Préface
p. 10-11
Texte intégral
1L’histoire de l’agriculture mondiale est étroitement liée à l’histoire de l’évolution de la civilisation humaine et des diverses cultures de notre globe. Dans les pays en développement en particulier, l’agriculture et la vie rurale ont été fortement influencées jusqu’à ce jour par d’anciennes traditions culturelles et par les valeurs partagées par les institutions des communautés locales. Ces traditions et ces valeurs ont été façonnées en tenant compte des ressources naturelles disponibles, du savoir accumulé et de l’écologie.
2Les « agricultures singulières » que nous rencontrons dans de nombreuses régions ou pays de la planète constituent un microcosme qui reflète un très vaste ensemble de systèmes de production adaptés à leur environnement et qui associe la mise en valeur des espaces cultivés, pastoraux et aquatiques par l’agriculture, l’élevage et la pêche. Elles nous racontent de fascinantes histoires qui montrent comment l’homme a su s’adapter de façon ingénieuse à un environnement physique et matériel changeant, mais aussi prouver son attachement à la conservation de son patrimoine naturel.
3Ces types d’agriculture sont le résultat de longues évolutions qui se sont déroulées dans une grande variété d’aires géographiques : qu’il s’agisse de cultures vivrières, de pêche côtière ou de systèmes à base d’élevage, de nombreux systèmes de production originaux se sont développés à l’écart des grandes évolutions générales de l’agriculture que nous connaissons. De tels systèmes de production offrent des alternatives aux problèmes qui se posent un peu partout dans ce monde aux agriculteurs pauvres n’ayant pas accès aux technologies modernes. De telles réponses peuvent être bien plus durables que celles apportées par des techniques agricoles modernes. Elles peuvent constituer une base pour les modèles de développement visant à une élévation du niveau de vie des populations et à la préservation de l’agro-diversité et de la biodiversité.
4L’ouvrage Agricultures singulières, qui synthétise d’une façon originale une longue tradition de recherches agricoles menées par l’IRD, est d’une grande actualité. Il illustre la nécessité et la possibilité de relier à nouveau agriculture, nature et culture, tout en soulignant le long chemin qu’il nous reste encore à parcourir pour accéder à une compréhension globale du fonctionnement de ces pratiques culturales.
5Une part substantielle de la production agricole provient et va continuer à provenir de ce secteur agricole traditionnel, un secteur que les interventions de développement ont pourtant négligé malgré sa contribution au maintien du niveau de vie de nombreuses populations, à leur sécurité alimentaire et à la conservation de la biodiversité et des cultures de l’« AgriCulture ». Ainsi, malgré le grand intérêt des stratégies mises en œuvre par ces « agricultures singulières » (en particulier en ce qui concerne la préservation du patrimoine naturel) et malgré leur résilience remarquable, celles-ci ont largement échappé à l’attention des planificateurs du développement et à celle des décideurs politiques. Nombre de ces systèmes de production sont actuellement victimes d’une extinction qui menace également les communautés humaines qui ont développé ces systèmes.
6La FAO partage largement les préoccupations formulées dans ce livre sur les Agricultures singulières. Elle rejoint les objectifs poursuivis par les auteurs de cet ouvrage dans ses propres programmes de partenariat global qui consernent spécifiquement la préservation et l’aménagement durable de ces agricultures traditionnelles, remarquables et singulières. Ainsi, le programme « Conservation et aménagement durables des systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial » (Sipam) – mis en place par la FAO et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) depuis 2002 – vise à amorcer des processus participatifs de transformation de l’agriculture traditionnelle. Son centrage sur les agriculteurs eux-mêmes, constitués en acteurs de leur propre développement, devrait permettre à l’agriculture de subsistance d’évoluer de façon progressive, pour élever les niveaux de vie en milieu rural tout en préservant les diversités agri-culturelles et biologiques. Il pourrait servir de catalyseur aux initiatives internationales de plus grande ampleur nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par le Millénium du Développement : éradiquer la pauvreté extrême et la faim et assurer la durabilité environnementale du développement.
7Si l’on veut préserver ces héritages exceptionnels, il est nécessaire de mettre en place des dispositifs d’accompagnement modulables assurant un suivi fin des changements provoqués par les choix politiques. Ainsi, un des objectifs du programme Sipam est d’instaurer une nouvelle catégorie de site classé « Patrimoine agricole mondial » auquel beaucoup de ces « agricultures singulières » pourront prétendre.
8L’ouvrage d’Éric Mollard et d’Annie Walter donne une nouvelle dimension au programme Sipam. Il représente, à ce titre, mais surtout par la pertinence et la qualité scientifique du travail, une contribution essentielle à la connaissance de systèmes insuffisamment reconnus par la communauté internationale. À travers la publication de cet ouvrage, l’IRD contribue ainsi à les faire mieux connaître.
9Comme l’observait Aldo Leopold, environnementaliste pionnier américain : « Nous surexploitons la terre d’autant plus facilement que nous la considérons comme une simple ressource qui nous appartient. Quand nous considérons la terre comme un patrimoine, un élément de notre héritage commun, nous commençons à en faire usage avec amour et avec respect. »
Auteur
Directeur de la Division des Terres et Eaux. Coordonnateur du programme Sipam. Département des Ressources naturelles et de l’Environnement. Food and Agriculture Organization of the United Nations. FAO, Rome, Italie
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