Brunei
Entre disgrâces royales et séductions impériales
Between end of crisis and societal transitions
p. 144-165
Résumé
The turbulence of the world has spared, as usual, the Bruneian micro-state that its government strives to preserve from the major international medias, despite some unprecedented upheavals at the Palace and the start of societal reforms such as a mandatory minimum wage. The precarious recovery of the sultanate's economic growth depends more and more on Chinese investment in downstream industries and infrastructures. Brunei nevertheless manages to remain on the razor's edge of a diplomacy of balance in an international context more and more unstable as illustrated by its position on the Ukraine’s and Gaza’s wars.
Entrées d’index
Mots-clés : disgrâce, palais, salaire minimum, investissements chinois, politique étrangère
Keywords : disgrace, palace, minimum wage, Chinese investments, foreign policy
Texte intégral
1Les turbulences du monde ont épargné, comme le plus souvent, le micro-État brunéien que son gouvernement s’efforce de préserver de la grande presse internationale, en dépit de quelques soubresauts internes au palais et d’une amorce de réformes sociétales. Et si la fragile reprise de la croissance économique du sultanat dépend de plus en plus de l’investissement chinois, le Brunei n’en réussit pas moins à se maintenir sur le fil du rasoir d’une diplomatie d’équilibre dans un contexte international de plus en plus instable.
Coups de torchon au Palais et avancées sociétales
2Le Sultan Premier-ministre a réorganisé son cabinet (Prime Minister Office, PMO) à deux reprises. En février 2023, le poste de vice-ministre de la Défense où Dato Abdul Razak Abd Kadir avait été nommé huit mois plus tôt, a été supprimé, Pehin1 Halbi Mohd Yussof redevenant ministre-en-second de la Défense2 tout en restant ministre au cabinet du PM. En octobre, Dato Matsatejo Sokiaw, vice-ministre de l’Énergie et directeur-général de PetroBrunei a été remplacé par Mohammad Azmi Mohd Hanifah, directeur-général adjoint de Brunei Shell. Si Masasetjo paie à l’évidence les difficultés de maintenance des plateformes offshore qui ont entravé la production, l’on ignore encore les motifs du renvoi d’Abdul Razak.
3Pour les Bruneiens, ces limogeages, relativement fréquents, ne constituent pas un fait majeur. L’habituelle langueur gorgée d’eau du sultanat fait en revanche place à la stupéfaction avec l’annonce par la télévision nationale le 24 août que Pehin Nawawi Taha3, chef de Cabinet et secrétaire particulier du Sultan depuis trente ans – après avoir été celui de son père, le Begawan Omar Ali Saiffuddin III jusqu’en 1986 – était non seulement privé de ses fonctions, mais de tous ses honneurs et dignités, à commencer par celles de Pehin et de membre du Conseil Suprême du MIB (Melayu Islam Beraja, l’idéologie d’État). L’écran affiche sur fond bleu le froid rescrit gouvernemental (titah perintah) mentionnant que la décision a été prise après consultation du Majlis Masyarakat Adat-Istiadat (Conseil coutumier), sans autre forme de procès. Nulle explication n’est donnée à la presse. Le caractère ostentatoire de cette disgrâce interpelle d’autant plus que la mesure reste d’exception au Brunei. Lorsque Pengiran4 Ismail Damit5, ministre du Développement de 1986 à 2001, a été condamné en 2009 à sept ans de prison pour corruption après quatre années de procédure6, il a conservé sa titulature de Pengiran Indera Wijaya le plaçant parmi les cheteria 327, soit au dernier rang des dignitaires d’ascendance princière titrés cheteria8. Et il est réapparu dans les cérémonies officielles de la Cour une fois sa peine purgée. À en juger par les propos échangés en brunglish9 sur le très précau-tionneux blog reddit.com/rBrunei, Pehin Nawawi10 n’était déjà plus joignable par les canaux officiels depuis le début du mois d’août. Si son grand âge (près de 90 ans) aurait suffi à justifier son renvoi, rien n’explique le fait que sa dégradation – une perte de face considérable en contexte sud-est asiatique – n’ait été accompagnée d’aucune mise en examen. L’absence de toute instruction par une instance judiciaire laisse entendre que les faits qui lui sont reprochés demeurent difficilement qualifiables devant des tribunaux requérant des preuves formelles. Certes, Nawawi et sa famille, qui possèdent (entre autres) l’Annajat Complex et le Wafa Hotel à Gadong (jouxtant la capitale), sont très prospères. Mais la corruption classique voire le simple trafic d’influence auraient fini par laisser des traces matérielles bien plus conséquentes au bout d’un demi-siècle de carrière palatine et ne paraissent donc guère plausibles. Restent deux hypothèses qui traînent dans d’obscures officines animées par des netizens en mal de ragots, qui méritent d’être mentionnées par défaut : la diffusion d’informations confidentielles dans un pays qui pratique d’autant plus la culture du secret que l’on se rapproche de la royauté ; plus gravement encore, le recours au sihir (magie noire). Les pratiques traditionnelles du monde malais11 visant à établir la communication avec les esprits et l’au-delà à des fins protectrices – ou destructrices comme le sihir – sont en effet fortement sanctionnées par le code pénal islamique brunéien (section 16) depuis son entrée en vigueur en 201412, tout comme la vénération des kramat (tombes ou autres lieux dotés de « puissance »), car on ne peut rendre de culte qu’à Allah. Le sultanat fait ainsi la chasse aux bomoh13 – à l’exception de ceux qui ont réussi à se faire labelliser « islamique » et se font dès lors le plus souvent qualifier d’orang pandai14 (« homme de savoir ») – tout en tolérant leur savoir-faire de guérisseur dans les villages où aucune autre médecine n’est disponible.
4L’autre événement défrayant la chronique – au demeurant de l’ordre du fait divers – est la vente frauduleuse de farine de blé (montant : 25 780 $ B, soit environ 17 800 €) par le groupe Bolhassan, fournisseur du Hyatt Borneo Management Service (HBMS), en charge du palais Nurul Iman où résident le Sultan et certains de ses enfants. Suite à la pandémie, le HBMS avait annulé en 2020 l’essentiel de sa commande alors que Bolhassan en avait déjà été livré. HBSM découvrait ensuite mi-2022 que la farine envoyée aux cuisines du Palais entre février 2021 et mars 2022 était périmée. Certes, les quelque 110 000 personnes venues saluer la famille royale lors des trois journées d’accueil du public – assorties d’un copieux buffet et d’un petit sac de présents alimentaires –15 ouvrant les festivités d’Hari Raya16 en 2021 (13-16 mai), ainsi que les milliers d’invités conviés aux noces de la Princesse Fadzilah en janvier 2022, n’ont subi aucun préjudice sanitaire. La fraude n’en restant pas moins de taille, le directeur-général de Bolhassan, Sam Ying Kok, le chef-pâtisser du Palais Ishak bin Rahmat17 et le responsable logistique de HBMS Abdul Sani, tous trois malaisiens, ont été inculpés en mars 2023 avec 45 chefs d’accusation18. Pour autant, le mandat de gestion du palais du groupe Hyatt n’a pas été remis en question et sa direction demeure en poste, une mansuétude caractéristique du sultanat19.
5Ce tohu-bohu médiatique interne ne doit toutefois pas masquer les réelles évolutions sociétales à l’œuvre dans le sultanat.
6Les premières sont relatives à l’emploi. Depuis juillet 2023, un salaire minimum est imposé au secteur privé – les rémunérations du secteur public étant sensiblement plus élevées – qui concerne l’ensemble des salariés, nationaux ou étrangers, à temps partiel comme à temps plein. Sa mise en œuvre s’effectuera en deux temps : d’abord le secteur financier et les technologies de l’information ; ensuite les autres secteurs. Le taux horaire le plus bas est à ce jour de 2,62 $ B (soit 1,79 €, la durée légale du travail étant limitée à 44 heures par semaine20), correspondant à un salaire mensuel de 500 $ B (342,46 €). Les entreprises bénéficient d’un délai de six mois pour mettre à jour leurs contrats de travail, les contrevenants pouvant être sanctionnés par une amende et jusqu’à un an de prison21. Parallèlement, le gouvernement a modifié le régime des retraites (NRS), auquel employeurs et salariés contribuent à égalité (8,5 % chacun). La cotisation salariale alimente un compte épargne dont le salarié peut retirer 30 % à trois reprises (à 45, 50 et 55 ans) pour financer l’acquisition et la rénovation de son logement. La part patronale alimente une caisse versant une pension mensuelle d’au moins 250 $ B (171,23 €) pour les rémunérations les plus basses22, étant entendu que l’anachronique plafond de 80 ans au-delà duquel les retraites n’étaient plus versées a été supprimé au vu de l’allongement de l’espérance de vie à la naissance sur les deux dernières décennies (76,4 ans en 202223).
7Conformément au 15e objectif du programme de développement durable des Nations unies et à mi-parcours de son échéance de 2030, le positionnement des femmes dans la société brunéienne suscite également l’attention des autorités. Le ministre de la Culture, la Jeunesse et les Sports (MCYS), Dato Seri Setia Hj. Azmi Mohamad avait confié en 2022 au Centre for Strategic and Policy Studies (CSPS, le think-tank du sultanat) la réalisation d’une étude sur la condition féminine24. S’il en ressort, comme dans beaucoup de pays, la sous-représentation des femmes dans les sciences dites dures (en y incluant la technologie, l’ingénierie et les mathématiques), le Brunei n’en présente pas moins une forte proportion de femmes dans l’administration25 (plus de 50 % des « perm-sec »26) et arrive en tête des pays de l’ASEAN pour le pourcentage de femmes occupant des positions de direction. Des cinq nouveaux ambassadeurs nommés par le Sultan en 2023, trois sont des femmes (Oman, Philippines et Indonésie). Il reste que le sultanat ne compte qu’une femme ministre (Datin Dr. Hj. Rozaimah Hj. Mohd Salleh27) et 9 % de femmes au Conseil législatif28 (Legco)29. Le pourcentage de femmes en âge de travailler exerçant un emploi effectif au Brunei (soit le « taux de participation »), qui était de 55,1 % en 2019, à la veille de la pandémie, a chuté à 52,8 % en 2022. Pour les hommes, il est passé de 72,6 % en 2019 à 71,5 % en 2022, les hommes restant ainsi moitié plus employés que les femmes, avec cette précision que le taux de participation de l’ensemble de la population active demeure inférieur à la moyenne de l’ASEAN. Le harcèlement persiste à l’occasion dans l’espace public et le monde professionnel. Enfin, on attend toujours la publication du plan national d’action en faveur des femmes (annoncée en mars 2023), qui fait à l’évidence l’objet d’une minutieuse élaboration.
Une reprise pérenne de la croissance économique ?
8Pour la première fois depuis quatre ans, l’année fiscale 2022-2330 s’est clôturée par un surplus budgétaire de 295 millions $ B (202 millions $ US) qu’explique l’augmentation de 36 % des recettes pétro-gazières (87 % des revenus de l’État en 2022-23), elle-même induite par une hausse de 58 % des prix du gaz à l’export et de 49 % de ceux du pétrole en 202231. La hausse du prix des hydrocarbures a généré en 2022 un excédent commercial de 5 milliards $ US et un excédent de la balance des paiements courants de 3,2 milliards $ US.
9Il reste toutefois difficile de parler de reprise de la croissance, car le PIB s’est contracté de -1,6 % en 2022 en raison de la diminution de -7,3 % (en volume) de la production d’hydrocarbures due à des opérations de maintenance, partiellement compensée par le développement des industries d’aval (+4,3 %), pétrochimie, méthanol et engrais (urée)32. Au premier trimestre 2023, la réduction des exportations d’hydrocarbures et de leurs dérivés (en volume et en valeur) a fait baisser les exportations brunéiennes de -12,4 %, ce qui donnerait -50 % en base annuelle33. Et vu la morosité du contexte international, l’année fiscale 2023-2024 devrait de nouveau être déficitaire sur le plan budgétaire d’au moins 1,3 % du PIB34, voire bien davantage en cas d’une chute brutale du prix des hydrocarbures conjuguée ou non à une nouvelle baisse de la production35. Pendant la décennie 2012-2022, les recettes fiscales trimestrielles ont été en moyenne comprises entre 0,36 et 2,7 milliards $ US quand les dépenses oscillaient entre 1 et 1,3 milliard $ US : pour régulariser l’exercice budgétaire, le Brunei aurait besoin de réformer son système d’imposition, notamment en introduisant une TVA, qui permettrait de réduire sa dépendance fiscale aux hydrocarbures36. À elle seule, la pétrochimie représente près de 90 % de la production de l’ensemble des industries d’aval ; les deux autres secteurs dépendent directement des approvisionnements pétro-gaziers. Les services n’assurent que 32,5 % du PIB en 2022, et encore faudrait-il en déduire les 9,7 % correspondant à l’administration. L’orthopraxie religieuse faisant foi, le sultanat est virtuellement absent du dynamique marché touristique régional, suite à l’interdiction de vente d’alcool sur son territoire – tout au plus les étrangers non-musulmans sont-ils autorisés à introduire deux bouteilles d’alcool ou six de bière37 –, de la fermeture obligée des restaurants le vendredi midi38, y compris dans les hôtels, de l’absence de plage en dehors des quelques dizaines de mètres longeant l’Empire Hotel, de cinémas, de boîtes de nuit et de théâtres. Il n’y a guère que quelques agences chinoises (22 % des entrées en 2019, le tourisme chinois devant reprendre fin 2023) pour inscrire le Brunei à leurs programmes de découverte de l’Asie du Sud-Est. Le chômage des jeunes (15-24 ans recherchant activement un emploi) demeure très élevé, près de 24 % en 2022. Point de salut, donc, pour le sultanat en dehors des énergies fossiles…
Heureusement il y a la Chine
10Depuis la création du Brunei-Guangxi Economic Corridor en 201439, un an après le lancement de la BRI, ce qui prouve l’importance stratégique du confetti brunéien aux yeux de Pékin, la Chine est devenue le premier partenaire du sultanat en matière de développement des infrastructures et des industries d’aval. En 2017, la Beibu Gulf Holding et Darussalam Assets créent la Muara Port Company, en charge de la construction d’un port en eau profonde et de la rénovation du terminal de containers. Six ans plus tard (juillet 2023) est inaugurée la ligne de containers reliant le port de Muara à celui de Beibu au Guangxi. Muara a pour objectif d’être le principal terminal portuaire de l’EAGA-BIMP, l’East ASEAN Growth Area regroupant Brunei, l’Indonésie orientale (Kalimantan, Sulawesi, Maluku et Papua), la Malaisie (Sarawak, Sabah et Labuan), et le sud des Philippines (Sulu, Palawan et Mindanao). Côté chinois, Beibu est (comme plusieurs autres ports) relié par voie ferrée et autoroutière à Chongqing (près de 10 millions d’habitants, située au Sichuan) dans le cadre du corridor visant à désenclaver la mégapole (l’International Land-Sea Trade Corridor, ILSTC40, qui se prolonge jusqu’à Singapour) lancé en 2015.
11La connectivité s’effectuant également par voie aérienne, la jeune compagnie aérienne GallopAir, filiale du Shaanxi Tianju Group41, vient d’annoncer son implantation dans le sultanat. Crée en 2016, GallopAir a d’abord commencé par développer des liaisons sur de petits avions au Xinjiang, puis a ouvert une filiale à Singapour, d’où elle a 95 % de son investissement au Brunei. Son objectif est de s’imposer sur la desserte aérienne de l’EAGA, doublant ainsi par les airs le terminal portuaire de Muara ; à cette fin, elle prévoit d’acquérir 15 avions C919 (168 à 190 places) et 15 ARJ21 (70 à 80 places) auprès de la Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC)42, pour un montant de 2 milliards $ US : pour la première fois depuis leur entrée en production, ces avions seront utilisés en dehors du territoire chinois – sous réserve d’agrément des autorités aériennes du Brunei. Au vu du profil du PDG de Shaanxi Tianju, Yang Qiang43, visiblement très proche du pouvoir chinois, le projet ne semble évidemment pas dénué d’ambition géopolitique.
12Le 20 juillet 2023, la Chine a pris les devants en exemptant de visas les ressortissants de Brunei et de Singapour effectuant de courts séjours (15 jours maximum), mais pas les Japonais, qui bénéficiaient pourtant de la même faveur avant la pandémie.
13Autre renforcement attendu de la présence chinoise, l’entrée dans une deuxième phase (accord signé le 8 novembre) du complexe pétrochimique de Pulau Muara Besar (Hengyi Industries), avec le démarrage de travaux préliminaires de dragage et de préparation des sols. D’un montant prévisionnel de 9 milliards $ US (contre 3,45 milliards $ US pour la première phase, financée à hauteur de 30 % par Damai Holdings44), l’extension du complexe fera passer la capacité de raffinage du Brunei de 160 000 à 280 000 barils/jour à échéance de 2027 ou 2028 et comprendra également trois autres unités de production : paraxylène, éthylène et acide téréphtalique purifié (ATP). Ce sont des sociétés de construction chinoises qui réalisent tous les chantiers d’infrastructures portuaires ou industrielles à capitaux sino-hongkongais, dont la main-d’œuvre vient de Chine et réside dans les « bases-vie »45 totalement coupées de la population brunéienne. En bon connaisseur du terrain, Hengy Industries a toutefois recruté la nièce de la Reine Saleha, Pengiran Yura Masraniwaty, comme directrice de la communication.
14Les hydrocarbures et les industries d’aval représentant près de 80 % des IDE cumulés dans le sultanat, la Chine est devenue le premier investisseur étranger au Brunei, pour l’essentiel via ses filiales de Hong Kong (2,2 milliards $ US d’IDE cumulés fin 2022, soit sensiblement plus que les 1,94 milliard $ US du Royaume-Uni, son deuxième investisseur46). Les firmes de RPC détiennent en sus une partie des 760 millions $ US d’IDE cumulés dont la source n’est pas précisée dans les statistiques brunéiennes. Créée en décembre 2018, l’association Brunei-OBOR47 – présidée par Jackson Ting48, le PDG de D’Sunlit (spécialisée dans la publicité et l’événementiel) – sert de caisse de résonance pour relayer l’Ambassade de Chine auprès des décideurs.
15Pour alimenter son parc industriel, et malgré le contexte prévalant au plan mondial de remise en cause de l’utilisation des énergies fossiles, le Département de l’Énergie prévoit donc de porter sa production d’hydrocarbures à 350 000 barils d’équivalent pétrole (b.é.p.)/jour (soit 50 000 de plus qu’en 2023), ce qui implique d’accroître l’exploitation des réserves en eau profonde et d’intensifier la recherche de nouveaux gisements.
Hydrocarbures vs développement durable
16De tels développements n’empêchent pas le Brunei de mettre en œuvre les objectifs du développement durable de l’agenda 2030 tels qu’ils ont été définis en 2015. Le paradoxe n’est qu’apparent : tant qu’il y aura de la demande pour des hydrocarbures au plan mondial et qu’il disposera de réserves exploitables, le Brunei continuera d’en exporter, ce qui ne l’empêche pas de diversifier son propre approvisionnement énergétique et de promouvoir les bonnes pratiques environnementales chez ses industries d’aval. Il a pour ambition la production de 200 MW en photovoltaïque en 202549, contre 6 MW en mars 2023. Brunei Shell Petroleum a déjà installé une première centrale solaire de 3,3 MW en 2021 ; une autre de 30 MW est en construction à Sungai Akar et plusieurs nouveaux sites d’implantation sont à l’étude. D’autres opérateurs du secteur comme Total s’intéressent également au solaire. Parmi les technologies envisagées, des panneaux flottants qui pourraient produire jusqu’à 1 730 MW50. En mars 2022, le Département de l’Énergie a publié un premier manuel encourageant les particuliers et les PME à utiliser des panneaux solaires. L’objectif du Brunei est qu’en 203551 les énergies renouvelables assurent 30 % de sa consommation énergétique. Brunei a mis en œuvre une réduction progressive de ses émissions de gaz à effet de serre (qui doivent avoir diminué de 20 % en 2030), et s’est engagé à ce que sa balance carbone tombe à zéro en 2050. Parallèlement, le gouvernement a réceptionné en septembre 2023 l’étude commandée à l’ERIA sur le potentiel brunéien de production d’hydrogène52 – une énergie alternative dont la combustion ne dégage aucun gaz à effet de serre. Générée par électrolyse de l’eau, la production d’hydrogène peut être soit « verte » (utilisant des énergies renouvelables), soit « bleue » (alimentée par des centrales thermiques), mais son prix de revient est pour l’heure largement supérieur à celui des hydrocarbures. Réalisée par des Japonais, qui maîtrisent la technologie, l’étude montre qu’en dépit d’une situation maritime favorable, le sultanat ne dispose pas des ressources lui permettant de produire de l’hydrogène vert, mais pourrait envisager de se lancer dans l’hydrogène bleu, grâce à ses réserves d’énergies fossiles : au Brunei, l’hydrogène ne peut constituer qu’une « industrie d’aval » de plus. Le Brunei est par ailleurs engagé dans le maintien de sa couverture forestière à 72 % du territoire (380 000 hectares), notamment dans le cadre du programme de préservation Heart of Borneo (HoB), lancé en 2007 à l’initiative du WWF : il n’a guère besoin d’exporter des grumes pour se procurer des devises. Il envisage de surcroît de faire passer les réserves de 41 % à 55 % des zones boisées.
Une diplomatie bien tempérée
17Malgré la dégradation de l’environnement politique régional et international, le micro-État brunéien maintient une diplomatie habile visant à préserver les équilibres régionaux et à conforter son image de pays islamique moderne et pondéré.
18L’une des attestations du sérieux de l’engagement du Brunei en matière environnementale est qu’il accueillera le Centre de recherche de l’ASEAN sur le changement climatique, dégageant à cette fin un financement de 1,4 million $ US (réparti sur deux ans). Au sein de l’ASEAN, il soutient explicitement l’entrée de Timor-Leste, notamment en accueillant une première visite d’État de son Président, José Ramos-Horta, le 6 novembre 202353, accompagnée d’un accord sur le recrutement de travailleurs timorais. Lors de la dernière réunion annuelle des chefs de l’exécutif malaisien et brunéien (Putrajaya, 3 août 2023)54, le P.M. Anwar Ibrahim et le Sultan Hassanal Bolkiah ont dressé le bilan de l’avancement de la démarcation conjointe de la frontière terrestre entre les deux pays (529 km), pour l’heure réalisée à hauteur d’un quart et qui devrait être achevée en 2034. Le délai illustre, certes, les difficultés d’un terrain majoritairement montagneux (jusqu’à 1 800 m à Temburong) et couvert de jungle, mais également l’absence de caractère d’urgence de l’opération reflétant l’irénisme présent des relations de voisinage. Sont également prévues l’ouverture prochaine d’un Office du Tourisme du Sarawak à Brunei, et à terme l’intégration du sultanat dans le projet d’autoroute desservant la côte nord-ouest de Bornéo, dont le pont de Temburong pourrait constituer les prémisses. Les deux États ont parallèlement engagé une coopération en matière de défense qui se traduit par des entraînements et des exercices en commun et une participation conjointe à l’UNIFIL déployée au Liban55.
19Le coup d’État du 1er février 2021 au Myanmar avait rendu la présidence de l’ASEAN très difficile pour le Brunei, qui avait œuvré pour un « consensus en cinq points » (5PC) : 1°) l’arrêt des violences ; 2°) l’acceptation de l’aide humanitaire ; 3°) l’ouverture d’un dialogue ; 4°) la nomination par l’ASEAN, et 5°) la venue au Myanmar d’un émissaire, lequel avait dû annuler son voyage en octobre 2021 faute de pouvoir rencontrer la NLD. La situation s’étant considérablement aggravée depuis, avec l’efflorescence des groupes armés et le basculement dans la guerre civile, le ministre des Affaires étrangères de Thaïlande – 1 800 km de frontière avec le Myanmar et près de 5 millions de ses ressortissants sur son sol56 – a organisé depuis décembre 2022 trois séries d’entretiens informels, d’abord avec ses homologues birman, cambodgien et laotien et le vice-ministre des Affaires étrangères du Vietnam, puis en y adjoignant ceux de la Chine, du Japon, du Bangladesh et de l’Inde. Si pour la Malaisie, Singapour et l’Indonésie le 5PC fait figure d’ultimatum, ce n’est pas le cas du Brunei qui demeure un peu plus favorable à l’engagement des dirigeants de Nay Pyi Taw. Les uns et les autres ont néanmoins régulièrement soutenu l’exclusion des représentants de la junte des deux sommets annuels de l’ASEAN au profit d’un représentant neutre « non-politique »57 – ce que Nay Pyi Taw a refusé –, et en novembre 2023 le remplacement de la présidence de l’ASEAN par le Myanmar58, prévue pour 2026, par celle des Philippines.
20Toujours dans ce souci de pondération, le Brunei a voté en mars 2022 les première et quatrième résolutions des Nations unies condamnant (pour la 1re) l’attaque de l’Ukraine par la Russie et (4e) les annexions territoriales à l’est du Dniepr ; mais s’est abstenu de voter la 2e résolution demandant un accès à l’aide humanitaire et une protection des civils pour l’Ukraine et condamnant la Russie pour le drame humanitaire, comme la 3e portant sur le retrait de la Russie de la Commission des droits de l’Homme59.
21À l’instar de la Malaisie et de l’Indonésie, le Brunei a en revanche adopté une position tranchée sur la situation dans la bande de Gaza : le Sultan a pris fait et cause pour les Palestiniens, une constante de sa politique depuis sa réception de Yasser Arafat en 198460. Le jeudi 12 octobre 2023 au soir, une prière spéciale a été organisée dans tous les oratoires (surau) et mosquées du Brunei pour demander protection et sécurité pour la Palestine, comprenant la lecture de la sourate Yasin61. Le sultanat rappelait sa position le 20 octobre lors du sommet du ASEAN-Gulf Cooperation Council : pressant les parties de cesser la violence et d’appliquer la loi internationale sur le plan humanitaire ; et demandant à la communauté internationale et au Conseil de Sécurité des Nations unies de faciliter la mise en œuvre d’une paix globale, durable et juste au Moyen-Orient, y compris en mettant un terme aux « décennies de souffrance du peuple palestinien ». Enfin, il a catégoriquement condamné le 1er novembre62 le bombardement de camp de réfugiés de Jabalia, le plus densément peuplé de Gaza, tout en laissant The Scoop (la presse étant ultra-contrôlée dans le sultanat) rappeler que, selon l’armée israélienne, Jabalia dissimulait des « infrastructures terroristes » souterraines du Hamas – une façon de laisser entendre par des canaux non-officiels que le sultanat ne cautionnera jamais le terrorisme63. Les « éléments de langage » sont ainsi largement balancés dans les communiqués de presse du Brunei. D’un côté le Sultanat ne prononce jamais le nom du Hamas ou de l’État d’Israël – qu’il n’a pas reconnu et désigne par le terme de « Puissance Occupante » – et utilise le terme consacré dans les pays arabes, naqba (« catastrophe ») pour se référer à sa création. De l’autre, il réaffirme sa position en faveur d’une solution « à deux États », poussant à la création d’un État palestinien sur la base des frontières d’avant 1967 (à savoir, la guerre des Six Jours), ce qui revient implicitement à faire de ce dernier point le préambule de sa reconnaissance d’Israël.
22Ce même jeu d’équilibre prudent se trouve dans l’architecture des relations diplomatiques du sultanat avec les deux premières puissances mondiales, les États-Unis et la Chine.
23Depuis 1994, le Brunei effectue des manœuvres aériennes et maritimes conjointes annuelles avec les États-Unis (CARAT64 ; en 2023, elle se sont terminées le 23 septembre) visant à la surveillance de sa zone maritime exclusive (ZEE). S’y ajoutent les deux exercices d’interopérabilité des deux armées qui se sont déroulés en 2018 et 2022. Aux côtés des États-Unis et de l’Indonésie, le Brunei a lancé en 2012 l’US-Asia Pacific Comprehensive Energy Partnership, qui encourage la production d’énergie « propre » dans la zone ; il a en sus fondé en 2013 un programme de formation en langue anglaise des responsables et enseignants des pays de l’ASEAN en recrutant des formateurs américains et brunéiens65. L’un et l’autre constituent jusqu’à ce jour autant de vecteurs de coopération dans des domaines sociétaux. Le Sultan rencontre de surcroît régulièrement des responsables de l’exécutif de l’Union européenne, le dernier en date étant le président Emmanuel Macron (13 octobre 2023, voir ci-après « Arrêt sur image »).
24Dans le même temps, Sa Majesté s’est rendue à dix reprises en Chine depuis l’ouverture des relations diplomatiques en 1993 et y a effectué deux visites d’État (2013 et 2017) ; Xi Jinping a pour sa part inauguré le partenariat stratégique sino-brunéien par une visite d’État à Bandar Seri Begawan en novembre 2018. Pour autant, lors de son dernier entretien avec le président chinois à San Francisco (16 novembre 2023), le Sultan n’a pas hésité à rappeler son vœu de voir aboutir dans les plus brefs délais la conclusion d’un Code de conduite en mer de Chine méridionale tel qu’il a été défini par l’ASEAN66 sur les bases de l’UNCLOS, et ce d’autant plus que les prétentions maritimes chinoises réaffirmées par la « nouvelle carte standard » du ministère des Ressources naturelles chinois le 28 août67 empiètent largement sur les zones abritant les hydrocarbures du Sultanat, y compris la zone coexploitée avec la Malaisie.
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25Bon an mal an, le Brunei réussit ainsi à préserver ses équilibres au plan international. Sur le plan intérieur, il balance pareillement les contraires. À l’essor des incontournables énergies fossiles (notamment le très polluant charbon, utilisé de manière croissante par Hengyi Industries68) répond un engagement de plus en plus fort du Sultanat en faveur des énergies « propres » et de la préservation du capital vert. Objectif : un bilan carbone nul en 2050. Si l’on met aujourd’hui en exergue l’évolution assurément positive de la condition féminine, ce n’est pas pour autant que le Syariah Penal Code Order de 2013, qui rappelle au passage69 que toute femme est sensée avoir un tuteur (« guardian »), est mis en sourdine. Avec toutefois un bémol : tradition malaise oblige, l’orthopraxie fait ici défaut.
Annexe
Fiche Brunei
Nom officiel : Brunei Darussalam
Capitale : Bandar Seri Begawan
Superficie terrestre : 5 770 km²
Population totale (Brunei Statistical Yearbook 2022) : 445 400 hab. dont 338 300 citoyens, 25 800 résidents permanents, 81 300 résidents temporaires
Langue officielle : Bahasa Melayu (malais)
Religion d’État : islam
Données politiques
Nature de l’État : monarchie islamique malaise
Nature du régime : monarchie absolue
Suffrage : universel (à partir de 18 ans). Aucune élection législative n’a eu lieu depuis celle de 1962. Les seules élections tenues sont celles des conseils de villages.
Chef de l’État : Hassanal Bolkiah (sultan depuis octobre 1967)
Premier ministre : Hassanal Bolkiah (depuis janvier 1984)
Ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur : Hassanal Bolkiah (depuis octobre 2015). Ministre en second, Dato Erywan Yusof (depuis janvier 2015)
Ministre de la Défense : Hassanal Bolkiah (depuis 1986). Ministre en second Pehin Halbi Mohd Yussof (depuis février 2023)
Ministre des Finances et de l’Économie : Hassanal Bolkiah. Ministre en second : Dato Amin Liew (depuis 2018)
Indicateurs démographiques et sociologiques
Principaux groupes ethniques (Brunei Key Indicators 2022) : Malais et autres ethnies autochtones de Bornéo (73,5 %), Chinois (9,5 %), autres nationalités (Indonésiens, Philippins, Bangladeshis, Pakistanais, Népalais) (17 %).
Religions (Brunei Statistical Yearbook 2022, chiffres de 2021) : musulmans (82,1 %), chrétiens (6,7 %), bouddhistes (6,3 %), autres incluant les religions autochtones (4,9 %).
Chronologie
JANVIER 2023
08 Ÿ Début des célébrations du mariage de la Princesse Azemah Ni’matul Bolkiah, fille du Sultan et de son ex-deuxième épouse Mariam, avec son cousin germain le Prince Bahar, fils du Prince Jefri.
19-20 Ÿ Visite du vice-Premier ministre et ministre des Finances de Singapour, Lawrence Wong, accompagné du ministre des Affaires étrangères, Vivian Balakrishnan.
FÉVRIER 2023
02 Ÿ Nouveau protocole entre la Chine et le Brunei à l’occasion du 3e Comité mixte du corridor Brunei-Guangxi (BGEC JCC), assorti d’accords relatifs aux industries d’aval.
08 Ÿ Visite au Brunei d’Anne-Marie Trevelyan, ministre britannique de l’Indo-Pacifique, dans le cadre du deuxième dialogue stratégique Brunei-Royaume-Uni.
25 Ÿ Inauguration de la nouvelle usine d’urée de la Brunei Fertilizer Industries (BFI), à Sungai Liang.
27 Ÿ Limogeage du vice-ministre de la Défense Dato Abdul Razak Abd Kadir et suppression de la fonction.
MARS 2023
21 Ÿ Visite du Sultan au Bangladesh et signature de quatre protocoles, dont un en matière énergétique.
MAI 2023
13 Ÿ Ratification par le Brunei de l’Accord de Partenariat Transpacifique (CPTPP).
JUIN 2023
19 Ÿ Visite du sultan Hassanal Bolkiah à Canberra et annonce d’un « partenariat global » incluant la cybersécurité, la sécurité alimentaire et le changement climatique.
AOÛT 2023
02-04 Ÿ Visite du sultan Hassanal Bolkiah en Malaisie le cadre de la consultation bilatérale annuelle et entretien avec le Premier ministre Anwar Ibrahim.
15 Ÿ 3e Commission mixte de coopération bilatérale Brunei-Philippines (JCBC) à Manille, et annonce d’un renforcement de leur coopération en matière de défense.
24 Ÿ Limogeage et destitution de Nawawi Taha, qui perd ses fonctions de ministre au cabinet du Premier ministre, chef de Cabinet et secrétaire particulier du Sultan.
SEPTEMBRE 2023
09 Ÿ Ouverture du 29e exercice conjoint CARAT70 entre les forces américaines et brunéiennes.
15 Ÿ Exercice conjoint Pacific Angel rassemblant plus de 100 aviateurs des forces aériennes du Pacifique (PACAF) et l’armée de l’air du Brunei (RBAirF).
21 Ÿ Message de félicitations au Général Min Aung Hlaing, à l’occasion du 30e anniversaire de l’accord de coopération entre l’Union européenne et le Myanmar.
OCTOBRE 2023
03-04 Ÿ Visite d’État de S.M. Hassanal Bolkiah au Laos à l’occasion du 30e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays.
12 Ÿ Prière nationale pour le peuple palestinien dans toutes les mosquées et oratoires du royaume.
13-14 Ÿ Visite officielle de S.M. Hassanal Bolkiah en France.
24 Ÿ Limogeage de Dato Seri Paduka Haji Matsatejo bin Sokiaw, vice-ministre de l’Énergie.
NOVEMBRE 2023
08 Ÿ Signature de la deuxième phase (9 milliards $ US) du complexe pétrochimique de Hengyi Industries à Pulau Muara Besar.
16 Ÿ Entretien de S.M. Hassanal Bolkiah avec le président Xi Jinping à San Francisco.
DÉCEMBRE 2023
11-14 Ÿ Visite du vice-Premier ministre et ministre des Finances singapourien Lawrence Wong à Brunei.
14 Ÿ Visite de S.M. Hassanal Bolkiah au Japon dans le cadre du sommet commémorant le 50e anniversaire de la coopération Japon-ASEAN.
Portrait
Prince Abdul Mateen, 21 juillet 2022
Quatrième fils et dixième enfant du souverain et second fils de son ex-deuxième épouse, Datin Paduka Seri Hajah71 Mariam Hj. Abdul Aziz, le Prince Mateen est né le 10 août 1991. Mariam est la fille du Britannique Abdul Aziz bin Abdullah, né James Bell (lui-même de mère japonaise) ; sa mère, Pengiran Hj. Rashidah, était la fille de Pengiran Muhammad Salleh (1890-1969), le dernier chief-kadi (alors le plus haut dignitaire musulman) du Sultanat et prince de très haut rang (cheteria empat).
Après avoir achevé ses études secondaires à la Jerudong International School (JIS, l’un des deux meilleurs établissements secondaires du Sultanat), le Prince Mateen intègre la Royal Military Academy Sandhurst72 (RMA) dont il sort sous-lieutenant en 2010. Il obtient ensuite un bachelor de politique internationale au King’s College de Londres (2014), puis un master d’études internationales à la School of Oriental and African Studies (SOAS) en 2016. Parallèlement, il complète sa formation militaire à la base de la Royal Airforce de Cranwell, puis à celle de Shawbury, dont il sort avec un brevet de pilote d’hélicoptère. Il suit ensuite une formation de commando chez les marines britanniques (béret vert remis en septembre 2021), puis passe en 2022 son brevet de parachutiste. Comme la plupart de ses sœurs, le Prince Mateen a fait de bonnes études ; il est en revanche le seul des cinq frères73 à disposer d’une double formation civile et militaire dont la qualité est reconnue en dehors des frontières du sultanat.
Sportif accompli, joueur de polo comme son père et les deux filles de Mariam, membre de l’équipe nationale du Brunei, il a participé aux Jeux d’Asie du Sud-Est en 2017 et 201974.
Le Palais a annoncé en octobre 2023 son mariage prochain (à partir du 7 janvier 2024) avec Anisha Rosnah binti Adam (al. Anisha Isa Kalebic), née le 14 novembre 1993, fille de Mariam Isa et de son ex-époux Adam (al. Ivica) Kalebic, originaire de Split (Croatie), qui avait entre autres activités ouvert le restaurant italien Fratini à Bandar Seri Begawan. En 2009, le divorce des époux Kalebic avait défrayé la chronique. Titulaire d’un bachelor de l’Université de Bath, fondatrice de l’agence de voyages Authentinerary avec Emily Paul, et de Silk Collective, une entreprise de prêt-à-porter de soie, la belle Anisha est en sus la petite-fille de Pehin Isa75, ministre au cabinet du Premier ministre et conseiller spécial de Sa Majesté ; son oncle, l’avocat Ahmad Isa76, est l’actuel attorney-general.
Depuis 2018, le sultan emmène régulièrement le Prince Mateen lors de ses voyages officiels. Le Prince acquiert ainsi une formation « sur le tas » et un réseau de contacts au plus haut niveau le rendant à même d’occuper, le moment venu, auprès de son demi-frère le Prince héritier Al-Muhtadee Billah la position de ministre des Affaires étrangères, comme le fut le Prince Mohammed auprès de son père de 1984 à 2015. Il reste que le Prince Mohammed est le frère puîné du sultan alors que le Prince Mateen n’est que le demi-frère du futur sultan, et que son physique, son entregent, le réseau familial de son épouse, ses capacités intellectuelles et sa popularité pourraient à terme générer de très fortes rivalités à l’intérieur de la famille.
Arrêt sur image
Placée sous le signe de la défense, la visite officielle de deux jours du souverain brunéien en France s’est déroulée en trois temps : visite de MDBA77, premier fabricant européen de missiles, au Plessis-Robinson ; réception à l’Élysée par Emmanuel Macron et dîner de travail en comité restreint le soir, en présence des ambassadeurs brunéien à Paris (Datin Paduka Hj. Rakiah binti Hj. Abd Lamit) et français au Brunei (S.E. Bernard Régnault-Fabre) ; visite d’Airbus à Toulouse le lendemain et vol d’essai sur l’A330-900 ; départ ensuite de Toulouse par avion78.
Dans toutes ses visites, le souverain a été accompagné par son plus jeune fils, le Prince Abdul Mateen. Comme à l’accoutumée, le mufti du Brunei faisait partie de la suite royale, récitant les prières de rigueur avant chaque décollage de l’avion du Sultan79.
Notes de bas de page
1 Titre conféré à des dignitaires d’origine roturière.
2 Poste qu’il devrait occuper provisoirement, ayant déjà eu ces fonctions de janvier 2018 à juin 2022.
3 Pour une biographie du personnage, voir Marie-Sybille de Vienne, « Portrait… », in Jérémy Jammes (dir.), L’Asie du Sud-Est 2013, Bangkok, IRASEC, 2013, p. 147-148.
4 Au Brunei, descendants de sultans par les mâles.
5 Pengiran Ismail bin Pengiran Damit est par ailleurs l’un des très rares dignitaires princiers titulaires d’un doctorat (en ingénierie civile).
6 Sur l’affaire, voir « YAM Pg Indera Wijaya Pg Dr Hj. Ismail Bin Pg Hj. Damit AND Public Prosecutor », 9 décembre 2010, Court of Appeal of Brunei Darussalam, Criminal Appeal n° 6 /2010.
7 Pehin Hj. Mohd. Jamil Al-Sufri, Adat Istiadat diraja Brunei [Coutumier royal du Brunei], Bandar Seri Begawan (BSB), Jabatan Perdana Mentri, 2002, p. 579.
8 Sur les dignités, voir Marie-Sybille de Vienne, Brunei de la thalassocratie à la rente, Paris, CNRS Éditions, 2012, p. 208-217.
9 Pidgin anglais-malais de Brunei.
10 Nawawi avait épousé au début des années 1960 Pengiran Datin Hajah Siti Jeliha Pg. Hj. Mohammad, arrière-arrière-petite-fille d’un des plus importants feudataires du sultanat, Pg. Abdul Rauf (al. Raup), décédée en 2010, dont les funérailles s’étaient déroulées – honneur insigne – en présence du Sultan.
11 Voir par exemple sur les pratiques conjuratoires féminines Mufidah Abdul Hakim, « Pengangun: Female Ritual Specialists for Malay Weddings in Brunei Darussalam », in Lian Kwen Fee, Paul J. Carnegie et Noor Hasharina Hassan (dir.), (Re)presenting Brunei Darussalam, A Sociology of the Everyday, Springer, 2023, p. 143-167.
12 Raja li Aji, Ibnor Azli Ibrahim et Mohd Nur Hidayat Hasbollah Hajimin, « The Practice of Black Magic as a Criminal Offense According to The Perspective of Sharia and Law », Bitara, International Journal of Civilizational Studies and Human Sciences, n° 6/2, 2023.
13 Shamans autrefois présents dans tous les villages malais. Voir Dominik Müller, « Hybrid Pathways to Orthodoxy in Brunei Darussalam: Bureaucratised Exorcism, Scientisation and the Mainstreaming of Deviant-Declared Practices », Journal of Current Southeast Asian Affairs, n° 37, 2018, p. 141-183.
14 Ibid, p. 161.
15 La population est invitée à venir saluer la famille royale au Palais pendant trois jours, avec deux sessions : les hommes sont accueillis personnellement par le Sultan et les Princes le matin, les femmes par la Reine et les Princesses l’après-midi.
16 Festivités marquant la fin du Ramadhan (Aidilfitri) et ouvrant au Brunei plusieurs semaines de célébration pendant lesquelles on se rend visite au sein de la famille, entre amis et collègues (sur invitation pour les dignitaires).
17 En poste depuis 17 ans !
18 Asim Khan, « The Baking Flour Scandal: Three Malaysians Face 45 Charges in Alleged Defrauding of Hyatt Borneo Management Services », Brunei News Network (BNN), 30 juillet 2023.
19 La condamnation de l’ex-juge Hj. Nabil Daraina à 15 ans de prison en janvier 2020 ne s’est pas accompagnée du limogeage de son père, Badaruddin bin Othman, ministre des Affaires religieuses depuis 2015 (Marie-Sybille de Vienne, « Brunei Darussalam : remaniements et visite d’État », L’Asie du Sud-Est 2020, Bangkok, IRASEC, 2019, p. 179-180).
20 Au-delà, les heures supplémentaires sont rémunérées à un tarif moitié plus élevé. Elles sont limitées à 72 heures par mois, un employé ne pouvant travailler 12 heures par jour pendant plus de trois semaines consécutives, deux dispositions visant le personnel de maison.
21 Ain Bandial, « Brunei announces phased introduction of minimum wage », The Scoop, 15 juillet 2023.
22 Goh Tean Eu, « Brunei Darussalam to launch new nation pension scheme in 2023 », Asia Asset Management Magazine, 23 mai 2023.
23 Brunei Statistical Yearbook 2022, p. 18.
24 Comprenant l’étude d’un échantillon de 1400 femmes, plus 400 femmes « en risque » et 300 hommes.
25 Marie-Sybille de Vienne, « Brunei 2022 : entre fin de crise et transitions sociétales », in Gabriel Facal et Jérôme Samuel (dir.), L’Asie du Sud-Est 2023 : bilan, enjeux et perspectives, Bangkok, IRASEC, 2023, p. 176-177.
26 Permanent Secretaries, une fonction qui n’a pas d’équivalent dans l’administration française, mais constitue un passage presque obligé au Brunei pour accéder à des responsabilités ministérielles.
27 Marie-Sybille de Vienne, « Brunei 2022 : entre fin de crise et transitions sociétales », op. cit., p. 183-184.
28 Datin Rozaimah au titre des fonctions ministérielles, plus deux femmes désignées par le Sultan pour leurs mérites, Dayang Chong Chin Yee (directrice de Memori BN, une plate-forme en ligne de services funéraires, comprenant la rédaction de testaments, la vente de polices d’assurance et l’organisation de services funéraires, membre du conseil du village de Bukit Udal de 2017 à 2021) et Dayang Hj. Rosmawatty Hj. Abdul Momin, ancienne perm-sec du défunt ministère de l’Énergie et la première femme à avoir été responsable d’actifs à Brunei Shell Petroleum (« The 50 most influential women in Brunei », Inspire Magazine, mai-juin 2014).
29 Voir Sustainable Developments Goals, Volontary National Review, Brunei Darussalam 2023, BSB, Prime Minister’s Office, 2023, p. 44-45.
30 Du 1er avril au 31 mars de l’année suivante. En dehors des finances publiques, toutes les autres statistiques du Brunei sont calculées sur la base des années calendaires.
31 Brunei Darussalam Statistical Yearbook 2022, BSB, Department of Economic Planning and Statistics (DEPS), Ministry of Finance, 2023, p. 152-153 et 300-301.
32 Brunei Darussalam Statistical Yearbook 2022, p. 302-303.
33 Brunei Darussalam Key Economic Development, First Quarter, Q1, BSB, DEPS, septembre 2023, p. 6-7.
34 IMF, Brunei Darussalam 2023 Article IV Consultation—Press Release ; Staff Report ; and Statement by the Executive Director for Brunei Darussalam, octobre 2023, p. 7-8.
35 Andrew Tsang, « How Brunei can reduce its fiscal dependance on oit », The Scoop, 12 mai 2023.
36 Ibid.
37 Tous les bagages (à main inclus) sont scannés à l’arrivée et les coffres de voitures entrant sur le territoire sont inspectés.
38 Pour permettre aux habitants musulmans de sexe masculin de se rendre à la prière du vendredi dans la mosquée à laquelle ils sont affiliés, tout manquement à ce devoir religieux étant sanctionné par une amende conséquente. Voir « Syariah Penal Code Order », Brunei Darussalam Government Gazette, 2013, p. 1748, §194 : « Any male who is mukallaf [Musulman responsable de ses actes, c’est-à-dire pubère et sain d’esprit] who fails to perform the Friday prayer in a mosque without uzur syar’ie [exemption] or without any reasonable excuse is guilty of an offence and shall be liable on conviction to a fine not exceeding $200 for a first offence, a fine not exceeding $300 for a second offence, and a fine not exceeding $1000 for a third or subsequent offence ».
39 « S. China’s Guangxi, Brunei witness fruitful cooperation results through economic corridor project », Belt And Road Portal, 7 février 2023.
40 Nom officiel en anglais dans les sources émanant de RPC : Connectivity Initiative - International Land-Sea Trade Corridor (CCI-ILSTC).
41 Créé en 1996, le Shaanxi Tianju (陕西天驹) Investment Group a pour emblème un cheval au galop, d’où le nom choisi en anglais pour sa compagnie aérienne. Fondée en 1996 et spécialisée au départ dans la publicité, la compagnie s’est ensuite diversifiée dans l’agro-alimentaire (notamment les alcools), l’aviation civile, la logistique, le rechargement électrique, etc.
42 Entreprise dont le capital est détenu en totalité par des entreprise publiques chinoises.
43 Yang Qiang (杨强), le fondateur et PDG du groupe Shaanxi Tianju, fait ses débuts, vraisemblablement comme officier, dans l’armée de terre chinoise : il préside en effet l’Association des anciens du 14e régiment automobile de Zhangjiakou (au nord-ouest de la province du Hebei), localité où se trouvait également le quartier général de la 7e Division aérienne chinoise. Soutien et ténor local du PCC, Yang Jiang a intégré l’édification du Parti à la culture de son entreprise, notamment en embauchant régulièrement des militaires venant de quitter l’armée. Depuis 2010, il encourage l’entraînement « patriotique » de la centaine de réservistes employés dans l’entreprise. En 2021, enfin, il a créé une maison de retraite pour militaires à Xian, dans le district de Yanta. Voir son interview dans « “天驹”融与合点燃兴企“红色引擎” » [L’Intégration de « Tianju » enflamme le « moteur rouge » du développement de l’entreprise], ishaanxi.com, 21 juillet 2023.
44 Chan-Yau Hoon et Kaili Zhao, « Brunei engages Chinese investment amid diversification challenges », EastAsiaForum, 31 août 2023. Damai Holdings est détenu à 100 % par le Strategic Development Capital Fund du Brunei.
45 Chang-Yau Hoon et Kaili Zhao, « Mainland Chinese Workers in Brunei Darussalam: Living in a Bubble », Fulcrum, 23 octobre 2023.
46 Brunei Darussalam Statistical Yearbook 2022, p. 146.
47 Brunei-China One Belt One Road Association ; sur OBOR en général, voir Bruno Jetin, « ‘One Belt-One Road Initiative’ and ASEAN Connectivity: Synergy Issues and Potentialities », in B.R. Deepak, China’s Global Rebalancing and the New Silk Road, Singapour, Springer, p. 139-150.
48 Né en 1965 à Bintangor (Sarawak), président de la Brunei Fuzhou Shiyyi Association (汶莱福州十邑同乡会, Wenlai Fuzhou shi yi tong xi hui) du Brunei (James Kon, « Association to elect new leaders later this year », Borneo Bulletin, 26/04/2023), Jackson Ting (陈嘉兴 Chen Jiaxing) est de nationalité malaisienne, mais ses enfants ont déjà obtenu la citoyenneté brunéienne (« Brunei land of perfect racial harmony », MYsinchew, 27 mai 2020). La Fuzhou Shiyyi Association et son président sont des contributeurs réguliers aux œuvres du Prince Héritier, notamment à son fonds pour les orphelins (DANA).
49 Volontary National Review Brunei Darussalam 2023, BSB, Prime Minister’s Office, 2023, p. 53.
50 Study on Green Hydrogen Production in Brunei Darussalam, Jakarta, Economic Research Institute for ASEAN and East Asia (ERIA), 2023, p. 81.
51 Volontary National Review Brunei Darussalam 2023, p. 79.
52 Economic Research Institute for ASEAN and East Asia (ERIA), Study on Green Hydrogen Production in Brunei Darussalam, Jakarta, ERIA Research Project Report FY 2023, n° 12, 47 p.
53 Ministry of Foreign Affairs (MOFA), « Bilateral Meeting », News, 6 novembre 2023.
54 MOFA, « Joint Statement on the 24th Leader’s Consultation… », 3 août 2023.
55 United Nations Interim Forces in Lebanon, déployée depuis mars 1978 (l’intérim se prolonge malheureusement…).
56 Entretien de l’auteur avec Panitan Wattanayagorn, alors président du Conseil consultatif sur la Sécurité du Premier ministre, 22 novembre 2022.
57 Sydney Tucker, « Myanmar Reveal’s ASEAN’s Weak Spot Again », Stimson, 25 juillet 2023 (Stimson est l’un des think-tanks de Washington en matière de politique étrangère).
58 Comme la présidence tournante suit l’ordre alphabétique des États, le Myanmar ne la récupérera pas avant dix ans.
59 Mohammed Haddad, « Where does your country stand on the Russia-Ukraine war? », Al Jazeera, 16 février 2023, https://www.aljazeera.com/news/2023/2/16/mapping-where-every-country-stands-on-the-russia-ukraine-war.
60 Marie-Sybille de Vienne, Brunei de la thalassocratie à la rente, op. cit., p. 120.
61 Selon plusieurs hadith (propos extra-coraniques attribués au Prophète, dont la valeur dépend de la proximité du témoin qui les relate avec le Prophète), la lecture de la sourate Yasin aurait le pouvoir de contribuer au pardon des péchés, d’aplanir les difficultés et d’apporter la paix dans le cœur du croyant. On la lit souvent dans le monde malais dans le cadre des funérailles.
62 « Brunei Darussalam Statement for the Resolution “Protection of Civilians and Upholding Legal and Humanitarian Obligations” adopted at the Resuming Tenth Emergency Special session of the United Nations General Assembly », BSB, Ministry of Foreign Affairs, News, 1er novembre 2023.
63 Ain Bandial, « Brunei condemns Israeli bombing of Gaza’s Jabalia refugee camp », The Scoop, 2 novembre 2023.
64 Cooperation Afloat Readiness and Training. L’exercice s’est terminé le 30 septembre 2023.
65 Sufrizul Hesseini, « Why Brunei is hedging Between the U.S. and China », USIP, 26 octobre 2023.
66 Communiqué chinois « Xi says China, Brunei should jointly safeguard peace, stability in the South China Sea », Xinhua, 17 novembre 2023. Le sultan signalait au passage son vœu de voir revenir les touristes chinois.
67 Colin Clark, « New Chinese 10-Dash map sparks furor across Indo-Pacific: Vietnam, India, Philippines, Malaysia », Breaking Defense Indo-Pacific, 1er septembre 2023, breakingdefense.com.
68 Sustainable Developments Goals, Volontary National Review…, op. cit., p. 93.
69 Par exemple « Syariah Penal Code Order », op. cit., p. 1750 (le terme est mentionné à 20 reprises dans la loi).
70 Cooperation Afloat Readiness and Training.
71 Titulature officielle attestant d’une relative rentrée en grâce de Mariam, cf. « Brunei’s Prince Mateen to wed this January », The Scoop, 8 octobre 2023.
72 À la différence de Saint-Cyr, Sandhurst ne délivre aucun diplôme.
73 Étant entendu que le benjamin, le Prince Abdul Wakeel, né en 2006, n’a que 17 ans.
74 L’équipe brunéienne où se trouve le Prince obtient à chaque fois une médaille de bronze, étant entendu que seuls quatre pays participent à l’épreuve (Brunei, Malaisie, Thaïlande et Singapour en 2017 ; Brunei, Malaisie, Philippines et Indonésie en 2019).
75 Voir sa biographie dans Marie-Sybille de Vienne, « Brunei, entre Tabligh et Covid », in Christine Cabasset et Claire Thi-Liên Tran (dir.), L’Asie du Sud-Est 2021, Bangkok, IRASEC, 2021, p. 187-188.
76 Biographie dans Marie-Sybille de Vienne « Récession, résignation et rebuffades », in Christine Cabasset et Claire Thi-Liên Tran (dir.), L’Asie du Sud-Est 2022, Bangkok, IRASEC, 2022, p. 200-201.
77 Comme le signale son site internet, MDDBA est un « groupe quadri national de 10 000 personnes réparties entre la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne ». Actionnaires majeurs : le britannique BAE Systems (37,5 %), EADS (37,5 %, plus connu sous le nom de sa branche d’aviation civile, Airbus) et l’italien Leonardo S.p.A. (25 %).
78 « Visite to MDBA Missile Systems » ; « Working Dinner and Tête-à-Tête » ; « His Majesty visits to Airbus Headquarters », Ministry of Foreign Affairs, News, 13 et 14 octobre 2023.
79 Tout vol sur Royal Brunei Airlines débute par une prière diffusée par les haut-parleurs pendant le décollage.
Auteur
Marie-Sybille de Vienne a été plus de 20 ans professeure des universités à l’INALCO, où elle a enseigné l’histoire économique et la géopolitique de l’Asie du Sud-Est. Elle est membre du Centre Asie du Sud-Est (CASE, UMR 8170) et associée à l’IRASEC. Vice-présidente de l’INALCO en charge des relations internationales (mars 2013-mars 2017), elle dirige depuis 2006 la revue Péninsule et a été élue en 2021 à l’Académie des Sciences d’Outre-mer. Ses recherches portent sur les crises politiques, économiques et sécuritaires, la transformation des sociétés traditionnelles, les élites et les réseaux d’affaires. Outre une centaine de travaux scientifiques, elle a publié Brunei, de la thalassocratie à la rente (IRASEC-CNRS Éditions, 2012) et sa version anglaise réactualisée Brunei, from the Age of Commerce to the 21st century (NUS Press, 2015) ; Thaïlande, une royauté bouddhique aux XXe et XXIe siècles (Les Indes Savantes, 2018).
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