Conclusion générale
p. 199-200
Texte intégral
1Cet ouvrage présente les principaux résultats obtenus sur la symbiose ectomycorhizienne en Afrique de l’Ouest en particulier dans trois pays ouest-africains (Burkina Faso, Guinée et Sénégal) où la majeure partie des travaux a été effectuée par les équipes de l’IRD (ex-Orstom) et leurs partenaires (Ucad, Isra, Inera et Irag). L’ensemble des travaux menés dans le domaine des symbioses ectomycorhiziennes depuis plus de vingt ans dans cette partie du globe a permis de montrer de manière indéniable, la grande diversité et richesse des symbiotes fongiques ectomycorhiziens et leur rôle prépondérant dans le développement des arbres de ces régions. Les connaissances concernant l’écologie et la diversité de ces champignons sont loin d’être exhaustives, mais il apparaît que ces composantes fongiques de la microflore tellurique ont une importance considérable dans les processus biologiques régissant la structuration et l’évolution spatio-temporelle des écosystèmes forestiers ainsi que dans le fonctionnement du sol assurant le maintien des ressources en nutriment pour la strate épigée. Toutefois, malgré les nombreuses démonstrations de l’effet bénéfique de l’inoculation ectomycorhizienne sur la croissance des essences ligneuses (natives ou exotiques) lors de la phase d’élevage en pépinière ou en serre, force est de constater que cette pratique est généralement ignorée des itinéraires sylvicoles généralement suivis dans ces pays. Par exemple, il serait pourtant très facile d’inoculer des plants avec des spores de champignons ectomycorhiziens comme les pisolithes et les sclérodermes via les eaux d’arrosage. Dans un contexte de changements climatiques globaux, de déforestation galopante, il devient urgent de vulgariser ces techniques auprès des utilisateurs afin d’améliorer sensiblement les performances des plantations expérimentales, généralement très faibles en milieu tropical du fait principalement des conditions climatiques (ex. : sécheresse) limitant le développement des jeunes plants.
2Les connaissances acquises sur la symbiose ectomycorhizienne ont permis également d’élargir le champ d’étude des relations entre la plante hôte et la diversité génétique et fonctionnelle de la microflore tellurique (ex. : concept de complexe trophique). Ainsi, il est maintenant parfaitement établi que la dégradation du couvert forestier entraîne un profond bouleversement des caractéristiques physiques, chimiques et biologiques des sols (ex. : érosion, baisse de la fertilité) qui limite significativement les processus de renouvellement naturel des formations forestières. Parmi les dysfonctionnements biologiques enregistrés dans ces écosystèmes, la structure et les fonctions des communautés microbiennes des sols sont généralement profondément altérées. Les communautés de champignons ectomycorhiziens se trouvent fortement modifiées tant au niveau de leur richesse spécifique que de leur abondance. Dans ces milieux dégradés où la couverture forestière est très diffuse, la microflore fongique ectomycorhizienne est intimement associée aux arbres ectotrophes qui subsistent sous forme d’îlots (« patches »). Ces îlots forestiers facilitent le développement des jeunes plantules d’essences ectotrophes et en conséquence la régénération naturelle de l’espèce considérée. Dans un système forestier dégradé, la baisse de production de biomasse épigée est corrélée à une diminution de la vitalité des racines nourricières conduisant à une altération de la structure du cortège ectomycorhizien associé. Des études récentes ont montré que la pérennité de ces poches riches en symbiotes ectomycorhiziens pouvait aussi être assurée par des espèces herbacées ou arbustives pionnières. Or, il n’existe que peu d’informations concernant le statut ectomycorhizien des arbustes hébergés dans ce type de formations forestières en Afrique de l’Ouest. Des espèces arbustives ectotrophes pourraient agir en tant que vecteur de propagation des symbiotes fongiques, susceptible de promouvoir le potentiel des sols en propagules ectomycorhiziennes et ainsi faciliter les processus de régénération naturelle des arbres ectotrophes dans ces régions. Cet exemple montre que des méthodes d’intervention peuvent être identifiées pour réhabiliter ces écosystèmes, mais qu’il est nécessaire d’accroître nos connaissances sur ce sujet et de considérer la symbiose ectomycorhizienne comme un élément clé à prendre en compte dans les opérations de protection, valorisation et conservation des ressources forestières en Afrique de l’Ouest.
3Les activités de recherche sur les symbioses ectomycorhiziennes en Afrique de l’Ouest ont comporté un important volet de formation par la recherche. En effet, de nombreux chercheurs ouest-africains (Burkina Faso, Mauritanie, Guinée, Mali, Bénin, Niger, Sénégal) ont été formés dans le domaine des symbioses ectomycorhiziennes en étroite collaboration avec les équipes de l’IRD et plus particulièrement au sein du Laboratoire des symbioses tropicales et méditerranéennes à Montpellier (France) et du Laboratoire commun de microbiologie à Dakar (Sénégal). Il existe une communauté de chercheurs travaillant dans le domaine des ECM en Afrique de l’Ouest qu’il convient de mobiliser pour faire face aux nouveaux défis sur la gestion et la valorisation de la symbiose ectomycorhizienne tout en préservant la biodiversité dans le contexte des changements climatiques.
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