Philippines
Le retour du clan Marcos
Philippines - The return of the Marcos clan
p. 294-319
Résumé
The landslide victory of Ferdinand Marcos Jr. in the May 9 2022 presidential election marks the return of the Marcos clan, 36 years after the fall of dictator Ferdinand Marcos Sr. While President Marcos Jr. aims to “restore the image” of his family, he will quickly face multiple contradictions, particularly in managing institutions charged with recovering the money stolen by his family. In addition, he will have to face the economic crisis linked to the post-covid situation and the war in Ukraine: the fight against inflation, the food crisis and the national education crisis are priority issues for the Marcos administration. President Marcos Jr. seems to want to appease the Philippines’ international relations by moving away from his predecessor’s insults and invectives towards the West, especially the United States, while developing its economic relations with China.
Entrées d’index
Mots-clés : élections présidentielles, seigneurs de la drogue, crise du sucre, inflation, brigade scolaire, terres rares
Index géographique : Philippines
Keywords : presidential elections, drug lords, sugar crisis, inflation, school brigade, rare earths
Texte intégral
1Le 31 juillet 2022, alors que l’ancien Président Fidel Valdez Ramos (1992-1998), figure de proue de la lutte contre la dictature de son cousin le président Marcos Sr. (1972-1986), décédait du covid-19, son neveu (et fils du dictateur), Ferdinand Marcos Jr. (surnommé « Bongbong » ou BBM) devenait président des Philippines. Élu le 9 mai précédent, ce dernier consacre le retour au pouvoir de la dynastie familiale la plus connue à l’étranger. Symbole, dans les années 1970-1980, de l’oppression du peuple philippin et des violations des droits humains, mais aussi du luxe le plus ostentatoire grâce à un pillage systématique des finances publiques, le couple Marcos fascinait l’Occident.
2Après l’euphorie de sa victoire, le président Marcos devra faire face à de nombreux problèmes économiques, agricoles, et éducatifs liés à la fois à l’impact du long confinement du covid-19 et à la guerre en Ukraine. Les 100 premiers jours de l’administration Marcos semblent indiquer qu’elle ne suivra pas la direction prise par l’administration précédente : la guerre contre la drogue devrait cibler les grands trafiquants (au lieu des petits revendeurs) et les Philippines se rapprocher des États-Unis tout en poursuivant une politique d’engagement avec la Chine dans les secteurs économiques.
Une victoire écrasante de Ferdinand Marcos Jr.
3Le 9 mai 2022, plus de 55 millions de Philippins se rendaient aux urnes afin d’élire la quasi-totalité du personnel politique de l’archipel, des Président et vice-Président jusqu’aux conseillers municipaux. Cette élection à un tour, qui opposait dix candidats à la présidentielle et neuf candidats pour le poste de vice-Président, battait un record avec un taux de participation de 83 %.
4Recueillant plus de 31 millions de voix (presque 60 % des votes), Bongbong Marcos Jr., remportait une victoire écrasante contre son adversaire principale, la vice-présidente sortante Maria Leonor « Leni » Robredo (14 millions de voix soit 28 % des votes)1. Cette victoire est une revanche personnelle puisqu’en 2016, Leni Robredo l’emportait sur Bongbong Marcos à l’élection de la vice-Présidence – ce dernier devait contester les résultats jusqu’à la fin de l’année 2021.
5Mais cette victoire est aussi une revanche familiale permettant à la famille Marcos de revenir au pouvoir, 36 ans après la chute du dictateur Ferdinand Marcos Sr., balayé par la révolution pacifique d’Edsa de février 1986. De retour d’exil à Hawaii en 1992, la famille Marcos – sauf Marcos lui-même, décédé en 1989 – revenait en politique, obtenant des postes locaux (gouverneur de la province d’Ilocos Norte) et nationaux (députés et sénateurs) mais échouait à revenir aux plus hautes fonctions de l’État malgré plusieurs tentatives. Représentant les intérêts de sa famille, car il en est le seul fils, Marcos Jr. expliquait en 2022 que cette victoire lui permettrait de redorer l’image du clan, accusé de violations des droits humains, torture, disparitions, détournements de fonds publics à hauteur d’au moins 10 milliards $ US durant la période de la loi martiale (1972-1984). Ces accusations sont réfutées par la famille Marcos, qui les considère comme des calomnies.
6Méprisé par le président Duterte, qui n’hésitait pas à le qualifier, sans le nommer directement, de « leader faible » et de « consommateur de cocaïne »2, Bongbong Marcos Jr. acceptait cependant sur son ticket Sara Duterte-Carpio, la fille de son détracteur. Le ticket Marcos-Duterte consacrait l’alliance entre le nord des Philippines et le sud (île de Mindanao) et permettait, lors de la campagne électorale, de scander le slogan de « L’unité du pays ! ». Sara Duterte remportait, elle aussi, l’élection avec une écrasante majorité (62 %). Ainsi, pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1986, un Président et une vice-Présidente remportaient l’élection avec une majorité absolue des voix3.
7Pour la première fois aussi, les électeurs ont voté pour un même ticket, à l’inverse des élections précédentes où des personnalités politiques de tickets opposés étaient élues. Ferdinand Marco Jr. partait avec une base d’environ 13-14 millions d’électeurs, soit 34 % de l’électorat (13,1 millions et 14,1 millions d’électeurs avaient voté pour lui, respectivement aux élections sénatoriales de 2010 et à la vice-présidence de 2016). Les différents organismes de sondages testaient la présidentiabilité de Sara Duterte, dès le mois d’octobre. Celle-ci, bénéficiant de la popularité de son père, était systématiquement placée première parmi les vice-présidentiables, avec 28 % des intentions de vote. Sa décision de se présenter à la vice-présidence et de s’allier à Bongbong Marcos, le 12 novembre 2021, amplifiait considérablement les estimations. Sondage après sondage, le ticket Marcos/Duterte dépassait systématiquement les 55 % des intentions de vote. De nombreux analystes politiques considèrent que le « facteur Sara Duterte » a été décisif dans la victoire de Bongbong Marcos, lui apportant environ 30 % des voix (sur un total de presque 60 %)4. La géographie électorale montre que non seulement Marcos Jr. était majoritaire sur la presque totalité de Luzon mais aussi, pour la première fois, sur la presque totalité de Mindanao, bastion des Duterte. Leni Robredo remportait les élections dans sa province natale de Bicol et une grande partie de la région centrale des Philippines, les Visayas5.
8Au « facteur Duterte » s’est ajoutée une vaste campagne de propagande sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, et via les vlogueurs de Youtube. Cette campagne, débutée dès 2014, présentait la période de la loi martiale comme un âge d’or où l’ordre, la discipline et la prospérité régnaient dans la « Nouvelle société » (Bagong lipunan)6. Ainsi, pour expliquer la richesse de la famille Marcos et nier les accusations de pillage des fonds publics, des récits ont été diffusés selon lesquels Ferdinand Marcos Sr. était propriétaire d’une fortune colossale en lingots ou objets en or, selon les versions, avant son élection de 1965. Les spécialistes des réseaux sociaux ont montré que ce mythe de l’or apparaît dans quelques messages sur Facebook en 2011, puis le volume des messages augmente graduellement de 2014 à 2020 et explose littéralement en 2021, année du dépôt de candidature de Bongbong Marcos (21 000 messages sur cette question pour cette seule année) 7. Cet or, selon de nombreux partisans des Marcos, devrait être redistribué à la population de l’archipel une fois le candidat Marcos Jr. élu.
La guerre contre la drogue, la liberté de la presse et le président Marcos Jr.
9La candidature de Sara Duterte était généralement perçue comme un moyen de protéger son père contre toutes poursuites de la Cour pénale internationale (International Criminal Court, ICC) dans le cadre de sa guerre contre la drogue. Celle-ci fit, de mai 2016 à mai 2022, 6 252 morts selon la police, et plus de 30 000 selon les organisations des droits humains. Le président Marcos Jr. a promis de poursuivre la guerre contre la drogue mais d’une manière différente. En effet, les forces de police devront se focaliser non sur les petits dealers de rue mais sur les gros trafiquants et sur la réhabilitation des consommateurs8. Cependant, Bongbong Marcos refusait toute enquête de la Cour pénale internationale sur les morts de la guerre contre la drogue, considérant que le système judiciaire des Philippines était tout à fait apte à enquêter puis juger les coupables.
10Cette nouvelle politique contre la drogue, « plus tolérante », devrait profiter à Juanito Jose Remulla III, fils du Secrétaire de la Justice Jesus Crispin Remulla, arrêté par la police pour trafic de marijuana (d’une valeur d’1 million ₱ soit près de 17 000 €) le 11 octobre 2022. Ce cas, particulièrement sensible, sera certainement suivi de près par la Cour pénale internationale afin d’évaluer la réelle efficacité de la justice des Philippines9.
11Par ailleurs, depuis seulement quatre mois sous le nouveau gouvernement Marcos, deux journalistes, dont le commentateur radio Percival Mabasa (sous le pseudonyme Percy Lapid), ont été assassinés10 ; selon l’Union Nationale des Journalistes des Philippines (NUJP), 197 ont été tués depuis 1986. Les enquêteurs de l’assassinat de Percy Lapid se montrent très actifs, le gouvernement se sachant surveillé de près par la Cour pénale internationale11. Ce cas souligne le grand risque encouru par ceux qui dénoncent les abus – droits de l’Homme ou environnementaux – dans le pays.
Le président Marcos face à un conflit d’intérêt immédiat
12En accédant à la présidence, Ferdinand Marcos Jr. doit aussitôt faire face à un conflit d’intérêt majeur. En effet, en tant que Président des Philippines il peut exercer des pouvoirs étendus sur les agences gouvernementales chargées de récupérer les 10 milliards $ US pillés par sa propre famille.
13Ainsi, peut-il nommer les commissaires de la Presidential Commission on Good Government (PCGG), une agence chargée, depuis 1986, de traquer exclusivement les biens et avoirs de la famille Marcos. De 1986 à 2021, la PCGG aurait saisi près de 5 milliards $ US et a engagé une autre procédure pour 2,4 milliards $ US12. Interrogé sur l’avenir de la PCGG, lors de la campagne électorale, le candidat Marcos Jr., manifestement embarrassé, expliquait qu’il ne voulait pas l’abolir mais qu’il souhaitait en faire une grande agence anti-corruption afin de traquer toutes les personnalités corrompues et pas seulement sa famille13. Le nouveau secrétaire de la Justice, Jesus Crispin Remulla, confirmait le plan et proposait même de transformer l’agence en une centrale chargée de prendre le contrôle de tous les avoirs saisis pour non-paiement d’impôts, trafique de drogue, corruption, car, dit-il, « je ne pense pas que nous devrions passer les cent prochaines années à courir après les Marcos. (…) Nous devons orienter le mandat [de la PGCC] vers des activités plus utiles et plus urgentes »14.
14Marcos nomme aussi l’Ombudsman (qui supervise les plaintes pour pots-de-vin et corruption contre le gouvernement) ainsi que le directeur des Impôts et le responsable du Sandiganbayan, le tribunal chargé de juger les fonctionnaires et officiels du gouvernement. Or, la famille Marcos refuse de payer un impôt sur l’immobilier s’élevant à 3,9 milliards $ US avec les pénalités de retard. Si la nouvelle directrice des impôts, Lilia Guillermo, promet d’étudier la question, le ministre de l’Économie et des Finances, Benjamin Diokno, prend ses distances vis-à-vis de l’affaire : « Je n’ai pas étudié la question. Je pense que ça fait un moment, ça fait 40 ans ou 35 ans que le problème existe. Je pense que c’est injuste de me mettre la pression… ce qui pouvait être collecté aurait déjà dû l’être. Laissons donc aux tribunaux le soin d’en décider »15. Mais le tribunal Sandiganbayan statuait, le 22 juillet 2022, que la plupart des biens mal acquis par les Marcos avaient déjà été saisis par les gouvernements successifs. Le lendemain, le juge Alex Quiroz, principal auteur de cette décision, était promu par le président Marcos Jr. chef de la Commission pour la bonne gouvernance des compagnies publiques (GOCCs)16.
15Au-delà de ce conflit d’intérêt interne à sa famille, le président Marcos va être confronté à une crise économique majeure tant liée à l’épidémie de covid-19 qu’à l’impact de la guerre en Ukraine.
Le gouvernement Marcos face à la crise économique
L’économie post-covid-19 : dette, inflation et fiascos
16De mars 2020 à octobre 2021, les Philippines ont connu l’un des confinements les plus longs de la planète. Si ce confinement a eu pour effet de limiter relativement le nombre des décès liés à la covid-19 (environ 60 000 en 28 mois), malgré la prévalence du variant Delta, et d’éviter l’implosion du système hospitalier, les impacts économiques et sociaux sont considérables. Après avoir enregistré une contraction du PIB de -9,5 % en 2020, et en dépit d’un retour à un taux positif de 5,7 % en 2021, la dette du pays est passée de 39 % du PIB en 2019 à 63 % du PIB en juin 202217. Les impacts de la pandémie et de la guerre en Ukraine se sont conjugués pour augmenter très fortement les prix de l’énergie et des produits alimentaires : en février 2022, l’inflation était de 4 %, puis 6,1 % en juin 2022, et 6,9 % en septembre 202218.
17Le combat contre l’inflation était donc le thème principal de la campagne électorale de Ferdinand Marcos Jr. Celui-ci promettait notamment de réduire le prix du kilo de riz le moins cher à 20 ₱ (0,33 €) au lieu de 38 ₱ (0,64 €) actuellement. Une fois élu, il se nommait lui-même à la tête du département de l’Agriculture, avec pour objectif de réformer en profondeur ce secteur, afin d’en améliorer la productivité et de réduire les coûts pour le consommateur. L’agriculture et la sécurité alimentaire furent d’ailleurs deux thèmes prépondérants lors de son discours à la nation du 25 juillet 2022. Il propose, dans un premier temps, d’aider à court terme les agriculteurs en décrétant un moratoire d’un an sur les remboursements et intérêts liés aux emprunts fonciers. De plus, il demande au Congrès de voter une loi qui annulerait les dettes des bénéficiaires de la réforme agraire. Enfin, il met à la disposition des jeunes diplômés en agriculture mais aussi des vétérans de l’armée et de la police, des terres du domaine public afin de rajeunir l’âge des agriculteurs, lesquels ont majoritairement plus de 50 ans. Le métier d’agriculteur n’attire pas les diplômés, car les salaires sont parmi les plus bas du pays (331 ₱ – ou 6 € – par jour de travail, alors que le salaire journalier minimum est de 408 ₱ à Manille ou 374 ₱ en province). Les agriculteurs sont donc les plus pauvres des pauvres19.
18Cependant, de nombreux groupes d’agriculteurs demandent au président Bongbong Marcos de quitter son poste de secrétaire de l’Agriculture et de nommer une personne compétente à sa place20. En effet, le premier scandale qui a éclaboussé l’administration Marcos concernait ce secteur et l’importation de 300 000 tonnes de sucre. La production de sucre aux Philippines a baissé en 2022, passant de 2,12 millions de tonnes en 2020-2021 à seulement 1,8 million de tonnes pour la récolte de 2021-2022. Cette baisse inhabituelle de la production fut constatée, notamment, pour la province de Negros Occidental, première province productrice de sucre du pays. Cette baisse fut attribuée aux ravages causés par le typhon Rai (Odette), qui avait endommagé les feuilles des plants de canne à sucre21.
19Afin de combler le déficit de production, la Sugar Regulatory Administration (Administration de la réglementation du sucre, SRA) signait, le 9 août 2022, l’ordonnance n° 4, relative à l’importation de 300 000 tonnes de sucre. Accusée de vouloir favoriser les importations de sucre au détriment des planteurs locaux, l’administration Marcos niait être à l’origine de cette ordonnance nº 4 et accusait les officiels de la SRA d’agir de manière autonome. Finalement, le président autorisera l’importation de 150 000 tonnes de sucre pour la fin de l’année 202222.
20Le fiasco des importations de sucre met en lumière les premières tensions au sein de l’administration Marcos. En effet, la première dame, Marie Louise Araneta Marcos, est une représentante de l’un des clans familiaux les plus puissants des Philippines, les Araneta. La famille Araneta est pionnière dans la culture de la canne à sucre dans la province d’Iloilo. De nombreux cousins germains de Madame Araneta-Marcos sont membres de « l’aristocratie » des grands planteurs de la province de Negros Occidental, telles les familles Ledesma, Locsin, Lacson, Yulo, etc. Le sucre est au cœur de la vie politique du pays et ces grandes familles de planteurs font et défont la politique des Philippines depuis le xixe siècle.
21L’importation de 300 000 tonnes de sucre aurait avantagé les commerçants et les industries utilisant le sucre, telles les industries de boissons sucrées comme Coca-Cola, Pepsi-Cola et les industries agroalimentaires. L’inflation a fortement touché le sucre raffiné des Philippines non seulement à cause de la baisse de production mais aussi de l’augmentation du prix des engrais et autres intrants venant en partie d’Ukraine et de Russie. Pour les industriels il est moins cher d’utiliser du sucre importé de Thaïlande que celui produit localement. L’administration Marcos devra donc arbitrer entre les intérêts des industriels et ceux des planteurs.
Un nouveau départ pour le département de l’Éducation
22Le 9 juin 2022 le président Ferdinand Marcos Jr. nommait la vice-présidente Sara Duterte-Carpio ministre de l’Éducation. Cette décision fut critiquée parce que Sara Duterte, avocate, n’a ni compétences ni expérience en la matière, sauf à considérer qu’être mère de trois enfants en âge scolaire les lui confèrent23. Elle devait répondre au défi d’un retour à l’école en présentiel total pour les établissements publics (mais non obligatoire pour le privé) le 2 novembre, en garantissant la sécurité face au covid-19.
23La fermeture des établissements scolaires et universitaires de mars 2020 à août 2022, du fait d’une prise de décision très centralisée et critiquée du précédent président24, a été catastrophique pour le niveau des élèves25. L’enseignement en ligne – non accessible pour tous les élèves, car la plupart de ceux du public utilisaient un système de modules imprimés, et beaucoup n’avaient pas les moyens de payer Internet – a accentué le faible niveau des élèves du primaire et du secondaire – préexistant au confinement – en mathématiques, lecture et compréhension des sciences. Du fait des mauvaises conditions d’enseignement et d’apprentissage, le score des étudiants philippins est à la traîne derrière les autres pays de l’ASEAN26.
24Pour affronter cette situation, le 1er août, le département de l’Éducation (DepEd) lance la Brigade scolaire (Brigada Eskwela27) au niveau national, afin de promouvoir la collaboration entre les parents, les enseignants et les collectivités locales de l’enseignement de base. Dans le cadre du Plan de développement de l’éducation de base 2030 (Basic Education Development Plan 2030), le ministère promeut aussi cette collaboration pour le succès des projets et programmes d’enseignement. Aussi, le programme Bawat Bata Bumabasa (« Chaque enfant lit »), lancé en 2019 et renforcé en 2021, est plus que jamais d’actualité. Cependant, pour assurer un enseignement de qualité pour les 28,6 millions d’élèves il manque encore 91 000 salles de classes28, des enseignants, du matériel pédagogique, etc.
25Le ministère planifie aussi l’embauche de plus de personnel administratif pour permettre aux enseignants de se concentrer sur l’enseignement. Par conséquent, le DepEd a demandé un budget 2023 de 848 milliards ₱ (sur un budget national de 5,2 trillions ₱, environ 87,3 milliards €), mais le département du Budget et de la Gestion (Department of Budget & Management, DBM) l’a réduit à 710 milliards ₱ (12 milliards €). De ce fait, la ministre a réagi en déclarant « … je dirai au président que si vous me donnez 100 milliards ₱ (1,7 milliard €) [de plus] je résoudrai tous les problèmes de l’enseignement de base »29 (sans plus de précisions).
26Le ministère a commencé à embaucher 10 000 enseignants pour 2022-202330, de plus un budget annuel de 86,5 milliards ₱ (1,4 milliards €) a été demandé – en grande partie refusé – pour la construction de 34 552 écoles, des grandes villes jusqu’aux villages31. La ministre a également alloué, dans ce budget, 150 millions ₱ (2,5 millions €) de fonds confidentiels à la protection et à la sécurité dans les écoles pour lutter contre la consommation et la vente de drogues et les abus sexuels32. La sénatrice Risa Hontiveros demande que ces fonds soient attribués à l’enseignement des minorités autochtones, toujours mises sur la touche33.
L’industrie minière comme pilier de l’économie post-covid
27Afin de faire face au mur de la dette liée au covid-19, l’administration Marcos a affirmé la nécessité de développer l’industrie minière et d’en faire l’un des piliers de l’économie post-covid. De fait, en raison de sa situation stratégique à l’extrémité occidentale de la ceinture de feu du Pacifique, où l’activité volcanique est à l’origine de puissantes minéralisations des roches, les Philippines détiennent d’abondantes ressources minières. Sur une superficie totale de 30 millions d’hectares, neuf millions ont été identifiés comme contenant des gisements miniers importants. Selon la Chambre de commerce australo-néo-zélandaise dans un rapport de 2016, la valeur estimée des réserves minérales philippines pourrait atteindre 1 367 milliards $ US34. Les réserves les plus importantes en termes de tonnage sont celles de cuivre, suivies par celles d’or puis de nickel. Au niveau mondial, les Philippines sont au 6e rang pour ses réserves de nickel (4,8 millions de tonnes sur un total mondial de 94 millions de tonnes) et au 2e rang pour la production de nickel, derrière l’Indonésie. Les Philippines sont le 4e producteur mondial de cobalt, loin derrière la République Populaire du Congo.
28Toutefois, en 2019, sur un potentiel de neuf millions d’hectares, 362 droits d’exploitation minière approuvés par l’État, ne couvrant que 699 000 hectares, étaient effectivement octroyés à des compagnies minières35. Entre 2009 et 2022, la part de l’industrie minière à l’économie du pays était faible. En effet, la valeur ajoutée de ce secteur était de 87 milliards ₱ soit 0,72 % du PIB de l’archipel, avec un pic à 1 % en 2011, avant de redescendre. De plus, si l’on soustrait les activités d’extraction non métallique (sables etc.), les activités minières n’ont participé qu’à 0,43 % du PIB des Philippines. Au total, l’exploitation de l’or a contribué le plus (0,23 %), suivi par l’extraction du nickel (0,12 %).
29Cette faible contribution du secteur minier à l’économie nationale s’explique à la fois par une forte opposition à tout projet minier de la part de la société civile (églises, associations et ONG), et par une grande instabilité des politiques minières gouvernementales depuis les années 1980. L’administration du président Duterte symbolisait l’ambivalence entre la protection de l’environnement et le développement économique. Ainsi, entre 2016 et 2018, la secrétaire du département des Ressources environnementales et naturelles (DENR), Regina Lopez, ordonnait pour des raisons environnementales la fermeture de 27 des 41 mines en opération et annulait 75 contrats d’exploration minière sur 311 en cours. De plus, le DENR interdisait toute extraction à ciel ouvert. Néanmoins, à la suite de la crise du covid, l’administration Duterte promettait de relancer l’économie, en particulier l’industrie minière. Ainsi, elle annulait en avril 2021 le moratoire sur les nouveaux investissements miniers imposé en 2012, puis en décembre 2021 elle mettait fin à l’interdiction de l’extraction à ciel ouvert.
30Depuis son accession au pouvoir, le président Marcos affirme vouloir développer un secteur minier à la fois transparent, durable et soucieux des normes environnementales. Pour cela, il a nommé Maria Antonia Yulo Loyzaga au poste de secrétaire du DENR. Cette dernière est une experte de la question du réchauffement climatique, reconnue internationalement. Loyzaga, cousine germaine de la première dame, aura la difficile mission d’arbitrer entre la cause environnementale et la pression des lobbies des compagnies minières, notamment la Chambre des mines. Celle-ci est dirigée par Benjamin Philip Romualdez, lui aussi cousin germain du président Marcos Jr. Romualdez, propriétaire de la plus ancienne compagnie minière des Philippines, Benguet Corporation (1903). Cette dernière jouera un rôle clef dans la transition écologique, non seulement des Philippines mais aussi à l’international. En effet, son autre compagnie minière, Marcventures Holdings devrait commencer l’exploitation de la bauxite (minerai de l’aluminium) dans la province de Samar en 2023. Or, les analyses de ces bauxites montrent une quantité importante de terres rares, éléments indispensables à la fabrication, entre autres, de batteries pour les véhicules électriques.
31Le président Marcos affirme sa volonté de développer la filière des batteries, en modifiant le régime fiscal actuel du secteur minier. Cette nouvelle fiscalité devrait inciter les compagnies à développer les industries de transformation des minerais et à pénaliser les exportations de minerais bruts.
Le président Marcos Jr. Ignore la question de la Bangsamoro
32L’un des succès les plus notables de l’administration Duterte fut, sans aucun doute, la signature, le 28 juillet 2018, de la Loi organique de la Bangsamoro (Bangsamoro Organic Law, BOL)36. Ce geste historique par le premier président originaire de Mindanao mettait fin à 21 ans de négociations entre le gouvernement philippin et le Front de Libération Islamique Moro (Moro Islamic Liberation Front, MILF) entrecoupées d’offensives militaires (en 1998, 2003 et 2008). La BOL, une fois acceptée par la population (référendum de janvier et février 2019) et ratifiée par les deux chambres du Congrès, devait remplacer la Région autonome en Mindanao musulmane (ARMM, Autonomous Region in Muslim Mindanao), créée en 1989 sous le gouvernement de Cory Aquino, par la Région autonome de la Bangsamoro en Mindanao musulmane (Bangsamoro Autonomous Region in Muslim Mindanao, BARMM).
33L’Autorité de transition de la Bangsamoro (Bangsamoro Transition Authority, BTA)37, inaugurée en mars 2019, avait trois ans pour mettre en place un gouvernement régional parlementaire capable de fournir des services sociaux et économiques à la population. La BTA était mandatée par la Loi organique de la Bangsamoro afin d’administrer la région jusqu’aux élections générales de mai 2022 et de constituer un gouvernement régional en juin. Cependant, alors que le gouvernement intérimaire devait entreprendre, à partir de l’année 2020, de grands travaux d’infrastructures, notamment routières, la pandémie de covid-19 frappait la région et bouleversait les plans de la BTA. De ce fait, les financements étant orientés essentiellement sur les questions de santé pour les années 2020 et 2021, la BTA obtenait l’extension de son mandat jusqu’à mai 202538.
34Par ailleurs, le président Marcos Jr. a totalement ignoré la question de la Bangsamoro lors de son premier discours à la nation du 25 juillet 2022. De nombreux observateurs du processus de paix évoquent la possibilité d’une vendetta personnelle du président contre les autorités du MILF. De fait, le MILF, à travers son propre parti politique, le United Bangsamoro Justice Party (UBJP), avait activement soutenu Leni Robredo lors des élections. L’UBJP décrivait non seulement Marcos Jr. comme le fils d’un dictateur qui avait déclenché la guerre contre les musulmans de Mindanao dans les années 1970 mais aussi comme celui qui avait tout fait pour bloquer la formation de la Bangsamoro en janvier 2015 après le fiasco de l’opération anti-terroriste de Mamasapano (province de Maguindanao)39.
35L’apparition d’une faction pro-Marcos, MILF Salamat-wing, formée de personnalités exclues du MILF mais se disant les seules vraies représentantes de ce mouvement, souligne la fragilité potentielle du MILF. À la tête de cette faction, Sheik Abdulfatah Saleh Delna, un ancien officier de la garde nationale du MILF (troupe d’élite), est soupçonné d’être utilisé par de puissants clans musulmans qui n’acceptent pas l’autorité du MILF sur la Bangsamoro. Cette fracture au sein du MILF pourrait affaiblir le processus de paix et réactiver les nombreux mouvements rebelles/terroristes en sommeil durant la pandémie de covid-19.
La diplomatie du président Marcos Jr. : « Ami de tous, ennemi de personne »
36Le président Marcos Jr., souvent qualifié par ses adversaires de « l’homme de Pékin » (ou de « Mandchourien »), s’est très peu exprimé sur les questions de diplomatie durant la campagne présidentielle. En fait, ses réflexions sur le sujet étaient floues, considérant, par exemple, que la sentence arbitrale sur le différend en mer de Chine méridionale du 12 juillet 2016 était inefficace car le gouvernement chinois ne l’avait jamais reconnue. Toutefois quelques jours plus tard, Marcos Jr. faisait volte-face et affirmait l’importance capitale de cette sentence arbitrale qui confirmait les droits maritimes des Philippines. Il ajoutait qu’il ne tolèrerait pas qu’un centimètre carré du territoire maritime de l’archipel soit « foulé » et que la diplomatie des Philippines serait indépendante40. Dans son discours à la nation du 25 juillet 2022, le Président confirmait sa volonté de jalousement protéger le territoire de l’archipel mais que « les Philippines seront amies avec tout le monde et ennemies de personne »41.
37Bongbong Marcos Jr. découvrit la Chine en 1974 lorsqu’il y fut envoyé avec sa mère Imelda pour préparer l’officialisation des relations diplomatiques entre les deux pays. Ils y rencontrèrent, entre autres, Mao Zedong, alors âgé de 81 ans. Ce voyage est considéré comme le point de départ de sa fascination pour son grand voisin. Les relations entre le clan Marcos et Pékin étaient si solides que l’ambassade de Chine aux Philippines a ouvert son premier consulat en province, en 2007, à Laoag capitale de la province d’Ilocos Norte, fief de la famille42. Avec un rayon d’action sur l’ensemble des provinces du nord de Luzon, ce consulat ne s’occupe pas uniquement des citoyens chinois ; il a surtout pour vocation de développer des coopérations bilatérales locales dans des domaines très divers – du tourisme à la culture –, de promouvoir des investissements ou d’apporter un soutien médical durant la pandémie de covid-19, etc. Ces liens étroits furent célébrés en juin 2021, quand Imelda Marcos reçut des mains de l’ambassadeur de Chine le prix de la « personnalité éminente ayant favorisé et promu la compréhension et l’amitié entre les deux pays »43.
38De fait, le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, fut le premier officiel étranger à se rendre à Manille, le 6 juillet 2022, soit six jours seulement après l’investiture du président Marcos Jr. Son programme comprenait une réunion bilatérale avec son homologue philippin, le secrétaire aux Affaires étrangères Enrique Manalo, au cours de laquelle ils abordèrent un large éventail de questions visant à renforcer les relations entre les Philippines et la Chine. Avant de quitter Manille, Wang rendait visite au chef d’État philippin et, à l’issue de leurs entretiens, Marcos Jr. publiait un message sur Twitter indiquant que M. Wang et lui avaient discuté de l’agriculture, des infrastructures, de l’énergie et de leur engagement à maintenir des relations solides entre leurs peuples dans les années à venir44. Wang Yi se disait confiant que les deux pays puissent ouvrir une nouvelle ère pour les relations bilatérales entre Pékin et Manille. Il déclarait également qu’avec la dynamique régionale et internationale incertaine, instable et complexe, il est encore plus important pour la Chine et les Philippines, en tant que proches voisins, de se donner la main pour renforcer une confiance réciproque et développer une coopération mutuellement bénéfique. Le ministre des Affaires étrangères de Pékin affirmait que cela ne servirait pas seulement l’intérêt commun des deux pays, mais constituerait également une importante contribution à la paix et à la stabilité dans la région.
39Courtisé par la Chine, Marcos Jr. semble cependant se tourner vers les États-Unis en ce qui concerne les questions de défense et de sécurité. Un mois après la visite de Wang Yi, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, rencontrait Marcos Jr. à Manille et s’engageait à renforcer les liens historiques des États-Unis avec les Philippines sur de multiples fronts, en particulier sur les questions concernant l’économie et la défense. Lors de la rencontre Biden-Marcos Jr. le 22 septembre, le président américain réitérait l’importance capitale des Philippines pour les États-Unis45.
40Ainsi, courtisé par les deux grandes puissances mondiales, Marcos Jr. ne devrait pas développer une politique étrangère « anti-américaine » comme son prédécesseur, le président Duterte l’avait tenté entre 2016 et 2019. Mais, il devrait poursuivre une politique de hedging – rapprochement avec les États-Unis tout en affirmant sa grande amitié avec la Chine – comme dans les deux dernières années du gouvernement Duterte. Comme le souligne l’analyste Rommel Banlaoi, contrairement à Duterte, qui jouait la carte de la Chine contre les États-Unis, Marcos Jr. jouera la carte des États-Unis pour traiter avec la Chine, grâce à une politique étrangère flexible46.
Conclusion
41La victoire écrasante de Ferdinand Marcos Jr. à l’élection présidentielle du 9 mai 2022 consacre le retour du clan Marcos, 36 ans après la chute du dictateur Ferdinand Marcos Sr. Construite sur la popularité du président Duterte et de sa fille Sara Duterte-Carpio, candidate à la vice-présidence, ainsi que sur une puissante propagande dans les réseaux sociaux, cette victoire a suscité une attente extrêmement importante de la part des 60 % d’électeurs qui ont voté pour Marcos Jr. Or, si le président a pour objectif de « redorer le blason » de sa famille, il va rapidement faire face à de multiples contradictions, notamment pour gérer des institutions chargées de récupérer l’argent volé par les siens. De plus, il va devoir affronter la crise économique liée à la situation post-covid et à la guerre en Ukraine : la lutte contre l’inflation, la crise alimentaire et la crise de l’éducation nationale sont des dossiers prioritaires de l’administration Marcos. Celle-ci mise sur l’industrie minière pour accélérer la croissance économique, notamment via l’exploitation des « minerais de la transition écologique » (nickel, cobalt, terres rares) et développer la filière des batteries automobiles.
42Marcos Jr. semble aussi vouloir apaiser les relations internationales des Philippines en se démarquant des insultes et invectives de son prédécesseur vis-à-vis de l’Occident, en particulier des États-Unis, tout en développant ses relations économiques avec la Chine.
Annexe
Fiche Philippines
Nom officiel : République des Philippines
Capitale : Manille
Superficie terrestre : 300 000 km², 7 107 îles parmi lesquelles 2 773 portent un nom
Population totale 2021 (sources : Banque mondiale et Nations unies) : 111 millions d’habitants (48 % urbains et 52 % ruraux)
Langues officielles : filipino et anglais
Données politiques
Nature de l’État : république unitaire
Nature du régime : démocratie présidentielle
Suffrage : universel (à partir de 18 ans)
Chef de l’État : Ferdinand Marcos Jr. (depuis juin 2022)
Vice-Présidente : Sara Duterte (depuis juin 2022)
Secrétaire des Affaires étrangères : Enrique Manalo (depuis juillet 2022)
Secrétaire de la Défense : Général Jose Faustino Jr. (depuis juin 2022)
Échéances : élections des chefs de villages (barangay) prévues le 30 octobre 2023
Indicateurs démographiques et sociologiques
Principaux groupes linguistiques (CIA - The World Factbook, est. 2015) : Tagalog (24,4 %), Bisaya/Binisaya (11,4 %), Cebuano (9,9 %), Ilocano (8,8 %), Hiligaynon/Ilonggo (8,4 %), Bicol/Bikol (6,8 %), Waray (4 %), autres groupes ethniques locaux (26,1 %), autres groupes ethniques étrangers (1 %)
Religions (CIA-The World Factbook, est. 2015) : catholiques (79,5 %), musulmans (6 %), Iglesia ni Cristo (2,6 %), évangélistes (2,4 %), Conseil national des Églises des Philippines (1,1 %), sans religion (<0,1 %), autres (7,4 %)
Chronologie
JANVIER 2022
06 • Le président Rodrigo Duterte signe la loi sur l’aide financière aux agriculteurs philippins. Elle est destinée aux petits agriculteurs qui cultivent deux hectares ou moins de rizières. Elle bénéficiera à 1,67 million d’agriculteurs.
19 • Un audit interne de la police révèle qu’entre juillet 2016 et décembre 2021 plus de 5 000 policiers ont été renvoyés de la police nationale (PNP) pour abus de pouvoir et activités illicites. Dans la même période, 20 000 autres ont été plus ou moins lourdement sanctionnés en fonction de la gravité de l’infraction commise.
FÉVRIER 2022
08 • Début de la campagne présidentielle officielle. Dix candidats sont en lice : Ernesto Abella, Leody de Guzman, le maire de Manille Isko Moreno Domagoso, Norberto Gonzales, le sénateur Ping Lacson, Faisal Mangondato, Ferdinand « Bongbong » Marcos Jr., Jose Montemayor Jr., le sénateur Manny Pacquiao et l’actuelle vice-présidente et opposante à Rodrigo Duterte, Leni Robredo.
MARS 2022
07 • Duterte promulgue le projet de loi élevant l’âge minimum de consentement sexuel de 12 à 16 ans. Toute personne ayant des relations sexuelles avec un mineur de moins de 16 ans, à moins d’une différence d’âge inférieure à trois ans, sera considérée comme coupable de viol.
AVRIL 2022
18 • La sous-secrétaire aux Affaires multilatérales et aux Relations économiques internationales, Lourdes O. Yparraguirre, ainsi que l’ambassadeur du Japon Koshikawa Kazuhiko, échangent des notes diplomatiques sur la deuxième phase du prêt d’urgence lié à la pandémie. Après un premier prêt en 2020 de 385 millions $ US afin de financer la lutte contre le covid-19, le ministère des Affaires étrangères confirme un nouveau prêt de 254,38 millions $ US octroyé par le Japon pour soutenir la réponse pandémique et post-pandémique des Philippines.
23 • Le Front de Libération Islamique Moro et son parti politique, The United Bangsamoro Justice Party, apportent leur soutien à la candidature présidentielle de la Vice-Présidente Leni Robredo.
MAI 2022
10 • Ferdinand « Bongbong » Marcos est élu Président des Philippines (sa victoire est officiellement proclamée le 25 mai) et prendra ses fonctions le 30 juin 2022. 54 ans après la révolte populaire qui avait renversé Marcos père, cette élection témoigne d’une certaine déception des Philippins face aux gouvernements démocratiques qui se sont succédés mais est aussi le résultat des alliances entre dynasties politiques, notamment avec le clan Duterte. Sara Duterte, fille du président sortant, est élue vice-présidente des Philippines.
11 • Le département d’État américain se déclare prêt à travailler avec Marcos Jr. sur les priorités régionales et les droits humains. Liés aux Philippines par un Traité de défense mutuelle et concentrés stratégiquement sur l’Indopacifique, les États-Unis suivent de près les élections aux Philippines, mais la victoire de Marcos, qui promet de poursuivre la politique de Duterte favorable à la Chine, risque de compliquer les relations entre les deux pays.
23 • Lors d’une rencontre avec la chargée d’affaires de l’ambassade américaine aux Philippines, Marcos Jr. déclare qu’il pense nécessaire la redéfinition ou « l’extension » du Visiting Forces Agreement (VFA), l’un des accords militaires entre les Philippines et les États-Unis auquel le président sortant Duterte s’était attaqué, pour s’adapter aux mutations de l’environnement régional.
24 • Les Philippines réinvestissent la base navale de Subic Bay, 30 ans après le retrait de la marine américaine, en y envoyant l’une des deux frégates à missiles guidés de sa marine. Cette décision est issue d’une réévaluation du potentiel stratégique de la base située en face de la mer de Chine méridionale afin de contrer l’affirmation chinoise dans les eaux contestées. Le même jour, Marcos Jr. assure qu’il défendra fermement les droits et la souveraineté des Philippines sur les parties de la mer de Chine méridionale disputées avec la Chine.
JUIN 2022
22 • La Commission nationale des télécommunications bloque l’accès à 25 sites liés au Parti communiste des Philippines (CPP), déclaré organisation terroriste par le gouvernement, ainsi qu’aux sites des médias indépendants Bulatlat et Pinoy Weekly, connus pour informer sur des scandales de corruption dans le milieu politique philippin et accusés par le gouvernement de répandre de la désinformation et d’avoir publié des articles promouvant la lutte armée.
JUILLET 2022
25 • Marcos Jr. prononce son premier discours sur l’état de la nation (State of Nation Address) (SONA) à Quezón City, tandis que des manifestations sont organisées dans la ville pour réclamer des mesures contre l’inflation, un plan de relance économique concret, la défense de la liberté de la presse et des droits de l’homme.
26 Ÿ L’ancien secrétaire à la Défense Delfin Lorenzana annonce que les Philippines ont annulé un accord de 227 millions $ US qui prévoyait l’achat de 16 hélicoptères militaires russes, par peur de potentielles sanctions états-uniennes.
AOÛT 2022
08 • Les autorités philippines arrêtent Walden Bello, militant, ancien sénateur et candidat à l’élection du 9 mai 2022 pour le poste de vice-président contre Sara Duterte, pour cybercriminalité. L’opposant, connu pour avoir critiqué la présidence de Rodrigo Duterte et l’élection de Ferdinand Marcos, dénonce un cas de persécution politique.
15 • Selon l’Autorité philippine des statistiques, l’incidence de pauvreté dans le pays a augmenté, de 16,7 % à 18,1 % de la population, entre 2018 et 2021, principalement à cause de la pandémie de covid-19.
18 • L’observateur Asian Network for Free Elections publie son rapport sur les élections de mai 2022 aux Philippines, les qualifiant de crédibles malgré quelques problèmes persistants : l’achat de votes, la désinformation, l’abus des ressources de l’État, le monopole de dynasties politiques ou encore les attaques contre la liberté de la presse et les militants.
22 • Réouverture de près de la moitié des écoles philippines après plus de deux ans de fermeture, les Philippines étant l’un des pays du monde ayant fermé ses écoles le plus longtemps pendant la pandémie de covid-19. Le reste des écoles devrait rouvrir d’ici novembre. De nombreux experts estiment que la prolongation de l’enseignement en distanciel a aggravé la crise de l’éducation.
24 • Sous les ordres de Marcos Jr., les autorités philippines arrêtent Adora Faye de Vera, vue par une partie de la société civile comme la figure féminine en charge de la défense des victimes d’atrocités durant la loi martiale de la dictature de Marcos père. Elle est accusée par les autorités de meurtres multiples et d’être un haut-officier du Parti communiste des Philippines.
SEPTEMBRE 2022
11 - 13 • Le premier voyage officiel à l’étranger du président Marcos Jr. depuis son entrée en fonction en mai débute en Indonésie, puis à Singapour.
27 • Le Gouvernement approuve trois projets de terminaux d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL). Ces terminaux font partie des six projets validés par le département des énergies du ministère de l’Environnement, parmi lesquels figure celui de Shell. L’objectif est d’alimenter les centrales électriques d’une capacité de 3 000 mégawatts pour compenser la production déclinante du champ gazier de Malampaya en mer de Chine méridionale (nord-ouest de l’île de Palawan). Ainsi, la société Atlantic, Gulf and Pacific (AG&P), basée à Singapour, et les sociétés First Gen et Energy World basées en Australie, débuteront leurs opérations commerciales au premier trimestre de l’année 2023.
OCTOBRE 2022
04 • Le journaliste radio philippin Percival Mabasa, connu sous le nom de Percy Lapid, est abattu près de son domicile dans la banlieue de Manille. Il se rendait dans les locaux de la station de radio DWBL, pour laquelle il travaillait. Le journaliste était connu pour avoir critiqué l’ancien président Rodrigo Duterte et l’actuel président Ferdinand Marcos Jr. Il avait dénoncé la désinformation encouragée par la loi martiale en vigueur sous le régime du père de l’actuel président, mais aussi le « marquage rouge » des personnes accusées d’être des sympathisants communistes. Le Syndicat national des journalistes des Philippines rappelle qu’il s’agit du deuxième journaliste tué (30 juin 2022) depuis l’élection de Marcos Jr.
27 - 28 • Troisième conférence géothermique internationale des Philippines. L’événement se tient en ligne avec pour thème la « durabilité géothermique ». Au cours de l’événement, la Philippine Geothermal Production Co. Inc (PGPC) annonce son intention de développer cinq nouvelles zones géothermiques à travers le pays. Les capacités potentielles sont estimées entre 250 et 400 mégawatts électriques (MWe). Les zones concernées sont Kalinga (province de Lubuangan), Daklan (province de Benguet), Cagua-Baua (province de Cagayan), Labo (province de Camarines Norte) et Malinao (province d’Albay).
NOVEMBRE 2022
07 • L’enquête sur la mort du journaliste Percival Mabasa s’achève par l’accusation de meurtre contre le directeur des prisons lui-même, le général Gerald Q. Bantag, ainsi que plusieurs de ses assistants. Le journaliste se préparait à parler à la radio de la corruption du général.
20 • Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis, rencontre Marcos Jr. pour discuter de 21 nouveaux projets financés par les États-Unis, y compris de nouveaux sites de défense. Les deux pays discutent de l’accord de coopération bilatérale renforcée en matière de défense (EDCA) de 2014, qui permet aux troupes américaines d’utiliser des sites aux Philippines pour des exercices de sécurité et des formations militaires conjointes.
DÉCEMBRE 2022
09 • Le département du Trésor américain gèle les avoirs d’Apollo Quiboloy, fondateur de la secte du Royaume de Jésus Christ basée à Davao City. Quiboloy, « conseiller spirituel » de l’ancien président Duterte, est accusé d’avoir utilisé son emprise pour abuser de jeunes filles dont les plus jeunes avaient 11 ans. Le gourou, qui se prend pour un nouveau Jésus-Christ, est aussi accusé de trafic d’êtres humains et contrebande de dollars. Quiboloy est le financier de nombreux politiciens philippins.
Portraits
Dr Bernadette Jardiolin Madrid, prix Ramon Magsaysay Foundation 2022
Le 31 août 2022, la pédiatre Bernadette J. Madrid était récompensée du prix Ramon Magsaysay Foundation47, pour son engagement inébranlable dans la lutte contre les violences envers les enfants.
Née en 1958 à Iloilo (île de Panay), Bernadette J. Madrid fait des études de médecine, spécialité pédiatrie, à l’Université des Philippines de Manille. Elle effectue sa formation post-internat en pédiatrie ambulatoire au Centre médical de Montefiore de New York, aux États-Unis. Depuis 25 ans, elle dirige l’Unité de protection de l’enfant de l’Hôpital général des Philippines (Philippine General Hospital Child Protection Unit, PGH-CPU), première structure phare dans l’histoire de la protection des enfants dans le pays. Elle développe un programme qui coordonne des services médicaux, légaux, judiciaires et sociaux pour les enfants victimes d’abus sexuels et autres violences et leur famille.
Bernie, de son surnom, est aussi présidente de la Fondation du réseau de la protection de l’enfant (Child Protection Network Foundation Inc., CPN), créée en 2002. Son partenariat avec de nombreuses institutions et le secteur privé permet d’étendre le Réseau des unités de protection des femmes et des enfants (Network of Women and Child Protection Units, WCPUs), constitué de nos jours de 123 unités dans 61 provinces et 10 villes, et qui a aidé plus de 140 000 enfants et adolescents, et plus de 30 000 femmes. Conjointement à ces activités, Bernie enseigne la pédiatrie depuis 20 ans à l’University of the Philippines Manila, et donne des cours à l’Académie judiciaire de la Cour suprême des Philippines.
Selon une étude du Council of the Welfare of Children en 2016, 66 % des enfants philippins ont subi des violences physiques, 19,1 % des violences sexuelles et 58 % des violences psychologiques – dans le milieu familial, scolaire, en ligne ou dans leur communauté, mais seulement 30 % se sont tournés vers les services mis en place pour eux. Bernadette Madrid a passé sa vie à essayer de réduire ce manque de liaison entre les enfants victimes d’abus et les structures existantes de protection de l’enfant.
L’engagement de Bernie, énergique et accompagnée d’une joie contagieuse selon ses proches et collègues, a fait naître de nombreuses autres vocations ou engagements militants dans ce domaine. Son leadership dans des organisations multisectorielles et multidisciplinaires de la protection de l’enfant et des femmes est admiré ailleurs en Asie. Elle est membre de plusieurs commissions gouvernementales nationales (santé, social, police, justice) et de comités d’organisations internationales (UNICEF, OMS). Son travail a aussi été récompensé en 2019 par le titre de la femme philippine la plus influente du Global FWN100™ (Most Influential Filipina Women in the World Award™).
Leody De Guzman, candidat aux élections présidentielles de 2022, socialiste et militant des droits des travailleurs
Né en 1959 à Naujan (Mindoro Oriental), Leody vient d’une famille de paysans et a obtenu un baccalauréat ès sciences en administration des douanes à l’Institut maritime des Philippines. Son militantisme pour la justice sociale et politique depuis 1983 (après l’assassinat de Ninoy Aquino, principal opposant au président Marcos Sr. pendant la loi martiale) n’a fait que s’accroître avec sa participation, entre autres, à l’association Justice for All, à la fédération du travail Kilusang Mayo Uno (KMU ou « Mouvement du 1er Mai ») et à la coalition progressiste des secteurs marginalisés socialistes et communistes, la Sanlakas (« Une force unie »). En 1993, il devient également le secrétaire général du Syndicat des travailleurs philippins (Bukluran ng Manggagawa ng Pilipino), une fédération de syndicats du pays.
« Ka Leody » (ka vient de kasama « camarade, compagnon ») considère que pour transformer la société, il est nécessaire de réformer le pouvoir structurel de la tranche des 1 % les plus riches du pays, constituée par l’élite politicienne, juridique et économique.
En 2016, il s’est présenté aux élections de la Chambre basse via la liste du parti Sanlakas et, en 2019, aux élections sénatoriales avec le Parti (de la) Force du Peuple (Partido Lakas ng Masa). Il n’a pas été élu.
Enfin, en 2022, il s’est présenté aux élections présidentielles avec Warren Bello comme candidat à la vice-présidence, également sous le Parti de la Force du Peuple ; un ticket avec très peu de moyens financiers et humains. Leur programme était basé sur des réformes économiques (augmentation du salaire minimum, salaire de base unique, développement des énergies renouvelables, etc.) et le développement social (bourses pour les étudiants défavorisés, logement, santé etc.). En 2021, l’organisme de sondage sur les phénomènes sociaux (Social Weather Stations) estime que trois millions de Philippins ont souffert de la faim. Pour affronter la malnutrition, une des mesures phares du programme électoral de Leody de Guzman proposait une profonde réforme agraire – jamais menée par les précédents présidents, bien qu’annoncée par eux. Dès le mois de janvier 2022, Ka Leody avait par ailleurs déclaré être en faveur du divorce (les Philippines sont le seul État au monde – avec le Vatican – où le divorce est illégal), du mariage entre personnes de même sexe et de la décriminalisation de l’avortement.
Ses idées progressistes n’ont pas attiré les votes (0,17 %), vraisemblablement du fait d’une radicalité perçue comme excessive par rapport au conservatisme politique et religieux du pays.
Arrêt sur image
Aux Philippines, les candidats aux élections présidentielles ainsi que certains partis politiques sont représentés par des couleurs. La campagne électorale 2022 fut l’une des plus colorées : le rose est apparu pour Leni Robredo (indépendante) afin de se démarquer du jaune représentant le parti Libéral (par ailleurs allié de Robredo), tandis que le bleu était associé à Isko Moreno (Aksyon Demokratiko, « Action démocratique »). Enfin le rouge de Bongbong Marcos (couleur du parti de son père, Kilusang Bagong Lipunan, KBL, « Mouvement de la nouvelle société ») et le vert de Sara Duterte (Hugpong ng Pagbabago, « Tournant vers le changement ») sont les couleurs du ticket gagnant des élections.
De tous les candidats à la présidence et à la vice-présidence, c’est Bongbong Marcos et Sara Duterte qui ont dépensé le plus, respectivement 623 millions ₱ (11 millions €) et 216 millions ₱ (3,8 millions €). Leni Robredo avec 388 millions ₱ (6,9 millions €) et son colistier Francis Pangilinan avec 130 millions ₱ (2,3 millions €) arrivent seconds. Leody De Guzman (cf. Portrait) est l’un de ceux qui ont le moins dépensé avec un million ₱ (17 857 €), et 2,8 millions ₱ (50 000 €) pour son colistier Walden Bello. Toutefois, ces montants ne comptabilisent que les déclarations faites par les candidats à la Commission aux élections et ne tiennent pas compte des financements occultes des partis politiques et candidats.
Notes de bas de page
1 Catherine Valente, « BBM makes history with over 31M votes », The Manila Times, 11 mai 2022.
2 Pia Ranada, « Duterte claims presidential bet into cocaine, calls him ‘weak leader’», Rappler, 18 novembre 2021. Le président Duterte est un grand ami de la famille Marcos mais a toujours été ambivalent vis-à-vis de Bongbong Marcos. Il fut même fort mécontent lorsque Sara Duterte se présenta aux côtés du fils Marcos.
3 Des présidents très populaires comme les présidents Estrada (1998-2001) et Duterte (2016-2022) n’ont été élus qu’avec 39 % des voix, le président Benigno Aquino III (2010-2016) avec 42 % des voix.
4 Conversations avec Victor Andres « Dindo » C. Manhit, président du think tank Stratbase ADR Institute.
5 Gaby Baizas, « Which provinces flipped for Marcos or Robredo in 2022? », Rappler, 12 mai 2022.
6 Rochel Ellen Bernido, « Marcos Jr. benefited from Facebook – study », Rappler, 10 mai 2022.
7 Pauline Macaraeg, « From fringe to mainstream: Tracing the myth of the Marcos gold online », Rappler, 9 avril 2022.
8 « Marcos: New drug war to focus on prevention, rehab; policy-crafting underway », CNN Philippines, 13 septembre 2022.
9 Sebastian Strangio, « Drug arrest of minister’s son a test of Philippine judicial independence », The Diplomat, 17 octobre 2022.
10 Jairo Bolledo, « Broadcaster Percy Lapid killed in Las Piñas, 2nd under Marcos », Rappler, 4 octobre 2022.
11 Raffy Cabristante, « Philippines still 7th in media watchdog’s 2022 global impunity index », ABS-CBN News, 3 novembre 2022.
12 Ernesto Hilario, « Should the PCGG stay or should it go? », Manila Standard, 7 septembre 2022.
13 « Marcos to ‘lead by example’ in anti-graft efforts, to make PCGG go after other corrupt individuals », CNN Philippines, 26 avril 2022.
14 Franco Luna, « Justice chief Remulla wants PCGG functions expanded », Philstar, 28 juillet 2022.
15 Xave Gregorio, avec Kristine Joy Patag, « Incoming BIR chief says will collect Marcos family’s estate tax », Philstar, 22 juin 2022.
16 Lian Buan, « Sandiganbayan dilutes Marcoses’ 2019 win: They’ll keep only 4 properties », Rappler, 26 juillet 2022.
17 Ralf Rivas, « Philippines’ debt nears P13-trillion mark in end-April 2022 », Rappler, 2 juin 2022.
18 Ronnel Domingo, « September inflation revs up to 6.9 % », Inquirer Business, 5 octobre 2022.
19 « Marcos’ first SONA: Experts weigh in on what he said and didn’t say », Philippine Center for Investigative Journalism (PCIJ), 27 juillet 2022.
20 Jerome Aning, Krixia Subingsubing, « Farmers’ group presses Marcos to name agri chief », Inquirer Business, 24 octobre 2022.
21 Catherine Talavera, « Philippine sugar output continues to drop », Philstar, 20 juin 2022.
22 Stephanie Sevillano, « SRA OKs importation of 150K metric tons of refined sugar », Philippine News Agency, 14 septembre 2022.
23 Kristine Joy Patag, « Sara Duterte-Carpio to become next DepEd chief », Philstar, 11 mai 2022 ; Bonz Magsambol, « Groups oppose Marcos Jr.’s decision to appoint Sara Duterte as DepEd chief », Rappler, 13 mai 2022.
24 Mong Palatino, « Why are schools still closed in the Philippines? », The Diplomat, 13 septembre 2022.
25 Bonz Magsambol, « DepEd working on ‘recovery plan’ to address learning gaps caused by pandemix », Rappler, 29 mars 2022.
26 Editorial, « Our basic education emergency », The Manila Times, 10 août 2022.
27 Republic of the Philippines, Departement of Education, « DepEd launches Brigada Eskwela 2022, promotes collaboration for education resiliency », https://www.deped.gov.ph/2022/08/02/deped-launches-brigada-eskwela-2022-promotes-collaboration-for-education-resiliency/, consulté le 29 octobre 2022.
28 Ashley de Vega et Almira Coleen, « DepEd lacks 91 000 classrooms for school year 2022-2023 », Rappler, 11 août 2022.
29 Béatrice Pinlac, « Sara Duterte: Give DepEd another P100B, we’ll fix PH education woes », Inquirer Business, 14 septembre 2022.
30 Catherine Dabu, « DepEd eyes hiring 10,000 teachers in 2023 », Inquirer Business, 1er septembre 2022.
31 Eimor Santos, « DepEd- ₱86.5B needed to build classrooms in 2023 », CNN Philippines, 19 août 2022.
32 Kaithreen Cruz, « Confidential funds for protection of learners », The Manila Times, 6 octobre 2022.
33 Bonz Magsambol, « Hontiveros urges DepEd to realign P150-M confidential fund to IP education », Rappler, 29 septembre 2022.
34 Clemente Eligia D, Domingo Sonny N, et Manejar Arvie Joy « A, Answering Critical Questions on Mining in the Philippines, Quezon City », Philippine Institute for Development Studies, 2018, p. 13.
35 Amurao, Maria Berlie, 2019, « A Review of Taxation in the Philippines Mining Industry », NTRC Tax Research Journal, vol. XXXI., n° 1, p. 6.
36 Le terme loi organique est un moyen d’éviter le terme « Constitution » de la Bangsamoro.
37 La BTA est un organisme intérimaire de 80 membres dont 41 membres du MILF, marquant la première étape de la mise en place de la BARMM.
38 « Bangsamoro lauds House, Senate for BARMM poll extension », Manila Standard, 28 septembre 2021.
39 Lors de cette opération 44 policiers des forces spéciales trouvèrent la mort dans la municipalité de Mamasapano. Les deux terroristes, le Malaisien Zulkifli bin Hir alias Marwan et son partenaire local Abdul Basit Usman, faisaient l’objet d’une chasse à l’homme depuis 2010 et leurs têtes étaient mises à prix par le Département de la justice américain. Marwan fut tué lors de cette opération.
40 Sofia Tomacruz, « In turnaround, Marcos pledges to uphold Hague ruling », Rappler, 26 mai 2022.
41 Daniza Fernandez, « Bongbong Marcos stands firm on protecting PH waters », Inquirer Business, 25 juillet 2022
42 Consulate of the People’s Republic of China in Laoag, « Opening Ceremony of Consulate of the People’s Republic of China in Laoag », 28 avril 2007.
43 « Imelda Marcos, 9 others awarded for promoting ‘PH-China understanding’ », ABS-CBN News, 28 juin 2021.
44 Sebastian Strangio, « Chinese Foreign Minister Courts Philippine’s President Marcos », The Diplomat, 7 juillet 2022.
45 Bea Cupin, « After ‘rocky times’, Marcos and Biden meet to rekindle ‘critical’ ties », Rappler, 22 septembre 2022.
46 Rommel Banlaoi, « Flexible foreign policy: Balancing PH relations with US, China under Marcos Jr. presidency », Rappler, 19 octobre 2022.
Auteurs
François-Xavier Bonnet est géographe et chercheur associé à l’IRASEC. Ses recherches se concentrent sur la géopolitique des Philippines : guérillas musulmanes, processus de paix à Mindanao et disputes maritimes en mer de Chine méridionale. Il a contribué récemment à Nathalie Fau et Benoît de Tréglodé (dir.) Mers d’Asie du Sud-Est. Coopérations, intégrations et sécurité (CNRS Éditions, 2018) et à Hérodote-L’Asie du Sud-Est avec « Cartographie des voies sous-marines en Asie du Sud-Est » (2020 : 25-42). Il est aussi membre du projet de recherches Émergences de l’université de Paris (2021-2023) consacré à l’aide et aux investissements chinois en Asie du Sud-Est.
Elisabeth Luquin est docteure en anthropologie sociale et ethnologie (EHESS), maîtresse de conférences de langue et littérature philippines et responsable de la licence des études philippines à l’INALCO. Elle a effectué de nombreux terrains dans l’archipel et est membre du Centre Asie du Sud-Est. Ses domaines de recherche sont, entre autres, l’étude des rituels, des mythes, de la notion d’ancestralité ainsi que la réflexion sur la grammaire filipino-tagalog et l’approche chronologique des littératures philippines. En délégation CNRS à l’IRASEC, elle travaille sur la diversité du fait religieux philippin, plus particulièrement dans les cultes/mouvements chrétiens indépendants, ainsi que sur la place des femmes dans ces cultes.
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L’Asie du Sud-Est 2017 : bilan, enjeux et perspectives
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2017
L’Asie du Sud-Est 2010 : les évènements majeurs de l’année
Arnaud Leveau et Benoît de Tréglodé (dir.)
2010
L’Asie du Sud-Est 2012 : les évènements majeurs de l’année
Jérémy Jammes et Benoît de Tréglodé (dir.)
2012
L’Asie du Sud-Est 2014 : bilan, enjeux et perspectives
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2014
L’Asie du Sud-Est 2015 : bilan, enjeux et perspectives
Abigaël Pesses et François Robinne (dir.)
2015
L’Asie du Sud-Est 2018 : bilan, enjeux et perspectives
Abigaël Pesses et Claire Thi Liên Tran (dir.)
2018