Conclusions
p. 91-92
Texte intégral
1Le risque d'épidémies de dengue présentant des formes graves et pouvant être fatales fait désormais partie du paysage sanitaire des départements français d'Amérique et des « risques ordinaires » qu'encourent ses habitants.
2Il n'existe toujours pas de chimiothérapie spécifique ni de vaccinothérapie permettant de prévenir ou de réduire les risques de transmission, quelque prometteuses que soient les avancées de la recherche vaccinale.
3Les méthodes de prédiction du timing, de l'ampleur et de la gravité des épidémies se sont jusqu'à présent montrées inopérantes ou du moins pas assez probantes pour être validées, généralisées et appliquées à l'échelle opérationnelle.
4La prévision et, partant, la prévention reposent donc sur les seules méthodes entomologiques. Les actions de prévention et de contention des vecteurs manquent cependant de bons outils de guidage, mais aussi d'outils performants pour l'évaluation de leur impact sur la transmission du virus et les manifestations cliniques de la maladie. Ces interventions, menées par des équipes spécialisées, sont pour le moment fort peu secondées ou relayées par des actions de démoustication des populations dans leur environnement domestique.
5Au total, et dans l'attente d'un vaccin opérationnel, le nombre de leviers sur lesquels on peut agir pour prétendre à une relative maîtrise des épidémies apparaît singulièrement réduit.
6Il faut certes accentuer l'effort de mobilisation de la participation des citoyens, puisque le théâtre de la transmission est celui de leur environnement immédiat, et faire en sorte qu'ils disposent de la capacité théorique de briser à ce niveau la chaîne de transmission. Il ne faut cependant pas fonder des espoirs excessifs sur cet indispensable effort de mobilisation : l'engagement concret des personnes et des communautés, fondé sur la prise de conscience, la conviction et l'appropriation des concepts, est inévitablement un processus de longue haleine ; par ailleurs, on peut s'interroger sur les taux de couverture auxquels peuvent parvenir les opérations de neutralisation des gîtes du vecteur extérieurs aux bâtiments d'habitation.
7La lutte antivectorielle reste sans doute un volet majeur de la prévention des épidémies de dengue et il faut lui garantir une réactivité, une précision et une couverture géographique maximales, bien que l'on connaisse mal la nature des corrélations entre gîtes du vecteur, transmission et manifestations cliniques, et que l'on ignore en particulier si la lutte antivectorielle est à même d'abaisser les densités de vecteurs en dessous des seuils, présumés très bas, qui correspondraient à l'interruption de la transmission. On peut cependant attendre d'interventions antivectorielles appropriées qu'elles permettent, sinon d'empêcher un pic épidémique, du moins de l'atténuer et vraisemblablement de l'étaler dans le temps, ce qui constitue un avantage certain pour éviter l'engorgement des services de soins et maintenir la qualité de prise en charge des patients. Par ailleurs, il faut garder à l'esprit que, malgré d'immenses avantages, un vaccin contre la dengue ne saurait être une panacée, et il importera de continuer à promouvoir et entretenir les savoir-faire relatifs à la démoustication, même après l'avènement d'un vaccin.
8L'organisation de la surveillance épidémiologique, en particulier du recueil, de la transmission et de l'analyse intégrée des données, comme de la transmission des informations validées, est sans conteste un domaine prioritaire et prometteur d'amélioration de la réactivité, de la fiabilité et de la cohérence des systèmes de veille et d'intervention.
9Dans le contexte actuel, l'amélioration de la prise en charge des patients doit rester une préoccupation première, et les recherches sur la physiopathologie des cas sévères doivent recevoir un rang de priorité élevé dans les DFA.
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