Synthèse – point 1. Les diasporas S&T à la croisée de la circulation des compétences et de la coopération S&T internationale
p. 19-47
Texte intégral
1Dans cette première partie, on s'attache à situer l'émergence de diasporas scientifiques et techniques (DST) dans leur contexte, et à formuler l'hypothèse d'une « politique de soutien aux DST » comme aspect de politique publique tant pour les pays du Sud que du Nord.
2Le décor qui est posé est caractérisé par Les deux phénomènes déterminants que sont :
- la présence désormais massive d'expatriés hautement qualifiés de pays de Sud dans les pays du Nord (section « L'expatriation des compétences... ») ;
- le caractère stratégique pour les pays du Sud de l'insertion dans « l'économie de la connaissance », via des politiques S&T et de coopération adéquates (section « Pour les pays du Sud... »).
3Trois éléments marquent la conjoncture française :
- La France est encore la destination privilégiée des étudiants expatriés du monde francophone.
- Une grande partie de ces étudiants restent en France et s'y insèrent une fois leur troisième cycle achevé.
- Les contextes des pays de la ZSP présentent des difficultés spécifiques pour la mise en place d'une politique publique sur les DST. D'une manière générale, la nécessité de gérer l'expatriation qualifiée pour en maximiser l'utilité pour le pays de départ a été perçue depuis quelque temps. D'où la mise en place de politiques publiques cherchant essentiellement à réguler les flux. Les limites de ces politiques sont rapidement apparues (section « Des tentatives... »).
4En effet, des acteurs majeurs se sont manifestés, que l'on ne peut plus ignorer, en l'occurrence les DST, définies en tant que collectifs auto-organisés, concernés par le développement de leur pays d'origine. Elles émergent de la coexistence des deux phénomènes évoqués plus haut, auxquels il faut ajouter un troisième : l'essor d'une société civile se donnant des objectifs qui relèvent de l'espace public – ici la contribution au développement S&T – à partir de multiples initiatives autonomes mais reliées aux réalités des États-nations (section « Les diasporas scientifiques... »).
5Cela conduit à considérer l'hypothèse d'une politique de soutien aux DST, à savoir la conception d'un nouveau type d'action publique, caractérisé par son articulation au phénomène des DST (section « Conclusion intermédiaire... »).
L'EXPATRIATION DES COMPÉTENCES DU SUD VERS LE NORD ET LEUR CIRCULATION : UN PHÉNOMÈNE DÉSORMAIS MASSIF
6Le problème que pose la mesure de la mobilité internationale des compétences resurgit régulièrement depuis 40 ans. C'est une question déjà ancienne et importante. Les experts s'accordent, encore aujourd'hui, pour considérer que les données sont très insuffisantes : peu a été fait jusqu'à présent pour remédier à cet état de fait, même si de récentes tentatives d'harmonisation entre les statistiques nationales, notamment menées par l'OCDE, laissent espérer une amélioration. Dans cette section, on mobilise les plus récents chiffres disponibles pour établir, avec toute la prudence nécessaire, les ordres de grandeur du phénomène de l'expatriation des personnes qualifiées du Sud vers le Nord.
Les expatriés : une part majeure des capacités scientifiques et techniques du Sud
7On peut estimer que de l'ordre du tiers du potentiel S&T des pays du Sud est expatrié au Nord.
8La seule source qui fournisse véritablement des informations détaillées et complètes sur le personnel scientifique et technique, y compris sur les étrangers, est la base Sestat (Statistiques sur les scientifiques et les ingénieurs) produite par la National Science Foundation (NSF) des États-Unis depuis le milieu des années 1990. Cette base de données permet de connaître le nombre d'étrangers hautement qualifiés sur le territoire des États-Unis, par secteur d'activité, par pays d'origine (identifié comme étant le pays de naissance, quelle que soit la nationalité du répondant au moment de l'enquête), par champ disciplinaire, par diplôme obtenu, par statut de résidence, etc. L'extraction par pays d'origine permet de connaître chaque année le stock des personnes provenant de ces pays et travaillant aux États-Unis.
9Les informations, plus limitées, émanant de la base Eurostat de l'Union européenne, ne peuvent malheureusement pas être comparées avec celles de la NSF, puisque les expatriés dans les pays européens y sont répertoriés sur la base de leur nationalité au moment de l'enquête (et non de leur pays de naissance). Or, une part seulement des chercheurs et ingénieurs d'origine étrangère conservent longtemps leur nationalité d'origine, dès lors qu'ils sont insérés dans le pays d'accueil. Une fraction de la population expatriée est de ce fait invisible dans les statistiques européennes.
10En 1999, 372 800 chercheurs et ingénieurs ayant des activités de R&D aux États-Unis, provenaient de pays du Sud1, ce qui signifie que près des trois quarts (72 %) des chercheurs et ingénieurs de R&D étrangers résidant aux États-Unis sont originaires des pays du Sud. Ils représentent 18 % du personnel R&D total opérant aux États-Unis. C'est là un phénomène remarquable et que corroborent certaines observations partielles pour la France : les activités de recherche ont un taux relativement élevé de participants provenant de l'étranger. En France, on constate également que ces étrangers proviennent en majorité des pays en développement. Ils se concentrent tout particulièrement dans le secteur académique public tandis que les étrangers originaires de pays de l'OCDE sont, quant à eux, en majorité impliqués dans d'autres activités (commerciales, financières, gestion, etc.). Il apparaît ici par conséquent une division du travail immigré de haut niveau, de façon certaine en France et de façon probable également dans d'autres pays.
11Premier constat : les populations immigrées qualifiées en tant qu'originaires du Sud tendent à se tourner vers les activités de R&D.
12On peut faire l'hypothèse qu'aux États-Unis, la proportion de chercheurs et ingénieurs de recherche en provenance des pays du Sud est deux fois supérieure à ce qu'elle est en Europe et au Japon. Compte tenu du fait que les États-Unis représentent 45 % des activités de R&D de la triade, le nombre de chercheurs et ingénieurs de recherche des pays du Sud, expatriés dans les pays de la triade, pourrait alors être estimé à environ 600 000. On sait par ailleurs que l'ensemble du personnel scientifique et technique en activité dans les pays en développement est de 1 224 000 personnes (statistiques Unesco du milieu des années 1990). On serait donc ainsi conduit à estimer que le nombre de chercheurs et ingénieurs de recherche originaires des pays du Sud et travaillant au Nord atteint de l'ordre de 50 % du nombre de chercheurs en activité dans les pays du Sud.
13Sans doute est-ce là une hypothèse haute car le personnel S&T dans les pays en développement est sûrement plus élevé aujourd'hui qu'au milieu des années 1990. Aussi, par prudence, pourrait-on évaluer grossièrement la part des chercheurs et ingénieurs originaires du Sud travaillant dans les pays du Nord à environ un tiers de la communauté scientifique et technique active dans les pays d'origine.
14Comme, par ailleurs, la productivité scientifique et technologique, calculée en nombre de publications et de brevets par chercheur/ingénieur, est très sensiblement plus élevée dans les pays de la triade que dans les pays en développement (où les conditions de travail sont bien moins favorables), la production des personnels S&T du Sud, expatriés au Nord, serait à peu près du même volume que celle des personnels S&T restés dans leur pays.
15En tout état de cause, ces tendances montrent que les capacités S&T expatriées sont considérables, si bien que la mobilisation d'une fraction de ces capacités expatriées est susceptible de procurer un complément significatif au potentiel des pays du Sud.
16Il faut cependant se garder de généraliser trop vite, car il y a de grandes différences selon les pays. Pour les pays que leur taille apparente à des continents, comme l'Inde et la Chine, le taux d'expatriation est relativement peu élevé, se situant aux alentours de 10 % pour la Chine mais probablement un peu plus pour l'Inde. Il en est de même, pour certains autres pays à revenus intermédiaires, avec un exode des compétences avéré, comme l'Afrique du Sud, pour lesquels ce taux reste inférieur à 10 % en raison d'une importante communauté scientifique locale. À l'inverse, dans de grands pays en crise, comme le Nigeria ou l'Argentine, des proportions beaucoup plus élevées du personnel académique exercent aujourd'hui à l'extérieur. C'est également le cas dans certains pays émergents ou intermédiaires du fait d'une expatriation massive, surtout étudiante : il en est ainsi des Philippines, de la Malaisie, de la Turquie ou des pays du Maghreb/Machrek. Enfin, des petits États moins avancés, notamment d'Afrique ou des Caraïbes, peuvent avoir de très forts taux d'expatriation de leur personnel S&T.
17Ainsi, pour le continent africain, on peut estimer que plus d'un tiers des ressources humaines hautement qualifiées est aujourd'hui expatrié et, selon tes données de flux disponibles sur la décennie 1990 pour les États-Unis et la France, ce mouvement s'accélère.
18Une proportion variable selon les pays, mais toujours significative, d'étudiants du Sud expatriés reste dans le pays d'accueil et s'y insère.
19De l'ordre des deux tiers des expatriés qualifiés – et notamment ceux qui ont des activités de R&D – sont entrés dans le pays d'accueil en tant qu'étudiants, avec des différences selon les pays. De fait, les taux de retour des étudiants étrangers sont d'autant plus faibles que le diplôme obtenu est élevé, ce phénomène de non-retour étant en augmentation au cours de la dernière décennie.
20En 1990, 45 % des doctorants étrangers aux États-Unis pensaient rester dans ce pays et 32 % avaient déjà des opportunités d'emploi pour ce faire. En 1999, les pourcentages étaient montés respectivement à 72 et 50 %. Les situations sont très contrastées selon les régions et les pays. Les étudiants des grands pays d'Asie (Chine et Inde) ont par exemple un taux de retour plus faible que ceux de Corée du Sud ou Taïwan.
21Une enquête particulière sur les doctorants africains formés en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) pendant la décennie 1986-96 révèle qu'une majorité d'entre eux (63 %) est revenue en Afrique et que la propension au retour est d'autant plus grande que le pays d'origine offre des perspectives professionnelles dans les domaines de La S&T. Dans le même sens, des chiffres partiels de l'agence statistique de l'enseignement supérieur au Royaume-Uni montrent que la majorité des docteurs étrangers produits par ce pays en 1998 sont rentrés chez eux mais Là encore avec de fortes différences selon les pays.
22Les indications concernant la France et émanant du ministère de l'Éducation nationale révèlent des taux de retour plus faibles que les chiffres britanniques et des États-Unis. La ventilation par pays d'origine n'est pas disponible, mais celle par discipline permet de voir que seuls 28 % et 20 %, respectivement, des docteurs étrangers en sciences naturelles et en sciences de l'ingénieur respectivement rentrent au pays dans les quelques années qui suivent l'obtention de leur diplôme.
23Quelles que soient les variations tant par pays d'accueil que d'origine, les pourcentages des étudiants avancés qui ne rentrent pas après leur formation sont significatifs (voir deuxième partie du rapport, sur CD-Rom, chapitre 1, J. Johnson). Mais contrairement à une image couramment présentée, la présence de ressortissants qualifiés dans les pays du Nord ne correspond guère à une « fuite de cerveaux ». Elle procède en réalité d'un enracinement intellectuel et social graduel en faveur duquel le système universitaire du pays d'accueil joue un rôle clé dans la formation et l'insertion sur le marché du travail qualifié. Cette situation a une incidence directe sur la politique adoptée à l'égard de la circulation des compétences : la régulation des flux de personnes qualifiées ne peut se concevoir sans prendre en compte l'enseignement supérieur, ce qui, c'est important à noter, autorise la mise en place de dispositifs de recensement et de suivi des expatriés.
Les flux internationaux d'étudiants : l'exception franco-africaine
24L'Afrique a une proportion d'étudiants expatriés très sensiblement supérieure à celle des autres zones du monde (de l'ordre de 10 %). Le tiers de ces étudiants va en France où ils représentent 75 % des étudiants des PED accueillis ; ils représentent 12 % du nombre total des doctorats délivrés par la France.
25Sur les 102 millions d'étudiants que compte le monde aujourd'hui, environ 2 millions étudient hors de leur pays d'origine. Du fait de l'expansion extrêmement rapide de la capacité d'accueil de l'enseignement supérieur local pendant les deux dernières décennies, la proportion des étudiants de PED qui étudient à l'étranger tend à régresser pour la plupart des régions du monde – alors même que les chiffres absolus continuent à croître. Mais tel n'est pas le cas de l'Afrique subsaharienne (Afrique australe exclue) dont le taux d'expatriation étudiant reste exceptionnel et est en augmentation dans les dernières années : ce taux est de 7 % pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est, et de 12 % pour l'Afrique centrale. 78 % de ces étudiants expatriés vont dans un pays développé et le reste principalement dans des pays arabes. La crise de l'enseignement supérieur et de la recherche en Afrique subsaharienne pendant la dernière décennie l'a empêchée de suivre une trajectoire équivalente à celle des autres zones en développement.
26L'examen des échanges d'étudiants révèle l'existence d'une forte relation entre l'Afrique et l'Europe. Le pays d'accueil qui pèse le plus – et de loin – est la France, qui reçoit 34 % des étudiants africains, alors que les États-Unis n'en accueillent que 13 % et que l'Angleterre et l'Allemagne ne sont guère des pays privilégiés par les Africains. Cela est particulièrement net au niveau des études de doctorat, là où se forment ceux qui, en restant bien souvent dans le pays d'accueil, vont constituer les populations expatriées le plus qualifiées.
27Parmi les étudiants qui obtiennent un DEA ou un DESS en France, 9 % sont originaires des PED et, parmi ceux-ci, 77 % viennent d'Afrique, 14 % d'Asie et 9 % d'Amérique Latine. Au niveau de la thèse de doctorat, le pourcentage des ressortissants des PED passe à 16 % (ce qui représente 1 500 personnes par an) dont 75 % d'Africains, 11 % d'Asiatiques et 14 % de Latino-Américains. Ces chiffres montrent l'existence d'une relation très particulière entre la France et l'Afrique en matière de flux d'étudiants. Les Africains qui s'expatrient pour étudier sont nombreux au regard de la population étudiante locale et ils se dirigent essentiellement vers la France où ils représentent la majorité de ceux qui viennent du Sud. C'est une situation que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Par exemple, les Asiatiques expatriés, qui se dirigent préférentiellement vers les États-Unis, sont très sensiblement moins nombreux par rapport à la population étudiante restée au pays (voir deuxième partie du rapport, sur CD-Rom, chapitre 2, Ph. Bocquier).
28Trois constats peuvent être faits à partir de ce tropisme franco-africain. Le premier est que la réorientation des flux étudiants africains vers l'Amérique du Nord dont on parle depuis une décennie est toute relative en volume. Elle ne modifie pas, ou pas encore, le paysage traditionnel. Le deuxième constat est que l'existence de flux privilégiés de l'Afrique vers la France donne à ce pays des responsabilités particulières mais aussi des possibilités de peser d'un poids notable sur les pays concernés du fait de l'importance de L'apport que peuvent représenter pour ces derniers ces compétences. Enfin, troisième constat, pour les pays africains eux-mêmes, il est certain que la concentration de leurs expatriés très qualifiés sur la France peut favoriser l'action de mise en relations construite grâce à la densité du maillage avec les universités françaises. Ces éléments donnent quelques indications quant au potentiel mobilisable a priori dans les DST.
Des incertitudes fortes sur les évolutions des flux internationaux de compétences
29La politique américaine de sécurité nationale après le 11 septembre 2001 et l'hésitation de l'Europe entre repli et ouverture laissent planer des doutes sur l'évolution des flux, étant entendu que la montée en puissance de la Chine et de l'Inde en S&T pourrait induire d'importants flux de retour vers ces pays. C'est ce dernier point qui pourrait être le plus marquant pour les années à venir.
30Durant la dernière décennie, les États-Unis se sont imposés comme le pôle attracteur de main-d'œuvre hautement qualifiée à l'échelle mondiale. Toutefois, les analystes s'interrogent sur l'impact à moyen terme de la politique de sécurité américaine en cours d'élaboration après les attentats du 11 septembre 2001 sur ces flux. L'idée qu'une menace terroriste pouvait provenir d'expatriés de haut niveau, en particulier scientifiques, fait son chemin et des témoignages font état de difficultés croissantes rencontrées par des étudiants ou des professionnels étrangers aux États-Unis, a fortiori mais pas uniquement lorsqu'ils proviennent de pays arabes. Il y a donc des incertitudes sur la politique future des États-Unis en matière d'accueil d'étudiants et jeunes chercheurs des pays du Sud, ce au moment même où l'Europe, dans le sixième programme-cadre de recherche et développement technologique (PCRDT) met en place des politiques incitatives pour l'attraction de talents extérieurs. Ces tendances inverses en Europe et aux États-Unis pourraient-elles modifier la donne et réorienter durablement les flux en faveur du vieux continent ?
31Rien n'est moins sûr car le scénario concernant l'Europe ne peut faire abstraction de la montée de la xénophobie exprimée par des groupes devenus plus visibles, non plus que des atermoiements de la politique migratoire européenne oscillant entre une version douce et une dure. Au total, ces évolutions ne reflètent guère une volonté d'attirer massivement à moyen terme des expatriés originaires du Sud, fussent-ils qualifiés – même si les procédures d'entrée sur le marché du travail qualifié se sont, pour l'instant, assouplies.
32Le point le plus important concernant le redéploiement possible des flux nous semble être la capacité accrue des grands pays du Sud à absorber leurs chercheurs et ingénieurs expatriés. Cette tendance est, en tout cas, celle que prévoient les observateurs de l'Inde et de la Chine qui pourraient suivre le schéma de Taïwan et de la Corée du Sud pour lesquels le retour au pays des expatriés devient systématique, attirés qu'ils sont par les perspectives de carrière offertes par des pôles nouveaux et ambitieux de R&D et de développement industriel. Le rôle des diasporas doit être souligné dans ces pôles créés souvent à partir d'investissements, compétences et financements émanant largement de la communauté des expatriés elle-même.
33L'évolution à moyen terme des flux d'expatriation des étudiants avancés et des jeunes professionnels est, par conséquent, incertaine. Une telle incertitude ne rend que plus cruciale une capacité d'information et de suivi précis.
34En tout état de cause, les chiffres exposés montrent qu'il est légitime de se demander comment et dans quelles conditions les pays du Sud peuvent faire usage de ce capital social expatrié pour entrer dans la société de la connaissance.
Comment pallier l'insuffisance d'information ?
35La connaissance des flux concernant l'Afrique est insuffisante et il incombe au système français de statistiques et d'indicateurs de combler cette lacune très handicapante.
36Les données américaines de la NSF, qui sont les plus pertinentes par rapport à notre sujet, ne permettent pas de couvrir l'Afrique comme il le faudrait puisque, comme on l'a vu, les ressortissants de cette région s'orientent principalement vers la France. Il y a là une lacune importante à combler. Dans cette optique, il est préférable de compter sur des statistiques françaises et d'en organiser la convergence, plutôt que de travailler à partir des bases Eurostat et de l'OCDE sur lesquelles pèsent des contraintes d'harmonisation internationale. Il y a donc ici un travail d'élaboration de la base d'information, à travers la mise en commun de sources telles que : les enquêtes emploi de l'Insee, les statistiques du ministère de l'Éducation nationale, les registres des services du personnel des grands organismes de l'enseignement supérieur et de la recherche. Une fois cette base d'information établie et les outils de collecte paramétrés, la base pourra être actualisée à intervalles réguliers par des enquêtes ponctuelles sur des échantillons, comme c'est le cas pour la base de données Sestat de la NSF.
37Pour démarrer ce travail, un bureau ou un service qui aurait compétence et autorité pourrait demander aux administrations concernées les informations nécessaires, en assurer la maintenance et la gestion, la diffusion et l'utilisation. Afin de réaliser effectivement la collecte, l'unification et le traitement statistique des données, il lui faudrait recourir à des spécialistes des indicateurs de S&T. La France s'est dotée d'une capacité de ce type avec l'Observatoire des sciences et des techniques, dont la mission est précisément de répondre, entre autres, à ce type de demande.
POUR LES PAYS DU SUD : L'IMPÉRATIF DE LA CONSTRUCTION D'UN SYSTÈME D'INNOVATION PERFORMANT À PARTIR DE COOPÉRATIONS SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES
38Le caractère stratégique pour les pays du Sud de l'insertion dans « l'économie de la connaissance » apparaît de plus en plus. Cela induit la construction d'un système de recherche et d'innovation adapté à la situation actuelle, ce qui passe nécessairement par des politiques S&T et de coopération adéquates dont les ressources humaines sont l'enjeu central. Il est important de distinguer la situation par grand type de pays.
Les stratégies d'insertion des pays du Sud dans l'économie de la connaissance : des réalités très diverses
39Au Nord, la science apparaît plus que jamais comme une ressource stratégique, au plan militaire et industriel. On assiste à un mouvement continu de concentration des moyens et des capacités scientifiques en quelques pôles : Silicon Valley, triangle Bâle-Strasbourg-Fribourg, région de Boston, d'Oxford et Cambridge, Île-de-France, etc., au point qu'aucune ressource n'est aujourd'hui aussi concentrée dans un petit nombre de lieux que la capacité S&T.
40La fracture S&T avec les pays du Sud s'accentue globalement : les investissements nécessaires sont tels en effet qu'ils semblent hors de portée de La plupart des pays, en sorte que ceux-ci ne peuvent au mieux que chercher des niches d'opportunité. Confrontées aux phénomènes de globalisation, de libéralisation et de polarisation, les stratégies des pays du Sud en matières scientifique, technique et d'innovation sont très diverses. Il faut ici distinguer trois types de pays : émergents, intermédiaires et moins avancés (voir deuxième partie du rapport, sur CD-Rom, chapitres 4 et 5, R. Waast).
Les pays émergents : réformes institutionnelles et politiques volontaristes
41Les pays émergents ont des politiques de recherche et d'innovation offensives, avec des exigences accrues de qualité et de pertinence industrielle pour la recherche publique ; les ressources humaines scientifiques et techniques y sont perçues comme étant stratégiques.
42Les pays « émergents » (industrialisés ou proposant de grands marchés) attribuent une priorité à leur capacité d'innovation technique. Ils se sont déterminés en conséquence à des réformes importantes des établissements scientifiques et des dispositifs Légaux.
43La Chine a poursuivi une politique de formation intensive, à l'étranger, de jeunes chercheurs dans les domaines des sciences et des techniques de pointe, au sein des meilleures universités mondiales. Elle les réintègre dans ses structures d'enseignement et de recherche, et les encourage à participer à temps partiel à des activités de production, au sein de PME dont ils facilitent La création. Elle cultive aussi à travers eux les coopérations avec leur milieu formateur et favorise les échanges avec nombre d'émigrés restés à l'étranger, souvent partie prenante des entreprises chinoises.
44À plus petite échelle, Singapour, au début des années 1990, avec un succès certain, avait fait pression et rapatrié à grands frais certains de ses ressortissants implantés aux États-Unis et devenus spécialistes de domaines déclarés prioritaires pour le redéploiement de l'industrie nationale (biotechnologies médicales...). La Corée du Sud se préoccupe pour sa part de réviser sa politique très affirmée de lien recherche-industrie : cette fois, en déportant le balancier vers plus de recherche fondamentale (en tous cas « stratégique »), toujours en rapport avec les besoins en évolution de l'appareil productif.
45L'Inde facilite l'installation de filiales des multinationales et leurs joint-ventures avec des entreprises locales de haute technologie. Celles-ci ont été souvent créées par des scientifiques émigrés puis revenus au pays : informatique, biotechnologies... Le gouvernement a aussi entrepris une réforme de ses agences de recherche, facilitant leur contractualisation et récompensant les chercheurs au mérite.
46En Amérique latine, les restrictions budgétaires ont conduit plusieurs grands États à repenser leur intervention en matière scientifique. Les financements d'État sont désormais plutôt réservés à des laboratoires qui ont des succès académiques avérés (décompte des publications en revues internationales), tandis que les autres équipes sont invitées à se financer au moyen de contrats nationaux ou internationaux qu'il leur revient d'obtenir – le plus souvent auprès d'entreprises. Un bilan de ce type de politique, expérimentée au Venezuela, au Mexique ou en Argentine, reste à faire. Au Brésil, d'intéressantes initiatives ont conduit à promouvoir l'interaction de l'Université avec des municipalités et des représentants d'usagers locaux (Porto Alegre), ou à la contractualisation accélérée des formations de recherche (Rio, Sao Paulo...).
47Dans tous les cas, l'évaluation tant des résultats que de leur utilité s'est durcie ; la culture des instances dirigeantes classiques de la recherche et celle de générations de chercheurs ont été bousculées ; les règlements et les modes de financement ont été modifiés. Les États continuent à miser sur un développement scientifique national (savoir-faire, équipement, établissements), perçu comme un potentiel de richesse. La nouveauté, c'est que les ressources humaines font clairement aux yeux de tous l'objet d'une compétition à travers le monde, et qu'il faut dès lors s'efforcer de les capter et d'en territorialiser les effets bénéfiques (politiques de coopération, attraction d'étrangers, collaboration avec la diaspora...).
Les pays intermédiaires : entre demande de coopération et laisser-faire
48Les pays intermédiaires par rapport au développement scientifique, soucieux aujourd'hui de moderniser leur appareil de production pour s'intégrer au commerce mondial, procèdent à des réformes institutionnelles de leurs appareils de recherche. Ils y consacrent des budgets qui vont croissant et sont les plus demandeurs de coopérations (elles font partie de leur politique de recherche). Cependant, l'expatriation de leurs étudiants avancés et la fragilité de leur appareil de recherche restent encore une caractéristique de ces pays.
49Les pays « intermédiaires » (du Costa Rica à la Thaïlande, du Chili à l'Afrique du Sud...) réagissent de façon variée. Cela dépend pour beaucoup de leur degré et de leur type d'industrialisation et de leurs capacités scientifiques. Pour prendre quelques exemples en Afrique :
- Certains (l'Afrique du Sud par exemple) redoublent leur soutien à un appareil scientifique complet, souvent de qualité et fortement institué, en s'efforçant d'en tirer parti pour reconvertir et internationaliser un appareil productif parfois sclérosé. D'importants crédits publics (mais aussi privés) sont mobilisés en faveur de fonds incitatifs de recherche, du soutien à la R&D industrielle (y compris en joint-venture avec des multinationales), de la culture S&T et d'une aide à l'accès des plus pauvres aux études techniques.
- Les pays disposant d'une rente pétrolière estiment en général pouvoir se passer d'industrie innovante en achetant en tant que de besoin l'ingénierie requise sur le marché mondial, ce qui limite l'ambition d'une politique nationale de S&T, ainsi d'ailleurs que les possibilités de retour de leurs nationaux expatriés.
- Certains pays font montre d'un soutien discontinu, misant ponctuellement sur le dynamisme de leurs professionnels expatriés. Tel est le cas de pays du Maghreb, pour Lesquels le souci de mise à niveau de leur appareil industriel, dans la perspective d'une association au marché européen voisin, constitue une perspective stratégique.
50Tous ces pays, qui ont une capacité de formation notable, et un emploi scientifique encore peu développé, sont ainsi sujets à une forte émigration de leurs travailleurs qualifiés ; certains organisent même ce phénomène (Égypte...).
51Une caractéristique commune de ces pays est une certaine versatilité des gouvernements à l'égard de la science et de l'innovation technologique. À une période de désengagement peut succéder un ré-investissement : le Maroc affiche une politique scientifique depuis 5 ans ; le Nigeria vient de réinvestir vigoureusement dans une science nationale qu'il a démantelée au long des vingt dernières années.
52On doit cependant distinguer entre des pays « intéressés », où des communautés scientifiques développées (au moins en quelques domaines) alliées à d'autres forces sociales (« blocs socio-cognitifs ») soutiennent durablement la cause techno-scientifique avec un certain succès (Chili, Argentine, Maghreb hors Algérie...), et des pays « in-intéressés », où ces forces sont refoulées pour longtemps : ils se transforment vite en pays « scientifiquement moins avancés ».
Les pays moins avancés : exode et dés-institutionnalisation de la science
53Dans les pays les « moins avancés », le désengagement de l'État a déterminé la dissolution des appareils scientifiques nationaux bâtis à grands frais au long de leurs trois premières décennies d'indépendance. Les salaires des fonctionnaires, y compris enseignants et chercheurs, gelés et rongés par l'inflation, ne permettent plus de faire vivre une famille. Nombre de chercheurs ont quitté le métier ou le pays. Parmi ceux qui demeurent, la plupart consacrent l'essentiel de leur temps à des activités sans rapport avec leur qualification (agriculture, commerce...).
54Les 20 à 30 % qui restent en activité vivent de recherches sous contrat, commandées de l'étranger, et réalisées hors les murs d'institutions réduites à l'état de coquilles vides. Les politiques scientifiques sont à base de pur « laisser-faire » et les instances directrices de la communauté scientifique ont perdu toute consistance. Elles n'édictent plus de normes et n'ont plus d'ethos à faire respecter. La pratique scientifique au sein de réseaux mondiaux, en tant que prestataire de recherche, dans le cadre de commandes, sous régulation du marché plus que par les pairs, trouve ici sa réalisation la plus avancée. Cette pratique maintient en survie des ressources intellectuelles locales et les oriente vers des activités « utiles ». Cependant, elle en capte le potentiel et l'affecte à des activités qui n'émanent pas de la communauté locale et ne peut favoriser ainsi un enracinement collectif et solide. Il en est ainsi de pays d'Afrique subsaharienne, en particulier anglophone : le Nigeria, par exemple, en 10 ans, a ainsi perdu la moitié de sa capacité contributive à la science mondiale.
La coopération S&T avec le Nord, clé de voûte des stratégies de construction des systèmes d'innovation
55Les pays émergents ont en général des objectifs précis et ambitieux pour leurs coopérations S&T, à l'image de leur politique nationale en matière de recherche et d'innovation : participation aux grands programmes technologiques internationaux, coopérations industrielles dans les secteurs de hautes technologies, sont à leur agenda. Les pays intermédiaires intéressés ont des demandes plus ciblées, tant en matière de recherche publique que de transfert industriel. Dans les pays les moins avancés, les besoins de ré-institutionnalisation de la recherche publique sont majeurs, ainsi que les nécessités de coopérations sur une base régionale en liaison avec des organisations internationales.
56Dans tous les cas, la coopération S&T a un rôle spécifique, toujours essentiel, pour le développement du système d'innovation.
57Les coopérations scientifiques sont vitales pour la science des pays du Sud. En Afrique, 50 à 80 % des articles publiés par des revues influentes du point de vue scientifique sont cosignés avec des chercheurs du Nord. La production est d'autant plus sensible aux fluctuations des coopérations que les pays sont petits. Les communautés scientifiques n'atteignant pas une taille suffisante et la collaboration régionale étant trop réduite, la mise à jour des savoirs repose sur les collaborations suivies avec l'étranger. L'accès aux équipements de qualité et aux nouveaux savoir-faire expérimentaux en dépend également.
58Les pays émergents sont ceux qui ont le plus d'opportunités de coopération (industrielles ou publiques). Industriels et pouvoirs publics souhaitent construire une capacité scientifique et technique sur un front thématique large, tourné vers le développement des secteurs de haute technologie. Ils négocient en fonction d'objectifs précis qu'ils souhaitent atteindre :
- Certains expriment le besoin de coopérations en recherche fondamentale (Corée du Sud aujourd'hui).
- Quelques-uns participent à de grands programmes technologiques internationaux (programmes européens par exemple), avec parfois des difficultés d'accès liées à leur statut de concurrents potentiels.
- D'autres recherchent un savoir-faire à travers des relations de recherche industrielle (Inde) : ils s'intéressent aux processus de développement de PME innovantes en liaison avec des centres de recherche ou, encore, au développement de techniques appropriées (initiatives associatives ou municipales, en Inde et au Brésil).
59D'une façon générale, le problème se résout à la constitution de réseaux d'interconnaissance capables de diriger une demande forte et bien définie vers les lieux qui sont le plus appropriés pour la collaboration. Cela suppose une bonne connaissance des lieux et milieux du Nord, ce qui nécessite l'intervention d'« agents de liaison », au savoir tacite irremplaçable.
60Les pays « intermédiaires intéressés » sont de forts demandeurs de coopération également : ils les conçoivent comme une part stratégique d'une politique de ta S&T, dont ils font l'outil indispensable à la mise à niveau de leur appareil productif. Il s'agit en général de pays disposant d'une recherche instituée, avec de nombreux centres d'initiative (gouvernement, universités ou départements d'université, centres et ONG de recherche, régions et municipalités, petites entreprises...). Leurs demandes sont ciblées :
- développement des secteurs de recherche en dessous du seuil critique en volume (Afrique du Sud : petite agriculture) ;
- réorientation de recherches académiques, en lien avec un besoin opérationnel (exemple des mathématiques appliquées : du calcul pour la physique à la modélisation pour des recherches en environnement, en épidémiologie...) ;
- développement des capacités scientifiques de pointe, en lien avec l'entrée dans un secteur technologique avancé (Tunisie et Maroc pour les NTIC...).
61Les demandes sont parfois très précises (Thaïlande : expérience en aviculture...), mais l'appareil scientifique est souvent en avance sur la demande d'une industrie nationale peu préoccupée d'innovation technologique. La demande du secteur productif reste à créer.
62Les pays les moins avancés (ou disposant de rente) sont plutôt les clients des programmes internationaux inscrits sur l'agenda du Nord, au titre des quelques travaux dévolus au Sud. Il n'existe guère d'autres opportunités de coopération puisque la communauté scientifique a à peu près disparu. Les gouvernements écartent ici la recherche de leurs demandes d'aide prioritaires. Ils sont au mieux neutres à l'égard de propositions en la matière et adoptent volontiers une politique de laisser-faire : si le Nord est intéressé, qu'il agisse et qu'il paie. Mais certains pays peuvent se montrer suspicieux à l'égard d'entreprises dont ils estiment qu'elles captent « leur » potentiel (même s'il est en chômage technique), et risquent de le « dévoyer » dans le cadre d'actions régionales ou internationales.
63La demande est ici plutôt portée par des acteurs privés (associations, ONG...). Les rares scientifiques actifs ressentent le besoin de recomposition intellectuelle (au-delà des thématiques désormais routinières des grands programmes internationaux qui les sollicitent) et institutionnelle.
64Du premier aspect témoigne le mouvement spontané de développement d'associations savantes, de groupes de réflexion, de coordinations régionales de discipline (soutenant recherches conjointes, formation et publications, à l'exemple des sciences politiques en Afrique orientale et australe...). Le second aspect, à savoir le besoin d'une ré-institutionnalisation minimale de l'activité scientifique, est un souci partagé par des bailleurs de coopération internationaux : pays scandinaves, mais aussi fondations américaines (Ford, Rockefeller, Carnegie...), OMS, FAO, et même aujourd'hui Banque mondiale. Une ligne d'action de ces institutions vise à promouvoir des programmes régionaux en rapport avec des problèmes locaux autres que ceux strictement inscrits sur l'agenda sécuritaire ou environnemental : problèmes de l'agriculture, des méthodes de soin, d'industrialisation de base, de connaissance de la société...
65Au total, il s'avère qu'en dépit des différences très importantes entre pays du Sud, la question de la construction d'une capacité S&T dans le cadre de coopérations avec les pays du Nord est toujours une question majeure. Dans tous les cas également, la dimension ressources humaines est centrale.
DES TENTATIVES DE RÉGULATION DES FLUX VISANT À TIRER PARTI DE LA CIRCULATION INTERNATIONALE DES COMPÉTENCES
66L'importance d'une gestion des compétences expatriées qualifiées en vue de maximiser l'utilité pour le pays de départ est devenue évidente depuis un certain temps. D'où la mise en place d'un certain nombre de politiques publiques cherchant essentiellement à réguler les flux. Les limites de ces politiques sont rapidement apparues.
67Le phénomène de l'expatriation et de la circulation internationale des compétences n'est guère nouveau – les premières études remontent à la fin des années 1950 – mais les dimensions et les formes qu'il revêt sont inédites. Il est la conséquence de deux facteurs majeurs : d'une part, la mondialisation, qui implique une multiplication des échanges culturels, économiques, techniques et financiers ; d'autre part, le rôle accru de la connaissance spécialisée comme facteur de production (la « société de connaissance »). Les deux facteurs combinés génèrent une logique de circulation : les détenteurs de compétences sont appelés à se mouvoir car les espaces où ces dernières peuvent s'appliquer – et où ceux qui les possèdent peuvent se faire valoir – sont de moins en moins segmentés par les obstacles que représentaient les frontières nationales ou la distance géographique.
L'expatriation et la circulation des compétences : d'éventuelles conséquences négatives pour les pays de départ
68La circulation de compétences apparaît de plus en plus comme étant la condition des échanges intellectuels, des transferts de technologie, de la diffusion des innovations, d'une formation efficace et de la transmission des savoirs tacites. Elle est ainsi largement perçue comme une extension de la logique académique qui prévaut depuis les débuts de la science institutionnalisée, avec sa vocation à l'universalité. La circulation internationale des compétences n'est donc plus critiquée en soi, comme dans les années 1960-1980. On ne cherche plus à s'y opposer a priori – d'autant qu'elle est aujourd'hui généralement considérée comme étant une composante de la libre circulation des personnes, droit humain fondamental2.
69Cependant, si les bienfaits de la mobilité des personnes qualifiées ne sont plus contestés, les spécialistes s'accordent pour dire que ses effets ne sont pas les mêmes pour tous les pays et qu'ils peuvent être négatifs dans certains cas. En effet, si ces expatriés restent dans Le pays d'accueil (en France comme aux États-Unis, ce sont en majorité des étudiants de troisième cycle ou des jeunes chercheurs post-doctorants) et que le lien avec Le pays d'origine disparaît, il est clair alors que la politique de coopération n'aura été d'aucune utilité pour le pays d'origine, même si certains de ses ressortissants auront pu y trouver bénéfice individuellement. L'investissement est donc perdu, du point de vue de la coopération internationale et du pays d'origine.
Maximiser l'utilité de la circulation internationale des compétences par une action sur les flux : des actions et leurs limites
70Depuis plusieurs années, les réflexions ont porté sur la conception et la mise en œuvre de politiques permettant de faire de cette mobilité devenue incontournable un phénomène positif, en essayant d'agir directement ou indirectement sur les flux des personnes.
71Le Conseil économique et social (France), le Département pour le développement international (Department for International Development, Royaume-Uni), le Bureau international du travail, l'Organisation internationale des migrations, la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, le Centre de recherche sur le développement international (Canada), l'Organisation pour la coopération et le développement économique, ont séparément ou parfois conjointement suggéré diverses options politiques en ce sens. Elles peuvent être résumées de la façon suivante :
- La rétention des compétences locales : une telle politique peut se réaliser par décision unilatérale (cas de la Chine ou du Brésil dans leurs programmes de bourses) ou dans le cadre d'une coopération bilatérale (Angleterre-Afrique du Sud concernant le personnel médical) ; elle peut constituer une solution passagère, mais sa viabilité à long terme est sujette à caution dès lors que les conditions locales comparées à ce qu'elles sont à l'extérieur ne sont pas propices au développement professionnel.
- Les incitations au retour : de telles incitations pour les personnes formées à l'étranger peuvent être efficaces à condition que le pays offre les conditions d'expression de leurs talents et les possibilités d'emploi qui correspondent à ce que les expatriés peuvent attendre. La Corée du Sud ou Taïwan sont des exemples connus de réussite de ces politiques ; de même, l'OIM a mis en œuvre le programme RQAN (Return of Qualified African Nationals) soutenu par la Commission européenne pendant la décennie 1990. Malgré la réinsertion réussie de plusieurs centaines de professionnels africains de haut niveau, la « crise des savoirs » du continent en a largement annulé les effets du fait d'un nombre de départs très supérieur.
- La création d'un système de compensations financières : ce type de mesure consistant à dédommager le pays de départ n'a jamais vu le jour en pratique. Cette formule, préconisée il y a 20 ans, et qui resurgit sporadiquement, propose une équivalence séduisante entre un transfert de ressources humaines et financières mais ses modalités de calcul, pourtant explorées en profondeur durant les décennies 1970-80, se heurtent à des impasses théoriques, méthodologiques et pratiques.
- Les restrictions à la sortie ou à l'entrée de migrants très qualifiés par te biais de la politique migratoire : ce levier de régulation directe des flux apparaît de moins en moins réaliste dans la situation actuelle. En effet, les restrictions à la sortie contreviennent au principe de libre circulation mentionné ci-avant (mais cela s'applique aussi à la main-d'œuvre faiblement qualifiée) ; quant aux restrictions à l'entrée, elles s'opposent aux intérêts des pays dont le marché du travail exprime une demande de compétences.
72Bien sûr, le renforcement du milieu académique, scientifique et technique (capacity building) apparaît pour un pays donné comme une condition sine qua non de la capacité à retenir ou à rappeler ses ressortissants chercheurs et ingénieurs : c'est la seule solution à long terme pour éviter une déperdition massive des compétences. Cette option a cependant l'inconvénient majeur de devoir supposer le problème résolu. En effet, attendre que les conditions de l'asymétrie qui est à l'origine de l'exode des compétences aient disparu équivaut à s'abstenir de traiter le problème. Toutes ces politiques d'intervention directe sur les flux sont donc, au mieux, des solutions partielles, dont les limites sont maintenant bien connues.
73Face aux phénomènes massifs, d'ampleur mondiale, qui déterminent de puissants champs de force d'attraction pour les compétences vers les pays du Nord et qui créent les conditions favorables à la mobilité internationale des personnes, les tentatives de régulation étatiques des flux par les pays du Sud ne peuvent avoir qu'une portée limitée. C'est dans ce contexte qu'apparaissent depuis les années 1990 des initiatives de DST.
Les diasporas scientifiques et techniques (DST) : une manifestation de la société civile mondiale en émergence
74L'essor des DST correspond à celui d'une société civile se donnant des objectifs qui relèvent de l'espace public – ici la contribution au développement S&T – à partir de multiples initiatives autonomes mais reliées aux réalités des États.
L'émergence des diasporas est un produit de l'histoire récente
75L'importance numérique des populations expatriées, leur insertion accrue dans les pays d'accueil et la part croissante des personnes très qualifiées en leur sein sont les conditions nécessaires pour l'émergence des DST. Mais les technologies de la communication ouvrent des possibilités nouvelles à leurs dynamiques d'auto-organisation. La coexistence de ces éléments donne à penser que le développement actuel des DST n'est un phénomène ni marginal ni transitoire.
76Pourquoi les diasporas scientifiques et techniques (DST) prennent-elles plus d'ampleur aujourd'hui ? En raison, tout d'abord, de l'histoire récente : les populations expatriées contemporaines résultent pour une large part des courants migratoires du xxe siècle et atteignent aujourd'hui, comme on l'a vu, une masse critique. Ainsi, par exemple, l'Éthiopie ne compte pas moins d'un million et demi d'expatriés, l'Inde 20 millions et la Chine 60 millions (voir deuxième partie du rapport, sur CD-Rom, chapitre 6, D. Teferra). Dans les pays d'accueil, la population immigrée n'a pas seulement augmenté ; sa composition a évolué vers une bien plus grande représentation des personnes qualifiées ou hautement qualifiées.
77Le cas français permet d'apprécier les éléments quantitatifs et qualitatifs de cette transformation. En moins de 20 ans, la population active d'origine étrangère y est passée de 2, 20 à de 2, 65 millions personnes, correspondant respectivement à une proportion de 9, 4 et 10, 2 % de la population active totale. Cet accroissement de la population d'origine étrangère s'est réalisé avec une diminution relative de ressortissants étrangers nouveaux et une augmentation des personnes ayant acquis la nationalité française (voir deuxième partie du rapport, sur CD-Rom, chapitre 3, J. -B. Meyer).
78Les deux chiffres (augmentation générale du nombre des immigrés et répartition modifiée en faveur de l'acquisition de la nationalité française) indiquent à la fois une densification et une stabilisation en France de la population d'origine étrangère, situation propice à la construction de liens durables, tant à l'intérieur de la communauté expatriée qu'avec le pays d'accueil.
79Par ailleurs, au sein de la population immigrée, la composition socioprofessionnelle se transforme profondément durant les deux dernières décennies du xxe siècle. La catégorie des « Cadres et professions intellectuelles supérieures » s'accroît considérablement, beaucoup plus vite que dans la population française dans son ensemble. Son nombre est multiplié par 2,4 en 20 ans et son pourcentage dans la population étrangère en France passe de 4,7 à 9,5 %. Cette évolution traduit une diversification sociale de cette population et une importance accrue de ses franges les plus qualifiées. Cela a une incidence immédiate sur la capacité d'interaction tant avec le pays d'accueil que celui d'origine.
80Il convient de noter les capacités nouvelles, souvent inédites, offertes par les technologies de l'information, des communications et des transports (fréquence, instantanéité et multilatéralité, toutes qualités traditionnellement dévolues aux rapports de proximité), qui s'étendent aujourd'hui aux liens de longue distance. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication constituent bien souvent l'élément structurant de l'espace diasporique. Ces médias sont donc bien plus que de simples instruments d'expression d'une identité diasporique préexistante : on peut dire aujourd'hui que cet environnement socio-technique est constitutif des diasporas, dont ils rendent possible l'existence.
Vers une vision « activiste » de la diaspora
81Définir la diaspora comme espace d'action collective, mobilisant au-delà de l'appartenance au pays d'origine, rend bien compte de la réalité des réseaux diasporas observés. Une telle définition a une valeur opératoire, à défaut d'être parfaitement univoque et stabilisée.
82Des auteurs s'interrogent sur les fondements du groupe diasporique et prennent alors souvent en compte les phénomènes d'auto-organisation du groupe. La définition des DST retenue par le collège d'experts s'inscrit dans cette conception, où l'action menée en commun apparaît comme le creuset où se forgent et s'expriment de nouvelles identités. On constate, par exemple, que des groupes d'expatriés se constituent aujourd'hui autour d'un projet, parfois ponctuel, mais concret. Le projet et la tension vers un objectif mobilisent, rassemblent et reconfigurent des identités. Celles-ci débordent d'ailleurs à l'occasion les frontières de la nationalité de naissance.
83Plusieurs réseaux diasporas à caractère national, identifiés au cours de cette expertise, associent des membres qui appartiennent au pays d'accueil aux côtés de ceux du pays d'origine. Ceux-la choisissent d'œuvrer au développement de ce pays, sans en être ressortissants autrement que de cœur. Ils représentent certes seulement une minorité des membres de ces réseaux mais ils reflètent une citoyenneté élective, une identification par décision, par consentement mutuel3. Il est intéressant de remarquer que cette mixité peut être en elle-même un mécanisme d'intégration, repoussant les éventuelles tentations de repliement.
84Confrontées à une fracture scientifique Nord-Sud croissante, les diasporas africaines en France, par exemple, ont transformé leur attitude critique et idéologique antérieure pour adopter une approche pragmatique et technique vis-à-vis des problèmes à résoudre. Cette nouvelle posture est l'expression d'une capacité d'initiative de la société civile, témoignant du fait que, devant la crise des communautés scientifiques et l'échec de l'État développeur, les diasporas intellectuelles ont pris conscience de leur rôle indépendant. Elles ont substitué une approche « civile » à la précédente approche « institutionnaliste » et agissent directement, dans la mesure de leurs possibilités (voir deuxième partie du rapport, sur CD-Rom, chapitre 7, B. Sall).
Les DST comme acteur collectif de la coopération S&T au service d'une stratégie de construction du système d'innovation pour le développement
85Les phénomènes observés de stabilisation des expatriés dans le pays d'accueil, d'auto-organisation des migrants, d'évolution des remises de fonds vers des objectifs de développement et d'affichage de politiques de co-développement, font des diasporas S&T un nouvel acteur de la coopération. Le fait que ce nouvel acteur collectif soit composé d'une façon croissante par des individus et des groupes détenteurs de compétences élevées donne un champ potentiel d'expansion notable à la coopération S&T.
86L'émergence des DST est liée à ce faisceau de conditions favorables.
87On est passé de la migration alternée ou cyclique du milieu du siècle dernier à l'installation durable d'une main-d'œuvre spécifique régulée par une politique d'immigration (années 1960-70), puis à une politique d'intégration collective (décennie 1980-90) où prévalent souvent les situations de double citoyenneté, et enfin à une politique se donnant pour objet le co-développement (dernière décennie). Cette évolution traduit, entre autres, les transformations des marchés du travail et son internationalisation.
88Dans le même temps, les associations de migrants, au spectre limité auparavant, se sont multipliées et organisées au fur et à mesure que l'installation des expatriés se faisait plus significative. Elles créent véritablement les bases de la diaspora africaine en France. Cette structuration et cette institutionnalisation du milieu associatif diasporique se confirment avec l'apparition des OSIM (Organisations de solidarité issues de la migration) dans les années 1990, souvent coordonnées en fédération et maintenant réunies (depuis mars 2002) au sein du F0RIM (Forum des OSIM) au niveau national.
Des incertitudes sur l'ampleur réelle du phénomène DST aujourd'hui
89Le phénomène DST au sens strict, c'est-à-dire de réseaux d'expatriés impliqués dans des projets de développement S&T des pays d'origine, a toutes les raisons de prendre de l'ampleur. Il reste que son importance numérique actuelle est très modeste par rapport au nombre – de plus en plus élevé – d'expatriés ayant des qualifications S&T. En réalité, cette ampleur est très mal connue.
90Si on définit une DST, comme nous l'avons fait, par le fait que le réseau auto-organisé avait parmi ses objectifs celui de concourir au développement S&T du pays d'origine, alors, force est de constater que ceux qui s'impliquent ne représentent qu'une fraction, parfois très faible, du potentiel des expatriés théoriquement mobilisables. Dans les cas où il est possible d'estimer le rapport entre les deux (comme pour la Colombie ou l'Afrique du Sud), il apparaît qu'il se situe entre 8 et 15 %. S'agissant de la ZSP, seulement 12 des 54 pays de la zone disposent de DST ayant un site sur Internet.
91En outre, ces réseaux ont le plus souvent des objectifs d'aide à leurs membres dans le pays d'accueil, n'étant que secondairement tournés vers des projets en faveur du pays d'origine. Une minorité seulement affiche se dédier en priorité à l'effort de développement envers leur pays d'origine4. Il semble cependant que, pour les réseaux relatifs aux pays de la ZSP, cet objectif soit beaucoup plus présent : la majorité (60 %) des réseaux DST concernant des pays de la zone5 utilisent leurs sites pour mobiliser un soutien en faveur de leur pays d'origine.
92Ces chiffres montrent que les DST mobilisent de façon très partielle seulement les expatriés. L'ampleur limitée des initiatives dont elles témoignent est donc loin d'épuiser le potentiel disponible. Cette situation pose la question de l'opportunité et des modalités d'une politique à leur égard. Par ailleurs, le fait qu'une minorité privilégie les activités liées au développement du pays d'origine oblige à s'interroger sur les objectifs et les modalités d'une action adaptée : en effet, le risque serait que les DST instrumentassent, même involontairement, Les politiques destinées à la coopération pour leur seul bénéfice.
CONCLUSION INTERMÉDIAIRE : LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX DST, UNE HYPOTHÈSE À ÉTUDIER
93On peut établir un double constat : d'une part, celui de la portée limitée des politiques visant à réguler les flux de circulation des personnes qualifiées entre le Nord et le Sud pour essayer de tirer parti de ce phénomène ; d'autre part, celui de l'émergence des diasporas en général et des DST en particulier, se donnant des objectifs de coopération pour le développement de leur pays d'origine.
94En conséquence, il est intéressant de considérer une hypothèse de politique de soutien aux DST, à savoir la conception d'un nouveau type d'action publique caractérisée par son articulation au phénomène des DST.
95L'hypothèse de politique de soutien aux DST s'énonce ainsi : les DST rencontrent aujourd'hui une situation propice à leur développement et à leur structuration ; il semble donc pertinent d'examiner dans quelle mesure il est possible d'en faire un relais des politiques de coopération pour le développement. De fait, divers organismes expriment depuis quelques années un intérêt marqué pour l'exploration de l'utilisation des diasporas hautement qualifiées dans un but de développement (voir cahier des charges de l'expertise collégiale, en annexe).
96La politique de soutien aux DST prend acte du caractère mobile de la ressource humaine scientifique et technique. L'utilisation de la diaspora des chercheurs et ingénieurs apparaît ainsi comme une option nouvelle, complémentaire des politiques classiques de gestion des flux exposées au paragraphe « Maximiser l'utilité de la circulation... ». Elle semble intéressante dans la mesure où elle permet une récupération des ressources humaines par les pays d'origine sans en priver les pays d'accueil, offrant en outre à ces derniers des opportunités de relation et d'influence nouvelles. Le capital humain expatrié peut être partiellement recouvré, apportant avec lui un « capital social » de connexions professionnelles mobilisables au profit du pays d'origine. La diaspora constitue aussi un élargissement de la capacité de la communauté académique ou intellectuelle du pays d'origine et fait office d'intermédiaire grâce auquel peut se déployer une coopération internationale appropriée.
97Les actions collectives des populations expatriées très qualifiées se développent aujourd'hui dans un contexte porteur, ce qui se traduit par l'émergence de multiples diasporas, comme entités sociales intermédiaires entre pays d'accueil et d'origine. Cette émergence reflète un mouvement profond dont les analystes s'efforcent de percevoir toutes les dimensions.
98Pour la France, vis-à-vis de ses partenaires européens et au-delà, il y a un enjeu certain : la relation migration/coopération/co-développement et le recours à la diaspora comme élément majeur de mise en œuvre offrent des perspectives originales et prometteuses. Mais on doute souvent de la faisabilité réelle d'une politique de soutien aux DST. Les modalités de sa réalisation doivent donc être explorées et identifiées soigneusement.
99Comprendre les dimensions du mouvement DST, identifier les modalités d'emploi et les conditions de validité d'une politique de soutien aux DST, tel est l'objet de la suite de ce rapport.
100Dans cette première partie, nous avons donc identifié et caractérisé plusieurs évolutions en cours concernant les mouvements migratoires de personnes qualifiées, la montée en puissance de leur auto-organisation, la variété des situations selon les politiques des pays d'accueil et les contextes des pays d'origine. Ces évolutions aident à comprendre l'émergence récente des DST.
101Pour bien saisir la pertinence d'une politique de soutien aux DST, il faut commencer par caractériser les DST existantes, comprendre ce qu'elles font, comment elles fonctionnent et quelles sont les conditions de leur contribution effective au développement. Tel est l'objet de la deuxième partie de cette synthèse.
Notes de bas de page
1 Tous pays en dehors de l'Amérique du Nord, de l'Europe (Est et Ouest) et du Japon.
2 Voir le dossier « Brain Drain » du site conjoint aux revues Nature et Science avec I l'Académie des sciences du tiers-monde, Scidev : http://www.scidev.net
3 Cette mixité plaide contre le risque communautariste – toujours réel – au profit d'une définition où le fondement des initiatives diasporiques serait la projection dans le futur par l'action collective.
4 20 % des sites de réseaux de diasporas DST répertoriés dans notre investigation des sites Internet présentent l'appui au développement du pays d'origine comme premier objectif (voir deuxième partie du rapport, sur CD-Rom, chapitre 11, C. Herny, B. Turner et Mamadou Gueye).
5 Tels que répertoriés dans notre investigation des sites Internet (voir ibid., chapitre 11, idem).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Substances naturelles en Polynésie française
Stratégies de valorisation
Jean Guezennec, Christian Moretti et Jean-Christophe Simon (dir.)
2006
L’énergie dans le développement de la Nouvelle-Calédonie
Yves Le Bars, Elsa Faugère, Philippe Menanteau et al. (dir.)
2010
La lutte antivectorielle en France
Didier Fontenille, Christophe Lagneau, Sylvie Lecollinet et al. (dir.)
2009
Le mercure en Amazonie
Rôle de l’homme et de l’environnement, risques sanitaires
Jean-Pierre Carmouze, Marc Lucotte et Alain Boudou (dir.)
2001
Diasporas scientifiques
Comment les pays en développement peuvent-ils tirer parti de leurs chercheurs et de leurs ingénieurs expatriés ?
Rémi Barré, Valeria Hernández, Jean-Baptiste Meyer et al. (dir.)
2003
La dengue dans les départements français d’Amérique
Comment optimiser la lutte contre cette maladie ?
Raymond Corriveau, Bernard Philippon et André Yébakima (dir.)
2003
Agriculture biologique en Martinique
Quelles perspectives de développement ?
Martine François, Roland Moreau et Bertil Sylvander (dir.)
2005
Lutte contre le trachome en Afrique subsaharienne
Anne-Marie Moulin, Jeanne Orfila, Doulaye Sacko et al. (dir.)
2006
Les espèces envahissantes dans l’archipel néo-calédonien
Un risque environnemental et économique majeur
Marie-Laure Beauvais, Alain Coléno et Hervé Jourdan (dir.)
2006
Les ressources minérales profondes en Polynésie française / Deep-sea mineral resources in French Polynesia
Pierre-Yves Le Meur, Pierre Cochonat, Carine David et al. (dir.)
2016
Le développement du lac Tchad / Development of Lake Chad
Situation actuelle et futurs possibles / Current Situation and Possible Outcomes
Jacques Lemoalle et Géraud Magrin (dir.)
2014