Chapitre 2. Organisation de la recherche malgache
p. 33-44
Texte intégral
Chronologie institutionnelle
1Avant de revêtir sa forme actuelle, la recherche scientifique nationale a connu plusieurs mutations tant du point de vue institutionnel que du point de vue orga-nisationnel. En effet, elle a toujours fait partie intégrante de l’organisation gouvernementale de l’État malgache depuis l’indépendance jusqu’à ce jour. De ce fait, sa structure organisationnelle, ses missions et ses orientations stratégiques sont intimement liées aux lignes directrices de mise en œuvre de la politique générale de l’État.
2Pour mieux comprendre l’évolution chronologique de l’organisation de la recherche scientifique nationale, il s’avère nécessaire de considérer les étapes franchies et actuelle. Elles se présentent comme suit :
période avant l’indépendance ;
de 1960 à 1972 ;
de 1972 à 1983 ;
de 1983 à 2003 ;
de 2003 à 2008.
3Il faut bien noter que la recherche scientifique présentée ici concerne uniquement celle menée par les neuf Centres et Instituts nationaux de recherche sous tutelle du ministère chargé de la Recherche. Les établissements de recherche scientifique universitaires ne sont pas considérés dans ce document.
Période avant l’indépendance
4La recherche scientifique était sous la tutelle de la métropole au même titre que dans les autres pays colonisés d’Afrique. Elle a été considérée comme une « nécessité » pour le développement des colonies, d’où la création de l’Orstom. En effet, tout le monde est conscient qu’aucun développement ne peut être rationnellement bâti sans avoir recours à l’application effective des résultats d’une recherche scientifique appropriée et maîtrisée.
De 1960 à 1972 : un Secrétariat général pour la Recherche
5Après la déclaration officielle de l’indépendance de Madagascar en 1960, la recherche scientifique est sous la tutelle technique et scientifique franco-malgache. En effet, à partir de cette année, des transferts de compétences ont été progressivement effectués jusqu’en juin 1963, période jugée pertinente par le régime d’antan pour ériger le « Secrétariat général du comité de la recherche scientifique et technique (SGCRST) ». Cette structure qui était directement rattachée à la vice-présidence du gouvernement a permis aux dirigeants de cette époque de planifier et de coordonner les activités de recherche menées dans le pays. Gabriel Ramalanjaona, ingénieur chimiste, a été le premier Malgache nommé au poste de Secrétaire général du comité de la recherche scientifique et technique (SGCRST) en juin 1963. Son exercice au poste a duré jusqu’au mois de février 1970.
6Ensuite, la recherche est placée sous la responsabilité de Justin Manambelona, professeur spécialisé dans le domaine biomédical et qui occupait en même temps le poste de ministre de l’Éducation nationale et des Affaires culturelles (Menac). Le SGCRST a fonctionné jusqu’en septembre 1972.
De 1972 à 1983 : une direction et un ministère (fugace) pour la Recherche
7Cette période a été très marquante pour la recherche malgache. Les événements politiques et les changements des contextes socioéconomiques et culturels qui prévalaient à l’époque ont conduit le régime à placer la recherche sous la tutelle de la « Direction de la recherche scientifique technique (DRST) » ayant comme directeur Etienne Rakotomaria, professeur de chimie.
8Après la dénonciation de l’accord de coopération, en 1973, qui fait suite à la nationalisation généralisée, le Fofifa est créé en juin 1974 par le décret n° 74-180 du 10 juin 1974 qui sera modifié par le décret n° 90-317 en date du 10 juillet 1990 à la suite du départ des Instituts français de recherche agronomique. Il a pris le relais des activités de ces derniers. En effet, à part certaines activités de recherche d’accompagnement et de développement de filières qui restaient exécutées dans des structures directement conférées à la production (blé, pomme de terre, orge, palmier à huile, cocotier, etc.), toutes les activités de recherche à caractère agricole lato sensu ont été et sont toujours réalisées au sein du Fofifa.
9Ce n’est qu’en janvier 1976 que la recherche scientifique malgache est placée sous la tutelle directe d’un ministère dénommé « Ministère des recherches scientifiques (MRS) ». Rémy Tiandraza, docteur en médecine, est nommé ministre des Recherches scientifiques en janvier 1976.
10Au cours de cette même période, le Centre national de recherches pharmaceutiques (CNRP) est créé par le décret n° 76-334 en date du 1er octobre 1976, modifié par le décret n° 92-468 en date du 22 avril 1992.
11Quelques mois après, les activités de recherches océanographique et marine ont été confiées au Centre national de recherches océanographiques (CNRO) qui fut créé par le décret n° 77-081 du 4 avril 1977, modifié par le décret n° 78-322 du 6 décembre 1978, puis par le décret n° 79-242 du 18 septembre 1979. Il est installé depuis 1978 dans les locaux de l’ex-centre de l’Orstom à Nosy-Bé.
12Il est à signaler que les deux Centres nationaux de recherche (Fofifa et CNRO) ont hérité entièrement du patrimoine (infrastructures, superstructures) acquis par les ex-centres de l’Orstom, y compris les laboratoires et les matériels disponibles à l’époque pour mener à bien les activités de recherche qui relevaient de leur domaine respectif. Ce ministère a duré jusqu’en août 1977.
13Un nouveau remaniement gouvernemental conduit à la création d’un ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avec comme ministre le Dr Ignace Rakoto, juriste et historien. Au cours de cette période, l’enjeu de la place de la recherche était de taille car une grande partie de la structure de la recherche agronomique du Fofifa faisait partie intégrante de l’organisation du Ministère de la Production agricole et de la Réforme agraire chargé de la Recherche agronomique (MPARA) dirigé par Nirina Andriamanerasoa, ingénieur polytechnicien. Cette situation spéciale a duré jusqu’en août 1983.
De 1983 à 2003 : un vrai ministère pour la Recherche
14Au début de cette période, la recherche scientifique malgache disposait de trois Centres nationaux de recherche, à savoir le Fofifa, le CNRO et le CNRP.
15En novembre 1983, Zafera Antoine Rabesa, professeur d’écologie, est nommé ministre de la Recherche scientifique et technologique pour le développement (MRSTD).
16Neuf « Programmes intégrés de recherche pour le développement » (Pird) ont été mis en place et constituent les axes prioritaires de recherche :
autosuffisance alimentaire ;
amélioration de la qualité de vie ;
développement des produits d’exportation ;
développement des produits industriels et technologiques ;
valorisation des ressources naturelles ;
développement des énergies nouvelles et renouvelables ;
développement des technologies adaptées et appropriées ;
protection et conservation de l’environnement ;
appui à la recherche.
17Devant cette situation, le Fofifa, le CNRP et le CNRO ne s’avéraient plus suffisants pour la mise en œuvre effective de ces neuf Pird. C’est ainsi que le Ministère a trouvé pertinent par rapport aux missions qui lui étaient assignées, de créer de nouveaux Centres nationaux de recherche, d’une part, mais en outre il s’avérait nécessaire pour lui de disposer d’une institution qui œuvrait pour l’exploitation, la diffusion, la valorisation et la promotion des résultats de recherches acquis par ces derniers, d’autre part.
18Ainsi, le développement et l’épanouissement des activités de recherche nationale nécessitaient des appuis documentaires et informationnels importants. Il importait aussi que la diffusion et l’exploitation des résultats de recherche au niveau de la communauté scientifique et technique internationale s’avèrent utiles. Ces différentes raisons ont amené le ministère de l’époque à créer le Centre d’information, de documentation scientifique et technique (CIDST). Ce dernier a été créé par le décret n° 87-145 du 5 mai 1987.
19Le Centre national de recherches industrielle et technologique (CNRIT), créé par le décret n° 87-288 du 28 juillet 1987, prend en charge les activités de recherche relatives au développement des énergies nouvelles et renouvelables, ainsi que des technologies adaptées et appropriées à la réduction du coût élevé découlant de l’importation des technologies étrangères nécessaires aux quelques industries locales.
20Un peu plus tard, il a été constaté que dans le domaine de l’environnement, la dégradation croissante des différents écosystèmes, les menaces encourues par l’exploitation intensive et abusive des sols continentaux et des zones côtières, ainsi que la nécessité absolue de mener des activités de recherche en matière de protection et de conservation de la faune et de la flore malgache, ont conduit les acteurs de la recherche, entre autres la Banque mondiale, à mettre en œuvre le Programme d’action environnemental (PAE). La composante « recherche » de ce grand programme a été confiée au ministère de la Recherche scientifique et technologique pour le développement. Pour avoir une assurance de la mise en œuvre de ce programme, les dirigeants ont créé un nouveau centre national de recherche compétent en la matière. C’est ainsi que le Centre national de recherches sur l’environnement (CNRE) a été créé par le décret n° 88-183 en date du 3 mai 1988.
21Un nouveau changement de dénomination du ministère et de son organisation générale a eu lieu en décembre 1991. Le ministère de la Recherche scientifique et technologique pour le développement devenait le ministère de la Recherche scientifique et c’était Pierre Randrianantenaina, ingénieur polytechnicien, qui en était le ministre. Cette structure a duré jusqu’en août 1993.
22En septembre 1993, on a assisté de nouveau à un changement de structure gouvernementale. Le ministère de la Recherche scientifique devenait le ministère de Recherche appliquée au développement (MRAD) dirigé par le Dr Roger Randrianasolo, médecin de santé publique et nutritionniste. Pendant cette période, la nécessité de développer une stratégie nationale de lutte contre les maladies des cheptels animaux figurait parmi les préoccupations nationales. Les résultats encourageants obtenus par le projet de recherche sur les vaccins vétérinaires mené au sein du Département de recherche zootechnique et vétérinaire du Fofifa ont conduit le Ministère à créer l’Institut malgache des vaccins vétérinaires (Imvavet), sous le décret n° 95-278 du 11 avril 1995.
23Cette situation a duré jusqu’en juin 1996. À partir de cette date, le ministre en exercice a été remplacé par le Dr Manantsoa Soloniaina Rakotonavahy, spécialiste de recherche ferroviaire. Cette fois-ci, le ministère n’a pas changé de dénomination.
24Huit mois plus tard, en février 1997, Mme Lila Hanitra Ratsifandrihamanana, assistante de recherche et spécialisée dans le domaine littéraire, arrivait à la tête du ministère qui conservait son ancienne dénomination en l’occurrence, le ministère de la Recherche scientifique. Cette dénomination sera conservée jusqu’en mai 2002. Durant cette période, on a assisté à la succession de dirigeants. En effet, en juillet 1998, Georges Solay Rakotonirainy, mathématicien, a été nommé au poste de ministre et ce, jusqu’en octobre 2001. Ensuite, ce dernier fut remplacé par Henri Victor Boanoro jusqu’en mai 2002.
25À partir de cette date, Edouard Alidina, professeur en sciences physiques, fut nommé pour diriger la recherche scientifique malgache qui fut transformée en ministère de la Recherche scientifique pour le développement (MRSD), et ce jusqu’en janvier 2003.
De 2003 à 2008 : la recherche scientifique au sein d’une direction de ministère
Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
26En janvier 2003, on a assisté à un nouveau remaniement gouvernemental à l’issue duquel la recherche scientifique et l’enseignement supérieur sont groupés en un seul ministère en l’occurrence le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS). Jean Théodore Ranjivason, professeur de lettres malgaches, en était le ministre.
27L’administration de la recherche scientifique appliquée menée par les CNRs/Instituts a été placée sous la Direction générale des investigations et de la valorisation de la recherche (DGIVR) assistée de trois directions techniques : la Direction d’études et de la planification (DEP), la Direction du suivi et des applications de la recherche (DSAR) et la Direction de la promotion de la recherche appliquée (DPRA).
28Les grandes orientations étaient focalisées dans la mise en place des structures d’enseignement supérieur et de recherche plus adaptées et surtout très proches des populations cibles selon les concepts « Vohijoro-Vohijery » qui visent à mettre en valeur les activités porteuses et prioritaires des collectivités décentralisées et régionales. Les secteurs qui étaient identifiés pour la mise en œuvre de cette politique étaient l’agriculture, l’environnement, la pêche et aquaculture, l’hôtellerie, le tourisme et écotourisme. Au cours de cette même période, on a confectionné le Plan de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (PDESRS) qui prônait la mise en place d’une politique de proximité et de pragmatisme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. C’est ainsi que l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN) et le Parc botanique et zoologique de Tsimbazaza (PBZT) ont été appelés à renforcer la structure organisationnelle de la recherche qui existait, au même titre que les sept CNRs/Instituts nationaux dont elle disposait déjà.
29L’INSTN avait été créé par le décret n° 92-869 du 30 septembre 1992. Au départ, il était placé sous la tutelle technique du ministère chargé de l’Enseignement supérieur de l’époque, à cause du développement des recherches en physique nucléaire et des techniques d’application en matière de radioprotection, démarré au sein de la faculté des sciences d’Antananarivo. Cette situation a nécessité une véritable extension de la recherche dans ce domaine. Plus tard, le programme de coopération 2003-2007 signé entre le gouvernement malgache et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) mentionnait les différents domaines d’intervention de la technique nucléaire : l’agriculture et l’alimentation, l’eau, la recherche environnementale, la protection contre les radiations (radiothérapie, diagnostic radiologique, maintenance des équipements scientifiques, etc.).
30Concernant l’intégration du PBZT dans le système organisationnel de la recherche scientifique, il est à noter qu’à partir de 2003, l’importance du site de Tsimbazaza pour la conservation de la faune et de la flore locales avait fait de lui de longue date un parc naturel où s’est implanté le CNRT d’antan qui est ensuite devenu le PBZT. Le PBZT a été créé par le décret n° 90-426 du 18 septembre 1990 modifié par le décret n° 93-162 du 31 mars 1993. Il est à souligner qu’à part les activités d’éducation, de formation et de recherche pour la conservation, le parc a aussi mis en place des activités et des dispositifs réservés aux séances de récréations et de loisirs pour la population de la capitale, pour les visiteurs et les touristes.
31Ainsi, la recherche scientifique malgache dispose dorénavant de neuf Centres et Instituts nationaux de recherche.
Ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique
32En janvier 2004, Mr Razafinjatovo Haja Nirina, informaticien, était nommé à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La réforme organisationnelle qu’il a apportée consistait en la mutation de la DGIVR en Direction générale de l’éducation post-fondamentale et de la recherche (DGEPFR). Cette fois-ci, la recherche scientifique malgache se trouvait intégrée dans un système plus englobant, comprenant l’enseignement supérieur, l’enseignement fondamental primaire et secondaire, ainsi que l’enseignement professionnel et technique. Dans ce nouveau système, la recherche scientifique a été confiée à la Direction de la recherche (DR). Cette dernière a été assistée par quatre services techniques : le Service des affaires générales (SAG), le Service de la coordination, de la programmation de la recherche (SCPR), le Service de la promotion de la recherche appliquée (Spra) et le Service du suivi et de l’évaluation (SSE).
33En 2006, le ministre en exercice a été assisté par un vice-ministre. Mme Manorohanta Cécile Dominique, enseignante en lettres françaises, a été nommée à ce poste. Corrélativement à cela, le dispositif « Recherche » placé sous l’égide de la DR n’est assisté, cette fois-ci que de trois services, à savoir : le Service des affaires générales (SAG), le Service de la promotion de la recherche appliquée (Spra) et le Service du suivi et de l’évaluation (SSE).
34En 2007, Mr Radavidson Benjamin Andriamparany, économiste de formation, est nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Dans l’organisation qui a été mise en place, la recherche scientifique est confiée à la Direction générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (DGESR) et ce, sous le décret n° 2007-969 du 12 novembre 2007 portant modification du décret n° 2007-087 du 12 février 2007 fixant les attributions du ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique ainsi que l’organisation générale de son ministère.
35Dans cette présente organisation, l’Enseignement spérieur et la Recherche sont confiés à une Direction générale, notamment la Direction générale de l’enseignement supérieur et la recherche (DGESR). Sous sa tutelle il y a trois directions techniques, à savoir la Direction de la recherche (DR), la Direction de l’enseignement supérieur public (Desupp) et la Direction de l’enseignement privé (DESP). Face à ce changement, la Direction de la recherche est chargée de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique du ministère en matière de recherche scientifique. Pour mener à bien sa mission, la DR est seulement assistée de deux services, notamment le Service de la promotion de la recherche appliquée (Spra) et le Service du suivi-évaluation (SSE).
36Concernant les institutions de recherche (CNRs-Instituts) qui sont les organes d’exécution des programmes de recherche relevant respectivement de ses compétences, il est à noter que le Fofifa et l’Imvavet ne figurent plus dans le décret n° 2007-969 du 12 novembre 2007 sus-énuméré.
37Pour conclure cette section, il faut souligner que, tout au long de son évolution institutionnelle et organisationnelle, la recherche scientifique malgache a subi des mutations spectaculaires et spécifiques. L’historique institutionnel décrit ici montre que la place de la recherche scientifique malgache n’a jamais été stable et que tous les niveaux hiérarchiques institutionnels gouvernementaux (ministère, vice-ministère, secrétariat général, direction générale, direction, etc.) ont été traversés par le dispositif « Recherche ».
38Quant à l’organisation de la recherche en elle-même, le changement est actuellement senti au niveau de la DR (réduction du nombre de service) et des CNRs/Instituts (réduction du nombre des CNRs/Instituts sous tutelle). Si une telle tendance persiste, la recherche scientifique malgache risque de voir son potentiel régresser et le bien-fondé de la science et de la technologie nationales d’être mal perçu ou oublié.
Ressources financières et ressources humaines
39Cette instabilité institutionnelle et organisationnelle a eu des impacts considérables sur l’importance, la disponibilité et l’utilisation des ressources et des moyens alloués au secteur de la recherche.
Ressources financières
40Les ressources financières allouées à la recherche malgache ont subi des fluctuations tout au long de son histoire. Les fluctuations constatées concernent à la fois la nature, l’importance de l’enveloppe, et les rubriques d’utilisation du budget destiné à financer les activités de recherche. Si durant la période 1983-2003, l’enveloppe allouée au secteur de la recherche était de 0,85 % du PIB, aujourd’hui, elle ne serait que de l’ordre de 0,10 %.
41De manière générale, le financement de la recherche scientifique est en grande partie assuré par les subventions de l’État, les fonds de contrepartie et les financements extérieurs sous différentes formes, ainsi que par le financement local provenant des recettes propres de chaque CNR/Institut par le biais des prestations de service, des conventions de partenariat et vente de produits de recherche (vaccins, semences améliorées, etc.).
Financement de l’État
42Comme les autres secteurs publics, la recherche scientifique nationale bénéficie des rubriques suivantes :
subvention de l’État : elle est destinée à couvrir les salaires des personnels non pris en charge par le budget général et le fonctionnement du CNR/Institut ;
fonds de contrepartie : contribution du gouvernement malgache aux projets bénéficiant des crédits ou des subventions extérieures ;
contribution de l’État dans le cadre du budget général et du PIP (loi de finances) ;
emprunts de l’État contractés auprès des institutions financières internationales (coopérations multilatérales et bilatérales suivant les formes d’aide ou de crédit concessionnel) ;
les dons et legs émanant d’organisations internationales.
Financement extérieur
43Le financement extérieur provient surtout des contributions versées par les institutions étrangères par le biais des mises en œuvre des programmes de recherches thématiques menés en partenariat entre le ministère, les CNRs/Instituts nationaux de recherche, les équipes associées mixtes de recherche et les institutions partenaires étrangères. Cet appui financier est généralement acquis dans le cadre du renforcement institutionnel, des mises en œuvre des contrats de programme et des accords contractuels plus spécifiques. De ce fait, son acquisition et son utilisation dépendent des procédures et des capacités de négociation entre institutions/chercheurs concernés.
44Toutefois, l’expérience montre que l’acquisition d’un financement extérieur n’est pas toujours évidente car les procédures qui la régissent sont souvent aléatoires et lourdes. À l’époque de la mondialisation, de la régionalisation et du décloisonnement de la recherche, d’une part, et face à l’enjeu stratégique que pose l’équilibre scientifique Nord-Sud, d’autre part, l’acquisition d’un tel financement est soumise à des appels d’offre internationaux. C’est le cas du Groupe de recherche international (GDRI) initié par les institutions de recherche malgâches (CNRs/Instituts nationaux de recherche, universités, institutions de recherche privées) et les institutions de recherche françaises (CNRS, MNHN de Paris, Cirad, IRD, etc.). La coopération française, par le biais du Fonds de solidarité prioritaire (FSP), contribue de manière conséquente au renforcement du financement extérieur de la recherche malgache.
Ressources humaines
45Au cours de l’histoire de la recherche scientifique malgache, l’évolution des ressources humaines mises à son service est très difficile à apprécier dans la mesure où il faut tenir compte à la fois de la spécificité (transversalité) du secteur et de la complexité des différents statuts qui les régissent. Pour cela, il nous semble intéressant de tenir compte de deux indicateurs d’évaluation : la qualité et la quantité.
46Concernant la qualité, les ressources humaines investies dans la recherche sont issues de plusieurs corps d’appartenance acceptés par la fonction publique malgache, parmi lesquels : chercheur enseignant, administrateur, planificateur, médecin (médecine humaine et vétérinaire), technicien supérieur, auxiliaire. Normalement, chaque corps devrait nous fournir des indicateurs de qualité appropriés mais pour avoir une idée claire de la situation, nous prendrons l’exemple du corps des chercheurs.
47Il est composé de directeurs de recherche, de directeurs de recherche associés, de maîtres de recherche et d’assistants de recherche. Dans chaque catégorie, le dispositif « recherche » dispose de chercheurs de très haute qualité et de notoriété internationale et ce, dans presque toutes les disciplines scientifique et technologique.
48Concernant la quantité (nombre et ratio), l’évolution se présente comme suit : la catégorie de directeur de recherche accuse une évolution régressive ; la catégorie de directeur de recherche associé suit la même tendance. Par contre, la catégorie d’assistant de recherche montre une évolution progressive. En effet, on a constaté que l’équipe des chercheurs malgaches est composée, pour la plupart, des chercheurs appartenant au grade d’assistant de recherche. La recherche scientifique malgache dispose ainsi de quelques directeurs de recherche, d’une dizaine de directeurs de recherche associés, d’une vingtaine de maîtres de recherche et de plusieurs centaines d’assistants de recherche (tabl. 1).
Institutions étrangères partenaires de la recherche
49À travers son histoire institutionnelle, les partenaires privilégiés de la recherche malgache sont les institutions de recherche françaises Orstom-IRD, Cirad, CNRS, MNHN, etc. qui s’investissent dans les domaines agronomique, océanographique, environnement et information scientifique.
50Plus tardivement, d’autres institutions non francophones viendront renforcer le partenariat de la recherche malgache, comme par exemple :
National Cancer Institute (États-Unis), domaines pharmaceutique et médicinal ;
Missouri Botanical Garden (États-Unis), biodiversité et conservation de la faune et de la flore ;
Conservation International, conservation de la biodiversité ;
Coopération japonaise (Jica), biodiversité et aménagement des bassins versants ;
Coopération allemande (GTZ), encouragement à la production animale ;
Vogelpark de Walsrode (Allemagne), conservation des espèces faunistique et floristique ;
Royal Botanical Gardens (Grande-Bretagne), conservation de la biodiversité ;
Museo Regionalme Di Scienze Naturali (Italie), conservation de la flore ;
Centre international pour l’exploitation des océans (Canada), pêche artisanale et appui technique au service de documentation du CNRO ;
Coopération suisse, programme Terre-Tanv ;
Institut de recherche international sur le riz (Philippines), amélioration varié-taie du riz en collaboration avec le Cirad et le Fofifa ;
Unicef, lutte contre les carences nutritionnelles et surveillance alimentaire ; -Agence internationale de l’énergie atomique, sciences énergétique et nucléaire.
51Enfin, d’autres réseaux et institutions régionales de recherche viennent s’ajouter comme l’Association pour le développement de la recherche agricole en Afrique orientale et australe (Asareca), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), la Commission pour l’océan Indien (COI), etc., renforçant toujours davantage l’élargissement des collaborations et des recherches au cours des dernières années.
Notes de fin
1 Non compris le personnel d’appui d’un effectif total de 552. Par conséquent l’effectif total du personnel de la recherche est de 974.
Auteur
Chef de Service du suivi évaluation à la Direction de la recherche, Madagascar
ndriamaro@yahoo.fr
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Du social hors la loi
L’anthropologie analytique de Christian Geffray
Yann Guillaud et Frédéric Létang (dir.)
2009
Gestion durable des eaux et des sols au Maroc
Valorisation des techniques traditionnelles méditerranéennes
Éric Roose, Mohamed Sabir et Abdellah Laouina
2010
Madagascar face au défi des Objectifs du millénaire pour le développement
Bénédicte Gastineau, Flore Gubert, Anne-Sophie Robilliard et al. (dir.)
2010
Le projet majeur africain de la Grande Muraille Verte
Concepts et mise en œuvre
Abdoulaye Dia et Robin Duponnois (dir.)
2010
La Grande Muraille Verte
Capitalisation des recherches et valorisation des savoirs locaux
Abdoulaye Dia et Robin Duponnois (dir.)
2012
Parcours de recherche à Madagascar
L’IRD-Orstom et ses partenaires
Christian Feller et Frédéric Sandron (dir.)
2010
Pratiques et représentations linguistiques en Guyane
Regards croisés
Isabelle Léglise et Bettina Migge (dir.)
2008
Les sociétés rurales face aux changements climatiques et environnementaux en Afrique de l’Ouest
Benjamin Sultan, Richard Lalou, Mouftaou Amadou Sanni et al. (dir.)
2015
Aires marine protégées ouest-africaines
Défis scientifiques et enjeux sociétaux
Marie Bonnin, Raymond Laë et Mohamed Behnassi (dir.)
2015