Des plantations coloniales à la production socialiste : la « vietnamisation » de l’hévéa (1956‑1975)65
p. 65-82
Note de l’auteur
Traduit de l’anglais par Christophe Gironde, Frédéric Fortunel et Caroline Herbelin.
Texte intégral
1Entre les dernières années de la Seconde Guerre mondiale et le début de la Première Guerre d’Indochine, le secteur de l’hévéa au Viêt Nam a considérablement souffert. Dans un premier temps, le Việt Minh a pris les plantations pour cible afin d’en saboter la production, puis à partir des années 1950, il a profité de l’immensité des plantations pour mener à bien sa stratégie de guérilla. Tandis que les exportations ont considérablement chuté à partir de 1944, elles ont regagné leur niveau d’avant-guerre en 1953. La paix relative obtenue par les Accords de Genève (1954) a ensuite permis un redressement du secteur.
2À cette époque, l’Institut de recherche sur le caoutchouc en Indochine, institution coloniale créée dans les années 1940, était devenu un important maillon des réseaux de recherche agricole en Asie du Sud‑Est. L’institut est renommé Institut de recherche sur le caoutchouc au Viêt Nam (IRCV) et reçoit même la visite en 1958 de Ngô Đình Diệm, président de la RVN66 . Les chercheurs lui montrent avec fierté les champs d’essai plantés d’hévéas brasiliensis dont la productivité avait été augmentée par hybridation. Grâce à de nouvelles variétés et l’amélioration des techniques de saignée, le Viêt Nam affiche alors une des productivités les plus élevées de la région : 1 066 kg/ha, contre 758 kg pour la Malaisie67. La visite de Ngô Đình Diệm correspond à une heure de gloire, pour le président comme pour l’hévéaculture. Cependant, quelques années plus tard, la situation a profondément changé : en 1963, Ngô Đình Diệm est assassiné lors d’un coup d’État et, deux années plus tard, quand les marines débarquent à Đà Nẵng, l’hévéaculture entame un rapide déclin. Lors du conflit américain, les plantations pourtant officiellement neutres, sont le terrain d’âpres combats et au cœur d’enjeux stratégiques.
3Au-delà des bouleversements politiques et des changements institutionnels, les deux guerres d’Indochine ont affecté la structure même des plantations. En effet, la violence des conflits a fragmenté et réduit la surface des moyennes et petites plantations : entre 1943 et 1970, ces dernières ont connu une diminution de moitié de leur taille (passant de 21 à 9 ha en moyenne), tandis que leur nombre est demeuré quasiment inchangé (respectivement 817 et 832 exploitations). La superficie cultivée moyenne des petites exploitations a diminué ainsi de 16 800 à 7 400 ha. Les plantations moyennes ont conservé la même taille (206 ha en 1943, 205 ha en 1970) mais au prix d’une réduction en nombre : elles n’étaient plus que 31 en 1970 contre 98 en 1943. De fait, la superficie totale de ces plantations est passée de 20 000 à 6 400 ha au cours de la période. À l’inverse, les concessions et les grandes plantations qui contrôlaient le secteur se sont concentrées : la taille moyenne des grandes plantations a augmenté, de 1 600 à 2 300 ha, tandis que leur nombre a chuté de 41 à 28 entre 1943 et 1970. La superficie totale des grandes plantations est demeurée stable, en légère diminution de 66 200 à 63 200 ha. Ces données indiquent que ces grandes plantations, qui représentaient déjà 64 % des superficies d’hévéas en 1943, ont vu leur part s’accroître pour atteindre 82 % en 1970 (Đặng Văn Vinh 2000 : - 79‑84).
4Bien que cette période soit marquée par l’engagement croissant des États-Unis, l’industrie du caoutchouc reste avant tout une affaire franco‑vietnamienne et les évènements de ces deux décennies présentent de fortes continuités avec l’époque coloniale. La violence de cette période a généré d’importantes implications sur la filière et contribue à créer des gagnants et des perdants parmi les producteurs. Malgré quelques programmes sous le régime de Ngô Đình Diệm destinés à favoriser la participation des Vietnamiens au secteur hévéicole, ces efforts ont eu peu d’effets positifs en raison des conditions d’insécurité dans les campagnes et des mesures de concentration des populations dans les villes.
5Les années de conflits ont ainsi profondément affecté la production d’hévéas, mais il est peut-être moins évident de penser que la filière de l’hévéaculture a pesé sur les enjeux de la guerre du Viêt Nam. L’argument avancé dans cet article est que la filière hévéicole, du fait de son importance sociale, économique et environnementale a joué matériellement et symboliquement un rôle clé. Pour défendre cet argument, l’impact de l’industrie du caoutchouc sur le plan politique et militaire est envisagé ici selon trois périodes.
6La première période, entre 1956-1960, est celle d’une certaine prospérité. Bénéficiant d’une paix relative, l’industrie du caoutchouc est considérée comme faisant partie intégrante de l’économie de la République du Viêt Nam. Elle tente en même temps de rompre avec le système colonial au moyen de programmes favorisant la création de petites propriétés et la promotion des acteurs nationaux aux postes de décision. Ces efforts seront couronnés d’une réussite très partielle dans la mesure où la République démocratique du Viêt Nam continuera de contester la légitimité de la République du Viêt Nam.
7La deuxième période, de 1961 à 1969, est caractérisée par un équilibre entre les forces de la République du Viêt Nam visibles le jour, et celles du Front national de libération du Sud‑Viêt Nam (FNL, souvent appelé Việt Cộng par ses adversaires) contrôlant les plantations la nuit. L’engagement militaire américain constitue un tournant majeur pour le secteur dans la mesure où les considérations stratégiques militaires vont s’imposer aux considérations économiques. Avec les épandages de défoliants et les bombardements qui s’intensifient au Sud‑Viêt Nam, la production est quasiment arrêtée. Comme les conditions d’exploitation s’aggravant au Nord, les compagnies ont dû déplacer la production au Cambodge, où le Prince Norodom Sihanouk est parvenu à maintenir une paix précaire.
8Enfin, la période 1970-1975 est marquée par une baisse dramatique de la production, devenue quasi nulle. Durant cette phase, tandis qu’au Sud on envisage le redémarrage de la production après la guerre, les dirigeants du Nord‑Viêt Nam préparent le futur de l’hévéaculture selon le modèle socialiste.
1 - Petits exploitants, science et travail dans les plantations
9Bien que la production d’hévéas s’effondre en 1945 (12 000 tonnes contre une moyenne annuelle de 71 000 tonnes pendant les années de guerre), la production connaît un redressement à la fin des années 1940 et atteint 73 000 tonnes en 1953 pour toute l’Indochine68. Cette reprise se poursuit jusqu’au début de la Première Guerre d’Indochine. À la fin du conflit en 1954, trois questions se posent : quel pourrait être le rôle des petites exploitations ? Comment l’Institut de recherche sur le caoutchouc au Viêt Nam (IRCV) pourrait-il répondre efficacement aux besoins d’une industrie qui connaît des changements rapides ? Comment améliorer les conditions de travail dans les plantations ?
10Des redistributions de terres plantées d’hévéas ont eu lieu en 1954 après la défaite française à Ðiện Biên Phủ. Cette année-là, des planteurs vietnamiens ont acheté des terres à des Français qui avaient quitté le Viêt Nam. Par ailleurs 400 plantations vietnamiennes ont été créées par octroi de terres. Les planteurs vietnamiens, devenus plus nombreux que pendant la période coloniale, fondent en 1957 l’Association des planteurs vietnamiens d’hévéas (APVH), comptant 180 membres, principalement des petits planteurs. Cette association tente de promouvoir les intérêts des propriétaires vietnamiens en influençant la politique gouver- nementale à l’égard du secteur du caoutchouc. En fait, en raison du pouvoir et de l’influence des sociétés transnationales (telles que Michelin), les grandes exploitations ont gardé une position dominante. En 1957 par exemple, sur les 75 000 ha plantés, seuls 11 000 ha appartiennent à des membres de l’APVH69. Ainsi, le nombre insuffisant de petits planteurs est devenu une question politique et dans les années qui suivirent la consolidation du pouvoir de Ngô Đình Diệm, la question des petits planteurs est perçue comme un enjeu de construction nationale. En effet, accroître leur nombre est alors considéré comme un moyen de promouvoir l’engagement d’acteurs vietnamiens dans les activités économiques sur le territoire contrôlé par la République du Viêt Nam70.
11Au début des années 1960, l’Association culturelle populaire (Hội văn hóa bình dân – ACP) tient une série de conférences sur l’hévéa, dont la première a eu lieu le 13 mars à Phú Cường dans la province de Bình Dương. Le président de l’Association, Huỳnh Văn Lang, figure clé de la vie politique et culturelle saïgonnaise, explique dans son discours inaugural que l’objectif de la conférence est de considérer l’industrie du caoutchouc sous l’angle de la production, du commerce et de ses effets sur la société. Il s’agit également d’un forum d’échanges entre les planteurs et les économistes (ACP 1960 : 11). En effet, l’ACP et ses dirigeants étaient intéressés par la question de la participation du peuple au développement scientifique, technologique et industriel des plantations.
12Un des points les plus controversés était celui de l’importance des petites plantations. Hoa Văn Mùi, Secrétaire général de l’APVH, mais aussi dirigeant de la plantation Gia Liêu à Long Khánh, évoque alors de manière assez pessimiste la situation des petits planteurs71. Il critique la décision gouvernementale – nghị định 287‑KT – promulguée par Ngô Đình Diệm en 1958 créant un programme de prêts destinés à promouvoir l’expansion de l’hévéaculture et à vietnamiser la production hévéicole. Des prêts étaient accordés aux propriétaires après inspection des plantations afin d’encourager leur bon entretien. Ces inspections étaient menées par le Département d’aide technique aux petits producteurs qui était un service entièrement dirigé par des Français. Les archives II à Hô Chi Minh-ville montrent que ce plan a pu en effet encourager l’accroissement de certaines plantations. C’est ainsi qu’une certaine Mme Võ Thị Sen dispose après 1965 d’une plantation de 104 ha, alors qu’elle n’était que de 24 ha avant l’octroi du prêt72.
13Hoa Văn Mùi démontre que ce programme n’est en réalité pas conçu pour les planteurs les plus modestes. Il dénonce par exemple le fait que les exploitations de moins de 10 ha ne puissent pas bénéficier de prêt. De plus, pour être éligibles, les terres devaient être soit mitoyennes d’autres déjà plantées d’hévéas, soit être aux mains d’exploitants faisant partie d’associations ou de sociétés commerciales plus larges. Enfin, les montants des prêts étaient basés sur les possessions foncières telles quelles étaient en 1958, avant la promulgation du décret, et elles n’avaient pas été réévaluées depuis. Ainsi, le décret renforçait paradoxalement les plantations qui étaient déjà développées avant la promulgation et avait au contraire pour effet de défavoriser le développement de celles qui n’avaient alors pas atteint le seuil requis (ACP 1960 : 17). Accusé d’étouffer les plantations modestes, le gouvernement répondit que les ressources seraient mieux mises à profit par des exploitants qui avaient déjà fait preuve de leur capacité. Ainsi sans une aide plus conséquente envers les petits exploitants, leur nombre ne pouvait pas augmenter.
14En plus de démontrer que ce programme avait eu pour effet de limiter le développement des petites exploitations, Hoa Văn Mùi critique plus généralement l’absence d’amélioration dans l’agriculture : selon lui, les méthodes de production traditionnelles des Vietnamiens n’avaient pas changé depuis 30 ans et leur productivité était toujours faible. Les participants à la conférence de l’ACP se montrèrent préoccupés par cette situation et posèrent en des termes assez durs la question des perspectives des petits planteurs. Ils demandèrent pour quelles raisons leur situation était morne, s’interrogèrent sur l’action des organisations telles que l’APVH en faveur des petits planteurs et pourquoi il n’y avait pas davantage de membres vietnamiens dans l’IRCV. Hoa Văn Mùi développait son analyse, tandis que les autres participants maintenaient leur optimisme quant au potentiel des petits producteurs.
15L’IRCV semblait être l’institution la mieux indiquée pour soutenir les petits planteurs. Cet institut était composé de chercheurs français et vietnamiens. Son importance s’accroit, son budget double quasiment de 1949 à 1952, passant de 6 millions de piastres (430 000 US$) à 12 millions de piastres (670 000 US$). Dans le domaine de l’assistance technique, l’IRCV devait clairement devenir plus réactif aux besoins des Vietnamiens contrairement à la période précédente où le centre ne s’intéressait qu’aux grandes plantations. À cette fin, est créée en 1958 une unité dédiée aux petits producteurs. Dans un premier temps, elle a été financée par l’aide économique et technique de la France mais en 1960 la République du Viêt Nam prend le contrôle du budget de l’IRCV, six ans après l’indépendance du Viêt Nam (IRCV 1962). Le recul des activités de l’institut et son incapacité à attirer et garder des chercheurs vietnamiens s’explique principalement par la violence du conflit militaire. De plus, il est indéniable que l’institut n’était pas parvenu à amorcer une décolonisation dans l’industrie de l’hévéa, les Français n’ayant renoncé à la direction de ce secteur que très tardivement. Enfin à ces difficultés, s’ajoute le fait qu’en 1965, les 370 ha d’hévéas de la station de Lai Khê appartenant à l’IRCV deviennent un poste militaire pour les troupes de la République du Viêt Nam et celles des États Unis. Ceci compromit à la fois la capacité de l’institut à effectuer des recherches et à tirer des revenus de sa production (McIndoe 1969 : 15, 36)73.
16Si certains petits producteurs étaient toujours capables d’obtenir des variétés à haut rendement produites par l’IRCV, au milieu des années 1960, le pessimisme de Hoa Văn Mùi vis-à-vis des petits exploitants était devenu une réalité. Malgré les premiers succès, comme la mise en place d’opérations de conseil auprès de 152 planteurs, le nombre de membres chute à partir de 1962 au fur et à mesure de l’abandon des plantations. De plus, comme le souligne Hoa Văn Mùi, de nombreux petits planteurs ont été découragés par le montant de la cotisation pour être membre mais aussi par le coût des analyses techniques qui leur auraient permis d’utiliser des engrais, un problème constaté également en Malaisie (IRCV 1962)74 . Les données pour les années après 1965 indiquent la faiblesse des petites exploitations en contraste avec les exploitations de grande taille (Đặng Văn Vinh 2000 : 121‑133 ; McIndoe 1969 : Appendix 1). Ces dernières avaient besoin d’être renouvelées, car des arbres d’hévéas devenaient trop vieux.
17De plus, la question des conditions de travail dans les plantations demeurait un problème et, à la différence des autres secteurs, les intérêts français bloquaient les réformes nécessaires. Cette question était dépendante des évènements internationaux car, dans l’Empire français en décomposition dans les années 1950, le travail forcé était officiellement supprimé et les mouvements de travailleurs locaux gagnaient en puissance75. Dans une remarquable étude sur les activités de l’American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations en République du Viêt Nam durant la Seconde Guerre d’Indochine, l’historien américain Edmund F. Wehrle analyse les activités de la Confédération vietnamienne du travail (CVT) et de son chef, Trần Quốc Bửu. Wehrle montre comment la confédération, qui compte environ 300 000 travailleurs membres au milieu des années 1950, était nationaliste et anti-communiste. Un grand nombre des membres de ce syndicat venaient des grandes plantations et, en 1956, 13 000 travailleurs firent une grève dans quatre plantations. Durant les années 1960 et particulièrement après l’assassinat de Ngô Đình Diêm, les liens de la CVT avec les financements américains ont rendu son indépendance suspecte et la confédération déclina en tant que force politique et sociale en République du Viêt Nam76.
18Un mémoire écrit par un travailleur catholique et membre du parti communiste, Lê Sắc Nghi, offre une perspective différente sur la situation du travail dans les grandes exploitations. Né en 1924 à Quảng Trị, Lê Sắc Nghi quitte grâce à l’église catholique son village natal avec son père et son frère après les dégâts causés par la rupture d’une digue. Il travaille alors dans une plantation à An Lộc et, radicalisé par cette expérience, il rejoint le Việt Minh. Il met au profit de son engagement les savoir-faire acquis en travaillant dans l’hévéaculture pour se déplacer dans les zones de culture de l’hévéa favorables à la révolution. Selon Lê Sắc Nghi, le dirigeant de la CVT, Trần Quốc Bửu, n’était pas un nationaliste mais un agent de la CIA (une perspective courante dans les années 1960). N’étant pas communiste, Trần Quốc Bửu représentait une menace potentielle pour la Révolution.
19Le 25 mars 1960, Trần Quốc Bửu prononce un discours dans une exploitation dans lequel il tente de persuader les travailleurs de rejoindre son organisation s’appuyant sur le fait qu’elle est légale et qu’elle a le soutien du « monde libre ». Lê Sắc Nghi et d’autres membres du Parti décidèrent finalement que le meilleur moyen de contrer cette concurrence au Parti communiste était de former une Union des plantations vietnamiennes, gérée de façon séparée, mais faisant partie de la CVT. Cette faction communiste était selon Lê Sắc Nghi assez importante. Ainsi, lors de l’élection des représentants des travailleurs, Trần Quốc Bửu revendique la victoire, mais Lê Sắc Nghi explique que les représentants élus appartenaient en réalité à la branche communiste et ressortissaient de l’Union des plantations. Les mémoires de Lê Sắc Nghi (1979) constituent certes une version pro‑communiste des évènements, mais elles mettent également en question la force du leadership de la CVT dans le mouvement des travailleurs, même dans les années 1950, du moins en ce qui concerne l’hévéa.
20Alors que Trần Quốc Bửu et la CVT revendiquent l’obtention d’une meilleure pénalisation des passages à tabac et des meurtres d’ouvriers après 1955, d’autres améliorations sociales prennent place au début des années 1950 dans les plantations d’hévéas (Wehrle 2005). Les registres de doléances des ouvriers faisant état de violences physiques et sexuelles témoignent de cette évolution. Ainsi, 4 529,70 piastres (soit moins de 300 US$) ont été versées par la plantation de Quản Lợi (Thủ Đầu Một, actuelle province de Bình Dương) à la famille de Phạm Văn Bản, décédé pendant la réparation d’un camion en 1950. Si l’on constate à cette occasion la faible valeur accordée à la vie d’un travailleur vietnamien, ce montant est néanmoins supérieur aux compensations qui existaient avant 194577. Plusieurs sources suggèrent que c’est même seulement à partir de 1954 que l’on constate les premiers changements substantiels vis‑à‑vis de la main‑d’œuvre78 . Pour autant la bonne volonté des dirigeants des plantations a ses limites ; ils demandent à ce que les services sociaux, pourtant symbole de leur bienveillance, soient financés par le gouvernement colonial. L’État colonial n’accèdera pourtant pas à cette demande arguant du fait que l’aspect social avait déjà été pris en charge par les plantations dans certains domaines comme celui des écoles.
21La question sociale est aussi au cœur de la conférence de l’Association culturelle populaire que nous avons évoquée plus haut79. Les conditions de travail sont évoquées comme un bénéfice potentiel de l’hévéaculture : Tăng Văn Chỉ, un délégué de la RVN, responsable des provinces de l’Est (y compris les plantations d’hévéas), souligne l’importance des bonnes relations entre employés et employeurs80. Dans la même veine, Nguyễn Lê Giang, l’inspecteur général du travail revisitant l’histoire coloniale du travail dans les plantations aborde la question des mauvais traitements en citant des textes comme celui du 12 mars 1960 qui fixe les conditions de travail dans les plantations de plus de 500 ha et instaure les libertés syndicales, d’opinion et d’association. Ces arguments sont répétés par Nguyễn Lê Giang lorsqu’il explique que ces conditions sont similaires à celles des pays voisins et bien meilleures que celles des paysans travaillant la terre aux alentours des plantations.
22Pour étayer ces affirmations, François Schmitz, inspecteur général de la Société indochinoise des planteurs d’hévéas (SIPH), présente lors de la conférence une étude du Centre Économie et Humanisme évaluant, chiffres à l’appui, le bien-être de la population. Il en ressort que les petites plantations sont moins bien loties que les grandes mais que les conditions de vie dans ces dernières sont bien supérieures à des endroits comme le camp de relogement de Cái Sắn. Ces résultats, calculés à partir du nombre d’infrastructures présentes comme les hôpitaux et les conditions de logement, échouent cependant à évaluer les conditions de vie dans toute leurs dimensions : aux nombreuses questions du public sur les accidents du travail, les taux de décès, de naissance et l’accessibilité aux soins, les réponses de l’orateur restent vagues et insatisfaisantes.
2 - Un équilibre dynamique
23En contraste avec la prospérité de la fin des années 1950, la production est plus menacée au début des années 1960. Les concessions qui sont mieux armées que les petites plantations pour affronter la guerre en raison de leur valeur stratégique, continuent de dominer l’industrie. Par ailleurs, Les observateurs de l’industrie du caoutchouc ont souligné le défi que représentait le caoutchouc synthétique pour la production du caoutchouc naturel. Pour tenter de rester concurrentiel, des essais de production furent mis en place au Cambodge et en République du Viêt Nam pour fabriquer des sandales, des pneus de bicyclettes et même des pneus automobiles à partir de caoutchouc naturel (Heng‑Long 1965).
24Cet équilibre précaire a été bouleversé en 1965 avec l’entrée en guerre des États-Unis. Les pulvérisations massives de défoliants, les bombardements aériens et les réquisitions de terrain par les militaires ont rendu la production de caoutchouc dans le sud du Viêt Nam quasiment impossible. C’est pourquoi, dans la seconde moitié des années 1960, de nombreuses entreprises transfèrent leur activité au nord du Cambodge qui offre alors un havre de paix relatif. Cette solution n’est que temporaire. Après le coup d’État de Lon Nol en 1970, le Cambodge s’enfonce également dans la guerre. À cette époque, la production de caoutchouc est donc presque complètement stoppée en Indochine. Les planificateurs, qu’ils soient Américains, Vietnamiens du sud ou du nord, commencent alors à se tourner vers l’élaboration de projets pour l’après-guerre81.
25Outre la situation géopolitique, le principal problème dans les années 1960 est financier : le déséquilibre du taux de change organisé par le gouvernement entre la piastre vietnamienne et le dollar américain a pour conséquence d’augmenter les coûts de production : main‑d’œuvre et matière première sont payées en monnaie locale alors que le produit est vendu en dollars. De plus, le prix du caoutchouc sur le marché a été divisé par deux entre 1960 et 1967 (il passe de 0,71 à 0,37 US$/kg). Parallèlement un problème de baisse de la productivité par hectare apparaît, augmentant l’écart avec les pays producteurs voisins. Cette chute s’explique par deux facteurs essentiels : d’une part l’attention s’est portée sur la productivité par travailleur du fait de la rareté de la main- d’œuvre comparée à la disponibilité de la terre. D’autre part, en l’absence de culture de jeunes plants, les arbres vieillissants sont moins productifs. Ces deux facteurs combinés contribuent à réduire les revenus d’exportation de 48 millions en 1960 à 9 millions en 1969. Ils constituent néanmoins 90 % des exportations totales pour le Viêt Nam du sud, cette année‑là (Đoàn Minh Quan 1970).
26Si l’industrie du caoutchouc a été grandement affectée par les conflits, elle a cependant joué un rôle crucial dans les combats, du fait même de la localisation des espaces de production. En effet les plantations ont permis d’offrir aux successeurs du Việt Minh, le FNL et le Gouvernement révolutionnaire provisoire (GRP), des avantages stratégiques en terme de replis lors les combats. De la même manière, le Bureau central du Sud-Viêt Nam (Central Office of South Viêt Nam – COSVN) a créé la plantation de Mimot près de la frontière cambodgienne, au débouché de la cordillère annamitique et de la piste Hồ‑Chí-Minh (Voir carte 6). Durant les raids des B‑52 américains dans les années 1960, les plantations offraient un abri pratique : d’une part, les bombardiers étaient dissuadés de les viser en raison de la présence d’intérêts économiques français et, d’autre part, la proximité d’avec le Cambodge permettait de bénéficier, avec la permission implicite de Sihanouk, de la présence des troupes de la DRV sur la frontière orientale. Cette situation a facilité la coordination par le COSVN de l’Armée populaire du Viêt Nam du nord (APVN) et de l’armée du FNL82.
27Les tensions sont alors quotidiennes sur le terrain entre communistes et anti-communistes. Plus encore que pendant la Première Guerre d’Indochine, les plantations sont à la croisée des zones d’influences du FNL et elles constituent des espaces de confrontation. Le FNL y organise de nombreuses activités comme des procès. Les tribunaux institués traitaient de questions diverses, mais le vol de latex était le type d’affaire le plus souvent traité. Si le vol était reconnu, la sentence consistait généralement en la mutilation d’un membre du voleur (Michon 2001).
28Les années 1960 voient également l’intégration des plantations dans l’espace national. Par exemple, dans les mémoires de Trần Tử Bình, publiées en anglais en 1965 et intitulées « La Terre Rouge », l’auteur explique comment il a appris à aimer ces régions de forêt et de plantation considérées comme particulièrement hostiles pendant la période coloniale. Malgré l’isolement qui y règne, il pense que ces montagnes et ces forêts « font entièrement partie de son pays » (Trần Tử Bình 1985 : 33). Pendant ce temps, les bombardements n’en continuaient pas moins de détruire les plantations. Lê Sắc Nghi, dont nous avons parlé plus tôt, évoque le rôle dévastateur des B‑52 et de l’agent orange entre 1965 et 1966 immédiatement après le débarquement des marines à Đà Nẵng (Lê Sắc Nghi 1979 : 230). En effet, les promesses des militaires pour épargner les hévéas n’ont pas été tenues, ce qui a conduit l’entreprise Michelin à poursuivre le gouvernement américain pour les pertes subies.
29Au-delà des questions matérielles, l’aspect moral doit être souligné. L’un des anciens ouvriers que nous avons interviewés dit éprouver un profond sentiment de tristesse à l’idée que tous ceux qu’il avait connus depuis les années 1960 sont morts ou disparus83.
30Malgré les dévastations, la production intellectuelle scientifique liée à l’industrie du caoutchouc reprend au nord comme au sud. Dans la RVN, Nguyễn Phó Lu écrit en 1961 un rapport sur l’organisation technique et sociale de plusieurs plantations ; en 1963, Lâm Văn Thương achève sa thèse sur le clonage de la variété d’hévéas PR107 (Lam 1963). De plus, l’hévéaculture étant une question politique, les étudiants de l’Institut national d’administration entreprennent des études sur l’organisation de la filière à l’échelle nationale et provinciale (Lê Quang Hiền 1970 ; Trần Lục 1970 ; Nguyễn Việt Ðức 1973). Dans les années 1970, les dirigeants de la RDV développement leur propre expertise en la matière. Đặng Văn Vinh se voit confier par exemple la mission d’acclimater l’hévéa dans la région septentrionale plus froide. Avec l’aide de l’URSS et des pays du bloc de l’Est, les chercheurs tentent de développer une variété résistante aux latitudes élevées. Cette tâche ne sera réalisée qu’après 1975 par les techniciens du Nord‑Viêt Nam84.
3 - Planifier l’hévéaculture pour l’époque d’après‑guerre
31Nous évoquerons enfin brièvement le devenir de l’industrie du caoutchouc dans les années 1970. Comme nous l’avons dit plus haut, on cherche surtout des solutions pour poursuivre la production après‑guerre car au Viêt Nam et au Cambodge elles sont alors à l’arrêt. De nombreuses plantations cambodgiennes, sont localisées dans les zones occupées par l’armée populaire du Viêt Nam et les Khmers rouges. Malgré tout, la plupart des études de l’époque sont optimistes sur le devenir du secteur et prévoient un retour à des conditions « normales ». Diverses enquêtes sont entreprises et un chimiste de l’IRCV suggère que la mission de l’institut soit moins ciblée sur l’aide aux plantations que sur l’amélioration de la production industrielle des biens en caoutchouc85.
32La recherche reste cependant handicapée par un manque de moyens. L’IRCV étant financé par une taxe payée par les plantations, la baisse de l’exportation d’une part et l’appropriation des terres par les militaires d’autre part, aboutit à un endettement de l’IRCV : en 1969 le revenu de l’institut est de 13 millions de đồng pour une dette de 40 millions de đồng (McIndoe 1969 : 38). Afin de survivre, l’IRCV a tenté de se transformer en une organisation destinée à attirer les aides internationales. Il est renommé « Institut pour l’agriculture et les agro- industries », et mène des recherches pour les Nations unies en 1970. Malgré une volonté de diversification à d’autres cultures (comme le maïs et le soja), d’ouvertures thématiques (avec pour mission d’aider au développement intégré des zones rurales) et d’ouverture à l’international (devenir un centre de documentation), l’institut est resté malgré tout principalement focalisé sur l’hévéaculture86.
33Pendant ce temps, le gouvernement de Hanoi s’approprie symboliquement les plantations du Sud en plus de vouloir les occuper territorialement. Ainsi sur un poster de propagande datant de 1974, deux femmes, l’une du Nord, l’autre du Sud, versent conjointement des seaux de latex dans un ruisseau alimentant l’industrialisation du pays. Le slogan encourage les travailleurs à « produire beaucoup de caoutchouc pour l’industrie » (Bộ văn hóa và thông tin 2002). De la même manière, sur le billet de 20 centimes (xu) du « đồng de la libération » imprimé en 1975 et antidaté de 1966 (car il s’agissait de remplacer symboliquement la monnaie de l’ancien régime), on voit un camion collecteur de latex, signe de l’industrialisation et de la mécanisation de la République socialiste du Viêt Nam (voir ci‑dessous).
34Les années qui suivent la réunification du Viêt Nam en 1976 ont été un défi pour le pays en raison des bouleversements de la révolution communiste, des difficultés créées par l’embargo américain et de la baisse de l’aide internationale du bloc socialiste. Les vietnamiens ont alors fait face à de graves pénuries de nourriture et de biens de consommation courante. De la même manière, l’hévéaculture est soumise à rude épreuve : dans certaines plantations les compétences humaines ayant servies sous les anciens régimes sont rejetées. Les témoins de l’époque rappellent que les savoir-faire ne se transmettent pas en lisant des manuels mais en pratiquant concrètement. Ainsi par exemple, dans la plantation de Đồng Nai, un certain nombre de compétences ont pu être sauvegardées en gardant les cadres qualifiés, néanmoins l’industrie de l’hévéaculture dut en grande partie se reconstruire, avec parfois même une certaine nostalgie de l’organisation coloniale87.
35Au travers des récits d’un passé révolutionnaire, les témoins font revivre l’histoire mouvementée de l’hévéaculture. Ceux qui ont fait le choix de la révolution ont obtenu des postes élevés dans la filière : Lê Sắc Nghi est devenu directeur général de la société Đồng Nai ; Đặng Văn Vinh et Nguyễn Hữu Chất étaient directeur et directeur adjoint de l’IRCV. Đặng Văn Vinh, en plus d’être chercheur sur le caoutchouc a servi en tant que secrétaire du Premier ministre Phạm Văn Đồng.
36Dans cet article, nous avons vu comment la violence des deux décennies entre 1956 et 1975 ont submergé les plantations d’hévéas du Viêt Nam du Sud. Les plantations n’ont pas été qu’un réceptacle passif de la violence mais elles ont également été des éléments formateurs des stratégies et des mouvements de combats. Dans ce processus, les révolutionnaires et leurs héritiers se sont appropriés les plantations à tel point qu’elles sont devenues parties intégrantes du projet de construction nationale. Comme le déclare un ancien saigneur en 2008, les Vietnamiens savent planter l’hévéa !88
Notes de bas de page
65 Traduit de l’anglais par Christophe Gironde, Frédéric Fortunel et Caroline Herbelin.
66 Les sources qui ont alimenté cet article sont issues des Archives nationales d’outre-mer (ANOM), des Archives nationales du Viêt Nam : Trung Tâm Lưu Trữ Quốc Gia II et III (TTLT2, 3), et du centre de documentation Lai Khê. Nos vifs remerciements aux équipes travaillant aux archives pour leur aide, ainsi qu’à l’évaluateur anonyme pour ses commentaires utiles. Nous remercions également les anciens saigneurs qui ont partagé leurs expériences sur les plantations dans les entretiens. Sur les rapports entre les sciences et l’hévéaculture pendant la période coloniale voir Aso (2009).
67 Les statistiques sont de Hoa Văn Mùi, cité dans l’ACP - Association culturelle populaire (1960 : 17).
68 Tertrais (2002 : 373). En 1958, la plupart des 63 000 tonnes de caoutchouc étaient produites dans le RVN selon les données de l’IRCV ; les services des statistiques économiques et de l’agriculture comptent pour sa part 72 000 tonnes. Statistiques pour la fin des années 1940 sont dans l’IRCI (1948, 1949, 1950 et 1951).
69 Ce nombre très faible, n’est rien en comparaison de l’explosion du nombre de petits planteurs en Malaisie (ACP 1960 : 17). Pour la situation des petits planteurs vietnamiens pendant la période coloniale, voir Aso (2012), Bonneuil (1997) et Boucheret (2008a).
70 Pour l’implication des Cambodgiens sur les plantations au Cambodge, voir Chau (1963 : 58-60) et Anonyme (1959).
71 La plantation de Mùi était de 65 ha en 1969, alors qu’il était président de l’Association. McIndoe (1969 : 9 et 34).
72 Lai Khê, rapport de visite de la plantation de Mme Võ Thị Sen (Gia-Trap), IRCV, visite effectuée le 7 juillet 1959. Voir également McIndoe (1969 : Appendix 1, 9).
73 L’IRCV a également perdu Bugno-Dara (240 ha) et Gia Ray (45 ha).
74 Visites des plantations (1959 : 59 ; 1960 : 118 ; 1961 : 152 ; 1962 : 46). Pour la Malaisie, voir Barlow (1978).
75 ANOM, Haut Commissariat de France pour l’Indochine, Services du conseiller aux affaires sociales, p. 74 ; Loi n° 46, 11 avril 1946, suppression du travail forcé dans les territoires Outre-mer en Indochine, n° 39369, 8 février 1947. Sur les mobilités de travail en Afrique, voir Cooper (1997).
76 Wehrle (2005 : 30-32), en ce qui concerne les plantations, il écrit : « les conditions des plantations d’hévéas etaient particulièrement horribles, proches de l’esclavage. Les ouvriers souffraient de maladies et pendant de longues heures de punitions physiques ». Voir également ANOM Fonds privés : Monguillot (1946-54), 56 PA/13 – Caoutchouc, Santé. Indochine, Affaires économiques – Caoutchouc.
77 ANOM, HCI CS 96 : Travail, divers – 2. Pham Van Ban. NAVN2 r-685, P22. Plainte d’un coolie de la plantation de Bình Ba contre son directeur qui avait exercé sur la personne de sa femme, 1950.
78 Interview du 22 mai 2008.
79 Paul Mus (1952 : 108) a nommé les plantations « l’école d’un nouvel Viêt Nam ».
80 Celle-ci se déroule pour son deuxième jour, le 10 avril 1960, au cœur des zones d’extension de l’hévéa, à Xuân Lộc. Là même où Français et Vietnamiens avaient utilisé la rhétorique coloniale sur la modernisation synonyme de mieux vivre (ACP 1960 : 51).
81 Pour l’industrie d’hévéaculture en Cambodge dans les années 1950 et 1960, voir Chau (1963), Ho (1965), Anonyme (1966) et Anonyme (1967).
82 Le paludisme reste problématique dans la partie sud-est de la région comme le prouve la mort du ministre de la Santé, Phạm Ngọc Thạch, lors d’une mission destinée à combattre justement cette infection parasitaire (Trương et al. 1986 : 160 et 162).
83 Entretien le 22 mai 2008. Il raconte : « [Durant la guerre] nombreux sont ceux qui sont morts, qui sont partis. Lorsque les Américains ont attaqué ici, la région a été douchée par les bombes. Il ne restait plus aucune maison, plus rien du tout en fait ! ».
84 Le journal Vietnamese Studies montre dans des documents internes le désir des autorités de développer l’expertise agricole sur l’hévéa dans les années 1960. Ce n’est que bien plus tard, dans les années 1990 que l’on reparle de planter des arbres dans les régions montagneuses du nord. Un programme similaire a été entrepris par le gouvernement chinois dans la partie méridionale. Pour l’hévéaculture en Chine, voir Shapiro (2001).
85 Đoàn et Polinière (1970) et Roudeix (1969). Voir également Lai Khê, doc IRCV, n° B12/73BY.F, Situation du potentiel hévéicole des petites et moyennes plantations de moins de 500 ha dans la 3e région militaire au 31 décembre 1970.
86 Lai Khê, doc IRCV 134, n° B1/71JP E, « Pourquoi le RRIV devient VIKYN ? », 10 mai 1971 (1ère éd. 24 janvier 1971), p. 2. Voir également les structures d’assistance internationales dans les pays en développement, Lai Khê, Polinière, 20 janvier 1971 et n° B7/71JP.E, Profil d’un expert dans la production du maïs, l’arachide et le soja, 7 juin 1971.
87 Pour les relations après 1975, entretiens du 22 et 23 mai 2008. Voir Chu Lai (2007) pour une critique de la gestion des plantations après 1975.
88 Interview du 23 mai 2008. Il raconte : « Parce que les Vietnamiens savent déjà faire ces choses là ! ».
Auteur
Michitake Aso est maître de conférences en histoire à l’Université d’Albany, État de New York. Après un doctorat en Histoire des sciences à l’Université du Wisconsin à Madison, il a effectué un postdoctorat à l’Université nationale de Singapour. Il est actuellement en train d’achever un livre intitulé Forests without birds : science, environment, and health in French colonial Viêt Nam. Ce travail explore les transformations sociales et environnementales dues au développement de l’agro‑industrie pendant la période coloniale et postcoloniale au Sud-Viêt Nam.
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