Philippines
p. 193-210
Texte intégral
1- Politique
1« Promue » aux plus hautes fonctions de l’Etat à l’issue d’un coup de force populaire dirigé contre le président Joseph E. Estrada, Mme Gloria Macapagal-Arroyo n’a pas été épargnée par les crises qui, depuis janvier 2001, ont entaché son mandat. Fragilisée par trois mutineries et tentatives de putsch ratées en 2003, 2006 et 2007, la présidente, empêtrée dans un scandale de fraudes électorales à l’issue du scrutin de mai 2004, a également dû faire face à la démission de plusieurs ministres et conseillers, à des manifestations appelant à son départ et à plusieurs procédures de destitution.
2L’année 2008 ne déviera pas de cette ligne directrice. Dès le mois de février, la présidente choisit de se débarrasser de l’un de ses alliés les plus précieux, Jose de Venecia Jr, après que le fils de celui-ci eut accusé Jose Miguel Arroyo, le mari du chef de l’Etat, d’avoir touché des millions de dollars de rétrocommissions sur un contrat de télécommunication signé en 2007 avec une compagnie publique chinoise (voir : 4. Economie). En sa qualité de président de la Chambre des représentants, « Joe De V » comme on le surnomme dans l’hémicycle, avait pourtant joué un rôle déterminant dans la survie politique de la présidente – orchestrant par trois reprises (2005, 2006 et 2007) l’échec des procédures de destitution à l’encontre de celle-ci ; et ce, à une période où ses opposants étaient majoritaires au Sénat.
3Si la disgrâce de M. de Venecia n’a pas eu de répercussions sur le soutien dont jouit la présidente à la Chambre des représentants, les partisans et alliés de Mme Arroyo formant une majorité encore plus écrasante à l’issue des élections de mi-mandat de mai 2007 que lors de la précédente législature, les accusations lancées contre Jose Miguel Arroyo, se sont soldées par de nouvelles manifestations. Fin février, des milliers de contestataires (parmi lesquels deux anciens présidents : « Cori » Aquino et Joseph Estrada) réunis à Manille, réclament la démission de la présidente mais le « People Power III » ne se produira pas. Il y a au moins quatre raisons à cela :
D’abord parce qu’à deux ans des présidentielles de mai 2010, bon nombre de sénateurs caressent l’espoir d’accéder à leur tour, aux fonctions suprêmes. Or, si la présidente venait à être renversée par des moyens anticonstitutionnels ou légalement destituée, le scrutin pourrait être repoussé ou, ce qui serait encore pire du point de vue des sénateurs, elle serait remplacée par le vice-président en exercice, M. Noli de Castro, qui deviendrait (comme Mme Arroyo l’a été en 2004) un candidat difficile à battre aux élections.
Ensuite parce que les manifestants n’ont pas obtenu l’appui du haut-commandement des armées, sans lequel les précédents « People Power » n’auraient pu avoir lieu. Le fait qu’aucun officier de second rang ne se soit rangé du côté des protestataires s’explique sans doute par le remaniement constant des affectations qui touche les échelons intermédiaires de l’armée de terre.
Mais aussi parce que la présidente qui, depuis janvier 2001, s’est rendue à plusieurs reprises en visite officielle au Vatican, conserve le soutien du haut-clergé catholique.
Enfin parce qu’après les désillusions du « People Power I » de 1986 et du « People Power II » de 2001, les Philippins – bien que très critiques à l’égard de l’actuelle administration – semblent moins enclins à croire les élites politiques leur promettant un changement… qui n’arrive jamais.
Régions et provinces
I Ilocos
1 Ilocos Norte
2 Ilocos Sur
3 La Union
4 Pangasinan
CAR (Cordillera Administrative Region)
5 Abra
6 Apayao
7 Benguet
8 Ifugao
9 Kalinga
10 Mountain Province
II Cagayan Valley
11 Batanes
12 Cagayan
13 Isabela
14 Nueva Vizcaya
15 Quirino
III Central Luzon
16 Zambales
17 Tarlac
18 Nueva Ecija
19 Pampanga
20 Bataan
21 Bulacan
22 Aurora
IVa CALABARZON
23 Rizal
24 Cavite
25 Laguna
26 Batangas
27 Quezon
28 Mindoro Occidental
29 Mindoro Oriental
30 Marinduque
31 Romblon
32 Palawan
V Bicol
33 Camarines Norte
34 Catanduanes
35 Camarines Sur
36 Albay
37 Sorsogon
38 Masbate
VI Western Visayas
39 Antique
40 Aklan
41 Capiz
42 Iloilo
43 Negros Occidental
VII Central Visayas
44 Oriental Negros
45 Cebu
46 Bohol
47 Siquijor
VIII Eastern Visayas
48 Northern Samar
49 Samar
50 Eastern Samar
51 Leyte
52 Southern Leyte
53 Biliran
IX Zamboanga Peninsula
54 Zamboanga del Norte
55 Zamboanga Sibugay
56 Zamboanga del Sur
X Northern Mindanao
57 Camiguin
58 Misamis Occidental
59 Misamis Oriental
60 Bukidnon
61 Lanao del Norte
XI Davao
62 Compostela Valley
63 Davao del Norte
64 Davao del Sur
65 Davao Oriental
XII SOCCSKSARGEN
66 Cotabato
67 Sarangani
68 South Cotabato
69 Sultan Kudarat
XIII CARAGA
70 Agusan del Norte
71 Agusan del Sur
72 Dinagat Islands
73 Surigao del Norte
74 Surigao del Sur
ARMM (Autonomous Region of Muslim Mindanao)
75 Lanao del Sur
76 Maguindanao
77 Shariff Kabunsuan
78 Basilan
79 Sulu
80 Tawi-Tawi
NCR (National Capital Region)
4En dépit de 22 % d’opinion favorable (juillet 2008), la plus mauvaise performance enregistrée par un chef d’Etat depuis la chute du dictateur Ferdinand Marcos en 1986, Mme Arroyo ne devrait donc pas subir le même sort que son malheureux prédécesseur. L’opposition ne détenant que vingt-huit sièges sur 240 à la Chambre basse, il est peu probable que la dernière procédure de destitution pour corruption et pour violation des droits de l’Homme introduite, le 13 octobre 2008, à son encontre, aboutisse… à condition toutefois que Mme Arroyo ne s’aventure pas sur la voie « glissante » d’un amendement de la Constitution de 1987 (qui limite à un mandat de six ans non renouvelable, la fonction de chef de l’Etat) pour prolonger son mandat présidentiel au-delà de la date butoir de mai 2010.
2- Sécurité intérieure
5Après une année 2007 globalement stable79, la situation s’est considérablement dégradée en 2008 sur le plan de la sécurité intérieure… Conformément à une directive adoptée au mois de mai 2006, la New People’s Army (Armée du peuple nouveau, NPA) a multiplié ses attaques ciblées contre des sociétés philippines et étranères, au motif que leurs activités ont un impact négatif sur la population et l’environnement (sic). C’est cependant sur le front musulman que la dégradation de la situation en 2008 a été la plus marquante. Début août, de violents combats opposant l’armée philippine (AFP) et le bras armé du Muslim Islamic Liberation Front (MILF), ont éclaté dans la province de Cotabato, avant de s’étendre à neuf autres provinces de l’île mériionale de Mindanao. Résultats : le nombre de déplacés dans l’Archipel, est passé de 117 000 en septembre 2007, à 523 000 un an plus tard. Egrainés dans des centaines de camps, ces déplacés ont, pour certains, quitté leur barangay80 à la suite de frappes aériennes lancées sur leur village par des avions d’attaque au sol Bronco OV-10 de l’armée de l’air81.
Déplacements de population dus aux combats entre l’AFP, le MILF et la NPA (2008)
Date | Province (Région) | Nombre de déplacés |
Janvier | Sultan Kudarat (ARMM) | 1 100 |
7 janvier | Davao del Norte (XI) | 1 000 |
16 janvier | Masbate (V) | 668 |
20 janvier | Lanao del Sur (ARMM) | 550 |
30 janvier | Zamboanga del Norte (IX) | 1 640 |
Janvier-juin | Maguindanao (ARMM) | 44 500 |
1er février | Cotabato (XII) | 808 |
19 février | Occidental Mindoro (IVb) | 830 |
2 avril | Cotabato (XII) | 375 |
8 avril | Sharief Kabunsuan (ARMM) | 4 175 |
14 avril | Occidental Mindoro (IVb) | 830 |
29 avril | Sulu (ARMM) | 2 250 |
5 mai | Cotabato (XII) | 435 |
11 mai | Bukidnon (X) | 632 |
15 mai | Compostela Valley (XI) | 1 000 |
Mai-juin | Basilan (ARMM) | 3 700 |
11 juin | Sultan Kudarat (XII) | 915 |
14 juin | Davao City (XI) | 640 |
15 juin | Sulu (ARMM) | 2 500 |
14-18 juin | Davao del Sur (XI) | 1 400 |
27 juin | Sarangani (XII) | 1 750 |
30 juin | Masbate (V) | 1 800 |
13 juillet | Agusan del Sur (XIII) | 200 |
Juillet-août | Cotabato (XII) | 165 000 |
Août-septembre | Basilan, Lanao del Sur, Maguindanao, Sharief Kabunsuan (ARMM), Lanao del Norte (X), Sarangani, Cotabato, Sultan Kudarat (XII) | 285 000 |
TOTAL | 523 698 |
Le Muslim Islamic Liberation Front (MILF)
6A Mindanao, grande île méridionale où sont installés 95 % de la minorité musulmane (3,9 millions d’individus de l’Archipel, 2008 devait être l’année de tous les espoirs ; elle sera celle de toutes les déceptions. Quatre années de négociations souvent difficiles entre le gouvernement de Manille et le comité central du Front islamique de libération moro (MILF) ont abouti, le 16 juillet, à la signature d’un mémorandum d’accord sur les domaines ancestraux, devant aboutir à la création dans le sud-philippin, d’une entité juridique Bangsamoro82. Reconnaissant l’existence d’un lien historique entre cette « entité83 » et les anciens sultanats qui, entre le XVIe et le XIXe siècle, ont dirigé le Mindanao et l’archipel des Sulu, l’accord en question prévoit de donner aux Moro84 davantage d’autonomie en matière de gouvernance ainsi que dans la gestion et le partage des revenus générés par l’exploitation des richesses naturelles et halieutiques Bien qu’il ne soit pas un gage de paix en soit, ce protocole d’accord est un jalon indispensable à la reprise des pourparlers sur la résolution d’un conflit qui, en l’espace de quarante ans, a coûté la vie à au moins 125 000 personnes.
7Mais une décision de justice rendue, le 4 août, par la Cour suprême (après que celle-ci eut été saisie par des hommes politiques chrétiens de Mindanao), bloquant l’application du protocole d’accord va relancer les hostilités. Echaudés par ce coup de Jarnac, trois commandants parmi les plus sanguins du MILF, le Maranao Abdullah Macapaan (alias Kumander Bravo), commandant de la Base 102 (camp Bilal à Lanao del Norte), l’uztadz Ameril Umbra Kato (Kumander Kato) qui commande la Base 105 (camp Vietnam) à Maguindanao, et l’ouléma Sulaiman Pangalian (Kumander Pangalian), chef de la Base 103 (camp Khalid) à Sarangani, lancent une série d’opérations de représailles contre des barrio chrétiens, tuant 28 civils et quatre policiers85. Les quatorze autres commandants de base du Bangsamoro Islamic Armed Forces (BIAF), le bras armé du MILF, ont eux choisi de faire bloc derrière le comité central présidé pour l’heure par le Maguindanao Al Haj Ibrahim Murad.
8La reprise des affrontements entre les forces armées, la police et leurs supplétifs CAFGU (Citizen Armed Forces Geographical Unit) et CVO (Civilian Volunteers Organization), et les moudjahidin des Kumander Bravo, Kato et Pangalian, a fait en l’espace d’un mois près de 300 morts et jeté sur les routes environ un demi-million de déplacés. Pas moins de 185 accrochages ont été recensés entre début août et début septembre, indiquent des sources militaires à Marawi City86. On estime que 70 % des effectifs de l’AFP (113 500 militaires d’active) ont été déployés à Mindanao… Epaulée par l’aviation, l’infanterie peut aussi compter sur l’appui de la marine verte : fait inédit, des patrouilleurs lourdement armés ont, en effet, été déployés sur le lac Lanao afin d’empêcher tout ravitaillement du Kumander Bravo par des unités du BIAF installées (camp Bushra Somiorang) sur la rive sud du plan d’eau.
9Pour l’heure, le comité central du MILF, en proie à un schisme interne, a refusé de livrer les trois commandants susmentionnés (préalable posé par le gouvernement pour reprendre la négociation sur les domaines ancestraux), position qui, à la grande satisfaction des « faucons » du département de la Défense et de politiciens chrétiens de Mindanao, ouvre la voie à un nouveau cycle de violence et tue dans l’œuf le rêve, pourtant à portée de main, d’un Bangsamoro dans la grande île méridionale. Le 3 octobre, la présidente Arroyo a officialisé l’acte de décès du mémorandum et, opération « gagnante-gagnante-gagnante87 » pour le chef de l’Etat, a annoncé que l’Union européenne allait aider Manille à conquérir la paix grâce au développement et au dialogue interreligieux. Des mesures qui, l’histoire le montre, ont déjà échoué par le passé.
Le Reform Ilaga Movement (RIM)
10Les raids lancés par les Kumanders Bravo, Kato et Pangalian sur des barrio chrétiens abritant, entre autres, des descendants de colons ilonggo (comme à barangay Libertad, dans la province de Lanao del Norte), et les combats qui s’en sont suivis, ont fait renaître un phénomène que l’on croyait éradiqué depuis les années 1980 : les milices chrétiennes Ilaga88. Remis sur pied par un influent parlementaire installé à Mindanao, ce mouvement illégal au regard de la Constitution de l’Archipel, a été rebaptisé Reform Ilaga Movement (RIM). Ses membres sont des fermiers mais aussi d’anciens policiers. Tous de confession chrétienne, ils disposent d’un armement léger hétéroclite allant du M-16, au fusil Garant M-1 en passant par une pléthore d’armes blanches et de tromblons de fabrication artisanale. Installé dans les régions de Midsayap et d’Aleosan, le RIM fédèrerait cinq autres milices chrétiennes du même genre : le MARCA basé à Panabo (Davao del Norte), le Peace Mover (General Santos), le Sagrado Corazon Senior (Ozamis) de même que deux groupes de moindre importance, composés de montagnards, Pulahan et Homan. Revendiquant des milliers de membres à travers la grande île du sud-philippin, le RIM s’oppose catégoriquement « à la création d’une entité juridique Bangsamoro qui empièterait sur des terres appartenant aujourd’hui à des descendants de colons chrétiens », et dit être « prêt à détruire des villages musulmans et à tuer leur population pour l’en empêcher89 ».
Le Communist Party of the Philippines – New People’s Army – National Democratic Front (CPP-NPA-NDF)
11Implanté dans soixante-neuf des quatre-vingt-une provinces que compte l’Archipel, le Front national démocratique (NDF), coalition d’organisations de masse du parti communiste (maoïste) des Philippines (CPP) et son bras armé, l’armée du peuple nouveau (NPA), forte de 5 700 hommes en armes, est considéré par bon nombre d’officiers déployés sur le théâtre d’opération, comme « la menace la plus sérieuse » pesant sur le pays. Contrairement en effet au MILF (11 000 maquisards) qui, exception faite des « brigades expéditionnaires », fonctionne selon les critères d’une force semi-conventionnelle, contrairement aux groupuscules Abu Sayyaf qui, bien souvent, peinent à récolter les fonds nécessaires à la poursuite de leur jihad contre les chrétiens dans l’archipel des Sulu, le NPA-NDF est un mouvement clandestin extrêmement bien structuré, utilisant les règles d’engagement de la guerre de guérilla, et qui a mis en place un système de racket des entreprises (répondant au nom d’impôt révolutionnaire) pour financer sa « guerre du peuple »90.
12En 2008, la NPA a lancé plusieurs raids contre des sociétés opérant dans les campagnes, montrant ainsi à leur direction respective qu’il était coûteux de vouloir se soustraire à cette police d’assurance. Si les compagnies de téléphonie (Globe Telecom à Compostella Valley, etc.), de l’agro-industrie (la plantation de jatropha de la Tamlang Valley Agri Development Corp. à Negros, la bananeraie du géant américain Dole Food Corp. à Mindanao, etc.) ou les équipementiers (la joint-venture franco-philippine Pamatec à Masbate) ont fait les frais de cette politique, le secteur le plus touché est sans nul doute celui de l’industrie minière : les mines Sagittarius du groupe helvète Xstrata à Tampakan, les gisements JB Mining & Management Corp., Apex Mining Company et Philco Mining Corp. à Compostella Valley, etc. La destruction de millions de dollars de matériel et les vols d’équipements (radioémetteurs, armes légères, etc.) appartenant aux gardiens chargés de protéger les infrastructures ont convaincu l’armée de la nécessité de mettre en place des milices villageoises locales entraînées et armées par ses soins mais rémunérées par le prestataire de service.
13Nonobstant la situation sur le front communiste, des négociations de paix informelles entre des représentants du gouvernement philippin et du NDF ont eu lieu à Oslo (Norvège) entre le 13 et le 15 mai 2008. Pour l’heure, aucun signe encourageant n’est à signaler. En exil au Pays-Bas, la direction du mouvement conditionne, en effet, la reprise du dialogue au retrait du CPP et de la NPA de la liste des organisations terroristes étrangères, établie par le Département d’Etat américain.
3- Géopolitique
14Principales bénéficiaires de l’aide octroyée par Washington aux pays d’Asie du Sud-Est insulaire (Indonésie, Malaysia et Philippines) dans le cadre de la « guerre » menée par les Etats-Unis contre le terrorisme islamique, les Philippines ont œuvré, en 2008, au renforcement de la sécurité maritime de leurs frontières les plus méridionales. Surnommée la « backdoor », la vaste étendue de mer entourant l’archipel des Sulu et l’île de Mindanao, fiefs historiques de la minorité musulmane dans l’Archipel91, est en effet communément empruntée par les jihadistes locaux (MILF, Abu Sayyaf, MNLF « lost command », etc.) ou régionaux (Jemaah Islamiyah). Soumises à un trafic maritime soutenu, les mers des Célèbes et des Sulu qui séparent les Philippines de la Malaysia et de l’Indonésie, sont également des zones de non-droit, prisées des contrebandiers et des pirates de kampong (village en malais) qui, depuis les îles Pilas ou celle « du Monstre », s’attaquent aux chalutiers nord-asiatiques venant piller la mer coutumière ou aux ferrys reliant les îles de la région92. D’où la décision prise conjointement par Washington et Canberra de financer l’installation d’un système de radar sophistiqué permettant de détecter les petites embarcations et la mise en place, en collaboration cette fois avec les services de douane, d’une agence de garde-côtes spécialisée dans la surveillance des zones maritimes jugées les plus sensibles. La gestion de ce système de veille a été confiée au Security Engagement Board, un organe créé avec le soutien des Etats-Unis, à la suite de la signature d’un accord bilatéral en 2006. Vu leur connaissance de la région et compte tenu de l’habilité avec laquelle les pirates et les contrebandiers partant de Sandakan (Malaysia) manœuvrent leurs « pumpboats », nul ne peut présumer des chances de succès de ce système de surveillance ; les services opérant dans les pays limitrophes, chargés sur terre comme en mer, de la lutte contre ces deux fléaux ayant, il est vrai, été à ce jour tenus à l’écart
15Alors que cette année, les exercices conjoints américano-philippins se sont déplacés de l’archipel des Sulu93 vers l’île de Balabac, à l’extrême pointe sud de la grande île (11 785 km²) de Palawan, un fait mérite également d’être signalé. Pour la première fois depuis 1978, année où la république des Philippines proclame sa souveraineté sur neuf îles coralliennes faisant partie des Spratley, archipel contesté94, situé en mer de Chine méridionale ayant servi de base de ravitaillement pour les sous-marins japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, et dont les eaux sont devenues depuis lors, un point de passage obligé pour les supertankers en provenance du Moyen-Orient approvisionnant la Chine en pétrole, un panel d’experts philippins s’est déplacé sur Pag-asa (à 480 km au nord-ouest de Palawan) afin d’y étudier l’écosystème marin. Objectifs : développer des « infrastructures touristiques ». On note également la présence probable de gisements d’hydrocarbure dans les hauts-fonds de l’archipel des Spratley.
4- Economie
16Au plan économique comme sur le plan sécuritaire, l’année 2008 n’aura pas été un grand cru pour l’archipel Philippin. Conséquence de la crise des crédits hypothécaires à risque aux Etats-Unis et de l’instabilité qui a secoué l’île de Mindanao au mois d’août, le taux de croissance qui, en 2007, avait atteint 7,3 % en rythme annuel (du jamais observé depuis trente et un ans), est retombé à 4,7 % au début du troisième trimestre 2008, soit un point de moins que le trimestre précédent.
17Le ralentissement de la croissance américaine, premier partenaire commercial de l’Archipel, s’est traduit par un tassement du volume des exportations aux deux premiers trimestres mais aussi, reflet d’une relative prudence en Asie du fait de la situation outre-Pacifique et de l’envolée du prix du baril de brut, par une diminution significative (- 60 % par rapport à 2007 sur la période allant de janvier à juillet) des investissements directs étrangers en provenance du Japon, de Corée du Sud, de Malaysia et de Singapour dans les secteurs manufacturier, minier, financier, immobilier, de la construction et des services. La Bangko Sentral Ng Pilipinas estime ainsi à 1,1 milliard de dollars (contre 3,5 en 2007), le montant total des investissements étrangers devant être réalisés en 2008 dans l’Archipel95. Le volume des importations devant, une fois encore, être supérieur à celui des exportations, le déficit commercial (- 5 milliards de dollars pour l’ensemble de l’année 2007) devrait se creuser davantage cette année. Le montant de la dette extérieure, estimé à 54,5 milliards de dollars en 2007, devrait dès lors s’accroître pour atteindre 57 milliards de dollars en 2008.
18En outre, la chute du billet vert sur le marché des changes observée depuis fin 2007 ainsi que le renforcement du pesos96 qui en a résulté a considérablement poussé à la hausse les prix des matières premières et des produits de première nécessité, réduisant de ce fait la consommation et provoquant ainsi un ralentissement de l’activité économique. Résultats : les chiffres du chômage se sont envolés, passant de 7,4 à 8 % entre janvier et avril 2008. En augmentation, lui aussi, le taux de sousemploi avoisinait, à la même époque, les 20 %… La valeur de leur salaire en pesos ayant brusquement chuté avec l’effondrement du billet vert, la plupart des huit millions de travailleurs philippins migrants (parmi lesquels la moitié vit aux Etats-Unis) a différé sine die tout transfert de fonds à leur famille, provoquant une baisse d’activité immédiate dans les secteurs clés du BTP et de l’immobilier durant le premier semestre 2008. En 2007, le montant total de l’apport des travailleurs Outre-Mer résidant dans les pays industrialisés ou travaillant sur des navires de commerce – 14,5 milliards de dollars – équivalait, à 10 % du PIB, selon la Banque centrale des Philippines.
19Ralentissement de l’économie oblige97, les recettes fiscales seront moindres en 2008-2009, ce qui augure une situation allant dans le sens d’une aggravation modérée du déficit budgétaire (+ 1,1 milliard de dollars), et d’une légère baisse du volume de liquidités disponibles (36,7 milliards de dollars en août 2008) pour financer sur le court terme, les besoins sociaux – éducation (2,4 % du budget en 2007) et santé (0,3 %) – et en infrastructures du pays ; ce en dépit des réformes entreprises par la présidente pour accroître les recettes de l’Etat. Parmi les réformes les plus significatives, on compte notamment l’introduction d’une TVA à 12 % sur le pétrole et l’augmentation des impôts pour les ménages aux revenus moyens élevés, c’est-à-dire supérieurs à 20 000 pesos pour un célibataire et à 32 000 pesos pour un couple.
20Tandis que les perspectives de croissance dans l’Archipel semblent, à moyen terme, étroitement liées – travailleurs Outre-Mer, exportations, tourisme, etc. – à la santé économique des Etats-Unis, l’ancienne puissance coloniale, ébranlée en 2007 par une crise immobilière des subprimes qui s’est muée, un an plus tard, en une crise financière mondiale, les Philippines demeurent fragilisées par des maux endémiques : la corruption et le détournement de fonds publics. Dans son rapport annuel 2008, le Political & Economic Risk Consultancy basé à Hong Kong estime que pour la deuxième année consécutive, les Philippines sont le pays le plus mal noté de la région en matière de corruption. Quelques mois plus tard, la Banque mondiale a émis des signaux similaires ; l’archipel Philippin se retrouvant cette fois encore à la dernière place – derrière l’Indonésie – sur la liste des dix économies les plus importantes de la zone Asie-Pacifique Selon l’institution financière internationale, 20 % au moins, du budget national serait englouti par la subornation.
21Plusieurs affaires ont illustré cette triste réalité au cours de l’année 2008. Parmi celles-ci, on citera l’annulation d’un contrat de 330 millions de dollars, signé en 2007 entre l’équipementier chinois ZTE Corp. et le gouvernement philippin, visant à doter la fonction publique d’un accès Internet à haut-débit. Plusieurs officiels proches du dossier (parmi lesquels Jose Miguel Arroyo, le mari de la présidente) auraient perçu d’importantes rétrocommissions (70 millions de dollars), augmentant de ce fait le montant initial du contrat. Dans la même veine, on fera également référence à l’affaire du « projet d’extention C-5 » qui a éclaté au mois de septembre et dans laquelle des élus ayant reçu, par erreur, deux fois le montant nécessaire (4,5 millions de dollars) à la construction d’une portion d’autoroute, auraient omis de mentionner ce fait, aux autorités concernées.
5- Société
22Comme dans le reste de la région, le rythme de l’inflation s’est nettement accéléré aux Philippines (11,9 % au troisième trimestre) à partir du mois d’avril 2008. La nourriture absorbant la moitié du budget familial, l’envolée des prix des biens de consommation courants a non seulement affecté les ménages les plus vulnérables (en 2006, un Philippin sur trois vivait en dessous du seuil de pauvreté) mais encore accru la paupérisation d’une partie de la population, aggravant ainsi encore un peu plus la fracture sociale. Les foyers les plus riches de l’Archipel (5 % de la population) s’accaparent, il est vrai, 30 % des richesses nationales soit cinq fois ce que gagnent les 33 % de pauvres recensés en 2006 par le National Statistics Office98.
23La pauvreté aux Philippines est également imputable à l’ukase imposé aux politiques par la très influente Eglise catholique, en matière de planning familial et de contrôle artificiel des naissances99. Douzième pays du monde par sa population, les Philippines (qui, en 1975, avaient une démographie semblable à celle de la Thaïlande) comptent trois décennies plus tard 88,6 millions d’âmes (contre 65,5 millions en Thaïlande) et devraient dépasser le seuil des 140 millions en 2040, si rien n’est fait d’ici là en matière de planning familial100.
24Le « système D » est donc pour un nombre croissant de Philippins, le seul échappatoire possible… En avril 2008, face à la recrudescence d’un trafic illégal de reins prélevés sur des donneurs pauvres et peu éduqués, les autorités philippines ont interdit la vente d’organes aux étrangers. Les services de police doivent aussi faire face, depuis le premier trimestre, à l’arrivée massive de métamphétamines « made in North Korea » dans l’Archipel. Fabriquée dans des laboratoires clandestins, affirment les agents de la Philippines Drugs Enforcement Agency (PDEA), cette drogue de synthèse est deux fois moins chère que le shabu local ou importé de Taïwan ou de Chine continentale. S’il est trop tôt pour que la PDEA tire les conséquences de cet afflux de psychostimulants à bas prix sur la consommation de drogue dans le pays – 3,4 millions de toxicomanes –, d’autres services de police ont, quant à eux, démontré l’existence d’un lien mécanique entre pauvreté et augmentation de la criminalité parmi les mineurs qui, tombés sous la coupe de syndicats du crime, sont chaque jour plus nombreux à être impliqués dans des affaires d’extorsion de fonds pour les adolescents, et de cybersexe pour les jeunes filles.
6- Environnement
25Avec ses 7 107 îles, l’archipel Philippin est l’un des pays au monde les mieux pourvus sur le plan de la biodiversité. Mais il est aussi l’un des plus menacés… Plus de la moitié de la faune endémique (1 137 espèces animales) ainsi qu’un sixième de la flore (14 000 plantes) sont en voie d’extinction. Les experts philippins s’accordent sur le fait que l’exploitation des forêts primaires de basse altitude et l’exploitation des mines (chrome, nickel, etc.) localisées aux abords de celles-ci, sont les activités humaines aux effets les plus dévastateurs pour les végétaux. Quant à la faune sauvage, on estime que la destruction de son habitat contribue pour beaucoup à la disparition lente des 592 espèces animales en danger ne vivant qu’aux Philippines, telles que l’aigle de Mindanao ou le buffle nain de Mindoro. Une responsabilité qui incombe également aux gangs de braconniers de Palawan, devenus en 2008 les principaux fournisseurs des trafiquants d’oiseaux rares vendus dans les marchés noirs de Manille.
7- Conclusion
26Frappé de plein fouet par l’inflation et la crise qui s’est abattue sur les Etats-Unis, son premier partenaire commercial, l’Archipel a vu la timide reprise économique amorcée en 2007 se volatiliser en même temps que se sont envolés les espoirs d’un règlement du conflit avec les autonomistes musulmans dans le Sud. Impopulaire mais soutenue par l’armée et le clergé, la présidente Arroyo a, dans ce contexte, été contrainte de ralentir le rythme des réformes économiques et sociales en cours. A moins de deux ans des prochaines présidentielles, Mme Arroyo a, par contre, poursuivi sa tentative de réforme des institutions (amendement de la Constitution afin de transformer le système bicaméral en un système parlementaire unicaméral) au détriment d’autres dossiers, comme par exemple, celui de l’intégration régionale de l’Archipel dans l’Asean. Si l’année 2008 a été une année difficile pour les Philippines, la période 2009-2010 promet de l’être encore davantage, l’Archipel étant à la veille d’une nouvelle phase de turbulence politique, économique et sécuritaire à l’issue incertaine.
Notes de bas de page
79 Seul l’archipel des Sulu, a été entre avril et août, le théâtre d’escarmouches entre les Marines et une faction dirigée par l’uztadz Habier Malik, du Moro National Liberation Front, retranchée à Jolo ayant refusé de déposer les armes après la signature, en 1996, d’un accord de paix entre Nur Misuari et le gouvernement, des unités de moudjahidin du Moro Islamic Liberation Front postées dans leur fief d’Al-Barkah (ex-barangay Tipo-Tipo) sur l’île de Basilan et, enfin, des militants de la mouvance Abu Sayyaf se déplaçant entre les îles de l’archipel cité plus haut.
80 Barangay [du tagalog] : groupement de villages.
81 Entretien de l’auteur avec plusieurs familles de déplacés, le 27 septembre 2008 dans les faubourgs de la ville de Midsayap.
82 Bangsamoro [du malais] : nation moro.
83 L’entité juridique Bangsamoro est un ensemble géographique regroupant l’Autonomous Region of Muslim Mindanao (ou ARMM, à savoir : les provinces de Lanao del Sur, de Maguindanao, de Basilan (à l’exception d’Isabela City), de Sulu, de Tawi-Tawi et Marawi City) ainsi que les municipalités Baloi, Munai, Nunungan, Pantar, Tagoloan et Tangkal (Lanao del Norte). Un référendum était aussi prévu début 2009 dans une série de zones « litigieuses » (719 localités) réclamées par les deux parties.
84 Moro [de l’espagnol] ou Maures est le nom qu’ont donné, au XVIe siècle, les conquistadores aux musulmans installés dans l’Archipel. La communauté moro compte treize groupes ethnolinguistiques : les Maguindanao (Maguindanao et Cotabato), les Maranao (Lanao del Sur et Marawi City), les Tausug (Sulu), les Samal (Tawi-Tawi et Northern Samar), les Yakan (Basilan), les Iranum (baie d’Illana et Zamboanga Sibugay), les Palawani (Palawan), les Badjao (Sulu et Panay), les Jama-Mapun (Tawi-Tawi et Cagayan de Sulu), les Kolibugan (Zamboanga del Norte), les Kalagan (Davao oriental), les Molbog (Balabac) et les Sangkil (golfe de Davao et Sarangani).
85 Uztadz [de l’arabe] est un titre donné par les musulmans du Sud philippin aux professeurs enseignant dans les écoles coraniques. Barrio [de l’espagnol] : village.
86 Entretien de l’auteur avec un officier de l’AFP, le 27 septembre 2008 à Marawi City.
87 Gloria Macapagal Arroyo a très habilement su tirer profit de la situation pour, en cette fin de second mandat, consolider sa position vis-à-vis des élites et autres « acteurs dormants » : les hommes politiques chrétiens dans le Sud menacés par le mémorandum maintiennent le statu quo et l’armée qui devrait bénéficier de davantage de budgets en 2009, pourra toujours compter sur son « usine à fabriquer des généraux ». Enfin, la communauté internationale a cessé de faire pression sur Malacañang en vue d’arracher coûte que coûte un accord avec le MILF.
88 Ilaga (rat en tagalog) est l’acronyme d’Ilonggo Land Grabbers Association, un mouvement antimusulman de sinistre réputation fondé en 1970 par le « commandant Toothpick ». Les membres de cette milice mutilaient les cadavres de leurs victimes et s’adonnaient à du cannibalisme rituel.
89 Entretien de l’auteur avec Mike Santiago, porte-parole du RIM, et des miliciens chrétiens, le 26 septembre 2008 dans la région des marais de Linguasan.
90 En période préélectorale, la « taxe révolutionnaire » s’étend aussi au monde politique : entre 100 et 200 000 pesos pour un candidat aux fonctions de maire, 75 000 pesos pour un adjoint, etc.
91 Michel Gilquin (sous la direction de), Atlas des minorités musulmanes d’Asie orientale et méridionale, Irasec Presses du CNRS, Paris, à paraître.
92 Voir notamment Pirates et terroristes en mer d’Asie : un maillon faible du commerce mondial de Solomon Kane et Francis Martin, Autrement, Paris, 2005, 132 p.
93 Sur l’île de Jolo, les forces spéciales américaines déployées dans le pays depuis 2002 en vertu de l’Accord sur le stationnement des forces étrangères (1999), se sont ainsi durablement installées dans l’Adventure Beach Resort, un « resort » anonyme situé le long du littoral dans la municipalité de Patikul.
94 Les 148 îlots et récifs coralliens sont revendiqués par la Chine, la Malaisie, Taïwan, les Philippines et le Viêt Nam qui y ont stationné des troupes. Le sultanat de Bruneï a, quant à lui, étendu sa zone de pêche dans la partie sud de l’archipel mais sans réclamer d’île.
95 Cette annonce n’est pas une mauvaise nouvelle pour les hommes d’affaires chrétiens contrôlant l’économie de Mindanao, grande île méridionale où vit la majorité des 3,8 millions (2000) de musulmans de l’Archipel. De l’aveu même de plusieurs d’entre eux, ces derniers redoutent que l’implantation d’entreprises étrangères dans la région ne viennent ébranler leur position dominante et les privent ainsi de leurs privilèges.
96 Au premier trimestre 2008, un dollar valait 40 pesos, contre 49 un an auparavant. D’après FXHistory, 2008.
97 Le Fonds monétaire international a revu à la baisse les perspectives de croissance de l’Archipel en 2008 (4,4 %) et 2009 (3,8 %). International Monetary Fund, World Economic Outlook Report, Washington, 9 octobre 2008.
98 Avec respectivement 47 et 51 % de personnes concernées, les agriculteurs et les pêcheurs sont les groupes socio-professionnels les plus exposés à la pauvreté.
99 Certains membres du haut-clergé ont menacé d’excommunion les parlementaires essayant d’œuvrer dans ce sens. D’autres ont averti la classe politique que des « consignes de vote » seront données afin d’empêcher que soit élu tout candidat s’opposant à ce dogme établi par la curie romaine.
100 A ce jour, seules 33 % des femmes mariées utilisent des moyens de contraception aux Philippines, contre 57 % au Vieêt Nam ou 83 % en Chine.
Auteur
Journaliste à France 24. Tour à tour en poste au Cambodge, au Viêt Nam puis en Thaïlande, il couvre l’Asie du Sud-Est depuis 1992. Co-fondateur du mensuel Le Mékong (Phnom Penh), il a entre autres, collaboré avec La Libre Belgique et Le Monde diplomatique. Basé à Bangkok, il est également l’auteur de plusieurs ouvrages publiés par l’Irasec sur la région parmi lesquels le Dictionnaire des Khmers rouges (2007, épuisé) et La Croix et le kriss : violences et rancoeurs entre chrétiens et musulmans dans le Sud des Philippines (2006).
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