Annexes
p. 379-405
Texte intégral
1. Les différents types d’agriculture sur brûlis au Laos
1Les montagnards ne sont pas les seuls à défricher et à brûler chaque année une parcelle. Beaucoup de villageois installés sur les basses terres pratiquent également la culture sur brûlis comme préalable ou en complément de la riziculture inondée ou irriguée. Au Laos, les pratiques agraires possèdent en fait un caractère hybride qui rend relativement inopérante l’opposition effectuée couramment entre les riziculteurs des vallées, en majorité des Taï, et les essarteurs des montagnes appartenant à l’une des nombreuses « ethnies minoritaires » sonpao soènoï. À l’instar des agronomes qui ont travaillé dans cette région, on peut considérer qu’il existe en fait trois grands types de systèmes agraires basés sur la pratique de la défriche-brûlis :
- Un système cyclique dans lequel chaque parcelle est cultivée une seule année, parfois, mais plus rarement, deux années de suite, puis laissée en jachère de 7 à 15 années consécutives en fonction du degré de pression foncière. Le riz est la culture principale dans ce type de système agraire mais les agriculteurs plantent également des potirons, des courgettes, des arachides, du coix, du maïs, des piments ou encore du coton. Le village est sédentaire, mais chaque famille construit une habitation temporaire sur la parcelle de l’année en cours afin de surveiller la croissance du riz et de protéger celui-ci contre les prédateurs. Ce type d’essartage est viable à long terme si les agriculteurs observent une alternance de 12 années de jachère pour une année de mise en culture ou de 15 années de jachère pour deux années de mise en culture. Dans le cas où les parcelles sont cultivées deux années de suite, le seuil de densité humaine au-delà duquel le système n’est plus viable se situe autour de 23 hab./km2 (DUFUMIER, 1995 : 199). Au-delà de ce seuil, une partie de la communauté doit alors partir et fonder un nouveau village. Lorsque cela est impossible, les agriculteurs sont obligés de raccourcir leurs cycles de jachère, certains cultivent une même parcelle deux années consécutivement : les rendements ont alors tendance à baisser, tandis que le temps consacré au désherbage augmente en raison de la prolifération des adventices herbeux (type Imperata).
- Un système moins stable et situé généralement plus haut en altitude, dans lequel le riz est cultivé en association avec d’autres céréales (maïs, millet) et avec l’opium, souvent dans des essarts séparés. Ce type de système agraire se rencontre généralement au-dessus de 1000 mètres d’altitude, sur des sols relativement pauvres où le désherbage devient un problème dès la deuxième mise en culture, mais où le climat plus froid convient mieux à la culture de l’opium. Les fréquences de mise en culture conduisent généralement à un épuisement rapide des sols et, à terme, à un allongement du trajet effectué quotidiennement pour se rendre dans les essarts. Les communautés pratiquant ce type d’agriculture sont donc amenées à changer assez fréquemment l’emplacement de leurs villages ou bien à faire évoluer leurs techniques de mise en culture (utilisation de la traction animale). Dans le cas des communautés conservant les mêmes techniques, le déplacement ne s’effectue pas nécessairement en une seule fois ; une fraction de la population (en général les jeunes et les célibataires) part s’installer sur un nouveau site, puis accueille ensuite sur celui-ci les autres habitants une fois les potentialités agricoles de l’ancien emplacement complètement épuisées.
- Un système où l’essart constitue un complément, ou un préalable, à la culture sédentaire dans les basses terres. Il est difficile de parler d’un système unique dans ce cas, car les conditions d’utilisation de l’essart varient énormément suivant le contexte local. En général, il s’agit de petits champs cultivés à proximité des rizières. Les agriculteurs y font pousser un peu de riz lorsque les rendements de leurs rizières sont trop faibles, quelques produits de complément (arachides, coton, potirons, parfois ananas) destinés soit à la consommation soit à la vente en fonction des possibilités du marché local. Les nombreux déplacements de montagnards vers les basses terres durant la dernière décennie tendent à limiter les possibilités de jachère sur ce type d’essart, nommé haï khong ti en lao, littéralement « essart sédentaire ». De plus en plus souvent, il constitue une première étape vers l’aménagement d’une rizière inondable na ou d’un jardin permanent souan. L’extension de ces systèmes mixtes s’effectue sur les piémonts, à proximité des principales plaines, aux dépens des friches arbustives ou des massifs forestiers anciens qui subsistent encore à basse altitude.
2Cette classification correspond plus ou moins à celle adoptée par le gouvernement lao, qui distingue l’agriculture « cyclique » (1er type), l’agriculture « itinérante » (second type) et l’agriculture sédentaire (englobant la riziculture inondée, ou irriguée, et la pratique ponctuelle du brûlis). Nécessairement réductrice, une telle typologie ne fait sens qu’à condition de rappeler qu’il existe des formes intermédiaires entre ces trois catégories. Certaines communautés pratiquent traditionnellement un essartage du deuxième type mais commencent aujourd’hui à aménager des rizières pluviales, parfois en terrasses, sans pour cela abandonner la culture du maïs ou de l’opium sur les hauteurs. La même remarque est valable pour les systèmes d’essartage du premier type. Il ne s’agit donc pas de classer ces pratiques en catégories totalement séparées les unes des autres mais d’évaluer la part de chaque technique dans un système donné. En fait, une analyse basée sur les modes de vie paysans montre que la plupart des foyers du Laos s’appuient pour leur subsistance sur une multitude de techniques et d’activités agricoles ou non agricoles (chasse, cueillette, agriculture, jardinage, vannerie, élevage, tissage) soit pour leur propre consommation, soit à des fins commerciales (UNDP, 2001 : 74). Si toutes ces activités sont prises en compte pour définir les « systèmes » agraires, ceux-ci apparaissent rapidement bien plus nombreux. Le ministère de l’Agriculture et des Forêts du Laos, avec l’aide de la coopération suédoise, a par exemple récemment publié une classification en dix catégories, tandis que Laurent Chazée (1998 :186-189) a identifié de son côté 15 systèmes agraires différents au Laos.
2. Notes sur le calendrier traditionnel khmou
3Le cycle lunaire constitue la base du décompte du temps dans le calendrier khmou. Les mois comptent vingt-huit jours et commencent avec la pleine lune. Néanmoins, un calendrier basé seulement sur les cycles lunaires ne pourrait servir de repère pour l’agriculture, dans la mesure où une année lunaire compte 10,8 jours de moins qu’une année solaire et que les saisons se décaleraient alors progressivement chaque année dans le calendrier, ne coïncidant parfaitement avec le calendrier lunaire qu’environ une fois tous les trente-trois ans. Pour cette raison, un mois intercalaire est donc rajouté tous les trois ans (après le 3e, le 4e ou le 5e mois) pour rétablir l’équilibre avec le cycle naturel. Le calendrier khmou est donc basé en partie sur l’observation de la nature (cycles lunaires et cycles des saisons) et en partie sur des calculs mathématiques.
4Les Khmou comptent et nomment les jours et les années à l’aide de deux séries de mots. La première série comprend dix termes (kap, rap, rvaï, meng, pek, kat, kot, ruang, tao, ka), la seconde en compte douze (tche, plao, nji ; mo, si, se, snja, mot, sén, rao, sét, ke).
5Le cycle dénaire est utilisé à la fois dans les villages khmou et les villages taï de la région pour désigner les jours en ajoutant soit le préfixe si (khmou), soit le préfixe meu (lao). Il est connu de tous et forme la base d’une « semaine de dix jours ». Au sein de ce cycle, deux jours sont chômés. Les villages taï chôment les jours kot et les jours ka ; les premiers sont considérés comme les jours des esprits-villages (phi ban), les seconds comme ceux des génies-müang (phi müang). Les montagnards, eux, chôment les jours rvaï et les jours ka. Damrong Tayanin, un Khmou originaire de la région travaillant aujourd’hui à l’université de Lünd en Suède les décrit respectivement comme « jour du village » et « jour de la région, de l’environnement extérieur » – ce qui semble très proche de la classification des Taï – tout en indiquant que ces valeurs associées à deux des termes du cycle dénaire sont vraisemblablement étrangères au calendrier traditionnel (1994 : 64). En effet, si l’association des jours rvaï avec les esprits-villages semble bien s’inscrire dans le cadre religieux des Khmou de la haute Nam Tha, celle des jours ka avec des esprits dont la « juridiction » s’étend au-delà du village lui semble par contre étrangère. Dans le village de Konkoud, les habitants chômaient non les jours ka mais les jours kat et ils les associaient avec le mythe du déluge.
6Il semble que si l’administration laisse aux villageois le choix du jour correspondant au génie-village, elle a par contre toujours essayé d’imposer le choix du deuxième jour chômé, essentiellement pour des raisons économiques. À Nalae, le petit marché de Houeïkaï, créé après 1975 à la différence de celui, mensuel et plus ancien, qui se tient à Ban Donethip, l’ancien Ban Mô, se tient les jours ka. Il est le principal lieu de rencontre pour les villageois montagnards et riverains, mais également pour les quelques marchands lao qui viennent en bateau revendre des biens de consommation courante achetés à la frontière thaïlandaise. L’administration intervient directement sur de tels marchés, en fixant le prix maximum de marchandises comme le riz par exemple, ou bien en y organisant l’approvisionnement en riz et en viande de certains de ses services, par exemple ceux de l’éducation ou de l’armée. Elle a donc tout intérêt à ce que les jours ka soient reconnus comme jours « chômés » par toutes les localités, notamment les localités montagnardes qui sont les plus grandes pourvoyeuses en riz.
7Mais, ce faisant, l’association que font les Taï entre les jours ka et le génie-müang devient explicitement le modèle « officiel » et cette harmonisation relative du calendrier à des fins économiques s’apparente également à une politique d’intégration politique des villages montagnards sur la base du modèle territorial taï. L’harmonisation des calendriers a toujours constitué un enjeu important pour le pouvoir lao si l’on en juge par les mentions faites du passage du roi Fa Ngoum dans cette région juste après la fondation de la principauté de Luangphrabang. De retour d’une campagne victorieuse au Lan Na, Fa Ngoum s’arrête à Paktha lors de sa descente du Mékong et y rencontre les populations austroasiatiques de cette vallée qui lui demandent l’autorisation de le suivre. Fa Ngoum accepte mais, soucieux de faire surveiller cette région marquant la frontière avec le pays lü, il donne l’ordre à soixante familles de rester et leur adresse un discours dans lequel il leur demande de vivre en paix avec les Lao, de ne pas voler et de ne pas guerroyer pendant cinq des jours du cycle dénaire, à savoir les jours kap, hap [rap], rvaï, meng et pek (Pavie, 1898 et Hoshino, 1986 : 110-111).
8Sur ce cycle de dix jours se superpose un cycle de soixante jours obtenu par la combinaison des mots de la première liste (A) avec ceux de la seconde (B) tels que les termes de la série dénaire soient employés cinq fois et ceux de la série duodénaire six fois : le premier terme de la liste A avec le premier de la liste B, le second terme de A avec le second de B…le premier de A avec le onzième de B, le second de A avec le douzième de B…jusqu’à la combinaison finale qui est le dixième terme de A avec le douzième de B. On obtient donc une liste de soixante termes : kap-che, rap-plaô, rvaï-nji, meng-maô, plek-si, kat-se, kot-snga, ruang-mot, tao-sen, ka-raô, kap-set, rap-ke, rvaï-tche, meng-plao, plek-nji, kat-mao, kot-si, ruang-se, tao-snga, ka-mot, kap-sén, rap-raô, rvaï-set, meng-ke, plek-che, kat-plao, kot-nji, ruang-mao, tao-si, ka-seu, kap-snga, rap-mot, rvaï-sén, meng-rao, plek-set, kat-ke, kot-che, ruang-plao tao-nji, ka-mao, kap-si, rap-seu, rvaï-snga, meng-mot, plek-sén, kat-rao, kot-sén, ruang-ke, tao-che, ka-plao, kap-nji, rap-mao, rvaï-si, meng-sén, plek-snga, kat-mot, kot-sén, ruang-rao, tao-sét, ka-ke. Si l’on dispose ceux-ci dans un tableau à double entrée, on obtient une figure en damier qui doit être lue en diagonale :
9On trouve un principe similaire dans les calendriers taï, souvent présentés sous la forme d’un diagramme. Les Lamet utilisent également un calendrier de ce type et le tiennent apparemment des Taï Youan (Izikowitz, 1951 : 171). La combinaison de séries dénaires et duodénaires provient directement de la tradition chinoise, dans laquelle elle a servi depuis très longtemps à compter les jours, les mois et les années. Les signes dénaires y sont disposés en croix et qualifiés de « troncs célestes » tandis que les signes duodénaires, arrangés en cercle, sont qualifiés de « branches terrestres » (Granet, 1999 : 131-133). Si les Khmou ont peut-être par le passé possédé un système de nombres semblable de par sa structure et sa sophistication à celui des Chinois, leur tradition orale en a aujourd’hui perdu la plus grande partie. Elle en a retenu cependant le principe essentiel, c’est-à-dire l’utilisation des nombres comme des emblèmes auxquels il est attribué un pouvoir descriptif. L’interprétation que fait Damrong Tayanin (1994 : 62-63) des mots du cycle duodénaire montre qu’ils figurent concrètement des situations particulières et donnent des indications relatives à l’organisation des activités humaines, profanes ou sacrées. Le cycle de soixante jours est également utilisé chez les Khmou pour nommer les années (1995 était une année rap-ke, 1996 une année rvay-ce, etc.), d’où un « siècle »de soixante ans.
10Au sein du cycle de soixante, certains jours peuvent posséder une importance particulière pour une maisonnée (des interdits peuvent être observés par exemple pour la commémoration du décès d’un proche, ou la naissance d’un enfant – 8e, 30e et 60e jours après la naissance) ou pour une localité particulière. D’autres sont communs à l’ensemble des Khmou, quelle que soit leur localisation géographique. Ils forment deux cycles de quatre jours commémorant selon la tradition orale le décès et les funérailles d’un ancêtre mythique, Wang, fondateur d’une cité à l’emplacement de l’actuelle ville de Luangphrabang, dans un temps où les Lao n’occupaient pas encore cette région (Tayanin, 1994 : 65). L’acte fondateur de cette cité fut la coupe d’un ficus géant qui empêchait la lumière de parvenir sur la terre, un mythe que l’on retrouve également dans la tradition orale lao. Wang commença à couper le ficus un jour kot-nji et l’arbre tomba un jour ka-se, c’est-à-dire trois jours plus tard. Cette période est appelée wang nè, « le petit Wang ». Durant cette période, aucun animal ne doit être sacrifié, aucun alcool préparé et aucun villageois ne doit utiliser du thé ou du tabac. Le dernier jour (ka-se), aucun animal ne doit être vendu à l’intérieur ou à l’extérieur du village. Wang fut enterré douze jours après sa mort, c’est-à-dire un jour rap-se. Les jours portant ce nom, ainsi que les trois jours qui les précèdent – tao-nji, ka-mao et kaap-si – forment le cycle du « grand Wang » wang nam.
3. Données démographiques sur le village de Konkoud et le district de Nalae
4. Les influences chinoises et thaïlandaises dans le Nord-Laos (1990-2005) : bref aperçu
11À Oudomxay, l’immigration chinoise a fort augmenté dans la première moitié des années 1990 puis s’est stabilisée. Plusieurs hôtels ont été construits à ce moment-là. À Luangnamtha, 1995 semble avoir été une année de forte immigration chinoise, avec les mêmes conséquences. Il ne s’agit pas toujours de gens qui vont résider en permanence au Laos, mais aussi de transfrontaliers effectuant des allers-retours. Ils sont parfois comptés comme touristes dans les statistiques officielles. À Luangnamtha en 2001, les « touristes frontaliers » (i.e chinois, car les Occidentaux sont comptés à part) représentaient 28 942 personnes, soit 85 % des « touristes » recensés dans l’année dans la province (bureau du tourisme de Luangnamtha, 2001). Il s’agit d’une migration importante en volume mais qui reste cependant relativement contenue, ou circonscrite géographiquement dans certains quartiers des préfectures, avec développement de structures d’accueil spécifiques. Par contre, on peut parler d’une influence directe de l’économie chinoise dans les provinces du Nord, notamment en ce qui concerne tous les aspects du développement agricole (développement de cultures de rente à destination du marché chinois, récolte de produits médicinaux plus ou moins licites, engrais, engins agricoles, etc.) et parfois également des infrastructures (routes, petits barrages).
12L’influence économique thaïlandaise quant à elle est prédominante dans les villes principales, le long du Mékong et dans le sud du pays. Le baht a la préférence des commerçants lao par rapport au kip et au yuan (bien que celui-ci soit quand même utilisé sur les marchés d’Oudomxay et de Luangnamtha). Dans certains districts frontaliers comme ceux de Xienghone et de Ngen, dans la province de Xayabury, l’influence thaïlandaise est très sensible. De petits marchés, notamment textiles, attirent les commerçant thaïlandais, tandis l’équipement agricole est presque entièrement acheté en Thaïlande. Ces districts ont par ailleurs reçu l’électricité via la Thaïlande au cours des dernières années. Une proportion importante de jeunes hommes partent plusieurs semaines, voir plusieurs mois, pour travailler en Thaïlande, souvent sur des chantiers, puis rentrent au pays. Le responsable du district de Xienghone estimait cette proportion à deux tiers des jeunes hommes (entre 18 et 25 ans) en avril 2004.
5. Article du Vientiane Times n° 24 du 4 février 2005
13Moving people down the mountain, par Somsack Pongkhao
14“Ethnic people would only have a better life if they moved from the highlands to resettlement areas”, said Lao Front for National Construction Vice President Tong Yeu Tho yesterday.
15Addressing a consultative workshop on ethnic groups and development, he claimed that ethnic groups living in the mountains did not have enough rice to eat because of the natural limits on arable land, but that when they moved to plains, they had a better life.
16“I don’t fear that there will be any impact from the move”, he said. “We have a socio-economic development plan and urge them to corne to the lowlands where life is easier. They will be able to grow and produce not only for self-sufficiency, but also for the market”.
17Around 200 Government staff discussed the ethnic group resettlement from the hills to the plains, the difficulties and solutions.
18Tong Yeu Tho said that there would be no impact on traditional culture and no distress, because when they live in the plains, they will also have every right to speak their own language and wear their own style of clothing. While it was true that in mountain areas, they wear thick clothing against the cold weather, in the plains they will be able to wear clothing similar to the Lao Loum people.
19“They can wear their costumes for important ceremonies like New Year, so it will not adversely impact on their culture” he said. “However, after moving to the resettlement areas, they will engage with a new society, more civilised and modern; there will be something lost and something gained.”
20He explained that what may be most changed would be language, because younger ethnic people would have more opportunity to go to schools and learn the official Lao language. Education will develop in their new area and this will absolutely affect their language. But there will be research into how they can maintain their own songs and other traditions.
21The difficulty, said Tong Yeu Tho, is that in some areas, agreement has been reached about moving villagers to new areas, but authorities in those new areas are not doing enough to arrange farmland for them. Sometimes the new arrivals and the established residents do not talk before the move, which causes problems because the residents own land which they do not want to share with the newcomers.
22“Almost every province faces this issue” he said. “We have been to give advice before the move. We have advised them to have clear plans on how many hectares to share with new village members, as we are trying to do everything we can to reduce poverty in Laos.”
23He urged older villagers to share land with newcomers from the hills. “If you are rich, but your villagers are poor, will you be happy?” asked Tong Yeu Tho. “The move will eradicate old and out-of-date culture such as when villagers are sick and turn to the spirits; now they will turn to hospitals.”
24A participant asked if there would be any problems with different minorities living in the same village. Mr. Khammoune Viphongxay, representative from the Prime Minister’s Office, responded that there has never been any such problem. On the contrary, all community members loved each other and lived in peace.
25The Government policy of moving ethnic people from the hills to the lowlands to stop shifting cultivation while offering permanent land for agriculture was aimed at poverty reduction. In centralised communities, it would be easier to provide schools, hospitals and other facilities to improve living conditions. Officials said that many people wanted to move to areas with easy road access so they could take goods to market and run businesses.
6. Le conflit international et civil au Laos entre 1945 et 1975
26La défaite de la France infligée par l’Allemagne nazie en juin 1940 et le déclenchement de la Seconde guerre mondiale en Europe et en Asie marquent un tournant décisif dans l’histoire coloniale française. Le Japon, allié de l’Allemagne, va rapidement prendre le contrôle du territoire de l’Indochine française, qui reste cependant administrée par le gouvernement de Vichy jusqu’en 1945. Le 9 mars de cette année, les Japonais réduisent à néant l’administration coloniale française et poussent les leaders cambodgiens, lao et vietnamiens à déclarer leur indépendance sous leur patronage. Le Laos le fait le 8 avril 1945. Le Prince Phetsarath, neveu du roi, prend les fonctions de Premier ministre. Il établit un gouvernement provisoire à Vientiane, et crée, le 8 août 1945, le comité Lao Issara (« Laos libre »), l’embryon du futur gouvernement. Deux de ses demi-frères, les princes Souvanna Phouma et Souphanouvong, et d’autres membres de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie lao rejoignent ce nouveau groupe. Mais le retour des troupes françaises, après la capitulation japonaise en août 1945, met un arrêt brutal aux efforts indépendantistes lao. En mars 1946, à Thakhek, au centre du Laos, les forces du Lao Issara sont défaites par l’armée française, et ses leaders s’enfuient vers la Thaïlande. Deux mois plus tard, le Laos devient une monarchie constitutionnelle au sein de l’Union française.
27Une scission apparaît progressivement au sein des membres du Lao Issara réfugiés à Bangkok. Ses leaders ont alors des conceptions très divergentes sur l’avenir politique du Laos : le prince Phetsarath prône la stricte neutralité vis-à-vis de la France et du Viêt-Nam ; cette politique sans concession le conduit à dix années d’exil en Thaïlande. Souvanna Phouma choisit, par contre, la coopération avec la France – la seule alternative à ses yeux contre la menace communiste – et, avec ses partisans, retourne à Vientiane lorsque le gouvernement en exil du Lao Issara s’auto-dissout en octobre 1949. Souphanouvong prend le chemin inverse : il s’engage aux côtés du Vietnam du Nord communiste. Le 13 août 1950, un gouvernement de résistance, plus tard communément connu sous le nom de « Pathet Lao » (« Nation lao »), est formé à Tuyen Quang, au nord du Viêt Nam, avec Souphanouvong à sa tête, et un programme politique en douze points est adopté. À partir de cette date, l’action militaire du « Front du Laos Libre » (qui deviendra le Néo Lao Hak Sat (NLHS), le « Front patriotique lao », en 1955) se double d’une politique très efficace de diffusion de l’idéologie marxiste-léniniste au sein des populations montagnardes.
28Entre 1954 et 1956, on pouvait encore croire au respect de la neutralité internationale du Laos. Les accords de Genève conclus en juillet 1954 (deux mois après la défaite française à Diên Biên Phu, le 7 mai) stipulent la réintégration des forces du Pathet Lao dans le système politique du pays. Ils aboutissent aux Accords de Vientiane en juin 1956 entre le Neo Lao Hak Sat et le Gouvernement Royal lao et à la création du premier gouvernement de coalition dirigé par Souvanna Phouma en novembre 1956. Ce gouvernement ne dure guère plus d’une année. À la suite du succès du NLHS en mai 1958 aux élections législatives, le gouvernement américain suspend son aide financière dont le pays dépend très largement, et force de ce fait Souvanna Phouma à la démission. S’ensuit alors une longue période d’instabilité marquée par une succession de coups d’État, d’élections truquées et par une aggravation continue de la situation militaire sur le terrain.
29Dans les années 1960, l’escalade de la guerre au Viêt Nam rendra vaine toute tentative de tenir le Laos à l’écart du champ de bataille de la guerre froide. À partir de 1964, les États-Unis soutiennent militairement le régime du Sud-Viêt Nam, ce qui signifie, entre autres, la nécessité de neutraliser le Nord-Viêt Nam et de lutter contre l’infiltration communiste au sud à travers les frontières poreuses du centre et du sud du Laos. En 1973, après plusieurs années de bombardements violents un peu partout au nord et à l’est du pays, la volonté de désengagement des États-Unis du Viêt-Nam en particulier et de l’Asie du Sud-Est en général permet la signature des Accords de Paris en janvier avec le Vietnam et un mois plus tard, à Vientiane, le 21 février 1973, des Accords de Vientiane sur la restauration de la paix et la réconciliation au Laos. Un nouveau gouvernement de coalition est formé le 5 avril 1974. Les forces du Pathet Lao contrôlent à cette date environ les quatre cinquième du territoire, y compris l’ensemble des zones montagneuses, et 40 % de la population, tandis que les forces de Vientiane contrôlent les grandes villes du Sud et les berges du Mékong. L’entrée de Khmers rouges dans Phnom Penh et la prise de Saïgon par les troupes nord-vietnamiennes, respectivement le 17 et 30 avril 1975, précipitent la fin du régime. Le roi Savang Vatthana abdique le 29 novembre 1975. Le 2 décembre, la monarchie est officiellement abolie et la République Démocratique Populaire Lao est créée. Le 5 sont formés une Assemblée Nationale Constituante, présidée par le Prince Souphanouvong ainsi qu’un gouvernement provisoire, avec à sa tête Kaysone Phomvihane.
30Extrait de « Brève histoire du Laos avant 1975 », Olivier ÉVRARD et Vatthana Pholsena (2005 : 315-320).
7. District de Nalae : recensement de la population en 2005
31Depuis 1996, le nombre de « villages » est officiellement passé de 114 (cf. tableau 7) à 79. Dans le même temps, la population a augmenté de 1 300 personnes, soit un peu plus de 0,6 % par an, un taux d’accroissement nettement inférieur à la moyenne nationale, essentiellement en raison des nombreuses migrations vers les autres districts de la province.
32Les localités continuent de se déplacer, mais les autorités locales veulent désormais arrêter les déplacements et fixer définitivement les villages. Le nombre de villages passera bientôt officiellement de 79 à 75 : Hadnalèng sera compté avec Hadtè ; Nongkham avec Houeytong, Lava avec Mokloï (pour former un nouveau village du nom de Hômchaleun), et Mongkho avec Donehèn. Seuls seize villages sont encore installés en altitude, mais la moitié seulement (notamment les villages lamet) occupe un site ancien et, parmi eux, deux devraient déménager prochainement (Konkoud et Mokkoud).
33La fusion (réelle ou administrative) des localités est responsable de l’évolution de la toponymie, mais celle-ci est également liée à l’absence de véritable règle de transcription des noms et à la « laoïsation » souvent aléatoire de certains toponymes khmou. Par ailleurs, certains villages omis de la liste donnée en 2003 (voir tableau 8) réapparaissent dans celle-ci (c’est le cas de Konkoud, de Takou et de Tongkatang notamment), rendant difficile l’analyse comparée sur le long terme.
34Par ailleurs, la composition ethnique des villages évolue très peu. Tous les nouveaux villages en bord de rivière, à l’exception de Nongkham (l’ancien Houeïkaï), sont soit khmou, soit lamet. Seuls sept villages sont considérés comme « mixtes », dont les cinq village formant le centre administratif : Donesaï, Vangmisaï, Nalèng, Khonechan et Hadchone. Namhèng, dont les habitants sont presque tous d’origine khmou, est désormais considéré comme un village lü, depuis qu’une pagode y a été construite.
8. Carte du district de Nalae, Nord-Ouest Laos en août 2006
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Chroniques des cendres
Anthropologie des sociétés khmou et dynamiques interethniques du Nord-Laos
Olivier Évrard
2006
Biodiversités en partage
Reconfigurations de ruralités dans le corridor forestier betsileo tanàla (Madagascar)
Hervé Rakoto Ramiarantsoa et Chantal Blanc-Pamard
2014
Genre et savoirs
Pratiques et innovations rurales au Sud
Hélène Guétat-Bernard et Magalie Saussey (dir.)
2014
Partir et cultiver
Essor de la quinoa, mobilités et recompositions rurales en Bolivie
Anaïs Vassas Toral
2014
À la croisée des pouvoirs
Une organisation paysanne face à la gestion des ressources (Basse Casamance, Sénégal)
Pierre-Marie Bosc
2005
Apprivoiser la montagne
Portrait d'une société paysanne dans les Andes (Venezuela)
Pascale de Robert
2001
Les deux visages du Sertão
Stratégies paysannes face aux sécheresses (Nordeste, Brésil)
Marianne Cohen et Ghislaine Duqué
2001
Les orphelins de la forêt
Pratiques paysannes et écologie forestière (Les Ntumu du Sud-Cameroun)
Stéphanie Carrière
2003