Introduction générale
p. 11-12
Texte intégral
1Les scénarios du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) sur les changements globaux d’origines climatique et anthropique à l’horizon 2 100 prédisent une diminution annuelle moyenne de la pluviométrie et une augmentation concomitante de la fréquence des périodes de sécheresse en Afrique de l’Ouest et du Centre. Parallèlement, la pression anthropique sur le couvert végétal continue de s’accentuer car les populations sont tributaires des produits forestiers pour leur survie. De plus, les prélèvements forestiers ne sont pas toujours compensés par la régénération naturelle et les plantations forestières. La forte pression démographique entraîne donc une dégradation du couvert forestier, d’où une réduction des ressources en bois d’œuvre et en produits non ligneux, ainsi qu’une perte importante de la biodiversité des espèces d’arbres. Cette déforestation résulte du besoin croissant de terres arables par les populations se traduisant par une transformation des forêts en terres agricoles à un taux alarmant approchant les 13 millions d’hectares par an sur terre. En cinq ans (2000-2005), la couverture forestière d’Afrique a été amputée de 4 millions d’hectares à cause de la déforestation qui touche en particulier les forêts denses humides d’Afrique de l’Ouest et du Centre (FAO, 2009). Outre la perte de biodiversité, il est généralement admis qu’entre 18 % et 25 % d’émissions de gaz à effet de serre sont issus de l’altération du couvert forestier, donnant ainsi un rôle majeur à la déforestation dans les changements climatiques. La dégradation du couvert forestier entraîne également un profond bouleversement des caractéristiques physiques, chimiques et biologiques des sols (ex. : érosion, baisse de la fertilité) qui limite significativement les processus de renouvellement naturel des formations forestières. Parmi les dysfonctionnements biologiques enregistrés dans ces écosystèmes, la structure et les fonctions des communautés microbiennes des sols sont en général profondément altérées. Les communautés de champignons ectomycorhiziens, indispensables au développement de nombreuses essences forestières de bois d’œuvre dans les zones tropicales (ex. : Isoberlinia, Afzelia), se trouvent fortement modifiées tant au niveau de leur richesse spécifique que de leur abondance. Dans ces milieux dégradés où la couverture forestière est très diffuse, les arbres et leurs champignons montrent une structuration très hétérogène sous forme d’îlots (ou « patches ») qui facilitent le développement des jeunes plantules et en conséquence la régénération naturelle de l’espèce considérée. Dans un système forestier dégradé, la baisse de production de biomasse épigée est corrélée à une altération de la structure du cortège ectomycorhizien associé.
2La symbiose ectomycorhizienne est donc un acteur majeur dans le fonctionnement des écosystèmes forestiers (ex. : productivité, régénération naturelle) qui doit être pris en compte dans les programmes de conservation, gestion, réhabilitation et valorisation des ressources forestières en milieu tropical. Or, force est de constater que les connaissances scientifiques acquises sur ce phénomène biologique sont relativement éparses, incomplètes et souvent sous-exploitées dans les itinéraires sylvicoles suivis en Afrique tropicale.
3Cet ouvrage se propose d’aborder la symbiose ectomycorhizienne dans son ensemble, de la diversité des partenaires impliqués (champignons et plantes hôtes), l’écologie de la symbiose (dynamique de colonisation, interaction avec la microflore tellurique et conséquences sur le bio-fonctionnement du sol) jusqu’à son application afin d’améliorer la croissance d’essences ligneuses (mycorhization contrôlée) et d’envisager la production de champignons ectomycorhiziens comestibles en Afrique tropicale. Cet ouvrage a aussi pour but de synthétiser les connaissances acquises sur ce phénomène biologique au cours de ces vingt dernières années en Afrique tropicale, résultats principalement obtenus en Afrique de l’Ouest dans le cadre des travaux menés par l’IRD (Institut de recherche pour le développement), l’Isra (Institut sénégalais de recherches agricoles), l’Ucad (université Cheikh Anta Diop de Dakar), le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) au Sénégal, l’Inera (Institut d’environnement et de recherches agricoles) au Burkina Faso et l’Irag (Institut de recherche agronomique de Guinée) en Guinée. Outre les données fondamentales, l’application et le contrôle en milieu naturel de la symbiose ectomycorhizienne à travers des plantations forestières réalisées en milieu tropical sont aussi présentés.
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