Neuf classes d’activités physiques et sportives
p. 87-93
Texte intégral
1Afin de fournir une vision synthétique du domaine du sport, l’ensemble des activités physiques et sportives élémentaires a été regroupé en 9 classes d’activités, dans le cadre de l’élaboration d’un compte du sport. Celles-ci sont intitulées « de loisirs équipées autonomes », « socio-ludiques », « à haut degré d’organisation », « individuelles instrumentées », « d’équipage », « individuelles de masse », « mécaniques », « semi-professionnelles », et « professionnelles ». Cette nomenclature (NAPS) a été construite en utilisant une méthode d’analyse des données sur la base de critères démographiques et socio-économiques issus pour certains des données de l’enquête « pratiques sportives 2000 ».
2Parmi les activités déclarées dans l’enquête, beaucoup sont à la portée de tous, quels que soient l’âge ou la condition physique, et peuvent être pratiquées à des niveaux différents. Plus les disciplines sont facilement accessibles, plus les pratiquants déclarés sont nombreux. En revanche, certains sports sont moins répandus, parce que leur pratique est soumise à des conditions spécifiques d’apprentissage, d’encadrement, d’équipement et d’espace.
3La définition de l’activité est ici un peu moins large que le concept utilisé pour présenter généralement les résultats de l’enquête : la chasse et la marche balade n’ont pas été retenues. 34 familles d’activités ont donc été élaborées à partir des résultats de l’enquête. Leurs tailles exprimées en nombre de pratiques déclarées par les personnes de 15 à 75 ans sont très variables. Ces 34 familles sont encore trop nombreuses pour fournir une vision synthétique du domaine du sport.
4Un regroupement en 9 classes a donc été opéré sur la base de critères démographiques et économiques en effectuant une méthode statistique d’analyse des données, la classification ascendante hiérarchique. Si l’utilisation d’une telle technique a le mérite de l’objectivité, la nomenclature n’est pas neutre et dépend notamment du choix des critères retenus : ils doivent non seulement être pertinents pour l’analyse, mais aussi être renseignés pour chacune des familles d’activités. Le choix des critères pour élaborer la nomenclature est donc fait en fonction de la qualité et de la fiabilité des sources statistiques : 12 critères ont été finalement retenus (encadré). Aujourd’hui, grâce à cette nomenclature, toute activité, organisée ou non par une fédération sportive, appartient à une des 34 familles, et peut être rattachée à une des 9 classes de la nomenclature des activités physiques et sportives. Cette répartition en 9 classes a vocation à structurer les comptes économiques et démographiques du domaine du sport1.
5L’intitulé des classes a été établi avec l’objectif de résumer en quelques mots leurs principales caractéristiques (tableau 1). Le critère « médiatisation » s’est avéré le plus discriminant et les activités correspondantes de chaque classe sont dites « de loisirs équipées autonomes », « socio-ludiques », « à haut degré d’organisation », « individuelles instrumentées », « d’équipage », « individuelles de masse », « mécaniques », « semi-professionnelles », et « professionnelles », selon un ordre croissant du degré de médiatisation.
6Les 9 classes sont présentées ici suivant leur taille exprimée en nombre de pratiquants de 15 à 75 ans. La « hiérarchie » des classes selon les effectifs d’adhésions aux fédérations unisport est évidemment différente (voir tableau 2) pour deux raisons principales : la place des sports « jeunes » (ex : football, basket, autres sports collectifs, judo) est sous-estimée par le champ de l’enquête limité aux 15/75 ans, et les contraintes techniques d’une discipline sportive (degré de savoir-faire, encadrement) rendent parfois nécessaire une pratique institutionnalisée (judo, sports aériens).
Natation, vélo, athlétisme, gymnastique, sports de neige : les activités individuelles de masse
7Ces sports comme la natation, le vélo, l’athlétisme, la gymnastique et les sports de neige, qu’on apprend souvent dès l’enfance, correspondant à des disciplines anciennes et universelles, sont très largement répandus.
8Au sein de ces millions de sportifs, le niveau n’est pas le même : on trouve dans la famille « athlétisme » aussi bien les joggers occasionnels que les coureurs sportifs de haut niveau. Dans bien des cas, ces activités correspondent sans doute plus souvent à l’entretien d’une forme physique qu’à la recherche de la performance sportive. Aussi, le nombre de licences détenues en grande partie par des jeunes de moins de 15 ans paraît-il très modeste par rapport aux effectifs de pratiques. Simultanément, ces activités recensées parmi les disciplines olympiques font l’objet de compétitions internationales et concentrent plus du quart des sportifs de haut niveau inscrits sur les listes du ministère de la Jeunesse et des Sports : les budgets des fédérations concernées s’en trouvent relativement élevés.
Tableau 1 - La nomenclature des activités physiques et sportives (NAPS)
Activités en 9 classes | Familles concernées (34) | Principaux points communs |
Individuelles de masse IDM | Natation, vélo, athlétisme, gymnastique, sports de neige | Pratiques très répandues budgets fédéraux importants |
Socio-ludiques SOL | Marche sportive, boules, tennis de table, badminton, danse | Effectifs importants de pratiquants, médiatisation faible |
De loisirs équipées autonomes LEA | Pêche, musculation, escalade, roller skate, bowling | Peu de sportifs de haut niveau médiatisation faible |
Professionnelles PRO | Football, rugby | Très forte médiatisation budget professionnel important |
Semi-Professionnelles SPR | Tennis, basket, volley, autres sports collectifs, sports de combat | Médiatisation forte, pratique non individuelle, budget professionnel significatif |
Individuelles instrumentées INI | Patinage sur glace, glisse sur eau, aviron-canoë, golf | Activités instrumentées pratique individuelle |
D’équipage DEQ | Équitation, voile | Pratiques très instrumentées budgets fédéraux importants |
À haut degré d’organisation HDO | Judo, autres arts martiaux, escrime, tir, sports aériens | Disciplines très encadrées effectifs limités de pratiquants |
Mécaniques MEC | Sports mécaniques | Activités très instrumentées identité propre, forte médiatisation |
Les activités socio-ludiques
9La marche sportive, la pétanque, le billard, le badminton, le squash, le tennis de table et la danse sont des activités aisément accessibles ; les fédérations qui organisent ces sports diffusés largement, mais peu connus des médias, sont faiblement dotées. Au-delà de l’aspect sportif, ces pratiques présentent un caractère fortement ludique, complété par une dimension conviviale et sociale en raison de leur caractère non individuel. Elles sont fréquemment déclarées être pratiquées en vacances et souvent citées par des personnes plus âgées. Certaines, comme le badminton, le billard, le squash, le tennis de table voient leurs effectifs de licences progresser tandis que, dans des activités plus « traditionnelles », telles que les sports de boules et la pétanque, la pratique organisée semble régresser. Les femmes, représentant 37 % des pratiquants d’activités « socio-ludiques », sont en proportion deux fois moins nombreuses parmi les licences des fédérations unisport concernées.
Les activités de loisirs équipées autonomes
10D’autres activités individuelles, également proches du loisir, demandent un peu d’équipement spécialisé : ce sont la pêche, la musculation, le roller, l’escalade, la spéléologie, le canyonisme, le bowling. Elles traduisent l’adaptation des pratiques à l’évolution des demandes sociales tournées vers le milieu naturel, la glisse (ici limitée à la glisse « au sol ») ou l’hédonisme. Le public semble plus jeune et plus masculin que celui des pratiquants d’activités socio-ludiques. Le nombre de licences2, qui progresse sensiblement, reste encore modeste (autour de 160 000) comparé aux 9,5 millions de pratiques déclarées. La place des jeunes dans la pratique encadrée est faible. Ces activités ne sont pas médiatisées et les budgets des fédérations correspondantes sont faibles.
Les activités professionnelles
11À l’opposé de ces disciplines souvent individuelles peu médiatisées, le football et le rugby sont marqués par une omniprésence sur les écrans de télévision ou dans la presse spécialisée. L’intérêt pour ces sports, lié aussi aux bons résultats des équipes nationales, ne se dément pas et ne se limite pas aux seuls pratiquants parmi lesquels les femmes sont rares et les plus de 50 ans aussi. Ces sports, surtout le football, sont extrêmement populaires, et simultanément engendrent des flux financiers importants liés au statut professionnel des joueurs de très haut niveau. Les sportifs, notamment les jeunes, sont encadrés : ces deux disciplines concentrent 2,4 millions de licences, soit le quart des licences unisport.
Les activités semi-professionnelles
12La classe constituée du basket-ball, du handball, du volley-ball, du base-bail, du hockey sur gazon, du tennis et des sports de combat, est formée de sports collectifs ou duels, professionnalisés ou en voie de l’être. Elle affiche globalement des effectifs de près de 2 millions de licences unisport dont la progression est équivalente à celle des sports professionnels. Ces disciplines se distinguent toutefois du football et du rugby par leur bien moindre degré de médiatisation et une participation des femmes nettement plus importante : 35 % parmi les pratiquants de 15 à 75 ans, 36 % parmi les licences.
Les activités individuelles instrumentées
13Le golf, le patinage sur glace, le ski nautique, l’aviron, le canoë-kayak, sont autant de disciplines qui relèvent d’une pratique individuelle nécessitant des espaces spécifiques : plan d’eau, terrain de golf, plage, patinoire. L’accès à ces pratiques en est d’une certaine manière réduit d’autant que le coût d’instrumentation n’est pas négligeable. Le poids démographique du golf est prépondérant dans cette classe.
Les activités d’équipage
14Activités encore plus instrumentées que les précédentes, la voile et l’équitation, regroupées sous le terme de sports d’équipage, exigent d’importants prérequis matériels et techniques et se déroulent principalement en milieu naturel.
Les activités mécaniques
15Les sports mécaniques sont également des activités très instrumentées, centrées sur l’usage sportif d’un appareillage mécanique et de véhicules à moteur. Elles ont une forte identité propre, sont peu répandues et très peu féminisées. D’un point de vue économique, ces disciplines assez fortement médiatisées drainent d’importants flux financiers.
Les activités à haut degré d’organisation
16Les arts martiaux, les sports aériens, l’escrime et le tir sont difficilement praticables sans encadrement. Aussi, les pratiques mesurées parmi les 15 à 75 ans ne reflètent-elles pas la place réelle de ces disciplines dans l’ensemble des sports tel qu’on peut l’estimer à partir du poids des licences. Cependant, la pratique institutionnalisée semble stagner. Ces sports, peu professionnalisés, sont très peu médiatisés, si ce n’est à l’occasion des rendez-vous olympiques.
Les critères utilisés pour la construction de la NAPS
La méthode statistique utilisée pour construire la Nomenclature des Activités Physiques et Sportives (NAPS) permet d’obtenir des groupes (ou classes) homogènes à partir d’un ensemble d’éléments — ici, les 34 familles d’activités définies — décrits par des critères quantitatifs ou qualitatifs — ici, 12 critères socio-économiques et démographiques (listés ci-dessous).
L’objectif visé est que chaque classe soit constituée d’éléments qui se ressemblent quant aux critères utilisés, et que les classes se distinguent fortement les unes des autres, toujours selon ces critères. La méthode utilisée, méthode de classification ascendante hiérarchique (CAH) opère par regroupements successifs des éléments et fournit un système de classes emboîtées permettant de définir des partitions de l’ensemble de départ en un nombre de classes a priori quelconque. Le choix du nombre de classes retenues (ici 9) repose à la fois sur des considérations relatives aux objectifs de la NAPS - obtenir un nombre de classes réduit - et sur des considérations statistiques.
Cette méthode de classification, objective car fondée sur des algorithmes informatiques, est couramment utilisée comme aide à la construction de nomenclatures.
Les 12 critères socio-économiques et démographiques retenus sont :
- le « type de pratique » : individuel, duel, collectif ;
- l’instrumentation : de pas du tout à fortement instrumenté ;
- les effectifs des pratiquants de 15 à 75 ans (enquête MJS/INSEP) ;
- l’âge moyen des pratiquants de 15 à 75 ans (enquête MJS/INSEP) ;
- la part des femmes parmi ces derniers (enquête MJS/INSEP) ;
- la part des licenciés parmi ces derniers (enquête MJS/INSEP) ;
- la part des jeunes dans les licences ;
- les effectifs des sportifs de haut niveau ;
- les budgets des fédérations ;
- les budgets du secteur professionnel ;
- la diffusion sur les chaînes hertziennes en heures de télévision ;
- la médiatisation dans l’équipe.
Notes de bas de page
Notes de fin
i À champ constant.
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Pékin 2008
Regards croisés sur la performance sportive olympique et paralympique
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2008
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Enquête 2003 – Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Ministère de la Culture et de la Communication, Insee
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2005
Les pratiques sportives en France
Enquête 2000
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2002
Données et études statistiques : jeunesse, sports et vie associative
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2006