Chapitre 10. Permanence et continuité de la sinitude
p. 203-226
Texte intégral
10.1. AFFIRMATION IDENTITAIRE
1Longtemps, les observateurs ont cru que les Chinois d’Asie du Sud-Est allaient progressivement se fondre dans leur société d’accueil et perdre leurs caractéristiques propres. En 1941, Kenneth Perry Landon pensait par exemple que la pratique des cultes chinois en Thaïlande tomberait en désuétude et que les jeunes générations délaisseraient peu à peu les traditions de leurs ancêtres pour s’assimiler culturellement aux Thaïs197.
2De son côté, William Skinner suggérait, en 1957, que l’assimilation progressive de la seconde puis de la troisième génération des Chinois de Thaïlande ferait perdre toute visibilité à la culture chinoise dans le pays198. La réflexion du sociologue américain s’inscrivait dans une longue tradition illustrée par les propos, tenus un siècle plus tôt, par un missionnaire européen :
« Dans deux ou trois générations, toutes les marques distinctives des Chinois auront disparu. Ils seront devenus entièrement siamois199 ».
3C’est en fait exactement l’inverse qui se produit. Si les Chinois du Royaume sont fiers d’être thaïlandais et revendiquent toujours cette nationalité, ils n’ont pas renié leurs racines pour autant.
4Depuis quelques années, la culture chinoise paraît même remise à l’honneur. Ainsi, les célébrations du Nouvel An chinois ou de la fête de la mi-automne rassemblent-elles chaque année davantage de monde200. Et pour rivaliser avec Singapour dans le domaine de la culture chinoise, on demande aujourd’hui au gouvernement de subventionner les vingt troupes d’opéra chinois du Royaume201.
5Si ces dernières chantent généralement en teochiu, l’étude du mandarin attire aussi bien les Thaïlandais de souche que leurs compatriotes d’origine chinoise.
« JE ME SENS PLUTOT THAÏE, MAIS NOUS N’OUBLIONS PAS »
« Mes grands-parents sont arrivés de la région chinoise de Shantou il y a une soixantaine d’années. Ils fuyaient la guerre et la pauvreté. Pendant plus de quarante ans, ils ont perdu tout contact avec la famille en Chine. Mais depuis dix ans, depuis que la situation s’est améliorée là-bas et que nos affaires nous le permettent, nous nous voyons une ou deux fois par an, tantôt en Thaïlande, tantôt en Chine.
Je me sens plutôt thaïe, même si à la maison nous parlons le thaï comme le chinois et que nous mangeons plutôt chinois. J’adore la Thaïlande, j’y suis bien et mon père m’a raconté beaucoup d’histoires difficiles sur la Chine. Cependant, je suis toujours les traditions chinoises, particulièrement durant le Nouvel An chinois. C’est vrai que nous sommes moins stricts pour la fête de la Lune et Cheng-Meng202, lorsqu’il s’agit de présenter nos respect aux ancêtres. Mais nous n’oublions pas.
J’ai beaucoup de chance d’avoir hérité des qualités essentielles des Chinois : ils travaillent dur, ils sont vifs, modestes et excellent dans le commerce. Ces traits de caractère leur permettent de gravir tous les échelons de la société. Beaucoup sont devenus millionnaires en Thaïlande. Je regrette seulement que certaines familles continuent à traiter les hommes comme des rois, ce qui porte préjudice aux femmes qui n’ont pas les mêmes chances. » (Entretien avec Tong, jeune femme d’affaires sino-thaïe de Bangkok, le 13 février 2003)
6Signe ultime de l’engouement, la cuisine chinoise n’est plus considérée comme une gastronomie étrangère dans les grandes villes du Royaume. Ainsi, les populaires food-centers des centres commerciaux proposent autant de plats d’origine chinoise que de spécialités thaïlandaises. Les étals de nourriture offrent d’ailleurs toujours une paire de baguettes à leurs clients, alors qu’il est plutôt de coutume de manger avec des couverts en Thaïlande. Enfin, c’est à Bangkok que s’est ouvert, en 1993, le plus grand restaurant du monde et celui-ci était… chinois. Le Royal Dragon occupe près de 16 000 m ² en plein cœur de la capitale et n’emploie pas moins de 1 200 personnes203.
7Et s’il s’agit de soigner ensuite une indigestion, les publicités vantant la médecine traditionnelle chinoise sont assez nombreuses à la télévision pour confirmer le succès de recettes millénaires.
8Au Viêt Nam et plus particulièrement dans la partie sud du pays, les Hoa redeviennent doucement visibles. Et ils bénéficient pour ce faire des encouragements des autorités. Les caractères chinois ont réapparu sur les enseignes des boutiques et les associations chinoises paradent bruyamment pour le Nouvel An204 de Cholon, la partie chinoise de Hô Chi Minh-Ville. Seuls les pétards ont disparu. Mais il s’agit là d’une interdiction généralisée, pour des raisons qui tiennent à la fois à l’économie et à la sécurité.
9Le renouveau du commerce chinois est célébré dans la joie. Il n’est maintenant pas rare de voir les autorités municipales saluer chaudement les grands hommes d’affaires chinois et se féliciter de la création de jointventures entre Hoa et Chinois de l’extérieur.
10Partout en Asie du Sud-Est, on assiste à une « resinisation » de la diaspora. Au fur et à mesure que le poids de la Chine dans la région se renforce, la fierté d’être chinois réapparaît. Ce renouveau identitaire est même parfois soutenu par les autorités du pays d’accueil. C’est même le cas en Indonésie où l’intégration des Chinois semble particulièrement précaire. Le président Abdurrahman Wahid (1999-2001) a, peu de temps avant sa destitution, encouragé les Chinois qui avaient autrefois dû adopter un nom indonésien à reprendre leur patronyme d’origine205. A l’occasion du Nouvel An chinois de 2001, il a également promis un plus grand respect du confucianisme206. Ce point est d’importance dans la mesure où seules cinq religions sont considérées comme légales dans l’archipel − l’islam, le catholicisme, le protestantisme, le bouddhisme et l’hindouisme − étant entendu que chaque citoyen doit en pratiquer une.
10.2. UNE (RE) SINISATION PROGRESSIVE
11En Thaïlande, les Sino-Thaïs n’ont plus honte d’affirmer leurs origines. A l’université Chulalongkorn, une anthropologue d’origine chinoise a même été jusqu’à lancer, en parlant des hommes d’affaires : « Ils sont chinois, ils ont toujours été chinois, ils le resteront et c’est une chance pour la Thaïlande qui profite ainsi de leur savoir-faire et de leurs réseaux207 ». Etre chinois est désormais bien vu208. Et aujourd’hui, beaucoup ont laissé tombé le masque qui voilait leur sinité.
12Il n’est pas rare d’entendre, dans les restaurants « branchés » de la capitale, des hommes d’affaires deviser dans un mélange de thaï et de mandarin. Il s’agit alors non seulement de s’exercer à la langue du puissant voisin, mais aussi et surtout de « faire chic ». Le mandarin est devenu la langue de l’élite. Oubliant le dialecte de leurs parents, les Sino-Thaïs apprennent en masse le chinois standard.
13La presse en langue chinoise de Thaïlande, dont on annonce régulièrement la disparition prochaine, se porte bien. Car si plusieurs titres sont morts, d’autres les ont remplacés. Quelques quotidiens connaissent même un très grand succès. C’est le cas du Tong Hua Yit Pao (Zhong Hua – La Chine), particulièrement apprécié dans la communauté teochiu, qui tire quotidiennement à 95 000 exemplaires209. Le Sing Sian Yit Pao (Hsinh Hsien, Etoile du Siam) et le Sing Ching Lan (Chine nouvelle) impriment respectivement 75 000 et 70 000 exemplaires quotidiennement. La plupart de ces publications ont obtenu des financements singapouriens ou taiwanais pour se moderniser.
14Le lien est en fait naturel. Un sondage réalisé pour le Sing Sian Yit Pao en 1995 révélait que ses lecteurs étaient encore très attachés au monde chinois. Ainsi, 40 % d’entre eux s’étaient déjà rendus à Hong Kong et 38 % en Chine continentale, pour affaires ou pour effectuer des visites familiales. Afin de toucher les entrepreneurs sino-thaïs et leurs correspondants chinois, la Chambre de commerce sino-thaïe, qui accueille annuellement près de 300 délégations en provenance de Chine continentale, a même lancé son propre bimestriel bilingue thaï-chinois en 1997, Hua Shang.
15Si au Viêt Nam la presse reste sous contrôle, la télévision publique ainsi que la chaîne locale de Hô Chi Minh-Ville offrent, depuis quelques années, un bulletin quotidien en mandarin à destination des hommes d’affaires chinois et des étudiants. Pour ces derniers, elle diffuse également chaque matin des cours de chinois. La radio La Voix du Vietnam diffuse également des bulletins d’information en mandarin.
16La fermeture régulière des écoles chinoises en Thaïlande et au Viêt Nam a certes favorisé l’intégration des jeunes dans leur société d’accueil ; mais elle a aussi élargi le fossé entre Chinois et autochtones. A défaut de pouvoir les envoyer dans des établissements propres à la communauté, les parents ont tout fait pour inscrire leurs enfants dans les meilleures écoles du pays, puis, le cas échéant, pour les envoyer compléter leur formation à l’étranger. C’est particulièrement le cas en Thaïlande où les écoles les plus cotées du Royaume, généralement chrétiennes (Saint Joseph, Saint François, Mater Dei, Saint Gabriel, etc.), sont remplies d’élèves d’origine chinoise.
17Dans son étude consacrée aux Chinois de Thaïlande210, Jean Baffie note qu’un bakchich spécial (pae chia) a été mis en place à l’entrée des écoles pour rassurer les parents sur le niveau social des autres élèves, membres potentiels d’un futur réseau d’affinités professionnelles… et accessoirement remplir les caisses de l’établissement. Les élèves qui sortent de ces écoles d’élites peuvent ensuite facilement intégrer les meilleures universités du Royaume (Chulalongkorn, Mahidol, Thammasat, Silpakorn) et achever leur formation dans les établissements supérieurs de Singapour, de Taiwan ou de Hong Kong, lorsqu’ils ne se rendent pas aux Etats-Unis, en Australie ou en Europe.
18La forte présence chinoise dans l’enseignement supérieur renforce de fait les réseaux chinois dans le pays.
19Bien souvent, c’est en effet à l’université ou dans les grandes écoles que se nouent les relations amicales et professionnelles. Pour consolider encore leur position, des membres de la communauté (essentiellement des Teochiu) ont, sous le patronage de la très puissante fondation Po Tek Tung, ouvert en 1992 la première université chinoise du Royaume, faisant ainsi de la Thaïlande un pôle d’excellence régional dans l’enseignement supérieur en chinois. L’université Huachiew Chalermprakiet accueille aujourd’hui 6 800 étudiants.
20De leur côté, les enfants thaïs doivent bien souvent se contenter des universités provinciales ou des deux établissements de la capitale où peuvent s’inscrire ceux qui ont échoué aux concours d’entrée des autres universités (Ramkhamhaeng et Sukhothai Thammathirat où les jeunes sino-thaïs ne sont d’ailleurs pas rares non plus).
21Conséquence logique du phénomène de distinction académique, la plupart des professeurs d’université sont maintenant d’origine chinoise211.
22Paradoxe, les plus éminents spécialistes de l’histoire, de la littérature, de la culture, de la politique, de l’économie ou des arts thaïs sont issus de familles chinoises. De même, ce sont bien les Sino-Thaïs qui font l’opinion dans les grands journaux et magazines en langue thaïe ou anglaise. La majorité des journalistes de The Nation sont d’origine chinoise, tout comme son directeur Kavi Chongkittavorn.
23Parmi la population chinoise estimée à environ 60 000 personnes éparpillées en une soixantaine de villages du Nord montagneux, la situation est naturellement moins favorable. Les 52 écoles chinoises de la région accueillent néanmoins encore près de 12 000 élèves. Et si plusieurs d’entre elles manquent de professeurs, elles sont activement soutenues par des associations hongkongaises ou taiwanaises212.
24Si, officiellement, l’enseignement en chinois doit se limiter à sept heures hebdomadaires dans les écoles publiques, l’enseignement du mandarin ne cesse de se développer dans les écoles privées. On notera par exemple que l’école Sri Thabut Bamrung à Bangkok ne peut faire face à l’afflux de nouveaux élèves pour les cours du week-end. Elle en accueille déjà plus de 2 000, principalement des adultes qui cherchent à renouer avec la civilisation chinoise. Pour répondre à la demande, l’établissement fait régulièrement venir de nouveaux enseignants de Chine continentale.
25De 1993 à 1995, l’enseignement du mandarin en Thaïlande a augmenté de 30 %. Il est fortement soutenu par les hommes d’affaires de la communauté. En 1995, le Centre d’études chinoises de l’université de Chulalongkorn a réussi à obtenir, pour ses travaux de réaménagement, 5,5 millions de bahts (220 000 dollars) en moins de trois mois. Les entrepreneurs sino-thaïs financent également de nombreuses recherches académiques. Avec ses professeurs et ses sponsors d’origine chinoise, il paraît normal que le Centre d’études chinoises de la plus réputée des universités thaïlandaises publie des articles favorables aux différentes communautés chinoises du pays… Au Viêt Nam, une première école du soir en langue chinoise a ouvert en 1989 à Hô Chi Minh-Ville. Elle a rapidement été suivie par d’autres. L’agglomération compterait aujourd’hui 56 écoles sous licence et plus de 70 écoles « officieuses ».
« MA FILLE AINEE A APPRIS LE MANDARIN… »
« Ma famille est arrivée au Vietnam il y a bien longtemps. Autant que je m’en souvienne, mes grandsparents sont nés au Vietnam. Nous avons toujours conservé notre identité et nous parlions cantonais à la maison.
Après la réunification du Vietnam, certains membres de la famille ont été envoyés en Zone économique spéciale. D’autres ont réussi à fuir à l’étranger. J’ai passé près d’une semaine au poste de police, incapable de répondre aux questions des autorités. Je ne comprenais rien. C’est sans doute ce qui m’a sauvé. Ils ont fini par me relâcher. Ma famille a perdu les terres qu’elle possédait près de Phan Thiêt, mais nous avons pu conserver une maison à Cholon.
Aujourd’hui, notre situation s’est améliorée. Je possède plusieurs restaurants et j’ai commencé à diversifier mes activités. Les autorités sont bienveillantes et nous laissent gérer nos affaires librement. Elles nous encouragent même à faire de l’import-export avec la Chine. Mon frère est parti retrouver des cousins éloignés et depuis, nous faisons des affaires ensemble.
Je ne me suis rendu qu’une seule fois en Chine. C’était en 1997 ; j’accompagnais mon père qui voulait revoir son frère une dernière fois. Ce dernier avait tenté d’immigrer en Occident, mais il avait échoué et avait dû rester en Chine. Il se débrouille pas mal là-bas…
Maintenant, mes enfants ont complètement oublié le cantonais. Ils parlent seulement le vietnamien. Ma fille aînée a toutefois appris le mandarin. Elle est partie étudier à Guangzhou pendant deux ans. Aujourd’hui, elle enseigne à l’Institut de pédagogie de Hô Chi Minh-Ville. Plusieurs écoles chinoises ont ouvert ces dernières années. Mon petit-fils est inscrit à l’une d’elles. J’espère qu’il pourra reprendre le flambeau. Certes, il ne parlera pas le cantonais ; mais avec le mandarin et l’anglais, j’espère qu’il trouvera un bon travail.
Comme les traditions chinoises et vietnamiennes sont très proches, je n’ai pas peur que mes descendants oublient notre culture. Ils célébreront toujours le Nouvel An lunaire, même s’ils l’appelleront « Têt ». J’espère cependant qu’ils arriveront à parler chinois. On ne sait jamais, peut-être un jour serons-nous obligés de retourner là-bas… » (Entretien avec M. Tran, un restaurateur de Cholon, le 15 mai 2000)
10.3. UN IMPACT CULTUREL CROISSANT
26Depuis les années 1970, on assiste à un mouvement subtil de (re) sinisation de la Thaïlande. Les bases du mouvement ont été jetées avec la parution, en 1969, d’un roman intitulé Les Lettres de Thaïlande213. Ecrit par une Sino-Thaïe, il retrace la vie d’un immigrant chinois arrivé à Bangkok en 1943. Le livre connut un succès immédiat et est aujourd’hui étudié dans les écoles.
27Quelques années plus tard, un autre ouvrage retraçant la vie des Chinois du pays reçut également un formidable accueil. J’ai vécu avec un grand-père chinois214, de Yok Burapha, fut primé et servit de base à un scénario cinématographique215. Depuis, le nombre de publications et de films sur les Chinois ne cesse de gonfler.
28En 1989, Phraphassorn Sewiku, un fonctionnaire thaï du ministère des Affaires étrangères qui consacrait son temps libre à l’écriture, publia dans la revue Sakul Thai une série de portraits de Chinois qui, arrivés sans le sou en Thaïlande, y ont prospéré. L’année suivante, ces portraits furent édités en un seul tome.
29Dans les années 1990, la série télévisée adaptée du roman du diplomate thaï Prapatsorn Sevikul, Lod Lai Mangkorn, a été remarquablement suivie. Ce feuilleton retraçait la vie de Thiam Chokwatthana et de Chin Sophonpanich, le fondateur de la Bangkok Bank216.
30Aussi bien en Thaïlande qu’au Viêt Nam, la (re-) sinisation des Chinois passe par la langue locale. En effet, c’est avant tout par la lecture en thaï ou en vietnamien qu’ils se familiarisent avec la culture de leurs ancêtres qu’ils méconnaissaient jusqu’alors largement.
31Jusqu’au décès de l’un d’eux, en août 2000217, les frères Anond et Amnuay Pirom-Anukul, qui écrivent sous le pseudonyme de Nor Nopparat, ont traduit plus de deux cents romans chinois en thaï. Très populaires, ils ont vendu plusieurs centaines de milliers de livres dans le Royaume. La seule réédition, au début de l’année 2000, du roman A la recherche de l’empereur Qin Shi Huangdi s’est vendue à plus de 100 000 exemplaires218.
32La plupart des librairies disposent maintenant d’une section consacrée à la littérature chinoise traduite en thaï (Wannakam Chin). Leurs rayonnages regorgent d’une impressionnante collection de titres ayant trait à la culture et aux croyances chinoises. Le Roman des trois royaumes219 a été traduit pour la première fois en thaï à la fin du XVIIIe siècle. Son texte fut très rapidement enseigné dans les écoles. Aujourd’hui, il n’est pas rare que les médias y fassent allusion et l’ouvrage est maintenant intégré à la culture populaire thaïlandaise. Il sert souvent de base aux satires consacrées aux hommes politiques, lorsqu’il ne sert pas de référent pour expliquer les stratégies économiques des entrepreneurs.
LA TENTATION CHINOISE
« Mes parent sont nés dans le Sud-Est de la Chine, dans un village qui s’appelle Hap Sua, situé à environ 45 minutes en voiture de Shantou. Nous sommes donc teochiu.
Mon père est arrivé en Thaïlande lorsqu’il avait 18 ans, au début des années 1940. Il a d’abord travaillé pour un marchand de soupe ambulant. Il a aussi tiré des pousse-pousse, fait le manœuvre sur des chantiers... Puis il est retourné se marier en Chine, à l’âge de 22 ans. Il est resté dix mois avec ma mère et il est de nouveau reparti à Bangkok afin de s’y établir définitivement.
Pour faire venir ma mère et mon grand frère, les passeurs demandaient 50 000 bahts, mais il n’en gagnait que 35 par jour comme menuisier... Après neuf années de séparation, ma mère est enfin arrivée en Thaïlande, grâce à l’aide d’un proche. Mon père n’aurait jamais pu trouver les 50 000 bahts.
Mes parents ont beaucoup travaillé pour monter une entreprise de meubles à Rayong. Leur commerce, leur vie, leur famille est ici. Je me considère, moi aussi, plutôt thaïe que chinoise.
Pourtant, je veux partir pour la Chine. Ma mère a 73 ans à présent. Rien que de son côté, ma famille compte près de cent membres et je n’en ai rencontrés que quelques-uns. Ils ne parlent que le chinois et moi, je le parle à peine. Je veux les connaître ; après tout, nous sommes de la même famille. Je me suis donc décidée à partir. Je me suis inscrite aux cours de chinois de la Southern China Normal University à Canton. Ma famille y possède une usine de chaussures et de CD-rom. Je vais leur proposer de les aider à exporter leur production, puisque je parle plusieurs langues étrangères. C’est important de resserrer les liens car aujourd’hui, si ma mère disparaît, nous perdrons tout contact.
Partir, c’est aussi une façon de vivre une aventure, à la recherche de nouvelles expériences. On vient au monde nu ; repartir à zéro ne doit pas nous faire peur. Je sais qu’en Chine, les salaires sont très bas. Je n’ai pas beaucoup d’économies, mais j’ai ma famille. A priori, je ne resterai qu’un an là-bas. Mais ça dépendra des opportunités. J’ai vu mes parents travailler dur toute leur vie pour accumuler de l’argent. Mon ambition à moi, c’est plutôt de découvrir la vie. » (Entretien avec Chalida Kanwiwat, le 21 février 2003 à Bangkok)
33Au Viêt Nam, pays où la lecture occupe une place importante, les ouvrages chinois abondent également dans les librairies. La plupart sont des traductions de romans-fleuves légendaires, mais on retrouve également de nombreux livres sur la géomancie, la cuisine ou la culture.
34Depuis quelque temps, ce sont les biographies des grands hommes d’affaires chinois qui figurent parmi les meilleures ventes. Après Hong Kong puis Taiwan, les hauts faits du juge Baozheng rassemblent de plus en plus d’admirateurs en Asie du Sud-Est. Le juge Bao, comme on l’appelle communément, aide en effet les humbles accusés à tort par les puissants et n’hésite pas à mettre en cause les membres de la famille impériale chinoise220.
35On l’imagine, la série touche particulièrement les spectateurs des pays où la corruption est généralisée et où la justice n’apparaît pas comme une entité impartiale. Les autorités vietnamiennes se sont mêmes inquiétées du succès du héros, y percevant une critique à l’encontre de leur régime. Au-delà, la série montre l’influence de Taiwan et de Hong Kong comme créateurs de tendance en Chine et en Asie du Sud-Est.
36Au Viêt Nam et encore plus en Thaïlande, les séries télévisées hongkongaises sont très en vogue. Certaines chaînes thaïlandaises proposent même des programmes en cantonais et en mandarin, en plus de leur version doublée en thaï. Toutefois, les autorités se montrent réticentes à la création de chaînes nationales intégralement en chinois. Plus d’un tiers des films vidéo des boutiques du Royaume proviennent déjà de Hong Kong. Et si la majorité des fictions sont toujours importées des Etats-Unis, la plupart des documentaires vendus concernent aujourd’hui la Chine et la culture chinoise.
37Les stars hongkongaises sont adulées en Thaïlande au point qu’on les sollicite fréquemment pour jouer dans des publicités. De nombreuses séries télévisées vietnamiennes et thaïlandaises en costumes réadaptent également de vieilles histoires chinoises à la culture locale. Le théâtre rénové vietnamien (Cai Luong), particulièrement populaire dans le Sud du pays, reprend presque toujours des légendes chinoises. Et en Thaïlande, un des plus grands parcs de loisirs est presque entièrement consacré à la culture chinoise.
38L’enthousiasme vaut aussi pour la musique. Les chansons de Teresa Teng (surtout en hokkien), sans doute la chanteuse la plus connue et la plus aimée dans l’ensemble du monde chinois, servent couramment de musique de fond dans les centres commerciaux de Bangkok. L’artiste est décédée le 8 août 1995 en Thaïlande d’une crise d’asthme et elle a eu droit à des obsèques nationales à Taiwan.
39Si, en Thaïlande, la production musicale locale est importante, au Viêt Nam une grande partie de la pop est directement traduite et adaptée à partir de chansons étrangères, essentiellement hongkongaises et taiwanaises. Jusqu’au début des années 1980, les Chinois de Thaïlande essayaient parfois de cacher leurs yeux trop bridés derrière d’épaisses lunettes noires. Les choses ont aujourd’hui bien changé. Les origines sont mises en avant. Il n’est pas rare de voir des présentatrices à la télévision s’habiller en robe chinoise, tandis que des chanteurs ou des groupes de pop tournent leurs clips vidéo devant des bâtiments typiquement chinois.
40L’an dernier, le groupe Zhong Guo Wawa (Les Poupées chinoises) a bâti son succès dans les hit-parades thaïlandais sur les origines de ses deux chanteuses et sur des refrains alternant le mandarin et le thaï. Produit par des Taiwanais, ce groupe a également eu un gros succès à Hong Kong et à Taiwan.
10.4. UNE PREDOMINANCE ECONOMIQUE QUI ENGENDRE UN ROLE POLITIQUE DE PREMIER PLAN
41En Thaïlande, le poids économique des Chinois ne s’est jamais démenti, même au plus fort moment du nationalisme thaï. Aujourd’hui, ils contrôleraient 81 % des capitaux du marché national Soit autant que les Chinois à Singapour, où ils représentent pourtant 78 % de la population221.
42Depuis quelques années, Hô Chi Minh-Ville cherche à redevenir une place économique et industrielle majeure. Comme c’était le cas avant la réunification du pays en 1975, les entreprises chinoises, essentiellement concentrées dans les 5e, 6e et 11e arrondissements222, sont amenées à jouer un rôle de premier plan dans le processus. Si les membres de la communauté ne représentent plus que 13 % de la population de l’agglomération, leur contribution à la production de biens de consommation de la ville est évaluée à plus de 40 % du total. Les lois de 1989 sur le commerce et de 1990 sur les entreprises privées ont donné un coup de fouet à la création d’entreprises. De nombreux Chinois se sont alors relancés dans les affaires. En 1992, 420 entreprises privées étaient enregistrées à Hô Chi Minh-Ville, dont plus de 200 appartenant à des Vietnamiens d’origine chinoise. Aujourd’hui, même si leur nombre est inférieur de 45 % à ce qu’il était en 1975223, les Hoa contrôleraient près de 70 % des petites et moyennes entreprises de Hô Chi Minh-Ville224. La proportion est importante lorsque l’on sait que la ville abrite toujours près de la moitié des PME et des PMI du pays225. En 1998, 20 % des 6 000 sociétés en nom collectif et plus de 150 000 entreprises individuelles vietnamiennes étaient détenues par des Chinois226.
43La communauté s’illustre désormais également dans la gestion des groupes industriels, tous secteurs confondus. On retrouve certains de ses membres à la tête d’entreprises majeures comme Viet-Hoa Construction Company, Minh Phung Garment Factory, Bien Tien Foot-wear Entreprise, Chien Thang Agricultural Processing Company, Viet Huong Noodle Instant Processing Company, Thanh Loi Machine Rice-Mills Factory ou Son Hoa Plastics Entreprise227.
Evaluation de l’emprise chinoise sur l’économie thaïlandaise à la fin des années 1970
SECTEUR | NOMBRE TOTAL D’ENTREPRISES | CAPITAL EN MILLIONS D’USD | CAPITAL CHINOIS EN % |
IMPORT / EXPORT | 1 000 | 500 | 95 |
RESTAURATION | 2 500 | 150 | 95 |
INDUSTRIE | 2 000 | 300 | 90 |
COMMERCE GROS ET DETAIL | 5 000 | 200 | 90 |
COMMERCE (AUTRES) | 500 | 5 | 90 |
SERVICES | 500 | 100 | 80 |
MEDECINE | 1 000 | 30 | 80 |
TRANSPORT | 10 | 2 | 80 |
DIVERTISSEMENTS | 150 | 50 | 70 |
BANQUE/FINANCE | 50 | 300 | 50 |
MINES | 50 | 2 | 30 |
PECHE | 100 | 1 | 20 |
AGRICULTURE | 100 | 1 | 2 |
TOTAL | 12 960 | 1641 |
44La presse vietnamienne ne se prive plus de relater les succès des entreprises contrôlées par les Chinois du pays. Des groupes comme Kinh Do Bakery, Thai Tuan Textile, Bitis Shoes, Viet Hoa Bank ou Cholon Tourist sont régulièrement montrés en exemple aux investisseurs étrangers.
45La restructuration de l’économie qui conduit les coopératives et les entreprises publiques à s’effacer progressivement est à l’évidence favorable aux hommes d’affaires chinois qui semblent être les mieux placés pour en tirer profit.
46Les Chinois du Viêt Nam tirent naturellement un certain profit politique de leur influence économique. A l’occasion de la préparation des célébrations du tricentenaire de Saigon, deux rencontres ont été organisées par le Comité municipal pour les affaires chinoises entre le Parti communiste, le Comité populaire de la ville et des hommes d’affaires d’origine chinoise de Cholon. Selon Nguyen Van Chi, vice-président du Comité populaire, l’objectif était de « recouvrer par tous les moyens les activités économiques de Cholon dans lesquelles les sociétés chinoises jouaient [autrefois] un rôle important et de permettre au quartier de retrouver son commerce d’antan228 ».
47Depuis le milieu des années 1990, les Hoa sont de nouveau admis au Parti communiste vietnamien. Mais si certaines personnalités de la diaspora ont pu être nommées à des postes électifs, leur poids politique reste sans commune mesure avec celui des Sino-Thaïs. Leur carrière politique reste surtout cantonnée aux échelons locaux, les carrières nationales étant réservées pour l’essentiel aux Vietnamiens de souche et à quelques représentants des minorités ethniques.
48En Thaïlande, la victoire de Thaksin Shinawatra aux élections législatives de janvier 2001 n’a fait que confirmer le poids politique des Chinois du Royaume. Le magnat de la téléphonie mobile succédait en effet à son adversaire, également d’origine chinoise, le hokkien du Parti démocrate, Chuan Leekpai. Ce dernier avait lui-même été nommé une première fois Premier ministre en 1992, avant de laisser sa place en 1995 à un Chinois teochiu : Banharn Silapa-archa. On notera qu’à l’exception notable de Chuan Leekpai, la plupart des hommes politiques influents en Thaïlande viennent du monde des affaires.
49Selon le professeur Vorasakdi Mahatdhanobol, directeur de recherche à l’Institute of Asian Studies de l’université Chulalongkorn, environ 70 % des députés thaïlandais de la dernière législature étaient issus de la communauté chinoise. Les Chinois occuperaient ainsi environ 75 % des sièges dans les assemblées provinciales. Si l’on rapproche ces chiffres de leur poids démographique dans le Royaume (environ 10,5 %) on saisit mieux leur efficacité.
50Une analyse de la profession des députés confirme globalement l’évaluation du professeur Vorasakdi. En 1996, le Parlement était composé de 1 % d’agriculteurs, 4 % de juristes, 8 % de fonctionnaires, 18 % d’hommes d’affaires, 65 % de politiciens et 3 % de médecins, architectes et autres professions libérales. L’écrasante majorité des juristes, médecins, et architectes thaïlandais sont d’origine chinoise. Quant au terme « hommes d’affaires », il est pour ainsi dire synonyme de « Chinois ». Enfin, la catégorie « politicien » est composée d’anciens élus dont la plupart étaient auparavant businessmen et donc, pour l’essentiel d’entre eux, d’origine chinoise.
51Plus de la moitié des ministres du dernier gouvernement de Chuan Leekpai, dont l’influent ministre de l’Economie Tarrin Nimmanahaeminda, étaient d’origine chinoise. Le nouveau gouvernement, soutenu par la communauté d’affaires chinoise, se compose également en majorité de personnalités de la diaspora. Le puissant ministre de l’Economie Somkid Jatusripitak et le proche collaborateur de Thaksin Shinawatra, Krasae Chanawongse, se sont même ostensiblement montrés en tenue traditionnelle chinoise lors des festivités du Nouvel An chinois de 2002229. Ce n’est sans doute pas un hasard si le gou-vernement de Pékin a été le premier à féliciter le Premier ministre après sa victoire230. Le communiqué paraissait d’autant plus chaleureux que la réaction des membres de l’Asean était plutôt réservée231.
52Mais lorsque l’on évoque la présence chinoise, il faut garder à l’esprit son hétérogénéité. Les intérêts des Hokkien ne sont pas nécessairement ceux des Cantonais qui peuvent eux-mêmes entrer en concurrence avec des Teochiu… Dans un tel contexte, il apparaît illusoire de croire en une influence concertée des différentes communautés. Les membres de la diaspora cherchent, avant tout, à promouvoir leurs propres activités et à s’assurer une certaine réussite sociale dans le pays d’accueil. Cette réussite ne passe pas nécessairement par un renforcement de l’influence chinoise en tant que telle.
53En dépit de la présence particulièrement forte de personnalités d’origine chinoise dans la vie économique et politique du Royaume, la crainte d’une mainmise étran-gère sur la destinée de la nation thaïlandaise ne semble plus avoir de sens. Dans leur majorité, les Thaïs paraissent avoir intégré que le développement de leur pays passait par le dynamisme des différentes communautés chinoises. Leurs réseaux internationaux sont même souvent explicitement considérés comme des atouts pour la nation au point que certains, comme le professeur Kriengsak Chareonwongsak232, considèrent que la Thaïlande pourrait tirer davantage profit de sa forte minorité chinoise ; le ministre de l’Education Suwit Khunkitty juge même que l’enseignement du mandarin est encore insuffisamment développé233.
54De leur côté, les membres de la diaspora ne semblent pas envisager d’autre destin que celui qui les lie à la Thaïlande. Si pour les immigrés de la première génération, la référence à la Chine était essentielle, il n’en va plus de même pour leurs enfants et surtout pour leurs petits-enfants. Encore une fois, ceux-ci se sentent avant tout thaïlandais et sont fiers de l’être234. En conséquence, si leur sentiment d’appartenance culturelle peut varier en fonction de la situation ; s’ils peuvent selon les occasions se sentir plus teochiu que chinois, plus thaïlandais que teochiu, etc., leur loyauté politique ne paraît jamais poser question.
55Au Viêt Nam, la situation est différente. Malgré certains assouplissements – les huiguan ont notamment pu réouvrir en 1988 −, et une connivence culturelle évidente, les Hoa ne s’estiment pas encore tout à fait intégrés au monde vietnamien. L’évolution du pays, au cours de ces dernières décennies, n’a pas conduit à l’émergence d’une grande bourgeoisie ni d’une classe moyenne. Exclus des élites politiques et frustrés dans leur développement économique, les Hoa n’ont pas eu la possibilité, comme certains Sino-Thaïs, de gagner les premières places.
56L’ouverture économique du pays a certes permis à beaucoup de vivre plus confortablement. La hausse régulière du pouvoir d’achat des communautés chinoises du Sud du Viêt Nam pourrait sédimenter une classe moyenne urbaine. A terme, elles pourraient peser sur le régime actuel pour obtenir une plus grande libéralisation économique et politique. Leur avenir au sein de la nation vietnamienne semble néanmoins toujours suspendu au développement économique du pays, mais aussi à la nature des relations entre Pékin et Hanoi. Elles passent ainsi toujours pour des éléments exogènes à l’allégeance incertaine. Quant au rôle moteur qu’elles peuvent jouer dans l’intégration économique du Viêt Nam dans l’Asean, il est encore largement sous-estimé.
Notes de bas de page
197 Kenneth Perry Landon, The Chinese in Thailand, International Research Series, Institute of Pacific Relations, Londres − New York, 1941, cité par Chuimei Ho, 1995, p. 26.
198 William Skinner, 1957, p. 132.
199 Cité dans Victor Purcell, 1980, p. 96.
200 Voir par exemple Nilubol Pornpitagpan, Ukrit Kungsawanich et Smith Sutibut, « Moonlight Mooncakes », Bangkok Post, 6 septembre 2000.
201 Voir Somporn Thapanachai et Suphaphan Plengmaneepun, « Chinese Opera Search for Sound Financial Platform », Bangkok Post, 24 janvier 2001.
202 Fête chinoise dédiée aux ancêtres.
203 Dont 541 serveurs et 322 cuisiniers. D’après son directeur, Somchai T. Amornat, le restaurant accueille plus de 2 000 clients quotidiennement. Voir l’article de Jiraporn Wongpaithoon, « Thailand’s 8.4 acre Restaurant is the Big Cheese of World Eateries », The Detroit News, 15 octobre 1995.
204 Nouvel An vietnamien (Têt) et Nouvel An chinois sont l’un et l’autre axés sur le calendrier lunaire.
205 Straits Times, Singapour, 28 janvier 2001.
206 « Confucianism in Favour with Tolerant Wahid », South China Morning Post, Hong Kong, 30 janvier 2001.
207 Amara Pongsapich, « Some theorical considerations on Chinese entrepreneurs and their dominant role in responding to the Thai development ideology », in ORSTOM – CUSRI, Entrepreneurship and Socio-Economic Transformation in Thailand and Southeast Asia, Bangkok, 1993, cité par Jean Baffie, 1999, p. 218.
208 Michael Vatikiotis, « Thailand : Sino Chic. Suddenly, It’s Cool to Be Chinese », Far Eastern Economic Review, 11 janvier 1996, p. 22.
209 De 1977 à 1979, le quotidien fut fermé par le gouvernement militaire. En signe de solidarité, la communauté chinoise se mobilisa et se cotisa pour continuer de verser un salaire à l’ensemble des employés du quotidien.
210 Jean Baffie, 1999, p. 215.
211 Voir l’article consacré au professeur Krirkkiat, recteur de l’université de Thammasat : « A Tolerant Country where Buddha Statues Smile », Straits Times, Singapour, 19 juillet 1998.
212 Jonathan Lee, « The Struggle of Chinese in North Thailand », The International Chinese Newsweekly, janvier 1997.
213 Chotmai chak muang thai.
214 Yu kap kong.
215 Jean Baffie, 1999, p. 217.
216 Kasian Tejapira, « Imagined Uncommunity, The lookjin Middle Class and Thai Official Nationalism », in Daniel Chirot et Anthony Reid, 1997, p. 75.
217 « A Brother Lost at 52, Elder Half of Accomplished Duo Succumbs to Cancer », Bangkok Post, 1er septembre 2000. On retrouve également leur nom orthographié Bhirimanukool.
218 Manote Tripathi, « Old Texts Forced Foward », The Nation, Bangkok, 8 octobre 2000.
219 San Guo Yanyi en mandarin (Saam Kok en Thai) écrit à la fin de l’époque han.
220 Le juge Baozheng, célèbre magistrat de la dynastie Song, est, dans la mémoire chinoise, à la fois mortel et immortel et un des personnages du répertoire de l’opéra classique. Incarnation de la justice, il lutte sans trêve ni repos contre la concussion et le népotisme, y compris au sein de sa propre famille. Il œuvre pour faire baisser les impôts et adresse sans crainte ses remontrances à l’empereur. En 1994, des épisodes de la même série retraçant la vie du célèbre juge étaient diffusés simultanément sur les deux grandes chaînes de télévision hongkongaises ATV et TVB. A Taiwan, la chaîne CTS s’est inspirée de la vie du juge Bao pour tourner une série de 236 épisodes.
221 D’après George Haley, Tan Chin Tiong et Usha Haley : New Asian Emperors. The Overseas Chinese, their Strategies and Competitive Advantages, Butterworth Heinemann, Oxford, 1998 p. 13.
222 Les Chinois représentent plus de la moitié de la population du 11e arrondissement et plus de 40 % de celle du 5e. Plus de 70 % des employés du secteur privé du 11e arrondissement sont d’origine chinoise. La proportion est de 74 % pour le 5e arrondissement.
223 524 499 personnes en 1994 (soit 425 000 personnes de moins qu’en 1975).
224 Hugues Tertrais, 1999, p. 235.
225 Vietnam Courriers, no 10, 1988, p. 18.
226 « China Flourish in Vietnam Business Club », Reuter, 18 août 1998.
227 Vietnam Investment Review, 22-28 février 1993, p. 7.
228 Nguoi Lao Dong, 8 avril 1998.
229 Il a ainsi demandé à l’ancien Premier ministre, Banharn Silpaarcha, un homme d’affaires d’origine chinoise et leader du Parti Chart Thai, de rejoindre la coalition gouvernementale. Voir : « Thailand’s Thaksin Invites Third Party to Join Government », South China Morning Post, Hong Kong, 21 janvier 2001.
230 « China Congratulates Winner of Thai Elections », AFP, Pékin, 9 janvier 2001.
231 « Foreign Sceptics Don’t Understand, Shouldn’t Judge : Thaksin », The Nation, Bangkok, 10 janvier 2001.
232 Directeur de l’Institute of Future Studies for Development :http://www.ifd.ot.th
233 « All Roads Lead to China », Bangkok Post, 16 décembre 2001.
234 Voir à ce propos l’éditorial de Natayada Na Songkhla, lui-même originaire d’une famille teochiu in « Democracy Is Always Worth It », The Nation, Bangkok, 13 août 2000. L’auteur y raconte qu’après avoir effectué un voyage sur la terre de ses ancêtres, il s’est senti plus que jamais fier d’être thaïlandais, bien qu’il soit attaché à certaines valeurs de la civilisation chinoise.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Armée du Peuple, Armée du Roi
Les militaires face à la société en Indonésie et en Thaïlande
Nicolas Revise et Arnaud Dubus
2002
Yaa Baa
Production, trafic et consommation de méthamphetamine en Asie du Sud-Est continentale
Pierre-Arnaud Chouvy et Joël Meissonnier
2002
Pavillon noir sur l’Asie du Sud-Est
Histoire d’une résurgence de la piraterie maritime
Éric Frécon
2002
Le Destin des fils du dragon
L’influence de la communauté chinoise au Viêt Nam et en Thaïlande
Arnaud Leveau
2003
Des montagnards aux minorités ethniques
Quelle intégration nationale pour les habitants des hautes terres du Viêt Nam et du Cambodge ?
Mathieu Guérin, Andrew Hardy, Nguyễn Văn Chính et al.
2003
Le Laos au XXIe siècle
Les Défis de l’intégration régionale
Ruth Banomyong et Vatthana Pholsena
2004
Lire la ville, éclairer la métropolisation depuis l’Asie du Sud-Est
Manuelle Franck, Nathalie Lancret et Thierry Sanjuan (dir.)
2024