Les activités de glisse
p. 63-67
Texte intégral
1Les activités de glisse regroupent des disciplines traditionnelles, comme le ski alpin ou le ski nautique, organisées par des fédérations importantes, et des activités plus nouvelles telles que le roller, le skate, le surf, qui se développent souvent en dehors des cadres fédéraux. Leurs pratiquants sont plutôt jeunes, bien insérés économiquement. Ils sont relativement peu licenciés, mais participent souvent à des compétitions.
2Des sports dits de glisse font partie des nouvelles activités physiques et sportives qui se sont affirmées depuis une quinzaine d’années : le roller, le skateboard ou le surf ont pour caractéristiques de valoriser les qualités d’équilibre sur l’eau, la neige ou le bitume, et de se développer en dehors des cadres fédéraux. Mais, les sports de glisse regroupent également des disciplines plus anciennes, comme la planche à voile, voire très anciennes comme le ski alpin ou le ski nautique, organisées au sein de fédérations.
3Ces différentes disciplines regroupent environ 8 millions de personnes de 15 à 75 ans. Le ski est de loin le sport le plus populaire en regroupant 4 millions de personnes, suivi par le roller avec 1,5 million de pratiquants, le surf et la luge rassemblant chacun un peu plus de 400 000 adeptes. La planche à voile, le skateboard ou le ski nautique sont moins répandus. Ces activités se sont bien démocratisées depuis une vingtaine d’années ; néanmoins, le revenu et les diplômes restent des conditions déterminantes d’accès.
4Les activités de « glisse » sont ici réparties en trois groupes : le « ski », la « glisse urbaine » comprenant le roller et le skate et enfin la « glisse nature » regroupant surf (eau et neige), planche à voile, ski nautique et luge (encadré à la fin de l’article et tableau 1).
Des pratiques jeunes et plutôt masculines
5Parmi les sportifs de 15 à 75 ans, les trois-quarts des surfeurs, 60 % des skieurs et des glisseurs nature sont des hommes. La population des adeptes de la glisse urbaine est un peu plus mixte avec 56 % d’hommes et 44 % de femmes.
6Plus masculines, ces activités sont aussi plus jeunes que les autres : l’âge moyen des pratiquants est de 30 ans, mais les skieurs ont en moyenne 34 ans quand les « glisseurs nature » en ont 29 et les « glisseurs urbains » 26. Le ski se pratique jusqu’à un âge plus avancé : près du quart des skieurs ont 45 ans et plus, contre 3 % en glisse urbaine et 9 % en glisse nature dans cette tranche d’âge. La nouveauté des disciplines, leur difficulté technique ou physique expliquent en partie cette faible proportion des personnes de 45 ans et plus.
Des activités qui nécessitent une bonne insertion sociale et économique
7Ces activités jeunes comptent une proportion importante d’élèves et d’étudiants, 36 % pour l’ensemble des glisseurs. Le constat est particulièrement vrai pour la glisse urbaine où les élèves et étudiants représentent plus de la moitié des pratiquants contre seulement un quart chez les skieurs.
8Les pratiquants de ces trois différentes formes de glisse sont en moyenne plus diplômés que l’ensemble des sportifs : la part des personnes d’un niveau d’étude égal ou supérieur au baccalauréat est de 48 % contre 31 % pour la population sportive dans son ensemble. La population des sports de glisse est plus que les autres engagée dans des études longues, et appartient plus souvent à des foyers dont la personne de référence (chef de famille ou conjoint) est dans la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures ou des professions intermédiaires. Ces milieux plus aisés représentent 42 % de l’ensemble des « glisseurs », alors qu’ils ne sont que 30 % de la population sportive. Les revenus déclarés par les glisseurs sont plus élevés que la moyenne : 41 % déclarent avoir un revenu égal ou supérieur à 2 285 euros, soit 15 000 F (contre 27 % pour les sportifs dans leur ensemble). Ceci est particulièrement vrai pour le ski.
9En effet, pratiquer ces sports suppose, d’une part, de disposer d’un matériel et, d’autre part, des coûts de déplacement pour se rendre sur les lieux de pratique au bord de la mer ou à la montagne.
Des pratiquants relativement réguliers, peu licenciés mais fortement compétiteurs
10La glisse urbaine se pratique en majorité tout au long de l’année tandis que le ski et la glisse nature sont, à plus de 60 %, des activités de vacances (TA 16). Le caractère saisonnier de ces disciplines entraîne une modalité de pratique sporadique. Là encore, dans ces pratiques de vacances, une opposition entre le ski et la glisse nature semble se dégager. La fréquence de pratique du ski est régulière (38 % tous les jours pendant les vacances) tandis que la glisse nature se présente comme une pratique épisodique (trois sur dix ne le font qu’un ou deux jours) dans un moment qui autorise quelques expériences. À l’inverse, la glisse urbaine avec 45 % de pratiquants qui en font au moins une fois par semaine, appartient à la famille des sports que l’on fait régulièrement.
11Par ailleurs, la prise de licence dans cette population âgée de 15 à 75 ans est peu répandue : environ 6 % pour la glisse nature, 5 % pour le ski, proche de 1 % pour le roller contre 23 % pour l’ensemble des sportifs. Cependant, ces glisseurs sont massivement engagés dans des activités compétitives : plus de 20 % contre 13 % dans l’ensemble de la population sportive se livrent à des compétitions officielles (TA 18). Pour les seuls Skate & roller, 4 pratiquants sur 10 participent à des rassemblements, manifestations officielles, ou à des compétitions, dont la moitié à des compétitions officielles. Il faut peut-être considérer la glisse davantage comme une pratique de loisir accompagnant d’autres activités sportives et moins comme une activité marquée par le rejet de l’institution sportive.
La recherche de sensations
12Les pratiquants des sports de glisse, comme l’ensemble des sportifs, privilégient aussi le fait d’être en contact avec la nature, d’être avec des proches, de se détendre, de se dépenser ou encore d’améliorer leur performance. Mais, ils se distinguent des autres sportifs par l’importance qu’ils attachent à la recherche de sensations fortes et de risque ainsi qu’à l’amélioration de leur performance. Cette attente est encore plus importante pour les sports de glisse nature : ils sont proches sur ce point d’activités comme les sports mécaniques ou de pratiques symboliquement dites de glisse comme le rafting, le deltaplane, etc. (TA 14).
13Le processus d’engagement dans l’activité sort des schémas traditionnels d’adhésion, médiatiques (exemple d’un sportif célèbre), pratiques (seule activité proposée sur le lieu d’habitation, proximité de l’équipement), institutionnels ou hygiénistes (se maintenir en bonne santé). Le modèle d’engagement prioritaire est quelque peu en rupture avec le quotidien, une opportunité offerte par les vacances (pour le ski et la glisse nature) ou bien les conseils d’un groupe de pairs pour la glisse urbaine.
14Dans cette famille des sports de glisse, le ski, socialement plus mûr, présente un caractère plus familial que la glisse sur eau ou sur neige qui affiche quelques traits attribués volontiers aux nouveaux sports ou aux sports dits sauvages.
15Le profil original de la glisse urbaine met en évidence un schéma de « glisse urbaine communautaire » : l’envie de nature est bien entendu faible tout en laissant pourtant entrevoir un souhait d’activité de plein air dans la ville (45 % avancent cette raison). La recherche d’une forme de sociabilité (rencontre avec les autres) et le caractère urbain semblent prépondérants. Ces aspects sont peut-être d’autant plus importants qu’il s’agit d’une activité s’inscrivant dans la vie quotidienne (la découverte pendant les vacances est fortement minoritaire) et qu’une partie de ses pratiquants (10 %) s’est engagée dans cette discipline à la suite d’un événement, peut-être une de ces randonnées urbaines qui existent aujourd’hui dans beaucoup de villes de France.
Les activités de glisse
Glisse nature : surf, planche à voile, ski nautique, snowboard, luge.
Glisse urbaine : skate et roller.
Ski : ski alpin, ski de fond.
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Pékin 2008
Regards croisés sur la performance sportive olympique et paralympique
Institut national du sport et de l'éducation physique (dir.)
2008
La pratique des activités physiques et sportives en France
Enquête 2003 – Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Ministère de la Culture et de la Communication, Insee
Hervé Canneva (dir.)
2005
Les pratiques sportives en France
Enquête 2000
Ministère de la Jeunesse des Sports et de la Vie associative, Institut national du sport et de l'éducation physique, Patrick Mignon et al. (dir.)
2002
Données et études statistiques : jeunesse, sports et vie associative
Recueil des travaux et publications de la Mission statistique de 1999 à 2004
Sandrine Bouffin, Myriam Claval et Hervé Savy (dir.)
2006