Chapitre 1. L’Union nationale et les Việt kiều (1986-2004)
p. 13-36
Texte intégral
1 - Répartitions des Vietnamiens de l’étranger
1La RSVN estime à environ 4 millions13 le nombre de « Vietnamiens résidant à l’étranger » (người Việt Nam định cư ở nước ngoài). La communauté vietnamienne des États-Unis est de loin la plus nombreuse avec 2,2 millions de personnes. La France et l’Australie sont en deuxième position avec 300 000 personnes. Environ 250 000 Việt kiều vivent au Canada, 120 000 en Allemagne et 60 000 en Russie. D’autres communautés moins importantes se trouvent en Europe et au Moyen-Orient.
2Avant 1975, le nombre de Việt kiều s’élève à environ 150 000 personnes vivant principalement en Asie du Sud-Est continentale. Au XVIIIe siècle, des catholiques vietnamiens se sont réfugiés en Thaïlande et ont été suivis un siècle plus tard par des résistants à la colonisation française. En 1945, des groupes de résistants autour de la cause communiste de Hồ Chí Minh y organisent une base arrière pour lutter contre les Français14. Quant à la présence vietnamienne au Cambodge et au Laos, elle s’explique en grande partie par l’envoi de fonctionnaires et de subalternes voulu par les autorités coloniales dans le cadre de la gestion administrative de l’Union indochinoise. La France avait par ailleurs envoyé, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, des travailleurs vietnamiens dans sa colonie de Nouvelle-Calédonie afin d’y exploiter les mines de nickel.
Tableau 1. Répartition des Vietnamiens à l’étranger avant 1975
Pays | Nombre |
Thaïlande | 50 000 |
Cambodge | 40 000 |
Laos | 30 000 |
France | 30 000 |
Nouvelle-Calédonie | 4 000 |
États-Unis | 3 000 |
Canada | 1 500 |
Tableau 2. Répartition des Vietnamiens à l’étranger après 1975
Pays | Nombre |
États-Unis | 2 220 000 |
Australie | 300 000 |
France | 300 000 |
Canada | 250 000 |
Taïwan | 200 000 |
Cambodge | 156 000 |
Allemagne | 120 000 |
Malaisie | 104 000 |
Thaïlande | 100 000 |
Corée du Sud | 90 000 |
Rép. Tchèque | 61 820 |
Russie | 60 000 |
Royaume-Uni | 40 000 |
Japon | 37 000 |
Laos | 30 000 |
Pologne | 20 000 |
Norvège | 19 000 |
Émirats Arabes Unis | 19 000 |
Chine | 15 000 |
Suède | 14 000 |
Ukraine | 10 000 |
Suisse | 8 000 |
Angola | 5 000 |
Nelle-Calédonie | 5 000 |
3En Occident, dans les années qui précèdent la chute du Sud-Viêt Nam, seule la France compte un nombre représentatif de Vietnamiens (environ 15 000)15. Cette situation résulte du passé colonial de la France au Viêt Nam qui a, lors des deux guerres mondiales, mobilisé des Vietnamiens pour les envoyer au front ou dans les usines d’armement. En 1954, la fin de la présence française en Indochine occasionne une campagne de rapatriement des Vietnamiens qui avaient obtenu la nationalité française. Par la suite, les déboires du régime de Saigon et la guerre civile engendrent de nouvelles arrivées. Enfin, comme le Canada, les États-Unis et le Japon, la France accueille lors de cette période des étudiants vietnamiens.
4À partir de 1976, les excès totalitaires du PCV, superposés au marasme économique et au contexte causé par la troisième guerre d’Indochine en 1979 (intervention du Viêt Nam au Cambodge et guerre frontalière avec la Chine), font que de nombreux Vietnamiens quittent le pays pour des raisons politiques et/ou économiques. Il faudra attendre le milieu des années 1990 pour que le flux migratoire des boat people se tarisse16. Entre 1975 et 1996, selon les Nations unies, environ 1,4 million de Vietnamiens ont quitté leur pays. Les États-Unis ont accueilli 64 % d’entre eux, le Canada 11,9 %, l’Australie 11,5 %, la France 3,4 %, l’Allemagne 2,1 % et le Royaume-Uni 1,8 %17.
5À partir de la fin des années 1970 et jusqu’en 1990, de nombreux Vietnamiens « légalistes » se rendent en Europe de l’Est dans le cadre d’échanges entre pays communistes. Jusqu’en 1980, on distingue trois catégories de migrants : les diplomates, les cadres supérieurs et, dans une moindre mesure, les étudiants. Par la suite s’ajoute celle des travailleurs dont le nombre est estimé à environ 260 00018. La chute de l’URSS met fin à ce programme de coopération, mais certains Vietnamiens décident de s’installer dans les ex-républiques soviétiques. Ainsi, des petites communautés vivent en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie, en Ukraine ou en Tchécoslovaquie, et d’autres plus importantes dans l’ancienne Allemagne de l’Est et en Russie.
6En 2006, selon le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, plus de 400 000 Vietnamiens travaillent sous contrat dans une quarantaine de pays, principalement au Japon, en République de Corée, à Taiwan et en Malaisie19. Le Viêt Nam exporte aussi sa main-d’œuvre au Moyen-Orient dans des pays comme le Qatar, la Libye et les Émirats arabes unis. Cette migration est en principe seulement temporaire.
7Au Viêt Nam, la notion d’« Union nationale » (Đại đoàn kết dân tộc) est un principe politique préconisé pour la première fois en 1943 par le président Hồ Chí Mình avec le but de libérer le pays du joug colonial français. Elle s’adresse à toutes les composantes du peuple vietnamien de l’intérieur et de l’extérieur du pays. À cette époque, la majorité des exilés vietnamiens se trouvent en Asie du Sud-Est et en France. Nombre d’entre eux se rallient à la révolution et à la lutte contre la puissance coloniale française20. La République démocratique du Viêt Nam (RDVN) mobilise à nouveau les « Việt kiều patriotes » lors du conflit qui l’oppose à la République du Sud-Viêt Nam (1954-1975) pour, cette fois-ci, libérer la population du Sud de la présence américaine.
8À la suite de la réunification du pays en 1976, la RSVN met au banc de la nation les Việt kiều, et ce durant une dizaine d’années (1976-1986)21. Cette mise à l’écart trouve une explication dans les excès idéologiques des dirigeants qui considèrent à ce moment-là les Việt kiều qui ont fui le pays après la victoire de la RDVN comme des étrangers et des traîtres. Mais les relations se dégradent aussi avec les Việt kiều patriotes qui aspirent à plus de reconnaissance de la part de l’État-Parti. Malgré leur soutien pendant la guerre, ces derniers sont quasiment ignorés par le régime, lequel généralise une politique de méfiance.
9En 1986, la politique d’ouverture du Đổi mới amène le Parti communiste du Viêt Nam à envisager de renouer avec les Vietnamiens de l’étranger. L’Union nationale avec les Việt kiều est remise à l’ordre du jour, concrétisant les nouveaux objectifs de développement et de modernisation du pays. La persistance des divergences politiques avec une partie des exilés qui militent pour des changements politiques dans leur pays d’origine concourt cependant à freiner la mise en œuvre de cette politique de rassemblement. Mais faire table rase du passé n’est pas chose aisée, ni pour le régime ni pour les exilés. Pas à pas et non sans difficulté, la RSVN va mettre en place un nationalisme transnational qui se concrétise pleinement à compter de la promulgation de la directive du Bureau politique no 36-NQ/TW (2004)22.
2 - L’aboutissement d’un nationalisme transnational
La réhabilitation des Việt kiều à la nation
10Le VIe Congrès du PCV (décembre 1986) a représenté un tournant dans la gestion de la question Việt kiều. Võ Văn Kiệt23 a été l’un des principaux artisans de ce revirement, alors qu’il était encore secrétaire du Parti communiste de Hô Chi Minh-ville et membre alternatif du Bureau politique24. Lors de ce Congrès, le président du Comité central des Việt kiều, Hoàng Bích Sơn25, affirme dans un discours que « la communauté vietnamienne de l’étranger fait partie intégrante du peuple vietnamien26 ». Il insiste non seulement sur le potentiel économique et intellectuel des exilés, mais aussi sur leur patriotisme potentiel. Afin d’appuyer ses propos, il cite le président Hồ Chí Minh qui avait mentionné que, « chez tout Vietnamien, il y a l’étoffe d’un patriote ». Hoàng Bích Sơn en conclut que le gouvernement vietnamien doit parfaire ses politiques pour que les compatriotes de l’étranger se sentent liés à la communauté nationale et participent au développement du pays. Néanmoins, les années suivantes placent la RSVN sous la pression des associations pro et antigouvernementales de l’étranger, qui jugent le moment opportun pour faire valoir leurs revendications. De nouveaux liens se tissent avec les associations patriotiques d’outre-mer, mais les tentatives de rabibochage avec les associations d’exilés politiques se soldent par un échec27.
La concrétisation du discours d’Union
11En 1994, le décret gouvernemental no 74-CP28 remodèle en profondeur le Comité central des Việt kiều et lui assigne des missions tangibles. Ce Comité est chargé de diffuser un message d’Union nationale auprès des Việt kiều, de faire des recherches sur les communautés et de proposer des projets de loi dans l’optique de mobiliser les Vietnamiens de l’étranger. La tâche est cependant ardue. La politique sécuritaire des années 1980 a laissé derrière elle des obstacles administratifs et des préjugés sur les Việt kiều, et les mesures établies dans le décret no 74-CP ne peuvent se réaliser que timidement. Néanmoins, les dirigeants maintiennent le cap d’une politique de rapprochement et, en 2004, le Bureau politique promulgue la directive no 36-NQ/TW. La plus haute instance du pays y affirme avec fermeté et détermination sa volonté de remédier aux manquements des politiques vis-à-vis des Vietnamiens de l’étranger. Un jugement sévère est porté sur les politiques précédentes qui ne sont notamment pas, selon la directive, « en phase avec l’évolution du monde » et qui « ne manifestent pas pleinement l’esprit de la Grande Union nationale ». La directive fait par ailleurs allusion au manque de rigueur de certains cadres dans l’application des mesures et surtout à la discrimination qui persiste à l’égard de certaines catégories de Việt kiều. Ainsi, le chapitre II, « Ligne directrice et orientation de la mission pour les prochaines années » (2005), fait part des recommandations suivantes :
12« Il faut abandonner tout complexe et préjugé, effacer le passé en renonçant à toute discrimination de classe ; au contraire, [il faut] susciter un esprit d’ouverture, de respect, de sympathie et de confiance mutuelle pour regarder ensemble vers l’avenir. Tout Vietnamien, quelles que soient son origine ethnique, religieuse, familiale, sociale et la raison de son expatriation, s’il désire apporter sa contribution à la réalisation de l’objectif ci-dessus, est bienvenu dans le bloc de la Grande Union nationale29. »
13Cette citation en dit long sur le poids des préjugés portés sur le passé et sur leur persistance dans les mentalités. La directive no 36-NQ/TW devient dès lors une référence et est suivie par la promulgation de nombreuses mesures vouées à établir des liens de solidarité avec les communautés. La série de réformes opérées par les comités des Vietnamiens de l’étranger de Hanoi et de Hô Chi Minh-ville est particulièrement représentative de ces évolutions. Longtemps bridés par la méfiance envers les exilés politiques, ils ont redéfini leur mission et jouent désormais un rôle plus important dans la mobilisation des Vietnamiens de l’étranger.
3 - Les nouvelles missions des comités des Vietnamiens de l’étranger
14Dirigé depuis les hautes sphères du PCV, le Comité de Hanoi a acquis de plus en plus d’autonomie et de responsabilités à compter de 1994. Il joue depuis peu le rôle de pierre angulaire dans la coordination et l’application des politiques envers les Vietnamiens de l’étranger. Le Comité de Hô Chi Minhville a lui aussi connu des évolutions significatives, mais ne dispose pas, malgré l’importante présence des Việt kiều dans le Sud du pays, du même pouvoir de décision. Il dépend du Comité populaire municipal de la ville et doit aussi se plier aux directives du Comité de Hanoi. On retrouve ici un exemple de la centralisation du pouvoir politique dans la capitale vietnamienne.
Vers un Comité d’État des Vietnamiens de l’étranger
15En novembre 1959, sur un décret du Premier ministre Nguyễn Khang30, le Comité central des Việt kiều (Ban Việt kiều trung ương)31 prend place au sein des structures de la RDVN. Il a pour mission principale d’encourager les Vietnamiens de l’étranger à soutenir la révolution par l’agitation politique et par l’envoi d’argent. Il est aussi chargé de gérer les opérations de rapatriements « patriotiques »32. En juillet 1994, la RSVN édicte le décret no 74-CP33 stipulant que le Comité doit remplir une fonction de « gestion étatique » afin d’appliquer les nouvelles politiques envers les Việt kiều. Le Comité central des Việt kiều change d’appellation pour devenir le « Comité des Vietnamiens de l’étranger » (Ủy Ban người Việt Nam ở nước ngoài, désormais CVE). Moins d’un an plus tard, le décret no 77-CP établit que le CVE dépend désormais directement du ministère des Affaires étrangères. À partir de 1996, le poste de président du CVE est automatiquement attribué au vice-ministre des Affaires étrangères pour une période de quatre ans. Ont occupé ce poste : Nguyễn Dy Niên (1996-2000), Nguyễn Đình Bin (2000-2004), Nguyễn Phú Bình (2004-2007) et Nguyễn Thanh Sơn (décembre 2008-2011).
16En 2004, la directive du Bureau politique no 36-NQ/TW met en évidence les lacunes d’organisation des structures en lien avec les Vietnamiens de l’étranger :
« La coordination entre les ministères et les services compétents, le pouvoir central et les autorités locales, les instances de l’intérieur et celles de l’extérieur, souffre d’une faiblesse certaine, tandis que les organismes consacrés au travail en milieu expatrié manquent de consistance faute de budget suffisant34. »
17Le CVE est donc sommé de se réformer à nouveau afin d’assurer la coordination des instances de l’intérieur et de l’extérieur en lien avec les Việt kiều. Quatre ans plus tard, par le biais de la décision du Premier ministre no 102/QĐ/TTG, il adopte l’appellation suivante : « Comité d’État des Vietnamiens de l’étranger » (Ủy Ban nhà nước người Việt Nam ở nước ngoài, ci-après CEVE)35 et devient le conseiller du Parti et de l’État dans les réalisations des politiques à l’égard des Việt kiều. Le Comité renforce l’action des quatre départements qui le composent : département de Coordination, département de l’Information et de la Culture, département des Relations économiques et département des Sciences et Technologies. Enfin, le CEVE est en charge de la publication de la revue Le Pays natal (Tập Chí Quê Hương), de l’hôtel Quê Hương36 et du Fonds de soutien à la mobilisation des Vietnamiens de l’étranger.
Le Comité des Vietnamiens de l’étranger de Hô Chi Minh-ville
18En 1978, un Comité de relation avec les Việt kiều (Ban liên lạc Việt kiều) (CRVK) est créé à Hô Chi Minh-ville37 dans une période confuse au cours de laquelle beaucoup de Vietnamiens du Sud s’exilent en Occident. La structure relève directement du Comité du Front de la Patrie de la ville. Le vice-président de ce dernier, Phạm Văn Ba, en occupe la présidence. Le CRVK est aussi placé sous la tutelle du Comité central des Việt kiều qui a d’ailleurs pris l’initiative de sa fondation. Son rôle est de soutenir le Comité central des Việt kiều dans la mise en œuvre des politiques en faveur des Vietnamiens de l’étranger rapatriés au pays. Il doit adresser des rapports au Comité de Hanoi sur l’« état d’esprit » des Việt kiều et sur les problèmes qu’ils rencontrent à leur retour au Viêt Nam38. Ces mesures de surveillance répondent aux exigences sécuritaires de la décision no 122-CP, qui fait preuve de scepticisme envers les Việt kiều.
19En 1981, le CRVK (décision no 108/QĐ-UB)39 est placé directement sous l’égide du Comité populaire de Hô Chi Minh-ville40. Phạm Văn Ba se maintient à la présidence du Comité jusqu’en février 1982, date à laquelle il est remplacé par le Dr Nguyễn Ngọc Hà, directeur adjoint du département de la Santé de la ville. Les nouvelles fonctions du Comité consistent à soutenir le Comité populaire de la ville dans la mobilisation des Vietnamiens de l’étranger afin que ceux-ci contribuent au développement du Viêt Nam, et à lui proposer, ainsi qu’au Comité central des Việt kiều, des mesures qui leur offriraient des conditions favorables pour vivre et travailler. Il est par ailleurs chargé de déployer des coopérations dans les domaines des sciences et technologies, dans l’investissement de capitaux, dans l’import-export avec des sociétés, des associations, des organisations détenues par des Vietnamiens à l’étranger. Malgré la clarté de ce programme, les actions concrètes seront rares pendant plus d’une décennie. Le quotidien du Comité souffre de la politique sécuritaire des autorités qui tardent à donner le feu vert et un soutien pour leur mise en œuvre.
20En 1994, le CVK est rebaptisé « Comité des Vietnamiens de l’étranger de Hô Chi Minh-ville » (CVEHCMV)41 par le Comité populaire. Ces changements coïncident avec ceux opérés dans la capitale et il est précisé que le Comité est soumis aux instructions du CVE de Hanoi afin d’assurer l’homogénéité de l’application des politiques concernant les ressortissants vietnamiens à l’étranger42. Dès lors, le CVE de Hô Chi Minh-ville se dote de quatre bureaux spécialisés. Le Bureau de l’économie, des sciences et de l’industrie doit encourager les Việt kiều à investir au Viêt Nam. Le Bureau de l’information, de la culture et de la société a pour mission d’utiliser les nouvelles technologies de communication pour répondre aux besoins en matière d’information et de culture des communautés. Le Bureau de synthèse, de politique et de documentation a pour but de sensibiliser les Vietnamiens de l’étranger sur les lois et les politiques en vigueur à leur égard ainsi qu’à celui de leurs proches dans les provinces du Sud. Enfin, le Bureau d’administration, de management et d’accueil a pour principale fonction de guider les Việt kiều dans leurs démarches administratives. Le Comité abrite également le Club des sciences et technologies des Việt kiều et l’Association de liaison avec les Việt kiều de Hô Chi Minh-ville sur lesquels nous reviendrons plus tard.
21Le CVE continue d’être dirigé par Nguyễn Ngọc Hà pendant dix-sept années jusqu’à sa retraite en 1999. Par la suite, ses successeurs ne restent pas aussi longtemps. Huỳnh Ngọc Án, ancien ambassadeur du Viêt Nam au Royaume-Uni, préside le Comité durant cinq ans. Il est remplacé en septembre 2004 par Nguyễn Chơn Trung, ancien responsable du Conseil d’administration des zones franches d’exportation et des parcs industriels de Hô Chi Minh-ville. Depuis 2007, Phan Thám, ancien secrétaire adjoint du Comité du Parti du district de Bình Tân, préside le Comité. Il n’existe aucune règle concernant les modalités de nomination. Dans la plupart des cas, les remplacements se font pour cause de départ à la retraite et les présidents peuvent être issus de sphères variées : économique, politique ou diplomatique. Signalons pour terminer l’absence de Vietnamiens de l’étranger au sein de ces deux structures, à l’exception notable de Nguyễn Ngọc Hà qui est resté plusieurs années à la tête du Comité de Hô Chi Minh-ville. Ils ont en revanche la possibilité, depuis la fin des années 1980, d’intégrer les associations de proches des Việt kiều qui sont incluses au Front de la Patrie. Celui-ci, comme il est expliqué ci-après, entend représenter le peuple vietnamien et symboliser l’Union nationale.
4 - L’Union nationale à l’épreuve des mouvements anticommunistes
La RSVN et la diffusion d’un message d’Union nationale
22Le choix de la RDVN a d’abord été d’envoyer un message aux Vietnamiens de l’étranger a priori dénué d’idéologie politique, mais exaltant en revanche des repères culturels qui seraient communs à tous les Vietnamiens. Il insiste particulièrement sur l’attachement au pays natal, sur le culte des ancêtres, et rappelle le mythe des origines de la nation vietnamienne. Il joue clairement sur la nostalgie du pays d’origine et stimule l’amour de la patrie. Il se double, par ailleurs, d’une campagne d’information visant à montrer les changements économiques et politiques opérés au Viêt Nam depuis le Đổi mới. La diffusion de cet appel à l’Union nationale se fait par le canal médiatique et diplomatique, et est relayée par la rumeur et les discussions informelles.
23Au mois d’août 1995, lors d’une conférence organisée par le Comité des Vietnamiens de l’étranger, le vice-Premier ministre Phan Văn Khải souligne que l’une des finalités importantes des politiques envers les Việt kiều est de leur offrir des informations et des supports culturels pour que la nostalgie, la tradition nationale ainsi que la langue vietnamienne puissent être préservées et développées dans les communautés. Selon le vice-Premier ministre :
« Le patriotisme va toujours de pair avec la préservation et le respect de la langue vietnamienne et de l’identité nationale. Tous ces éléments constituent un dénominateur commun de tous les Vietnamiens de l’étranger43. »
24Pour atteindre ces objectifs, l’État-Parti vietnamien se dote d’un réseau médiatique de communication. Le Comité des Vietnamiens de l’étranger de Hô Chi Minh-ville publie la revue Les Kiều bào et le pays natal (Kiều bào và quê hương), et le Comité d’État des Vietnamiens de l’étranger de Hanoi la revue Le Pays natal (Tập Chí Quê Hương). Cette dernière est distribuée mensuellement au Viêt Nam et dans trente et un autres pays depuis 199444. Elle aborde plusieurs sujets : les lois et les politiques envers les Việt kiều, la situation économique et politique au Viêt Nam et la culture vietnamienne. La revue donne également des informations sur les communautés et une tribune d’expression est réservée aux Việt kiều.
25À la presse écrite s’ajoute la chaîne VTV4 qui diffuse gratuitement des programmes adressés aux Vietnamiens de l’étranger depuis 1998 sur presque tous les continents (sauf une partie de l’Afrique et de l’Amérique du Sud). La programmation reprend des émissions diffusées par les chaînes de la télévision vietnamienne et dispose aussi de ses propres programmes tels que Rencontre avec les téléspectateurs de VTV4 et une émission consacrée à l’apprentissage de la langue vietnamienne. Le Viêt Nam se soucie en effet de maintenir la langue auprès des nouvelles générations de Vietnamiens de l’étranger afin que ces derniers conservent ou développent des attaches avec leur pays d’origine. Les autorités vietnamiennes s’emploient donc à diffuser des outils pédagogiques, à former des professeurs et à ouvrir des classes de vietnamien dans les communautés45. Enfin, la sensibilisation culturelle et patriotique des Việt kiều s’effectue par l’organisation de tournées d’artistes vietnamiens et par la mise en place de coopérations culturelles avec les artistes d’origine vietnamienne.
26Cependant, l’accueil du message d’Union nationale est mitigé. Sa réception est positive en Europe (notamment en Angleterre, en Belgique et en Allemagne) et dans les pays géographiquement proches du Viêt Nam (Cambodge, Laos et Thaïlande)46. En revanche, les relations demeurent compliquées dans les pays à forte concentration d’exilés politiques, et particulièrement aux États-Unis. Le terrain médiatique et culturel y est déjà occupé par des journaux, des chaînes de télévision, des associations et des artistes hostiles à la RSVN. En 2004, la directive no 36-NQ/TW souligne le besoin de « renouveler résolument et complètement les méthodes d’information et de propagande » auprès des Vietnamiens de l’étranger. Ainsi, l’utilisation d’Internet se développe et celle de la télévision, de la radio et de la presse écrite se renforce. Cette initiative ne tarde pas à créer des rapports de forces avec les opposants de certaines communautés. Notamment lorsque le Viêt Nam prévoit en 2004 d’amplifier la diffusion des programmes de VTV4. Nguyễn Dy Niên, ministre des Affaires étrangères, mentionne sur cette même chaîne que les détracteurs de ce projet « ne font que preuve de leur étroitesse d’esprit » et que « l’information est une chose importante pour ceux qui habitent loin de leur pays natal ». Il termine son intervention télévisée en affirmant qu’il espère recevoir l’appui des gouvernements des pays concernés pour soutenir le projet47. La voie diplomatique paraît être, en effet, un atout de taille pour le nationalisme transnational de la RSVN. Ceci vaut particulièrement pour les États-Unis qui ont accueilli, du fait de leur engagement militaire au Sud-Viêt Nam, de nombreux exilés politiques.
27L’apaisement diplomatique avec les États-Unis a grandement contribué à changer l’image du Viêt Nam auprès des Américains d’origine vietnamienne. Ainsi, en 1997, soit trois ans après la normalisation des relations entre le Viêt Nam et les États-Unis, un consulat vietnamien s’est implanté à San Francisco, où réside la plus forte concentration de Vietnamiens de l’étranger48, et un second au Texas en mars 201049. Les représentations diplomatiques jouent un rôle important dans la promotion de la culture vietnamienne et ont, selon Lê Quốc Hùng, consul du Viêt Nam en Californie50, la mission de « maintenir la langue vietnamienne, l’identité et les traditions nationales » auprès des Vietnamiens de l’étranger. Depuis lors, les deux pays multiplient les échanges économiques, les coopérations et les rencontres diplomatiques au cœur desquels la question des Việt kiều occupe une place importante. Cette nouvelle donne a contribué à affaiblir et isoler les mouvements antigouvernementaux, comme l’a dernièrement souligné l’ambassadeur du Viêt Nam aux États-Unis, Lê Công Phụng, dans une interview retranscrite dans le journal Quân đội Nhân dân :
« Les échanges commerciaux entre le Viêt Nam et les États-Unis sont passés d’environ 600 millions de dollars en 2000 à environ 15 milliards de dollars en 2009. Quelque 13 000 étudiants vietnamiens étudient aujourd’hui aux États-Unis. Le Viêt Nam est parmi les rares pays asiatiques du Sud-Est à avoir un dialogue stratégique, de sécurité et de défense avec les États-Unis. […] La diaspora vietnamienne aux États-Unis devrait atteindre le chiffre de 2 millions de personnes contre 1,7 million selon les statistiques officielles. Il s’agit de la plus grande communauté de Vietnamiens à l’étranger. Leur hostilité au pouvoir vietnamien diminue de plus en plus en raison de la déclaration officielle des États-Unis de développer leurs relations d’amitié et de coopération avec le Viêt Nam et des politiques bienveillantes du Viêt Nam à l’égard de cette communauté51. »
28Les nouveaux liens d’amitié tissés entre les deux pays autorisent également les politiques vietnamiens à venir prôner l’Union nationale au sein même des communautés. Par exemple, le 22 juin 2007 à Washington, lors de la première visite officielle du président Nguyễn Minh Triết, celui-ci s’adresse à la communauté vietnamienne dans les termes suivants :
« Nous sommes tous des Vietnamiens ayant la peau jaune et le sang rouge et notre mère commune est le Viêt Nam. Bien que cette mère ait des difficultés, nous aimons cette mère pour toujours52. »
29L’appartenance filiale et la fidélité de tous les Vietnamiens à leur terre natale auxquelles fait référence le président sont des constantes du discours nationaliste vietnamien. Quelques jours plus tard, lors d’une interview accordée à la chaîne américaine CNN, Nguyễn Minh Triết s’exprime à propos des Américains d’origine vietnamienne qui s’opposaient à sa visite et de manière plus générale au régime vietnamien :
« Notre message est que les Vietnamiens résidant à l’étranger en général et aux États-Unis en particulier font partie intégrante du peuple vietnamien. Le gouvernement vietnamien souhaite les voir réussir aux États-Unis. Nous souhaitons qu’ils servent de lien entre le Viêt Nam et les États-Unis. Nous les invitons à revenir visiter le Viêt Nam pour voir les évolutions du Viêt Nam et changer leur point de vue sur leur pays53. »
30Si les relations du régime avec l’ensemble des communautés vietnamiennes à travers le monde ont montré des signes d’ouverture de la part du régime, le nationalisme à distance de la RSVN est néanmoins parfois mal accueilli par certains Việt kiều qui cherchent à l’endiguer. Reste à déterminer dans quelle mesure ces derniers représentent un obstacle à la réalisation de l’Union nationale.
La restructuration des groupuscules antigouvernementaux
31Les Vietnamiens de l’étranger qui militent pour des changements politiques au Viêt Nam regroupent divers profils : religieux, militants démocratiques, dissidents communistes et exilés politiques originaires du Sud-Viêt Nam. Ils ont créé, au début des années 1980, de nombreuses associations, pour la plupart établies aux États-Unis. Pour des raisons d’ego et de divergence de fond, ces associations n’ont jamais réussi à rassembler leurs forces au sein d’un mouvement commun et beaucoup d’entre elles n’ont pas résisté à l’épreuve du temps. Néanmoins, l’interventionnisme grandissant du Viêt Nam dans les communautés a favorisé, à son insu, l’unification de différentes mouvances d’opposition. Le groupe Việt Tân apparaît aujourd’hui comme le principal instigateur de ce rassemblement. Qualifiés de minoritaires par les autorités vietnamiennes, les membres de cette organisation réussissent tout de même à troubler la réalisation de la Grande Union nationale.
Le renouveau du Việt Tân
32Le Parti pour la réforme du Viêt Nam (Việt Nam Canh Tân Cách Mạng Đảng, ou Việt Tân en abrégé) a été fondé sur une initiative de Hoàng Cơ Minh, vice-amiral de la Marine sous la République sud-vietnamienne. Après son exil aux États-Unis, il fonde en 1980 le Front national pour la libération du Viêt Nam (FNLVN) dans l’espoir de renverser le pouvoir communiste. L’ancien vice-amiral et ses partisans prennent le maquis dans la région montagneuse d’Udon en Thaïlande où ils créent le Việt Tân (1982). L’entreprise militaire du FNLVN se solde finalement par un échec et par la mort de Hoàng Cơ Minh en 1987. Les années suivantes, le Việt Tân traverse une crise interne et devient inactif. L’écroulement de l’Union soviétique lui offre un nouveau départ, et l’ouverture du Viêt Nam l’occasion de redéfinir une stratégie.
33Au début des années 1990, l’organisation s’applique à rassembler les mouvements d’opposition, toutes tendances confondues, au sein d’un programme commun. Selon Le Courrier du Viêt Nam, le Việt Tân élargit son réseau en Europe en mettant en place de nombreuses associations telles que l’Union vietnamienne pour la liberté, l’Association des experts vietnamiens d’outre-mer, le Comité central de la République tchèque pour la liberté, et établit des liens avec des opposants de l’intérieur du pays54. Après une quinzaine d’années consacrées à sa restructuration, le parti Việt Tân a annoncé officiellement son retour lors d’une cérémonie organisée à Berlin en 2004. La stratégie change du tout au tout et l’organisation s’engage dans une « lutte pacifique et non violente » dans le but d’« établir une démocratie pluraliste » au Viêt Nam55. Le recours à la force est devenu une option obsolète après toutes ces années. Le régime communiste est solidement ancré, le Việt Tân ne dispose d’aucun soutien militaire et l’utilisation de la violence noircirait son image.
34À l’occasion du VIe Congrès du Parti, Đỗ Hoàng Điềm est élu président du Comité central du Việt Tân. Titulaire d’un Master of Business Administration obtenu à l’université de Houston, il est membre de l’organisation depuis 1982. Le secrétaire général est Lý Thái Hùng, ingénieur au Japon et auteur de l’ouvrage De l’Europe de l’Est au Viêt Nam56. Les neuf autres membres officiels du Comité central résident aussi à l’étranger57. Đặng Vũ Chấn (Washington, États-Unis), médecin, est membre du Comité central depuis 2001. Đỗ Đăng Liêu (Australie), diplômé en sciences économiques et du travail social, est le cofondateur de l’Association des étudiants vietnamiens de Bruxelles et un ancien membre de l’Association générale des étudiants vietnamiens de Paris ; il a rejoint le Việt Tân en 1989 et est membre du Comité central depuis 2001. Hoàng Cơ Định, docteur en chimie à l’université de Lille (France), est un membre important du Việt Tân depuis 1982. Hoàng Tứ Duy (Washington, États-Unis), ancien agent financier à la Banque mondiale, est membre du Việt Tân depuis 1996 et du Comité central depuis 2001. Nguyễn Đỗ Thanh Phong (Australie), cardiologue, est membre du Việt Tân depuis 1998 et du Comité central depuis 2006. Nguyễn Hoàng Thanh Tâm (Australie), titulaire d’une maîtrise en multimédias, est membre du Việt Tân depuis 1998 et du Comité central depuis 2006. Nguyễn Kim (États-Unis), ancien officier supérieur de l’armée de l’air du Sud-Viêt Nam, joue un rôle important dans le Việt Tân depuis 1982. Nguyễn Quốc Quân (États-Unis), titulaire d’un doctorat en mathématiques à l’université de Caroline du Nord, est membre depuis 1988. Nguyễn Trọng Việt (États-Unis), médecin anesthésiste, est membre depuis 1984.
35L’organisation forme un réseau transnational qui s’inscrit dans diverses structures : entreprises, cabinets d’avocats, organisations non gouvernementales et associations diverses. Elle semble cultiver le secret et miser sur l’infiltration. Ainsi, la rubrique « Qui sommes nous ? » du site officiel de l’organisation indique :
« Le Việt Tân compte des membres et des partisans à travers tout le Viêt Nam et dans la plupart des communautés vietnamiennes d’outre-mer. Nos membres forment le lien entre le pays et la diaspora. Nous sommes l’étudiant universitaire à Hanoi, le blogueur à Saigon, le médecin à Sydney, l’ingénieur en Californie et le retraité à Paris. Nos membres comprennent des prisonniers de conscience célèbres et de simples particuliers qui ont sacrifié leur vie pour un Viêt Nam libre. Organisé par sections au niveau local, le Việt Tân est dirigé par un Comité central mené par un président, M. Đỗ Hoàng Điềm, et un secrétaire général, M. Lý Thái Hùng58. »
Encadré 1 : Biographie de Đỗ Hoàng Điềm
Đỗ Hoàng Điềm est président du Parti pour la réforme Việt Tân depuis 2006. Il est né en 1963 à Saigon. Il quitte le Viêt Nam lors de la prise de Saigon et rejoint les États-Unis en juin 1975. Il devient membre du Việt Tân en 1982 alors qu’il est encore étudiant. Parallèlement à ses activités militantes, il obtient un Bachelor of Science à l’université de Californie (Irvine) en 1984 et un Master of Business Administration à l’université de Houston en 1987. Il occupe par la suite divers postes de direction dans différents secteurs comme celui de la finance, de la production et de la santé. Il monte peu à peu en grade dans le Việt Tân et est directeur régional du Parti en Californie du Sud de 1991 à 1995. L’année suivante, il devient directeur des Affaires externes du Parti jusqu’en 2004, date à laquelle il est promu directeur politique pour un an. Il est élu président du Việt Tân pour cinq ans lors du VIe Congrès du Parti en septembre 2006 à la place de Nguyễn Kim.
En mai 2007, Đỗ Hoàng Điềm est reçu à la Maison-Blanche par George W. Bush pour discuter du traitement sévère appliqué par le gouvernement vietnamien à l’égard des militants vietnamiens pour la démocratie et de l’imminente visite diplomatique du président vietnamien, Nguyễn Minh Triết, aux États-Unis. Durant cet entretien, Đỗ Hoàng Điềm demande au président américain de faire pression sur Hanoi pour faire respecter les droits de l’Homme et soutenir les forces démocratiques afin que s’opèrent des changements au Viêt Nam.
36Le Việt Tân veut ainsi donner l’image d’un groupe organisé et diversifié dont la principale préoccupation est de défendre la liberté du peuple vietnamien. L’opacité et le mode de fonctionnement de l’organisation ne permettent cependant pas de connaître le nombre de membres qui la composent et de savoir si elle est vraiment très ancrée dans les communautés. Il est sûr que les vicissitudes que le Việt Tân (scandales financiers et règlements de comptes) a traversées pendant les années 1980 et l’ouverture diplomatique et économique du Viêt Nam ont porté atteinte à sa crédibilité. Le Việt Tân doit donc s’adapter à une nouvelle situation et œuvrer au ralliement des Vietnamiens qui sont à l’étranger et au Viêt Nam.
37Ainsi, il dit vouloir faire émerger une société civile au sein de la population vietnamienne en « débridant les talents et les aspirations de la nation vietnamienne ». Le groupe utilise pour cela la radio, la presse et Internet, et organise des opérations de sensibilisation au sein même du peuple vietnamien et des communautés vietnamiennes de l’étranger. Le Việt Tân cherche par ailleurs le soutien des gouvernements occidentaux et d’organisations non gouvernementales telle Amnesty International pour mettre sous pression les autorités vietnamiennes. Pour ce faire, il invoque la violation des droits de l’Homme et de la liberté d’expression au Viêt Nam.
38En 2004, le Việt Tân a par exemple mis en place la « Campagne de soutien à la liberté sur Internet au Viêt Nam » qui vise à sensibiliser la communauté internationale à la question de la liberté d’expression au Viêt Nam59. Cette campagne a aussi pour objectif de créer une « société civile virtuelle » et de soutenir les cyberdissidents vietnamiens qui sont emprisonnés, comme par exemple le blogueur Nguyễn Văn Hải60. Autre exemple : en avril 2009, le Việt Tân lance la campagne « Sauvez Tây Nguyên » à l’occasion de la Journée mondiale de la Terre. Selon le Việt Tân, cette région montagneuse du Centre du Viêt Nam est menacée car le gouvernement vietnamien a décidé d’exploiter les mines de bauxite qui s’y trouvent en coopération avec une société chinoise qui ne respecte pas les normes écologiques. Ainsi, le Việt Tân sensibilise la population de cette région par l’intermédiaire d’un site Internet et de pétitions.
Comment Hanoi voit-elle aujourd’hui cette opposition ?
39L’organisation ainsi que les autorités vietnamiennes ne semblent pas prêtes à un compromis. Au contraire, ces dernières cherchent à faire disparaître cette opposition qu’elles assimilent à une forme de terrorisme et qui est considérée comme un frein à l’Union nationale.
40Dans un rapport intitulé Recherche sur la psychologie et sur la pensée politique de la communauté vietnamienne à l’étranger. La solution à entreprendre pour la solidarité nationale61, rédigé en 2006, Lê Hưng Quốc, vice-directeur du département consulaire de Hô Chi Minh-ville, indique que, depuis quelque temps, les organisations « réactionnaires » sont sorties de leur silence pour agir au grand jour. Il qualifie néanmoins, à l’instar du discours officiel, les anticommunistes Việt kiều de minoritaires et d’extrémistes. À en croire la presse d’opposition de l’étranger, Hanoi est loin d’être restée passive face au rassemblement des associations qui lui sont hostiles. Ainsi, selon un article de Nguyễn Trọng Việt, membre du Comité du Việt Tân, le gouvernement vietnamien soudoierait des éléments perturbateurs pour semer la zizanie dans les associations antigouvernementales, et des médias à sa botte traiteraient volontairement des sujets propices à semer la discorde62. Le Việt Tân dénonce aussi plusieurs cyberattaques orchestrées à l’encontre de différents sites militants pour la démocratie au Viêt Nam.
41Les moyens d’action de l’opposition ne se limitent pas aux seuls médias. Les militants se rendent au Viêt Nam même pour faire du prosélytisme au sein de la population vietnamienne, au risque de se faire emprisonner, comme cela a été le cas en 2007 : en effet, le 16 novembre, trois membres du groupe Việt Tân sont interpellés à Hô Chi Minh-ville et accusés de propagande contre l’État vietnamien. Il s’agit de Thị Thanh Vân, journaliste française d’origine vietnamienne, correspondante du mensuel Démocratie au Vietnam et de la radio Nouvel Horizon, de Trương Léon, activiste résidant aux États-Unis, et de Lưu Ngọc Bang, militant de nationalité thaïlandaise. Avec l’aide de deux sympathisants vietnamiens, ils auraient tenté de distribuer 7 000 tracts « réactionnaires » indiquant les fréquences d’écoute de la radio Nouvel Horizon et appelant à l’insurrection et à l’adhésion au Việt Tân. Quelque temps plus tard, Nguyễn Quốc Quân, Việt kiều américain et membre du Comité du Việt Tân, est arrêté après s’être introduit au Viêt Nam via le Cambodge sous une fausse identité. Enfin, le 23 novembre, un couple de Việt kiều californiens, soit disant lié au Việt Tân, est arrêté à l’aéroport de Hô Chi Minh-ville en possession, selon la Sûreté vietnamienne, d’une arme à feu63.
42Ces arrestations ont donné lieu à la mobilisation d’associations de défense des droits de l’Homme et à des tensions avec la diplomatie américaine. En effet, Hanoi reprochait à l’ambassadeur des États-Unis au Viêt Nam, Michael Michalak, de ne pas admettre le fait que le Việt Tân soit un groupe terroriste (nhóm khủng bố). La presse vietnamienne l’a critiqué de façon virulente et le journal L’Armée populaire (Quân đội nhân dân) s’est demandé si le « problème Việt Tân pouvait devenir un obstacle dans les relations vietnamo-américaines64 ». Finalement, la diplomatie américaine a calmé le jeu et semble s’être pliée à la version vietnamienne. Quelques jours plus tard, ses deux ressortissants, ainsi que la Française Thị Thanh Vân et le Thaïlandais Lưu Ngọc Bang, ont été libérés et expulsés du territoire vietnamien.
43La RSVN et ses détracteurs se livrent donc à une lutte d’influence en utilisant les mêmes moyens et méthodes : médias, infiltration et recherche de soutiens ou pressions auprès des gouvernements des pays où vivent des Việt kiều. L’impasse dans laquelle se trouvent les deux camps remonte à plusieurs années et trouve son origine dans la guerre civile vietnamienne Nord-Sud. L’historien et économiste Đăng Phong qualifiait il y a dix ans l’opposition au régime de « furoncle » qui empoisonne les relations entre le Viêt Nam et les Việt kiều, et qui empêche ces derniers de s’intégrer dans le pays :
44« Tant qu’on n’enlève pas ce furoncle, le mouvement des Việt kiều aura des difficultés à devenir sain et unifié. Tant que la force des Việt kiều se divise, qu’il existe encore des gens qui attendent leur retour au pays pour “faire chuter le communisme” et prendre le pouvoir, qu’il existe encore des gens qui ne comprennent pas la situation du pays, mais qui veulent éduquer tout le peuple ainsi que la machine étatique, tant qu’il existe encore des Việt kiều qui prennent le mouvement anticommuniste pour un moyen de subsistance, tant qu’il existe encore des gens qui aggravent les difficultés et les blessures du Viêt Nam pour sauver leur abandon… alors 2 millions de Vietnamiens d’outre-mer ne pourront pas devenir une force comme ils veulent et doivent l’être. Dans ce contexte, les patriotes n’ont pas un environnement optimal à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour mettre en œuvre leurs vœux réels : s’intégrer au pays65. »
45Le « furoncle » auquel faisait référence Đặng Phong est encore aujourd’hui bien présent et perturbe la mobilisation des Vietnamiens de l’étranger. La prise de position des nouvelles générations va se révéler déterminante dans la poursuite ou la fin de l’opposition au régime vietnamien. Pour l’instant, les tensions sont encore palpables et le Viêt Nam doit composer ses politiques transnationales avec cette donnée.
Notes de bas de page
13 Il est difficile d’avoir un chiffre précis du nombre de Vietnamiens qui se sont installés durablement à l’étranger. En 2004, le Comité d’État des Vietnamiens de l’étranger estime qu’ils sont environ 3,4 millions. Actuellement, la presse vietnamienne avance des chiffres qui varient entre 3 et 4 millions. En comptabilisant les chiffres avancés sur le site http://vietkieu.vietnamplus.vn/ (conseillé par un responsable du Comité d’État des Vietnamiens de l’étranger), nous obtenons un total d’environ 4,3 millions de personnes. Notons que ce chiffre comprend les travailleurs vietnamiens qui se trouvent en principe temporairement à l’étranger.
14 Voir à ce sujet Christopher E. Gosha, Thailand and the Southeast Asian Networks of the Vietnamese Revolution, 1885-1954, Curzon, Nordic Council of Ministers, 1999, 419 p.
15 Lam Thanh Liem et Jean Maïs, « La diaspora vietnamienne en France : un cas particulier, la région parisienne », op. cit.
16 Voir à ce sujet Andrew Hardy, « Au-delà des vagues : écrire l’histoire des boat people vietnamiens », in Christopher E. Goscha et Benoît de Tréglodé (dir.), Naissance d’un État-Parti. Le Viêt Nam depuis 1945, Paris, Les Indes savantes, 2004, p. 305-322.
17 Statistiques du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, cité par Magalie Barbierie, « Les Vietnamiens de l’étranger », in Patrick Gubry, Population et développement au Vietnam, Paris, Karthala-CEPED, 2000, p. 289.
18 Andrew Hardy, « L’amitié et ses valeurs : esquisse ethnographique des travailleurs vietnamiens dans les pays socialistes d’Europe de l’Est », Revue européenne des migrations internationales, vol. 16, no 1, 2000, p. 235-246.
19 « Le Viêt Nam cherche de nouveaux marchés d’exportation de main-d’œuvre », Agence vietnamienne d’information, 14 septembre 2006.
20 Les Việt kiều de Thaïlande, mais aussi ceux du Cambodge et du Laos contribuaient par une précieuse assistance militaire. Ceux de France apportaient une aide morale et politique en soutenant les diplomates vietnamiens lors des négociations de Paris.
21 « Quyết định số 122-CP Về chính sách đối với người nước ngoài cư trú và làm ăn sinh sống ở Việt Nam » [Décision no 122-CP sur les politiques envers les étrangers qui résident et vivent au Viêt Nam], http://www.thuvienphapluat.vn/archive/Quyet-dinh/Quyet-dinh-122-CP-chinh-sach-nguoi-nuocngoai-cu-tru-va-lam-an-sinh-song-o-Viet-Nam-vb54734t17.aspx
22 Đảng Cộng Sản Việt Nam [Parti communiste du Viêt Nam], « Nghị quyết số 36/NQ-TW ngày 26/03/2004 của bộ chính trị về công tác đối với người Việt Nam ở nước ngoài, Nhà xuất bản chính trị quốc gia » [Directive du Bureau politique no 36-NQ/TW du 26 mars 2004 relative à la mission à accomplir auprès des Vietnamiens de l’étranger], op. cit.
23 Võ Văn Kiệt (1922-2008), originaire du Sud et ancien membre du Việt Minh, a été avec Nguyễn Văn Linh le fer de lance de la politique du Renouveau. Il a grandement contribué à la restauration de l’économie et au rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis.
24 Hoàng Ngọc Hợp, « Cựu thủ tướng Võ Văn Kiệt và vấn đề Kiều bào » [L’ex-Premier ministre Võ Văn Kiệt et la question des Kiều bào], in Nhiều Tác già, Ủy ban về người Việt Nam ở nước ngoài [Ouvrage collectif, Comité des Vietnamiens de l’étranger], Kiều bào và quê hương [Les Kiều bào et le pays natal], Hô Chi Minh-ville, Nxb Trẻ, 2006, p. 723-724.
25 Hoàng Bích Sơn (1924-2000) était alors président du Comité central des Việt kiều, membre du Comité central du Parti et responsable de la section des Affaires étrangères (1986-1991).
26 « Tại đại hội lần thứ, Cộng đồng người Việt Nam ở nước ngoài là một phần của dân tộc Việt Nam, Trích tham luận của đồng chí Hoàng Bích Sơn đại biều đảng bộ khối đối ngoại » [« VIe Congrès, la communauté vietnamienne de l’étranger est une partie intégrante du peuple vietnamien », extrait du discours du camarade Hoàng Bích Sơn, représentant de la section des Relations internationales du Parti], Nhân dân, no 11856, 23 décembre 1986.
27 Deux rencontres ont lieu les 21 et 24 juin 1989 à l’ambassade du Viêt Nam à Paris au cours desquelles le ministre des Affaires étrangères, Nguyễn Cơ Thạch, rencontre notamment la délégation, venue des États-Unis, du « Mouvement pour apporter la démocratie et la prospérité au Viêt Nam » dirigé par Nguyễn Huy Lơi, ancien colonel du Sud-Viêt Nam (voir Georges Boudarel, « La diaspora vietnamienne et les perspectives de réconciliation nationale », Vietnam Review, no 1, automne-hiver 1996, p. 349).
28 « Nghị Định của chính phủ số 74-CP ngày 30/07/1994 về nhiệm vụ, quyền hạn và tổ chức bộ máy của Ủy ban về người Việt Nam ở nước ngoài » [Décret gouvernemental no 74-CP daté du 30 juillet 1994 sur la mission, le pouvoir et l’organisation du système du Comité des Vietnamiens de l’étranger], http://www.thuvienphapluat.vn/archive/Nghi-dinh/Nghi-dinh-74-CP-nhiem-vu-va-quyen-han-va-tochuc-bo-may-cua-Uy-ban-ve-nguoi-Viet-Nam-o-nuoc-ngoai-vb38833t11.aspx
29 Parti communiste du Viêt Nam, « Directive du Bureau politique relative à la mission à accomplir auprès des Vietnamiens de l’étranger » (version française), VIET NAM infos, no 28, 15 janvier 2005.
30 Le Comité a aussi été présidé pendant quatorze ans par le Premier ministre Nguyễn Khang. Ancien ambassadeur en Chine (1957-1959) et membre de la Commission du Comité central du Parti à partir de 1951, il cumulait encore bien d’autres postes, notamment au ministère du Travail et au Front de la Patrie. De toute évidence, la gestion du Comité central des Việt kiều reflétait l’extrême centralisation du pouvoir au sein de la RDVN. L’état d’urgence occasionné par la guerre expliquait cette situation.
31 « Bốn mươi năm từ Ban Việt kiều trung ương đến Ủy Ban về người Việt Nam ở nước ngòai » [Quarante ans du Comité central des Việt kiều au Comité des Vietnamiens de l’étranger], Tập Chí Quê Hương, no 12, 1999, p. 21-22.
32 Boudarel Georges, « La diaspora et les exilés vietnamiens », Relations internationales, no 54, 1988, p. 232-234.
33 « Nghị Định của chính phủ số 74-CP ngày 30/07/1994 về nhiệm vụ, quyền hạn và tổ chức bộ máy của Ủy Ban về người Việt Nam ở nước ngoài » [Décret gouvernemental no 74-CP daté du 30 juillet 1994 sur la mission, le pouvoir et l’organisation du système du Comité des Vietnamiens de l’étranger].
34 Đảng Cộng Sản Việt Nam [Parti communiste du Viêt Nam], « Nghị quyết số 36/NQ-TW ngày 26/03/2004 của bộ chính trị về công tác đối với người Việt Nam ở nước ngoài, Nhà xuất bản chính trị quốc gia » [Directive du Bureau politique no 36-NQ/TW datée du 26 mars 2004 relative à la mission à accomplir auprès des Vietnamiens de l’étranger], op. cit., partie I, « Situation actuelle et action récente vis-à-vis des Vietnamiens de l’étranger ».
35 Cao Xuân Thấn, « Chức năng, nhiệm vụ của Ủy Ban Nhà nước về người Việt Nam ở nước ngòai trong tình hình mới » [Fonctions et missions du CEVE dans la situation nouvelle], Tập Chí Quê Hương, no 11, 2008, p. 24-25.
36 Créé au début des années 1990, l’hôtel Quê Hương, situé près du CEVE, accueille les Vietnamiens de l’étranger de passage dans leur pays d’origine.
37 « Ban liên lạc Việt kiều thừ tháng 6/1978 đến 6/1981 » [Le Comité de relation avec les Việt kiều de juin 1978 à juin 1981], site officiel du Comité, http://www.ubvk.hochiminhcity.gov.vn (consulté le 21 janvier 2011).
38 Après la victoire nord-vietnamienne, les élites expatriées avaient été invitées à rejoindre le pays pour le servir. Cependant, nombre d’entre elles se sont exilées une seconde fois en raison des discriminations et des contrôles inopinés qu’elles subissaient.
39 À cette occasion, le mot « relation » est supprimé de l’intitulé du Comité qui se nomme désormais Comité des Việt kiều.
40 « Ban Việt kiều T. P. Hồ Chí Minh thừ tháng 6/1981 đến 12/1994 » [Le Comité des Việt kiều de Hô Chi Minh-ville de juin 1981 à juin 1994], http://www.ubvk.hochiminhcity.gov.vn
41 « Ủy Ban người Việt Nam ở nước ngòai T. P. Hồ Chí Minh từ tháng 12/1994 đến nay » [Le Comité des Vietnamiens de l’étranger de Hô Chi Minh-ville de décembre 1994 à aujourd’hui], http://www.ubvk.hochiminhcity.gov.vn
42 « Thành lập Ủy Ban về người Việt Nam ở nước ngoài Thành Phố Hồ Chí Minh thay thế Ban Việt kiều T. P. Hồ Chí Minh » [Fondation du Comité des Vietnamiens de l’étranger de Hô Chi Minh-ville en remplacement du Comité des Việt kiều de Hô Chi Minh-ville], Tập Chí Quê Hương, no 1, 1995, p. 16.
43 Bùi Công Hùng, « Mở rộng và đaẩy mạnh thong tin văn hoá đối với cộng đồng người Việt Nam ở nước ngoài » [Élargir et renforcer la communication des informations culturelles auprès des Vietnamiens de l’étranger], Tập Chí Quê Hương, no 10, 1996, p. 6.
44 Vendue 6 000 đồng au Viêt Nam, la revue est également disponible sur Internet à l’adresse suivante : http://quehuongonline.vn
45 Cette initiative se renforce par la promulgation de la décision du Premier ministre no 281/QĐ-TTg datée du 22 mars 2004 concernant la ratification du projet de supporter l’enseignement et l’apprentissage de la langue vietnamienne auprès des Vietnamiens de l’étranger (« Quyết định của Thủ tướng Chính phủ số 281/QĐ-TTg ngày 22 tháng 3 năm 2004 về việc phê duyệt Đề án Hỗ trợ việc dạy và học tiếng Việt cho người Việt Nam ở nước ngoài »).
46 Bùi Công Hùng, « Mở rộng và đẩy mạnh thong tin văn hoá đối với cộng đồng người Việt Nam ở nước ngoài » [Élargir et renforcer la communication des informations culturelles auprès de Vietnamiens de l’étranger], op. cit.
47 Linh Huong, « Việt kiều : un fond d’assistance et une chaîne de télé pour un meilleur rapprochement », Le Courrier du Viêt Nam, 6 juin 2004.
48 Lê Quốc Hùng, « Greetings from the Consul General », site officiel du consulat vietnamien à San Francisco, http://www.vietnamconsulate-sf.org (consulté le 15 décembre 2010).
49 « Un Consulat général du Viêt Nam à Houston », Agence vietnamienne d’information, 29 mars 2010.
50 Lê Quốc Hùng, « Greetings from the Consul General », op. cit.
51 Quân đội Nhân dân, 12 juillet 2010.
52 Tuổi Trẻ, 22 juillet 2007.
53 Sài Gòn Giải Phòng, 26 juin 2007, p. 8.
54 Tuan Viêt, « Việt Tân ou un groupuscule d’extrémistes exilés », Le Courrier du Viêt Nam, 8 avril 2007.
55 Site officiel du Việt Tân.
56 Lý Thái Hùng, Đông Âu tại Việt Nam, Sacramento, Nxb Vietnews, 2006, 608 p. Selon le site Việt Tân, cet ouvrage analyse la chute du communisme en Europe de l’Est et les leçons applicables au Viêt Nam.
57 Le Comité comprend aussi des membres au Viêt Nam. Le site ne fait pas mention de leur nom, de leur nombre ni de leurs activités pour des raisons évidentes.
58 Site officiel du Việt Tân.
59 Site officiel du Việt Tân, rubrique « Les campagnes actuelles ».
60 Sous le pseudonyme « Điếu Cày », Nguyễn Văn Hải avait ouvert un blog de discussion sur Yahoo ! 360 ° qui abordait des sujets comme la corruption et la liberté d’expression au Viêt Nam. Il créa par la suite le site Internet du « Club des journalistes libres » (Câu Lạc Bộ Nhà Báo Tự Do) pour être finalement condamné en février 2008 à trente mois d’emprisonnement sous prétexte d’évasion fiscale. Après une perquisition à son domicile, sa peine fut prolongée pour « propagande contre l’État socialiste ». Il est toujours en prison à l’heure actuelle. Duy Hoang, « Viêt Nam – Libérez le blogueur Điếu Cày », http://fr.globalvoicesonline.org/2010/11/02/48154/
61 Lê Hưng Quốc, Bộ ngoại giao, sở ngoại vụ T. P. Hồ Chí Minh [Ministère des Affaires étrangères, département des Affaires extérieures de Hô Chi Minh-ville], Đề tài nghiên cứu khoa học : Nghiên cứu tâm lý và tư tưởng chính trị của cộng đồng người việt nam ở nước ngoài. Giải Pháp thực hiện đại đoàn kết dân tộc [Sujet de recherche scientifique : Recherche sur la psychologie et sur la pensée politique de la communauté vietnamienne à l’étranger. La solution à entreprendre pour la solidarité nationale], Hô Chi Minh-ville, Nxb Thành Phố, 2006, 126 p.
62 Nguyễn Trọng Việt, « Tentative de prise de contrôle des médias par Hanoi pour diviser la communauté vietnamienne d’outre-mer », Vietnam démocratie, février 2000, sur le site Internet Alliance Vietnam liberté, http://www.lmvntd.org/avl/ (consultéle20mars2008).
63 Trần Quang, « Vợ chồng Lê Văn Phan thừa nhận súng là của Việt Tân » [Le couple Lê Văn Phan reconnaît que le pistolet appartient au Việt Tân], Lao Động, no 286/207, 8 décembre 2007, p. 7. La version vietnamienne concernant cette affaire est critiquée par les opposants des communautés qui accusent les autorités d’avoir glissé une arme dans les bagages de ces deux touristes innocents afin de noircir l’image du Việt Tân et de l’assimiler au terrorisme. Selon eux, il est très bizarre que ces deux touristes aient été relâchés peu après sans avoir été poursuivis ni expulsés du territoire.
64 Linh Thu, « Có nên để “vấn đề Việt Tân” trở thành vật cản trong quan hệ Việt-Mỹ ? » [Le « problème Việt Tân », un obstacle dans les relations vietnamo-américaines ?], Quân đội nhân dân, no 16756, 14 décembre 2007, p. 8.
65 Đặng Phong, Việt kiều và sự nhập cuộc với kinh tế Việt Nam [Les Việt kiều dans l’intégration économique du Viêt Nam], non publié, 2000, p. 38.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Malaisie - Chine : une « précieuse » relation
David Delfolie, Nathalie Fau et Elsa Lafaye de Micheaux
2016
L'Or Blanc
Petits et grands planteurs face au « boom » de l’hévéaculture (Viêt Nam-Cambodge)
Frédéric Fortunel et Christophe Gironde (dir.)
2014
Le Soft power sud-coréen en Asie du Sud-Est
Une théologie de la prospérité en action
Hui-yeon Kim
2014
Investigating the Grey Areas of the Chinese Communities in Southeast Asia
Proceedings of the Symposium organised by IRASEC at the Hotel Sofitel Silom (Bangkok) on January 2005, 6th and 7th
Arnaud Leveau (dir.)
2007
State and Media in Thailand During Political Transition
Proceedings of the Symposium organized by the French Embassy, the German Embassy, the National Press Council of Thailand and Irasec at the Thai Journalist Association Building on May 2007, 23rd
Chavarong Limpattamapanee et Arnaud Leveau (dir.)
2007
Mekong-Ganga Cooperation Initiative
Analysis and Assessment of India’s Engagement with Greater Mekong Sub-region
Swaran Singh
2007