Chapitre 5. Articulation progressive d’un discours radical (à demi-mot)
p. 99-109
Texte intégral
1Dans ce chapitre, nous décrirons brièvement les différents messages des Chemises rouges apparus chez différents groupes à différents moments avant d’analyser les ressorts de leur progressive articulation en une idéologie cohérente et tournée vers l’action, comprenant un diagnostic sur la situation actuelle, la désignation d'un coupable, et des solutions pour changer le status quo. Les messages des rouges ont évolué avec le niveau d’éveil politique de leurs supporters. Au moment du coup, les premiers opposants n’ont que peu d’arguments, d’éléments, de critiques, de discours articulés sur les raisons de leur opposition. Les orateurs des premières manifestations de Chalat Worachat à Sanam Luang n’arrivent pas à tenir la scène plus d’une demi-heure sans tourner en rond. Aujourd’hui, n’importe quelle Chemise rouge peut parler de son engagement pendant des heures, sans tomber à court d’arguments.
« Depuis 5 ans le niveau de la mobilisation s’est élevé. De Chemises rouges qui se battaient pour des intérêts personnels, on est passé à des Chemises rouges qui se mobilisent pour leurs convictions politiques. C’est d’ailleurs devenu l’objectif de la majorité des Chemises rouges. Si on leur posait la question de leur motivation aujourd’hui, elles répondraient qu’elles ont dépassé le fait de se battre pour une seule personne ou pour leurs intérêts personnels, car elles se battent aujourd’hui pour l’intérêt collectif. Il ne s’agit plus de se battre pour une seule personne — [Thaksin Shinawatra], les programmes OTOP, la sécurité sociale à 30 baht, tout cela, les Chemises rouges l’ont dépassé. On voit que le niveau s’est élevé »180.
2Au début de la mobilisation, les futures Chemises rouges de province et de Bangkok ne se battent pas pour les mêmes raisons ; dans les provinces, la déception liée à la perte de Thaksin ne s’accompagne pas d’une réflexion sur la démocratie ou l’illégitimité du coup d’État ; quant à Bangkok, c’est au coup d’État que l’on s’oppose, par principe, mais sans atteindre une critique radicale des structures de pouvoir ou des structures sociales. À Bangkok toujours, les premiers mobilisés contre le coup d’État ne se réclamaient pas de Thaksin, et passaient d’ailleurs une partie de leur temps de parole en manifestation à le critiquer ainsi que ses politiques. On peut citer « le réseau du 19 septembre contre la dictature » comme l’un de ces premiers mouvements anti-Thaksin. C’est lorsque ces Bangkokiens anti-Thaksin se sont rendus compte de l’importance des masses réunies par les compères du Thai Rak Thai qu’ils ont décidé de ravaler leur anti-thaksinisme. Peu à peu, une convergence s’est opérée, grâce au « compromis Thaksin » : Thaksin, pour certains, symbole de la démocratie car son gouvernement, issu d’une élection, a été renversé par l’armée ; pour d’autres, Thaksin est ce bienfaiteur populaire, le héros de l’augmentation du niveau de vie dont on exige le retour.
1 - Temps 1 (2006-2007) : Deux mouvements d’opposition étanches l’un à l’autre
Provinces : « Thaksin reviens ! »
3Si on demande aux Chemises rouges pourquoi elles aiment tant Thaksin, les mêmes réponses toujours reviennent, qui peuvent se résumer en un seul point : sous le gouvernement de Thaksin, la situation économique et sociale des ruraux ou urbains des couches les moins favorisées s’est grandement améliorée. Les politiques les plus fréquemment citées par les Chemises rouges sont l’accès aux soins pour tous pour tout type de soin forfaitaire à 30 baht, la guerre contre la drogue, les crédits à l’éducation, les fonds de développement d’un million de baht par village, l’annulation des dettes des paysans, le programme « One Tambon One Product » (un canton un produit).
4Ces mesures, promises durant la campagne électorale et pensées par des conseillers de Thaksin, spécialistes du « marketing électoral », ont été mises en œuvre avec succès durant le premier mandat de Thaksin, de 2001 à 2005. Elles ont été perçues comme le signe d’un réel intérêt de la part de Bangkok au sort des plus démunis des provinces. L’amélioration des conditions de vie a permis aux couches défavorisées de gagner en autonomie par rapport à Bangkok et à ses représentants, leur donnant l’espoir d’un possible « rattrapage économique » de la province sur Bangkok. La politique des prêts étudiants répond aux trois éléments cités. Comme l’explique une Chemise rouge :
« Les prêts étudiants permettent à un jeune par tambon (canton) de partir étudier à l’étranger en bénéficiant d’une bourse. En échange de la bourse, il s’engage à travailler à son retour dans son tambon d’origine. Le jeune en question est sélectionné sur des critères d’excellence. C’est une politique très juste, et très intelligente. Avant Thaksin, seuls partaient à l’étranger les jeunes issus des familles qui en avaient les moyens. Lorsqu’ils revenaient au pays, ils restaient travailler à Bangkok, ne revenaient pas s’occuper du développement de la province. Ainsi, on se trouvait face à une fuite des “cerveaux” vers Bangkok qui reproduisait la domination de la capitale sur la province. »
5Après le coup d’État, la situation économique est temporairement en berne, marquée par le recul du tourisme et du commerce. Dans les provinces, le départ forcé de Thaksin se fait nettement sentir : les conditions de vie s’en trouvent incontestablement détériorées.
Bangkok : « Prem va-t-en ! »
6À Bangkok, la situation est différente. Les groupes qui s’opposent au coup ne regrettent pas Thaksin, ne réclament pas non plus son retour ; leurs revendications se limitent, dans un premier temps, à demander le départ des militaires au pouvoir, puis, par extension, la démission du général Prem Tinsulanond.
7Le « Réseau du 19 septembre contre le coup d’État », le groupe bangkokien le plus conséquent et profondément anti-Thaksin, est sûrement à créditer pour avoir fait le lien entre le coup d’État et le général Prem sur la scène publique. La phrase prononcée par Prem juste avant le coup d’État et qui l’annonce « L’armée est un cheval, dont le gouvernement n’est que le jockey, certainement pas le propriétaire »181 est reprise par le Réseau, qui dénonce ainsi la « Prematocratie » (« premmathipatai ») et organise une campagne pour demander la démission de Prem de son poste de président du Conseil privé du roi.
8Du côté des autres groupes dénonçant le coup d’État, ils ne font pas encore, en 2006-2007, le lien entre Prem et le coup :
« Quant aux structures du pouvoir en Thaïlande, moi comme presque tous les autres ignorions presque tout ; à cette époque la seule chose que je savais, c’est que l’armée avait renversé un gouvernement élu, et que si nous voulions la démocratie, nous devions chasser les soldats, qu’ils rentrent dans leurs casernes »182.
2 - Temps 2 (2007-2008) : Bangkok et la province entament leur convergence
9Même si la première utilisation du thème des « doubles standards » (song mattratan) date de la période précédant tout juste le vote du référendum constitutionnel, en août 2007183, la dénonciation des « doubles standards » s’est imposée comme le message dominant du mouvement des Chemises rouges à partir du deuxième semestre 2008 en réponse au traitement des manifestants de la PAD par l’appareil étatique, jugé par les Chemises rouges trop indulgent. La PAD est selon eux un mouvement qui « est parrainé » (mi sen).
10Début 2007, le thème des « doubles standards » s’attachait principalement à la critique de la différence de traitement entre les campagnes pour le « oui » et pour le « non » au référendum constitutionnel. Les Chemises rouges, alors fédérées par la DAAD, ancêtre de l’UDD, dénonçaient le soutien du gouvernement pour le « oui » au référendum. À partir de 2008, le thème des doubles standards s’attache particulièrement à la dénonciation d’une différence de traitement entre Chemises rouges et Chemises jaunes, opérée principalement par les tribunaux. Comme le résume un militant Chemise rouge :
« Le parti de Thaksin a été dissous deux fois, le parti de l’opposition jamais. Les Chemises jaunes ont fermé notre aéroport international, personne n’est allé en prison ; nous, nous avons manifesté pacifiquement dans le centre-ville pour demander une dissolution du parlement, on nous a tiré dessus et envoyés en prison pour terrorisme. Pas besoin d’avoir un doctorat pour voir qu’il y a des “doubles standards” dans ce pays » (Boworn, 52 ans, chauffeur de taxi à Bangkok).
Dissolution du Thai Rak Thai versus dissolution du Parti démocrate
11Le Thai Rak Thai est dissous deux fois, la première fois en mai 2007, la seconde fois sous le nom Phalang Prachachon en décembre 2008. Le 12 avril 2010, au plus fort des manifestations, la Commission électorale saisit la Cour constitutionnelle dans une affaire de donations illégales au Parti démocrate, déclenchant des effusions de joie parmi les Chemises rouges rassemblées à Phan Fa ; sur toutes les lèvres se lisent ces mots « Dissolution du Parti démocrate ! Victoire du peuple et de la démocratie ! »184 Un an plus tard, la Cour constitutionnelle classe l’affaire sans suite pour cause de vice de procédure185.
Annulation de Constitution par coup d’État versus impossibilité de réviser la Constitution
12La Cour constitutionnelle est également critiquée par les Chemises rouges pour son activisme en faveur de la sauvegarde de la Constitution de 2007 en l’état. La même Cour a reconnu la légitimité du coup d’État du 19 septembre 2006 abolissant la Constitution de 1997 en érigeant certains actes juridiques issus du coup au rang de principes constitutionnels.
13Parallèlement, la Cour a interféré à plusieurs reprises dans la procédure de révision constitutionnelle initiée par les parlementaires conformément aux dispositions constitutionnelles en vigueur. La dernière tentative de révision en date est celle de juin 2012, mise en stand-by sur ordre de la Cour constitutionnelle, pour cause d’« inconstitutionnalité potentielle » en cas « d’anti-monarchisme ».186
Traitement des manifestants par la justice, Chemises rouges versus Chemises jaunes
14Les cours de justice sont également vivement critiquées par les Chemises rouges pour leur partialité, notamment lorsqu’il s’agit du traitement des manifestants de 2008-2010. Après les manifestations des Chemises jaunes devant le Parlement et le blocage des aéroports de Suvarnabhumi et Don Mueang, aucun dirigeant de la PAD n’est arrêté. Un certain nombre d’entre eux, notamment Sonthi Limthongkul, se rendent aux autorités mais ils obtiennent la liberté conditionnelle sous caution187.
15Par contraste, le lendemain de la dispersion de leurs manifestants le 19 mai 2010, les Chemises rouges sont 400 à se retrouver derrière les verrous188. Les Chemises rouges sont appelées « terroristes » (phu kokan rai) par les Chemises jaunes pour avoir « brûlé la ville, brûlé le pays » (pao ban pao muang).
Pas de « sen » pour les Chemises rouges
16Pour les Chemises rouges, il devient évident que les Chemises jaunes ont des soutiens bien placés (mi sen, avoir des appuis haut placés) qui les protège des poursuites judiciaires et s’attache à consolider leurs acquis, ce qui n’est pas le cas des Chemises rouges qui, elles, ont le sentiment d’avoir toujours tort. « Nous, lorsqu’on va manifester, on est en tort. Nous sommes des gens sans soutiens (rai sen), notre manifestation est une manifestation sans soutien »189.
17Un discours clé pour la compréhension de ce ressenti est le discours de Nattawut Saikua du 30 décembre 2008190 dont voici un extrait :
« Nous n’avons pas grand-chose, nous n’avons pas la chance d’avoir la justice, nous n’avons pas la chance d’être bien traités par l’État, nous n’avons pas la chance d’avoir un espace pour diffuser nos messages, nous n’avons pas la chance de pouvoir communiquer sur notre combat. Notre combat est pur, notre combat vient du cœur… Le plus important, mes frères191, souvenez-vous bien de cela, nous n’avons pas de soutien… Non, nous n’avons pas de soutien…
« Nous sommes nés sur ces terres, nous avons grandi sur ces terres… Lorsqu’on se tient debout sur ces terres, les cieux sont trop loin de nous… Mes frères, lorsqu’on se tient debout sur ces terres, il faut regarder vers le ciel pour savoir que le ciel est loin… Lorsqu’on se tient debout sur ces terres, que l’on regarde en bas on comprend alors que nous valons à peine autant que cette terre…
« Mais je suis certain que, avec la force des “Chemises rouges” qui augmente chaque jour, chaque jour, qui s’étend à chaque instant, à chaque instant, même si l’on se tient sur la terre, même si nos paroles résonnent juste au-dessus du sol, le ciel les entendra, je vous l’assure ! Nos cris désormais, des cris à valeur de poussière, à la valeur de ceux qui sont nés et ont grandi sur ces terres… Le ciel les entendra, je vous l’assure !
« Car les Chemises rouges vont dire à la terre, vont dire au ciel… que les gens comme elles ont un cœur… les Chemises rouges vont dire à la terre et au ciel… qu’elles sont thaïlandaises… Les Chemises rouges demanderont à la terre et au ciel… s’il n’y pas d’espace pour qu’on s’y tienne droit comme il se doit… Nous demanderons à la terre et au ciel… s’il faut que nous allions le chercher nous-mêmes… Nos cris : le ciel les entendra désormais !
« Mes frères, que nous n’ayons rien ou pas grand-chose, nous avons ce qui compte le plus, nous portons dans notre combat l’esprit de la démocratie… »
3 - Temps 3 (2009-…) : Articulation d’une idéologie « pour une démocratie libérée de l’emprise de ses élites traditionnelles (l’ammat) »
Revenir à la Constitution de 1997/Renverser l’ammat
18Jusque-là ralliées autour de la revendication « dissolution du parlement, nouvelles élections » puis mobilisés dans la campagne électorale pour le parti Phuea Thai, les Chemises rouges, ayant atteint leurs objectifs à court terme, passent aux revendications à moyen terme, à savoir réformer la Constitution de 2007 sur la base de celle de 1997. La Constitution de 2007, qui fait suite à la Constitution temporaire de 2006, reprend l’essentiel de celle de 1997, lui apportant les aménagements controversés suivants :
- la nomination de la moitié des sénateurs par un comité composé de sept membres issus des administrations indépendantes et judiciaires suivantes (Cour constitutionnelle, Ombudsman, Cour suprême, etc.).
- l’amnistie pour les auteurs du coup d’État de 2006 : article 309 en référence aux articles 36 et 37 de la Constitution temporaire de 2006.
- de larges pouvoirs de sanction confiés à des administrations indépendantes en charge d’encadrer l’activité des élus et des membres du gouvernement.
19Pour les Chemises rouges, cette Constitution permet à un « État dans l’État », sans lien au peuple, de contrôler les politiciens élus, de faire et défaire les gouvernements. Pour les Chemises rouges, la vraie démocratie est majoritaire et électorale, et les élections sont la réponse principale aux problèmes du pays. Certains proposent que les administrations indépendantes soient entièrement élues192 ou que les questions de politique intérieure sensibles soient tranchées par le peuple grâce au recours au référendum193. Selon un membre de l’UDD :
« Le mouvement des Chemises rouges, poursuit sa lutte pour une véritable démocratie et la justice. Mais le Parti démocrate, les sénateurs nommés, les Chemises jaunes et les principaux médias ont encore pour but de faire tomber le gouvernement d’ici six mois à un an. Ils ont déjà utilisé tous les moyens en leur pouvoir pour attaquer les politiques gouvernementales et ont aussi lancé des attaques personnelles contre le Premier ministre. Ils ont utilisé les tribunaux, la Cour constitutionnelle. Ils ont déposé accusations sur accusations et plaintes sur plaintes auprès du Médiateur (Ombudsmen) et de la Commission nationale anti-corruption. Ils se sont opposés à la modification de la Constitution. Ils ont refusé de participer au processus de réconciliation nationale et, surtout, ils ont utilisé la loi de lèse-majesté, l’article 112, à des fins politiques »194.
L’égalité, la justice, la reconnaissance sociale
20En 2010, le discours des Chemises rouges rurales participant aux manifestations de Ratchaprasong balbutie un début de diagnostic liant systèmes social et politique :
« Leurs demandes, bien que formulées autour du mot “démocratie”, se cristallisent, une fois décortiquées, davantage autour de revendications en termes d’égalité sociale, bien plus larges que la seule revendication pour un changement de structure politique. Selon les termes d’un homme qui m’a accordé dans le train un long et fascinant entretien, “Ce que nous voulons dire par démocratie, c’est la justice (khwamyuttitham). Nous voulons la justice dans trois domaines : le domaine légal, le domaine politique, et l’éducation” »195.
Sur l’origine des mots
phrai/ammat
et du système
sakdina
Avoir du «
sen
» ou pas
Les Chemises rouges se définissent comme des « serfs », des « sujets », des « phrai » qui se battent contre l’« ammat », l’« aristocratie ». Ces mots, utilisés pour définir les couches sociales dans l’ancien régime féodal pré-1932, sont ressuscités après le coup d’État du 19 septembre 2006. Dans un premier temps, le mot « ammat » désigne spécifiquement Prem Tinsulanond, et il apparaît dans les discours de différentes organisations, notamment « Les Gens du samedi contre la dictature ». Ce groupe utilise indifféremment ammatayathipatai et premmathipatai, qui signifient respectivement « aristocratie » et « prematocratie » en référence à Prem, le suffixe « athipatai » signifiant « système ». « Les Gens du samedi contre la dictature » sont priés par les autres Chemises rouges de ne plus utiliser « prematocratie », trop direct, et de préférer « ammathipatai », plus nuancé : une manière de se protéger contre d’éventuelles accusations de crime de lèse-majesté.
Le mot « phrai » a fait son apparition sur la scène politique moderne dans le courant de l’année 2008, probablement pour la première fois dans un discours de Nattawut Saikua. Ce mot n’était utilisé ni dans les manifestations de 1992, ni dans celles de 1973. L’avantage de ce terme est qu’il permet d’unifier un mouvement pourtant composé de classes sociales très disparates. Ces deux mots font partie du registre féodal. En ce sens, ils dénoncent directement le système monarchique, dans lequel le propriétaire terrien (le roi est le propriétaire de la terre, chaokhong phaendin) exploiterait le travail des petites gens grâce à un réseau de propriétaires intermédiaires en compétition pour s’accorder les faveurs du roi. Ces propriétaires intermédiaires sont les fonctionnaires. C’est ce que désigne le mot « sakdina », un système pyramidal fondé non sur le mérite mais sur les relations au roi et aux puissants. Pour Thaksin, la dénomination « phrai » n’est pas la meilleure manière de gagner le cœur des Bangkokiens. Il propose, dans son allocution téléphonique du 20 mars 2010, d’utiliser le mot « ratsadon » à la place196.
D’après Thida Thavornseth, présidente de l’UDD, le système « ammat » était déjà dénoncé par Pridi Panomyong en 1932. À cette époque, le mot « ammat » était en concurrence avec le mot « apichon », aristocratie. Néanmoins, d’autres sources attribuent son origine à l’américain Fred W. Riggs, et sa retentissante étude du système sociopolitique thaïlandais, A bureaucratic polity (1966). Il aurait été traduit en thai par ammat, désignant à la fois l’aristocratie et la bureaucratie. Aux Chemises rouges qui se défendent d’aimer Thaksin, lorsqu’on leur demande « pourquoi êtes-vous une Chemise rouge ? », la réponse la plus courante est « buea ammat » (« j’en ai assez de l’aristocratie »).
Notes de bas de page
180 Thida Thavornseth, entretien avec l’auteur, août 2012.
181 « ทหารเป็นม้า รัฐบาลเป็นแค่จ็อกกี้ แต่ไม่ใช่เจ้าของม้า » (Wat Rawee, op. cit., p. 34).
182 « Puenlansaekna » (pseud.), op. cit., p. 16.
183 Ubornpan, op. cit., p. 54.
184 Claudio Sopranzetti, op. cit., p. 34.
185 « Democrats Survive », Bangkok Post, 30 novembre 2010.
186 Pour une explication détaillée, voir Eugénie Mérieau, « June 2012 Thai Politics Update », Thai Politics Updates, King Prajadhipok’s Institute, p. 4 à 7, http://www.kpi.ac.th/kpien/index.php?option=com_content&task=view&id=535&Itemid=9 ; Eugénie Mérieau, « July 2012 Thai Politics Update », Thai Politics Updates, King Prajadhipok’s Institute, p. 3 à 7, http://www.kpi.ac.th/kpien/index.php?option=com_content&task=view&id=536&Itemid=9 ; Saksith Sayasombut et Siam Voices, « Is Thai Constitutional Court’s Intervention Unconstitutional ? », Asian Correspondent, 5 juin 2012, http://asiancorrespondent.com/83690/thailand-constitutional-court-intervention/
187 Des poursuites judiciaires ont été engagées en 2010 contre Sonthi Limthongkul, Chamlong Srimuang, et une centaine d’autres Chemises jaunes dans de multiples affaires. Néanmoins, cinq ans après les faits, une seule condamnation a eu lieu. Il s’agit de Preecha Treecharoon, condamné à 2 ans de prison avec sursis en août 2010 pour meurtre sur un policier lors des manifestations d’octobre 2008. Le 11 décembre 2011, la Cour d’appel de Bangkok a commué la peine avec sursis en 34 ans de prison ferme.
188 Pour une liste détaillée, voir Le Centre d’information sur la dispersion des manifestations de 2010 (ศูนย์ข้อมูลประชาชนผู้ได้รับผลกระทบจากการสลัยการชุมนุมกรณี เม.ย 53) ; ความจริงเพื่อความยุติธรรม [La vérité pour la justice], Fa Diokan, Nonthaburi, 2555 [2012], p. 884 à 1254.
189 Apichat Sathitneeramai, op. cit., p. 27.
190 « … เราไม่มีเส้นครับ… » (rao mai mi sen krap) que l’on pourrait traduire par « nous n’avons pas de relation bien placée », ou encore « nous ne sommes parrainés par personne », par opposition aux Chemises jaunes, qui selon les Chemises rouges, sont protégées par leurs réseaux (http://www.youtube.com/watch?v=laQdgVniL_0).
191 Littéralement, « frères et sœurs aînés, frères et sœurs cadets » (phi nong), cette expression possède la même fonction que « mes chers compatriotes ».
192 Weng Tojirakarn, entretien avec Prachachat, le 14 septembre 2011.
193 Ibid.
194 Jaran Ditapichai, entretien avec l’auteur, avril 2012.
195 Claudio Sopranzetti, op. cit., p. 12.
196 Ubonphan Krachanphot, op. cit., p. 120.
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