chacun sont difficilement conciliables pour les unir parfaitement dans un schéma fixe. Les généralisations sont de mise pour évoquer les responsabilités ou les dividendes accumulés par chacun. L’équilibre paraît déjà péniblement atteint entre les acteurs que constituent les opérateurs touristiques, le BANP (et les organes publics), les ONG, les communautés locales et enfin la clientèle touristique, tant les intérêts – qu’ils soient économiques, écologiques ou sociaux – s’expriment à des échelles et à des niveaux d’intensité et de priorité différents. En outre, les différenciations, en leur sein même, sont insuffisamment prises en compte et éclairent certaines des ambiguïtés écotouristiques insulaires (fig. 2).
17Ainsi, la relative homogénéité établie du côté des acteurs institutionnels (nationaux) comme privés (étrangers) ne résiste pas à la réalité des faits : c’est le WWF, présent dans l’archipel depuis 1989, qui a pu former les membres travaillant dans la conservation et aider à la création du parc. De plus, ce sont différentes sections nationales de cet organisme qui constituent les bailleurs du parc (Suisse, Norvège), avec des objectifs introduits assez génériques (le MOMS ou l’initiative CBNRM en Afrique australe). Du côté des acteurs mozambicains, l’écheveau administratif est à l’origine, on l’a évoqué, des incohérences dans l’application de la politique écotouristique, qui vont au-delà des seules dissonances entre le parc et le ministère du Tourisme (Earthdive.com, 2006).
18Quant aux investisseurs étrangers, ils émanent de diverses chaînes internationales et fonctionnent, faut-il le rappeler, dans un climat concurrentiel. Il en résulte que les hôtels n’ont pas tous les mêmes et constantes préoccupations écotouristiques... Aussi, le sentiment général de rétribution communautaire à marche forcée n’occulte-t-il pas des initiatives volontaristes émanant de certains lodges et de certaines îles par rapport à d’autres. Les enquêtes d’opinion auprès des communautés traduisent ainsi des lignes de fracture au plan local, pour schématiser entre l’île de Benguerra (impression positive), celle de Bazaruto (plus nuancée) et celle de Magaruque (aucun lien) ; de même, les interactions et les retombées économiques sont davantage plébiscitées à l’endroit de certains hôtels, au nombre desquels on peut citer Azzura, Marlin Lodge ou Indigo Bay.
19Dans ce prolongement, qu’entend-on in situ par individus locaux ? Nombre de travailleurs mozambicains engagés par les hôtels sont en réalité originaires du continent (Matsua) et vivent temporairement sur place, le temps de leur service. Ils sont en général assez bien intégrés, contribuant à l’économie locale en vendant des produits de consommation ramenés de la côte ou en achetant ici des poissons. Qui plus est, y compris chez les insulaires, des individus se distinguent de la « communauté » globalisante (en dehors des leaders communautaires) ; ils occupent une nouvelle position sociale ou ont vu leur influence se consolider, en tant que loueurs des bateaux de croisière, propriétaires des camps de pêche, membres votants d’une des associations ou ex-travailleurs des hôtels ayant depuis ouvert de petits commerces (banco).
Sur le déficit de l’investissement communautaire et des répercussions écotouristiques
20Le parc national de Bazaruto a été constitué de façon assez subite avec, au tout départ, une dimension surtout liée à la conservation et prenant des accents paternalistes. L’impression qui s’en dégage est que, depuis lors, l’on tente de remédier à cette insuffisance en collant au label de la durabilité touristique universelle. Mais le rôle du parc se borne souvent à la mise en place des règles à respecter, ensuite à celui de guider les communautés dans le besoin (rôle du père protecteur). À la question des souhaits de collaboration avec le BANP, les insulaires identifient spontanément des ressources matérielles et équipements faisant défaut sur les îles (Taylor, 2003). Les emplois liés au tourisme viennent bien après et l’idée d’un véritable partenariat avec le parc est peu évoquée. Tout ce qui a été décidé localement est exogène, le bottom up ne semble guère une pratique répandue en dépit de la création d’associations. La participation des insulaires ne se situe qu’à la marge et, au final, le découplage de niveau et de mode de vie est manifeste : les contrastes perceptifs sont énormes entre des individus comptant parmi les plus riches voyageurs du Mozambique et des populations de pêcheurs traditionnelles, au système de valeur différent de celui même des continentaux. Dès lors, une perpétuation de cette grille de lecture est à l’œuvre, nonobstant une association timide des résidents qui semble, pour le moment, conforter le rapport Nord-Sud et un ordre social quelque peu figé. Il est trop facile de blâmer les prestataires hôteliers. Les insulaires ne souhaitent pas forcément s’investir davantage dans l’industrie touristique. S. Engdahl et al. (2001) avait déjà évoqué le bas niveau de qualification, la faible maîtrise des langues (anglaise ou portugaise) et parfois jusqu’à l’absence de documents d’identité pour interpréter l’intégration ténue des résidents dans le secteur touristique. B. Claquin (2008) évoque pour sa part un décalage entre un quotidien organisé autour de la pêche sur une logique court-termiste et flexible, et des normes d’emplois à l’occidentale plus rigides (routine du 8 h-17 h, salaire mensuel et non plus journalier). Il ressort tout de même des enquêtes d’opinion que, en lien avec une mobilité formatrice, les emplois touristiques (particulièrement ceux liés aux métiers de la mer) sont vus comme une opportunité du côté des nouvelles générations qui veulent aussi conjurer un certain immobilisme social, mais que, pour l’heure, la discrimination hôtelière (favorisant les continentaux au détriment des insulaires) demeurait une réalité.
21S’agissant de l’écotaxe, les mécanismes de sa répartition sont loin d’être transparents (au plan inter- ainsi qu’intra-insulaire). Restent des initiatives bien réelles, mais dont certaines (commerce en dur, livres et uniformes scolaires...) émanent en fait des donations de la part des touristes lors de leur séjour8. Celles-ci ne sont pas négligeables et incarnent un complément notable aux fonds de la vitrine écotouristique (même si les hôtels ne font pas forcément la distinction entre elles et la taxe communautaire). Cela étant, bien que n’imposant pas uniformément les touristes et s’inscrivant dans un canal réglementé, il s’agit d’un transfert de richesse de l’activité touristique vers les locaux. Tout du moins et nuançant cette assertion, il instaure des disparités entre les communautés (celles plus proches des hôtels sont les plus avantagées), discrédite les autorités du parc en l’évacuant des processus de répartition et pour finir emprunte quelque accent humanitaire.
L’ingérence d’acteurs extérieurs : un espace source d’enjeux
22Le relatif sentiment d’impunité dans la politique de conservation à Bazaruto est facilité par l’absence d’une administration forte au plan local. À ce stade, on peut s’interroger sur l’immixtion des nombreux ministères qui traduit, à bien des égards, les intérêts financiers majeurs pour l’État mozambicain. Ce dernier ne tient absolument pas à rester en dehors du jeu. D’un côté, il s’agit de garder la main sur la manne touristique ; de l’autre, il importe, dans une posture presque schizophrénique, de complaire aux acteurs détenteurs de pouvoirs, hôteliers comme conservationistes. Les objectifs sont en fait doubles : les opérateurs privés et les touristes sont sujets à de nombreuses taxes9, tandis que les sections du WWF demeurent les bailleurs du BANP (et que ce dernier ne parvient pas à être financièrement autonome). Or, les buts poursuivis par ces entités ne sont pas toujours compatibles, voire limpides (le Norad mène ainsi un programme d’expertise Oil for development au Mozambique), forçant le gouvernement à déployer un grand pragmatisme.
23La situation risque encore de se tendre avec l’arrivée d’un nouvel acteur exogène en bordure du périmètre du parc : le géant sud-africain Sasol. L’État mozambicain, qui cherche à développer l’industrie pétrolière off shore, vient de lui accorder une concession d’exploration et de production dans les blocs 16 et 18. Celle-ci jouxte le BANP (fig. 1). La prospection prévoit des tests sismiques en vue de la découverte de ressources gazières, qui pourrait mener ensuite à une exploitation intensive de la région. Le projet a été dénoncé par les organisations écologiques et les prestataires touristiques (WWF, hôtel, Office du tourisme de Vilanculos) concernant, d’une part, l’impact écologique des tests (effets des infrasons sur les populations de dugongs et de dauphins), d’autre part, la dénaturation du site à plus long terme. Cet événement montre en premier lieu qu’existe une convergence de vue entre écologistes et industriels du tourisme, alors que les populations locales ne sont que peu au fait (hors patrons pêcheurs) de cette initiative (Claquin, 2008). En second lieu, le projet sera bien conduit (Engineering news, 2008), ce qui confirme que pour l’État mozambicain le maintien de la confiance des promoteurs touristiques et la préservation de l’environnement n’annihilent pas l’opportunité de ressources favorables à l’essor économique du pays (et de la région), à l’apport de devises et à la création d’emplois (Mondialisation.ca, 2006). Ils seraient compatibles dans le cadre d’une juxtaposition spatiale à faible densité10. En dernier lieu, l’on saisit, au vu des enjeux, qu’il est certains secteurs (tourisme de luxe) et espèces protégées (les big five marins) qui paraissent éminemment stratégiques. Certes les préoccupations portent actuellement sur la restauration de la biodiversité des ressources marines en diminution dans l’archipel. Des mesures de contrôle et de sensibilisation sont entreprises auprès des gens du cru. Mais il est évident que les actions doivent se coordonner sur plusieurs plans. Si on ne peut évacuer les cas de surpêche de la part des insulaires (notamment d’espèces comme le homard, prisées par les hôtels), il est difficile d’évacuer la réalité des norias des navires de pêche asiatiques ou espagnols qui sillonnent les eaux mozambicaines ; de surcroît, les pêcheurs du continent restent en compétition forte avec les insulaires, avec qui les relations se sont ces derniers temps dégradées11.
24Le cas de l’archipel de Bazaruto n’est-il finalement que caractéristique des espoirs – souvent idéalisés, voire déconnectés – placés en la politique écotouristique internationale ? La vision idyllique de l’écotourisme, presque simpliste, est depuis plusieurs années sujette à débat (Ross et Wall, 1999 ; Wunder, 2000). K. A. Ziffer (1989) rappelle que la conservation des écosystèmes qui parviendrait à digérer une partie de l’énorme marché touristique, tout en en faisant bénéficier les communautés locales, s’apparente, à tout le moins, à une délicate alliance. On s’interroge sur les possibilités réelles qu’ont les acteurs locaux de maîtriser les enjeux autour de l’industrie touristique et, finalement, sur la compatibilité entre protection patrimoniale et impératifs du marché (Gagnon et Gagnon, 2006). B. Sarrasin (2007) argue pour sa part que l’écotourisme « s’insère dans un dispositif d’arbitrages qui produit nécessairement des solutions déséquilibrées », observant l’exportation de valeurs occidentales dans des aires parfois peu ou pas intégrées à l’économie capitaliste. Dans le cas qui nous concerne, après une phase initiale où les big five marins ont paru valoir autant que les habitants de l’archipel, on ne peut nier que la politique écotouristique de Bazaruto ait, depuis, été suivie d’effets induits. Toutefois, cela s’inscrit de manière différenciée, spatialement et individuellement et on reste loin de l’écotourisme communautaire et d’une vraie interprétation patrimoniale. Il est de plus trop tôt pour mesurer le double phénomène d’altérité (interrelations avec les touristes et les travailleurs continentaux) en cours. Quant aux réalisations positives, elles suscitent une interrogation consubstantielle à l’écotourisme même : le succès de cette politique n’est-il pas lié à son caractère confidentiel et marginal (ici sélectif quoique fragile) ? Bazaruto traduit une logique d’isolats pour tourisme de luxe, exprimant un contrôle territorial élitiste sur un espace naturel et protégé (Depraz et Héritier, 2009). Le tout bénéficie de l’appui d’un État conciliant, sous l’influence d’acteurs internationaux, de l’onction écologique et de la redoutable rhétorique associative. Pour autant, les initiatives – dont certaines expérimentales et dont le décalage dans le temps est intéressant à relever – existent, aux répercussions locales très différenciées.
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Annexe
Glossaire
BANP : Bazaruto Archipelago National Park
CBNRM : Bazaruto Community-Based Natural Resource Management
DNFFB : National Directorate for Foresty and Wildlife
EWT : Endangered Wildlife Trust
FNP : Forum Natureza em Perigo
Mitur : Ministério de Turismo Moçambique
MOMS : Management-Oriented Monitoring System
MRUP : Multiple Resource Use Project
Norad : Norwegian Agency for Development Cooperation
Sasol : Suid Afrikaanse Steenkool en Olie
TIES : The International Ecotourism Society
UICN : Union internationale pour la conservation de la nature
WWF SARPO : World Wide Fund Southern African Regional Programme Office
Notes de bas de page
1 L’acte de naissance de l’écotourisme date du sommet mondial de Québec en 2002, même si depuis 1983 (et dès 1976 avec le précurseur Budowski), le mexicain Ceballos-Lascurain insistait sur ce « concept de voyage de découverte dans une nature préservée avec l’accent mis sur l’éducation et la sensibilité du milieu ». Passé depuis à travers le tamis de la durabilité, il constitue un tourisme de nature, son essence première, orienté vers l’observation et l’interprétation de la nature et des caractéristiques culturelles des lieux visités, avec une fibre communautaire se renforçant (Société internationale d’écotourisme – TIES, 1991, Union internationale pour la conservation de la nature – UICN, 1996).
2 Il incarne l’emblème de Bazaruto et fait partie, en compagnie des tortues marines, des requins baleines, des dauphins et des raies manta, des big five marins du parc.
3 Arrivé depuis le milieu du xviiie siècle, même si un peuplement originel plus ancien, les Dzivanes, a été répertorié (Henriksen, 1978).
4 Entretien avec M. J. Manuel Manuel, directeur de l’Office du tourisme de Vilanculos.
5 En parallèle, un système de tickets d’entrée a été introduit pour les visiteurs à la journée, bénéficiant au seul parc et scindé en deux catégories : l’une destinée aux étrangers (au tarif équivalent), la seconde à l’adresse des touristes nationaux (la taxe est alors de 4US$). Il est géré par les opérateurs touristiques continentaux.
6 Une démarche proche du Project garden sur l’île voisine de Benguerra, où le surplus de provisions, après consommation vivrière, est vendu aux hôtels.
7 Est à ce niveau visé l’accord ministériel de construction de 28 chalets supplémentaires et l’installation d’un golf octroyé à Indigo Bay ; un projet d’envergure, diligenté par le groupe zimbabwéen EcoDelta qui intéresse aussi Santa Carolina.
8 Entretien avec le manager général de l’hôtel Marlin Lodge, M. P. De Klerk.
9 Outre celle liée à la conservation, elles sont assorties à la pêche, la plongée sous-marine, les véhicules ou les concessions pour occuper le foncier sans l’aliéner.
10 Entretien avec Aristides Baloi (département de géographie, université Eduardo Mondlane, Maputo).
11 L’usage de techniques plus modernes et de bateaux rapides est couramment dénoncé.
Auteur
fabrice-jm.folio@univ-reunion.fr
Maître de conférences, université de la Réunion, Cregur
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