Chapitre 2. Plantes forestières commercialisées dans les marchés urbains de la Guinée forestière
p. 45-55
Remerciements
Nous tenons à remercier le programme « Sud Expert Plantes Développement Durable » (SEP2D) pour avoir financé le projet Fogefo-Plus. Notre gratitude va également à l’ensemble des autorités administratives et communales ainsi qu’aux administrateurs des marchés et aux commerçants de la région de N’Zérékoré, qui ont collaboré à nos enquêtes sur les différents marchés. Ces enquêtes de terrain ont été en partie réalisées par certains étudiants du projet Fogefo-Plus, et nous les en remercions, ainsi que les autorités universitaires de N’Zérékoré. Nos remerciements s’adressent enfin à monsieur Jean-Pierre Labouisse pour son apport inestimable à la rédaction de cet article.
Texte intégral
Introduction
1Les forêts sont une source de nourriture, de remèdes et de combustibles pour plus d’un milliard de personnes (FAO, 2018).
2La Guinée forestière est la région naturelle la plus boisée du pays, avec des massifs de forêts ombrophiles humides (réserves de biosphère de Ziama et des Monts Nimba, les forêts classées de Diecké, Béro et Pic de Fon). Les forêts classées couvrent une superficie totale de 287 913 ha ; elles hébergent des diversités floristique et faunistique impressionnantes (Guilavogui et al., 1993).
3La Guinée forestière est un massif montagneux, dont les principaux écosystèmes sont forestiers. Sa flore est riche et variée (Lisowski, 2009).
4La contribution réelle des produits forestiers à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la résilience des populations locales pauvres, est souvent mal comprise par les décideurs des principaux ministères en Guinée. Elle est la plupart du temps sous-estimée (FAO, 2010).
5Dans le contexte guinéen, Diawara (2000) indique que la direction nationale de la comptabilité, qui relève du secrétariat d’État au plan, ne s’intéresse qu’aux produits forestiers issus de sciage (madriers, planches, chevrons) et au bois-énergie (charbon de bois et bois de chauffe) et dont les données sont peu fiables et obsolètes.
6Les produits forestiers non ligneux (PFNL) sont définis en tant que « bien d’origine biologique autre que le bois, provenant des forêts et d’autres terrains boisés ou provenant d’arbres hors forêts » (FAO, 1999).
7En Guinée forestière, comme dans la grande majorité des zones forestières d’Afrique, l’emprise agricole s’étend au détriment des espaces forestiers et menace les espèces végétales utiles à l’homme que les forêts abritent, ainsi que les savoirs associés. En Guinée forestière, les espèces arborées les moins connues par les agriculteurs sont généralement abattues pour faire place aux cultures, et les savoirs (qui ne sont pas nécessairement partagés par tous) disparaissent progressivement. À l’opposé, les espèces végétales les plus communes et les plus utilisées sont conservées (dans les cultures, jardins de case, parcs, haies vives, etc.), notamment au sud-est de la Guinée forestière (Correia et al., 2010 ; Fraser et al., 2016).
8Il apparaît donc important et urgent d’évaluer la contribution de ces espèces végétales utiles à la subsistance et à l’économie des populations urbaines de Guinée forestière qui n’ont pas un accès direct aux forêts. Dans le cadre du projet « Forêt de Guinée forestière-Plantes utiles » (Fogefo-Plus) du programme « Sud Expert Plantes Développement Durable », une étude, pilotée par l’université de N’Zérékoré, a été entreprise de 2017 à 2019 afin de (1) recenser les espèces végétales forestières dont les produits sont commercialisés sur sept marchés urbains de Guinée forestière, ainsi que leurs usages et savoirs associés, (2) caractériser l’importance économique des produits issus des espèces végétales pour les populations urbaines, (3) collecter par achat des échantillons des produits de plantes utiles dans les marchés urbains.
9Cet article détaille les méthodes utilisées ainsi que les principaux résultats de cette étude.
Matériels et méthodes
Description de la zone d’étude
10Nos enquêtes ont été menées dans les sept villes ou communes de la région de Guinée forestière, dont N’Zérékoré est le chef-lieu (tabl. 1 et fig. 1).
11La ville de N’Zérékoré couvre une superficie 112 km2 et compte 396 949 habitants (recensement de 2015). Son climat est caractérisé par deux saisons, une saison sèche (décembre-février) et une longue saison pluvieuse (mars-novembre). L’humidité moyenne générale est de 77,17 %, ce qui favorise le développement des cultures et la bonne régénération de la végétation. Les températures moyennes varient durant l’année entre 20 et 26 oC, avec des minimas de l’ordre de 11 oC en janvier. Les journées les plus chaudes se situent en février-mars avec une moyenne des maximas de 35 oC.
Tableau 1 – Description des différents marchés enquêtés.
Informations | Villes/communes | ||||||
Beyla | Gueckedou | Kissidougou | Lola | Macenta | N’Zérékoré | Yomou | |
Nombre d’habitants | 32 368 | 67828 | 283 082 | 47995 | 278 456 | 396 949 | 15160 |
Jour du marché | Samedi | Mercredi | Mardi | Lundi | Mardi et jeudi | Mercredi | Jeudi |
Latitude | 08°41’ | 08°33’ | 09°11’ | 07°47’ | 07°47’ | 07°45’ | 07°44’ |
Longitude | 08°38’ | 10°08’ | 10°06’ | 08°31’ | 08°31’ | 08°49’ | 08°49’ |
Altitude (m) | 635 | 424 | 522 | 438 | 552 | 513 | 454 |
Administrateur général | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 |
Administrateur adjoint | 1 | 1 | 1 | 1 | 0 | 1 | 0 |
Agent de recouvrement | 5 | 5 | 4 | 6 | 7 | 7 | 4 |
Secteurs | 56 | 5 | 90 | 5 | 0 | 9 | 0 |
Garde communal | 6 | 20 | 8 | 2 | 0 | 3 | 3 |
Date de l’enquête | 30/12/17 | 9/01/18 | 11/01/18 | 15/01/18 | 18/01/18 | 2018-2019 | 28/12/17 |
12La végétation de la préfecture de N’Zérékoré est constituée en grande partie d’une mosaïque de reliques de forêt dense humide, de formations secondaires ligneuses, de savanes périforestières plus ou moins arborées, de jachères et de caféières sous ombrage forestier (Haba et al., 2017).
Méthodologie
13Une fiche synthétique descriptive a été renseignée lors des enquêtes menées dans les sept marchés urbains. La collecte des données a été réalisée par cinq enseignants-chercheurs et des étudiants de licence des filières « gestion des ressources naturelles » et « éco-botanique ». L’inventaire des produits par étal a répertorié le nom local du produit, le nom de l’espèce, la partie utilisée, les usages, les types de vendeur (homme/femme, collecteur ou revendeur, grossiste/détaillant/tradipraticien), les commerçants, les acheteurs et les prix à l’unité ou au poids de ces produits. Mille-soixante-huit fiches ont été remplies et 100 échantillons de produits collectés, dont une partie a été envoyée à l’herbier « SerédouGuinée » (Serg) de Sérédou et l’autre a été conservée au laboratoire de biologie végétale à l’université de N’Zérékoré.
14Ces activités se sont déroulées entre le 28 décembre 2017 et le 10 août 2019.
15Les plantes ont été déterminées grâce aux travaux de Hawthorne et Jongkind (2006), Hawthorne et Gyakari (2006), Marshall et Hawthorne (2013), Lisowski (2009) et Arbonnier (2009).
Résultats
Recensement des produits forestiers dans les marchés
16L’enquête sur l’ensemble des produits forestiers recensés dans les sept marchés urbains de la région de Guinée forestière a concerné 662 vendeurs(euses), dont 93,8 % sont des femmes et 6,2 % des hommes ; leur âge varie de quinze à quatre-vingts ans.
17Les enquêtes ont permis de recenser 83 espèces végétales utiles vendues sur les marchés, appartenant à 78 genres et 36 familles botaniques. Ces plantes proviennent des réserves de biosphères de Ziama et des Monts Nimba, ainsi que dans les forêts classées de Diecké, Bero et Pic de Fon.
18Les parties des plantes utilisées ou consommées sont les feuilles, l’écorce, les fruits, les graines, la plante entière, la sève, le rachis, la pulpe, les racines, les tiges, les lanières et l’huile.
Modes d’exploitation des espèces végétales
19La récolte ou l’exploitation des produits forestiers se fait essentiellement par abattage de l’arbre. Par exemple, Piper guineense est une plante lianescente qui s’enroule autour d’un arbre hôte, et ce dernier devra être abattu pour en permettre la récolte. La sève de Elaeis guineensis est récoltée pour faire du vin par coupe du stipe (ou méthode « par le bas ») ou par celle du « vieux couché ». Cette expression « vieux couché » est un jargon employé par les consommateurs de vin de palme. Cette méthode d’extraction se réalise à grande échelle dans la préfecture de Gueckedou. D’autres espèces végétales – comme Hallea stipulosa, Laccosperma secondiflora, Xylopia æthiopica – subissent le même type d’exploitation. L’écorçage ou la saignée sont également pratiqués. La récolte du vin sur pied est pratiquée sur Raphia palma-pinus et R. hoockeri. Cette méthode est connue des hommes de la région. La pratique de l’abattage a pour corolaire la perte de la biodiversité végétale.
20Au total, cinq groupes de produits ont été identifiés selon leurs usages et sont classés comme suit (fig. 2) : produits de santé ou plantes médicinales (75,90 %) ; produits alimentaires ou de consommation (10,84 %) ; produits artisanaux (8,43 %) ; produits d’emballage (3,61 %) et produits cosmétiques (1,20 %).
Les acteurs de la chaîne de valeur
21La chaîne d’approvisionnement des marchés urbains passe par plusieurs acteurs, chacun jouant un rôle particulier et prélevant une marge selon sa position dans la chaîne. En amont, on trouve les producteurs ou collecteurs. Dans les écosystèmes forestiers, les habitants collectent (par ramassage ou cueillette) les produits forestiers et les ramènent au village, une partie étant destinée à l’autoconsommation et l’autre à la vente en direction des marchés urbains. L’accès à ces écosystèmes est souvent libre.
22Viennent ensuite les commerçants (grossistes ou semi-grossistes), qui transportent par taxi-brousse, motocyclette ou véhicule particulier, les produits en vrac dans de gros sacs jusqu’aux marchés, et les détaillants qui achètent et revendent au poids, au volume, au tas ou à l’unité. Les unités de mesure ou les conditionnements couramment pratiqués sont la petite boîte de concentré de tomate, le sachet plastique en différents formats (petit, moyen et grand), les tas, le gobelet d’un litre pour certains fruits, le fagot de cannes ou de tiges pour les rotins ou les lanières.
Consommation
23L’expression « consommation » renvoie à la proportion d’un produit forestier utile destiné à l’usage immédiat (autoconsommation, produit transformé ou non transformé).
24Les enquêtes dans les marchés ont révélé que 30 % des femmes achètent dans les marchés les graines de Piper guineense, Ricinodendron heudelotii et de Beilschmie diamannii pour leur consommation.
Les groupes de produits forestiers utilisés par les communautés
Les produits alimentaires
25Les produits alimentaires regroupent les fruits comestibles d’espèces « sauvages » (non cultivées). Les plus recherchés sont : Piper guineense (poivre de Guinée) Garcinia kola (petit kola), Ricinodendron heudelotii, Parkia bigloboda et Beilschmie diamannii. Les fruits de Garcinia kola et de Parinari sp. sont consommés crus. Par contre, certains fruits, comme ceux de Piper guineense et Ricinodendron heudelotii, sont consommés à l’état sec après transformation (pilage). Plus de 80 % des commerçants interrogés consomment ces fruits deux à trois fois par jour dans leurs ménages, et ces fruits représentent également pour eux une source de revenus. Les prix moyens au kilo sont de 5,5 USD pour Piper guineense et de 4,5 USD pour Garcinia kola au marché de N’Zérékoré.
Les produits artisanaux
26Deux types de rotins sont exploités par les artisans interviewés : le « rotin à gros diamètre », Laccosperma secondiflora, et le « rotin à petit diamètre », Calamus deerratus. Il s’agit de palmiers (Arecaceae) épineux lianescents, qui peuvent atteindre 50 m de long. Les fabricants d’objets en rotin réalisent de nombreux produits (lits, cannes, tabourets, fauteuils, chaises, vans, frondes, ceintures à grimper, fibres de raphia). Les artisans se procurent et commandent la matière première (fagots de cannes) auprès des collecteurs qui habitent à proximité de certains massifs forestiers de la région (cités plus haut). Les mobiliers en rotin sont très demandés par la population à cause de leurs prix très abordables.
27Cette activité rapporte un revenu mensuel de 50 000 à 200 000 francs guinéens (GNF) (soit 5,10 à 20,04 USD).
28Dans les préfectures de Lola, N’Zérékoré et Macenta, des nattes à base de tiges de Thaumatococcus danielii sont confectionnées par les femmes.
Les plantes médicinales
29Les herboristes sont fortement impliqués dans les premiers soins à donner aux malades dans les centres urbains de la région. Une partie de la population a recours à leur service le plus souvent en raison des prix de vente peu élevés des produits végétaux par comparaison à ceux des médicaments industriels et de leur facilité d’accès. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 80 % de la population mondiale a recours à la médecine traditionnelle pour les premiers soins.
30Dans les sept marchés enquêtés, les produits végétaux fréquemment utilisés par la population sont Aframomum melegueta, Alchornea cordifolia, Paulinia pinnata et Tetracera potatoria. Ils sont suivis de Ficus sur, Harungana madagascariensis, Tiliacora sp., Nauclea diderichii et Trema orientalis. Les feuilles sont les organes les plus utilisés (62 à 65 % des espèces), puis les écorces (9,62 %), les racines (2,40 %), les fruits et les graines. La décoction et la macération sont les formes de transformation pharmaceutiques les plus employées. Les pathologies les plus souvent citées sont le paludisme, les maux de tête, l’hypertension artérielle, les plaies, la toux et la stérilité féminine. Certaines espèces sont à usages multiples comme par exemple Garcina kola, réputée pour son usage aphrodisiaque et alimentaire. Le tas (40 g) d’écorces et de feuilles (20 g) se vend 1 000 GNF (soit 0,10 USD).
Les feuilles d’emballage
31Les feuilles de deux espèces végétales – Halleastipulosa et Megaphrynium macrostachyum – font l’objet d’un commerce important par les femmes, qui sont à la fois collectrices, grossistes et détaillantes, dans le marché de N’Zérékoré, et par une minorité d’hommes au marché de Macenta. Les grands utilisateurs de ces « emballages-feuilles » sont les commerçants de noix de Cola nitida et les femmes qui sont à la fois collectrices, grossistes et détaillantes. Ces feuilles sont en effet utilisées pour confectionner des paniers de cola destinés à l’exportation essentiellement vers le Mali. Pour ces femmes, chaque botte de feuilles coûte de 5 000 à 6 000 GNF (soit 0,51 à 0,62 USD), ce qui correspond à un revenu mensuel de 14 000 à 900 000 GNF (soit 1,44 à 92,39 USD) suivant la quantité vendue. Les feuilles de Megaphrynium macrostachyum sont utilisées pour emballer les dix noix de cola traditionnellement utilisées lors des cérémonies coutumières de mariage chez les peuples de Guinée forestière et les trois noix pour demander en mariage une jeune fille de son choix à ses parents.
Les plantes cosmétiques
32Peu d’informations sur cet usage ont été obtenues auprès des revendeurs. Carapa procera est la seule espèce de plante cosmétique rencontrée sur un étal du marché de N’Zérékoré. Son huile est extraite à partir des graines. En plus de cet usage, c’est un bon antidote en cas d’empoisonnement. Un tas d’environ quatre fruits se vend 1 500 GNF (soit 0,15 USD).
Discussion
33Notre étude constitue la première du genre en Guinée forestière. Elle a mis en évidence 83 espèces végétales forestières dont les produits sont commercialisés dans les marchés urbains des sept préfectures que compte cette région. Ce nombre est inférieur à celui obtenu au Congo par Profizi et al. (1993), à savoir 166 espèces à usage alimentaire, 176 espèces à usage technique et 463 espèces à usage médicinal et médico-magique, ce qui peut s’expliquer par la perte de superficie forestière de cette région depuis ces travaux.
34Nos travaux ont montré que les populations urbaines de la zone d’étude connaissent et utilisent une diversité de produits forestiers pour différents usages de la vie quotidienne : alimentation, médecine, artisanat, emballage et cosmétique. Ces cinq types d’usages sont identiques à ceux décrits par Bauma (2005) en République démocratique du Congo, sur les marchés de Beni et Kisangani. En revanche, Biloso et Lejoly (2006) ont recensé, dans le marché des produits forestiers non ligneux de Kinshasa en République démocratique du Congo, neuf « usages », à savoir légumes, fruits comestibles, condiments, vin, plantes d’emballage, plantes de construction, plantes textiles, plantes tinctoriales et plantes médicinales). Précisons que notre étude a regroupé plusieurs de ces éléments sous le même usage (le vin, les condiments, les légumes et les fruits comestibles étant regroupés sous le seul usage alimentaire).
35Sur l’ensemble des marchés de la région de Guinée forestière, les résultats de notre étude révèlent une fortement implication des femmes (à hauteur de 93,80 %) dans la chaîne de valeurs des produits forestiers utiles. Elles supportent beaucoup de charges familiales car la plupart d’entre elles ont perdu leur mari ou celui-ci se trouve en ville et sans emploi. Les revenus générés par la vente de produits forestiers leur permettent de satisfaire de nombreuses dépenses de la vie quotidienne : fournitures scolaires, frais de scolarité des enfants, loyer et vêtements. Une étude similaire menée par Ndoye et al. (1998) en République démocratique du Congo révèle qu’une vaste majorité (94 %) des commerçants sont des femmes. Les femmes africaines sont beaucoup plus impliquées dans la valorisation des produits forestiers que les hommes. Le ramassage de ces produits est exclusivement fait par les femmes. Le commerce des produits forestiers est traditionnellement une activité marginale réservée aux femmes et aux enfants.
36Dans les marchés de notre zone d’étude, le prix des graines de Garcinia kola est de 4,44 USD le kilo, ce qui est proche du prix pratiqué au Cameroun (4,41 USD, Betti et al., 2016). En revanche, les graines séchées de Piper guineense, qui font l’objet d’un commerce important tant au plan national qu’international, se monnaient au prix de 5,55 USD le kilo, ce qui est bien inférieur au prix de vente au Cameroun (13,41 USD, Betti et al., 2016). Cette différence s’explique par l’existence d’un marché international pour les graines séchées de Piper guineense du Cameroun, notamment en France et en Belgique.
37Le ramassage des fruits, la cueillette, l’écorçage et l’abattage du palmier à huile pour en extraire sa sève (nécessaire pour faire le vin) sont des méthodes d’exploitation utilisées dans la région d’étude. Cette exploitation provoque une diminution de la biodiversité forestière (Tchatat et Ndoye, 2006). Par ailleurs, ces auteurs signalent que la méthode d’extraction de la sève qui consiste à couper le stipe (méthode « par le bas ») cause de graves dégâts aux populations de palmier à huile.
Conclusion et perspectives
38Ces plantes forestières utiles contribuent à la réduction de la pauvreté des populations rurales tout en satisfaisant les besoins et usages des urbains. Elles contribuent aussi à la diversification d’une alimentation de plus en plus standardisée. La valorisation des produits (transformation, packaging) pourrait toutefois être améliorée. Ces plantes peuvent également constituer un secteur rémunérateur pour l’État. En raison du déficit d’encadrement juridique des filières de ces produits en Guinée, les activités restent informelles et n’entrent pas dans l’économie nationale. L’organisation ou la responsabilisation des utilisateurs des zones urbaines et rurales de ces ressources est une stratégie clé pour atteindre la gestion durable de ces ressources. Enfin, la conservation durable des habitats forestiers doit faire l’objet d’une attention soutenue de la part des gouvernements, des services de l’État et des partenaires du développement.
Bibliographie
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Auteurs
Botaniste, faculté des Sciences de l’Environnement, département de Gestion des ressources naturelles, université de Nzérékoré, Guinée.
Botaniste, Centre régional de recherche agronomique de Sérédou, Institut de recherche agronomique de Guinée, Guinée.
Biotechnologiste, faculté des Sciences et Techniques, département de Biologie, université de N’Zérékoré, Guinée.
Agroforestier, faculté des Sciences de l’environnement, département de Gestion des ressources naturelles, université de N’Zérékoré, Guinée.
Botaniste, faculté des Sciences et Techniques, département de Biologie, université de N’Zérékoré, Guinée.
Botaniste forestier, faculté des Sciences et Techniques, département de Biologie, université de N’Zérékoré, Guinée.
Botaniste, écologue des forêts tropicales, UMR « Botanique et modélisation de l’architecture des plantes et des végétations » (Amap), Institut de recherche pour le développement, France.
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2010
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