Introduction
p. 12-17
Texte intégral
« Les nourritures sont des biens autrement plus complexes que ce à quoi la science et l’économie veulent les réduire : elles sont ce qui nous relie, nous rassemble et nous ressemble. Dans nos contradictions et nos rêves désordonnés. »
Gilles Fumey, in Atlas des utopies, 2012
1Elle s’est présentée : « Me llaman Valentina porque soy muy valiente !1 ». Vaillante, il faut l’être pour gravir à son âge les pentes rocailleuses du volcan Tunupa et enjamber comme elle l’a fait, à plus de 3 900 m d’altitude, les murets de pierres branlantes qui entourent les parcelles cultivées, les chacras2. Ici, l’oxygène est rare et si le soleil brûle la peau plus sûrement qu’au désert d’Afrique, l’air reste vif et frais jusqu’au cœur de la journée. Assise à même le sol, Valentina passera la matinée seule, à déterrer les pommes de terre nichées entre les blocs de pierre rougeâtres qui jonchent sa parcelle. Ces blocs crachés par milliers de la bouche du volcan, béante 1 400 m plus haut et toute striée de jaune acide, d’orange et de blanc étincelant. Délaissant un instant son labeur, et levant son visage couturé par les ans, Valentina a le regard happé par la double immensité de l’horizon au sud du volcan : à perte de vue, la surface aveuglante du salar3 d’Uyuni rivalise d’éclat avec le bleu intense du ciel, ce ciel de haute montagne dont la voûte, si proche de l’espace infini, semble si mince.
La Quinoa Real, aujourd’hui la plus vendue dans le monde
2Valentina se relève, bat ses jupes pour en faire tomber la poussière et se dirige vers l’angle de la chacra où poussent les quinoas4. Ce sont des pieds de phisanqalla, cette variété locale qui, comme certains maïs ou riz, a la particularité d’éclater à la chaleur en donnant des grains soufflés, les pipocas. La plante tout entière, tige, feuilles et épi, est d’une couleur pourpre foncée, presque vineuse. Ses grains une fois lavés resteront rouges contrairement à ceux de la plupart des autres variétés locales, pandela, toledo, chillpi, utusaya, etc., dont les pigments roses, orange, violacés, jaunes ou rouges disparaissent au lavage ou au seul contact des doigts, pour donner des grains uniformément blancs. Ces variétés locales, entre vingt et cinquante selon les inventaires, forment ensemble le groupe de la Quinoa Real. Originaire de la région du salar, au sud de l’altiplano de Bolivie, à l’extrême limite des zones cultivables, la Quinoa Real est aujourd’hui la plus vendue dans le monde, cultivée par environ 12 000 familles de petits producteurs qui, comme Valentina et les siens, l’exportent depuis près de quarante ans vers le Pérou voisin et, plus récemment, vers l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Australie et le Japon.
3En fin d’après-midi, avant que la nuit ne ramène avec elle le ciel étoilé et glacial (il gèle ici plus de 250 nuits par an), Valentina retrouvera son fils Eulogio et sa famille, revenus dans la communauté le temps de la récolte. La quinoa une fois mise en gerbes et laissée à sécher dans les champs, ils retourneront en ville où Eulogio est chauffeur de minibus et où ses enfants vont au collège. Dans deux ou trois semaines, le battage des épis, le tri et la mise en sac des grains les ramèneront tous dans la communauté. Ces allers-retours entre ville et campagne font partie de leur vie depuis toujours même si, avec l’essor de la culture de quinoa, les déplacements sont devenus plus fréquents. Le trajet est pénible car, malgré les chantiers en cours ici ou là, aujourd’hui encore aucune route asphaltée ne parvient jusqu’au salar. Eulogio connaît bien ces chemins cahoteux, ces gués plus ou moins faciles à franchir et les longues pistes rectilignes qui permettent de croiser le salar à toute allure. Enfant déjà, il les parcourait avec son père, mineur à Pulacayo, puis employé des chemins de fer à Uyuni, et enfin chauffeur de bus à Oruro, sans compter quelques années passées sur les chantiers de construction du Chili. Mais au fil du temps, dans ces années 1960-1970, les retours au village s’étaient faits plus rares, car la production de pommes de terre restait aléatoire dans cette région trop exposée au gel et à la sécheresse, et la quinoa, plus résistante au climat mais peu appréciée des citadins, se vendait mal. D’ailleurs, dans les repas de sa propre famille, elle se trouvait souvent remplacée par le blé et le riz, importés et subventionnés, que sa mère trouvait en abondance sur le marché et qui, contrairement à la quinoa, n’exigeaient ni tri ni lavage minutieux pour être consommés5.
Une agriculture longtemps marginale
4La communauté du village, avec ses coutumes, ses normes et ses obligations, était elle aussi peu à peu délaissée même si, pour rien au monde, la famille n’aurait manqué le rendez-vous annuel de la fête patronale et ses trois jours de liesse. Des jours de retrouvailles où, entre musique et rituels, danses et ripailles, se rediscutaient les accords de fermage, d’échange de travail, de contribution aux travaux collectifs et d’accès aux pâturages communautaires. Il se trouvait encore toujours des volontaires pour prendre en charge l’organisation de ces fêtes religieuses, sources de reconnaissance et de prestige pour les pasantes qui en supporteront la dépense. En revanche, les bonnes volontés devenaient chaque année plus rares pour les charges de corregidor, de responsable de l’école ou de l’entretien des chemins, toutes ces fonctions communautaires remises en jeu chaque année pour que chacun puisse les remplir à tour de rôle : ces charges-là valent à ceux qui les assument souvent plus d’inimitiés et de conflits que de reconnaissance. Et d’ailleurs, comment remplir efficacement ces cargos quand la nécessité de subvenir aux besoins de la famille exige des séjours de plus en plus longs loin de la communauté ? Pour Eulogio, le choix était clair : il préférait rester en ville et se défausser de ses obligations communautaires en proposant un remplaçant ou en acquittant la pénalité prévue par les règles locales. Parmi les familles qui s’obstinaient encore à vivre à longueur d’année dans la communauté, celles qui le faisaient pour élever lamas et moutons refaisaient elles aussi leurs comptes : d’une valeur marchande alors à peine supérieure à celle de la quinoa, ces animaux réclamaient des soins constants qui devenaient incompatibles avec l’aspiration des jeunes et des femmes, habituellement affectés à leur surveillance, à partir vivre en ville eux aussi.
5Ainsi, au début des années 1970, cette agriculture de subsistance, de plus en plus marginale dans l’économie des familles du sud de l’altiplano, ne parvenait plus à retenir ceux que la vie citadine, en pleine effervescence alors, fascinait chaque jour davantage. Et, hormis les charges honorifiques liées aux fêtes, les institutions communautaires, peinant à trouver des volontaires, perdaient chaque jour un peu plus de leur vitalité.
Les graines du changement
6C’est au milieu de cet engourdissement de la vie traditionnelle que sont apparus une série de facteurs et d’événements nouveaux, extérieurs à la communauté et dont la conjonction allait relancer la dynamique du monde rural dans la région jusqu’à ouvrir la voie d’une véritable révolution agricole. Les graines du changement eurent trois provenances : le marché intérieur péruvien, la situation économique et sociale en Bolivie et… un projet de développement belge.
7Si dans la Bolivie de ces années-là, la quinoa était de plus en plus marginalisée dans l’alimentation des familles urbaines et même rurales, ce n’était pas tout à fait le cas dans le Pérou voisin. Certes, dans les deux pays, l’alimentation des familles tendait à se banaliser rapidement suivant un régime urbain type fait de pain, pâtes, riz, huile, sucre, produits laitiers et boissons gazeuses, un régime fortement influencé par les importations subventionnées et les dons de l’aide internationale, pour l’essentiel en provenance des États-Unis. Cherchant à contrebalancer cette tendance et à freiner la dépendance extérieure qu’elle engendrait, le gouvernement péruvien avait lancé au début des années 1970 une politique de promotion et de soutien de la production alimentaire nationale. La quinoa y jouait un rôle phare, en particulier dans les programmes de distribution de déjeuners gratuits dans les écoles. Or, la demande en quinoa ainsi créée a vite dépassé la capacité de production du Pérou, offrant alors aux producteurs du pays voisin, la Bolivie, l’occasion d’élargir leur part sur un marché où la qualité de leur production était connue et appréciée depuis longtemps.
8En Bolivie justement, les crises politiques à répétition, l’hyperinflation et, surtout, les mesures drastiques d’ajustement économique avaient conduit à des licenciements massifs dans le secteur public, les industries et les mines. Autant d’opportunités de travail brusquement fermées pour les familles du sud de l’altiplano dont la survie reposait précisément sur la combinaison au long de l’année de plusieurs activités : travaux agricoles dans les communautés le temps des labours, des semis et des récoltes puis, le reste du temps, activités non agricoles dans un campement minier ou une ville plus ou moins lointaine, souvent même à l’étranger. Les gouvernements de l’époque continuaient à donner la priorité à l’agro-industrie des basses terres tropicales, développée autour du soja, du blé, de la canne à sucre et de l’élevage extensif de bovins. Et, en dépit de quelques travaux de recherche remarquables, rien ou presque n’était fait pour valoriser la diversité et la qualité des aliments autochtones produits par les populations des hauts plateaux laissées livrées à elles-mêmes.
9Pourtant, depuis quelques années, des initiatives de développement local existaient dans la région, certaines guidées par des organisations non gouvernementales étrangères. C’est ainsi qu’un projet de la coopération belge intervenant dans une douzaine de communautés du Lipez, au sud du salar d’Uyuni, livra en 1970 les six premiers tracteurs agricoles jamais vus dans la région. Dans les années qui suivirent, ces projets essaimèrent autour du salar, donnant naissance à des coopératives qui permettaient à leurs adhérents d’accéder aux machines et aux intrants nécessaires à une production commerciale susceptible de leur apporter des revenus nouveaux, providentiels en ces temps de réajustement économique sévère. Ces premiers projets s’appuyaient notamment sur les habitants des communautés les mieux formés et ceux qui avaient migré assez longtemps pour accumuler un certain pécule. Ces initiatives fondatrices ne rencontrèrent généralement pas d’opposition de la part des institutions traditionnelles, en perte de vitesse dans ces années-là. Au bout de quelques années, une fois lancée la production commerciale, la plupart des coopératives se démantelèrent6 et le travail mécanisé devint l’apanage d’un métier nouveau : celui de tractoriste. Propriétaire de ces machines, rares aujourd’hui encore, le tractoriste loue ses services pour le défrichement, le labour et le semis contre un paiement en espèces ou une part de la récolte à venir.
Une véritable révolution agricole
10Forte demande commerciale, savoir-faire local et main-d’œuvre disponible, innovation technique et « carte blanche » des institutions : tous les éléments étaient donc réunis au tournant des années 1980 pour que de plus en plus de familles de la région du salar s’engagent dans la production commerciale de quinoa. En moins de quinze ans, ces familles ont fait passer la culture de la quinoa de pratiques ancestrales entièrement manuelles à une production en partie mécanisée et motorisée. Sans même passer par l’étape de la culture attelée – les pâturages seraient d’ailleurs trop maigres pour nourrir bœufs ou chevaux –, les producteurs de la région du salar ont directement troqué la takisa, la pioche traditionnelle à manche court, pour la charrue à disques et le tracteur à moteur diesel. Aux yeux des populations locales, cette entrée de plain-pied dans la modernité a revalorisé l’activité agricole, jusqu’alors jugée archaïque et sans avenir. De fait, cette transformation profonde, et de prime abord tout à fait imprévisible, a constitué une authentique révolution agricole. Une révolution comparable en tout point à celles que nous décrivent les historiens quand ils retracent les mutations survenues en Europe au xvie siècle avec l’apparition des systèmes agricoles sans jachère ou, au xxe siècle, avec la généralisation de la motorisation et de la grande mécanisation.
11Et comme en Europe ou ailleurs, la révolution agricole dans le sud de l’altiplano bolivien n’a pas concerné que l’introduction de quelques outils et techniques qui allégeaient la peine des cultivateurs et permettaient d’accroître la taille des parcelles. En quelques années, c’est bien un mode de vie, un jeu de relations sociales, et tout un paysage aussi, qui se sont trouvés changés. Pratiquement sans appui gouvernemental mais portés par une demande soutenue venue du Pérou voisin, les petits producteurs du pourtour du salar d’Uyuni ont été les acteurs, décidés et volontaires, mais également circonspects, de ce changement de trajectoire de vie qui allait aussi changer l’histoire de leurs communautés.
12Cette dynamique déjà remarquable aurait pu rester confinée aux pays andins lorsqu’un autre élément inédit s’est présenté, venu cette fois de l’hémisphère nord : aux États-Unis, au Canada, puis rapidement aussi en Europe et au Japon, une demande est apparue dans les années 1980-1990 pour des aliments de haute valeur diététique. Dans la population de ces pays, l’intolérance au gluten se multipliait et, surtout, les régimes sans viande et riches en protéines végétales gagnaient chaque année plus d’adeptes, ouvrant autant de marchés de niche, encore confidentiels, auxquels la quinoa pouvait répondre parfaitement. Dépourvues de gluten, riches en protéines et idéalement équilibrées en acides aminés, les graines de quinoa sont également une excellente source de minéraux essentiels, vitamines, antioxydants, acides gras et hormones végétales, tous d’un grand intérêt, avéré ou potentiel, pour l’alimentation et la santé. La Nasa ne s’y est pas trompée qui a fait de la quinoa une candidate de premier choix pour l’alimentation de futurs vols habités de longue durée.
13Sur Terre, et sur fond de malaise du secteur agro-alimentaire dans les pays du Nord, la crise de la vache folle survenue en 1996 ébranla durablement les opinions publiques, en Europe en particulier. Elle relança, s’il en était besoin, l’intérêt pour les protéines végétales. Mais surtout, ranimant le débat sur les revers du modèle agro-industriel et agrochimique, cette crise mit en lumière a contrario les bienfaits de l’agriculture biologique et, pour contrecarrer certaines aberrations du système économique, les avantages du commerce équitable. Là encore, la quinoa pouvait répondre aux attentes des uns et des autres puisqu’elle est cultivée essentiellement par de petits cultivateurs n’utilisant que peu ou pas d’intrants chimiques.
14Pour les producteurs de quinoa du sud de l’altiplano, l’aubaine apparue au début des années 1970 avec le marché péruvien s’est donc prolongée jusqu’à aujourd’hui, soutenue par ces nouveaux marchés du Nord, ouverts d’abord dans les boutiques de l’alimentation bio et du commerce équitable, et gagnant aujourd’hui les hypermarchés des grandes marques de distribution. Pratiquant l’agriculture dans une contrée désertique balayée par les vents, à près de 3 700 m d’altitude, ces petits producteurs sont devenus leaders mondiaux du commerce de la quinoa, fournissant certaines années jusqu’à 90 % des volumes échangés à travers le monde. À la fois héritiers de traditions millénaires et acteurs opportunistes de la mondialisation des échanges, ils offrent un exemple vivant des relations complexes entre mondialisation et agriculture dans les pays du Sud. « Complexes » car l’irruption de la quinoa dans le commerce mondial ne s’est pas faite sans tensions ni illusions tout au long de la chaîne qui va du producteur au consommateur.
La quinoa, images et mirages
15Au Sud, sur l’altiplano, l’essor de la quinoa fait toujours miroiter les attraits de la modernité : labourer et semer au tracteur, vivre en ville, envoyer ses enfants au collège et à l’université, acquérir des biens de consommation... Pour les producteurs et leurs familles, les bénéfices du succès de la quinoa sont réels. Sur un marché où la demande reste supérieure à l’offre, leur position est si forte qu’ils retirent du prix de vente une des meilleures parts que des paysans puissent obtenir de leur production7. Ces revenus de la quinoa, ils les réinvestissent en priorité dans l’amélioration de leur logement, l’éducation de leurs enfants ou l’achat d’un véhicule. Délaissant les capitales lointaines et les grandes métropoles, les familles de producteurs de quinoa sont de plus en plus nombreuses à choisir de s’installer dans les villes moyennes et les bourgs proches de leurs communautés, participant ainsi à un développement régional plus équilibré. Mais dans les communautés mêmes, le succès commercial de la quinoa ravive aussi l’intérêt pour des terres autrefois dédaignées. Si le statut foncier actuel préserve les communautés des appétits extérieurs8, il est arrivé que des communautés en viennent aux mains pour des conflits de bornage. Et en leur sein même, le choix d’étendre les cultures de quinoa au détriment des pâturages communautaires crée parfois des tensions entre les familles. Pour résoudre ces à-coups, inévitables étant donné l’ampleur et la rapidité des changements en cours, certaines communautés ont décidé au début des années 2000 d’établir avec le soutien d’agents de développement rural de nouvelles règles d’accès et d’usage des terres9. Ces règles communautaires sont maintenant intégrées aux normes internationales de certification du commerce équitable.
16Au Nord, loin de ces questions très terre à terre, la quinoa reste encore et avant tout un produit superflu, un produit « d’images ». Des images construites autour de l’appellation, bien mal choisie, de « riz des Incas » et qui associent pêle-mêle l’exotisme des hommes portant ponchos et lluchus et des femmes en chapeaux melon, la fascination pour leurs « ancêtres » les Incas10, mais aussi la figure altière des lamas, la vie saine et la pureté des hauts plateaux andins. À quoi s’ajoutent les images hédonistes que renvoient les produits bio et équitables, utiles au bien-être des consommateurs en même temps qu’à celui des producteurs locaux et, au-delà, à l’environnement tout entier. Cet engouement a très vite trouvé ses détracteurs, stigmatisant une alarmante dégradation des sols de l’altiplano, une érosion accélérée de la biodiversité agricole, et dénonçant surtout un appât du gain effréné qui pousserait les producteurs boliviens, obnubilés par la hausse du prix de la quinoa, à vendre l’intégralité de leur récolte, quitte à priver leurs propres enfants des bienfaits dont profitent les consommateurs des pays riches. Relayés par la grande presse mais aussi par quelques chercheurs, et jouant sur la corde sensible de la culpabilité du consommateur, ces discours ne résistent pas à une analyse un peu sérieuse de la situation réelle en Bolivie. Ils ignorent les réalités de la consommation alimentaire dans les familles de producteurs et passent sous silence la politique active récemment mise en place par le gouvernement bolivien en faveur de la consommation locale de quinoa11. Ils n’engagent pas non plus à une attitude responsable et solidaire vis-à-vis des producteurs boliviens, en particulier lorsqu’ils prônent, pour rompre ce supposé cercle vicieux, d’introduire et de cultiver la quinoa en Europe. Sans même se poser la question de la spoliation par les agriculteurs du Nord de ressources génétiques créées et entretenues depuis des siècles par les paysans des Andes, ni chercher à savoir s’il est juste de mettre en concurrence une agriculture paysanne du Sud avec une agriculture du Nord surencadrée et subventionnée. Où l’on voit que derrière les images toutes faites et les discours alarmistes ou, comme dirait Gilles Fumey, derrière « nos contradictions et nos rêves désordonnés », pointent déjà des questions d’éthique.
Notes de bas de page
1 « On m’appelle Valentina parce que je suis très vaillante ! »
2 Hormis les noms de variétés de quinoa, les mots en italiques sont explicités dans le glossaire.
3 Le terme « salar » désigne l’étendue désertique qui résulte du dessèchement complet d’un lac salé.
4 En français, le mot quinoa peut être féminin ou masculin. Suivant l’usage adopté par plusieurs spécialistes des Andes comme Olivier Dollfus, Alfred Métraux, Pierre Morlon et Nathan Wachtel, le féminin sera employé dans cet ouvrage.
5 Les grains de quinoa de qualité ordinaire sont généralement recouverts de saponine, une substance produite naturellement par la plante et qui la protège des insectes et des oiseaux. Souvent aussi, ces graines sont mélangées à des débris de tige et des grains de sable qu’il faut trier avec soin. Récupérée sous forme de poudre, la saponine servait traditionnellement de savon.
6 Ces premières coopératives locales seront remplacées par des organisations de producteurs jusqu’à aujourd’hui très vivaces.
7 À titre d’exemple, dans le réseau du commerce équitable, la part payée au producteur de quinoa peut atteindre 24 % du prix final au consommateur, contre 13 % pour le riz.
8 Les terres de la communauté sont inaliénables et celles que chaque famille possède ne peuvent être vendues à une personne qui n’est pas de la communauté.
9 Signalons ici le travail précurseur de l’ONG Agronomes & vétérinaires sans frontières qui, dès 2003, entreprit des actions d’appui aux communautés du nord du salar pour redéfinir de nouvelles règles collectives et individuelles de gestion du territoire.
10 Bien peu de paysans quechuas, et encore moins aymaras (les deux peuples cohabitent autour du salar d’Uyuni), peuvent se déclarer descendants de la caste éphémère des Incas.
11 Citons, entre autres actions, les programmes de sécurité alimentaire Desnutrición cero, Desayuno escolar et Subsidio de lactancia familiar.
Auteur
Agro-écologue
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