Chapitre 1. Les facteurs de la pratique et des activités sportives
p. 21-43
Texte intégral
1En 2003, 71 % des personnes de 15 ans ou plus pratiquent une activité physique ou sportive, même occasionnellement. Les jeunes sont les plus investis dans le sport. Mais indépendamment de l’âge, être diplômé, étudier ou travailler, avoir un niveau de vie élevé favorisent la pratique sportive et vont jusqu’à gommer les différences entre hommes et femmes. Ces facteurs jouent également de façon très forte dans le choix des APS pratiquées et dans les modes de pratique.
2L’enquête « Participation culturelle et sportive » de 2003 est la troisième enquête sociologique sur la pratique sportive que conduit le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. L’enquête de 2000 qui portait sur les 15-75 ans venait combler un vide statistique de 15 ans puisque la dernière enquête approfondie, réalisée par l’INSEP, datait de 1985 tandis qu’en 2001 le ministère menait une enquête sur le sport et les adolescents de 12 à 17 ans pour élargir à un public plus jeune les connaissances sur ce thème. L’enquête de 2003 permet de consolider les résultats des deux précédentes, en particulier en ce qui concerne les facteurs de la pratique. Les effets déterminants de l’âge, du niveau de diplôme, du milieu socio-économique, du sexe sont à présent bien identifiés et font l’objet de ce chapitre. Si cette représentation de l’individu à travers ses caractéristiques sociodémographiques peut paraître réductrice pour l’étude de pratiques dans le choix desquelles les goûts jouent aussi un rôle important, elle a néanmoins le mérite de mettre en lumière les éléments objectifs et observables susceptibles de favoriser l’accès à ces activités.
I – Les facteurs de la pratique sportive
La pratique sportive, une question d'âge et de génération
3En 2003, 34 millions de personnes de 15 ans ou plus ont pratiqué au moins une activité physique ou sportive (APS), que ce soit régulièrement tout au long de l’année ou bien seulement à certaines périodes ou pendant les vacances. Ce sont avant tout les jeunes qui sont les plus sportifs, tout particulièrement les étudiants : 90 % des 15-24 ans ont pratiqué une APS en 2003 (tableau 1). Les pratiquants sont un peu moins nombreux parmi les 25-44 ans (83 %) et encore moins dans les générations plus âgées. Parmi les personnes de plus de 65 ans, moins de quatre sur dix ont une activité physique ou sportive.
4La pratique sportive est toujours plus importante chez les hommes que chez les femmes, avec 79 % de pratiquants contre 64 % de pratiquantes. Mais l’écart hommes-femmes dépend fortement de l’âge et du milieu social, il est beaucoup plus réduit, voire inexistant parmi les personnes diplômées et parmi les plus jeunes (graphique 1). Entre 15 et 24 ans, filles et garçons sont aussi nombreux à pratiquer (même si des écarts persistent dans les milieux les moins favorisés). Le « décrochage » des filles semble s’opérer à partir de 25 ans : entre 25 et 34 ans, elles sont moins de 80 % à pratiquer des APS, contre 90 % des garçons du même âge. Ces résultats peuvent aussi s’interpréter comme le signe de l’apparition d’une génération de jeunes filles plus sportives que leurs aînées, qui font autant de sport que les garçons de leur âge et qui continueront à en faire après 25 ans. Seules des observations ultérieures permettront de valider ou d’infirmer cette hypothèse. Il reste que les comparaisons avec l’enquête 2000 (voir chapitre 11) et l’observation de l’évolution des licences sportives délivrées par les fédérations mettent en évidence l’augmentation de la pratique sportive des femmes (Boisson, Crosnier, 2004).
La pratique sportive très marquée socialement
5Le milieu socioculturel a une influence importante sur les pratiques sportives. Ainsi, 88 % des personnes diplômées de l’enseignement supérieur ont eu une activité physique ou sportive en 2003, contre 45 % des personnes faiblement diplômées (tableau 1). Toutefois, ce constat est à nuancer car on compte 79 % de pratiquants parmi les titulaires de diplômes de niveau inférieur au baccalauréat. Cela s’explique par la pratique du vélo, de la pétanque et de la pêche, particulièrement répandue dans les milieux moins favorisés.
6Les personnes les plus diplômées sont plus souvent sportives que les autres, même quand on neutralise les effets de l’âge et du sexe. Indépendamment du niveau d’études, avoir un niveau de vie élevé favorise également la pratique sportive : 82 % des personnes appartenant au quart des ménages les plus aisés pratiquent une APS, contre 59 % dans le quart le plus faible. Les étudiants et les personnes qui travaillent - tout particulièrement les cadres, les professions intermédiaires et les employés - sont proportionnellement les plus nombreux à avoir des activités physiques ou sportives. Les chômeurs sont de ce point de vue plus proches des actifs occupés que des inactifs. La vie active ou étudiante semble s’accompagner d’une dynamique de sociabilité qui n’est d’ailleurs pas propre au domaine sportif. Le cas des étudiants est particulièrement illustratif : plus engagés dans le sport, ce sont aussi eux qui font le plus de sorties et d’activités culturelles (voir chapitre 8).
Tableau 1 - Taux de pratique sportive selon le sexe, l'âge, le diplôme, le niveau de vie, l'occupation professionnelle. En %
Taux de pratique | |
Sexe | |
Homme | 79 |
Femme | 64 |
Age | |
15 à 24 ans | 90 |
25 à 34 ans | 84 |
35 à 44 ans | 83 |
45 à 54 ans | 72 |
55 à 64 ans | 67 |
65 ans ou plus | 37 |
Niveau de diplôme | |
Aucun ou CEP | 45 |
Inférieur au bac | 79 |
Bac | 69 |
Bac+1 ou bac+2 | 87 |
Bac+3 ou plus | 88 |
Lycéen | 90 |
Etudiant après le bac | 95 |
Niveau de vie | |
1er quartile | 59 |
2ème quartile | 69 |
3ème quartile | 75 |
4ème quartile | 82 |
Situation professionnelle | |
Travaille | 82 |
Chômeur | 74 |
Etudiant * | 92 |
Retraité | 47 |
Autre inactif | 47 |
Ensemble | 71 |
Des effets des congés et du temps disponible
7Dans le cas de personnes qui travaillent, la pratique sportive augmente par ailleurs avec le nombre de congés pris au cours de l’année, quels que soient le milieu professionnel et le niveau de vie. Parmi les personnes qui ont pris, en 2003, six semaines de congés ou plus, 88 % ont pratiqué une APS, contre 76 % des actifs ayant pris moins de trois semaines ou aucun congé (tableau 2). Les vacances représentent un moment propice à la pratique d’APS, notamment celles qui nécessitent un milieu particulier (mer, montagne, nature...), moins accessibles au cours de l’année.
8Ainsi, les actifs n’ayant pas pris de congés du tout au cours des douze mois précédant l’enquête pratiquent en moyenne deux APS différentes contre quatre pour les actifs ayant pris plus de six semaines de congés.
Tableau 2 - Taux de pratique sportive selon les congés, le statut matrimonial, la vie en couple. En %
Taux de pratique | |
Congés (pour les personnes qui travaillent) | |
2 semaines ou moins | 76 |
3 à 5 semaines | 81 |
6 semaines ou plus | 88 |
Statut matrimonial | |
Célibataire | 83 |
Marié | 70 |
Veuf | 30 |
Divorcé | 70 |
Vie en couple | |
Oui | 72 |
Non | 70 |
9En revanche, le temps de travail semble jouer un rôle mineur dans le fait d’avoir une pratique sportive ou non, car cela est d’abord lié au milieu socioprofessionnel et au niveau de diplôme. Ces résultats sont à rapprocher des études sur les loisirs des actifs issus de l’enquête « Emploi du temps » de l’Insee (Coulangeon, Iorarik, Menger, 2003). Elles montrent d’une part que les catégories qui disposent de plus de temps libre au quotidien (principalement les ouvriers) s’adonnent plutôt à des loisirs du quotidien (télévision, bricolage...) tandis que les catégories socioprofessionnelles qui disposent de peu de temps libre au quotidien (en particulier les cadres) ont des loisirs sportifs et culturels nombreux et plus souvent « planifiés » (théâtre, par exemple) et pratiqués notamment à l’occasion de leurs congés.
Les personnes en couple plus souvent sportives
10D’autres facteurs entrent bien sûr en ligne de compte dans la pratique des APS, notamment la situation familiale. La présence d’enfants en bas âge constitue un frein aux activités physiques ou sportives : 75 % des personnes vivant dans un ménage comptant au moins un enfant de moins de 3 ans ont eu une activité physique ou sportive en 2003, contre 83 % des personnes de ménages où les enfants ont tous entre 4 et 14 ans. Quels que soient l’âge, le sexe, la situation professionnelle, le lieu de résidence, les personnes vivant en couple sont plus souvent sportives que les autres. Néanmoins, l’enquête ne permet pas de déceler si cela résulte d’un effet d’entraînement ou d’un attrait commun pour le sport, d’autant plus que le questionnaire ne portait pas sur les activités des autres membres du ménage de la personne interrogée.
Les habitants de grandes villes aussi
11Par ailleurs, on compte seulement 66 % de pratiquants sportifs en milieu rural contre 70 % en région parisienne (hors Paris), 74 % dans les grandes villes et 75 % à Paris. Toutefois, quand on gomme cet effet de structure, il apparaît que ce sont les habitants des grandes agglomérations de province qui sont le plus souvent sportifs. La plus grande sportivité apparente des Parisiens résulte simplement du fait qu’ils sont en moyenne plus jeunes et plus diplômés (voir chapitre 5).
L'absence de pratique ne provient pas seulement de l'âge
12Les résultats précédents montrent donc que l’âge ne saurait à lui seul expliquer l’absence de pratique sportive. C’est certes un critère déterminant, mais si la moitié des personnes qui n’ont aucune activité physique ou sportive ont plus de 55 ans, une sur cinq a néanmoins entre 30 et 50 ans (tableau 3), un faible niveau de diplôme ou un faible niveau de vie jouant également en défaveur de la pratique sportive, même à âge et sexe donnés.
Les problèmes de santé et le faible intérêt pour le sport freinent la pratique
13Quand on interroge les personnes sur les raisons pour lesquelles elles n’ont aucune pratique sportive, elles invoquent le plus souvent les problèmes de santé (41 %). Les personnes de 60 ans ou plus sont les plus nombreuses à avancer cette raison (surtout dans les ménages au niveau de vie faible) ; le sentiment d’être trop âgées domine aussi (tableau 4). C’est en fait chez les personnes de plus de 50 ans que les problèmes de santé arrivent en tête des réponses, tandis qu’ils ne sont évoqués que par 14 % des non-pratiquants de 15 à 29 ans. Pour eux, la principale raison de l’absence de pratique vient du fait qu’aucun sport ne plaît ou qu’ils n’aiment pas en faire (38 %). Plus généralement, un quart des non-pratiquants ne sont pas attirés par la pratique sportive en soi, sentiment exprimé un peu plus souvent dans les milieux aisés. Aux âges intermédiaires et chez les plus jeunes, les contraintes professionnelles ou scolaires puis les contraintes familiales sont les deux autres raisons le plus souvent avancées, après l’absence d’intérêt pour la pratique sportive. Ces réponses ne reviennent néanmoins pas à la même fréquence chez les hommes et chez les femmes (voir chapitre 3). Les difficultés d’accès aux équipements sportifs, l’éloignement, les horaires d’ouverture sont en revanche rarement cités. Le coût financier est évoqué surtout dans les milieux modestes et par les chômeurs mais loin derrière les autres raisons.
Tableau 3 - Profil des pratiquants et non-pratiquants. En %
Pratiquants | Non-pratiquants | |
Sexe | ||
Homme | 53 | 35 |
Femme | 47 | 65 |
Age | ||
15 à 24 ans | 19 | 5 |
25 à 34 ans | 20 | 9 |
35 à 44 ans | 21 | 11 |
45 à 54 ans | 17 | 17 |
55 à 64 ans | 12 | 14 |
65 ans ou plus | 11 | 44 |
Niveau de diplôme | ||
Aucun ou CEP | 19 | 56 |
Inférieur au bac | 35 | 24 |
Bac | 7 | 8 |
Bac+1 ou bac+2 | 12 | 4 |
Bac+3 ou plus | 14 | 5 |
Lycéen | 9 | 2 |
Etudiant après le bac | 5 | 1 |
Niveau de vie | ||
1er quartile | 21 | 36 |
2ème quartile | 24 | 27 |
3ème quartile | 26 | 21 |
4ème quartile | 29 | 15 |
Situation professionnelle | ||
Travaille | 58 | 31 |
Chômeur | 6 | 6 |
Etudiant * | 14 | 3 |
Retraité | 15 | 41 |
Autre inactif | 7 | 19 |
Niveau de diplôme | 100 | 100 |
II – L'espace des activités physiques et sportives
14L’âge, le sexe, le niveau de diplôme ou encore le niveau de vie apparaissent donc comme des facteurs sociologiques très déterminants dans la probabilité de pratiquer ou non une activité physique ou sportive. Nous allons voir à présent que ces facteurs jouent également de façon très forte dans le choix des APS pratiquées, et au-delà, dans les modes de pratique.
Les jeunes ont l'exclusivité de certaines APS
15Au sein de la population des pratiquants, l’âge est le plus fort facteur de différenciation. Les sports collectifs (football, volley-ball, basketball, handball, rugby), les sports de combat, le patin à glace, le hockey, le roller et le skate sont l’apanage des jeunes pratiquants qui constituent la majorité des adeptes. À titre d’exemple, les deux tiers des footballeurs ont moins de 30 ans. Ce sont d’ailleurs des disciplines que l’on commence jeune. On les abandonne aussi plus souvent par la suite, surtout en raison des contraintes physiques qu’elles comportent, ou encore parce qu’elles nécessitent une pratique régulière et intensive plus difficilement conciliable avec la vie professionnelle et familiale. Toutefois, beaucoup font office de sport de passage vers d’autres disciplines : après les avoir pratiquées, on continue à avoir une pratique sportive (voir La pratique sportive des adolescents, 2004).
16Les jeunes de 15 à 29 ans sont aussi plus nombreux que leurs aînés à s’adonner à la course à pied, au footing, à l’athlétisme, aux sports de raquettes (tennis, tennis de table, badminton, squash), à la musculation ou encore au ski, au surf (tableau 5).
17Les pratiquants de ces APS ont d’ailleurs pour trait commun la pratique d’un très grand nombre d’APS différentes, (environ 7, contre 3 en moyenne) et se distinguent du reste des pratiquants par un fort engagement dans le sport : il est plus fréquent qu’ils prennent des cours, qu’ils soient membres d’un club ou d’une association sportive, qu’ils possèdent une licence ou participent à des rencontres sportives (voir encadré). Cette implication importante chez les jeunes provient entre autres des disciplines qu’ils exercent : les sports collectifs, les sports d’opposition sont les plus institutionnalisés.
18Le vélo, la natation, la randonnée pédestre, la pétanque se pratiquent à tout âge. Ces activités physiques et sportives arrivent en tête de classement chez les jeunes mais aussi chez les plus âgés. Elles rassemblent de nombreux pratiquants car on peut s’y adonner selon des modalités adaptées aux possibilités de chacun, du loisir à la compétition. Les personnes de 50 ans ou plus qui se détournent des activités les plus exigeantes physiquement ou demandant un effort violent, ont un éventail d’APS plus réduit. Les personnes issues des ménages au faible niveau de vie font tout au plus du vélo, tandis que dans les ménages plus favorisés on pratique aussi la pêche et la gymnastique, en plus des quatre activités citées ci-dessus (voir chapitre 4).
19Aux âges intermédiaires, les pratiquants sont certes moins investis que les plus jeunes dans les sports collectifs, les arts martiaux ou les sports de combat, mais leur état de santé leur permet de s’adonner à diverses activités physiques ou sportives. Ils essaiment dans toutes les APS, mais leurs pratiques sont néanmoins très sensibles à leur situation professionnelle (voir plus bas).
Encadré : Forte implication dans le sport et phénomène de zapping
On peut être tenté d'attribuer à un phénomène de « zapping », ou de « touche-à-tout », la forte implication sportive qu'on observe tout particulièrement chez les jeunes, mais aussi chez les personnes de milieux favorisés : les personnes qui font beaucoup de sport passeraient d'un sport à l'autre ce qui expliquerait qu'elles ont des pratiques aussi variées. L'enquête ne permet pas de déceler ce type de comportement : il faudrait pour cela savoir depuis combien de temps les personnes pratiquent les APS déclarées, information qui n'est pas disponible ici. Néanmoins, il apparaît qu'en règle générale les personnes qui ont beaucoup d'APS, ont une pratique plutôt plus soutenue que la moyenne dans la plupart de leurs activités sportives. À l'inverse, les personnes ayant peu d'APS différentes, goûtent à chacune d'elles un nombre réduit de fois. Autrement dit, on ne peut être sûr que d'une chose : la diversité va de pair avec l'intensité.
Peu de parité
20Même si la parité est presque atteinte dans certaines APS comme le vélo, la natation et la plongée, la marche ou le roller, le champ du sport reste fortement structuré autour de l’opposition entre des sports traditionnellement masculins et des activités très féminisées. Le football, le rugby et les autres sports collectifs, ainsi que de la pêche, la chasse, la pétanque ou le billard sont investis à plus de 75 % par des hommes. Les sportives représentent quant à elles 50 % à 75 % des pratiquants de gymnastique, de danse, d’équitation, de patin à glace, de randonnée pédestre ou en montagne (tableau 6). Les disciplines préférées des femmes ne sont cependant pas forcément celles où elles sont majoritaires : on dénombre 1,9 million de danseuses (soit 8 % des femmes de 15 ans ou plus) et un peu plus de 800 000 cavalières (3 %), contre 8 millions d’amatrices de vélo (33 %), l’APS la plus répandue chez les hommes comme chez les femmes.
21Le choix des disciplines reflète des aspirations et des modes de pratique différents. Les hommes se tournent beaucoup plus que les femmes vers la compétition (15 % des pratiquants contre 4 % des pratiquantes) et sont plus fréquemment licenciés (26 % contre 15 %). Ainsi, les sports collectifs et les sports d’opposition (arts martiaux, boxe...), où la compétition est le plus développée, comptent bien plus d’hommes que de femmes dans les rangs de leurs pratiquants (voir chapitre 3).
22Cela ne signifie pas néanmoins que les femmes fréquentent peu les structures institutionnelles : 26 % des pratiquantes font partie d’un club ou d’une association sportive contre 30 % des pratiquants. Elles recherchent elles aussi un encadrement technique, notamment pour la gymnastique et la danse, même si c’est moins souvent dans une optique compétitive. Il reste que même à APS fixée, les femmes ont souvent une plus forte probabilité que les hommes de pratiquer de façon autonome. À cet égard, il est légitime de se demander si les structures sportives traditionnelles sont suffisamment adaptées aux attentes des pratiquantes.
Les activités choisies, reflet du milieu social
23La pratique de la plupart des activités physiques et sportives augmente avec le niveau de vie. Le ski, le golf, la voile et la planche à voile, le canoë, l’aviron, le ski nautique notamment sont trois à cinq fois plus répandus dans le quart des ménages le plus aisé que dans le quart le moins aisé (graphique 2). Ces APS nécessitent l’achat ou la location d’un équipement généralement coûteux et impliquent parfois aussi des déplacements pour accéder aux lieux de pratique (mer, montagne, terrains de golf).
Tableau 6 - Place des femmes dans les APS
Activités physiques et sportives | part de femmes (en %) | effectif (en milliers) |
Danse | 79 | 1 928 |
Gymnastique | 78 | 4 850 |
Equitation | 64 | 814 |
Natation, plongée | 57 | 7 543 |
Patinage, hockey | 56 | 843 |
Randonnée pédestre | 56 | 5 531 |
Vélo | 48 | 8 303 |
Randonnée montagne | 48 | 2 585 |
Roller, skate | 47 | 1 101 |
Ski, surf | 44 | 2 995 |
Course à pied, footing, athlétisme | 41 | 3 254 |
Canoë, aviron, ski nautique | 41 | 806 |
Voile, planche à voile | 40 | 546 |
Musculation | 40 | 1 549 |
Tennis | 39 | 1 297 |
Golf | 39 | 296 |
Pétanque, billard | 38 | 3 713 |
Tennis de table, badminton, squash | 37 | 1 579 |
Basket-ball, volley-ball, handball | 35 | 967 |
Arts martiaux | 32 | 253 |
Moto, kart, automobile | 28 | 913 |
Sports de combat | 24 | 85 |
Pêche | 23 | 1 094 |
Rugby | 16 | 72 |
Football | 14 | 533 |
Chasse | 7 | 95 |
24Mais ces écarts s’observent pour de nombreuses autres pratiques comme par exemple la gymnastique, le tennis, le tennis de table, la course à pied, le roller, le skate. Ils sont marqués même dans le cas des APS les plus répandues - le vélo, la natation, la randonnée - dont on affirme souvent probablement un peu trop vite qu’elles sont pratiquées par de plus en plus de monde et dans tous les milieux sociaux. Qualifiées de pratiques « de masse » car elles rassemblent un grand nombre de pratiquants, elles ne concernent cependant de loin pas l’ensemble de la population : une personne sur trois ne fait pas de vélo, ni de natation, ni de randonnée. Et si on compte 47 % de cyclistes parmi les personnes issues de ménages appartenant au quartile de niveau de vie le plus élevé, on n’en compte plus que 29 % dans le quartile le plus bas, soit 1,6 fois moins. De même les nageurs appartiennent deux fois moins souvent au quartile le plus bas qu’au plus élevé (20 % contre 42 %) et les marcheurs 2,6 moins plus souvent (15 % contre 39 %).
25La boxe et les autres sports de combat, la pêche, la chasse, la danse, le patin à glace et le hockey, les sports collectifs sont en revanche aussi répandus, voire plus, en bas de l’échelle du niveau de vie qu’en haut, mais avec des taux de pratique relativement faibles (graphique 3). Ainsi, si certaines de ces activités physiques et sportives véhiculent une image de sport populaire en ce sens qu’elles sont pratiquées par les catégories moins favorisées, elles ne remportent cependant pas d’adhésion massive.
L'effet du niveau de vie, plus marqué après 30 ans
26Che2 les 15-29 ans, même si les écarts liés au niveau de vie sont significatifs pour la plupart des disciplines, les taux de pratique sont relativement élevés dans un grand nombre d’APS. De plus, il y a des sports « incontournables » chez les jeunes : les sports collectifs - le football en particulier, le vélo, la natation. Quinze APS sont pratiquées par plus de 10 % des 15-29 ans issus de ménages appartenant au plus bas quartile de niveau de vie contre dix-sept par des jeunes du quartile le plus élevé (tableau 7b).
27Parmi les 30-49 ans, les différences liées au niveau de vie sont plus importantes. Dans le quartile le plus faible, seules cinq APS sont pratiquées par plus de 10 % de personnes - le vélo, la natation, la pétanque, la pêche et la randonnée pédestre, contre quatorze dans le quartile supérieur : les cinq précédentes y figurent, avec une participation plus élevée encore, et il faut y ajouter le ski, la course à pied et l’athlétisme, la randonnée en montagne, la gymnastique, les sports de raquettes, la moto, le kart, la musculation, le canoë et l’aviron (tableau 7a). Au sein de la population des « seniors », globalement moins sportive, les différences sont encore plus marquées puisqu’il n’y a que dans les quartiles supérieurs de niveau de vie qu’on pratique à plus de 10 % des activités autres que les APS de masse et la pétanque (tableau 7c).
28Ces résultats vont dans le même sens quand on s’intéresse à l’effet du niveau de diplôme des pratiquants de chaque APS. On n’identifie donc pas seulement un effet de revenu mais un effet du milieu socio-économique. Ainsi, sur l’échelle sociale, on constate que ce sont aussi les sports de vacances ou encore des pratiques plus fortement institutionnalisées qui s’opposent à des disciplines que l’on pratique tout au long de l’année ou chez soi. Les personnes issues de milieux plus favorisés ont plus l’occasion de pratiquer pendant leurs vacances et font plus souvent le choix de vacances « actives ».
III - Les modes de pratique
Un public plus favorisé pratique dans les structures institutionnelles
29Le degré d’institutionnalisation des APS dépend en partie des disciplines exercées : les sports collectifs, les arts martiaux, les sports de combat figurent parmi les disciplines les plus « institutionnalisées » (voir Définitions en annexe et chapitre 3). Mais ce sont aussi typiquement des sports de jeunes. Cela explique que les personnes qui sont inscrites dans un club ou une association sportive, qui suivent des cours ou des entraînements, ou détiennent une licence sportive sont en moyenne plus jeunes que les personnes qui ont une pratique sportive entièrement autonome (37 ans contre 43 ans en moyenne).
30Toutefois on observe aussi qu’au sein de chaque discipline ou famille d’APS, y compris à âge fixé, c’est un public plus favorisé qui se tourne vers des structures institutionnelles : les étudiants, les personnes diplômées de niveau bac+3 et au-delà, les personnes appartenant à la moitié des ménages les plus aisés sont inscrits dans de telles structures plus souvent que les autres pratiquants (tableau 8). Les personnes dont la pratique sportive est entièrement autonome sont quant à elles plus souvent issues de la moitié moins aisée de la population, et sont plus faiblement diplômées. Les 3,3 millions de personnes qui ont participé à des compétitions officielles constituent une population plus jeune encore (33 ans en moyenne) et encore plus souvent issue de milieux favorisés.
31Ainsi le rôle du milieu social n’est pas neutre non plus dans les façons de pratiquer des APS. On peut voir là des choix élitistes ou encore des stratégies éducatives.
Tableau 8 - Part des pratiquants institutionnalisés et compétiteurs. En %
% de pratiquants institutionnalisés | % de compétiteurs | |
Sexe | ||
Homme | 35 | 15 |
Femme | 33 | 4 |
Age | ||
15 à 24 ans | 46 | 19 |
25 à 34 ans | 37 | 10 |
35 à 44 ans | 35 | 9 |
45 à 54 ans | 28 | 6 |
55 à 64 ans | 31 | 7 |
65 ans ou plus | 20 | 3 |
Niveau de diplôme | ||
Aucun ou CEP | 19 | 4 |
Inférieur au bac | 32 | 9 |
Bac | 39 | 8 |
Bac+1 ou bac+2 | 38 | 9 |
Bac+3 ou plus | 40 | 9 |
Lycéen | 54 | 26 |
Etudiant | 46 | 13 |
Niveau de vie | ||
1er quartile | 29 | 9 |
2ème quartile | 30 | 10 |
3ème quartile | 38 | 9 |
4ème quartile | 39 | 10 |
Ensemble | 34 | 10 |
Auteur
Mission bases de données et informations statistiques, ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative
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Pékin 2008
Regards croisés sur la performance sportive olympique et paralympique
Institut national du sport et de l'éducation physique (dir.)
2008
La pratique des activités physiques et sportives en France
Enquête 2003 – Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Ministère de la Culture et de la Communication, Insee
Hervé Canneva (dir.)
2005
Les pratiques sportives en France
Enquête 2000
Ministère de la Jeunesse des Sports et de la Vie associative, Institut national du sport et de l'éducation physique, Patrick Mignon et al. (dir.)
2002
Données et études statistiques : jeunesse, sports et vie associative
Recueil des travaux et publications de la Mission statistique de 1999 à 2004
Sandrine Bouffin, Myriam Claval et Hervé Savy (dir.)
2006