Préface
p. 9-10
Texte intégral
1Ce livre paraît à point nommé peu après le lancement officiel du projet historique pour l’Afrique qu’est la Grande Muraille Verte. Il s’agit en effet d’établir à travers tout le Sahel, d’un océan à l’autre, une immense bande d’aménagement et de développement agro-sylvo-pastoral destinée à enrayer la désertification. Or, dans cette zone climatique, la clé de voûte de tels systèmes intégrés est souvent l’arbre, profondément enraciné, pérenne, multifonctionnel et protecteur. Il est donc vital pour le succès d’une entreprise de l’ampleur de la Grande Muraille Verte de recenser et de se donner les moyens de mobiliser toutes les connaissances relatives à la biologie des arbres indigènes ou introduits afin d’optimiser leur mise en œuvre dans des programmes locaux de plantation.
2C’est exactement ce que fait le présent ouvrage pour un aspect des arbres essentiel mais encore sous-estimé de bien des praticiens : leur association symbiotique obligatoire avec des champignons, qui se traduit par des organes mixtes au niveau des racines, les ectomycorhizes. Pour tirer parti au mieux de ce phénomène, l’agronome doit tenir compte de la biologie et de l’écologie non seulement des arbres en tant que végétaux, mais aussi de celles de leurs partenaires fongiques ; c’est la rencontre entre ces deux règnes et leurs interactions qui déterminent la stabilité des écosystèmes et la qualité des services qu’ils rendent.
3Les quatre auteurs de ce livre étaient d’emblée particulièrement bien armés pour relever ce défi. Depuis près de vingt ans, ils ont individuellement et collectivement apporté nombre de contributions décisives non seulement au développement des connaissances sur les ectomycorhizes mais aussi à leurs applications pratiques en Afrique de l’Ouest. Ils sont connus à la fois pour leur contribution aux connaissances fondamentales sur l’écologie des ectomycorhizes et pour leurs efforts d’application en sylviculture et en agroforesterie. Leurs qualités reconnues d’enseignants et de vulgarisateurs les qualifiaient encore plus. C’est donc avec une réelle excitation que j’ai abordé le manuscrit qu’ils m’ont fait l’honneur de découvrir. Je n’ai pas été déçu et y ai trouvé beaucoup de mérites.
4Le premier est qu’une telle somme ait été compilée en langue française, alors que l’essentiel de la littérature scientifique et technique, y compris celle produite par nos auteurs eux-mêmes, est désormais en anglais. Les références aux travaux spécifiquement menés dans la région et publiés en français sont également privilégiées. Cela fait que le livre s’adresse très directement à un large lectorat régional.
5La volonté de vulgarisation est également manifeste car plusieurs parties de l’ouvrage traduisent dans un style accessible à des non-spécialistes de nombreuses publications académiques qui seraient sans cela restées totalement hermétiques pour beaucoup d’utilisateurs potentiels. Le caractère utilitaire de l’ensemble est affirmé, avec des fiches techniques par espèce, des études de cas très détaillées et la description précise des méthodes utilisées pour observer et caractériser de façon pratique les associations ectomycorhiziennes sur le terrain et au laboratoire.
6Sur le plan plus fondamental de l’écologie des symbioses mycorhiziennes, cette revue quasi exhaustive du sujet fait clairement ressortir un fait capital : la prévalence de la symbiose ectomycorhizienne et la diversité des symbiotes fongiques dans la zone tropicale concernée sont beaucoup plus grandes qu’on le dit d’ordinaire dans les manuels et les cours d’écologie végétale et de biogéographie. Il est temps de reconsidérer le dogme selon lequel les endomycorhizes à arbuscules domineraient les forêts tropicales alors que les ectomycorhizes, spécialistes des zones boréales et tempérées, n’y seraient que des exceptions confirmant la règle. C’est souvent ce genre de remise en cause d’idées reçues qui libère les esprits et conduit à de nouveaux progrès techniques.
7Un autre mérite de ce livre est de souligner de façon originale une qualité supplémentaire des champignons des associations étudiées, notamment celle de leurs potentialités alimentaires. En effet, une meilleure prise en compte du caractère comestible des fructifications de nombreux symbiotes ectomycorhiziens rencontrés dans les plantations d’arbres d’Afrique de l’Ouest pourrait en effet contribuer à diversifier le régime alimentaire et à améliorer le statut économique des populations locales.
8Il est donc clair que la parution de ce livre est un événement important pour tous les acteurs éclairés de la gestion des écosystèmes d’Afrique de l’Ouest, techniciens et ingénieurs, propriétaires de domaines, décideurs privés ou institutionnels, sans oublier les enseignants, les étudiants et les chercheurs africains qui ont pour vocation et pour mission d’être les dépositaires et les diffuseurs de ces connaissances. Tous peuvent être reconnaissants aux auteurs d’avoir eu cette heureuse initiative et de l’avoir concrétisée de façon aussi aboutie.
Auteur
Directeur de recherche à l’Inra
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