Bangkok, ville aquatique : foundation et aménagement du territoire métropolitain
p. 59-72
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Mots-clés : aménagement hydrauliques, canaux, Bangkok
Keywords : hydraulic engineering, canals, Bangkok
Texte intégral
1Pour les habitants de la plaine deltaïque du fleuve Chao Phraya, dans laquelle est sise la capitale thaïlandaise, Bangkok, l’eau ne constitue pas seulement une source de vie ou un aléa d’inondation. Les cours d’eau et les canaux appelés khlong ont façonné le territoire et la forme des établissements humains dans la durée. Ainsi les deux noyaux urbains constitutifs de la capitale actuelle – Thonburi sur la rive droite du fleuve et Rattanakosin sur la rive gauche – ont-ils été fondés et développés dans un territoire structuré par de grands travaux hydrauliques. Éléments fondateurs reliant les établissements humains de la plaine et articulant les différentes échelles territoriales, les khlong ont déterminé la transformation physique des territoires habités. Le présent chapitre propose une étude historique à partir de la lecture de cartes anciennes jalonnée sur quatre siècles, de la période d’Ayutthaya qui voit le creusement du premier khlong à la fin du xve siècle jusqu’au règne du roi Rama V (1868-1910). Il retracera l’histoire de la construction du réseau de canaux et, concomitamment, celle de l’aménagement du territoire inondable et du développement de Bangkok. L’objectif est d’éclairer les interactions entre le réseau aquatique, le terroir agricole, et les territoires villageois et urbains.
2Le fleuve Chao Phraya est l’un des plus importants du pays. Il est alimenté depuis la région montagneuse du nord par quatre affluents : Ping, Wang, Yom et Nan. Ceux-ci déversent de grandes quantités d’eau dans la plaine deltaïque en aval, lesquelles sont gonflées saisonnièrement par les pluies de mousson provoquant des inondations. Le système hydraulique principal du delta comprend le fleuve Chao Phraya et trois autres fleuves : Tha Chin, défluent parallèle au Chao Phraya et Mae Klong, tous deux à l’ouest, et Bang Pakong à l’est. Le delta, composé de sédiments fluviaux, salins et marins, présente une faible altitude, avec une légère inclinaison de moins de 4 mètres par 100 km jusqu’à la mer. Au niveau de Bangkok, le site est plat avec une légère pente et une altitude moyenne de moins de 3 mètres au-dessus du niveau de la mer (fig. 1).
Déplacement de la capitale royale, d’Ayutthaya à Thonburi puis à Rattanakosin, et construction des premiers khlong
3Creusés sur ordre des rois à l’époque d’Ayutthaya, les premiers khlong ont exercé différentes fonctions dans l’histoire du développement de la plaine qu’ils ont contribué à transformer. Ils facilitaient le transport fluvial et la navigation commerciale entre le fleuve Chao Phraya et les autres fleuves du delta, entre la côte et la ville d’Ayutthaya située 70 km au nord du golfe du Siam, et permettaient également de relier Ayutthaya aux autres villes de la plaine deltaïque.
4On distingue deux types de khlong. Construit entre les fleuves, le premier type a pour objectif stratégique de relier Ayutthaya aux autres villes (fig. 2 : n° 1, 6, 7, 10). Creusé en 1498 dans la partie sud-est du delta entre les fleuves Chao Phraya et Bang Pakong, sur la rive gauche du Chao Phraya, le plus ancien khlong enregistré est celui de Samrong (fig. 2 : n° 1). Sur la rive droite, les khlong Sanam Chai-Maha Chai et Yong ont ensuite été réalisés pour relier le fleuve Tha Chin au fleuve Chao Phraya (fig. 2 : n° 6, 7 et 10). Les khlong lat, qui constituent le second type de canaux ont, quant à eux, été creusés pour raccourcir les itinéraires fluviaux en coupant les méandres du fleuve (fig. 2 : n° 2, 3, 4, 5, 8 et 9). Plusieurs khlong lat sont attestés autour de Thonburi et de Rattanakosin à cause de la sinuosité du cours du Chao Phraya, notamment dans la partie de la plaine comportant une pente légère. L’un d’eux, appelé Lat Pho ou Lat Luang (fig. 2 : n° 9), a été construit à l’époque d’Ayutthaya en 1722 puis reconstruit sous le règne du roi Rama II de Rattanakosin en 1819. Situé au sud de Bangkok dans une zone soumise aux cycles de la marée, il était une alternative au trajet sinueux de la grande boucle du Chao Phraya.
5Antérieurement à ces khlong, le khlong lat Bangkok, creusé entre 1534 et 1537, a joué un rôle majeur dans la structuration de la future ville de Bangkok. En effet, avant son creusement, le fleuve Chao Phraya s’écoulait à l’ouest de son lit actuel ; le territoire sur lequel s’étend l’actuelle ville de Bangkok n’était qu’une vaste plaine inondable (fig. 3). Le nouveau canal a progressivement été élargi par l’écoulement des eaux venant du nord jusqu’à devenir un nouveau segment du fleuve Chao Phraya, offrant un trajet plus direct pour atteindre la côte. En parallèle, l’ancien méandre du fleuve correspond aujourd’hui à trois canaux : Bangkok Noi, Chakphra et Bangkok (fig. 4).
6Après cette modification du cours du Chao Phraya, Thonburi est devenue une petite ville douanière d’Ayutthaya sur la rive droite du khlong lat, comportant une fortification associée au rempart de Thonburi, nommé Vichai Prasit. Une autre forteresse, nommée forteresse de Bangkok, était située sur l’autre rive (fig. 5). Le positionnement était stratégique pour surveiller le trafic fluvial du commerce étranger accédant à Ayutthaya.
7À la suite de la destruction d’Ayutthaya par les Birmans en 1767, Thonburi devient la nouvelle capitale. Pendant quinze ans (1767-1782), l’ancienne petite ville douanière s’étend jusqu’à couvrir les deux rives du khlong lat Bangkok, autrement dit les deux rives du Chao Phraya actuel. Ses limites sont matérialisées par deux douves, creusées sur chaque rive, khu mueang est et ouest (fig. 6).
8En 1782, après la chute de la dynastie de Thonburi, une nouvelle capitale, Rattanakosin, est fondée de l’autre côté du fleuve par le roi Rama I de l’actuelle dynastie des Chakri. L’ancienne douve est de Thonburi est alors aménagée en canal appelé khlong Khu Mueang Derm. Le palais royal est construit sur la rive gauche, nommée Phra Nakorn, entre le fleuve Chao Phraya et le khlong Khu Mueang Derm qui fait face à la rive de Thonburi. La surface de Rattanakosin double ensuite avec le creusement d’un autre canal vers l’est, le khlong Rob Krung. Les khlong Khu Mueang et Rob Krung sont reliés au Chao Phraya par l’écoulement du fleuve et par la marée. Le khlong Rob Krung ne s’étend pas au-delà des limites de la capitale, mais il laisse passer l’eau du nord au sud en favorisant le trajet des bateaux et des marchandises. Les deux villes entretiennent une relation de part et d’autre du fleuve, une rive abritant le centre du pouvoir à Rattanakosin et l’autre, Thonburi, une zone résidentielle à proximité du centre.
Le creusement des khlong express et des khlong périphériques, et l’amélioration du transport fluvial entre les régions et la capitale
9Après le changement de règne et de capitale en faveur de la rive gauche du Chao Phraya en 1782, les travaux de création des khlong reprennent à partir de Rattanakosin où, pendant près d’un demi-siècle, des khlong sont creusés pour favoriser les constructions sur la rive de la nouvelle capitale. À Thonburi, aucun nouveau canal n’est aménagé. Les khlong sont utilisés pour le transport des marchandises venant des provinces et des villes avoisinantes et les villages continuent à se développer le long des trois khlong (Bangkok Noi, Chakphra et Bangkok Yai).
10Il faut attendre les années 1830 pour que les creusements reprennent à l’Ouest avec la réalisation par des ouvriers chinois du khlong Sunak Horn (fig. 7 : n° 5) pour relier les fleuves Mae Klong et Tha Chin. Aménagé en 1829, ce canal est la prolongation jusqu’au fleuve Mae Klong de l’ancien khlong Maha Chai qui reliait, à hauteur de Thonburi, le fleuve Chao Phraya au fleuve Tha Chin, créé à l’époque où Ayutthaya était la capitale. Ces canaux facilitaient le transport fluvial des marchandises, comme le sel, le poivre, le tabac et le sucre de canne, et celui des personnes en reliant les régions ouest d’Amphawa, Ratchaburi et Petchburi, à Thonburi et à Bangkok. Vers l’est, les guerres avec les pays voisins, au Laos et au Viêtnam, ont été à l’origine de la prolongation du khlong Bang Kapi (fig. 7 : n° 3) permettant d’atteindre directement le fleuve Bang Pakong. Cette nouvelle voie d’eau, baptisée khlong San Saeb (fig. 7 : n° 6), a été créée entre 1837 et 1840 pour assurer le ravitaillement militaire et le transport du riz et du sucre de canne sur un trajet de plus de 50 km.
11En 1855, la signature du traité de Bowring pour la libéralisation du commerce international entre le Siam et la Grande-Bretagne provoque une forte demande de sucre de canne et de riz. La région ouest de Thonburi voit alors le développement de terres agricoles pour produire de la canne à sucre, des fruits et du riz, et des khlong sont creusés pour faciliter leur transport (Rachanupharb, 1968). L’augmentation constante du prix du riz suscite aussi la création de nouveaux khlong sur la rive ouest entre les fleuves Tha Chin et Chao Phraya pour l’exploitation de nouvelles rizières : le khlong Mahasawasdi construit entre 1861 et 1865 (fig. 8, n° 3) et le khlong Phasicharoen en 1867 (fig. 8, n° 4) (Songsiri, 2016). Ces deux canaux sont mis en oeuvre très rapidement afin d’améliorer le transport fluvial commercial, en créant un accès plus rapide et direct aux marchés de la capitale. Une liaison est aussi établie entre les khlong Pasichaoroen et Damnoen Saduak en 1858-1868. Ces voies, qualifiées d’« express », sont réalisées pour assurer la jonction entre le centre du pouvoir de Rattanakosin et le fleuve Mae Klong à l’ouest, où arrivaient des marchandises produites dans l’arrière-pays. Ils ont permis également d’augmenter les surfaces cultivables.
12Sous la dynastie Chakri, les chefs de travaux des khlong ne sont plus strictement issus de la famille royale comme à l’époque d’Ayutthaya mais certains font partie de la noblesse. Les nouveaux canaux sont creusés sur des terrains dont les propriétaires étaient des nobles, les terrains attenants devenant des terrains agricoles à vendre et à louer. Le travail de creusement des khlong est effectué par des ouvriers de différentes ethnies, à l’aide d’animaux, buffles et vaches.
13À l’échelle du delta, ces nouveaux canaux, les « khlong express », construits sur l’axe est-ouest sur la rive de Thonburi, dont le tracé est rectiligne, reliaient ainsi les lointaines régions agricoles à la porte fluviale de Bangkok. Ils sont mis en fonctionnement au cours du xixe siècle. Ces grandes voies navigables se rejoignaient au niveau des « canaux périphériques » : Bangkok Yai, Chakphra et Bangkok Noi. Les produits de la région ouest étaient distribués sur les marchés et les villages tout le long du trajet jusqu’à la capitale, où différents accès fluviaux menaient aux grands marchés : celui de Thatien accessible par le canal Bangkok Yai et celui de Banglamphu par le canal Bangkok Noi. Ce trafic commerçant, convergeant vers les marchés de Rattanakosin, favorisait l’implantation de nouveaux villages le long des canaux express rectilignes. Le fleuve et les khlong interagissaient ainsi et permettaient l’établissement des villages aquatiques. En parallèle, Bangkok connaît un développement rapide sous le règne de Rama V (1868-1910), bénéficiant de la croissance économique et des réseaux de commerce de l’époque coloniale en Asie du Sud-Est.
L’apogée du réseau des khlong de Thonburi-Bangkok sous le roi Rama V (1868-1910)
14Pendant le règne de Rama V (1868-1910), marqué par la modernisation et l’occidentalisation du Siam, le développement du réseau fluvial atteint son apogée. Le roi s’est fixé l’objectif de construire au minimum un khlong par an, qu’il finance personnellement : plus de 50 % des canaux sont réalisés pendant cette période. L’entretien et le creusement des canaux dont les dimensions moyennes sont de 10 mètres de large sur 3 mètres de profondeur (Bunnag, 1990 : 54-56) sont effectués selon les procédés occidentaux introduits par l’ingénieur hollandais, M. J. Homan Van der Heide, en 1902. Un département chargé de la gestion des khlong est créé à l’initiative du souverain. Des lois et des mesures sont promulguées pour l’entretien des canaux et la surveillance du bon écoulement de l’eau, interdisant notamment la construction des maisons le long des cours d’eau. Ce réseau de khlong a pu être réalisé grâce à la combinaison de deux facteurs : la volonté politique du roi Rama V et la valorisation de l’eau comme ressource vitale du fait de l’implantation de la plupart des terrains agricoles et des villages le long de cours d’eau.
15La reconstitution cartographique montre que les nouveaux khlong sont déployés sur l’ensemble du territoire, ce changement d’échelle des travaux hydrauliques ayant des effets sur l’échelle des aménagements territoriaux. Sur la rive de Thonburi, le nombre de nouveaux khlong est moindre car l’extension de la capitale s’est principalement produite vers l’est. Cependant, du fait de l’augmentation de la demande mondiale de produits agricoles à la suite du traité de Bowring, les surfaces agricoles augmentent comme on l’a vu et leur exploitation est renforcée. Les canaux existants entre les fleuves Tha Chin et Chao Phraya, les khlong Maha Sawasdi et Pasi Charoen (fig. 8 : n° 3 et 4), visaient déjà à élargir les zones de rizières aménagées le long de ces canaux. Le nouveau khlong Thawee Wattana (fig. 9 : n° 3) est construit perpendiculairement à ces deux canaux en 1878 pour ouvrir de nouvelles zones à l’agriculture. Puis un autre khlong, creusé en 1880, le Nara Pirom (fig. 9 : n° 5) prolonge le khlong Thawee Wattana en direction du nord. L’objectif de la construction du canal Nara Pirom est de permettre à l’eau du fleuve Tha Chin de pénétrer dans les khlong Maha Sawasdi et Pasi Charoen qui relient plus en aval les fleuves Tha Chin et Chao Phraya. En effet, les khlong reliant des fleuves entre eux présentaient un dysfonctionnement en lien avec la marée : les flux des deux fleuves se heurtaient au milieu du canal, produisant une sédimentation qui bouchait les évacuations utilisées pour permettre l’écoulement de l’eau pour l’irrigation (et en cas d’excès d’eau). La distribution de l’eau vers les terrains agricoles situés entre les khlong était alors moins efficace qu’au niveau des deux embouchures du canal. La construction du khlong Narapirom, nord-sud, visait à résoudre ce problème car l’écoulement de ses eaux, plus puissant, parvenait à repousser les eaux des khlong Maha Sawasdi et Pasi Charoen et à éviter la sédimentation. Ce procédé s’appuyait sur la compréhension du système hiérarchisé d’écoulement de l’eau et du phénomène des marées.
16Sur la rive de Rattanakosin, le développement du réseau de khlong prend une nouvelle ampleur à la fin du xixe siècle, notamment sur les territoires éloignés du centre de la capitale qui n’étaient pas encore exploités. Entre 1869 et 1901, de nombreux canaux y sont construits pour convertir les terrains en terres agricoles, souvent en rizières. L’augmentation du nombre de khlong répondait certes à des impératifs économiques, mais le défrichement de nouvelles terres a aussi bénéficié d’un apport de main-d’œuvre. Suite à l’abolition de l’esclavage à la suite de la réforme de 1874-1905, d’anciens esclaves, devenus progressivement agriculteurs, ont établi des villages dans les territoires du delta éloignés du centre de Bangkok, où leur productivité était supérieure que lorsqu’ils étaient esclaves. Le plus important projet de développement dans ces régions de l’est de Bangkok est celui du khlong Rangsit (fig. 9 : n° 9) mis en œuvre à partir de 1891. Il a permis, selon de nouvelles modalités faisant intervenir une société privée disposant d’une concession, la mise en valeur d’un vaste territoire à l’est de Bangkok.
Thonburi et Bangkok-Rattanakosin, deux villes et l’eau
17Revenons sur l’expansion urbaine proprement dite, structurée également par les aménagements hydrauliques. Les manuscrits et les cartes de la ville réalisés par les étrangers au xixe et au début du xxe siècle éclairent le processus de formation des deux cités, intrinsèquement lié à la construction du réseau de canaux.
18Pendant le règne de Rama III (1824-1851), les étrangers présents à Bangkok ont produit des cartes précises, selon un mode de représentation occidental (Povatong, 2012, p. 23). La carte de James Low de 1835, présente la ville et son réseau de cours d’eau (fig. 10). Au centre de la carte, l’île de Rattanakosin est structurée par deux khlong circulaires (Khu Mueang Derm et Rob Krung), le plus à l’est marquant la limite d’extension de la ville, et par trois canaux qui les relient entre eux. Le palais royal et les grands temples sont situés près du Chao Phraya, entre la berge et le premier khlong. Sur l’autre rive, à Thonburi, les ban (groupements de maisons) et les vat (temples) sont organisés en fonction du fleuve et du réseau des khlong. L’espace résidentiel s’y étend le long du Chao Phraya sur un axe nord-sud et plusieurs embranchements de cours d’eau sont figurés perpendiculairement au fleuve. L’imbrication des établissements villageois et des vergers est visible, et distincte des réseaux aquatiques.
19Le « Plan de Bangkok » (fig. 11) dressé en 1853 par l’évêque français, Jean-Baptiste Pallegoix, et publié trois ans plus tard à Paris témoigne de l’élargissement de la capitale vers l’est et de la présence prégnante et continue de l’eau dans la ville. Avec le règne du nouveau roi Rama IV (1851-1868) et le traité de Bowring pour la libération du commerce international en 1855, la superficie de Bangkok a doublé. Un troisième khlong périphérique, Phadung Krung Kasem, est creusé en 1854 pour agrandir le territoire et fixer la nouvelle limite de la capitale en direction du nord, de l’est et du sud. Ce plan montre une ville urbanisée, moderne, comprenant des quartiers occidentaux et des boutiques flottantes sur le fleuve. La rive de Thonburi apparaît quant à elle comme une constellation d’îlots composant une grande zone résidentielle avec des secteurs agricoles mixtes, des maisons et des jardins.
* * *
20L’étude des cartes anciennes révèle que l’hydrographie et le tracé des khlong ont façonné la structure du territoire et les formes des dispositifs spatiaux à différentes échelles. À l’échelle urbaine, le maillage des canaux a dessiné la forme de la ville, marqué ses limites successives et déterminé l’implantation de ses architectures : palais, temples, marchés et villages. À l’échelle de l’actuelle agglomération (BMA), le maillage des canaux a orienté les fronts de l’urbanisation, vers l’est et vers l’ouest, perpendiculairement au cours du fleuve Chao Phraya, et ouvert de vastes terrains à l’agriculture.
21Depuis le milieu du xxe siècle, l’urbanisation repose principalement sur la construction de voirie, qui tend à se substituer au réseau de canaux, lesquels ont progressivement été comblés, introduisant une différenciation entre Rattanakosin où ce processus est initié et se développe rapidement, et Thonburi qui demeure une ville aquatique. Après les grandes inondations de 2011, à l’occasion desquelles le territoire de Thonburi s’est avéré plus résilient que celui de Rattanakosin, les responsables de l’urbanisme de Bangkok ont réévalué le rôle des canaux pour l’avenir de la métropole (Jhearmaneechotechai, 2019).
Auteur
Université Chulalongkorn
jheprin@yahoo.com
Prin Jhearmaneechotechai, architecte-urbaniste thaïlandais, expert en résilience et régénération urbaines, mène des recherches pionnières à l’Université Chulalongkorn sur les défis environnementaux en Asie du Sud-Est. Ses projets novateurs cartographient le patrimoine urbain ordinaire de Bangkok et explorent le co-développement avec les communautés locales des initiatives économiques créatives à fort impact social et environnemental.
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