Histoire d’une recherche
p. 11-13
Texte intégral
1Cet ouvrage fait suite à trois années de séminaire soutenu par le Programme Environnement, Vie, Sociétés (PEVS) du CNRS de 2001 à 2003. Rappelons la genèse de ce séminaire, qui en éclaire certains tenants et aboutissants. C’est Christian Lévêque, directeur du PEVS entre 1998 et 2002, qui en a eu l’idée. Au départ, nul doute que cette volonté de conduire une recherche sur les ONG dans le domaine de la biodiversité témoigne de la perplexité – sinon de l’inquiétude – de l’écologue qui, au cours des années 1990, a vu la question de l’érosion de la diversité biologique échapper de plus en plus aux chercheurs des sciences de la vie qui avaient pourtant travaillé à la faire émerger sur la scène publique1. Au-delà de cet intérêt personnel, il y avait aussi le besoin d’un outil de structuration de la recherche. La vocation du Programme Environnement était de se saisir de problématiques environnementales encore peu stabilisées, de questions parfois mal formulées, traitées par des communautés scientifiques encore mal identifiées, afin d’impulser des dynamiques de recherche. Un des enjeux particuliers de cette approche interdisciplinaire provenait du fait que, pour l’essentiel, les chercheurs mobilisés jusqu’alors par les différentes phases du Programme Environnement sur les enjeux de la biodiversité appartenaient aux sciences de la vie2. C’est avec retard que les sciences de l’homme et de la société se sont saisies de l’objet « biodiversité » et, dans un premier temps, de la manière classique pointée par Marcel Jollivet, elles ont été invitées à le faire « sous l’influence » des conceptions et problématiques des sciences de la nature. Il importait donc que les sciences sociales, tout en poursuivant leur implication dans la problématique biodiversité, puissent développer leurs propres approches. Pour ce faire, il a été décidé que certains dispositifs de recherche élaborés par le PEVS en matière de biodiversité3 auraient pour but de construire une interdisciplinarité restreinte au domaine des sciences sociales. C’est le cas de ce séminaire.
2Quand il s’est agi de travailler au montage de celui-ci, nous ne partions pas de rien. Cette question avait déjà été abordée dans le cadre des travaux du groupe de travail « Perceptions, usages et représentations de la biodiversité » du programme Diversitas France, animé, dans un premier temps, par Jacques Weber et, dans un second, par Bernard Roussel et Anne Luxereau. Une journée d’étude consacrée aux « Associations et ONG dans le champ de la biodiversité » avait été organisée dans ce cadre par Bernard Roussel et Antoine Da Lage en juin 1998. D’autres programmes de recherches, financés notamment par le ministère de l’Environnement, avaient aussi porté sur le rôle des associations et des ONG dans le domaine de l’environnement4. La mobilisation de ces réseaux a assuré les premières étapes de la structuration d’un groupe de travail auquel de jeunes chercheurs, notamment géographes et politistes, se sont intégrés. On saluera tout particulièrement le travail effectué par François Constantin durant cette période délicate de construction d’un collectif de recherche, qui a joué le rôle de comité de pilotage de ce séminaire et de comité de rédaction de cet ouvrage. D’emblée, un des objectifs assignés à ce séminaire a été de confronter les travaux français en la matière à la recherche internationale, d’où de multiples invitations de chercheurs étrangers, certains parmi les plus renommés, à participer à ce travail. Nous remercions les nombreux intervenants qui n’ont pu être directement associés à cet ouvrage : Stéphanie Aulong, Yildiz Aumeeruddy-Thomas, Brent Berlin, Elois Ann Berlin, Nathalie Berny Patrick Bourgeron, Peter Bridgewater, Benjamin Buclet, Anne Chetaille, Antoine Da Lage, Gilbert David, Liliana Diaz, Muriel Durand, Robert Falkner, Hubert de Foresta, Claudine Friedberg, Brigid Gavin, Yann Guillaud, Thora Herrmann, Dinh Trong Hieu, Marc Hufty, Edvard Hviding, Philippe Léna, Christian Lévêque, Sélim Louafi, Laurent Mermet, Dorothée Meyer, André Micoud, Bernard Moizo, Douglas Nakashima, Samuel Nguiffo, Gonzalo Oviedo, Florence Pinton, Dya Maria Wirawati Suharno, Peter Willetts, Andréa Zhouri.
3Le séminaire « Les ONG dans le champ de la biodiversité » a été organisé en sept sessions thématiques : Inscription de la biodiversité dans l’espace public (responsable C. Aubertin) ; Contextualiser l’objet ONG (resp. S. Ollitrault) ; Les ONG et la construction de la problématique biodiversité (resp. E. Rodary) ; ONG, peuples autochtones et savoirs locaux (resp. M. Roué)5 ; Gestion des espèces et des espaces (resp. G. Michon) ; ONG et démocratisation de l’action publique (resp. D. Compagnon) ; Les ONG dans le champ de la biodiversité au Brésil (resp. D. Chartier).
Notes de bas de page
1 Leveque C., 1998 – La biodiversité : un avis d’écologue. Natures Sciences Sociétés, vol. 6 (1) : 37-40.
2 Voir le programme national « Dynamique de la biodiversité et environnement » lancé par le PIREVS avec l’aide du Département des sciences de la vie du CNRS à partir de 1993, et J.-C. Mounolou, 1998 – « Dynamique de la Biodiversité et Environnement. Bilan et perspectives ». In : Textes des interventions du colloque de synthèse et de prospective du PIREVS du CNRS, 25 et 26 mai 1998, PIREVS : 57-60. Voir aussi la contribution de M. Roue (1998) à « Anthropologie et environnement » in « La question de l’environnement dans les sciences sociales. Éléments pour un bilan », Lettre du Programme Environnement, Vie et Sociétés, n° 17 : 14-17.
3 Voir Vivien F.-D. (éd.), 2002 – Biodiversité et appropriation : les droits de propriété en question. Paris, Elsevier, en ce qui concerne les Journées d’étude éponymes organisées à Paris en 2000, et Larrere R., Lepart J., Marty P. et Vivien F.-D., 2003 – Natures Sciences Sociétés, vol. 11 (3) : 304-314, en ce qui concerne l’organisation à Porquerolles en 2002 de l’École thématique CNRS « Biodiversité : quelles interactions entre sciences de la vie et sciences de l’homme et de la société ? ».
4 Voir les travaux menés au sein du Cresal sur les associations de protection de l’environnement, notamment Micoud A., 2001 – « La nébuleuse associative ». In : L’environnement, question sociale. Dix ans de recherches pour le ministère de l’Environnement, Paris, Odile Jacob : 119-129. Voir Dziedzicki J.-M., Laurans Y. et Mermet L., 1995 – Les transformations du rôle et du fonctionnement des ONG internationales et les positionnements des associations françaises. Paris, AScA et ministère de l’Environnement ; repris en 2001 : « ONG internationales et associations françaises », in : L’environnement, question sociale. Dix ans de recherches pour le ministère de l’Environnement, Paris, Odile Jacob : 159-165.
5 Cette session a donné lieu à une publication en 2003 dans la Revue internationale des sciences sociales, n° 178, sous le titre ambigu : Les ONG dans la gouvernance de la biodiversité.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le monde peut-il nourrir tout le monde ?
Sécuriser l’alimentation de la planète
Bernard Hubert et Olivier Clément (dir.)
2006
Le territoire est mort, vive les territoires !
Une (re)fabrication au nom du développement
Benoît Antheaume et Frédéric Giraut (dir.)
2005
Les Suds face au sida
Quand la société civile se mobilise
Fred Eboko, Frédéric Bourdier et Christophe Broqua (dir.)
2011
Géopolitique et environnement
Les leçons de l’expérience malgache
Hervé Rakoto Ramiarantsoa, Chantal Blanc-Pamard et Florence Pinton (dir.)
2012
Sociétés, environnements, santé
Nicole Vernazza-Licht, Marc-Éric Gruénais et Daniel Bley (dir.)
2010
La mondialisation côté Sud
Acteurs et territoires
Jérôme Lombard, Evelyne Mesclier et Sébastien Velut (dir.)
2006