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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Introduction Dynamique environnementale et conflit : ancienneté et actualité Variabilité environnementale et adaptations des populations La crise et les défis à venir Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad

    Ce livre est recensé par

    • Emilie Lavie, Les Cahiers d’Outre-Mer, mis en ligne le 1 décembre 2021. URL : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/com/12994 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/com.12994
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    Table des matières

    Chapitre 7. Insécurités au lac Tchad : environnement et conflits

    Géraud Magrin et Jacques Lemoalle

    p. 135-148

    Résumés

    Au lac Tchad, il n’y a pas de relation simple entre insécurité environnementale et politique. Depuis la fin des années 1990, un contexte économique optimal de « Petit Tchad régulier » s’est accompagné d’une montée des tensions sociopolitiques, sur fond de dégradation des régulations locales et nationales. Boko Haram, d’origine nigériane, a été le révélateur d’une vulnérabilité régionale dont les fondements sont avant tout politiques.

    In the Lake Chad region, no simple relationship can be identified between environmental and political insecurity. Since the end of the 1990s a favourable economical context related to a stable “Small Lake Chad” hydrological situation has been accompanied by increased socio-political tensions, linked to a deterioration of the local and national structures. Boko Haram, originating in Nigeria, has revealed a regional vulnerability that is ultimately political in nature.

    Texte intégral Introduction Dynamique environnementale et conflit : ancienneté et actualité Un lac hydropolitique : des tensions entre États Le lac comme espace refuge pour des groupes rebelles L’assèchement et la crise actuelle à travers quelques discours Variabilité environnementale et adaptations des populations Un âge d’or :
    le « Grand » et le « Moyen lac Tchad »
    Deux états de « Petit lac Tchad » inégalement favorables La crise et les défis à venir L’oasis en péril : ressources, compétitions et régulations Des défis multiples au prisme des insécurités Politiques publiques : des tentations à risque Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    Introduction

    1Depuis longtemps, c’est sous le prisme de l’insécurité que le lac Tchad est le plus souvent évoqué au niveau international, et les médias relaient cette impression en lui servant de caisse de résonance. Cette insécurité a d’abord été essentiellement climatique : le spectre de la disparition du lac Tchad, apparu au début du xxe siècle (Tilho, 1928) et rappelé à l’occasion des sécheresses sahéliennes des décennies 1970-1980, a été ranimé par les peurs associées au changement climatique. On craint une disparition imminente du lac, alors que la réalité est moins inquiétante : de 1973 à 2017 prévaut une situation relativement stable de « Petit Tchad ». La vulnérabilité hydrologique concerne surtout la cuvette nord du lac, qui n’est pas assurée d’être inondée chaque année – même si elle l’a été régulièrement depuis 1991. Plus récemment, une insécurité de nature politique s’y est largement substituée : le lac Tchad – parfois stricto sensu, parfois utilisé par métonymie pour désigner son aire régionale – serait un épicentre bien localisable sur la carte de l’Africanistan de Michailof (2015), voire d’un Sahélistan (Laurent, 2013). Cette poudrière sociopolitique est formée du cocktail détonnant d’une population à la plus forte croissance du monde, dans un contexte de grande pauvreté et d’États dont les failles se traduisent d’abord par de faibles capacités de contrôle territorial. Depuis 2014, Boko Haram s’est implanté dans cette poudrière.

    2Nous proposons ici de croiser, au sujet du lac Tchad lui-même, une analyse de l’insécurité environnementale avec celle de l’insécurité politique, en confrontant les discours institutionnels dominants aux dynamiques environnementales et à celles des sociétés. Dans le débat entre l’école de Toronto, qui lie crises climatiques et politiques, sécheresses et conflits (Homer-Dixon, 1999 ; sur le bassin du lac Tchad, Okpara et al., 2015), et la perspective de la Political ecology, qui souligne notamment les intérêts et les enjeux politiques sous-jacents aux discours de crise environnementale (Bégin-Favre, 2008 ; Magrin, 2016), nous nous situons du côté de cette dernière. Nous montrons que, contrairement aux discours associant assèchement et conflits, il n’y a pas au lac Tchad de lien de cause à effet entre l’évolution de l’environnement biophysique et les oppositions armées.

    3Au cours des dernières décennies, la succession de situations environnementales très différentes a fourni des conditions propices à l’exploitation des ressources naturelles du lac Tchad : phase humide du « Moyen lac Tchad » des années 1950-1960 (abondance du poisson et des ressources en eau ; pression limitée sur le lac), puis sécheresse des décennies 1970-1980 et phase intermédiaire de « Petit lac Tchad régulier » depuis le milieu des années 1990, permettant l’exploitation des ressources de la décrue. Cette dernière séquence, la plus favorable aux sociétés, s’est accompagnée d’une montée progressive des tensions, car la hausse des pressions sur les ressources naturelles et la dégradation des régulations (du fait de l’affaiblissement des pouvoirs coutumiers par les États et de leurs dysfonctionnements multiples) sont allées de pair. Cependant, la catastrophe est due à des facteurs exogènes : la violence de Boko Haram a été importée de Maiduguri et du cœur du Borno ; au lac Tchad, elle a révélé des vulnérabilités existantes. Par ailleurs, la difficile gouvernance des ressources en eau du bassin face aux défis du changement climatique et de la hausse des besoins crée une incertitude forte sur l’avenir, et donc une insécurité supplémentaire. Notre hypothèse est donc que les insécurités environnementales et politiques qui caractérisent le lac Tchad relèvent de temporalités différentes, très partiellement enchevêtrées.

    4L’analyse s’appuiera sur les acquis de l’expertise collégiale et de l’Atlas du lac Tchad (Lemoalle et Magrin, 2014 ; Magrin et al., 2015) sur le fonctionnement de l’hydrosystème et son lien éventuel avec les tensions sociopolitiques du passé, qu’elle mettra en regard de la situation contemporaine marquée par la crise Boko Haram (Magrin et Pérouse de Montclos, 2018). Nous rappellerons dans une première partie l’histoire des relations entre changements environnementaux et insécurités au lac, puis analyserons les discours contemporains qu’elles suscitent. Dans une deuxième partie, l’étude du fonctionnement du lac et de son économie au cours des dernières décennies conduira à questionner les facteurs et les enjeux de la crise Boko Haram, puis à proposer en dernière partie une réflexion prospective. Rappelons toutefois que les réalités locales sont devenues largement inaccessibles aux chercheurs du fait de l’insécurité, ce qui épaissit l’incertitude quant à l’avenir du lac Tchad.

    Dynamique environnementale et conflit : ancienneté et actualité

    5À plusieurs reprises au cours du xxe siècle, la variabilité du lac Tchad et de ses paysages a été facteur d’insécurité politique.

    Un lac hydropolitique : des tensions entre États

    6Du point de vue des États riverains, le lac Tchad est perçu depuis longtemps comme un lieu sensible, espace d’expression potentiel de velléités expansionnistes des voisins. Ainsi, au début du xxe siècle, la volonté française de démarquer les frontières dans le lac reflétait les craintes de voir ce milieu changeant1 servir de point d’entrée à l’expansionnisme du Borno nigérian densément peuplé (Chapelle, 1987). Plus récemment, lors du passage au « Petit Tchad » consécutif aux sécheresses sahéliennes des décennies 1970-1980, le retrait des eaux a rendu possible l’occupation par des pêcheurs nigérians, puis par l’administration et l’armée nigériane, d’îles tchadiennes et surtout d’une large portion de la fenêtre camerounaise sur le lac. Il s’est ensuivi un contentieux finalement réglé par la Cour internationale de justice (Pourtier, 2015). Depuis, la coopération entre États autour du lac Tchad s’est améliorée (Lemoalle et Magrin, 2014). Cependant, les enjeux de gestion de l’eau pourraient réactiver des tensions : en effet, les tentations nationales de décider la réalisation de grands aménagements hydroagricoles indépendamment des mécanismes de concertation prévus par la charte de l’eau élaborée en 2011 par la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) pourraient fournir de nouvelles pommes de discorde.

    Le lac comme espace refuge pour des groupes rebelles

    7Par ailleurs, le milieu lacustre a constitué à plusieurs reprises un milieu favorable à des groupes rebelles aux États environnants, considérés comme des facteurs d’insécurité pour eux. Les insulaires boudouma et kouri, réfractaires à l’autorité étatique du Kanem Borno, ont longtemps été présentés comme des pirates et des pilleurs, responsables du faible peuplement des rives sud du lac Tchad soumises à leurs razzias (Tilho 1906 ; Bouquet, 1990 ; Zeltner, 2002). Au milieu des années 1990, dans un contexte de « Petit Tchad », le Mouvement pour le développement et la démocratie (MDD), rassemblant des partisans de Hissène Habré, installa un maquis dans les marécages et forêts de la cuvette nord du lac Tchad, qui réactivait l’ancienne fonction de refuge de celui-ci2 (Magrin, 2005, 2009). Si le lac semblait offrir une base idéale par la protection offerte par ses marécages et sa proximité avec N’Djamena, il se révéla un piège : la coopération entre le Tchad et le Niger, qui craignait les liens entre le MDD et la rébellion Toubou, permit de réduire le MDD d’autant plus aisément que la famine avait décimé ses rangs (Azevedo et Nnadozie, 1998).

    8Vingt ans plus tard (2014-2015), le lac Tchad devient le sanctuaire par excellence de Boko Haram (Seignobos, 2016a, 2016b). Boko Haram n’est pas né au lac Tchad, mais il s’y trouve rapidement « comme un poisson dans l’eau », pour reprendre le mot de Mao Zedong : les marécages permettent de se cacher (le président nigérien Mahamadou Issoufou qualifie le lac de « marécageux labyrinthe »), mais ils se révèlent aussi très favorables à la stratégie de mobilité du groupe – les motos s’embarquent aisément sur les pirogues et permettent de frapper sur le territoire des pays voisins, notamment au Tchad et au Niger. Et surtout le lac fournit des ressources en abondance alors que Boko Haram investit le lac au moment où il n’a sans doute jamais été aussi productif. Suivant les périodes, Boko Haram a pillé les troupeaux et les récoltes ou soumis les producteurs et les commerçants à des taxes.

    9Le massacre dans le village de Baga Kawa (Nigeria), en janvier 2015, déclenche la riposte des forces armées, en particulier tchadiennes, qui sont autorisées à exercer un droit de suite au Nigeria. Cette riposte vise à protéger de l’influence de Boko Haram sur le lac Tchad et dans les régions administratives proches de la capitale tchadienne. Évitant les attaques frontales, Boko Haram pratique alors une guerre de harcèlement et s’implante dans le centre de la cuvette nord du lac, où une partie des populations les accueille favorablement (Seignobos 2016a, 2016b). Les gouvernements du Niger, puis du Tchad décident de vider les îles du lac en rapatriant sur les rives, sans concertation, les populations, principalement boudouma3 et une partie de leurs troupeaux. Fin 2015 la pêche est interdite dans la totalité du lac, mais des « arrangements » locaux permettent la poursuite discrète de l’activité. De nombreuses routes sont fermées dans le Borno et l’essentiel de l’activité économique du lac est mis à mal (Magrin et Pérouse de Montclos, 2018).

    L’assèchement et la crise actuelle à travers quelques discours

    10Certains discours mettent l’accent sur les liens entre ces deux types d’insécurité, cela a été particulièrement net au cours de la COP 214 et durant la période qui l’a précédée : en juillet 2014, l’ancien Premier ministre italien, Romano Prodi, signe une tribune dans Le Monde diplomatique intitulée : « Sauvetage du lac Tchad, un espoir de paix » (Prodi, 2014). L’article reprend un certain nombre de poncifs erronés (par exemple le sous-titre : « Une ressource dont dépendent trente millions de personnes »5), appuyés par un jeu de cartes lui aussi très utilisé, censé illustrer la réduction de la superficie du lac (Magrin, 2016) et d’une carte où figurent des violences à l’échelle du bassin. Romano Prodi appelle alors à la revitalisation du lac Tchad menacé de disparition, ce qui « favoriserait la paix dans une région instable », le lien explicite entre revitalisation du lac et retour de la paix pouvant sous-entendre que l’assèchement serait la cause de la guerre.

    11Lors d’un mini-sommet africain tenu le 1er décembre 20156, le président nigérien Mahamadou Issoufou établit le même lien entre crise environnementale et terrorisme : « Chaque jour, des paisibles citoyens sont enlevés, torturés, égorgés, leurs maisons brûlées, leurs biens arrachés, par des terroristes sans foi ni loi. Il y a une liaison étroite entre l’assèchement du lac Tchad et les terroristes du groupe Boko Haram dans la région… Il faut agir, il faut agir vite avant qu’il ne soit trop tard. » Le président tchadien Idriss Déby réclame une action urgente : le financement d’un mégaprojet de transfert des eaux de l’Oubangui afin de sauver le lac Tchad menacé de disparition.

    12Dans leur traitement de la crise humanitaire de la région du lac Tchad consécutive à la crise Boko Haram, les médias ont recours aux mêmes associations. Un article du Monde (27 mai 2017) s’intitule ainsi : « Survivre entre Boko Haram et les rives asséchées du lac Tchad » (Caramel, 2017). Or l’assèchement ne correspond pas à la situation actuelle (lire plus loin). Un sous-titre précise : « La situation autour du lac Tchad est considérée comme la plus grave crise humanitaire du continent africain. Une crise peu médiatisée qui combine famine, conflit armé et changement climatique. » Si le lien entre conflit et famine est logique, la référence au changement climatique pose question. En effet, si le lac Tchad a connu des changements environnementaux au cours des dernières décennies, ceux-ci n’ont pas toujours été défavorables aux sociétés riveraines, et le lien avec le réchauffement climatique reste à établir…

    Variabilité environnementale et adaptations des populations

    13La situation environnementale du lac au cours des dernières décennies n’est pas celle d’un progressif assèchement. L’extrême variabilité qui caractérise le lac Tchad s’est accompagnée, durant la majeure partie du xxe siècle, d’une insécurité environnementale liée à la variabilité des ressources naturelles, sensible pour ses habitants, mais d’un faible niveau de violence.

    Un âge d’or :
    le « Grand » et le « Moyen lac Tchad »

    14Dans les représentations des habitants de la région du lac Tchad comme dans celles des décideurs, la situation de référence par rapport à laquelle les évolutions ultérieures sont interprétées est la période 1945-1972. Or celle-ci est la période la plus humide du xxe siècle. L’extension du lac reflète une forte pluviométrie sur l’ensemble du bassin. Elle s’accompagne d’une situation politique et économique dans l’ensemble favorable, à laquelle on pense aujourd’hui comme à un âge d’or.

    15Les paysages du lac Tchad ainsi que les ressources naturelles associées varient en fonction du niveau de l’eau, qui lui-même dépend, en les amplifiant, des variations de la pluie reçue par son bassin-versant. Les différentes phases de l’évolution du lac Tchad au cours de la période récente peuvent être décrites en fonction des principaux états du lac Tchad au sens de Tilho (1928) : « Grand », « Moyen » et « Petit lac Tchad ».

    16De 1945 jusqu’en 1972, durant une période relativement humide de « Moyen » et « Grand lac Tchad », le lac est constitué d’un plan d’eau unique de 20 000 à 25 000 km2 avec une extension limitée des marécages. Les variations saisonnières du niveau laissent peu d’espaces pour les cultures de décrue, les vastes surfaces en eau sont peu accessibles aux petites pirogues des pêcheurs, mais la pluviométrie supérieure à la moyenne permet des cultures pluviales sur les îles et le pourtour du lac, de même qu’un élevage bovin florissant. Du fait d’une bonne pluviométrie sur l’ensemble de la région, le lac n’a pas l’effet attractif d’oasis qu’il aura plus tard et la population locale augmente du fait du solde naturel. La faible densité de population et l’usage de techniques traditionnelles ne mettent pas en péril la durabilité de l’écosystème.

    Deux états de « Petit lac Tchad » inégalement favorables

    17La période humide se termine à la fin des années 1960, avec une baisse rapide du niveau de l’eau à partir de 1968 qui aboutit au passage au stade de « Petit lac Tchad » en 1973. Le lac est alors scindé en deux cuvettes principales, sud et nord, de part et d’autre de la Grande Barrière (fig. 1, cf. p. 5 cahier hors-texte). La cuvette nord n’est alimentée en eau que lorsque la crue du Chari est suffisante pour faire déborder la cuvette sud. Cette diminution de la pluie, avec en particulier la forte sécheresse des années 1972 et 1973 (et plus tard de 1984) a un fort impact non seulement sur les paysages du lac mais aussi sur l’agriculure dans toute la région et notamment au nord du 13e parallèle, où culture et élevage bovin deviennent impossibles. Il y a alors conjonction d’une forte immigration allochtone et d’un profond bouleversement des paysages et des ressources lacustres. Dans le lac, la cuvette sud montre rapidement un cycle hydrologique relativement reproductible d’une année sur l’autre, avec de grandes surfaces accessibles aux cultures saisonnières de décrue et de vastes marécages qui offrent des pâturages aux troupeaux. Mais l’irrégularité des débordements de la cuvette sud se traduit par une forte variabilité de l’inondation de la cuvette nord, avec des années d’assèchement temporaire ou durable. Cette situation de « Petit lac Tchad irrégulier », commencée en 1973, s’est poursuivie jusqu’en 1991 environ. Elle est caractérisée dans la cuvette nord par une forte incertitude climatique et par des émigrations temporaires vers la cuvette sud. Dans la cuvette sud, on observe une relative stabilité du nouveau cycle hydrologique annuel et un flux important de migrants qui ont perdu leurs moyens de subsistance dans leurs terroirs d’origine.

    18Depuis le milieu des années 1990 jusqu’à 2017, avec un retour partiel des pluies sur le bassin, l’état de « Petit lac Tchad » s’est maintenu, mais avec une inondation assez régulière de la cuvette nord : chaque année a permis des activités de pêche, de culture de décrue et d’élevage aussi bien dans la cuvette nord que dans la cuvette sud. On peut considérer que les ressources naturelles du lac sont optimales dans cette phase de « Petit lac Tchad » que l’on peut qualifier de « Petit Tchad régulier » en comparaison avec la période 1973-1995. Il faut cependant souligner que rien ne permet de penser que cet état sera durable. L’insécurité liée à la pluie sur le bassin subsiste, aussi bien sur le lac lui-même (notamment dans la cuvette nord, plus vulnérable) que dans son bassin-versant et l’ensemble du Sahel. Ces conditions environnementales se sont révélées favorables à la mise en place de systèmes agricoles extrêmement productifs, reposant sur la multifonctionnalité, la mobilité, la pluriactivité, étroitement connectés aux marchés urbains régionaux et au-delà (N’Djamena, Maiduguri et sud du Nigeria) (Raimond et al., 2014a, 2014b). Puis, elles n’ont pas empêché la montée des tensions et la crise Boko Haram (fig. 2).

    Figure 2 – Environnement et sécurité dans le lac Tchad.

    Image

    La crise et les défis à venir

    19Depuis une dizaine d’années, les tensions sociales internes aux sociétés du lac ont crû, alors même que le contexte environnemental était des plus favorables. Au-delà de la crise Boko Haram, la prospective du lac Tchad est lourde d’insécurités multiformes et elle est à situer dans les dynamiques du bassin dans son ensemble et de celles des États riverains.

    L’oasis en péril : ressources, compétitions et régulations

    20Les fortes variations du niveau d’eau dans les deux cuvettes du lac ont mis à jour des nouveaux espaces exploitables, ce qui a donné lieu à des mouvements de population et à des revendications territoriales à divers niveaux (entre États, inter et intra-groupes ethniques) : par exemple, des groupes boudouma revendiquent des droits sur les terres de décrue d’espaces anciennement en eau (Magrin, 2012 ; Rangé et Amadou, 2015). La compétition pour l’espace entre pêcheurs, éleveurs et agriculteurs s’est accrue. Cela d’autant plus que la pression démographique a fortement augmenté, la population du lac triplant entre 1976 et 2013 pour atteindre environ 2 millions d’habitants (Magrin et al., 2015). La difficulté pour les jeunes autochtones, en nombre croissant, d’avoir accès aux ressources et à des revenus, ainsi que la compétition avec les nouveaux arrivés se déroulent sur fond de dégradation des capacités locales de régulation de l’accès aux ressources naturelles.

    21On observait ainsi schématiquement deux types de régimes d’accès aux ressources du lac Tchad (Rangé et Amadou, 2015) : dans les espaces anciennement peuplés (îles boudouma, polders kanembou), les autochtones avaient le contrôle du foncier et ne facilitaient guère l’installation de migrants. Ailleurs, sur des rives longtemps désertes en cours de peuplement, un système foncier se mit en place sous l’autorité souple des chefferies de l’arrière-pays, permettant un peuplement cosmopolite et la mise en place du système agricole performant qui a été évoqué. Partout, les dynamiques politiques locales furent à l’origine de tensions croissantes, sur fond de pression démographique.

    22Sur les rives nigériane et camerounaise, les élections locales se traduisent par la mise en place d’un système clientéliste producteur d’insécurité foncière. Elle est aggravée au Cameroun par les rivalités entre autorités coutumières (entre Arabes et Kotoko, dans le contexte suivant l’occupation nigériane). Au Nigeria, les patrons de pêche hausa s’arrogent des droits fonciers exclusifs au détriment des chefs kanuri (Krings et Platte, 2004). Sur les rives sud les plus intégrées commercialement, la monétarisation du foncier s’accompagne d’une montée des inégalités sociales et des exclusions au bénéfice des plus riches paysans, ou de citadins et commerçants. Ce contexte a facilité l’implantation de Boko Haram dans le lac Tchad, qui a pu recruter parmi les jeunes exclus ou frustrés, notamment (mais non exclusivement) parmi les communautés boudouma et kanuri.

    Des défis multiples au prisme des insécurités

    23La population du bassin devrait plus que doubler d’ici 2050 (130 millions d’habitants contre un peu plus de 50 millions aujourd’hui avec une croissance de 2,7 % par an), avec à la clé des enjeux énormes en termes d’alimentation, mais aussi d’emploi – la perspective d’une population jeune et désœuvrée constituant un fort potentiel d’instabilité.

    24Les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) envisagent un probable maintien des précipitations à un niveau comparable à l’actuel et une hausse significative des températures préjudiciable à la productivité agricole (Sultan et al., 2013 ; Giec AR5, 2014). Répondre à la demande alimentaire nécessitera de mobiliser davantage les ressources en eau à l’échelle du bassin, ce qui pourrait se traduire par une diminution des apports au lac Tchad et un retour à un régime de « Petit Tchad » incertain, avec des « Petit Tchad » secs fréquents, et donc une insécurité climatique accrue pour la cuvette nord. Enfin, les troubles géopolitiques de l’environnement régional du lac Tchad, au sens large, pourraient évidemment l’affecter (Libye, Aqmi au Sahel), de même que les trajectoires politiques des pays riverains (successions présidentielles au Cameroun et au Tchad, etc.).

    Politiques publiques : des tentations à risque

    25Par rapport aux défis mentionnés ci-dessus, les gouvernements des pays riverains sont tentés de réaliser des choix porteurs de risques multiples. Ceux-ci relèvent d’une logique « classique » du développement qui, malgré ses nombreux échecs, continue d’exercer une forte séduction pour de nombreuses raisons (Sautter, 1993 ; Bertoncin et Pase, 2012).

    26La première tentation concerne la promotion d’une grande agriculture irriguée capitalistique, dont l’actualité s’illustre par exemple par un projet d’agropôle sur financement saoudien en cours d’instruction en 2016-2017 dans la région de Diffa au Niger (Tchangari et Diori, 2016). Elle est porteuse de risque d’exclusion foncière et sociale par la perte d’emplois associée à la mécanisation, au détriment des systèmes agricoles qui s’étaient développés de manière endogène autour du lac, et qui ont pourtant démontré leur supériorité en termes de résilience, productivité, intensivité de main-d’œuvre (Raimond et al., 2014a, 2014b ; Rangé, 2016 ; Rangé et Cochet, 2018). Une aggravation de l’insécurité sociopolitique pourrait en résulter.

    27Face à ces défis, la principale institution régionale en charge du lac Tchad et de son bassin, la CBLT, doit notamment répondre à une difficile question de positionnement. Ses statuts autorisent la combinaison de trois types de fonction : développement, gestion de l’environnement, sécurité. Cette institution, créée au lendemain des indépendances en 1964, a eu une histoire difficile, à l’image de celle des États membres. La gestion des ressources en eau partagées a été le plus souvent centrale et elle tendait à s’affirmer à la suite des réformes de l’institution depuis le milieu des années 2000 (Magrin, 2014). À certains moments, la sécurité s’y est ajoutée : au cours des années 1990 d’abord, pour lutter contre l’insécurité transfrontalière dans la région du lac Tchad ; en 2015, la création d’une Force multinationale mixte (FMM), afin de coordonner la lutte des États membres contre Boko Haram. L’articulation des fonctions de développement durable et de défense au sein de la même institution (déjà fragile) se révèle périlleuse.

    28Last but not least, le projet de transfert des eaux de l’Oubangui vers le lac Tchad contribue à sa manière à l’insécurité. Il repose sur un argumentaire fragile en se présentant comme une réponse à un assèchement du lac qui n’est pas constaté. Cependant, cet assèchement pourrait se produire d’ici quelques décennies. La réflexion sur la faisabilité d’un transfert a été relancée fin 20167, dans le cadre d’une coopération entre la CBLT et une entreprise chinoise. L’étude porte sur un transfert de 50 km3 annuels. S’il est difficile de se prononcer sur un projet dont les contours sont en constante redéfinition8, le relèvement du plan d’eau recherché aurait probablement pour effet le déplacement de nombreuses personnes, dans la vallée du Chari et dans le lac Tchad. Une telle perspective est porteuse, pour les habitants concernés, d’une insécurité accrue, tant la gestion des déplacements de population à grande échelle demeure problématique malgré toutes les précautions prises, comme l’illustrent les difficultés rencontrées par les projets de barrage soutenus par la Banque mondiale dans la vallée du Niger à Kandadji (Niger) et Fomi (Guinée). L’instabilité de la République centrafricaine et les réticences de la République démocratique du Congo ajoutent encore à l’incertitude d’un tel projet.

    Conclusion

    29Au lac Tchad, l’association récemment opérée par des hommes politiques entre insécurité environnementale (tendance supposée à l’assèchement) et insécurité politique (crise Boko Haram) relève pour partie des mécanismes d’une communication visant à marquer les esprits pour mobiliser des soutiens, en interne ou au niveau de la communauté internationale. Elle fait écho à une approche scientifique associant aridification et crise politique. Cette association a le défaut de gommer la complexité d’un lac partagé entre quatre États aux trajectoires politiques heurtées, aux paysages changeants au gré d’une hydrologie très variable, aux populations cosmopolites qui se sont adaptées aux insécurités (climatique et politique) par le recours à une large mobilité. Jusqu’à présent, le lac Tchad invalide toute relation simple entre aridification et crise politique. Des années 1950 aux années 1990, ses environnements très changeants, reflets de périodes plus ou moins sèches sur le bassin, ont fourni des ressources convoitées par les populations riveraines et celles de l’arrière-pays. Si les changements environnementaux ont favorisé l’expression de litiges frontaliers et ponctuellement réactivé l’ancienne fonction de refuge politique du lac pour des groupes rebelles, les richesses du lac attiraient. La fonction de refuge climatique primait. Depuis la fin des années 1990, le contexte environnemental de « Petit Tchad régulier » peut être considéré comme optimal du point de vue agricole et économique. Or, cette période se traduit aussi par une montée progressive des tensions sociopolitiques internes liées à la dégradation des situations politiques locales enchâssées dans les dynamiques nationales, jusqu’à l’embrasement Boko Haram. À long terme, les dynamiques du lac Tchad doivent continuer d’être pensées à l’échelle du bassin, car c’est à ce niveau que les insécurités politiques, économiques et environnementales seront susceptibles d’être gérées. Pour les États et la communauté internationale, des choix sont à faire entre maintenir un régime humanitaire, promouvoir de grands investissements, avec tous les risques associés, ou bien valoriser les potentialités régionales fondées sur les complémentarités géographiques en favorisant la sécurisation de l’accès aux ressources, les mobilités et les circulations.

    Bibliographie

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    Notes de bas de page

    1 Tilho avait été témoin d’un quasi-assèchement en 1907-1908.

    2 Le MDD fut surtout actif entre 1992 et 1995.

    3 Les insulaires du lac Tchad sont appelés Boudouma dans la littérature francophone, Yedina côté anglophone.

    4 Conférence de Paris sur les changements climatiques, décembre 2015.

    5 Ce chiffre toujours cité pour alarmer sur les conséquences dramatiques d’une disparition du lac Tchad, dont la source n’est jamais citée, est une projection réalisée en 1990 (Kindler et al., 1990) de la population de l’ensemble du bassin à l’horizon 2000. Or, plus on s’éloigne de ses rives, moins les populations sont dépendantes du lac (Lemoalle et Magrin, 2014).

    6 Durant lequel quatre thèmes sont abordés : l’accès aux énergies renouvelables, le fleuve Niger, la Grande muraille verte et le lac Tchad.

    7 Source : https://www.cblt.org/fr/actualites/projet-de-transfert-des-eaux-inter-bassins-signature-dun-protocole-daccord-entre-la-cblt, publié le 28 décembre 2016.

    8 L’étude précédente (Cima International, 2011) proposait un transfert de 7 km3 qui n’aurait pas suffi à sécuriser la cuvette nord du lac à long terme.

    Auteurs

    Géraud Magrin

    Géographe, professeur à l’université Paris 1-Panthéon Sorbonne et à l’UMR Prodig (France).

    Jacques Lemoalle

    Hydrologue, directeur de recherche émérite à l’IRD et à l’UMR Gestion de l’eau (G-Eau) (France).

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    1 Tilho avait été témoin d’un quasi-assèchement en 1907-1908.

    2 Le MDD fut surtout actif entre 1992 et 1995.

    3 Les insulaires du lac Tchad sont appelés Boudouma dans la littérature francophone, Yedina côté anglophone.

    4 Conférence de Paris sur les changements climatiques, décembre 2015.

    5 Ce chiffre toujours cité pour alarmer sur les conséquences dramatiques d’une disparition du lac Tchad, dont la source n’est jamais citée, est une projection réalisée en 1990 (Kindler et al., 1990) de la population de l’ensemble du bassin à l’horizon 2000. Or, plus on s’éloigne de ses rives, moins les populations sont dépendantes du lac (Lemoalle et Magrin, 2014).

    6 Durant lequel quatre thèmes sont abordés : l’accès aux énergies renouvelables, le fleuve Niger, la Grande muraille verte et le lac Tchad.

    7 Source : https://www.cblt.org/fr/actualites/projet-de-transfert-des-eaux-inter-bassins-signature-dun-protocole-daccord-entre-la-cblt, publié le 28 décembre 2016.

    8 L’étude précédente (Cima International, 2011) proposait un transfert de 7 km3 qui n’aurait pas suffi à sécuriser la cuvette nord du lac à long terme.

    Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad

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    Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad

    Ce livre est cité par

    • Fougou, Hadiza Kiari. Lemoalle, Jacques. (2022) Geophysical Monograph Series Hydrologie, climat et biogéochimie du bassin du Congo. DOI: 10.1002/9781119842125.ch26
    • Fougou, Hadiza Kiari. Lemoalle, Jacques. (2022) Geophysical Monograph Series Congo Basin Hydrology, Climate, and Biogeochemistry. DOI: 10.1002/9781119657002.ch26
    • Moritz, Mark. Mbacke, Mamediarra. (2022) The danger of a single story about Fulani pastoralists. Pastoralism, 12. DOI: 10.1186/s13570-021-00227-z
    • Sambo, Armel. (2023) La gestion du lac Tchad entre les pays riverains : situation, acteurs, enjeux et conflits. LHB, 109. DOI: 10.1080/27678490.2023.2183152

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    Magrin, G., & Lemoalle, J. (2020). Chapitre 7. Insécurités au lac Tchad : environnement et conflits. In E. Chauvin, O. Langlois, C. Seignobos, & C. Baroin (éds.), Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad (1‑). IRD Éditions. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.irdeditions.38322
    Magrin, Géraud, et Jacques Lemoalle. « Chapitre 7. Insécurités au lac Tchad : environnement et conflits ». In Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad, édité par Emmanuel Chauvin, Olivier Langlois, Christian Seignobos, et Catherine Baroin. Marseille: IRD Éditions, 2020. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.irdeditions.38322.
    Magrin, Géraud, et Jacques Lemoalle. « Chapitre 7. Insécurités au lac Tchad : environnement et conflits ». Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad, édité par Emmanuel Chauvin et al., IRD Éditions, 2020, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.irdeditions.38322.

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    Chauvin, E., Langlois, O., Seignobos, C., & Baroin, C. (éds.). (2020). Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad (1‑). IRD Éditions. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.irdeditions.38242
    Chauvin, Emmanuel, Olivier Langlois, Christian Seignobos, et Catherine Baroin, éd. Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad. Marseille: IRD Éditions, 2020. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.irdeditions.38242.
    Chauvin, Emmanuel, et al., éditeurs. Conflits et violences dans le bassin du lac Tchad. IRD Éditions, 2020, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.irdeditions.38242.
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