Anémie infectieuse des équidés
p. 208-211
Texte intégral
1. Agent
1L’agent viral responsable de l’anémie infectieuse des équidés appartient à la famille des Retroviridae, sous famille des Lentivirinae, qui comporte d’autres virus humains et vétérinaires d’importance médicale comme l’agent du visna-maedi du mouton, de l’arthrite-encéphalite caprine ou les virus responsables des immunodéficiences humaine, simienne, féline et bovine. Ces virus se caractérisent par une très grande variabilité antigénique, à l’origine de l’existence de souches différant dans leurs pouvoirs pathogènes et de variants au sein même d’un individu infecté.
2. Répartition géographique
2L’anémie infectieuse des équidés a été décrite pour la première fois en France par Lignée en 1843. Cette maladie existe cependant dans la plupart des pays du monde, avec une fréquence très variable.
3. Transmission
3Contrairement aux autres agents appartenant à la sous-famille des Lentivirinae, l’agent de l’anémie infectieuse des équidés peut être transmis par piqûre d’arthropodes piqueurs du genre Tabanus, Stomoxys, Chrysops… (Shen et al., 1978 ; Issel et al., 1988). Ces insectes ne présentent qu’un rôle de vecteur mécanique et le virus peut aussi être transmis de façon indirecte à partir du sang d’un animal infecté par l’intermédiaire d’instruments chirurgicaux, d’instruments pour injections non stérilisés ou de matériels collectifs de pansage. Une transmission au poulain in utero est possible, chez environ 10 % des femelles infectées. Les autres modes de transmission sont exceptionnels (lait…).
4. Symptomatologie
4Le virus de l’anémie infectieuse des équidés n’infecte que les équidés (cheval, âne, mulet, bardot). L’infection demeure le plus souvent latente, mais peut s’exprimer cliniquement chez certains équidés, après une période d’incubation pouvant aller de quelques jours à plusieurs semaines (10 à 20 jours en moyenne) (Dauphin et al., 2005a). Le tableau clinique est très protéiforme et peut suivre une évolution très variée, selon que l’animal présente une forme aiguë, chronique ou latente de la maladie : dans le premiers cas, des symptômes généraux (hyperthermie, anorexie,…) et oculaires, ainsi que l’apparition de pétéchies sur la muqueuse buccale et la face inférieure de la langue sont notés, entraînant la mort en 8 à 12 jours. Des signes inconstants d’atteinte hépato-rénale ou gastro-intestinale peuvent aussi être observés. Lors d’atteinte chronique, l’évolution est longue et les symptômes frustes, se caractérisant par un amaigrissement, une hyperthermie légère, une baisse de forme, une tachycardie d’effort, des œdèmes et une anémie plus ou moins prononcée.
5Chez les individus malades, la virémie commence 2 à 7 jours avant les premiers symptômes et se poursuit durant toute l’infection, à un niveau plus ou moins élevé, la virémie augmentant lors des épisodes fébriles et cliniques. Les individus infectés latents présentent également une virémie d’intensité variable.
5. Lutte contre l’infection
6L’anémie infectieuse des équidés est une infection économiquement importante de part sa gravité médicale, justifiant son inscription dans la liste des maladies réputées contagieuses. Tous les équidés infectés, malades et porteurs latents représentent des sources potentielles de virus pour les équidés voisins. Or, aucune vaccination n’est envisageable à l’heure actuelle, à cause de la grande variabilité antigénique du virus. Les mesures de lutte sont donc uniquement d’ordre sanitaire : introduction d’animaux indemnes du virus de l’anémie infectieuse des équidés (absence d’infection attestée par un test sérologique), observance de mesures strictes d’hygiène (matériel à injection unique…), et lors de la détection de foyers, abattage des animaux infectés (malades et porteurs latents), lutte contre les arthropodes et désinfection des locaux.
6. Situation épidémiologique
7La prévalence de l’infection est très faible et inférieure à 0,1 % en France. Quelques foyers, de 0 à 3 généralement par an, dont l’origine est difficile à élucider, apparaissent sporadiquement (88 chevaux infectés entre 1988 et 2005) (Dauphin et al., 2005b). En 2005, 3 chevaux infectés ont été diagnostiqués dans le département de l’Eure-et-Loir, dont un seul présentait des signes peu spécifiques d’une infection chronique et récurrente. En 2007 et 2008, 15 équidés du département de l’Ardèche ont fait l’objet d’un diagnostic positif pour l’anémie infectieuse des équidés, répartis en 3 foyers sans lien épidémiologique évident. Sur ces 15 équidés, seulement 2 présentaient des symptômes compatibles avec une infection par le virus de l’anémie infectieuse des équidés, le troisième foyer ayant été détecté suite à un contrôle sérologique de routine.
8Quelques chevaux infectés ont été dépistés en Guyane française. La contamination est probablement liée à la présence de nombreux animaux infectés au Brésil et au Surinam.
9Le virus de l’anémie infectieuse des équidés est toujours présent sur le territoire français, comme nous le rappelle l’apparition récurrente de foyers d’infection. Des contrôles plus systématiques à l’introduction de nouveaux équidés ou lors de mouvement d’équidés seraient souhaitables.
10De même, les vétérinaires doivent être particulièrement vigilants à la présence potentielle du virus de l’anémie infectieuse des équidés lors de l’utilisation de produits équins d’origine sanguine (plasma…), le virus, peu fragile, pouvant persister pendant plusieurs semaines dans ces produits. L’utilisation non contrôlée de plasma équin a ainsi été à l’origine de 28 cas d’infection par le virus de l’anémie infectieuse des équidés en Irlande en 2006 (Cullinane et al., 2007).
11Les données quant à l’importance et la dynamique de la transmission vectorielle du virus de l’anémie infectieuse des équidés via les Tabanidés en France manquent à l’heure actuelle. Elles pourraient permettre d’actualiser les stratégies de lutte déployées lors de détection de foyers d’infection.
Bibliographie
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Bibliographie
10.1136/vr.161.19.647 :Cullinane A., Quinlivan M. et al., 2007 - Diagnosis of equine infectious anaemia during the 2006 outbreak in Ireland. Vet Rec 161: 647-52.
Dauphin G., Cordonnier N., 2005a. - L'anémie infectieuse chez les équidés. Le Nouveau Praticien Vétérinaire équine juin-juillet-août : 61-62.
Dauphin G., Cordonnier N. et al., 2005b - Un cas d'anémie infectieuse chez le cheval. Le Nouveau Praticien Vétérinaire équine juin-juillet-août: 63-67.
10.1016/0378-1135(88)90069-7 :ISSEL C. J., RUSHLOW K. et al., 1988 - A perspective on equine infectious anemia with an emphasis on vector transmission and genetic analysis. Vet Microbiol 17: 251-86.
Shen D. T., Gorham J. R. et al., 1978 - Failure to propagate equine infectious anemia virus in mosquitoes and Culicoides variipennis. Am J Vet Res 39: 875-6.
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