Le lait, patrimoine des Peuls pasteurs du Niger
Pratiques alimentaires, représentations et usages non alimentaires chez les Gaawoo’be du Gourma
Milk, patrimony of Fulani pastoralists in Niger. Feeding practices, representations and non feeding usages among the Gaawoo’be of Gourma
p. 419-442
Résumés
Parmi les Peuls, les Gaawoo’be de l’ouest du Niger représente un groupe resté pasteur en particulier par leur attachement à la vache et par la place qu’occupe la femme dans la société et celle accordée au lait, principal produit de leur élevage. Le lait est d’abord un aliment de choix très valorisé en quantité mais surtout en qualité. Il est pris à tous les repas.
Toute une série de produits laitiers sont issus de procédés de conservation et de pratiques de transformations qui relèvent uniquement des femmes.
Les divers types de lait ne sont jamais séparés des qualités de pâturages mais aussi des particularités des récipients à lait. Chez les Peuls gaawoo’be, les produits laitiers mélangés ou non à des végétaux ont toute une série d’usages médicamenteux et esthétiques. Enfin, le lait a une valeur symbolique liée à la prospérité, à l’identité du groupe et participe à des valeurs religieuses. Il s’inscrit dans une notion globale que nous nous proposons d’appeler « une chaîne patrimoniale » qui relie les produits laitiers aux principaux éléments et aux savoirs des acteurs du système pastoral.
Le lait et les produits laitiers relèvent spécifiquement d’un « matrimoine » chez les Gaawoo’be, c’est-à-dire un ensemble de savoir-faire et de pratiques transmis par les femmes.
Among the Fulani, Gaawoo’be of Western Niger are even today pastoralis with a special place of woman in the society with a major role of milk.
Firstly milk is a valorised food concerning quantity but mainly quality. Many milk products are issued from conservation and transformations practices which are controlled by women.
Different milk products are connected to qualities of differents pastures but also to the specificities of contenors for milk.
For the Gaawoo’be Fulani, milk products, sometimes mixed with plants are used as medicines or beauty products.
Finally milk has a symbolic value linked to prosperity, identity and even religious value. It is thought in a general concept of “patrimonial chain” which links milk products to the differents elements and local knowledge in pastorali system. Milk and milk products are rather “matrimonial” for the Gaawoo’be Fulani, that is to say a set of local knowledge and practices which are transmitted by women.
Entrées d’index
Mots-clés : Peuls gaawoo’be, Niger, lait, patrimoine, femme
Keywords : Gaawoo’be Fulani, Niger, milk, patrimony, women
Texte intégral
1Les Peuls sont l’un des peuples les plus dispersés de l’Afrique. Ils vivent sur une zone qui va du fleuve Sénégal aux bords du Nil, du Sahel à la savane. C’est donc une aire de peuplement très vaste mais également très variée du point de vue écologique et politique. Cependant les Peuls se reconnaissent partout à travers une activité spécifique qui est l’élevage du bovin. Cet animal a une valeur symbolique très grande et fait partie de l’inconscient collectif des Peuls. On peut dire qu’il participe à la construction ethnique des Peuls. Ils le perçoivent comme « un don de Dieu » dont ils doivent prendre soin.
2La vie d’un troupeau de zébus exige de la part du berger de tenir constamment compte de l’environnement, en particulier des disponibilités en pâturages et eau. C’est en partie les contraintes de l’élevage et la conduite du troupeau qui est à l’origine de la répartition des Peuls autour des grands cours d’eau et dans les zones à l’écart des cultures.
3Mais au fil de l’histoire, les Peuls se sont convertis à l’Islam et ont fondé de grandes cités à partir du xvie siècle. L’Islam et les conquêtes territoriales du xixe siècle ont incité la majorité des Peuls à se sédentariser. Les sécheresses successives au Sahel ces 30 dernières années et le rétrécissement des zones de pâturage sont en train d’accélérer la sédentarisation des Peuls. Malgré tout il existe dans tout le monde peul, des groupes restés pasteurs et dévoués encore à la vache et à son élevage. Dès lors, les Peuls se distinguent entre Peuls villageois ou citadins (Fui’be si’iire) et Peuls pasteurs (Fui’be na’i) dits également Peuls de brousse (Fui’be ladde). Les premiers sont sans doute majoritaires aujourd’hui mais ils continuent à se référer au second à travers des liens de parenté.
4Rappelons que les pasteurs élèvent les vaches pour les bienfaits qu’elles prodiguent, barke na’i, c’est-à-dire le lait et ses dérivés mais jamais la viande ; ils sont donc spécialisés dans l’élevage laitier, alors que les services techniques privilégient l’élevage pour la boucherie. Si beaucoup d’agro-pasteurs peuls ont diversifié leurs objectifs d’élevage, les Peuls restés pasteurs restent très attachés à la production laitière. De ce fait, c’est la vache qui est valorisée dans les troupeaux, beaucoup plus que les autres catégories d’animaux.
5Ils recherchent pour leur alimentation une production laitière abondante, de bonne qualité et, dans l’idéal, disponible toute l’année. De plus les Peuls pasteurs approvisionnent les autres populations rurales en produits laitiers, ce qui améliore leur régime alimentaire déficient en protéines. La vente de produits laitiers est une activité spécifique des femmes chez tous les Peuls pasteurs. Elle participe à une répartition nette des tâches selon le genre – conduite aux pâturages et organisation des transhumances pour les hommes, gestion et transformation du lait pour les femmes – et mobilise des savoirs locaux très anciens concernant :
- le choix des pâturages, leur gestion ;
- la sélection des races résistantes et bonnes laitières ;
- les différentes préparations dans lesquelles le lait et ses dérivés sont utilisés.
6Dans la vie quotidienne des pasteurs, le lait produit par la vache est la base de l’alimentation. Cet aliment occupe une place particulièrement importante pour les femmes. Au-delà de l’aspect nutritionnel, on peut se demander si le lait n’intervient pas dans les pratiques sociales et s’il n’est pas porteur de valeurs symboliques.
7Les différentes utilisations alimentaires et les diverses pratiques autour du lait constituent probablement un ensemble de savoirs qui différencient les Peuls pasteurs non seulement des agropasteurs mais également des autres sédentaires. Il s’agira de se demander si ces fortes spécificités liées au lait sont l’expression de son caractère patrimonial.
8Nous nous proposons d’étudier ces problématiques alimentaire et symbolique du lait chez des Peuls gaawoo’be qui sont actuellement les seuls pasteurs transhumants de l’ouest du Niger. C’est un groupe que nous connaissons depuis bientôt plus de vingt ans. Nous avons consacré une thèse (Sow, 1994) à l’étude de leur parler et une recherche postdoctorale à leurs pratiques et représentations linguistiques (Sow, 1997). Nous nous sommes également intéressée aux activités de femmes pour nos recherches ethnolinguistiques (Sow, 1995). En tant qu’animatrice formatrice, nous avons directement travaillé, en milieu gaawoo’be, avec les femmes sur le lait, ses transformations et l’alimentation à base de lait. Cette recherche est le résultat de ce travail avec les femmes complété par des enquêtes.
Présentation des Peuls gaawoobe
9Les Peuls gaawoo’be se sont installés dans la région du fleuve Niger au xixe siècle en suivant les Touaregs dans cette zone (Sow, 1994 : 17). On les trouve actuellement (fig. 1).
- au Niger, dans les arrondissements de Téra et Tillabéry où certains d’entre eux transhument dans le Haoussa (rive gauche du Niger), dans le canton d’Anzourou et celui d’Ayorou ;
- au Burkina-Faso, dans le Sahel Burkinabé, dans la province du Sêno et de l’Oudalan ;
- au Mali où ils transhument vers le Nord jusqu’à Ouatagouna.
10À la suite de sécheresses successives, beaucoup de familles habitant l’arrondissement de Tillabéry ont immigré dans l’arrondissement de Say au Sud, mieux arrosé, à la recherche de pâturages et de terres cultivables. A Téra et Tillabéry, deux Peuls sur trois sont des Gaawoo’be.
Une histoire pastorale dans l’orbite des Touaregs
11L’histoire des Gaawoo’be est étroitement liée à celle des Touaregs (Sow, 1994 :18). Ils se seraient enfuis du Massina pour éviter la guerre et préserver leurs animaux. Ce faisant, ils ont établi des liens avec les Touaregs.
12Certains sous-groupes portent encore le nom des chefs de file touaregs qu’ils ont suivis dans leur migration sur le territoire actuel du Niger. Les Gaawoo’be ne guerroyaient pas aux côtés des Touaregs mais s’occupaient de leur bétail et par là même s’assuraient leur protection.
13Trois faits historiques ont ensuite détaché les Peuls gaawoo’be de la tutelle des Touaregs :
- l’avènement de Sékou Diagourou, un guide religieux peul, en 1893 dans la région de Téra a attiré beaucoup de Peuls dans sa mouvance ;
- la nomination d’un chef peul à Téra par l’administration coloniale a complètement sécurisé la région pour les Peuls ;
- et la soumission des Touaregs par les Français aux environs de 1910.
14Les Français ont organisé les populations nomades, par exemple celles des Peuls en « groupements » autour d’un leader influent et proche de l’administration. Les Gaawoo’be ont alors constitué trois principales chefferies au Niger et au Mali : celles de Petel-Kôlé, de Daya et de Watagouna. En plus de ces chefferies dirigées par des amiruu’be, il existe des « groupements » plus restreints autour de chefs appelés jowroo’be. Actuellement on estime que les Gaawoo’be sont environ 70 000 au Niger et au Burkina Faso (fig. 2).
15Ce résumé de l’histoire des Gaawoo’be montre qu’en s’approchant des Touaregs et en bénéficiant de leur protection, ils ont voulu rester des pasteurs fidèles à l’élevage bovin, contrairement à d’autres groupes qui à la même époque, menaient des guerres de conquête et de ce fait se détachaient de l’élevage. Les Peuls gaawoo’be quant à eux n’ont pas participé à l’histoire glorieuse de conquêtes territoriales aux xviiie et xixe siècles. Leur histoire reste essentiellement liée au pastoralisme. De ce fait, dans ce choix historique, ils partagent beaucoup de points communs avec les pasteurs wo’daa’be (Bonfiglioli, 1988).
Un groupe peul resté pastoral
16Ces Peuls ont toujours accordé la priorité à l’élevage, même quand la pression administrative, au cours de la période coloniale, a encouragé la sédentarisation et la constitution de chefferies. C’est aujourd’hui encore un groupe caractérisé par le pastoralisme, une vie uniquement rurale, des mariages noués presqu’exclusivement dans le groupe, la place de la femme dans la société (importance des lignées maternelles, de la propriété féminine de bétail, de la participation aux prises de décision dans les familles).
17Ils se définissent eux-mêmes comme des Fui’be egga-ho’daa’be : des Peuls qui se déplacent sans cesse, ces déplacements répondant aux besoins des animaux. Ce sont probablement les exigences de l’élevage qui les ont conduits à migrer au xviiie siècle, dans un long exil, au Gourma dans la région de Gao au Mali, d’où leur nom proviendrait. En se plaçant sous la protection des Touaregs, ils leur ont emprunté des éléments d’habitat (importance du cuir dans les décorations des cases), du vocabulaire et des pratiques alimentaires (régime grossissant des jeunes femmes). De plus, certains Gaawoo’be élèvent des dromadaires et des chèvres mais l’animal principal reste le bovin.
18En plus de l’importance accordée à l’élevage, les Gaawoo’be sont réputés comme un groupe peul conservateur et différent des autres : tenue vestimentaire des bergers, habitat de grandes huttes en pailles tressées et montées par les femmes. Cette case agencée « en kit » appartient à la femme ; elle est montée et démontée facilement, elle est le symbole des Gaawoo’be aux yeux des autres populations. L’homme ne possède pas de case ; il n’a que son bâton de berger, ses chaussures et sa couverture.
19Chez les Gaawoo’be, la femme est partie prenante de l’activité pastorale. On peut même dire qu’elle joue un rôle central d’un point de vue symbolique. Une véritable symbiose existe entre la femme et la vache. Par son comportement, la femme est vraiment celle qui permet la prospérité du troupeau. Une harmonie intervient entre la femme et les bienfaits qu’elle apporte au troupeau et au campement. La femme manifeste tiinde, « chance, bonne aura » et laa’bal « propreté physique et morale » : ces qualités sont dispensatrices de prospérité pour le troupeau et partant pour le campement (photo 1).
Les produits de l’élevage chez les Gaawoo’be
20La plupart des développeurs et socio-économistes voient dans l’élevage d’abord le commerce du bétail, la viande bovine et le commerce du cuir. Pour eux, l’utilité de l’élevage semble résider dans la rentabilité monétaire, dans une logique de l’évaluation des produits à retirer de l’animal mort. Pour les Peuls en général et les Gaawoo’be en particulier, l’importance du troupeau, c’est d’abord le bonheur et le prestige procurés par la possession d’animaux, ensuite le lait que donnent les vaches. Le lait et ses différentes transformations sont les seules occupations nobles dont doit s’occuper la femme. C’est un travail agréable et moins asservissant que le pilage des céréales. En dehors de certaines pratiques sacrificielles (sadaka, tabaski) ou sociales (cérémonie du nom, la’birdi, mariage, accueil d’un hôte kirsaari ou koccaari), le Peul pasteur n’abat jamais un animal pour la nourriture de la famille.
21Certains Gaawoo’be vivant dans les îles du fleuve Niger prêtent leurs bœufs aux Sonraï pour labourer les rizières à la charrue. Ils entretiennent des contrats de fumure avec les paysans quand ils transhument dans les zones de culture. Cependant toutes les valorisations de l’élevage bovin (viande et cuir) sont quand même secondaires pour les Peuls. L’essentiel pour eux n’est pas là. Il est dans le lait.
Le lait et les produits laitiers
22Le lait et les produits laitiers sont le domaine exclusif de la femme dans le campement. En dehors de la traite et de la collecte, l’homme ne participe à aucune manipulation du lait dans la case.
Le lait, un aliment de base
23Selon l’aliment que la vache consomme (graminées, feuillages, son) son lait peut être plus ou moins apprécié. Il peut être consistant ou liquide. Ainsi certaines espèces de graminées sont reputées pour donner du lait de bonne qualité, c’est le cas de da’y’ye (Andwpogon gayanus), de pagguri (Planicum laetum) ou le burgu (Echinochloa stagnina) qui est une graminée aquatique. Mais aussi les feuilles de certains arbres comme banuhi (Pterocarpus erinaceus) sont aussi appréciées pour leur qualité lactifère. Être bon berger suppose aussi de connaître les bons pâturages sur lesquels conduire les animaux.
24Quand le lait est abondant, il est consommé à tous les repas.
25Ainsi, dans les campements, les Peuls consomment du lait ou un produit laitier aux trois repas selon des préparations légèrement différentes.
- Le matin en petit déjeuner : pummari (~ kaccitaari, to’yaari). Le lait frais de la traite du matin est bu nature ngumam ou accompagné de couscous lacciri, de tô de mil ou de riz to’b’biri. Quand le lait n’est pas abondant, on l’ajoute à de la bouillie bita. Le lait consommé frais, nature ou avec du couscous ou du tô (pâte épaisse de farine de céréales) est le meilleur petit déjeuner pour les pasteurs. Quand ils campent à côté des villages de sédentaires, le lait peut être bu accompagné de galettes de mil préparées par les femmes sédentaires, ‘biraa’dam e maasa.
- Au milieu du jour : mbottaari. Ce repas est composé de lait aigre doux fouetté ou baratté, bu nature ou accompagné de cobbal, qui désignent différentes préparations de farines de mil associées au lait aigre.
- Le soir : hiraande. En général le soir est préparé un repas de pâte de mil, nyiiri, accompagné de sauce le plus souvent épaissie à la poudre de feuilles de baobab, ‘bokko. Mais certains préfèrent ajouter le lait frais à la pâte de mil pour en faire une sorte de bouillie appelée to’b’biri comme pour le petit-déjeuner. Le lait frais de la traite est pris après ce repas chaud et salé.
26Les quantités de lait dépendent de la saison : le campement connaît une période d’abondance que l’on peut situer entre le milieu de la saison des pluies et la fin de la saison sèche et froide, environ d’août à février (korsol et dabbunde). La traite est alors divisée entre la consommation familiale et la vente. La saison sèche et chaude cee’du est une période très redoutée, de mars à juillet quand le lait arrive à manquer. La traite est alors réservée à la consommation en particulier aux membres vulnérables du campement : enfants, vieillards et femmes enceintes.
27Dans la façon de consommer du lait, les pasteurs sont plutôt individualistes. Chaque famille a son troupeau et dispose du lait de ses propres vaches. En général chaque membre de la famille est servi par les femmes dans sa calebasse personnelle où il puise avec sa louche ou sa cuillère en bois.
28Après la traite, le lait est divisé en deux parts : une part est destinée à la transformation et une autre à la consommation. Cette répartition relève de la responsabilité des femmes. Toutefois, les jeunes mariées laissent cette responsabilité à leurs belles-mères ou à une femme aînée. Il existe tout un savoir-faire comportemental dans la distribution du lait. Ne pas respecter un ordre d’attribution du lait risque de provoquer des remontrances de la part des aînés. En général, on sert en premier les enfants et les personnes âgées, puis les femmes et enfin les hommes. Cet ordre s’impose plus quand le lait n’est disponible qu’en petites quantités.
29Les Gaawoo’be redoutent le manque de lait, amaarey, qui est pour eux source de plusieurs maladies : rhume, maux des yeux, toux surtout.
30Le manque saisonnier survient pendant la saison chaude quand les vaches n’ont plus rien à manger et qu’elles ne donnent plus assez de lait, les femmes ont recours au lait industriel en poudre de l’aide internationale qu’elles reçoivent en sac et qu’elles gardent sous leur litt. Ce lait du manque est appelé ‘dam ley leso, « celui de sous le lit » qui ne donne qu’un lait caillé souvent écrémé et très peu apprécié. Elles achètent également de la poudre de lait en boîte. Les marques les plus appréciées sont hollandaises et suisses : la belle hollandaise Ngel bokotiiji « la petite dame aux seaux » ou Niddo Sari « lait granulé » qui a l’avantage de donner tous les sous-produits du lait. Ces boîtes de lait sont rangées sur le kaggu, sorte de vaisselier où sont également rangées les calebasses de lait. Ainsi le lait de substitution et ses récipients sont insérés dans l’espace habituel que la femme réserve pour ses ustensiles à lait.
31Le lait industriel permet aux femmes de nourrir leur famille pendant le manque saisonnier du cee’du ou le manque catastrophique de la sécheresse. Pourtant ce sont pendant ces deux périodes que les habitudes alimentaires changent et que les Peuls gaawoo’be mangent beaucoup de céréales nyamndu njoorndu » aliments solides » joornooji ‘bernde « qui assèchent le cœur ».
32Le lait kosam viendrait de ko samti, « ce qui est meilleur ». Kosam fuu wa’ata kosam nagge maa : » aucun lait n’équivaut le lait de ta propre vache ». Le lait est le meilleur des aliments et tout comme la vache qui le produit, il est la raison d’être des Peuls pasteurs. Le lait de la vache de la famille est considéré meilleur et même irremplaçable. Un lait extérieur peut compenser un manque mais il n’équivaudra jamais à celui issu du troupeau familial.
33Le lait est l’aliment pur par excellence, il est sain, kosam no jogi jam, mieux encore il est synonyme de pureté, de propreté laa’bal. Il doit être recueilli dans des objets très soignés et propres. Le lait donne la force kosam woni busam. Ce n’est pas un aliment comme les autres.
Les types de lait
34Après la traite des vaches, activité masculine chez les Gaawoo’be, toutes les manipulations et transformations des produits laitiers sont l’affaire des femmes. Elles jouissent d’une autonomie entière dans la gestion et les usages de tous les types de lait.
35Les principaux produits laitiers comprennent :
- le lait frais ‘biraa’dam qui après différentes manipulations donne plusieurs sous-produits ;
- le lait caillé, daani’dam, peut être séparé en crème, kettungol, et lait écrémé, wulsere. Fouetté, il devient burwaa’dam, baratté, il est jonkaa’dam, doux il est appelé mbaggam et devenu plus aigre, il est lammu’dam. D’une part, le lait écrémé est consommé en l’état ou sous forme de lait fouetté. D’autre part, la crème est surtout destinée à la fabrication du beurre, nebbam, qui donne également un sous-produit, le petit lait torde, très apprécié par les Gaawoo’be et tous les Peuls pasteurs. Le beurre est consommé ou vendu en l’état ou cuit et conservé sous forme de beurre fondu, kaaynaa’dam (voir tabl. 1 et photo 2).
36Parmi tous ces types de laits, le lait frais est le plus consommé par la famille tandis que le lait caillé et le beurre sont les plus vendus.
Les récipients du lait
37Les qualités gustatives des produits laitiers sont attribuées :
- aux vaches laitières : il y a des races bovines qui donnent du bon lait. Chaque groupe peul dispose d’une race bovine spécifique à laquelle il est en général très attaché. C’est le cas des Gaawoo’be qui ont sélectionné la race appelée gaawooji. Ils considèrent que ce sont de bonnes laitières par rapport aux jalliiji, la race bovine des sédentaires, le long du fleuve Niger (Sow et Boutrais, à paraître) ;
- à l’alimentation : le lait reflète la qualité de l’herbe consommée. Rappelons que, dans les pâturages, les bergers savent identifier en général des espèces qui donnent une bonne lactation en quantité et en qualité ;
- aux compétences des femmes, selon leur « main » ; selon leur savoir-faire ;
- à la nature des récipients en calebasse ou en bois provenant d’espèces spécifiques d’arbres qui agrémentent le goût du lait (photo 3). Les récipients en calebasse servent à traire mais surtout à conserver le lait (ciilirgal pour le caillage, lalorde, par la collecte, pour le barattage jollooru et pour la conservation du beurre boliiru.
38Les espèces d’arbres appréciées pour la confection des écuelles sont par ordre de préférence banuhi (Pterocarpus erinaceus) qui permet de bien conserver le lait, ensuite gawdi (Acacia nilotica) qu’on utilise à propos à défaut de banuuhi ou tanni (Balanites aegyptiaca) dont le bois est plus léger que les deux premiers. Ce bois est souvent utilisé pour le karaw, récipient servant à la traite.
39Dans le milieu pastoral, le travail du lait doit être fait dans des végétaux, bi’b’be leydi littéralement « enfants de la terre » c’est-à-dire des végétaux nourris par la terre et qui de ce fait relève de la nature : calebasse, écuelle et objets en bois, de la traite à la consommation.
40Le banuwal, écuelle faite avec l’arbre banuhi (Pterocarpus erinaceus) est comme une espèce d’emblème, de réceptacle sacré du lait. Être descendant de Peul pasteur se dit ‘biy-banuwal « fils du banuwal ». Ainsi chaque Peul est nourri du lait contenu dans l’écuelle banuwal. La même écuelle sert à contenir le lait prévu pour le rasage lors de la cérémonie du nom que reçoit chaque enfant peul le 7e jour de sa naissance.
41Les Gaawoo’be utilisent des outres en peaux de chèvre ou de mouton. C’est probablement un emprunt aux Touaregs. Les outres sont appréciées pour leur capacité à contenir plusieurs calebassées de lait et leur pouvoir de conservation par grande chaleur. Elles servent surtout à baratter de grosses quantités de lait caillé. L’outre est l’instrument adapté aux grandes chaleurs sahéliennes et sahariennes. Elle est aussi plus facile à charger sur des ânes.
Les usages et techniques de transformation du lait
42Le lait frais ‘biraad’am ou keccam est le lait qui vient d’être trait. Il doit être bu quelques heures après la traite (environ 2 heures) sinon il se transforme. Pour accélérer sa transformation, il est transversé dans un récipient, calebasse ou écuelle pour le caillage ; on y ajoute alors une goutte de lait caillé. Ce procédé de caillage est dit : faire dormir le lait ‘daanina kosam.
43La calebasse qui sert à cailler le lait est appelée ‘daanirde et l’écuelle ciilirgal.
Le lait dans l’alimentation
Une hiérarchie de laits
44Les différentes formes de laits sont les aliments privilégiés des Peuls gaawoo’be, leurs vrais aliments. Certains laits peuvent être vendus à d’autres consommateurs mais les laits les plus valorisés sont réservés à la consommation familiale.
45Chez les Gaawoo’be, ce sont les laits relativement peu valorisés qui peuvent être vendus. C’est surtout le cas du lait caillé écrémé et fouetté (burwaa’dam) et du beurre (nebbam). D’autres laits peuvent être offerts mais jamais vendus : lait frais (biraa’dam). Enfin, des produits laitiers sont tellement valorisés qu’ils ne peuvent être consommés que par la famille : crème (kettungol), crème fouettée (jonkaa’dam) et surtout le petit lait (torde). Il semble bien que cette valorisation des produits laitiers soit la même chez tous les Gaawoo’be pasteurs.
Lait et mil, deux aliments de choix
46Le lait est associé de préférence au mil pour confectionner toute une série de préparations culinaires, depuis des aliments liquides (boissons avec ou sans cuisson) et des bouillies jusqu’aux pâtes solides (tabl. 2). Le beurre accompagne toujours les sauces et les plats de riz ou de couscous.
Les usages commerciaux
47Le lait caillé et le beurre ont une valeur commerciale importante et permettent aux femmes d’écouler leur surplus de lait et de beurre. Ils se conservent mieux que le lait frais ou le lait baratté qui, à cause de sa teneur en matière grasse, tourne plus vite que le lait écrémé fouetté.
48En période d’abondance en hivernage et surtout en saison froide le lait fouetté peut être conservé jusqu’à une semaine. Le beurre non écoulé peut être cuit pour être consommé ou revendu sur les marchés. C’est le produit laitier qui se conserve le plus longtemps ; une fois cuit on peut le conserver au moins trois mois. Un litre de beurre cuit coûte quatre fois plus cher qu’un litre d’huile végétale.
49Notons aussi que chez les autres populations pasteurs comme les Wo’daa’be, le lait caillé et le beurre constituent les deux produits laitiers les plus commercialisés (Dupire, 1972). Chez les Gaawoo’be, la production de lait peut devenir excédentaire par rapport aux besoins en hivernage et en début de saison sèche (d’août à janvier). Cet excédent peut difficilement être écoulé sur les petits marchés de la région, dans le rayon moyen de déplacement à pied des femmes (de 10 à 15 km). Il est donc fréquent qu’il soit perdu, jeté dans les mares ou les cours d’eau. Dès lors, des possibilités de transformation en produits conservables existent en zone pastorale peule.
Les usages non alimentaires du lait
50Le lait et ses produits ont des usages autres que celui de l’alimentation, ils entrent dans la préparation de médicaments et de soins esthétiques.
Usages médicamenteux
51Les laits ont des usages médicamenteux importants pour toute une gamme de maladies (tabl. 3) :
- maladies du ventre, siège de la chaleur que le lait rafraîchit ;
- maladies du cœur qui s’assombrit par manque de lait et que le lait purifie ;
- maladies de la tête, de la peau.
52Les préparations des médicaments associent des laits ou des produits laitiers avec des feuilles ou des écorces d’arbres et d’arbustes. Les produits laitiers les plus utilisés pour ces usages sont le lait caillé et le beurre. Selon les environnements, ce ne sont pas les mêmes espèces végétales qui entrent dans les préparations médicamenteuses. Les soins sont en général indiqués ou donnés par des femmes âgées qui connaissent bien les plantes et qui sont autorisées à réciter les incantations accompagnant certains soins.
Usages esthétiques
53Des produits laitiers ont des usages esthétiques (tabl. 4) : crème et surtout beurre pour les coiffures féminines, pour l’entretien et la beauté d’objets en bois et en cuir.
54L’esthétique corporelle est une valeur importante chez tous les Peuls pasteurs, non seulement pour les femmes mais également pour les hommes. Cependant, l’utilisation du beurre pour des usages esthétiques fait l’objet de jugements négatifs de la part des populations sédentaires.
55Les Peuls pensent que :
- l’alimentation à base de lait donne une peau saine, claire et brillante ;
- la crème nettoie le cœur ;
- le beurre assouplit les cheveux et les fait pousser, il prévient les poux.
Les valeurs socioculturelles
La femme, la vache, le lait : trois énergies vitales au campement
56Les Peuls gaawoo’be considèrent que la femme est dans le campement l’alliée de la vache. C’est pour elle et la vache que l’homme pasteur lutte et se bat volontiers s’il faut les secourir. Avant les conquêtes islamiques, les Peuls ne se battaient que pour les femmes et les vaches (mais il n’existait pas de vols systématiques de vaches comme chez les Masaï).
57La qualité d’un campement reflète la qualité des femmes qui sont charmantes et accueillantes. Elles apportent alors une énergie en harmonie avec le troupeau qui prospère et quand le troupeau prospère, c’est tout le campement qui prospère.
Le lait et la blancheur
58La blancheur du lait, danejum, est très appréciée. Elle symbolise la pureté absolue qui n’admet pas d’impureté. C’est la blancheur sans tache. Cette grande blancheur est en même temps redoutée car elle peut éblouir. Dès lors en présence de personnes étrangères au campement, on laissera flotter une louche dans le lait frais et des mottes de beurre dans le lait caillé pour ne pas éblouir l’étranger avec cette manne blanche qui peut susciter en lui une envie incontrôlée, suuno.
La valeur identitaire du lait
59Le lait est signe d’abondance et de bonheur au campement. Il doit être partagé. Il est comme une offrande valorisée : c’est la manière de bien se conduire, de respecter l’autre. Cela participe du code des valeurs de la pulaagu.
60Un pasteur ne peut refuser le lait de ses vaches à un autre pasteur et à tout hôte de passage.
- Le lait construit physiquement et moralement le Peul pasteur. Pour lui, l’esthétique corporelle est liée à la consommation de lait. La vache est un don de Dieu, et le pasteur boit du lait en ayant conscience d’être favorisé. Il se sent aimé plus que les autres de Celui qui lui a donné la vache.
- Le lait socialise le nouveau-né qui entre dans la société des hommes le jour où il reçoit son prénom, au cours « de la cérémonie du nom », lamru. Pendant cette cérémonie les cheveux du bébé sont mouillés de lait et rasés. Ce lait est offert par les tantes paternelles du bébé. Une fois que l’enfant a reçu son nom et qu’il ait été rasé, son lignage paternel d’abord (en général les tantes paternelles), et ensuite son lignage maternel lui offrent un animal, toujours une femelle : en général veau, brebis ou chèvre. Ces animaux offerts lors de la cérémonie du nom sont appelés sukkamaaji. Ils constituent la première richesse de l’enfant qui, s’il a de la chance, formera ainsi son premier troupeau.
Le lait, à la limite d’une valeur religieuse
61Dans les sociétés peules, le lait est considéré comme une nourriture paradisiaque ; les descriptions du paradis parlent de jardin où coulent des rivières de lait. Le lait est la récompense des âmes pures. Ce sentiment d’élection accroît le narcissisme des pasteurs pour qui jaroowo kosam hawtataa e mo yarataa kosam « Celui qui boit du lait n’est pas pareil à celui qui n’en boit pas. »
62Le lait n’est jamais versé par terre. S’il est versé par accident, il faut y mettre le doigt et le porter au front. Même tourné, il est déversé dans un cours d’eau ou ajouté à la boisson des animaux.
63Une femme en menstrues ne peut traire, ce qui a une signification symbolique mais aussi presque religieuse. Le sang évoque l’impureté et il est antinomique du lait : l’un symbolise la vie, l’autre la mort.
Conclusion
64Les savoir-faire sur le lait et les produits laitiers représentent véritablement des patrimoines culturels pour tous les Peuls pasteurs ; ils participent à leur identité et à la place des femmes dans leur société. Celles-ci sont gestionnaires des savoirs liés au lait mais c’est aussi leur comportement général qui est important dans la vie du campement
65Le lait et la vache qui le produit ont été reçus des Dieux comme un don. Les Peuls pasteurs essayent de préserver cette « offrande divine » dans des conditions souvent difficiles. L’idée d’avoir à transmettre aux générations futures le produit issu de l’animal le plus valorisé et les savoirs autour de ce produit relève bien d’une logique patrimoniale. Or, cet ensemble est fragile. En effet, l’ouverture de marchés (avec les laits industriels) et la sédentarisation accélèrent les changements des habitudes alimentaires.
66En amont du lait, c’est la vache qui est patrimonialisée et en aval ses produits. Ils participent à la spécificité des Peuls. Le lait est donné par la vache mais il est aussi transformé, valorisé par les savoirs féminins. Les savoirs et savoir-faire culinaires, médicamenteux et esthétiques sont à préserver et transmettre. Ils revêtent de ce fait un caractère patrimonial et peuvent s’inscrire dans ce que nous appelons une « chaîne patrimoniale cohérente » qui intègre les pâturages, la vache et le lait en reflétant ainsi l’organisation sociale des tâches et des savoirs entre les hommes et les femmes.
67Si la transmission du savoir pastoral sur des parcours extérieurs est un domaine presque exclusivement masculin, les savoirs autour du lait gérés dans un contexte intérieur au campement relèvent d’une activité féminine. Si on peut dire que la vache est un patrimoine familial, référent identitaire de tous les Peuls, le lait pourrait être perçu comme un « matrimoine », un patrimoine féminin dont les savoirs et savoir-faire sont développés et transmis par les femmes.
68Dans le système pastoral peul, plusieurs éléments forment une « chaîne cohérente » (tabl. 5) : des pâturages, la vache peule, le lait en lui-même et les produits laitiers. Tous ces éléments sont liés par des relations logiques et indispensables, ce qui est exprimé par l’idée de chaîne.
69De plus ces éléments du système pastoral participent d’une construction patrimoniale mais de façon différente pour ce qui est de la vache et des produits laitiers.
70Pour les Peuls, une différence de conception patrimoniale existe entre ce qui concerne la vache d’une part, les produits laitiers, d’autre part :
- la vache relève de ce qui est hérité, donné (par Dieu) et qui est représenté comme intangible. C’est la notion de ndonu ;
- les produits laitiers supposent une transformation du lait qui met en œuvre des savoir-faire culturels développés par chaque groupe.
71Ces savoirs sont hérités en ligne maternelle de femme à femme mais ils ne sont pas figés. Ils sont susceptibles de varier selon les groupes et les espaces et d’évoluer à partir d’emprunts : l’outre touareg chez les Gaawoo’be, le récipient en plastique pour mesurer le lait. Ces savoirs constituent un ensemble de finaa-tawaa pour le groupe et ils sont détenus par les femmes.
72Pour les Peuls ndonu et finaa-tawaa forment le tawaangal : tradition, façon de faire ancestrale. Toutes ces notions peules sont proches de celle de patrimoine en tout biens ou valeur propres au groupe peul.
73L’attention des Peuls à préserver, à conserver des éléments et des pratiques qui leur sont importants est également exprimée par des termes qui renforcent les précédents : jogaade « tenir, ne pas laisser abîmer », dura « surveiller », hakkdaade « prendre soin », amaana « ce qui est confié ».
74Ainsi, la notion de patrimoine demande à être appréhendée de manière interne par une investigation linguistique des termes utilisés par les locuteurs eux-mêmes.
Bibliographie
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Auteur
Salamatou A. Sow, ethnolinguiste, univ. Abdou Moumouny, centre IRD, BP 11416, Niamey, Niger.
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