Niakhar : zone sentinelle depuis 1962
p. 72-73
Résumé
Dans les pays en développement, les données démographiques et épidémiologiques fiables sont rares, ce qui entrave l’établissement de mesures sanitaires et sociales appropriées. D’où l’idée de recueillir des données dans des zones géographiquement circonscrites et permettant un suivi sur le temps long.
Texte intégral
11962 : dans le sous-sol du Service de la statistique de Dakar au Sénégal, une idée germe. Celle de monter, en collaboration avec l’Orstom, des systèmes d’observation de la population rurale dont, à l’époque, les autorités ne savent que peu de choses. Deux sites, Paos-Koto et Niakhar, sont choisis et soumis à enquête systématique. Les chercheurs y récoltent des données de natalité, de mortalité, de migration et de santé, mais aussi des indicateurs portant sur la nutrition, l’éducation, les pratiques culturales et l’environnement. Si l’observatoire de Paos-Koto ferme dans les années 1980, celui de Niakhar au sud-est de Dakar perdure et offre l’une des plus longues et importantes séries de données d’Afrique en matière de suivi démographique et épidémiologique.
2Dès 1965, les chercheurs s’aperçoivent que la rougeole est responsable d’une forte mortalité. Ils organisent alors une campagne de vaccination dont ils parviennent à évaluer l’efficacité. Un succès fondateur. D’autres protocoles thérapeutiques sont établis et testés par la suite, contre la coqueluche, la méningite ou le paludisme. De quoi transformer l’observatoire de Niakhar en laboratoire à ciel ouvert, utilisé autant pour évaluer les méthodologies de recueil de données que les mesures sanitaires nécessaires.
3Cet outil a en outre permis d’étudier les transformations sociales et familiales et de suivre l’évolution d’une population qui est passée de 23 000 à 45 000 âmes entre 1983 et 2017. Grâce à lui, il est par exemple aujourd’hui possible de mener des études sur les réseaux sociaux et leur impact sur les comportements en matière de santé, ou d’évaluer la qualité des enquêtes nationales. Pionnier du genre, le site de Niakhar appartient désormais à un réseau de 50 observatoires créé à la fin des années 1990 en Asie et en Afrique, dont trois sont gérés au Sénégal par l’IRD : ceux de Bandafassi, Mlomp et Niakhar.
••• Le gouvernement sénégalais et l’Orstom ont créé l’un des premiers observatoires africains de population •••
« Le site de Niakhar, de renommée mondiale, par les multiples recherches et productions scientifiques qui ont servi au continent africain et au-delà, témoigne de l’histoire sanitaire, démographique et humaine de notre pays, dont il a contribué à bâtir les fondements. »
Professeure Awa Marie Coll Seck, ministre d’État auprès du président de la République du Sénégal
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