Le football et les sports collectifs
p. 75-81
Texte intégral
1L’ensemble des pratiquants des sports collectifs représente une population d’environ 6,6 millions de personnes de 15 à 75 ans, soit 18 % de celles ayant déclaré avoir pratiqué une activité physique ou sportive. Le football est de loin le sport d’équipe le plus populaire avec plus de 4,6 millions de pratiquants suivi par le basket-ball, (1,4 million), puis le volley-ball (1,2 million), le handball (580 000), le rugby (420000), les autres sports d’équipe1 regroupant environ une centaine de milliers de personnes.
Les traits généraux des sports collectifs
2Globalement dominés par le football, les sports collectifs regroupent une population jeune et très majoritairement masculine (tableau 2). Ils sont aussi les représentants exemplaires de ce qu’on pourra appeler les « vieux » sports, par opposition aux « nouveaux » sports, parce que leurs pratiquants appartiennent le plus souvent à un club, détiennent une licence, pratiquent un peu plus régulièrement que les autres, aiment et font de la compétition. La référence au groupe des pairs et la recherche de sociabilité y sont importantes, ainsi que la dimension familiale. De même, le rôle incitateur de l’école est fort : 62 % des pratiquants ont été incités à leur pratique par les cours d’éducation physique et sportive, contre 22 % des sportifs en moyenne (tableau 3).
Tableau 1 - Les effectifs de pratiquants des sports collectifs
Nombre de pratiquants | En millions |
Tous sports confondus | 36,6 |
Sports collectifs : | 6,6 |
Dont | |
Football | 4,6 |
Basket-ball | 1,3 |
Volley-ball | 1,2 |
Handball | 0,6 |
Rugby | 0,4 |
Autres | 0,1 |
Le football, un sport populaire
3La population des footballeurs (13 % de l’ensemble des sportifs) est à plus de 90 % masculine. Elle est jeune : 50 % des personnes recensées ont entre 15 et 24 ans et 40 % des pratiquants sont encore élèves ou étudiants. Le football est aussi un sport populaire : un tiers de ses pratiquants appartiennent aux groupes des ouvriers et des employés et 43 % viennent d’un milieu où le chef de famille appartient à la catégorie des ouvriers ou des employés (27 % dans le cas du tennis). Le revenu moyen des personnes jouant au football est cependant comparable au revenu moyen de l’ensemble des personnes interrogées (TA 22). Ceci est d’autant plus significatif que la part des individus engagés dans une activité professionnelle y est un peu plus forte que dans les autres disciplines (50 % des pratiquants contre 46 % pour la population sportive totale).
4Incontestablement les joueurs de football ont bien le sentiment de faire du sport (94 % d’entre eux le disent). Ils sont aussi plus fréquemment membres d’un club, détiennent plus souvent une licence, participent plus à des compétitions et, éventuellement, se plaignent qu’il n’y en ait pas assez. Les valeurs de compétition, d’amélioration des performances, d’engagement et de dépense physique sont plus fortes pour eux que pour la moyenne des sportifs. C’est un sport assez socialisé puisque si on y joue dans la rue (38 % des pratiquants), ses adeptes jouent plus souvent sur les installations du club (46 %) (tableau 3).
5On s’engage donc dans le football un peu plus que dans d’autres sports. Quand on joue au football, on y joue régulièrement : 66 % le pratiquent au moins une fois par semaine et 38 % plus d’une fois. Cet engagement n’est pas seulement institutionnel : sont privilégiées les valeurs de sociabilité comme le fait d’être avec les proches (85 % contre 75 % en moyenne), de rechercher la rencontre (91 % contre 63 %). Cette sociabilité est celle des amis (92 % contre 66 %), des collègues (36 % contre 17 %). C’est aussi, dans une moindre mesure, celle de la famille qui s’avère un peu plus importante que dans d’autres disciplines2.
6Le football appartient à un univers masculin : on y joue peu avec sa conjointe ou avec ses enfants, mais plus que la moyenne avec les amis, les collègues, les membres du club et sans doute les membres masculins de la famille. On peut retrouver les effets de cette division sexuelle dans la place de l’influence du père ou du frère, en plus des amis de même sexe, dans l’entrée dans le football, plus indirectement dans le fait que les contraintes familiales n’y apparaissent pas comme une raison forte de ne pas faire plus de sport.
7Sport masculin, le football est toutefois joué aussi par les femmes : le nombre de pratiquantes de 15 à 75 ans est estimé à 350 000. Ce sont surtout des jeunes filles et des jeunes femmes : 69 % des pratiquantes ont en effet entre 15 et 19 ans. La chute très nette du taux de pratique entre 15-19 ans et 20-24 ans illustre-t-elle le destin du football féminin qui ne résistera pas à l’entrée dans la maturité sociale, ou bien le caractère récent de l’entrée des femmes dans le monde du football ?
8Parmi les incitations à pratiquer ce sport, la proximité des équipements, l’absence de choix traduisent l’implantation ancienne de celui-ci dans le paysage sportif, et son caractère populaire. L’exemplarité des sportifs ou des événements fournit des motifs pour une pratique relativement plus prégnante que dans d’autres sports ou activités physiques. Le rôle d’initiateur du père ou du frère, auquel il faudrait ajouter sans doute la force de la cour de récréation, est également fréquent. Dans un univers des pratiques physiques et sportives qui privilégient le plaisir, le bien-être ou la liberté, le football est moins que d’autres sports une affaire de revendication d’originalité.
9Pourtant, outre une possible féminisation, différents éléments pourraient être mis en avant pour marquer que le football est touché par les valeurs qui définissent le sport aujourd’hui en France. S’il est joué dans les clubs, il est aussi pratiqué en dehors des clubs, sans licence, et très régulièrement : 32 % des joueurs très réguliers n’appartiennent pas à un club et 40 % n’ont jamais participé à une compétition officielle. Ces joueurs en dehors des structures sont plus nombreux à considérer le football comme une pratique non prioritaire.
Des sports jeunes : le basket et le handball
10Les sportifs de 15 à 19 ans ne représentent que 27 % des effectifs de footballeurs de 15 à 75 ans, tandis qu’ils sont 50 % en basket ou 46 % en handball7. Les moins de 15 ans représentent 60 % des licences attribuées par la Fédération Française de Basket-ball, la moitié de celles attribuées par la Fédération Française de handball et par celle de football, mais 38 % seulement en rugby et 25 % pour le volley. À l’aune de cette mesure, les sports collectifs sont encore plus jeunes. La pratique du football décline régulièrement jusqu’à 45 ans tout comme celle du rugby ou du volley. En revanche, celle du handball et du basket-ball diminue très nettement dès l’âge de 20 ans.
11Les caractères « sportifs » sont accentués dans le handball : les pratiquants sont majoritairement en club et compétiteurs ; près d’un sur deux est licencié, et la plupart des joueurs apprécient la gagne et la compétition (tableau 2).
12Le basket présente quelques caractéristiques des « nouveaux » sports : moins de licenciés, moins de membres de club et moins de compétiteurs et d’esprit de compétition, mais plus de pratique dans la rue ou dans les espaces aménagés (78 % des joueurs le font). La proximité des équipements est une incitation forte à pratiquer ce sport (80 %), traduisant sans doute l’offre récente de play grounds.
Des valeurs spécifiques : le rugby
13Le rugby est un des sports les plus encadrés : 48 % des pratiquants possèdent une licence, à égalité avec le handball, derrière seulement les arts martiaux (62 % des pratiquants) et devant le golf (45 %). Cet engagement se traduit aussi par l’intensité plus grande de la pratique : la moitié des rugbymen pratiquent plus d’une fois par semaine contre un tiers, en moyenne, pour les autres sports collectifs. Les pratiquants de rugby sont aussi beaucoup plus compétiteurs : les deux tiers ont participé à des compétitions, pour la moitié des handballeurs, et 38 % en moyenne pour les trois autres principaux sports collectifs. Enfin, alors qu’il était demandé dans l’enquête aux personnes interrogées de définir leur pratique à partir d’une liste de thèmes, 85 % des rugbymen (contre 20 % de l’ensemble des sportifs) ne se sont pas situés sur cette liste, partageant leur insatisfaction quant aux possibilités de réponse avec les pratiquants d’équitation, de patinage et, dans une moindre mesure, des sports de combat et des arts martiaux.
Un sport mixte : le volley
14Le volley-ball, contrairement à la plupart des sports d’équipes est un sport mixte, joué à égalité par les hommes et par les femmes. Ceci peut s’expliquer en raison des propriétés mêmes du sport qui autorisent les rencontres mixtes. Plus souvent pratiqué uniquement pendant les vacances que les autres sports d’équipe (33 % contre 20 % pour les autres), le volley-ball appartient plus nettement à la sphère des activités de détente et de loisirs que le football et, à plus forte raison, que le handball et le rugby. Peut-être aussi parce que ses pratiquants sont un peu plus diplômés (36 % ont un diplôme au moins égal au baccalauréat contre 31 % en moyenne pour les autres sports collectifs). Ils appartiennent un peu plus souvent aux classes moyennes et supérieures, là où la remise en cause de la séparation des sexes est la plus avancée. Mais, c’est aussi un sport de moindre intensité et de moindre engagement : 31 % seulement pratiquent plus d’une fois par semaine et seulement 18 % sont licenciés. Cette discipline se réfère nettement moins aux valeurs compétitives : les joueurs ont moins l’impression de faire du sport que comme dans le cas du football ou du rugby, et ils recherchent nettement moins aussi la compétition ou la gagne (43 %) que les footballeurs ou les basketteurs (51 %) ou les joueurs de rugby (76 %).
Notes de bas de page
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Pékin 2008
Regards croisés sur la performance sportive olympique et paralympique
Institut national du sport et de l'éducation physique (dir.)
2008
La pratique des activités physiques et sportives en France
Enquête 2003 – Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Ministère de la Culture et de la Communication, Insee
Hervé Canneva (dir.)
2005
Les pratiques sportives en France
Enquête 2000
Ministère de la Jeunesse des Sports et de la Vie associative, Institut national du sport et de l'éducation physique, Patrick Mignon et al. (dir.)
2002
Données et études statistiques : jeunesse, sports et vie associative
Recueil des travaux et publications de la Mission statistique de 1999 à 2004
Sandrine Bouffin, Myriam Claval et Hervé Savy (dir.)
2006